Vous êtes sur la page 1sur 15

ESEO Paris-Vélizy

13 Avenue Morane Saulnier


78140 Vélizy-Villacoublay

Cycle prépa intégrée, P1 : 2020-21


Mathématiques-Analyse

Chapitre 3 : Primitives et EDO linéaires

Table des matières


1 Primitives 2
1.1 Rappels et définitions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2
1.2 Primitives et intégrales . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3
1.3 Techniques de calcul d’intégrales . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3
1.4 Application au calcul de primitives . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5

2 EDO linéaire du premier ordre 8


2.1 Equations différentielles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
2.2 Ensemble de solutions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
2.3 Existence et résolution . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
2.3.1 Equation homogène . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
2.3.2 Recherche de solutions particulières . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
2.4 Résolution d’équations à coefficients constants . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
2.5 Equation sous forme non résolue (HP) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12

3 Equations linéaires du second ordre 13


3.1 Ensembles de solutions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13
3.2 Existence et résolution . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14
3.3 Recherche de solutions particulières . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14
3.4 Commentaires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
1 Primitives
1.1 Rappels et définitions
Définition 1.1. Notion de primitive
Soit I un intervalle de R et f : I → R.
Une primitive de F est une fonction F : I → R telle que ∀x ∈ I, F 0 (x) = f (x)
Z
De part le lien étroit entre calcul de primitives et intégration, on utilise souvent la notation F = f (x)dx.
L’absence de bornes témoigne du libre choix d’une constante d’intégration liée à la proposition ci-dessous.

Propriété 1.1. Soit I un intervalle de R et f : I → R.


Si f possède une primitive F : I → R, elle en possède une infinité de la forme x → F (x) + C où C ∈ R.
La constante C est appelée constante d’intégration.

Remarque
— Dans la proposition ci-dessus, le fait que I soit un intervalle est important. Supposons en effet que I soit
l’union disjointe de deux intervalles disjoints I1 et I2 . Alors les primitives de F sur I sont de la forme

F (x) + C1 si x ∈ I1
x→
F (x) + C2 si x ∈ I2

Outils de base. On rappelle ici les résultats sous-jacents au calcul de primitives « élémentaires ».
La proposition ci-dessous est une conséquence de la linéairité de la dérivation.
Propriété 1.2. Soient f, g : I → R deux fonctions continues de primitives respectives F et G.
Alors, pour tous α, β ∈ R, la fonction αF + βG est une primitive de αf + βg.
C’est un outil de base du calcul de primitive tout comme la connaissance des primitives des fonctions de référence
(ainsi que les intervalles associés). Une application immédiate est traitée dans l’exercice ci-dessous.

Exercice 1
n
X
Soient f (x) = ak xk une fonction polynômiale. Déterminer les primitives de f sur R.
k=0

L’exercice suivant illustre une autre règle utilisée dans le secondaire.

Exercice 2
Soient a ∈ R∗ et b ∈ R. Soit une fonction f : R → R et F une primitive de f sur R.
Déterminer une primitive sur R de la fonction x → f (ax + b)

Ce résultat est un cas particulier de la proposition ci-dessous qui est une simple « relecture » de la règle de
dérivation des fonctions composées.

Propriété 1.3. Dérivée de fonctions composées (version primitive)


Soit ϕ : I → J et f : J → R deux fonctions dérivables sur leur domaine de définition.
La fonction g : x → ϕ0 (x)f 0 (ϕ(x)) admet pour primitive sur I la fonction G : x → f (ϕ(x)).

Cette proposition permet de reconstruire les formulaires du secondaire. Soit ϕ : I → R dérivable, on a ainsi
ϕ(x)n+1
— Pour n ∈ N, x → ϕ0 (x)ϕ(x)n admet x → pour primitive
n+1
ϕ0 (x)
— En supposant que ϕ(I) ⊂ R∗ , la fonction x → admet x → ln |ϕ(x)| pour primitive sur I.
ϕ(x)

Exercice 3
Déterminer les primitives des fonctions suivantes
3 ex
1) f1 (x) = 2x(x2 + 1)3 sur R 2) f2 (x) = x2 ex +2
sur R 3) f3 (x) = sur R
ex+1
x 1
4) f4 (x) = sur R 5) f5 (x) = sur R∗+ \{1} 6) f6 (x) = tan(x) sur ] − π/2, π/2[
(2x2 + 3)3 x ln x
Exemple à retenir
1
On s’intéresse à la détermination des primitives d’une fonction de la forme f (x) = où a ∈ R∗ et
ax2 + bx + c
(b, c) ∈ R2 . On distingue plusieurs cas selon la valeur de ∆ = b2 − 4ac.
1
Cas 1 : Si ∆ > 0, alors f (x) = et on est ramené à un exercice du TD.
a(x − x1 )(x − x2 )
1
Cas 2 : Si ∆ = 0, alors f (x) = et on est ramené à une primitive classique.
a(x − x1 )2
1
Cas 3 : Si ∆ < 0, alors on utilisera la primitive de f (x) = . (Voir la suite et le TD).
1 + x2

1.2 Primitives et intégrales


Z x
Les liens entre les primitives d’une fonction f et les fonctions intégrales Fc : x → f (t)dt font l’objet des deux
c
théorèmes ci-dessous.

Propriété 1.4. Correspondance primitive intégrale (I)


Z x
Soit f : I → R une fonction continue et c ∈ I. On note Fc : x → f (t)dt
c
La fonction Fc est dérivable sur I et on a pour tous x ∈ I, Fc0 (x) = f (x).
Fc est l’unique primitive de f sur I s’annulant en c.

Le théorème suivant, dit « théorème fondamental de l’analyse » est une conséquence de la proposition précédente
et du fait que deux primitives ne diffèrent que d’une constante.

Théorème 1.1. Correspondance primitive intégrale (II)


Soit f : I → R une fonction continue et F une primitive de f sur I.
Z b
2
On a alors : ∀(a, b) ∈ I , f (t)dt = F (b) − F (a) := [F (t)]ba .
a

Commentaire : La correspondance entre primitives et fonctions intégrales ne pose donc pas de grandes diffi-
cultés dans le cas où f est une fonction continue. Si l’on suppose f moins « régulière », cette correspondance
demeure et l’on dispose d’analogues du « théorème fondamental » ; mais c’est un peu plus technique (voir
chapitre Intégration).

1.3 Techniques de calcul d’intégrales


Les théorèmes ci-dessus montrent que du point de vue théorique le calcul d’intégrales et le calcul de primitives
sont deux tâches proches l’une de l’autre. Dans la suite, on traite tout d’abord de deux outils classiques dans
le cadre du calcul d’intégrales. On décrira dans la section suivante leur utilisation dans le cadre du calcul de
primitives.
Définition 1.2. Fonctions de classe C 1
Soit I un intervalle de R et f : I → R.
On dit que f est de classe C 1 sur I lorsque f est dérivable sur I et f 0 est continue sur I.

Si une telle définition est nécessaire, c’est que la dérivée d’une fonction f : I → R dérivable n’est pas nécessai-
rement continue. On pourra considérer la fonction ci-dessous

 R → R
 (
f: 0 si x = 0
x → 1
x2 sin si x 6= 0


x
Voici le premier outil fondamental du calcul intégral.
Propriété 1.5. Intégration par parties
Soient f, g : [a, b] → R deux fonctions de classe C 1 (continues et à dérivées continues).
Z b Z b
On a alors : f 0 (t)g(t)dt = [f g]ba − f (t)g 0 (t)dt.
a a

Démonstration. On applique le théorème 1.1 à f = (uv)0 qui est continue par hypothèse.
Exemples d’applications.
Z e
1. Calcul de l’intégrale ln(x)dx.
2
On remarque d’abord que ln est continue sur [2, e].
On pose u(x) = x et v(x) = ln(x) et on applique le théorème 1.1
Z e Z e
ln(x)dx = [x ln(x)]e2 − 1dx = (e − 2 ln 2) − (e − 2) = 2(1 − ln(2)).
2 2
Z 1
2. Calcul de l’intégrale x2 ex dx.
−1

On remarque d’abord que x → x2 ex est continue sur [−1, 1].


On pose cette fois u(x) = ex et v(x) = x2 et on applique le théorème 1.1
Z 1 Z 1 Z 1
2 x −1
x e dx = [x2 ex ]1−1 − x
2xe dx = (e − e )− 2xex dx.
−1 −1 −1

A la différence de l’exemple précédent, le calcul n’est pas terminé. On doit apppliquer à nouveau le
théorème 1.1. On pose cette fois u(x) = ex et v(x) = 2x et on obtient
Z 1 Z 1
1
2xex dx = [2xex ]−1 − 2 ex dx = (2e + 2e−1 ) − 2(e − e−1 ) = 4e−1
−1 −1

On obtient donc in fine


Z 1
x2 ex dx = (e − e−1 ) − 4e−1 = e − 5e−1
−1
Z 1/2
3. Calcul de l’intégrale arcsin(x)dx.
0
On remarque d’abord que x → arcsin(x) est continue sur [−1, 1].
On pose cette fois u(x) = x et v(x) = arcsin(x) et on applique le théorème 1.1
Z 1/2 Z 1/2 i1/2 √
1/2 x π hp π 3
arcsin(x)dx = [x arcsin(x)]0 − √ dx = + 1 − x2 = + − 1.
0 0 1 − x2 12 0 12 2

Propriété 1.6. Changement de variable


Soit I un intervalle de R.
Soit f : I → R continue et ϕ : [a, b] → R une application de classe C 1 telle que ϕ([a, b]) ⊂ I.
Z b Z ϕ(b)
0
On a alors l’égalité suivante : f (ϕ(t))ϕ (t)dt = f (x)dx
a ϕ(a)

Démonstration. Conséquence directe du théorème 1.1 et de la règle de dérivation des fonctions composées.

Remarque : on dira souvent que l’on a effectué le changement de variable x = ϕ(t) ; ce qui entraîne formellement
la relation dx = ϕ0 (t)dt ainsi que le changement de bornes. Dans les exercices, on utilise l’égalité précédente
tantôt dans un sens (on identifie ϕ) tantôt dans l’autre (on définit ϕ).

Exemples d’applications.
Z e
1
1. Calcul de l’intégrale p dt.
1 t 1 + ln(t)

1 1
On pose ϕ(t) = ln(t) et on remarque que p = ϕ0 (t) p .
t 1 + ln(t) 1 + ϕ(t)
D’après la proposition précédente, on effectue le changement de variable x = ln t et on a donc
Z e
1
Z e
1
Z ϕ(e)
1
Z ln(e)
1  √ 1 √
p dt = ϕ0 (t) p dt = √ dx = √ dx = 2 1 + x 0 = 2( 2−1).
1 t 1 + ln(t) 1 1 + ϕ(t) ϕ(1) 1+x ln(1) 1+x
Z 1 p
2. Calcul de l’intégrale 1 − x2 dx.
0
Après les vérifications d’usage, on pose x = sin t avec t ∈ [0, π/2] et l’on obtient
Z 1p Z π/2 q Z π/2
1 − x2 dx = 1 − sin2 (t) cos(t)dt = cos2 (t)dt.
0 0 0
Z π/2 Z π/2
π
On remarque alors que cos2 (t)dt = sin2 (t)dt = à l’aide du CV u = −t.
0 0 4
On peut également linéariser.

1.4 Application au calcul de primitives


Intégration par parties. Soient f, g : I → R de classe C 1 .
Dans le cadre du calcul de primitive, on utilise la formule d’intégration par parties sous la forme
Z Z
f (x)g(x)dx = f (x)g(x) − f 0 (x)g(x)dx,
0

où l’egalité est définie à une constante près. Il s’agit de la même formule que dans le cadre du calcul d’intégrale ;
on oublie simplement la borne constante d’intégration.

Exemples d’applications.
1. Primitives de x → ln(x) sur ]0, +∞[
En utilisant l’égalité précédente et l’égalité à une constante près.
Z Z
ln(x)dx = x ln(x) − 1dx = x(ln(x) − 1) + C.

On aurait très bien pu déterminer une primitive particulière, par exemple à celle qui s’annule en 1
Z x Z x
ln(t)dt = [t ln(t)]x1 − 1dt = x ln(x) − (x − 1) = x(ln(x) − 1) + 1.
1 1

Le résultat est le « même » à la constante près déterminée de manière unique dans le second cas.
2. Primitives de x → e−x sur R
Z Z
xe−x dx = −xe−x + e−x dx = (−x − 1)e−x + C.

On aurait à nouveau pu s’intéresser à une primitive particulière


Z x Z x
−t −t x
te dt = [−te ]0 + e−t dt = −xe−x + [−e−t ]x0 = (−x − 1)e−x + 1.
0 0

A nouveau la seule différence est qu’en fixant la borne, on a déterminé la constante.


3. Primitives de xn ln(x) sur ]0, +∞[ pour n ∈ N.

xn+1 xn+1 xn+1


Z Z
1
xn ln(x)dx = ln x − xn dx = ln x − + C.
n+1 n+1 n+1 (n + 1)2

Cette méthode permet également de calculer les primitives des fonctions suivantes sur les intevalles où elles sont
définies :
x → arctan(x), x → arcsin(x), x → xe−x , x → sin(ln(x)), . . .

Changement de variables. Soient f : [a, b] → R et ϕ : I → [a, b] de classe C 1 .


On distingue ci-dessous deux situations typiques qui correspondent aux deux sens possibles d’utilisations de la
formule du changement de variable.
Z
Situation 1 : On identifie directement g et ϕ telle que f = (g ◦ ϕ)ϕ0 : on calcule donc g(ϕ(x))ϕ0 (x)dx.
L’application de la proposition est immédiate car f apparaît comme la dérivée d’une fonction composée.
Z Z
On pose u = ϕ(x) et l’on écrit du = ϕ0 (x)dx ; de sorte que g(ϕ(x))ϕ0 (x)dx = g(u)du.
On détermine G une primitive de g (qui doit être simple à calculer) ; La primitive de f est donc x → G(ϕ(x)).
En somme, on utilise la « version primitive » de la dérivée des fonctions composées décrite ci-dessus.
Exemples d’applications.
1. Primitives de x → cos3 (x) sin2 (x).
On commence par remarquer que cos3 (x) sin2 (x) = cos(x)(1 − sin2 (x)) sin2 (x).
Z Z
3 2
De sorte que, cos (x) sin (x)dx = cos(x)g(sin(x))dx où g(u) = (1 − u2 )u2 .

u3 u5
Il suffit donc de déterminer une primitive de g(u), par exemple G(u) = −
3 5
Z 3 5
sin (x) sin (x)
D’où l’on déduit que cos3 (x) sin2 (x)dx = − +C
3 5
2
2. Primitives de x → xe−x .
2 1 2

On commence par remarquer que xe−x = 2xe−x .
2
Z Z
−x2 1 2
En conséquence, xe dx = 2xg(x )dx où g(u) = e−u .
2
Une primitive de g(u) est simple à calculer ; par exemple G(u) = −e−u .
Z
2 1 2
Il résulte de la proposition ci-dessus que xe−x dx = − e−x + C.
2
2
Commentaire : Noter que si l’on possède une forme « explicite » de la primitive de x → xe−x , il est impossible
2
d’obtenir une expression de la primitive de x → e−x en termes des fonctions élémentaires.

Situation 2 : f = g ◦ ϕ ne se présente pas « naturellement » comme la dérivée d’une fonction composée.


du
On pose u = ϕ(x) et on sait alors que formellement du = ϕ0 (x)dx ⇔ dx = 0 .
ϕ (x)
Z
Pour transformer g ◦ ϕ(x)dx en une intégrale dépendant de la seule variable u, il faut pouvoir exprimer ϕ0 (x)
en fonction de ϕ(x) = u. On peut supposer par exemple que ϕ0 (x) = F (ϕ(x)).
Z Z
g(u)
On obtient alors g(ϕ(x))dx = du ; le choix initial de ϕ étant tel que le calcul de la primitive de g/F
F (u)
soit plus simple. Noter l’analogie avec la Situation 1 dans la mesure où :
Z Z Z Z
g(ϕ(x)) 0 0 g(u)
g(ϕ(x))dx = ϕ (x)dx = h(ϕ(x))ϕ (x)dx = h(u)du où h(u) = .
F (ϕ(x)) F (u)

Situation 2 bis : Il s’agit d’un cas particulier de la situation précédente.


On suppose que ϕ est bijective et possède une application réciproque notée ϕ−1 . On suppose également que
ϕ−1 est dérivable (ce qui impose que ϕ0 ne s’annule pas sur I de travail).
On pose u = ϕ(x) (⇔ x = ϕ−1 (u)) et l’on écrit du = ϕ0 (x)dx. On remarque alors formellement que

du = ϕ0 (x)dx ⇔ du = ϕ0 (ϕ−1 (ϕ(x)))dx ⇔ du = ϕ0 (ϕ−1 (u)) dx ⇔ dx = (ϕ−1 )0 (u) du.


| {z } | {z }
F (u) 1/F (u)

Z Z
Ceci entraîne que g(ϕ(x))dx = g(u)(ϕ−1 )0 (u)du où la primitive de g(ϕ−1 )0 doit être simple à calculer.
Noter à nouveau l’analogie avec la Situation 1 dans la mesure où la discussion précédente se résume à
Z Z Z Z
g(ϕ(x)) 0 g(ϕ(x))
g(ϕ(x))dx = ϕ (x)dx = ϕ (x)dx = g(ϕ(x))(ϕ−1 )0 (ϕ(x))ϕ0 (x)dx.
0
ϕ0 (x) ϕ0 (ϕ−1 (ϕ(x)))

De sorte que Z Z Z
0
g(ϕ(x))dx = h(ϕ(x))ϕ (x)dx = h(u)du avec h(u) = g(u)(ϕ−1 )0 (u).

Un bon changement de variable consiste en un choix de ϕ tel que g(u) = f (u)(ϕ−1 )0 (u) possède une primitive
simple à calculer G(u). Les primitives de la fonction de départ sont alors les fonctions x → G(ϕ(x)) + C.
Exemples d’applications.
e2x
1. Primitives de x → sur R.
1 + ex
On effectue le changement de variable u = ex ; c’est à dire ϕ(x) = ex .
1
Ceci entraîne que du = ex dx et donc du = dx ; en effet ϕ−1 (u) = ln(u) et par conséquent
u
1
dx = (ϕ−1 )0 (u)du = du.
u

Commentaire : en pratique, il n’est pas nécessaire de mentionner explicitement ϕ.


Ceci conduit au calcul « simple » suivant

e2x 1 u2
Z Z Z Z Z
u 1
dx = du = du = du − du = u − ln(1 + u) + C = ex − ln(1 + ex ) + C.
1 + ex u1+u 1+u 1+u

1
2. Primitives de x → .
sin(x)
1
On commence par remarquer que x → est définie et continue sur R\{kπ | k ∈ Z}.
sin(x)
Elle possède donc des primitives définies à une constante près sur chacun des intervalles Ik =]kπ, (k +1)π[.
x
On se place pour commencer sur I0 =]0, π[. On effectue le changement de variable u = tan .
2
x
Remarquer que x → tan est bijective de (0, π) vers R∗+ de dérivée non nulle sur cet intervalle.
2
2du
Ceci entraîne dx = ; et la formule de l’angle de moitié conduit à
1 + u2
2 1 + u2
Z Z Z
dx du  x
= du = = ln(u) + C 0 = ln tan + C0 .
sin(x) 1 + u2 2u u 2

On a donc été ramené au calcul de la primitive de u → 1/u sur R∗+ . Il en va de même sur tous les intervalles
I2p avec p ∈ Z. Sur les intervalles de la forme I2p+1 avec p ∈ Z, la formule n’est pas exactement la même
car sin(x) < 0 : on est ramené au calcul de la primitve de u → 1/u sur R∗− . On obtient alors sur les I2p+1
Z
dx  x
= ln − tan + C2p+1 .
sin(x) 2

En ajoutant une valeur absolue, on obtient une formule valable sur tous les Ik
Z
dx  x 
= ln tan + Ck .
sin(x) 2
2 EDO linéaire du premier ordre
2.1 Equations différentielles
Une équation différentielle (EDO avec O pour ordinaire) est une équation dont l’inconnue est une fonction. Il
s’agit donc d’un type particulier d’équation fonctionnelle. Cette équation fait intervenir les dérivées successives
de l’inconnue, une fonction notée y de la variable réelle x (ou t). On écrit une équation différentielle d’ordre
n ∈ N∗ sous la forme  
G x, y, y 0 , . . . , y (n−1) , y (n) = 0, (1)

où G : Ω → R est une fonction supposée suffisamment « régulière » de Ω ⊂ R × Rn+1 vers R.


Une équation différentielle d’ordre n ∈ N est dite sous forme résolue lorsqu’elle s’écrit sous la forme
 
y (n) = F x, y, y 0 , . . . , y (n−1) , (2)

où F : Ω → R et Ω ⊂ R × Rn . Il est souvent utile dans le cadre de la résolution de se ramener (lorsque c’est


possible) à une forme résolue. Les théorèmes classiques d’existence de solutions s’appliquent en outre à des
équations sous forme résolue.
Remarques
— Calculer les primitives de f revient à résoudre l’équation sous forme résolue y 0 = f .
— La théorie des EDOs « générales » sera étudiée dans un prochain chapitre.

On commence par définir précisément la notion de solution classique de (1).


Définition 2.1. Notion de solution
On appelle solution classique de l’équation (1) sur l’intervalle I une fonction f : I → R qui est n fois dérivable
sur l’intervalle I et telle que
 
∀x ∈ I, G x, f (x), f 0 (x), . . . , f (n−1) (x), f (n) (x) = 0.

Noter que l’intervalle I ci-dessus fait partie intégrante de la définition. On dit que f est solution de (1) sur I.

Exercice 4
Déterminer des solutions des équations différentielles suivantes

1) y 0 − 2 = 0 sur R 2) y 0 − y = 0 sur R 3) y 00 − y = 0 sur R 4) y 00 − y 2 − 1 = 0 sur ] − π/2, π/2[

Souvent, il n’y a pas unicité des solutions classiques à une équation différentielle donnée sur un intervalle I.
Lorsqu’on demande aux solutions de vérifier des conditions supplémentaires (initiales, au bord), on obtient un
nouveau problème dit de Cauchy dont les solutions, lorsqu’elles existent, sont parfois uniques. 1

Définition 2.2. Problème de Cauchy


On appelle problème de Cauchy pour (1) en (x0 , y0 , y1 , . . . , yn−1 ) la recherche d’une fonction f : I → R telle que
1. f est solution de (1) sur I au sens de la définition précédente.
2. x0 ∈ I, f (x0 ) = y0 et ∀k ∈ J1, n − 1K, on ait f (k) (x0 ) = yk .

Exercice 5
Déterminer une solution des problèmes de Cauchy ci-dessous.
( ( (
y 0 − 2 = 0 sur R y 0 − y = 0 sur R y 0 + y = 0 sur R
1) 2) 3)
y(0) = 1 y(0) = 3 y(0) = 1 et y 0 (0) = 0

Equations linéaires. Dans ce chapitre, on s’intéresse principalement à deux types très particuliers d’équations
différentielles :
1. les équations linéaires d’ordre 1 correspondant au cas n = 1 et G(x, y, z) = a(x)z + b(x)y − c(x) dans (1) ;
les fonctions a, b et c sont supposées continues ;
2. les équations linéaires d’ordre 2 à coefficients constants correspondant à n = 2 et au choix G(x, y, z, t) =
at + bz + cy − c(x) dans (1) avec a ∈ R∗ et b ∈ R ; la fonction c est supposée continue.
1. l’existence et l’unicité des solutions au problème de Cauchy dépend crucialement des propriétés de l’application G (forme
résolue) ; c’est l’objet des théorèmes classiques dans ce domaine (Cauchy-Lipschitz, Péano).
2.2 Ensemble de solutions
On s’intéresse à présent à la résolution d’une équation différentielle linéaire du premier ordre de la forme

a(x)y 0 + b(x)y = c(x), (3)

où a, b et c sont trois fonctions continues d’un intervalle I vers R. On note S l’ensemble des solutions de (3).

Définition 2.3. Equation homogène


On appelle equation homogène associée à (3) l’équation différentielle sans second membre

a(x)y 0 + b(x)y = 0. (4)

On note SH l’ensemble des solutions de (4)

L’ensemble des solutions de l’équation homogène possède une propriété importante.


Propriété 2.1. L’ensemble SH des solutions de (4) est stable par combinaison linéaire.

Démonstration. Soient f, g : I → R deux solutions de (4) sur I. Soient λ, µ ∈ R. On pose h = λf + µg.

∀x ∈ I, a(x)h0 (x) + b(x)h(x) = a(x)(λf + µg)0 (x) + b(x)(λf + µg)(x)


= a(x)(λf 0 (x) + µg 0 (x)) + b(x)(λf (x) + µg(x))
= λ(a(x)f 0 (x) + b(x)f (x)) + µ(a(x)g 0 (x) + b(x)g(x))
= 0

On a utilisé la linéarité de la dérivation et le fait que f et g sont solutions de l’équation sur I.

Les ensembles SH et S sont liés par la propriété suivante.

Propriété 2.2. On a S = {fp + f | f ∈ SH } pour toute solution fp ∈ S

Remarques
— L’ensemble des solutions de l’équation différentielle homogène est un sous-espace vectoriel.
— L’ensemble des solutions de l’équation différentielle avec second membre est un sous-espace affine.
— Le choix de la solution particulière fp est libre.
— Noter l’analogie avec la résolution des systèmes linéaires.

2.3 Existence et résolution


On s’intéresse maintenant à la résolution de l’équation (3).
Afin de simplifier les choses, on supposera dans un premier temps que a ne s’annule pas sur I.
On discutera plus loin du cas plus compliqué où a s’annule sur I.

2.3.1 Equation homogène


On considère tout d’abord l’équation homogène : a(x)y 0 + b(x)y = 0.
b(x)
La fonction a ne s’annule pas. On peut donc poser ∀x ∈ I, α(x) = .
a(x)
On est donc ramené à la résolution sur I de l’équation sous forme résolue : y 0 + α(x)y = 0 .

Propriété 2.3. Soit α : I → R une fonction continue.


L’ensemble des solutions de l’équation différentielle y 0 + α(x)y = 0 sur I est
n o
SH = f : x → λe−A(x) | λ ∈ R ,

où A est une primitive de la fonction α


Démonstration. On procède en deux étapes.
Etape 1 : on vérifie que les fonctions de la forme f : x → λe−A(x) sont bien solutions.
Etape 2 : pour une solution f : I → R de l’équation, on vérifie que g : x → f (x)eA(x) est de dérivée nulle sur I.
Remarques
1. On déduit de ce qui précède que pour x0 ∈ I et y0 ∈ R le problème de Cauchy
 0
y + α(x)y = 0 sur I
y(x0 ) = y0

possède une unique solution correspondant à λ = y0 eA(x0 ) .


2. En particulier, dans le cas y0 = 0, l’unique solution est la fonction nulle.
3. Si 0 ∈ I et A est l’unique primitive de α s’annulant en 0, alors la condition f (0) = y0 entraîne que λ = y0 .

Exemples
— Résolution de l’équation homogène y 0 − xy = 0.
Il s’agit d’une équation sous forme résolue. D’après la technique de résolution décrite ci-dessus on est à
recherche d’une primitice de x → −x ; on choisit A(x) = −x2 /2.
 2
x
Les solutions de l’équation homogène sont donc de la forme f (x) = λ exp .
2
— Résolution de l’équation homogène xy 0 − y = 0.
On se place sur ] − ∞, 0[, les solutions sont de la forme f (x) = λx
On se place sur ] − ∞, 0[, les solutions sont de la forme f (x) = µx
En posant λ = µ, on peut construire une solution de l’équation homogène sur R.

2.3.2 Recherche de solutions particulières


Dans le paragraphe précédent, on a décrit la forme générale des solutions de l’équation homogène associée à (3).
On cherche à présent à décrire les solutions de (3) elle-même ; c’est à dire de l’équation avec second membre.
On a vu précédemment que, connaissant SH , ceci se résume à la détermination d’une solution particulière.
On suppose toujours que a ne s’annule pas sur I et l’on pose ∀x ∈ I, γ(x) = c(x)/a(x).
On est ainsi ramené à l’équation sous forme résolue y 0 + α(x)y = γ(x).

Variation de la constante. La méthode suivante est la plus générale.


On cherche la solution particulière fp sous la forme fp (x) = λ(x)e−A(x) ; de sorte qu’on a alors

∀x ∈ I, fp0 (x) + α(x)fp (x) = λ0 (x)e−A(x) − α(x)λ(x)e−A(x) + α(x)λ(x)e−A(x)


= λ0 (x)e−A(x) .

Puisque fp est solution de l’EDO, on a donc

λ0 (x)e−A(x) = γ(x) ⇐⇒ λ0 (x) = γ(x)eA(x) .

Une solution particulière est yp (x) = λ(x)e−A(x) où λ est une primitive de x → γ(x)eA(x) .
L’ensemble des solutions de l’équation avec second membre (3) sur I est donc
n o
S = f : x → (λ + λ(x))e−A(x) | λ ∈ R ,

où A est une primitive de α et λ est une primitive de x → γ(x)eA(x) .


Remarque :
— On constate que la résolution explicite de l’EDO du premier ordre se ramène à un calcul de primitives.
Noter que si A et λ existent toujours, il est possible que leur calcul explicite (en termes des fonctions de
référence) ne soit pas possible ; auquel cas on préfèrera les notations intégrales.
— On déduit de ce qui précède que pour x0 ∈ I et y0 ∈ R le problème de Cauchy
 0
y + α(x)y = γ(x) sur I
f (x0 ) = y0

possède une unique solution correspondant à λ = y0 eA(x0 ) − λ(x0 ).


2.4 Résolution d’équations à coefficients constants
Afin d’illustrer la démarche générale, on étudie l’équation du premier ordre ay 0 + by = c à coefficients constants.
On suppose que a 6= 0 ; l’équation peut se mettre sous la forme y 0 + αy = γ où γ = c/a.
On s’intéresse dans un premier temps à l’équation homogène : y 0 + αy = 0. Il n’est pas très difficile de vérifier
que toutes les fonctions f : R → R du type f (x) = λe−αx sont solutions de cette équation. Le paramètre λ ∈ R
peut être choisi librement, si l’on n’impose pas de conditions « initiales » suppémentaires.
Si l’on ajoute une condition du type f (0) = y0 , l’équation ne possède plus qu’une unique solution maximale
(comme l’affirme le théorème de Cauchy). Il s’agit de la fonction f (x) = y0 e−αx .

Second membre constant. Considérons à présent la même équation avec un second membre constant
c ∈ R∗ . On s’intéresse donc à l’équation y 0 + αy = γ.
γ
Une solution particulière de cette équation sur R est fp (x) = . On montre (et vérifie aisément) que l’ensemble
α
des solutions de l’équation avec second membre est :
n γ o
S = x → λe−αx + | λ∈R .
α

Noter que cet ensemble de solutions n’est plus stable par combinaison linéaire.
 γ  −αx γ
A nouveau, si l’on impose y(0) = y0 alors l’unique solution maximale sur R est f (x) = y0 − e + .
α α

Second membre non-constant. On s’intéresse à présent au cas où le second membre c : R → R est une
fonction continue.
Pour déterminer une solution particulière, on utilise la technique dite de la variation de la constante (que l’on
recontrera à nouveau dans le cas général). On cherche fp sous la forme fp (x) = λ(x)e−αx .
Z x
On en déduit immédiatement que fp (x) = Λ(x)e−αx où Λ(x) = eαt c(t)dt est une primitive de x → eαx c(x).
x0
L’ensemble des solutions est donc

S = x → (C + Λ(x))e−αx | C ∈ R


Remarque : on a décrit ci-dessus la méthode de la variation de la constante qui est une technique générale de
recherche de solutions particulières. Selon la forme du second membre c, il est possible dans le cas de coefficients
constants de chercher une solution particulère sous une forme spécifique.
On décrit enfin quelques simplifications de la méthode pour des formes spécifiques de γ(x). Ces astuces de
calcul ne sont valables que dans le cas d’une fonction à coefficients constants.

Second membre polynômial γ(x) = P (x). .


Dans ce cas, on cherche une solution particulière sous la forme d’un polynôme de même degré que P .
Exemple. On cherche une solution particulière de y 0 − 3y = 2x + 1. On pose fp (x) = a1 x + a0 et on fp solution
impose
2 5
∀x ∈ R, a1 − 3(a1 x + a0 ) = 2x + 1 ⇔ −3a1 = 2 et a1 − 3a0 = 1 ⇔ a0 = − et a1 = − .
3 9

Second membre de la forme γ(x) = P (x)eβx .


Dans ce cas, on cherche une solution particulière sous la forme fp (x) = Q(x)eβx où Q est un polynôme.
On remarque alors que

fp0 (x) + αfp (x) = P (x)eβx ⇐⇒ Q0 (x)eβx + βQ(x)eβx + αQ(x)eβx = P (x)eβx .

On est donc ramené à la recherche d’une solution polynômiale de l’équation

Q0 (x) + (α + β)Q(x) = P (x).

Il y a alors deux situations possibles.


1. si β 6= −α, alors on retrouve le problème précédent : recherche d’une solution particulière polynômiale.
Dans ce cas, on aura deg Q = deg P .
2. si β = −α, alors on doit résoudre Q0 = P et donc deg Q = deg P + 1
Noter que dans les deux cas, on peut procéder par identification en supposant que deg Q = deg P + 1
Exemple 1. (β 6= −α) On cherche une solution particulière de y 0 − 2y = (x2 − 2x)e3x sous la forme précédente.

Q0 (x)e3x + 3Q(x)e3x − 2Q(x)e3x = (x2 − 2x)e3x ⇔ Q0 (x) + Q(x) = x2 − 2x.

On suppose que Q(x) = a2 x2 + a1 x + a0 et on injecte cette forme dans l’équation précédente.


Ceci conduit par identification au système suivant
 
 a2 = 1  a2 = 1
a2 x2 + (2a2 + a1 )x + a1 + a0 = x2 − 2x ⇔ 2a2 + a1 = −2 ⇔ a1 = −4
a1 + a0 = 0 a0 = 4
 

On vérifie facilement que fp (x) = (x2 − 4x + 4)e3x est bien une solution particulière.
Exemple 2.(β = −α) On cherche une solution particulière de y 0 + y = xe−x sous la forme précédente.

fp0 (x) + fp (x) = xe−x ⇔ Q0 (x)e−x − Q(x)e−x + Q(x)e−x = xe−x ⇔ Q0 (x)e−x = xe−x ⇔ Q0 (x) = x.

x2 −x
Une solution particulière est donc fp (x) = e
2

Second membre de la forme µ cos(x) + ν sin(x) .


On peut chercher directement une solution sous la forme fp (x) = λ cos(x)+β sin(x) et procéder par identification.
Exemple 1. On cherche une solution particulière de y 0 − 2y = 2 cos(x) + sin(x).

fp0 (x) − 2fp (x) = 2 cos(x) + sin(x) ⇔ (β − 2λ) cos(x) + (−λ − 2β) sin(x) = 2 cos(x) + sin(x).

Ceci conduit par identification au système suivant


 
β − 2λ = 2 λ = −1
⇔ ⇔
−λ − 2β = 1 β = 0

On vérifie que fp (x) = cos x est une solution particulière.


On peut également utiliser le principe de superposition. On cherche une solution particulière f1 de y 0 + αy =
µ cos x sous la forme f1 (x) = λ1 cos x + β1 sin x ainsi qu’une solution particulière f2 de y 0 + αy = ν sin x sous
la forme f2 (x) = λ2 cos x + β2 sin x. On remarque que µf1 + νf2 est une solution particulière de y 0 + αy =
µ cos x + ν sin x (on peut le démontrer en exercice).
Exemple 2. On cherche une solution particulière de y 0 − 2y = cos x + 2 sin x.
On cherche une solution particulière de y 0 − 2y = cos x sous la forme f1 (x) = λ1 cos x + β1 sin x ; ceci conduit à

λ1 − 2β1 − 1 = 0 2 1
∀x ∈ I, (λ1 − 2β1 − 1) cos x − (λ1 + 2β1 ) sin x = 0 ⇔ ⇔ λ1 = − et β1 =
λ1 + 2β1 = 0 5 5

On cherche une solution particulière de y 0 − 2y = 2 sin x sous la forme f2 (x) = λ2 cos x + β2 sin x ; ceci conduit à

λ2 − 2β2 = 0 2 4
∀x ∈ I, (λ2 − 2β2 ) cos x − (λ2 + 2β2 + 2) sin x = 0 ⇔ ⇔ λ1 = − et β1 = − .
λ1 + 2β2 + 2 = 0 5 5

4 3
Un solution particulière de l’équation est donc fp (x) = − cos x − sin x
5 5

2.5 Equation sous forme non résolue (HP)


On revient dans ce paragraphe sur l’hypothèse « ∀x ∈ I, a(x) 6= 0 » dont on va voir qu’elle est essentielle.
On s’intéresse à cet effet à l’équation : xy 0 + (x + 1)y = x2 sur R.
Il est clair que a(0) = 0, donc on ne peut pas appliquer la méthode de résolution décrite ci-dessus sur R tout
entier. Cependant, on peut l’utiliser indépendamment sur I =] − ∞, 0[ et J =]0, +∞[ car a ne s’annule pas sur
ces intervalles.  
x+1
Sur I et J, l’équation s’écrit sous forme résolue y 0 + y = x.
x
L’ensemble des solutions de l’équation homogène sur I et J est donc

e−x
 
SH = f : x → λ |λ∈R ;
x
où l’on peut choisir a priori deux constantes distinctes λ1 et λ2 sur I et J respectivement.
On applique la méthode de la variation de la constante sur I et J ; ce qui nous conduit aux ensembles de
solutions
x2 − 2x + 2 + λe−x
 
S= f :x→ |λ∈R ;
x
où l’on peut toujours choisir deux constantes distinctes λ1 et λ2 sur I et J respectivement.
A partir des solutions sur I et J, on peut construire une seule solution sur R.
On remarque tout d’abord que si f est solution sur R alors nécssairement f (0) = 0.
Une solution sur R vérifiera donc
x − 2x + 2 + λ1 e−x
 2
si x ∈] − ∞, 0[


x


f (x) = 0 si x=0
x 2
− 2x + 2 + λ2 e−x


si x ∈]0, +∞[


x

f doit être dérivable en 0, elle y est donc continue. On a donc nécessairement λ1 = λ2 = −2. La seule solution
possible est donc de la forme

 x2 − 2x + 2 − 2e−x
f (x) = si x ∈ R∗ .
x
 0 si x = 0

On vérifie que cette fonction est dérivable en 0 et que f 0 (0) = 0. Il s’agit donc d’une solution de l’équation sur
R tout entier.
Remarques
— L’ensemble des solutions de l’équation différentielle sur R est donc réduit à une unique fonction (et non
une infinité comme c’est le cas sur I par exemple).
— Tous les problèmes de Cauchy sur R ne possède donc pas de solutions. En particulier le problème de
Cauchy en 0 ne possède de solutions que dans le cas y0 = 0.

3 Equations linéaires du second ordre


On s’intéresse à présent à la résolution d’une équation différentielle de la forme

y 00 + a1 y 0 + a0 y = c(x), (5)

où a1 , a0 sont deux constantes réelles et c : I → R continue.


On note à nouveau S l’ensemble des solutions de l’équation avec second membre et SH l’ensemble des solutions
de l’équation homogène associée.
y 00 + a1 y 0 + a0 y = 0. (6)

3.1 Ensembles de solutions


On remarque pour commencer que comme dans le cas d’une équation du premier ordre, l’ensemble des solutions
de l’équation homogène possède une structure particulière.

Propriété 3.1. L’ensemble SH des solutions de (6) est stable par combinaison linéaire.

Remarques
— Cette propriété est également vérifiée pour une équation linéaire du second ordre à coefficients non-
constants éventuellement sous formes non résolues :

a(x)y 00 + b(x)y 0 + c(x)y = 0.

— On a également S = {fp + f | f ∈ SH } pour toute solution fp ∈ S


3.2 Existence et résolution
On s’intéresse dans un premier temps à l’équation homogène : y 00 + a1 y 0 + a0 y = 0.
La forme des solutions de cette équation dépend des racines de P = X 2 + a1 X + a0 ∈ R[X].
Ces dernières dépendent de deux paramètres (λ1 , λ2 ) ∈ R2
1. Si P possède deux racines réelles r1 et r2 alors les solutions sont de la forme
f (x) = λ1 er1 x + λ2 er2 x .

2. Si P possède deux racines complexes conjuguées r1,2 = u ± iv alors les solutions sont de la forme
f (x) = eux (λ1 cos(vx) + λ2 sin(vx).

3. Si P possède une racine double r (nécessairement réelle) alors les solutions sont de la forme
f (x) = (λ1 + λ2 x)erx .

Exercice 6
Résoudre les équations différentielles homogènes ci-dessous

1) y 00 − y 0 + y = 0 sur R 2) y 0 − 3y 0 + 2 = 0 sur R 3) y 00 + y = 0 sur R

On mentionne le théorème suivant qui garantit de l’existence de solutions à (5).


Théorème 3.1. Existence
Avec les hypothèses précédentes, l’équation (5) possède des solutions.

L’équation linéaire du second ordre vérifie en outre l’unicité pour le problème de Cauchy. Comme précisé plus
haut les conditions « initiales » ou « au bord » portent sur la valeur de f et f 0 en un point x0
Théorème 3.2. Unicité pour le problème de Cauchy
Soit (x0 , y0 , y1 ) ∈ I × R. Il existe une unique solution de (5) telle que f (x0 ) = y0 et f 0 (x0 ) = y1 .

3.3 Recherche de solutions particulières


La résolution systématique d’une équation de type (5) va dépendre de la forme du second membre c(x) ; il
n’existe pas de méthodes générales. Il faut savoir trouver une solution particulière pour certaines familles de
fonctions usuelles (constantes, exponentielles) et savoir utiliser le principe de superposition dont l’énoncé est
donné plus loin.
Lorsque c : I → R est une fonction constante, la situation est très simple.

Exercice 7
Résoudre les équations différentielles homogènes ci-dessous

1) y 00 − y 0 + y = 2 sur R 2) y 00 + y = 1 sur R

On s’intéresse à présent au cas où c : I → R est une exponentielle ; ce qui permet en pratique de traiter les
seconds membres en cos, sin, cosh, . . . . On a dans ce cadre le résultat de base suivant.

Propriété 3.2. Solutions particulières y 00 + a1 y 0 + a0 y = eλx


Soit λ ∈ R. On note P = X 2 + a1 X + a0 .
— Si λ n’est pas une racine de P , alors x → eλx est une solution de (5)
— Si λ est une racine simple de P , alors x → xeλx est une solution de (5)
— Si λ est une racine double de P , alors x → x2 eλx est une solution de (5)

Propriété 3.3. Principe de superposition


Soient f1 (resp. f2 ) une solution de l’équation y 00 + a1 y 0 + a0 y = c1 (resp. c2 )
Alors la fonction f1 + f2 est solution de l’équation y 00 + a1 y 0 + a0 y = c1 + c2

Exercice 8
Résoudre les équations différentielles ci-dessous

1) y 00 − 4y 0 + 3y = sinh x sur R 2) y 00 + y = sin3 x sur R


3.4 Commentaires
On reviendra dans un prochain chapitre sur les équations différentielles de second ordre à coefficients non
constants. Pour de telles équations, il n’existe pas de méthode générique mais il existe des techniques adaptées.

Vous aimerez peut-être aussi