Vous êtes sur la page 1sur 31

Les groupes diédraux et la caractérisation des

groupes de Galois des polynômes de degré deux,


trois et quatre

Ahmed WARSSA

28 juin 2011
Remerciement
Je tiens à remercier mes parents pour leur amour, leurs sa-
crifices ainsi que pour leur soutien tout au long de mes études.

J’exprime ma profonde reconnaissance à mon encadrant, le


professeur D. BOUZIANE, qui a assuré avec beaucoup d’intérêt,
l’évolution de ce mémoire, et je le remercie également pour
ses remarques et ses conseils précieux.

Je remercie également les membres du jury : le professeur


A. KANDRI-RODY et le professeur A. MAKKI-NACIRI, et
j’espère pouvoir réussir la tâche qui m’a été accordée.

Je tiens aussi à remercier le professeur M. LALAOUI qui


nous a initié au logiciel de traitement de texte scientifique LA-
TEX.

Mes remerciements vont aussi à l’ensemble des professeurs


qui ont assuré avec succés l’encadrement et l’enseignement
de la filière SMA, et à tout ceux qui ont participé de loin ou
proche à la réalisation de ce mémoire.

1
Table des matières

1 Rappels et préliminaires 4
1.1 Le groupe symétrique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
1.2 Sous-groupes distingués . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7

2 Les extensions de corps 8


2.1 Corps de décomposition . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
2.2 Extensions algébriques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
2.2.1 Eléments algébriques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
2.2.2 Extensions algébriques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
2.3 Extensions normales . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
2.4 Extensions séparables . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
2.5 Extensions galoisiennes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
2.6 Théorème de la correspondance de Galois . . . . . . . . . . . . . . . . . 11

3 Les groupes diédraux 13


3.1 Isométries du plan . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13
3.1.1 Définitions et propriétés des isométries du plan . . . . . . . . . . 13
3.1.2 Types d’isométries du plan . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13
3.1.3 Déplacement est anti-déplacement . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
3.2 Les groupes diédraux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
3.2.1 Caractérisation de Dn . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
3.2.2 Etude de Dn . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18

4 Caractérisation du groupe de Galois des polynônes de degré deux, trois et


quatre 20
4.1 Polynômes quadratiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20
4.2 Polynômes cubiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20
4.3 Racines du polynôme cubique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22
4.4 Polynômes de degré quatre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23
4.5 Racines du polynôme de degré quatre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26

2
Introduction

La théorie de Galois est fondé, vers la fin des années 1820, par Evariste
Galois (1811-1832). Il s’agit de la résolution du problème suivant : étant
donné un polynôme P à coefficients rationnels, de degré d > 1, qu’on écrit
sous la forme :
P = a0 + a1 X + ... + ad X d ,
peut-on résoudre l’équation P = 0 par radicaux ? Ce qui, signifie la chose
suivante : peut-on exprimer les racines de P comme des fonctions radicales
des coefficients de P ? Pour d = 2, on a la formule célèbre :

2 −a1 ± a21 −4a0 a2
a0 + a1 x + a2 x = 0 ⇔ x = 2a2 ,
et il existe des formules analogues, pour d = 3 et d = 4.

Soit K un corps commutatif, P un polynôme à coefficients dans K et E


le corps de décomposition de P sur K. Il semble difficile d’avoir une idée
concrète sur le groupe de Galois de E sur K, cependant il est possible de
caractériser les groupes de Galois associés à des polynômes de degré deux,
trois et quatre.

Dans ce projet, nous allons caractériser les groupes de Galois ainsi que
les racines des polynômes irréductibles de degré deux, trois et quatre.

Dans la première partie, nous commencerons par mettre en place les


différents outils nécessaires (Le groupe symétrique, Sous-groupes distingués,
Les extensions de corps, ...), puis nous allons étudier un type particulier de
groupes : les groupes dièdraux, pour faciliter la caractrisation des groupes
de Galois pour les polynômes de degré quatre.

3
Chapitre 1

Rappels et préliminaires

Dans ce chapitre, on rappelle quelques notions sur les groupes ainsi que des propriétés
qui seront utilisées par la suite.

1.1 Le groupe symétrique


Définition 1.1.1 Soit n ∈ N∗ , Sn désigne l’ensemble des permutations de {1, ..., n}.

Proposition 1.1.1 Sn est un groupe pour la loi ◦, appelé groupe symétrique.

Proposition 1.1.2 Card(Sn ) = n!.

On suppose par la suite que n>2.

Définition 1.1.2 Soit p ∈ N tel que : 2 6 p 6 n. On appelle p−cycle de {1, ..., n} toute permutation
σ de {1, ..., n} telle qu0 il existe x1 , ..., x p ∈ {1, ..., n}, deux à deux distincts, tels que :

 σ(x1 ) = x2 , σ(x2 ) = x3 , ..., σ(x p−1 ) = x p , σ(x p ) = x1

∀k ∈ {1, ..., n} r {x1 , ..., x p }, σ(k) = k.


L’ensemble {x1 , ..., x p } est appelé le support de σ, et on note σ = (x1 , ..., x p ).


Une permutation σ de {1, ..., n} est appelée cycle si et seulement s’il existe p ∈ {2, ..., n}
tel que σ soit un p − cycle.
 
12345
Exemple 1.1.1 est le 3 − cycle (2, 5, 3).
15243

Remarque 1.1.1
1) (x1 , ..., x p ) = (x2 , ..., x p , x1 ) = ... = (x p , x1 , ..., x p−1 ).
2) e n’est pas un cycle, avec e est la permutation identité.

4
Définition 1.1.3 Pour tout (i, j) de {1,...,n}2 tel que i<j, on appelle transposition échangeant
i et j, et on note τi, j ( ou (i j)) la permutation de {1,...,n} définie par :

τi, j (i) = j, τi, j ( j) = i, τi, j (k) = k ∀k ∈ {1, ..., n}\{i, j}.


C’est le 2 − cycles (i j).
 
12345
Exemple 1.1.2 Pour n=5, τ2,4 = (24) = .
14325

Théorème 1.1.1 [2]


Les transpositions de {1,...,n} engendrent le groupe Sn .
Autrement dit, toute permutation de {1,...,n} est décomposable en un produit de transpo-
sitions.

Preuve 1.1.1 Récurrence sur n.


S2 = {e, τ1,2 } et e = τ21,2 , donc {τ1,2 } engendre S2 .
Soit n ∈ N tel que n > 2. Supposons que les transpositions de {1, ..., n} engendrent Sn , et
soit σ ∈ Sn+1 .
1er cas : σ(n + 1) = n + 1.
Comme σ est bijective, {1, ..., n} est alors stable par σ et l’application suivante :

σ0 : {1, ..., n} −→ {1, ..., n}


k 7−→ σ(k)

est une permutation de {1, ..., n}. D’après l’hypothèse de récurrence, il existe N ∈ N∗ et
des transposition t10 , ...,tN0 de Sn telles que :

σ0 = t10 ◦ ... ◦ tN0 .

En notant, pour chaque ς de {1, ..., N}, tς : {1, ..., n + 1} −→ {1, ..., n + 1} l’application
définie par :  0
 tς (k) si 1 6 k 6 n
tς (k) =
n + 1 si k = n + 1,

il est claire que t1 , ...,tN sont des transpositions de {1, ..., n + 1}, et que σ = t1 ◦ ... ◦ tN .

2ème cas : σ(n + 1) 6= n + 1.


Considérons ρ = τn+1,σ(n+1) ◦ σ.
On a ρ ∈ Sn+1 et ρ(n + 1) = τn+1,σ(n+1) (σ(n + 1)) = n + 1. D’après l’étude du 1er cas,
il existe N ∈ N∗ et des transpositions t1 , ...,tN de Sn+1 telles que ρ = t1 ◦ ... ◦ tN . Puisque
τn+1,σ(n+1) = τ−1
n+1,σ(n+1) alors σ = τn+1,σ(n+1) ◦ t1 ◦ ... ◦ tN et donc σ est un produit de
transpositions de Sn+1 .
 
12345678
Exemple 1.1.3 soit σ =
63748152
on a donc : σ = τ1,6 ◦ τ2,3 ◦ τ3,7 ◦ τ7,5 ◦ τ5,8

5
Définition 1.1.4 Soit σ ∈ Sn .
On dit qu’un couple (σ(i), σ( j)) présente une inversion pour σ si et seulement si : i<j et
σ(i) > σ( j).

Définition 1.1.5 Soit I(σ) le nombre d’inversions de σ. On appelle signature de σ le


nombre noté ε(σ), défini par :
ε(σ) = (−1)I(σ)

Définition 1.1.6 On dit que σ est paire (resp. impaire) si ε(σ) = 1 (resp. ε(σ) = −1).

Ainsi : • σ paire ⇐⇒ ε(σ) = 1 ⇐⇒ I(σ) paire.


• σ impaire ⇐⇒ ε(σ) = (−1) ⇐⇒ I(σ) impaire.

Remarque 1.1.2 Toute transposition de {1, ..., n} est impaire.

Théorème 1.1.2 [2]


L0 application signature ε : Sn −→ {−1, 1}
est un morphisme du groupe (Sn , ◦) sur le groupe multiplicati f {−1, 1}.

Corollaire 1.1.1 Soient σ ∈ Sn , N ∈ N∗ , t1 , ...,tN des transpositions de {1, ..., n} telles que
σ = t1 ◦ ... ◦ tN . On a : ε(σ) = (−1)N .

Définition 1.1.7 Le noyau de ε est un sous-groupe de Sn , appelé groupe alterné, noté An .


Ainsi, An = ε−1 ({1}) = ker(ε) = {σ ∈ Sn / ε(σ) = 1}
c0 est − à − dire que An est l 0 ensemble des permutations paires de {1, ..., n}.

Exemple 1.1.4 Pour n = 3, S3 = {e, τ1,2 , τ1,3 , τ2,3 , c, c0 }


où c = (1 2 3) et c0 = (1 3 2) = c2 , alors A3 = {e, c, c0 }.

n!
Proposition 1.1.3 Card(An ) = .
2

Définition 1.1.8 Un sous-groupe H de Sn est dit transitif si : ∀(i, j) ∈ ({1, ..., n})2 ∃ σ ∈
H tel que j = σ(i).

Exemple 1.1.5 On sait que A3 = {id, (123), (132)} est un sous-groupe de S3 . On pose
σ1 = (123) et σ2 = (132) et on obtient :

σ1 (1) = 2, σ−1
1 (2) = 1,
−1
σ2 (1) = 3, σ2 (3) = 1,
σ1 (2) = 3, σ−1
1 (3) = 2.

et par suite A3 est un sous-groupe transitif de S3 .

6
1.2 Sous-groupes distingués
Définition 1.2.1 Soit G un groupe. Un sous-groupe H de G est dit distingué (ou invariant)
ssi pour tout a de G : aH = Ha. On note : H / G.

Exemple 1.2.1 - Les sous-groupes {e} et G sont toujours distingués dans G (sous-
groupes distingués dits triviaux).
- Si G est commutatif, tout sous-groupe de G est distingué.
- Soit V = {id, (12)(34), (13)(24), (14)(23)}, V est un sous-groupe de A4 distingé dans
S4 , en effet : ∀σ ∈ S4 , σ(i j)(kl)σ−1 = (σ(i)σ( j))(σ(k)σ(l)) ∈ V

Proposition 1.2.1 Soit H un sous-groupe de G. Les propositions suivantes sont équivalentes :


(i) H / G
(ii) ∀a ∈ G : aHa−1 = H
(iii) ∀a ∈ G : aHa−1 ⊂ H
(iv) H est le noyau d’un morphisme de groupes f de G dans un autre groupe G0 .

7
Chapitre 2

Les extensions de corps

Dans ce chapitre, on rappelle quelques notions sur les extensions de corps ainsi que
des propriétés qui seront utilisées dans le quatrième chapitre.

2.1 Corps de décomposition


Définition 2.1.1 Soit K un corps commutatif et soit P ∈ K[X]. Une extension E de K est
dite un corps de rupture pour le polynôme P sur K si E est de la forme K(x) où x est une
racine de P.

Exemple 2.1.1 Q( 3 2) est un corps de rupture pour X 3 − 2 sur Q.

Théorème 2.1.1 Soit P un polynôme irréductible dans K[X], alors K[X]/(P) est un corps
de rupture de P.
Corollaire 2.1.1 Tout polynômes P ∈ K[X] possède un corps de rupture sur K, puisque il
se décompose en produit de polynômes irréductibles.

Définition 2.1.2 Étant donnés un corps commutatif K et un polynôme P à coefficients


dans K non-constant. Un corps de décomposition de P sur K est une extension L de K
telle que :
• P est scindé sur L, c’est-à-dire P est produit de polynômes du premier degré dans L[X].
• Les racines de P engendrent l’extension L sur K, c’est-à-dire qu’il n’existe aucun autre
sous-corps de L que lui-même contenant K et les racines de P.

Exemple
√ 2.1.2 C est un corps de décomposition sur R pour le polynôme X 2 + 1.
Q( 2) est un corps de décomposition sur Q pour le polynôme X 2 − 2.

2.2 Extensions algébriques


2.2.1 Eléments algébriques
Soit K — E une extension de corps et soit x ∈ E donné.
Soit :

8
φx : K[X] −→ E
n n
i e = ∑ ai xi
P = ∑ ai X −
7 → P(x)
i=0 i=0

φx est un homomorphisme d’anneaux avec :

ker(φx ) = {P ∈ K[X] : P(x)


e = 0}
{P ∈ K[X] : x est une racine de P}

Nous avons deux cas possibles :


a) Si ker(φx ) = {0}, alors pour tout P ∈ K[X], P(x) e 6= 0.
Dans ce cas, on dit que x est transcendant sur K.
b) Si ker(φx ) 6= {0}, on a ker(φx ) est un idéal de K[X] qui est principal, donc ∃P ∈ K[X] tel
que ker(φx ) = (P) = P · K[X]. Dans ce cas, on dit que x est algébrique sur K. Le polynôme
unitaire de plus petit degré dans ker(φx ) qui vérifie P(x)
e = 0 s’appelle le polynôme mini-
mal de x sur K. On note : P = IrrK (x) = Irr(x, K).

2.2.2 Extensions algébriques


Définition 2.2.1 Une extension E de K est dite algébrique si, et seulement si, tout élément
a de E est algébrique sur K.

Exemple 2.2.1 C est une extension algébrique de R.

Théorème 2.2.1 Une extension simple E = K(a) est algébrique si, et seulement si, a est
algébrique sur K.
(En général : l’extension E=K(a1 , a2 , ..., an ) de K est algébrique si, et seulement si, les
éléments a1 , a2 , ..., an sont tous algébriques sur K).

2.3 Extensions normales


Définition 2.3.1 Soit K un corps commutatif, K — E une extension algébrique de corps.
On dit que L est une extension normale de K si tout polynôme irréductible de K[X], qui
admet une racine dans L, est scindé sur L.

Exemple√2.3.1 R — C est une extension normale.


Q — Q( 3 2) n’est pas une extension normale.

Théorème 2.3.1 Soit K — L une extension de corps alors :


K — L est normale de degé fini ⇔ L est un corps de décomposition d’un certain P ∈ K[X].

9
2.4 Extensions séparables
Définition 2.4.1 Soit P ∈ K[X] un polynôme irréductible. On dit que P est séparable sur
K s’il vérifie la propriété suivante :
si toutes ses racines dans un corps de décomposition E de P sur K sont simples.
si P n’est pas irréductible, on dit que P est séparable si chaque facteur irréductible de P
est séparable sur K.
Exemple 2.4.1 1) P1 = X 2 +1, P2 = X 2 −2 sont séparable sur Q car ils sont irréductibles
et n’ont pas des racines multiples (caract(Q) = 0).
2) P = (X − 1)9 est séparable car ses facteurs irréductibles sont X − 1 donc séparable
sur Q.
Définition 2.4.2 Soit K — E une extension algébrique.
1) On dit que α ∈ E est séparable sur K si son polynôme minimal IrrK (α) est séparable
sur K.
2) On dit que l’extension K — E est séparable si tout α ∈ E est séparable sur K.
Exemple 2.4.2 R — C est une extension séparable.

2.5 Extensions galoisiennes


Définition 2.5.1 Une extension K—E de degré fini sur K est galoisienne si, et seulement
si, il est à la fois normale et séparable.
Définition 2.5.2 Soit K un corps et soit E une extension de K, posons :
AutK (E) = {σ / σ un K − automorphisme de corps de E}
C’est un groupe pour la composition des applications, on l’appelle le groupe de Galois
de E sur K et on note :
AutK (E) = Gal(E/K) = GalK (E)
Lemme 2.5.1 Soit K—E une extension de corps et A une partie de E. Alors σ ∈ Gal(K(A)/K)
est déterminé par les valeurs σ(a) pour tout a ∈ A.
Cela veut dire que si σ, τ ∈ Gal(K(A)/K) sont tels que σ(a) = τ(a), ∀a ∈ A, alors σ = τ.
Lemme 2.5.2 Soient K—E une extension de K et σ : E −→ E un K-automorphisme. Soit
P ∈ K[X] un polynôme irréductible. Si α est une racine de P alors σ(α) est aussi une
racine de P.
Théorème 2.5.1 [5]
Si [E : K] < ∞, alors Gal(E/K) est fini avec : | Gal(E/K) |6 [E : K]

Proposition 2.5.1 [5]


Soit K—E de degré fini. Alors K—E est une extension galoisienne si, et seulement si :

[E : K] =| Gal(E/K) | .

10
2.6 Théorème de la correspondance de Galois
Définition 2.6.1 Etant donne une extension K—E et S un sous ensemble de AutK (E), on
définit F (S) comme étant :
F (S) = {x ∈ E/σ(x) = x ∀σ ∈ S}
F (S) est un corps de E, contenant K, appelé le sous corps des invariants de S (dans E).
Lemme 2.6.1 soit E un corps.
1) si K1 —K2 —E sont des extensions, alors : Gal(E/K2 ) ⊆ Gal(E/K1 ).
2) si L—E est une extensions, alors : L ⊆ F (Gal(E/L)).
3) si S1 ⊆ S2 sont des sous ensembles de AutK (E) alors : F (S2 ) ⊆ F (S1 ).
4) si S ⊆ AutK (E) alors : S ⊆ Gal(E/F (S)).
5) si F = F (S), S ⊆ AutK (E) alors : F = F (Gal(E/F)).
6) soit K—E une extension, si H = Gal(E/K) alors : H = Gal(E/F (H)).

Remarque 2.6.1 Etant donnée une extension de corps K—E, il y a une correspondance
bijective entre les sous groupes de Gal(E/K), qui sont de la forme Gal(E/F) où F est
une extension intermédiaire entre K et E et les sous corps intermédiaires entre K et E qui
sont de la forme F (H) ( où H est un sous-groupe de Gal(E/K)).

Lemme 2.6.2 (d’Artin)


Soit K—L une extension finie, H un sous groupe de Gal(L/K). Alors l’extension :
F (H)—L est galoisienne de groupe de Galois : Gal(L/F (H)) = H.
Ainsi : [L : F (H)] =| Gal(L/F (H)) |=| H |.

Soient K—E une extension galoisienne, C et G tel que :


C = {corps intermediaire entre K et E} et G = {sous groupe de Gal(E/K)}
considérons les applications :
Φ : C −→ G
F 7−→ Φ(F) = Gal(E/F)

Ψ : G −→ C
H 7−→ Ψ(H) = F (H).
Le théorème suivant montre que Φ et Ψ sont réciproques. Ainsi, pour étudier les exten-
sions intermédiaires, problème de la théorie des corps, on se ramène à étudier les sous-
groupes du groupe de Galois, problème de la théorie des groupes.
Théorème 2.6.1 ( de la correspondance de Galois ) [3]
Soit K—L une extension galoisienne et H un sous-groupe de Gal(L/K).
1) Pour toute extention intermédeaire E, on a : F (Gal(L/E)) = E
2) L’extension F (H)—L est galoisienne avec : Gal(L/F (H)) = H
3) L’extention K—F (H) est galoisienne ssi H / Gal(L/K)

11
Théorème 2.6.2 [3]
Soit E un corps de décomposition d’un polynôme irréductible P séparable sur K de degré
n, alors :
i) n divise | Gal(E/K) |.
ii) Gal(E/K) est isomorphe à un sous-groupe transitif de Sn .
iii) [E : K] divise n!.

12
Chapitre 3

Les groupes diédraux

3.1 Isométries du plan


3.1.1 Définitions et propriétés des isométries du plan
Définition 3.1.1 On appelle isométrie plane toute bijection du plan dans lui même qui
conserve les distances.
De façon précise, f : (P) −→ (P) est une isométrie si ∀ M, N ∈ (P) on ait : d(M, N) =
d( f (M), f (N)).

Définition 3.1.2 Soit f une isométrie plane. On appelle point fixe de f tout point M du
plan tel que f (M) = M. On dit aussi que M est un point invariant de f.
Fix(f) désigne l’ensemble des points fixes de f.

Exemple 3.1.1 Tout point du plan est un point fixe pour l’identité du plan.

Proposition 3.1.1 La composée de deux isométries planes est une isométrie plane.

Preuve 3.1.1 Soit f et g deux isométries planes. Soit A et B deux points du plan. On a :
d(g( f (A)), g( f (B))) = d( f (A), f (B)) = d(A, B).
En plus g ◦ f est une bijection, donc est une isométrie plane. 

3.1.2 Types d’isométries du plan


Il existe dans le plan quatre sortes d’isométries, voici les définitions correspondantes :

Les translations
Définition 3.1.3 Soit ~u un vecteur du plan. La translation de vecteur ~u, notée t~u , est la
−−→
transformation qui, à tout point M du plan, associe le point M 0 tel que : MM 0 = ~u.

13
Propriétés 3.1.1  La réciproque de la translation de vecteur ~u est la translation de vec-
teur −~u :
t~u−1 = t−~u .
 La composée de deux translations est une translation :

t~u ◦ t~v = t~u+~v .

 La translation de vecteur ~0 est l’identité :

t~0 = id .

 Une translation autre que l’identité n’a pas de point fixe :

Si ~u 6= ~0 alors Fix(t~u ) = 0/ .

Les rotations
Définition 3.1.4 Soit Ω un point du plan et α un angle orienté. La rotation de centre Ω et
d’angle α, notée r(Ω;α) , est la transformation qui, à tout point M du plan, associe le point
M’ tel que :

M = M 0 si M = Ω



 −→ −−→
 ΩM = ΩM 0 et −

ΩM; ΩM 0 = α sinon

Propriétés 3.1.2  La réciproque de la rotation de centre Ω et d’angle α est la rotation


de centre Ω et d’angle −α :
−1
r(Ω;α) = r(Ω;−α) .
 La composée de deux rotation de même centre Ω est une rotation de centre Ω :

r(Ω;α) ◦ r(Ω;β) = r(Ω;α+β) .

 La rotation d’angle α = 0[2π] est l’identité.


 Une rotation d’angle α 6= 0[2π] n’a que Ω comme point fixe.

Remarque 3.1.1 Une rotation de centre Ω et d’angle α = π[2π] est appelée symétrie
central de centre Ω, notée sΩ . (avec sΩ ◦sΩ =id)

Les symétries axiales (réflexion)


Définition 3.1.5 Soit ∆ une droite du plan. La symétrie axiale d’axe ∆, notée s(∆) , est la
transformation qui, à tout point M du plan, associe le point M 0 tel que :
M = M 0 si M ∈ ∆

∆ est la médiatrice de [MM 0 ] si M ∈


/∆

14
Propriétés 3.1.3  La réciproque de la symétrie axiale d’axe ∆ est elle-même :

s−1
(∆) = s(∆) .

 Les points fixes de s(∆) sont les points de ∆ :

Fix(s(∆) ) = ∆ .

Les symétries glissée


Définition 3.1.6 Soit ∆ une droite du plan et ~u un vecteur directeur de ∆. La symétrie
glissé d’axe ∆ et de vecteur ~u, notée s(∆;~u) , est la transformation t~u ◦ s(∆) . (=s(∆) ◦ t~u )

Propriétés 3.1.4  La réciproque de la symétrie glissé d’axe ∆ et de vecteur ~u est la


symétrie glissé d’axe ∆ et de vecteur −~u :

s−1
(∆;~u) = s(∆;−~u) .

 Une symétrie glissé n’a pas de point fixe :

Si ~u 6= ~0 alors Fix(s(∆;~u) ) = 0/ .

3.1.3 Déplacement est anti-déplacement


Définition 3.1.7 [1]
Un déplacement est une isométrie qui conserve les angles orientés et un anti-déplacement
est une isométrie qui transforme tout angle orienté en son opposé. i.e : soit f est une
isométrie alors :
1)si det(f)=1, on dit que f est un déplacement de (P).
2)si det(f)=−1, on dit que f est un anti-déplacement de (P).
Par définition det( f ) est le déterminant de la partie linéaire de f .

Exemple 3.1.2 • Les rotations et les translation sont des déplacements.


• Les symétrie axiales et glissées sont des anti-déplacements.

Propriétés 3.1.5 La composée de deux déplacements est un déplacement, la composée


de deux anti-déplacements est un déplacement, la composée d’un déplacement et d’un
anti-déplacement est un anti-déplacement.

3.2 Les groupes diédraux


Soit n ∈ N∗ \{1, 2}.
On se place dans le plan complexe et on considère le polygone régulier à n côtés Pn formé
2ikπ
par les racines nièmes de l’unité e n , k = 0, ..., n − 1.
L’ensemble des isométries affines qui laissent invariants Pn est un sous-groupe du groupe

15
des isométries affines, et par suite on a la définition suivante :

Définition 3.2.1 On appelle groupe diédral de degré n et on note Dn , l’ensemble des


isométries affines qui laissent invariants Pn .

Exemple 3.2.1 Les éléments du groupe D5 est donnée comme suit :

16
3.2.1 Caractérisation de Dn
Dans cette partie, on pose I le point du plan C d’affixe 1, O le centre du n-gone
et I, A1 , ..., An−1 les sommets du polygone régulier de n côtés, et on note s = s(OI) et
rk = r(O, 2kπ ) . Alors on a les résultats suivants :
n

Proposition 3.2.1 ∀ k ∈ {0, ..., n − 1} rk ◦ s 6= rk

Preuve 3.2.1 Soit k ∈ {0, ..., n − 1}, alors on a : rk ◦ s(A1 ) = rk (An−1 ).


Puisque rk (I) = Ak et rk (A1 ) = Ak+1 alors, par récurrence, on obtient : rk (An−1 ) =
Ak+n−1[n] = Ak−1[n] .
Donc : rk ◦ s(A1 ) = Ak−1[n] , et on a : rk (A1 ) = Ak+1[n] .
Or, k − 1 ≡ k + 1[n] ⇒ 2 ≡ 0[n] ⇒ n = 1 ou 2, ce qui est exclu, car on a : n ∈ N∗ \{1, 2}.

Proposition 3.2.2 Soit g ∈ Dn , alors :
1) g(I) = I ⇒ g = s ou g = Id.
2) g(I) 6= I ⇒ g = rk ◦ s ou g = rk avec k ∈ {1, ..., n − 1}.

Preuve 3.2.2 1) On sait que O est un point fixe par g (car O est l 0 isobarycentre de I, A1 , ..., An−1 et g
affine), d’autre part on a : g(I) = I, alors g fixe O et I, et par suite g fixe la droite (OI),
d’où : g = s ou g = Id.
2) On a g(I) 6= I et g ∈ Dn alors : g(I) = Ak avec k ∈ {1, ..., n − 1}.
Donc : rk−1 ◦ g(I) = rk−1 (Ak ) = I.
Et d’aprés 1) on a : rk−1 ◦ g = s ou rk−1 ◦ g = Id.
Donc : g = rk ◦ s ou g = rk . 

Corollaire 3.2.1 On a les propriétés suivantes :


1) Dn = {Id, s, r1 , ..., rn−1 , r1 ◦ s, ..., rn−1 ◦ s}.
2) En notant r = r1 , on a :

Dn = {Id, s, r, r2 , ..., rn−1 , s ◦ r, s ◦ r2 , ..., s ◦ rn−1 }


=< r, s >

3) Card(Dn ) = 2n.

Proposition 3.2.3 s ◦ r ◦ s ◦ r = Id avec r = r(O, 2π ) .


n

Preuve 3.2.3 On a : r ◦ s ◦ r(I) = r ◦ s(A1 ) = r(An−1 ) = I.


Donc d’aprés la proposition précédente on a :
r ◦ s ◦ r = s ou r ◦ s ◦ r = Id. Or, r ◦ s ◦ r(A1 ) = r ◦ s(A2 ) = r(An−2 ) = An−1 .
Puisque A1 6= An−1 alors r ◦ s ◦ r 6= Id.
D’où : r ◦ s ◦ r = s.
puisque : s−1 = s donc : r ◦ s ◦ r = s−1 ce qui implique que r ◦ s ◦ r = s. 

17
3.2.2 Etude de Dn
Soit n un entier supérieur ou égal à 3.

Proposition 3.2.4 [6]


Tout groupe engendré par deux éléments a et b tels que :
1) a est d’ordre 2
2) b est d’ordre n
3) abab=1
est isomorphe à Dn .

Pour étudier Dn , on va donc se placer dans le cadre défini par la Proposition précédente :

Propriétés 3.2.1 Dn n’est pas abélien.

Preuve 3.2.4 Puisque abab=1, on a abab−1 = b−2 .


b−2 est différent de 1 car b est d’ordre n > 2 donc abab−1 est différent de 1.
D’où, a étant d’ordre 2, (ab)(ba)−1 = abab−1 est différent de 1 et par conséquent, ab est
différent de ba. Dn n’est ainsi pas abélien. 
La propriété suivante nous sera très utile :

Propriétés 3.2.2 Pour tout entier k compris entre 1 et n-1, abk a = b−k .

Preuve 3.2.5 Nous allons procéder par récurrence sur k (compris entre 1 et n) :
Cas k=1 : abab=1 donc aba = b−1 .
Supposons que la propriété est vraie jusqu’à l’entier k-1.
Alors :

abk a = abk−1 ba
= abk−1 aaba car a est d 0 ordre 2
= b1−k b−1 par hypothèse de récurrence
= b−k . 

Proposition 3.2.5 a n’est pas une puissance de b.

Preuve 3.2.6 Supposons qu’il existe un entier k compris entre 1 et n-1 tel que a = bk .
Alors, abab = b2k+2 = b2k b2 .
Comme a = bk est d’ordre 2, b2k = 1. D’où, abab = b2 .
Comme abab=1, on en déduit que b2 = 1.
Par conséquent, b est d’ordre au plus 2 ce qui est impossible puisque b est d’ordre n > 2.


Proposition 3.2.6 Dn = {1, a, b, ..., bn−1 , ab, ..., abn−1 }.

18
Preuve 3.2.7 Comme a n’est pas une puissance de b, Dn contient les éléments distincts :
1, a, b, ..., bn−1 .
Si k et m sont deux entiers distincts compris entre 1 et n-1 alors abk 6= abm .
D’où, puisque b est d’ordre n et comme a n’est pas une puissance de b, Dn contient les
éléments 1, a, b, ..., bn−1 , ab, ..., abn−1 .
Soit x un élément de Dn .
Comme Dn est engendré par a et b, x s’écrit sous la forme am1 bk1 ...amr bkr avec, pour tout
i compris entre 1 et r, mi = 0 ou 1 et ki compris entre 0 et n-1.
D’après la Propriété 3.2.2 et puisque a = a−1 (a d 0 ordre 2), bk a = ab−k pour tout entier
k compris entre 1 et n-1. D’où, on peut ramener l’écriture de x à une écriture de la forme
akbm avec k=0 ou 1 et m compris entre 0 et n-1.
Par suite, Dn = {1, a, b, ..., bn−1 , ab, ..., abn−1 }. 

19
Chapitre 4

Caractérisation du groupe de Galois des


polynônes de degré deux, trois et quatre

4.1 Polynômes quadratiques


Soit P = X 2 + bX + c ∈ K[X] séparable et irréductible sur K. Si caract(K)6=2, alors
la formule
√ quadratique peut être utilisée pour trouver les racines de P. Ces
√ racines seront
1 2 2
2 (−b ± b − 4c). Ainsi, le corps de décomposition E de P sur K est K( b − 4c). Dans
ce cas, le groupe de Galois associé à P est S2 , un groupe cyclique d’ordre deux. Ceci
découle du fait que [E : K] = 2 et [E : K] =| AutK E |=| Gal(E/K) |. Or, le seul sous-
groupe de S2 de cardinalité égale à deux est S2 lui-même, donc Gal(E/K) ∼ = S2 .

4.2 Polynômes cubiques


Nous allons maintenant supposer que P est un polynôme irréductible, séparable de
degré trois sur le corps K, et soit E son corps de décomposition. S3 et A3 sont les seuls
sous-groupe de S3 de cardinalité un multiple de trois.
Définition 4.2.1 Soit K un corps avec caract(K) 6= 2, etsoitP∈ K[X]. Soient α1 , α2 , ..., αn
les racines de P dans le corps de décomposition E de P, et posons ∆ = ∏(αi − α j ) ∈ E.
i< j
2
Le discriminant de P est D = ∆2 = ∏(αi − α j ) .
i< j

Théorème 4.2.1 [3]


Soit P ∈ K[X] un polynôme de degré trois irréductible, séparable sur K, et soit E le corps
de décomposition de P sur K. Si D est le discriminant de P, alors Gal(E /K)∼ = S3 si et
/ K 2 , et Gal(E /K)∼
seulement si D ∈ = A3 si et seulement si D ∈ K 2 .
Pour arriver à démontrer ce théorème, nous aurons besoin de lemme et corollaire sui-
vants :
Lemme 4.2.1 Soit K un corps de caract(K)6=2, soit P ∈ K[X] un polynôme irréductible,
séparable et E le corps de décomposition de P sur K. Alors σ ∈ Gal(E/K) est une permu-
tation paire si et seulement si σ(∆) = ∆ , et σ est impaire si et seulement si σ(∆) = −∆.

20
De plus, D∈K. ( σ peut-être vue comme une permutation de {α1 , ..., αn }, où α1 , ..., αn
sont les racines de P ).
Preuve 4.2.1 (du lemme)
Tout d’abord, ∀σ ∈ Gal(E/K), σ(D)=D, en effet si σ ∈ Gal(E/K) alors σ est une permu-
tation de {α1 , ..., αn } avec E = K(α1 , ..., αn ), et par suite on a :

σ(D) = σ(∏(αi − α j )2 )
i< j

= ∏(σ(αi ) − σ(α j ))2 (car σ ∈ AutK (E))


i< j

On pose {σ(α1 ), ..., σ(αn )} = {β1 , ..., βn } alors :


D = ∏(αi − α j )2 = ∏(βi − β j )2 = σ(D).
i< j i< j

Nous avons bien que D∈Fix(Gal(E/K))=K.


On sait que ∆ = ∏(αi − α j ), et supposons que σ ∈ Sn est une transposition, disons
i< j
σ = (i j) avec i<j.
Alors σ n’affecte que les facteurs de ∆ contenant αi ou α j . Nous allons classer ces fac-
teurs dans quatre groupes :
αi − α j
αk − αi , αk − α j pour k < i
αi − αl , α j − αl pour j < l
αi − αm , αm − α j pour i < m < j
Pour k<i, la permutation σ = (i j) envoie αk − αi sur αk − α j et vice versa, tandis que
σ = (i j) envoie αi − αl sur α j − αl et vice versa pour j<l. Si i<m<j, alors : σ(αi − αm ) =
α j − αm = −(αm − α j ) et σ(αm − α j ) = αm − αi = −(αi − αm ), finalement : σ(αi − α j ) =
α j − αi = −(αi − α j ).
En multipliant tous les termes, nous allons trouver σ(∆) = −∆. En effet, les termes du pre-
mier et second groupe gardent le même signe, tandis que les termes du troisième groupe
amènent deux changements de signe consécutifs, bref, seul le terme σ(αi − α j ) va forcer
un changement de signe. D’après le premier chapitre, toute permutation est décomposable
en un produit de transpositions, donc ∀σ ∈ Gal(E/K) ∃ τ1 , ..., τs des transpositions tq :
σ = τ1 ◦ ... ◦ τs , et par suite :
σ(∆) = (τ1 ◦ ... ◦ τs )(∆) = (−1)s .∆.
Et toujours d’après le premier chapitre on a :
σ paire ⇔ s paire
σ impaire ⇔ s impaire
donc :
σ paire ⇔ σ(∆) = ∆
σ impaire ⇔ σ(∆) = −∆

21
Corollaire 4.2.1 Soit K un corps de caract(K)6=2, soit P∈ K[X] un polynôme irréductible,
séparable et E le corps de décomposition de P sur K. Alors G = Gal(E/K)⊆ An si et
seulement si D∈ K 2 .

Preuve 4.2.2 (du corollaire)


Ceci est conséquence directe du lemme, car Gal(E/K)⊆ An si et seulement si ∀σ ∈G, σ
est paire. Or, par le lemme, σ est paire si et seulement si σ(∆) = ∆. Or, si σ(∆) = ∆, nous
avons que ∆ est laissé fixe par σ ∈ Gal(E/K), ce qui implique que ∆ ∈ K et D = ∆2 ∈ K 2 .
Nous pouvons donc conclure que G ⊆ An si et seulement si D∈ K 2 .
Finalement, nous pouvons démontrer notre théorème.

Preuve 4.2.3 (du théorème)


Soit G = Gal(E/K). Par le corollaire précédente, G⊆ A3 si et seulement si D∈ K 2 . Mais
G∼= S3 ou G ∼
= A3 , alors G ∼
= S3 si et seulement si D∈/ K 2. 

4.3 Racines du polynôme cubique


Dans ce paragraphe, nous présentons la méthode de Cardan qui permet de calculer
les racines d’un polynôme de degré 3.
Soit P ∈ K[X] / P = X 3 + a1 X 2 + a2 X + a0 , on suppose que caract(K) 6= 2 et 3
a1
On fait le changement de variable : X = y + t = y − .
3
Mais alors g(y) = P(y + t) = y3 + py + q ⇒ P(t) = q
Voici maintenant les valeurs de p et q :
q = ( −a3 1 )3 + a1 ( −a3 1 )2 + a2 ( −a3 1 ) + a0
d d
p = dy P(y + t)y=0 = dx P(x)x=t
Nous devons donc résoudre y3 + py + q = 0.
Une fois de plus, nous effectuons une transformation judicieuse (y = u+v) pour obtenir :

u3 + v3 + q + (3uv + p)(u + v) = 0.

Nous fixons maintenant :

u3 + v3 + q = 0 et 3uv + p = 0

v = −p/(3u) ⇒ u3 + v3 + q = 0 devient u3 + (−p/(3u))3 + q = 0.


3
v = −p/(3u) ⇒ u3 v3 = −p 27
Simplifions la situation, si nous avons :
x1 + x2 = a ⇒ x12 + 2x1 x2 + x22 = a2
x1 x2 = b ⇒ 4x1 x2 = 4b √
Nous avons donc √ x12 − 2x1 x2 + x22 = a2 − 4b ⇒ x1 − x2 = ± a2 − 4b.
2
Bre f , x1 , x2 = a± a2 −4b
Revenons à l’équation qui nous intéresse pour y appliquer ce principe, nous arrivons à ce

22
qui suit :
1
q
u3 , v3 = (−q ± q2 + 4p3 /27).
2
q p
Finalement, u, v = 3 12 (−q ± q2 + 4p3 /27).
q p q p
y = u + v = 3 12 (−q + q2 + 4p3 /27) + 3 12 (−q − q2 + 4p3 /27)
et x = y − a31 .

Exemple 4.3.1 Prenons le polynôme x3 − 2 ∈ Q[X]. Nous allons commencer par en


trouver les racines avec la méthode de Cardan, bien qu’ici cela ne soit pas réellement
nécessaire.
Nous avons une équation de la formeq: x3 + px + q Ainsi, nous obtenons :
q déjà p p √
u + v = 3 12 (2 + (−2)2 + 4(0)3 /27) + 3 12 (2 − (−2)2 + 4(0)3 /27) = 3 2
Alors nous avons :
√ √
1 1 1 3 1 1 3
u + v = 2 3 ou 2 3 (− + i ) ou 2 3 (− − i )
2 2 2 2

Finalement,
√ √
1 1
1 3 1 1 3
x = y = u + v = 2 ou 2 (− + i
3 3 ) ou 2 3 (− − i )
2 2 2 2

Nous allons maintenant trouver le groupe de Galois de ce polynôme. Pour ce faire, nous
allons d’abord en calculer le discriminant.

∆2 = (α1 − α2 )2 (α1 − α3 )2 (α2 − α3 )2


√ √ √ √
1 1 1 3 2 1 1 1 3 2 1 1 3 1 1 3 2
= (2 3 − 2 3 (− + i )) (2 3 − 2 3 (− − i )) (2 3 (− + i ) − 2 3 (− − i ))
2√ 2 √ 2 2 2 2 2 2
2 3 3 3 3 2 √ 2
= 2 [((− + i )(− − i )) (i 3 )]
2 2 2 2
9 3
= 22 (−3)( + )2 = −27(4).
4 4
/ Q2 , donc G ∼
Clairement, −27(4) ∈ = S3 .

4.4 Polynômes de degré quatre


Soit P(x) = x4 + ax3 + bx2 + cx + d, un polynôme irréductible, séparable sur K avec :
P(x) = (x − α1 )(x − α2 )(x − α3 )(x − α4 )
dans un corps de décomposition. Pour arriver à trouver les racines et le groupe de Galois

23
d’un polyôme de degré quatre, nous allons étudier un polynôme de degré trois qui lui sera
associé. Nous allons ainsi définir :

β1 = α1 α2 + α3 α4 ,
β 2 = α1 α3 + α2 α4 ,
β 3 = α1 α4 + α2 α3 ,

et

R(x) = (x − β1 )(x − β2 )(x − β3 ) (la resolvante de P).

Nous obtenons :
R(x) = x3 − bx2 + (ac − 4d)x + 4bd − a2 d − c2 ∈ K[X].
Posons E = K(α1 , α2 , α3 , α4 ), un corps de décomposition de P et L = K(β1 , β2 , β3 ), un
corps de décomposition de R. Mais alors L est une extension galoisienne de K, puisque L
est le corps de décomposition de R qui est un polynôme de K.
Soit V = {Id, (12)(34), (13)(24), (14)(23)}, qui est un sous-groupe de S4 , d’ordre quatre.
Alors V ⊆ A4 , V est normal dans S4 (chapitre 1).
Par une vérification rapide, nous remarquons que tous les βi sont fixés par V. Dans ce
cas, L = K(β1 , β2 , β3 ) ⊆ Fix(G ∩V ), car K ⊆ Fix(G), et par ce qui précède L ⊆ Fix(V ).
L’inclusion inverse (Fix(G ∩ V ) ⊆ L) est tout aussi vraie. En effet, il est assez facile de
voir que tout autre élément de S4 , élément de G \ G ∩V va déplacer un des βi .
Le groupe G = Gal(E/K) est isomorphe à un sous-groupe transitif de S4 d’ordre un mul-
tiple de quatre. Les sous-groupes de S4 d’ordre 12 et 24 sont A4 et S4 . De plus, les sous-
groupes transitifs d’ordre 4 sont V et les groupes cycliques engendrés par des 4-cycles.
Nous allons noter C4 les groupes cycliques d’ordre 4 à isomorphisme près.
Finalement, le sous-groupe engendré par (1234) et (24) est un sous-groupe transitif d’ordre
8. Il faut remarquer que tout sous-groupe non abélien d’ordre 8 est isomorphe à D4 .

Théorème 4.4.1 [3]


Posons m=[L : K].
1. G ∼ / K 2,
= S4 si et seulement si R(x) est irréductible sur K et D ∈
si et seulementsi m = 6.
2. G ∼= A4 si et seulement si R(x) est irréductible sur K et D ∈ K 2 ,
si et seulementsi m = 3.
3. G ∼= V si et seulement si R(x) se f actorise sur K,
si et seulementsi m = 1.
4. G ∼= C4 si et seulement si R(x) à une racine unique t ∈ K et h(x) = (x2 − tx + d)(x2 +
ax + (b − t)) se f actorise sur L,
si et seulementsi m = 2 et P(x) est réductible sur L.
5. G ∼= D4 si et seulement si R(x) à une racine unique t ∈ K et h(x) = (x2 − tx + d)(x2 +
ax + (b − t)) ne se f actorise pas sur L,
si et seulementsi m = 2 et P(x) est irréductible sur L.

24
Preuve 4.4.1 Tout d’abord, [E : L] 6 4, puisque E = L(α1 ). Cette égalité découle du
théorème fondamental, puisque seule l’identité fixe L(α1 ). Ensuite, R(x) est irréductible
sur K si et seulement si m = 3 ou m = 6. De plus, R(x) a une racine unique dans K si et
seulement si m = 2. Finalement, nous pouvons facilement vérifier que si σ est un 4-cycle,
alors σ2 est dans V. Supposons que R(x) est irréductible sur K. Alors si m est 3 ou 6, 3
divise | G |, car | G |= [E : K] = [E : L][L : K]. Ainsi, dans ce cas, G est isomorphe soit à
S4 , soit à A4 . Dans les deux cas, V ⊆ G, et L = Fix(V∩G) = Fix(V).
Comme [E : L] =| V |, alors G = S4 si m = 6 et G = A4 si m = 3.
Réciproquement, G = S4 si et seulement si D ∈ / K 2 , et G = A4 si et seulement si D ∈ K 2 .
Mais alors si G = S4 , m =| S4 : V |= 6, et si G = A4 , alors m =| A4 : V |= 3. Dans les deux
cas 3 divise | G |, donc R(x) est irréductible sur K.
Maintenant R(x) se factorise sur K si et seulement si L = K, si et seulement si m = 1. Si
nous nous trouvons devant ce cas, alors L = K = Fix(G) et L⊆ Fix(G ∩V ) ⊆ Fix(G) = L,
alors G ⊆ V . Puisque | G | est un multiple de 4 et | V |= 4, nous avons que G = V.
Réciproquement, si G = V , alors L ⊆ Fix(G ∩ V) = Fix(G) ce qui implique que L = K,
donc m = 1 et R(x) se factorise sur K.
Pour les deux derniers cas, nous supposons que R(x) a une racine unique t ∈ K. Mais
alors m = 2. Or, nous aurons alors | G : G ∩V |= 2, et G* V.
Les seules possibilités pour G seront G ∼ = D4 ou G ∼ = C4 .
Réciproquement, si G est isomorphe à D4 ou à C4 , alors m =| G : G ∩V |= 2, et R(x) a une
racine unique dans K. Maintenant P est irréductible sur L si et seulement si [E : L] = 4,
si et seulement si [E : K] = 8 si et seulement si G ∼= D4 . Ainsi, G ∼
= C4 si et seulement si P
est réductible sur L.
Nous venons de supposer que R(x) a une racine unique t ∈ K. Donc, sans perte de
généralité, nous pouvons poser que t =β1 = α1 α2 + α3 α4 ,. Alors h(x) se factorise ainsi
sur E :
h(x) = (x − α1 α2 )(x − α3 α4 )(x − (α1 + α2 ))(x − (α3 + α4 )).
Si h(x) se factorise dans L alors α1 + α2 et α1 α2 sont dans L. Mais alors α1 est racine du
polynôme quadratique :
x2 − (α1 + α2 )x + α1 α2 ∈ L[X].
Ainsi, [E : L] 6 2 car E = L(α1 ). De plus, [E : K] 6 4, ce qui implique que G ∼
= C4 .
Si G ∼= C4 , posons σ un 4-cycle qui engendre G. Alors σ2 ∈ G ∩V . Pour fixer t =α1 α2 +
α3 α4 , nous devons avoir σ2 = (12)(34). Alors α1 + α2 , α3 + α4 , α1 α2 et α3 α4 sont tous
laissés fixes par σ, ils sont donc élément de L.
Ainsi, h se factorise dans L. 

Exemple 4.4.1 Soit P(x) = x4 − 4x3 + 4x2 + 6 ∈ Q[x]. Ce polynôme est irréductible par
le critère d’Eisenstein. Nous avons R(x) = x3 − bx2 + (ac − 4d)x + 4bd − a2 d − c2 où
a=-4, b=4, c=0 et d=6 ce qui nous mène à :
R(x) = x3 − 4x2 − 24x = x(x2 − 4x − 24).

25
Nous nous trouvons alors devant le cas 4 ou le cas 5 du théorème précédente, car R(x)
possède une racine
√ t=0√dans Q. Alors
√ L = Q(β1 , β2 , β3 ) où βi est racine de R(x). Ainsi,
L = Q(0, 2−2 7, 2+2 7) = Q( 7). Prenons t=0 et calculons h(x) = (x2 −tx+d)(x2 +
ax + (b − t)).

h(x) = (x2 − 0x + 6)(x2 − 4x + (4 − 0))


= (x2 + 6)(x2 − 4x + 4)
= (x2 + 6)(x − 2)2 .

Comme h(x) ne se factorise pas sur L, nous concluons que G ∼


= D4 .

4.5 Racines du polynôme de degré quatre


Remarquons d’abord que si P(x) = (x − t1 )(x − t2 )(x − t3 )(x − t4 ), alors les automor-
phismes associés à V laissent fixes t1t2 + t3t4 ,t1t3 + t2t4 et t1t4 + t2t3 , et nous savons déjà
que le Fix(V ) = L = F(β1 , β2 , β3 ). Ainsi, L est le corps de décomposition du polynôme
dont les racines sont précisement ces trois élément, c’est-à-dire R(x).
Soit K un corps de caractéristique différente de deux, et soit E = K(t1 ,t2 ,t3 ,t4 ) le corps
des fonctions rationnelles à quatre indéterminées sur K. Posons :
P(x) = (x − t1 )(x − t2 )(x − t3 )(x − t4 )
Or, P(x) = x4 +ax3 +bx2 +cx +d ∈ K(s1 , s2 , s3 , s4 )[x] où si est la iéme fonction symétrique
élémentaire. Alors, s1 = −a, s2 = b, s3 = −c, s4 = d. Si F = K(s1 , s2 , s3 , s4 ) alors E =
F(t1 ,t2 ,t3 ,t4 ) est le corps de décomposition sur F de P, et Gal(K/F) = S4 (Annexe).
Soient :
β1 = t1t2 + t3t4
β2 = t1t3 + t2t4
β3 = t1t4 + t2t3 .
Le polynôme R(x) est :
R(x) = (x − β1 )(x − β2 )(x − β3 ) = x3 − bx2 + (ac − 4d)x + 4bd − a2 d − c2 .
Nous avons toujours L = F(β1 , β2 , β3 ), le corps laissé fixe par V. Sans perte de généralité,
nous allons supposer que σ1 = (12)(34), σ2 = (13)(24) et σ3 = (14)(23). Soit u = (t1 +
t2 ) − (t3 + t4 ). Alors σ1 (u) = u et σ2 (u) = σ3 (u) = −u. Par conséquent, u2 ∈ L. Posons
M = L(u). Alors M correspond par la correspondance de Galois à {id, σ1 }. Finalement,
soit v = t1 −t2 . Alors σ1 (v) = −v, v2 ∈ M. Or, seule l’identité laisse M(v) inchangé. Donc,
M(v) = E. Finalement :

u2 = (t1 + t2 )2 + (t3 + t4 )2 − 2(t1 + t2 )(t3 + t4 )


= t12 + t22 + t32 + t42 + 2(t1t2 + t3t4 ) − 2(t1t3 + t2t4 + t1t4 + t2t3 )
= s21 − 2s2 + 2β1 − 2(β2 + β3 )
= s21 − 2s2 + 4β1 − 2b
= a2 − 4b + 4β1 .

26
Pour déterminer v2 , nous remarquons d’abord que u+s1 = 2(t1 +t2 ), alors t1 +t2 = 12 (s1 +
u). De la même façon, t3 + t4 = t1 + t2 − u = 12 (s1 − u). Nous pouvons maintenant trouver
la valeur de v2 .

v2 = (t1 − t2 )2
= (t1 + t2 )2 − 4t1t2
1
= (s1 + u)2 − 4t1t2
4
1
= (−a + u)2 − 4t1t2 .
4
Nous pouvons maintenant exprimer t1t2 en fonction des coefficients. Il faut tout d’abord
se rappeler que (t1t2 −t3t4 )u = (t1t2 −t3t4 )((t1 +t2 ) − (t3 +t4 )) par la définition de u. Nous
obtenons ainsi :

(t1t2 − t3t4 )((t1 + t2 ) − (t3 + t4 )) = t12t2 + t1t22 + t32t4 + t3t42 − (t1t2t3 + t1t2t4 + t2t3t4 + t1t3t4 )
= (t1t2 + t3t4 )(t1 + t2 + t3 + t4 ) − 2s3
= s1 β1 − 2s3 = −aβ1 + 2c.

Nous en tirons que t1t2 − t3t4 = u−1 (2c − aβ1 ). Nous avons aussi que β1 = t1t2 + t3t4 .
t1t2 = 21 (β1 + u1 (2c − aβ1 )),
t3t4 = 12 (β1 − u1 (2c − aβ1 )),
et v2 = 14 (u − a)2 − 2(β1 + 1u (2c − aβ1 )).
Une fois t1 trouvé, nous avons terminé le travail, puisque t2 = σ1 (t1 ),t3 = σ2 (t1 ) et t4 =
σ3 (t1 ). Trouvons t1 :
t1 = 21 (t1 + t2 + t1 − t2 ) = 12 (v + 12 (u − a)).
Mais alors
t2 = σ1 (t1 ) = 12 (σ1 (v) + 12 (σ1 (u) − a)),
t3 = σ2 (t1 ) = 12 (σ2 (v) + 12 (σ2 (u) − a)),
t4 = σ3 (t1 ) = 12 (σ3 (v) + 12 (σ3 (u) − a)).
car a ∈ F ⊆ L = Fix(V ) et σi ∈ V.
Il ne nous reste plus qu’à calculer σi (v). Nous savons que σ1 (v) = −v.
Posons :

v0 = t3 − t4 = σ2 (v) = −σ3 (v).


Ainsi, nous avons toujours

(v0 )2 = 14 (u − a)2 − 2(β1 − u1 (2c − aβ1 )).


Finalement, nous obtenons :

27
t1 = 21 (v + 12 (u − a)),
t2 = 12 (−v + 12 (u − a)),
t3 = 12 (v0 + 12 (−u − a)),
t4 = 12 (−v0 + 12 (−u − a)).

Pour un polynôme quelconque, ces équations sont définies si u 6= 0. Or, comme les racines
de R(x) sont distinctes -nous avons supposé que P séparable- au plus un des β va rendre
u = 0.

Exemple 4.5.1 Prenons le polynôme x4 +x3 +x2 +x +1 ∈ Q[x] avec a=b=c=d=1. Nous
allons en trouver les racines avec la méthode que nous venons de voir. Nous avons ainsi :

R(x) = x3 − x2 − 3x + 2 = (x − 2)(x2 + x − 1).

Posons β1 = 2. Alors :

u2 = a2 − 4b + 4β1 = 1 − 4 + 8 = 5 ⇒ u = 5.

De la même manière :

1 1 1 √ 1 5 + 5
v2 = (u − a)2 − 2(β1 − (2c − aβ1 )) = ( 5 − 1)2 − 2(2 − √ (2 − 2)) = − .
4 u 4 5 2
p √ p √
Ainsi, v = 2i 10 − 2 5 sans compter que v0 = 2i 10 − 2 5 également.
Nouspavons donc les quatre racines suivantes :
1 i
√ 1

(
2 2 p 10 − 2 5 + (−1 + 5)),
1 i
√ 2 1 √
2 (−p2 10 −√ 2 5 + 2 (−1 + 5)),

1 i 1
(
2 2 p 10 − 2 5 + (−1 − 5)),
1 i
√ 2 1 √
2 (− 2 10 − 2 5 + 2 (−1 − 5)).

28
Conclusion

Parmi les questions qui peuvent être posées par ceux qui ont lu ce pro-
jet : existe-t-il des formules exprimant ,radicalement, les racines complexes
d’un polynôme de degré supérieur ou égal à 5 en fonction de ses coeffi-
cients ?

La réponse de Galois est la suivante : il n’existe pas de formule générale,


c’est-à-dire de formule qui serait valable pour tous les polynômes de degré
supérieur ou égal à 5.

29
Bibliographie

[1] M. HOUIMDI, Géométrie élémentaire, polycopie de SMA-S4, 2009.


[2] J. M. MONIER, Algèbre 1 cours et 600 exercices corrigés, Dunod, 1996.
[3] P. MORANDI, Field and Galois theory, GTM 167, Springer, 1996.
[4] www.les-mathematiques.net.
[5] D. PERRIN, Cours d’algèbre, Ecole normale supérieure de jeune filles, 1981.
[6] A. BOUVIER, D. RICHARD, Groupes, observation, théorie, pratique, Hermann,
1994.

30

Vous aimerez peut-être aussi