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Université MONTPELLIER 3 UFR 4

Notes de Cours
Mathématiques

M1 MRHDS
2011-2012

Laurent Piccinini
version du 5 octobre 2011.
M1 MRHDS 1

Table des matières

I Les suites numériques 2


I.1 Généralités . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2
1.1 Définitions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2
1.2 Monotonie d’une suite . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3
1.3 Le raisonnement par récurrence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3
1.4 Représentation graphique d’une suite définie par récurrence . . . . . . . . . . . . . . . 4
I.2 Comportement asymptotique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
2.1 Suites convergentes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
2.2 Suites divergentes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
2.3 Opérations sur les limites . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
I.3 Etude de la nature d’une suite . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
3.1 Suites géométriques, Suites arithmétiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
3.2 Théorèmes de comparaison et d’encadrement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
3.3 Suites monotones . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
3.4 Suites adjacentes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
I.4 Suites récurrentes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
4.1 Définitions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
4.2 Notion de point fixe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
I.5 Equations récurrentes affines à coefficients réels constants . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
5.1 Ordre 1 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
5.2 Cas particulier : suites arithmético-géométriques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17

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Chapitre I

Les suites numériques

I.1 Généralités
1.1 Définitions

Définition : Une suite numérique est une fonction de N dans R, définie à partir d’un certain rang n0 ∈ N. La
notation (un )n désigne la suite en tant qu’objet mathématique et un désigne l’image 1 de l’entier n, appelé
terme d’indice n de la suite (un )n .

Exemple : Considérons, avec les notations usuelles des fonctions, f (x) = 2x2 − 1. Alors, on peut définir la
suite (un )n∈N , en posant un = f (n) pour tout n ∈ N. Les premiers termes de la suite sont alors : u0 = −1,
u1 = 2 − 1 = 1, u2 = 8 − 1 = 7, u3 = 18 − 1 = 17, . . .

Exemple : Une suite peut être définie par récurrence lorsqu’on connaı̂t son premier terme et une relation de la
forme : un+1 = f (un ) pour tout entier naturel n, où f désigne une fonction. Par exemple, avec f (x) = 2x2 − 1
et u0 = 0, on a : u1 = −1, u2 = 2 × (−1)2 − 1 = 1, u3 = 2 × (1)2 − 1 = 1, . . .
1
Remarque : Certaines suites ne sont définies qu’à partir d’un certain rang, comme par exemple : un =
√ n
définie pour n ≥ 1 ou vn = n − 3 définie pour n ≥ 3.

Définition : Soit ϕ une application strictement croissante de N dans lui-même. La suite (uϕ(n) )n est appelée
sous-suite ou suite extraite de la suite (un )n .

Exemple : Si ϕ(n) = 2n, alors vn = uϕ(n) = u2n est le nième terme de la sous-suite formée des termes d’indice
pair. Par exemple, si un = n1 (ses premiers termes sont : 1 ; 0, 5 ; 1/3 ; 0, 25 ; 0, 2 ; . . .) alors vn = uϕ(n) = u2n
a pour premiers termes : v1 = u2 = 0, 5, v2 = u4 = 0, 25, v3 = u6 = 1/6, . . .

1. que l’on pourrait noter u(n).

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1.2 Monotonie d’une suite

Définition : Soit (un )n une suite de nombres réels. On dit que :


1. La suite (un )n est croissante (à partir du rang n0 ) lorsque un ≤ un+1 pour tout entier n ≥ n0 .
2. La suite (un )n est strictement croissante (à partir du rang n0 ) lorsque un < un+1 pour tout entier
n ≥ n0 .
3. La suite (un )n est décroissante (à partir du rang n0 ) lorsque un ≥ un+1 pour tout entier n ≥ n0 .
4. La suite (un )n est strictement décroissante (à partir du rang n0 ) lorsque un > un+1 pour tout entier
n ≥ n0 .
5. La suite (un )n est monotone (à partir du rang n0 ) si elle est croissante ou décroissante à partir du rang
n0 .
6. La suite (un )n est stationnaire s’il existe un entier n0 tel que un = un+1 pour tout entier n ≥ n0 .
7. La suite (un )n est constante lorsque un = un+1 pour tout entier n du domaine de définition de (un )n .

Plusieurs techniques peuvent alors être mise en œuvre selon la suite :


1. un = f (n) :
(a) on peut étudier la fonction f (tableau de variations).
(b) on peut étudier le signe de un+1 − un .
un+1
(c) on peut comparer un et 1.
2. un+1 = f (un ) (suite récurrente) :
(a) on peut étudier la fonction f .
(b) on peut faire un raisonnement par récurrence.

Exemples :
√ √
1. Soit un = 1 + n. Alors un = f (n) avec f (x) = 1 + x. Pour x ≥ 0, f ′ (x) = 2√1x+1 > 0 donc f est
croissante [i.e. pour tout x ∈ R et y ∈ R tels que x ≤ y, on a f (x) ≤ f (y)], donc en particulier, la suite
(un )n est croissante.
2. Soit un = 2n /(8n) pour n ≥ 1. Alors uun+1 = 22n × 8n+8
8n 8n un+1 8n
n+1

n
= 2 8n+8 . Donc un ≥ 1 ⇔ 2 8n+8 ≥1⇔
16n ≥ 8n + 8 ⇔ 8n ≥ 8 ⇔ n ≥ 1. Ainsi la suite (un )n≥1 est croissante.

1.3 Le raisonnement par récurrence


Les mathématiciens grecs du début de notre ère nommaient
≪ nombres carrés ≫ la suite de nombres définis pour n ≥ 1

par un = n2 . Ils représentaient ces nombres à l’aide des fi-


gures ci-contre. Ces représentations graphiques servaient de jus-
tification de la propriété : pour tout entier naturel n ≥ 1,
1 + 3 + 5 + . . . + (2n − 1) = n2

Démonstration par récurrence


Soit une propriété dépendant d’un entier naturel n. Si :
1. la propriété est vraie au rang 0,
2. on suppose que la propriété est vraie pour un certain rang n, alors elle est vraie au rang n + 1 (on dit
que la propriété est héréditaire),

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alors la propriété est vraie pour tout entier naturel n.

Attention : les deux points sont nécessaires au raisonnement.


Si n est un entier naturel quelconque, Pn est la propriété ≪ 6 divise 7n + 1 ≫.
Supposons cette propriété vraie à un certain rang n, c’est à dire qu’il existe p ∈ N tel que 7n + 1 = 6p,
alors 7n+1 + 1 = 7 × 7n + 1 = 7 × (7n + 1) − 7 + 1 = 7 × 6p − 6 = 6(7p − 1), donc la propriété est vraie au
rang n + 1.
Cependant, la propriété n’est pas vraie pour n = 0, car 70 + 1 = 2 n’est pas un multiple de 6, pas plus que
71 + 1 = 8.
Donc la propriété est fausse.
On peut d’ailleurs montrer que la propriété est fausse pour tout entier naturel n.
n
X n(n + 1)
Exemple : On peut montrer par récurrence que pour tout n ∈ N∗ , k= .
2
k=1

u0 = 10 √
Exemple : Soit (un )n la suite définie par : est-elle monotone ?
un+1 = 2 un + 1, n ∈ N

Solution : On peut d’abord démontrer par récurrence que, pour tout entier n, un est un réel strictement
positif, ce qui justifie que la suite est bien définie sur N :
1. u0 = 10 > 0 et la propriété est vraie au rang 0.
√ √
2. Supposons
√ la propriété vraie au rang n, c’est à dire un > 0. Alors un + 1 existe et un+1 = 2 un + 1 >
2 1 > 0. La propriété est ainsi vraie au rang n + 1.

Le calcul des premiers termes permet d’émettre la conjecture : la suite (un )n décroit.
On démontre ce résultat en utilisant un raisonnement par récurrence en considèrant la propriété un+1 ≥ un :

1. Pour n = 0, u0 = 10 et u1 = 2 11, ainsi u1 ≤ u0 et la propriété est vraie au rang 0.
2. Supposons la propriété vraie au rang n, c’est√ à dire un+1 ≤ un et montrons que un+2 ≤ un+1 . Sur
l’intervalle [0; +∞[, la fonction f : x 7−→ 2 x + 1 est strictement croissante (f ′ (x) > 0). Comme par
hypothèse de récurrence, un+1 ≤ un , on obtient f (un+1 ) ≤ f (un ), c’est à dire un+2 ≤ un+1 et la
propriété est ainsi vraie au rang n + 1.
Conclusion : La suite (un )n est bien définie et décroissante.

1.4 Représentation graphique d’une suite définie par récurrence


Une suite est définie par récurrence lorsqu’on connaı̂t son premier terme et une relation de la forme :
un+1 = f (un ) pour tout entier naturel n, où f désigne une fonction. Comme nous l’avons vu dans l’exemple
précédent, il convient d’émettre une conjecture sur le comportement de la suite avant de pouvoir effectuer la
démonstration. Pour cela, on peut calculer les premiers termes. Une autre approche visuelle repose sur une
représentation graphique.

Exemple : Représentation des premiers termes de la suite (un )n définie par récurrence par :

u0 = 0, 64

pour tout n de N, un+1 = 1 + 2 un
Sur le graphique ci-dessous, on a tracé la droite D d’équation
√ y = x et la courbe C d’équation y = f (x) où
f est le fonction définie sur ]0; +∞[ par : f (x) = 1 + 2 x.
Pour représenter les premiers termes sur l’axe des abscisses, on place :
– sur l’axe des abscisses, le point d’abscisse u0 ;

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– sur la courbe C, le point d’abscisse u0 ; son ordonnée est u1 = f (u0 ) ;


– sur la droite D, le point d’ordonnée u1 ; son abscisse est aussi u1 .
Ayant obtenu sur l’axe des abscisses un point d’abscisse u1 , il ne reste qu’à itérer la démarche : lecture et
report sur l’axe des abscisses de u2 = f (u1 ), puis de u3 = f (u2 ), etc. . .

La lecture graphique donne des valeurs approchées des un , et elle permet d’émettre des conjectures concernant
le comportement global et asymptotique de la suite. Elle semble croissante.

I.2 Comportement asymptotique


2.1 Suites convergentes

Définition :
1. On dit qu’une suite converge (ou admet une limite finie) lorsqu’il existe un réel ℓ tel que tout intervalle
I centré en ℓ contient tous les termes de la suite à partir d’un certain rang. On note alors : ℓ = lim un .
2. Une suite non convergente est appelée suite divergente.

1
Exemple : Pour un = n, la suite (un )n converge vers 0.

Propriété 1 : Si (un )n converge alors sa limite est unique.

Propriété 2 : Toute sous-suite d’une suite convergente est convergente vers la même limite.

Conséquence : Si il existe deux sous-suites qui ne convergent pas vers la même limite, la suite ne converge
pas.

Exemple : Posons un = (−1)n . Alors la sous-suite définie par u2n = (−1)2n = 1 converge vers 1 et la
sous-suite définie par u2n+1 = (−1)2n+1 = −1 converge vers −1. Donc (un )n n’est pas convergente.

Définition : Soit (un )n une suite de nombres réels. On dit que :


1. La suite (un )n est majorée (à partir du rang n0 ) si il existe un réel M tel que un ≤ M pour tout entier
n ≥ n0 .

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2. La suite (un )n est minorée (à partir du rang n0 ) si il existe un réel m tel que m ≤ un pour tout entier
n ≥ n0 .
3. La suite (un )n est bornée (à partir du rang n0 ) si elle est minorée et majorée (à partir du rang n0 ).

Propriété 3 : Si (un )n converge alors (un )n est bornée.

2.2 Suites divergentes

Définition : Une suite est divergente si elle ne converge pas.

Définition : (suite divergente vers l’∞) On dit qu’une suite diverge vers +∞ (resp −∞) si, quel que soit le
nombre A, tous les termes de la suite sont supérieurs (resp. inférieurs) à A à partir d’un certain rang. On
note alors : lim un = +∞ (resp. lim un = −∞).

Exemple : Pour
√ un = n + 5, la suite (un )n diverge vers +∞.
Pour un = − n, la suite (un )n diverge vers −∞.

2.3 Opérations sur les limites


Soient (un )n et (vn )n deux suites qui admettent pour limite u et v (u et v étant réels) ou ±∞, donc étant
soit convergente, soit divergente vers l’∞. Dans les tableaux suivants les ? signalent les cas indéterminés pour
lesquels une étude spécifique permet de lever l’indétermination (à l’aide, le plus souvent, des développements
limités, de résultats sur les croissances comparées des fonctions ou de quantité conjuguée).

Somme : lim(un + vn )
❳❳❳
❳❳ lim vn v +∞ −∞
❳❳❳
lim un ❳❳
u u+v +∞ −∞
+∞ +∞ +∞ ?
−∞ −∞ ? −∞

Produit : lim(un vn )
❳❳
❳❳❳ lim vn
❳❳ −∞ v<0 0 v>0 +∞
lim un ❳❳❳
−∞ +∞ +∞ ? −∞ −∞
u<0 +∞ uv 0 uv −∞
0 ? 0 0 0 ?
u>0 −∞ uv 0 uv +∞
+∞ −∞ −∞ ? +∞ +∞

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Quotient : lim(un /vn )


❳❳❳
❳❳ lim vn −∞ v<0 0− 0+ v>0 +∞
❳❳❳
lim un ❳❳
−∞ ? +∞ +∞ −∞ −∞ ?
u<0 0 u/v +∞ −∞ u/v 0
0 0 0 ? ? 0 0
u>0 0 u/v −∞ +∞ u/v 0
+∞ ? −∞ −∞ +∞ +∞ ?
√ √
Exemple : an = n + 1 − n est une forme indéterminée ”(+∞) + (−∞)”. A l’aide de la quantité conjuguée
√ √ 1 √
n + 1 + n, on obtient an = √n+1+ n
. C’est un quotient dont le numérateur est 1 (donc de limite 1) et
dont le dénominateur tend vers +∞ donc lim an = 0.

I.3 Etude de la nature d’une suite


Déterminer la nature d’une suite, c’est déterminer si la suite est convergente ou divergente. Les suites
arithmétiques et géométriques sont des suites particulières, intervenant naturellement dans des applications.

3.1 Suites géométriques, Suites arithmétiques

Propriété 4 : Soit (un )n une suite définie par : un = q n où q ∈ R.


1. Si q > 1 alors (un )n est divergente vers +∞.
2. Si q = 1 alors (un )n est constante égale à 1.
3. Si −1 < q < 1 alors (un )n est convergente vers 0.
4. Si q ≤ −1 alors (un )n est divergente.

Remarque : La démonstration est une conséquence directe de l’inégalité de Bernoulli : Pour tout réel x positif
et tout entier naturel n, on a : (1 + x)n ≥ 1 + nx.

Définition 
: On appelle suite géométrique de raison q et de premier terme u0 la suite définie par la récurrence
un+1 = q un , n ∈ N
suivante :
u0 ∈ R fixé

Propriété 5 : Soit (un )n une suite numérique, alors il y a équivalence entre les deux points suivants :
1. (un )n est une suite géométrique de raison q et de premier terme u0
2. pour tout n ∈ N, un = u0 q n
Démonstration :
1. Si pour tout n ∈ N, un = u0 q n alors on a bien que un+1 = u0 q n+1 = u0 q n q = q un , donc (un )n est
bien une suite géométrique de raison q et de premier terme u0 .
2. Réciproquement, si (un )n est une suite géométrique de raison q et de premier terme u0 , une récurrence
simple permet de conclure.

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Propriété 6 : Soit (un )n une suite géométrique de raison q 6= 1 et de premier terme u0 . On définit la suite
n−1
X
(vn )n dont le terme d’indice n est la somme des n premiers termes de (un )n : vn = ui pour n ≥ 0.
i=0
Alors
1−qn
1. Pour tout n ∈ N, vn = u0 1−q .
1
2. La suite (vn )n converge vers u0 1−q si et seulement si −1 < q < 1.
n−1
X n−1
X n−1
X
Démonstration : Le terme d’indice n de la suite est vn = ui = u0 q i = u0 q i . Or (1 − q) ×
i=0 i=0 i=0
n−1
X n−1
X n−1
X n−1
X n
X
qi = qi − q i+1 = qi − q i . Les termes se simplifient alors deux à deux sauf q 0 et q n :
i=0 i=0 i=0 i=0 i=1
n−1
X n
X
qi − q i = q 0 − q n = 1 − q n . Donc (1 − q) vn = u0 (1 − q n ). Le second point est alors une conséquence
i=0 i=1
de la première propriété.

Définition 
: On appelle suite arithmétique de raison r et de premier terme u0 la suite définie par la récurrence
un+1 = un + r, n ∈ N
suivante :
u0 ∈ R fixé

Propriété 7 : Soit (un )n une suite numérique, alors il y a équivalence entre les deux points suivants :
1. (un )n est une suite arithmétique de raison r et de premier terme u0
2. pour tout n ∈ N, un = u0 + n r

3.2 Théorèmes de comparaison et d’encadrement

Théorème 1 : Soient (un )n et (vn )n deux suites convergentes telles que, à partir d’un certain rang, un ≤ vn
(ou bien un < vn ) alors lim un ≤ lim vn .

Remarque : Même si l’inégalité initiale est stricte, elle devient large à la limite. Par exemple, un = 1 − 1/n <
1 + 1/n = vn mais lim un = lim vn = 1.

Théorème 2 : Soient (un )n et (vn )n deux suites telles que, à partir d’un certain rang, un ≤ vn .
1. si (un )n diverge vers +∞ alors (vn )n aussi.
2. si (vn )n diverge vers −∞ alors (un )n aussi.

n2 +1
Exemple : un = n < n = vn donc lim vn = +∞.

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Théorème 3 : Soient (un )n , (vn )n et (wn )n trois suites telles que


1. à partir d’un certain rang, un ≤ vn ≤ wn
2. lim un = lim wn
alors les trois suites ont même limite.

Remarque : Si wn = −un alors la condition 1. devient |vn | ≤ wn et la 2. devient lim wn = 0.

Exemple : Posons vn = 2n|nsin(8n)|


2 +1 pour n ∈ N. Puisque ∀x ∈ R, 0 ≤ | sin(x)| ≤ 1, on a 0 ≤ vn ≤ n22n +1
(Inégalité1). Or 0 ≤ n2 +1 ≤ n2 = n (Inégalité2) pour n > 0. La suite de terme général n2 converge vers 0.
2n 2n 2

On peut donc appliquer le théorème grace à (Inégalité2) : la suite ( n22n


+1 )n converge vers 0. On peut donc
appliquer une seconde fois le théorème (Inégalité1) : la suite (vn )n converge vers 0.

3.3 Suites monotones

Propriété 8 :
1. Toute suite croissante non majorée a pour limite +∞.
2. Toute suite décroissante non minorée a pour limite −∞.

Propriété 9 :
1. Toute suite croissante majorée est convergente.
2. toute suite décroissante minorée est convergente.

3n
Exemple : Soit un = n+1 . Puisque un ≤ 3n+3
n+1 = 3, la suite est majorée par 3. Montrons que la suite
est croissante. Cela revient à montrer que un+1 = 3n+3 3n
n+2 ≥ n+1 = un ⇔ (3n + 3)(n + 1) ≥ 3n(n + 2) ⇔
2 2
3n + 6n + 3 ≥ 3n + 6n. Cette dernière inégalité est vraie puisqu’elle équivaut à 3 ≥ 0. Ainsi (un )n est
croissante et majorée donc convergente. Pour autant, cela ne nous permet pas de déterminer la limite.

Remarque : Ces résultats sont également très utiles dans l’étude des suites récurrentes (voir les exemples du
paragraphe 4.2) ou pour l’étude des suites adjacentes.

I.4 Suites récurrentes


4.1 Définitions

Définition
 : Etant donné f une fonction numérique d’un intervalle I dans lui-même (ou de R dans R). Le
un+1 = f (un ), n ∈ N
système défini une suite appelée suite récurrente d’ordre 1 (associée à f ).
u0 ∈ R fixé

Exemple : La donnée de f (x) = qx, où q est fixé, permet de définir par le biais de la définition une suite
géométrique. Les suites géométriques sont donc des suites récurrentes d’ordre 1 particulières.

Définition : Etant donné f une fonction numérique de I × I dans lui-même (ou de R × R dans R). Le système

un+2 = f (un , un+1 ), n ∈ N
défini une suite appelée suite récurrente d’ordre 2.
u0 ∈ R et u0 ∈ R fixés

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Exemple : un+2 = 2un+1 − un , u0 = 0 et u1 = 1. Les premiers termes de la suite se calculent de proche en


proche : u2 = 2, u3 = 3, u4 = 4, u5 = 5, . . .

4.2 Notion de point fixe


Soit f une fonction numérique de I dans lui-même (I étant un intervalle de R ou R lui-même).

Définition : On appelle point fixe de f tout point x ∈ I vérifiant f (x) = x.

Remarque : Les points fixes sont donc les abscisses des points d’intersection de la droite d’équation y = x
(première bissectrice) et du graphe de la fonction.

Exemple : Les points fixes de f (x) = (x−2)3 +2 vérifient l’équation (x−2)3 +


2 = x. On voit que 2 est solution donc point fixe. L’équation (x − 2)3 + 2 = x
équivaut à x3 − 6x2 + 11x − 6 = 0. Puisque 2 est solution, on peut factoriser
par x − 2 et on a : (x − 2)(x2 − 4x + 3) = 0 ⇔ (x − 2)(x − 1)(x − 3) = 0.
Donc f admet trois points fixes : 1,2 et 3.

Propriété 10 : Soit (un ) une suite récurrente d’ordre 1 (associée à f ) où f est une fonction continue. Si (un )
converge vers un réel ℓ, alors ℓ est un point fixe de f .

Remarque : La démonstration n’est qu’une application de la définition de la


continuité d’une fonction. La discontinuité permet un ”saut” qui empêche
la convergence comme l’illustre le graphe ci-contre.

Exemples : 
 v0 = 2, 7
1) Soit la suite définie par : vn2 Il semble
 pour tout n de N, vn+1 =
3
que la suite soit décroissante et qu’elle converge vers 0. On démontre par
récurrence que (vn )n est décroissante et donc majorée par 2,7. De plus pour
tout n ∈ N, vn ≥ 0, ainsi (vn )n est minorée par 0. Donc la suite (vn )n est
ℓ2
convergente et sa limite ℓ vérifie ℓ = , ce qui donne ℓ = 0 ou ℓ = 3. Mais
3
comme pour tout n ∈ N, 0 ≤ vn ≤ 2, 7, ℓ ne peut être égal à 3. Conclusion :
la suite (vn )n converge vers 0.


 u0 = 4
2) Soit la suite définie par : u2n
 pour tout n ∈ N, un+1 =
3

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x2
On note f la fonction définie sur R par : f (x) = . A l’aide de la
3
représentation graphique, on peut conjecturer que la suite est croissante
et semble diverger vers +∞.
Montrons par récurrence que la suite est strictement croissante. u0 = 4 et
42 16
u1 = = , alors u0 < u1 .
3 3
Supposons la propriété vraie au rang n, c’est à dire un < un+1 , alors comme
la fonction f est strictement croissante sur [0; +∞[, on obtient f (un ) <
f (un+1 ), c’est à dire un+1 < un+2 , et la propritété est vraie au rang n + 1.
Donc pour tout n ∈ N, un < un+1 et la suite (un )n est strictement croissante.

Montrons alors qu’elle n’est pas majorée pour prouver qu’elle diverge vers +∞. On suppose que la suite
(un )n est majorée, dans ce cas, elle converge vers un réel ℓ, de plus pour tout n ∈ N, un > u0 , donc
ℓ > 4. D’autre part, comme f est continue sur [0; +∞[, on obtient f (ℓ) = ℓ, ce qui donne ℓ2 − 3ℓ = 0, et
on en déduit : ℓ = 0 ou ℓ = 3. Ceci est incompatible avec ℓ > 4, donc l’hypothèse (un )n est majorée est fausse.

Donc la suite (un )n n’est pas majorée et comme elle est strictement croissante, on en déduit qu’elle diverge
vers +∞.

Remarque : Beaucoup de comportements autres que ceux rencontrés jusqu’ici peuvent être possibles. Voici
quelques représentations graphiques illustrant les principaux comportements :

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I.5 Equations récurrentes affines à coefficients réels constants

5.1 Ordre 1
Soit g une fonction réelle. Soit a un réel.

Définition :
1. On appelle équation récurrente affine à coefficients réels constants d’ordre 1, toute équation, dont
l’inconnue est une suite, de la forme suivante :

un+1 − a un = g(n) (ER)

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2. On appelle équation homogène associée ou équation sans second membre l’équation :

un+1 − a un = 0 (EH)

Propriété 11 : L’équation (EH) définit les suites géométriques de raison a. Les solutions de (EH) sont donc
toutes les suites (ũn )n de la forme ũn = α an pour tout n ∈ N où α ∈ R.

Propriété 12 :(& Définition)


Soit (u∗n )n une suite vérifiant (ER). Alors toute suite (ũn + u∗n )n vérifie aussi (ER).
De plus, toute suite vérifiant (ER) est de la forme (ũn + u∗n )n .
(ũn )n est appelée solution générale de (EH) et (u∗n )n solution particulière de (ER).
(ũn + u∗n )n est la solution générale de (ER).
Démonstration : Connaissant une solution particulière (u∗n )n de (ER), posons vn = un − u∗n . L’équation (ER)
devient donc : (vn+1 + u∗n+1 ) − a (vn + u∗n ) = g(n) qui équivaut à (vn+1 − a vn ) + (u∗n+1 − a u∗n ) = g(n) ⇔
vn+1 − a vn = 0. Ainsi, connaissant une solution particulière de (ER), résoudre (ER) revient à résoudre (EH).
Puisque toutes les solutions de (EH) sont connus, toutes celles de (ER) aussi.

Exemple : Résoudre un+1 − 2 un = −1.


L’équation homogène associée est (EH) un+1 − 2 un = 0. Donc la solution générale de (EH) est ũn = α 2n où
α ∈ R. D’autre part, on vérifie que la suite constante u∗n = 1 est bien solution (particulière) de (ER). Donc
les solutions de (ER) sont les suites de la forme un = ũn + u∗n = α 2n + 1.

On voit donc bien que toute la subtilité de résolution repose sur la recherche d’une solution particulière de
(ER). Il suffit ensuite d’ajouter la solution générale de (EH) qui est très facilement déterminable.
La forme de cette solution particulière est entièrement liée à celle de g(n). Le résultat suivant donne des
directions à privilégier et fournit une méthode paramétrique (il suffit de déterminer des paramètres et non
une suite). On retiendra que l’on cherche la solution particulière sous la ”même forme” qu’est g(n).

Propriété 13 : Recherche des solutions particulières :


1. Si g(n) est un polynome de degré d, on pose u∗n polynome en n de degré d.
2. Si g(n) est une puissance de p, on pose u∗n puissance de p.
3. Si g(n) est le produit ou la somme de polynomes et de puissances, on pose de même pour u∗n .

Exemples :
1. Pour l’équation un+1 − 2 un = −1, on a g(n) = −1, donc g(n) est un polynome de degré 0. On
pose u∗n = a ∈ R. Reste à trouver la valeur du paramètre a. En remplacant dans l’équation, on a :
a − 2a = −1. Donc a = 1 et u∗n = 1 est bien solution (particulière) de (ER).
2. Pour l’équation un+1 − 2 un = n, on a g(n) = n, donc g(n) est un polynome de degré 1. On pose
u∗n = a n + b où a ∈ R et b ∈ R. Reste à trouver la valeur des paramètres a et b. En remplacant dans
l’équation,
 on a : a(n+1)+b−2(an+b) = n. Donc −an+(a−b) = n (pour tout n) et par identification,
−a = 1
on a . Donc a = b = −1 et u∗n = −n − 1 est bien solution (particulière) de (ER).
a−b=0
1. Par solution générale, on sous-entend qu’il n’y en a pas d’autres. Ces solutions dépendent d’un paramètre dont la donnée
fournit une solution en particulier, appelée solution particulière

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3. Pour l’équation un+1 − 2 un = 3n , on a g(n) = 3n , donc g(n) est une puissance de 3. On pose
u∗n = a 3n où a ∈ R. Reste à trouver la valeur du paramètre a. En remplacant dans l’équation, on a :
a3n+1 − 2a3n = 3n . Donc 3a − 2a = 1 et a = 1 et u∗n = 3n est bien solution (particulière) de (ER).

Remarque : (Résonnance) : Pour l’équation un+1 − 2 un = 2n , on a g(n) = 2n , donc g(n) est une puissance
de 2. On pose u∗n = a 2n où a ∈ R. Reste à trouver la valeur du paramètre a. En remplacant dans l’équation,
on a : a2n+1 − 2a2n = 2n qui équivaut à 0 = 2n . Cela signifie que l’on ne peut pas trouver de solution
(particulière) de (ER) de la forme u∗n = a 2n . On parle ici de résonnance.

Définition : Il y a résonnance lorsque un terme de g(n) ou de u∗n est solution de (EH).

Propriété 14 : Recherche des solutions particulières dans le cas d’une résonnance :


Dans le cas d’une résonnance, on recherche une solution particulière en multipliant par n le terme de
résonnance de u∗n .

Exemple : Pour l’équation un+1 −2 un = 2n , on a g(n) = 2n est solution de (EH) et il y a résonnance. Le terme
g(n) est une puissance de 2. On pose alors u∗n = a n 2n où a ∈ R. Reste à trouver la valeur du paramètre a. En
remplacant dans l’équation, on a : a(n+ 1)2n+1 − 2an2n = 2n qui équivaut à a(n+ 1)× 2 − 2an = 1 ⇔ 2a = 1.
Donc a = 0, 5 et u∗n = n2n−1 est bien solution (particulière) de (ER).

Remarque : On peut également décomposer g(n) comme g1 (n) + g2 (n) pour simplifier la recherche de la
solution particulière. Par exemple, pour un+1 − 2 un = 2n − 1 (ER), on peut poser g1 (n) = 2n et g2 (n) = −1
puis rechercher des solutions particulières u∗n1 et u∗n2 pour un+1 − 2 un = 2n et un+1 − 2 un = −1. Ainsi,
u∗n = u∗n1 + u∗n2 sera solution particulière de (ER), c’est à dire ici : u∗n = n2n−1 + 1. Toute solution de (ER)
s’écrit donc un = α 2n + n2n−1 + 1 où α ∈ R.

Remarque : La donnée d’une condition initiale permet de déterminer l’unique solution telle que u0 soit égale
à cette condition. Dans l’exemple précédent, si on impose que u0 = 0 alors α + 0 + 1 = 0 donc α = −1 et la
solution de l’équation (ER) de condition initiale u0 = 0 est un = −2n + n2n−1 + 1.
1
Exemple : Résolvons un+1 − un = n + 2n−1 (ER) sous la condition : u0 = 0.
L’équation homogène associée est (EH) un+1 − un = 0. Donc la solution générale de (EH) est ũn = α 1n = α
où α ∈ R.
Pour rechercher une solution particulière de, on peut poser g1 (n) = n et g2 (n) = ( 21 )n−1 puis rechercher des
solutions particulières u∗n1 et u∗n2 pour un+1 − un = n (E1) et un+1 − un = 2( 21 )n (E2).
Puisque g1 (n) est un polynome de degré 1, on pose u∗n1 = an + b. Dans ce cas, il y a résonnance puisque b
est solution de (EH). Posons alors u∗n1 = n(an + b). L’équation (E1) conduit alors à 2an + (b − a) = n, puis
par identification, on a 2a = 1 et b − a = 0 d’où a = b = 1/2 et u∗n1 = n2 (n + 1) est une solution particulière
de (E1).
En revanche, il n’y aura pas résonnance pour (E2). On pose u∗n2 = a( 12 )n . L’équation (E2) conduit alors à
a = −2 et u∗n2 = −2( 21 )n est une solution particulière de (E1).
Donc un = ũn + u∗n1 + u∗n2 = α + n2 (n + 1) − 2( 12 )n où α ∈ R est la solution générale de (ER).
La condition u0 = 0 conduit à α − 2 = 0 donc α = 2 et donc la solution du problème est la suite (un )n
définie par : un = 2 + n2 (n + 1) − 2( 21 )n avec n ∈ N.

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5.2 Cas particulier : suites arithmético-géométriques

Définition : On appelle suite arithmético-géométrique toute suite définie par récurrence de la forme suivante :

un+1 = a un + b

C’est un cas particulier de suite récurrente d’ordre 1 où g(x) = b.

Propriété 15 : Si ℓ est un point fixe de f où f (x) = ax + b (c’est à dire : ℓ = a ℓ + b) alors la suite vn = un − ℓ
est une suite géométrique.

Propriété 16 : Le schéma de l’étude d’une suite arithmético-géométrique est toujours le même :


1. Introduction d’une suite auxiliaire (vn ) définie à l’aide de la suite (un )
2. Démontrer que la suite (vn ) est géométrique
3. En déduire une formule générale exprimant vn en fonction de n
4. A partir de la relation entre (vn ) et (un ), en déduire une formule générale exprimant un en fonction
de n

Exemple : un+1 = 2un − 3 pout tout n ≥ 0 et u0 = 1.

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