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Année

universitaire
2010-2011
ECOLE NATIONALE
DES SCIENCES
APPLIQUEES
KENITRA

POLYCOPIÉ DU COURS
D’ANALYSE
Semetsre I

(un + 1)(9 − un )
un+1 =
4
y

Moulay Taib BELGHITI


Mostafa MASLOUHI
Driss GRETETE
Table des matières

1 Nombres réels 1
1.1 Ensembles N, Z, Q. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1
1.1.1 L’ensemble N. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1
1.1.2 L’ensemble Z. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2
1.1.3 L’ensemble Q. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3
1.2 Vers l’ensemble R des nombres réels. . . . . . . . . . . . . . . 5
1.3 Propriétés fondamentales de R . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
1.4 Application aux sciences de l’ingénieur . . . . . . . . . . . . . 10

2 Suites réelles. Fonctions numériques 13


2.1 Borne supérieure et borne inférieure. . . . . . . . . . . . . . . 13
2.2 Suites de nombres réels . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
2.3 Limites et continuités de fonctions numériques. . . . . . . . . 21

3 Dérivation et développements limités 31


3.1 Notion de dérivée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31
3.1.1 Interprétation géométrique de la dérivée. . . . . . . . 32
3.1.2 Dérivées successives. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32
3.1.3 Application aux fonctions réciproques. . . . . . . . . . 35
3.1.4 Fonctions hyperboliques . . . . . . . . . . . . . . . . . 36
3.2 Théorème de Rolle et Applications . . . . . . . . . . . . . . . 37
3.2.1 Interprétation géométrique. . . . . . . . . . . . . . . . 39
3.2.2 Extension du théorème des accroissements finis. . . . . 41
3.2.3 Application : étude de la croissance de l’exponentielle
et du logarithme. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 43
3.3 Développements limités (polynomiaux) . . . . . . . . . . . . . 44
3.3.1 Application des DL : Recherche des extrema d’une
fonction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 47
3.3.2 Opérations algébriques dans 88 l’algèbre des DL00 . . . . . 47
3.4 Application aux sciences de l’ingénieur . . . . . . . . . . . . . 50

4 Intégration 53
4.1 Définitions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 53

i
ii TABLE DES MATIÈRES

4.1.1 Interprétation géométrique . . . . . . . . . . . . . . . 53


4.1.2 Intégrales et primitives. . . . . . . . . . . . . . . . . . 55
4.1.3 Propriétés des intégrales. . . . . . . . . . . . . . . . . 56
4.2 Méthode du changement de variable. . . . . . . . . . . . . . . 58
4.3 Méthode d’intégration par parties (88 Stocks00 ) : . . . . . . . . . 64
4.3.1 Primitives de la forme Pn (x)ekx dx, Pn étant un po-
R

lynôme de degré n et k ∈ R. . . . . . . . . . . . . . . . 65
4.3.2 Primitives de la forme ekx cos pxdx et ekx sin pxdx.
R R
66
4.3.3 Cas d’une intégrale. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 66
4.4 Intégration des fonctions rationnelles : . . . . . . . . . . . . . 67
4.4.1 Intégrale d’une fraction rationnelle. . . . . . . . . . . . 71
4.5 Intégration des fonctions rationnelles trigonométriques et hy-
perboliques. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 72
4.5.1 Polynômes trigonométriques en sinus et cosinus. . . . 72
4.5.2 Fractions rationnelles en sinus et cosinus. . . . . . . . 74
4.5.3 Primitives des fonctions rationnelles hyperboliques. . . 76
4.5.4 Intégrales des fonctions rationnelles trigonométriques
ou hyperboliques. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 77
4.6 Application aux sciences de l’ingénieur . . . . . . . . . . . . . 77
4.6.1 Valeur moyenne et valeur efficace. Puissance et énergie 77
4.6.2 Travail effectué par une force . . . . . . . . . . . . . . 79

5 Equations différentielles 81
5.1 Equations différentielles du 1er ordre . . . . . . . . . . . . . . 82
5.1.1 Equations du 1er ordre à variables séparées . . . . . . 82
5.1.2 Equations différentielles (linéaire) du 1er ordre . . . . 84
5.1.3 Equation de Bernoulli . . . . . . . . . . . . . . . . . . 87
5.1.4 Equations non résolues par rapport à la dérivée : Equa-
tions de Lagrange-Clairaut. . . . . . . . . . . . . . . . 89
5.2 Equations différentielles du second ordre . . . . . . . . . . . . 92
5.2.1 Résolution de l’équation homogène. . . . . . . . . . . . 92
5.2.2 Recherche pratique d’une solution particulière . . . . . 93
5.2.3 Equations différentielles de Bessel . . . . . . . . . . . . 95
5.3 Application aux sciences de l’ingénieur . . . . . . . . . . . . . 97
5.3.1 Application à un circuit RC . . . . . . . . . . . . . . . 97
5.3.2 Diffusion d’un médicament . . . . . . . . . . . . . . . 98
5.3.3 Mouvement d’un ressort . . . . . . . . . . . . . . . . . 99
5.3.4 Circuit RLC . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 100

6 Etude locale et globale des courbes planes 103


6.1 Courbes planes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 103
6.1.1 Domaine d’étude d’une courbe paramétrée. . . . . . . 105
6.2 Etude locale de (C) en un point. . . . . . . . . . . . . . . . . 106
TABLE DES MATIÈRES iii

6.2.1 Equations de la tangente et de la normale en un point


M (t0 ), t0 ∈ I. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 106

6.2.2 Position d’une courbe par rapport à sa tangente. . . . 108

6.3 Etude locale d’une courbe en coordonnées polaires. . . . . . . 115

6.3.1 Position de la courbe par rapport à la tangente T . . . 116

6.3.2 Branches infinies. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 117

7 Etude métrique des courbes planes 123

7.1 Vitesse de variation d’un arc. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 123

7.2 Courbure d’une courbe. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 125

7.3 Vecteur polaire. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 130

7.4 Longueur d’un arc. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 135

Bibliographie 141

Index 143
Préface

Ce polycopié a pour objectif de regrouper dans un même endroit tous


les éléments de cours indispensables pour le module d’analyse du premier
semestre (S1). Ce polycopié ne pourra en aucun cas remplacer le cours dis-
pensé par le professeur responsable.
Le polycopié du cours va de pair avec un autre polycopié destiné aux
travaux dirigés. On trouvera dans ce dernier outre les séries de travaux
dirigés, des exercices destinés à l’initiation et la pratique du language de
calcul formel Maple c .

Les auteurs
1 Nombres réels

1.1 Ensembles N, Z, Q.
1.1.1 L’ensemble N.

L’ensemble des entiers naturels N (Contenant 0, on note N∗ = N \ {0})


est défini par les axiomes de Peano : système fondé sur la relation d’ordre.
Une des propriétés essentielles de N à avoir constamment à l’esprit est :
toute partie non vide de N admet un plus petit élément.
Il faut rappeler également la propriété de récurrence : Si une propriété P(n)
est telle que [P(n) =⇒ P(n + 1)] soit vraie, P(n) est héréditaire ; toute pro-
priété héréditaire pour n = p est alors vraie pour tout n ≥ p.

 
Exemple 1 : Soit In l’ensemble des entiers inférieurs ou égals à n. Mon-
 
trer que
CardIn = n + 1.

On a I0 = {0}, CardI0 = 1. Supposons que CardIn = n + 1. Soit


x ∈ In+1 , alors x ≤ n + 1.
– Si x ≤ n alors x ∈ In .
– Si n < x ≤ n + 1 alors x = n + 1 car x est un entier (clé du
raisonnement). Autrement dit
CardIn+1 = CardIn + Card{n + 1}
= n + 1 + 1 (hypothèse de récurrence)
= n + 2.

 
Exemple 2 : Soit φ : N −→ N une application strictement croissante.
 
Montrer que ∀n ∈ N, φ(n) ≥ n. (Propriété importante)

1
2 Chap. 1: Nombres réels

On a φ(0) ∈ N, donc φ(0) ≥ 0. Supposons que φ(n) ≥ n ( i.e P(n) vraie)


et montrons que φ(n+1) ≥ n+1. On a n < n+1 donc φ(n) < φ(n+1) puisque
φ est strictement croissante. Compte tenu de l’hypothèse de récurrence on
a:
φ(n + 1) > φ(n) ≥ n

Comme φ(n + 1) est un entier (∈ N) et strictement plus grand que n, il est


donc nécessairement supérieur ou égal à n + 1 i.e

φ(n + 1) > n et φ(n + 1) ∈ N =⇒ φ(n + 1) ≥ n + 1

1.1.2 L’ensemble Z.

L’ensemble Z est obtenu en symétrisant N. Z, ensemble des entiers rela-


tifs est alors obtenu comme étant l’ensemble quotient de N2 par la relation
d’équivalence (cf cours d’Algèbre) suivante :

0 0 0 0
(a, b)R(a , b ) ⇐⇒ a + b = a + b i.e N2 /R := Z

Remarque 1.1.1. A fin de résoudre certaines équations on désire définir la


soustraction :

S : N × N −→ Z
(x, y) 7−→ x − y (surjective)

Noter que
0 0 0 0
S(x, y) = S(x , y ) ⇐⇒ x − y = x − y
0 0
⇐⇒ x + y = x + y
Ce qui n’est autre que la relation R.

On démontre (cf cours d’Algèbre) que Z est un anneau commutatif uni-


taire ordonné et sans diviseurs de zéros (i.e intègre). Une propriété fon-
damentale de l’anneau Z que nous aurons à utiliser est la propriété de la
division euclidienne :

∀x, y ∈ Z avec y ≥ 1, ∃!(q, r) ∈ Z × N tel que x = yq + r avec 0 ≤ r ≤ y − 1.


1.1 Ensembles N, Z, Q. 3

La divisibilité dans Z est analogue à la divisibilité dans N. La congruence


modulo m (m ≥ 2) est définie par :

x ≡ y (modulo m) ⇐⇒ ∃k ∈ Z, x − y = mk

C’est une relation d’équivalence. L’ensemble quotient, noté Z/mZ, est un


anneau commutatif unitaire de caractéristique m, possédant m éléments :

• • • •
Z/mZ = {0, 1, 2 . . . , m − 1}

Si m est premier Z/mZ est un corps. Sinon Z/mZ posséde des diviseurs de
zéros (les classes de ā, où 1 ≤ a ≤ m − 1, a divisant m).

Remarque 1.1.2. Cette congruence peut être considérée sur des anneaux
beaucoup plus généraux où l’on peut définir une division euclidienne, par
exemple l’anneau des polynômes K[X] sur un corps commutatif K.

1.1.3 L’ensemble Q.

L’ensemble des nombres rationnels Q est défini dans le souci de définir


la division de deux relatifs. Si l’on veut que l’opération

d : Z × Z∗ −→ Q
p
(p, q) 7−→
q

soit surjective. On écrit :


0
0 p 0 p
d(p, q) = d(p , q ) ⇐⇒ = 0
q 0 q 0
⇐⇒ pq = p q

On est alors amené à considérer la relation R sur Z × Z∗ définie par :

0 0 0 0
(p, q)R(p , q ) ⇐⇒ pq = p q

On montre que c’est une relation d’équivalence et Q est alors défini comme
étant l’ensemble des classes d’équivalence i.e Q = Z × Z∗ /R.
– Q est un corps commutatif totalement ordonné.
4 Chap. 1: Nombres réels

– Q est un corps valué (i.e muni d’une valeur absolue | . |)

|.| : Q −→ Q+

telle que :

1. |x| ≥ 0 et |x| = 0 ⇐⇒ x = 0,

2. |xy| = |x||y|,

3. |x + y| ≤ |x| + |y|.

– Q est un corps archimédien c’est à dire il posséde la propriété d’Ar-


chimède 1 suivante : ∀x ∈ Q, ∃N ∈ N tel que N > x. Ou encore

∀(a, b) ∈ Q2 , a 6= 0, ∃n ∈ N, n|a| > |b|.

– Entre deux rationnels il existe un autre rationnel ( si c1 ∈ Q et c2 ∈ Q


c1 + c2
alors ∈ Q et est entre c1 et c2 ).
2
Ni N, ni Z ne possède cette propriété. On dit que Q, contrairement à N ou
Z, possède la propriété de densité.
Il en résulte (par itération) qu’entre 2 rationnels, il existe une infinité de
rationnels. Se pose alors la question naturelle suivante : Est-ce que Q remplit
la droite ?
Avant de revenir sur cette question voici un fait, contraire au bon sens, dû
à Cantor 2 : Q est dénombrable. Pour le voir, il suffit d’écrire les rationnels
positifs (c’est suffisant) sous forme d’une suite illimitée sans répétition.
0 1 1 2 1 3 1 2 3 4
; ; ; ; ; ; ; ; ; ;...
1 1 2 1 3 1 4 3 2 1
p
L’idée est d’écrire les nombres tel que p + q = 1 puis ceux pour les quels
q
p + q = 2 et qu’on n’a pas déjà écrit, puis p + q = 3 etc. Ou encore :
G p
Q+ = En où En = { , p + q = n};
n∈N∗
q

Chaque En est un ensemble fini et Q+ se présente comme une réunion


dénombrable d’ensembles finis, les En , est donc dénombrable.
1. Mathématicien et savant grec (287 av. J.-C.-212 av. J.-C.), fondateur de l’hydrosta-
tique, également auteur de travaux en statique, mécanique et géométrie.
2. Mathématicien allemand 1845-1918, voir note biographique à la fin du chapitre.
1.2 Vers l’ensemble R des nombres réels. 5

1.2 Vers l’ensemble R des nombres réels.

Reprenons la question posée précédemment à savoir si l’ensemble Q rem-


plit la droite. Si on se souvient de la propriété de densité que possède Q, on
est tenté de dire : Oui Q remplit la droite.
Pour se rendre compte de la fausseté de cette assertion on va placer les
choses dans leur contexte historique.
Les Grecs, ne disposant alors que de la règle et du compas, manipulaient
les entiers naturels, relatifs (et aussi les rationnels comme rapport de rela-
tifs). Ils ont donc réussi à tracer un carré de côté 1 et puis avec la règle on
traça la diagonale (voir Figure 1.1). Se posait alors la question de savoir la
mesure d de cette diagonale :

1
d

0 1

Fig. 1.1

Le célébre théorème de Pythagore 3 nous apprend alors que d2 = 2. On


se demandait alors quel est ce 88 mysterieux00 nombre d tel que d2 = 2. Ce
nombre d, en question, est-il rationnel ?
La question resta sans réponse jusqu’à ce que Euclide 4 démontra que ce
√ √
fameux nouveau nombre d ( 2) ne peut être rationnel (i.e 2 6∈ Q) et ce
fût alors une grande découverte ! D’où la nécessité de créer de nouveaux
nombres. De même lorsque on divisa un angle par 3, on introduisit la racine
cubique etc. On crea de même la racine nième . Ainsi l’école Pythagorienne a
√ √
réussi à prouver l’irrationalité de 2 (i.e 2 6∈ Q) et on pouvait prouver de
3. Pythagore (v. 570-v. 490 av. J.-C.), mathématicien et philosophe grec.
4. Mathématicien grec (IIIe siècle av. J.-C.), auteur du plus célèbre ouvrage de l’histoire
des mathématiques, les Eléments. Euclide se distingue également en théorie des nombres,
démontrant notamment que lÃensemble des nombres premiers est infini. Il est aussi le
premier à pratiquer la division avec le reste, appelée aujourdÃhui division euclidienne.
6 Chap. 1: Nombres réels

√ √
3
même que 3 6∈ Q, 2 6∈ Q, etc... par des méthodes similaires (cf polycopié
d’exercices).
En traçant (avec le compas) plusieurs cercle les Grecs ont constaté que
Périmétre
est toujours le même nombre (π). La même question se posait
Diamétre
de savoir si ce 88 nouveau00 nombre est rationnel ou non. Ils n’ont pas réussi
à montrer que π 6∈ Q. Il fallait attendre le 19ième siècle pour cela.

Se pose aussi la question de savoir la différence entre 2 6∈ Q et π 6∈ Q. Le

nombre 2 est solution de l’équation à coefficients entiers à savoir x2 −2 = 0,
√ √
3 solution de l’équation x2 − 3 = 0. Plus généralement pour a ∈ N∗ , n a
est solution de xn − a = 0.
√ √
2 + 3 est aussi solution d’une équation algébrique à coefficients entiers
(laquelle ?) ; ces nombres sont appelés des nombres algébriques. Il se trouve
que π n’est solution d’aucune équation de ce type c.à .d que π n’est pas
algébrique (Fin du 19ième siècle).
Ni les nombres rationnels, ni même les nombres algébriques ne rem-
plissent alors la droite à cause de l’existence des nombres tels que π par
exemple. On a alors l’impression que le processus risque de ne pas être
achevé : L’invention ou la construction de R n’est pas une mince affaire !
Le développement du système décimal donna un nouveau souffle à la
question et surtout un nouveau point de vu.
Pour aborder ce point de vue d’une manière naturelle on va décrire 88 la00

méthode qui permet d’extraire une racine carré, 2 par exemple. On utilise,
géométriquement, le graphe de l’équation y = x2 . Le problème consiste donc
à déterminer l’abscisse du point où le graphe coupe l’horizontale y = 2 (voir
figure 1.2).
On étudie le carré des premiers entiers :

12 = 1 < 2
22 = 4 > 2
√ √
Donc 2 ∈ [1, 2] = I0 c.à.d 2 = 1, . . . . . . On part alors de I0 = [1, 2] et on
le divise en 10 parties égales (voir figure 1.3).
1.2 Vers l’ensemble R des nombres réels. 7

y = x2
y

y=2

√ x
2

Fig. 1.2

• • • • • • • • • • •

1 1.1 1.2 1.3 1.4 1.5 1.6 1.7 1.8 1.9 2

Fig. 1.3

On élève au carré et on constate que :



)
(1, 4)2 = 1, 96 < 2
=⇒ 2 ∈ [1, 4; 1, 5] = I1
(1, 5)2 = 2, 25 > 2

On recommence l’opération avec I1 qu’on divise en 10 parties égales avec les


points : 1, 41; 1, 42; 1, 43; 1, 44; 1, 45; 1, 46; 1, 47; 1, 48; 1, 49 et 1, 5. On a

(1, 41)2 = 1, 9881 et (1, 42)2 = 2, 0164. Il en résulte que 2 ∈ [1, 41; 1, 42] =
I2 . On recommence avec I2 pour obtenir I3 et ainsi de suite. De cette manière

on construit une suite infinie (car sinon 2 serait dans Q) d’intervalles In
tels que :
I0 ⊃ I1 ⊃ I2 · · · ⊃ Ik ⊃ . . .

et encadrant 2.
1 1
Noter que la longueur I0 = 1, longI1 = , longI2 = 2 , . . . , longIk =
10 10
1
.
10k
Définition 1.2.1. Un emboı̂tement est une suite infinie d’intervalles I0 ⊃
I1 ⊃ I2 · · · ⊃ Ik ⊃ . . . Un emboı̂tement est dit régulier si I0 est la forme
[m, m+1] ( c.à .d longI0 = 1) et si Ik est obtenu à partir de Ik−1 par division
1
en 10 parties égales. Donc Ik = 10k
.
8 Chap. 1: Nombres réels

  √
Exemple. La suite Ik construite pour extraire 2 est un emboı̂tement
 
régulier avec I0 = [1, 2].

Théorème 1.2.2. (de complétion) Tout emboı̂tement (Ik )k∈N possède un


point commun ou encore l’intersection de tous les intervalles formant un
emboı̂tement n’est pas vide. Si de plus longIk → 0 quand k → +∞, alors
cette intersection est réduite à une singleton.
√ 00 √
Dans l’exemple de 88 2 on a ∩k∈N Ik = { 2}.
  √
Exercice. Calculer 2 à la 5eme dédimale prés par défaut et par excès.
 

Nous arrivons à la conclusion de posséder assez de nombres réels pour



résoudre n’importe quel problème de 88 2 00 si nous posons que tout développement
décimal détermine un nombre réel. Sur ces questions voir TD ou polycopié
d’exercices.

1.3 Propriétés fondamentales de R

Rappelons qu’une suite d’intervalles fermés I0 , I1 , . . . est un emboı̂tement


si I0 ⊃ I1 ⊃ I2 · · · ⊃ Ik ⊃ . . . ; cet emboı̂tement est décimal ou régulier si
I0 = [m, m + 1] (m ∈ N) et si In est l’un des intervalles obtenus en divisant
In−1 en 10 partie égales.
1
On fait remarquer alors que longIn = 10n , et donc In est de la forme
1 1
In = [an , an + 10n ] ou encore de la forme [an , bn ] avec bn = an + 10n .
k1 kn
Par construction an = m + 10 + ··· + 10n où les ki sont des chiffres entre 0
et 9 i.e ki ∈ {0, 1, . . . , 9} (1 ≤ i ≤ n). Le théorème de complétion (théorème
1.2.2.) stipule que
\
In = {c} (un singleton)
n∈N
Ce théorème entraine (voir TD) le résultat important suivant.

Théorème 1.3.1. (dit de la coupure de Dedekind 5 ) Si A et B sont deux


parties non vides de R relles que R = A ∪ B et que tout nombre de A soit
5. Dedekind (1831-1916), mathématicien allemand.
1.3 Propriétés fondamentales de R 9

plus petit que tout nombre de B, alors il existe un nombre réel qui est, soit
le plus grand nombre de A, soit le plus petit nombre de B.

N.B. : Ce théorème sera à la base du théorème de la borne supérieure (voir


chapitre 2).

Théorème 1.3.2. (Densité de Q dans R et de R \ Q dans R) Entre deux


nombres réels existe toujours un nombre rationnel et un irrationnel.

Preuve. Soit a, b ∈ R avec a < b. Il s’agit de trouver un rationnel entre a


et b. Soit s > 0 (s comme 88 saut00 ) tel que s < b − a. On considère tous les
multiples entiers de s. Comme distance de a à b, b − a, est plus grande que
s alors l’intervalle ]a, b[ doit contenir un multiple de s i.e

∃m ∈ N tel que a < ms < b

1
Il suffit alors de choisir s sous la forme pour construire un rationnel entre
m
1 1
a et b. Mais il faut que s = < b − a c’est à dire il faut que n > , ce
n b−a
qui est bien possible par la propriété d’Archimède (cf 1.1.3). Ainsi avec ce
1 m m
choix (i.e n > ), il existe m ∈ N tel que a < < b et ∈Q
b−a n n

2
Pour trouver un irrationnel entre a et b, on choisit s = et il faut que
√ √ n
2 2
s = < b − a ou encore n > ce qui est encore possible toujours
n b−a
d’après la propriété d’Archimède.

Remarque 1.3.3. Pour des compléments sur ces notions importantes voir po-
lycopié d’exercices.
On vient de prouver que les ensembles Q et R\Q sont omniprésents (denses)
sur la droite réelle. Il est donc légitime de se poser la question suivante.
Question : quel est le plus 88 gros00 Q ou R \ Q ?
Nous avons vu que Q est dénombrable, on montre que R est non dénombrable
(comme conséquence de la représentation d’un réel en nombres décimaux.
La démonstration se fait par le procédé diagonal de Cantor). Par conséquent
10 Chap. 1: Nombres réels

R \ Q est non dénombrable (car sinon R = Q ∪ R \ Q serait dénombrable !).


Par conséquent les irrationnels sont beaucoup plus nombreux que les ration-
nels.
On peut montrer que l’ensemble des nombres algébriques est dénombrable
mais ceci dépasse le cadre de ce cours. Il en resulte donc un autre fait
contraire au bon sens à savoir que les nombres non algébriques (transcen-
dants) tels que π sont beaucoup plus nombreux que les nombres algébriques
√ √ √
tels que 2, 3, n a, (a ∈ N∗ , n > 0) etc.

1.4 Application aux sciences de l’ingénieur

On considère un circuit comprenant une résistance R, une inductance L


et une f.e.m E.
On dḿontre, voir chapitre (eq diff) que le courant induit dans ce circuit
Ä ä
E
est donné au temps t par i = R 1 − exp(− Rt
L) .

Trouver une formule convenable donnant le courant lorsque R est très


petite.
on a limR→0 i = limR→0 E(1−exp(−Rt/L))
R = limR→0 E Lt exp(−Rt/L) =
Et
L.
1.4 Application aux sciences de l’ingénieur 11

George Cantor (1845-1918),


mathématicien allemand
fondateur de la théorie
des ensemble. Né à Saint-
Pétersbourg (Russie), Cantor
fait ses études à Zurich et
à Berlin, il est l’élève du
mathématicien allemand
Weierstrass. Sous l’influence
de celui-ci, il tente de définir
rigoureusement les nombres
réels, s’intéressant parti-
culièrement aux nombres
irrationnels. Il démontre
en 1872 que chacun de ces
derniers est la limite d’une
suite convergente de nombres
Fig. 1.4 George Cantor
rationnels. Il établit ensuite
que l’ensemble des réels n’est
pas dénombrable.
12 Chap. 1: Nombres réels
Suites réelles.
2 Fonctions numériques

2.1 Borne supérieure et borne inférieure.

Rappelons qu’une partie A de R est un intervalle si

∀a, b ∈ A, ∀t ∈ [0, 1] ta + (1 − t)b ∈ A

On démontre que les intervalles de R sont de l’une des formes suivantes :


– ] − ∞, a[, ] − ∞, +∞[= R, ]a, b[, ]a, +∞[ (ouverts).
– ] − ∞, a], [a, b[, ]a, b], [a, +∞[ (semiouvert).
– [a, b] (segments).

Définition 2.1.1. Une partie A de R est dite majorée s’il existe M ∈ R


tel que : x ≤ M ∀x ∈ A, ou encore A ⊂] − ∞, M ].
A est dite minorée s’il existe m ∈ R tel que : m ≤ x ∀x ∈ A, ou encore
A ⊂ [m, +∞[.
A est dite bornée si elle est à la fois majorée et minorée ou encore s’il existe
m, M ∈ R tels que m ≤ x ≤ M ∀x ∈ A ou encore A ⊂ [m, M ] ; ce qui revient
au même de dire qu’il existe k vérifiant

|x| ≤ k ∀x ∈ A i.e A ⊂ [−k, k].


 
Exemple.
 
1. Les intervalles [a, b], ]a, b[, [a, b[, ]a, b] sont bornés (à la fois majorés et
minorés).

2. Les intervalles ]−∞, a], ]−∞, a[ sont majorés mais ne sont pas minorés,
ils ne sont donc pas bornés.

13
14 Chap. 2: Suites réelles. Fonctions numériques

3. Les intervalles [a, +∞[, ]a, +∞[ sont minorés mais ne sont pas majorés ;
ils ne sont donc pas non plus bornés.

4. L’intervalle R =] − ∞, +∞[ n’est ni majoré ni minoré et il n’est donc


pas non plus borné.

Le résultat suivant est fondamental en pratique.

Théorème 2.1.2. (dit Axiome de la borne supérieure)

1. Toute partie A non vide majorée de R admet une borne supérieure :


le plus petit des majorants de la partie A en question. On la note sup A.

2. Toute partie B non vide minorée de R admet une borne inférieure :


le plus grand des minorants de B. On la note inf B.

Démonstration. Elle repose sur le théorème de la coupure de Dedekind


(théorème 1.3.2.), lequel repose sur le principe des intervalles emboı̂tés (théorème
1.2.2.) (voir polycopié d’exercices).

Caractérisation fondamentale. Soit A une partie non vide de R. Si A est


majorée alors sup A existe (théorème 2.1.2.) dans R. On a la caractérisation
suivante :
®
1 − ∀x ∈ A, x ≤ M
M = sup A ⇐⇒
® − ∀ε > 0, M − ε n’est plus majorant de A.
2
1 − ∀x ∈ A, x ≤ M
⇐⇒
2 − ∀ε > 0, ∃x(= xε ) ∈ A tel que M − ε < x ≤ M.

• • •
M − x ∈ A M

Fig. 2.1

Soit B une partie non vide de R. Si B est minorée alors inf B existe dans
2.2 Suites de nombres réels 15

R
®
1 − ∀x ∈ B, m ≤ x
m = inf B ⇐⇒
® 2 − ∀ε > 0, m + ε n’est plus minorant de A.
1 − ∀x ∈ B, m ≤ x
⇐⇒
2 − ∀ε > 0, ∃x(= xε ) ∈ B tel que m ≤ x < m + ε.

• • •

m x ∈ A m+

Fig. 2.2

N.B. La borne supérieure et inférieure d’une partie A de R lorsqu’elles


existent n’appartiennent pas nécessairement à A. Pour s’en convaincre, il
suffit de déterminer la borne sup et la borne inf (si elles existent) lorsque
A est l’un des intervalles dans les exemples précédents (exercice !). Lorsque
sup A ∈ A, c’est donc le plus grand élément de A, lorsque inf A ∈ A, c’est
le plus petit élément de A.

2.2 Suites de nombres réels

Une suite dans R ou de nombres réels est une application u de N dans


R. On la note, en général par u := (un )n∈N .

Définition 2.2.1. On dit que la suite (un )n∈N converge vers un nombre
réel l si :

∀ε > 0, ∃n0 ∈ N, ∀n ∈ N, n ≥ n0 =⇒ |un − l| < ε; (2.2.1)

sinon on dit que la suite est divergente(i.e. lorsqu’il n’existe pas de réel l
vérifiant (2.2.1)).

Remarque 2.2.2. Lorsque la suite (un )n∈N est convergente alors elle converge
vers un nombre unique. En effet si (un )n∈N converge à la fois vers l et l0 avec
l 6= l0 alors on a :

avec ε = 21 |l − l0 |, ∃n0 ∈ N, n ≥ n0 =⇒ |un − l| < 12 |l − l0 | et


∃n1 ∈ N, n ≥ n1 =⇒ |un − l0 | < 21 |l − l0 |.
16 Chap. 2: Suites réelles. Fonctions numériques

Donc si n ≥ max(n0 , n1 ) alors on a à la fois |un − l| < 21 |l − l0 | et |un − l0 | <


1
2 |l − l0 |. On écrit alors, dans ces conditions :

|l − l0 | = |l − un + un − l0 |
≤ |un − l| + |un − l0 |
< 12 |l − l0 | + 12 |l − l0 |

Donc |l − l0 | < |l − l0 | ; ce qui est absurde. Par suite l = l0 . Ainsi, lorsque la


suite (un )n∈N converge, on peut parler de la limite de (un )n∈N ; et on écrit
alors lim un = l ou tout simplement lim un = l ou encore un → l.
n→+∞

Opérations usuelles.
• Si (un )n∈N est (vn )n∈N convergent vers u et v, les suites (λun )n∈N , (un +
vn )n∈N et (un vn )n∈N convergent respectivement vers λu, u + v et uv. Ces
propriétés se résument en disant que l’ensemble des suites réelles forme une
algèbre (cf cours d’Algèbre), ses éléments unités sont les suites 0 et 1 (des
suites constantes).
1
• Si u 6= 0, la suite ( )n∈N telle que le terme de rang n soit égal à 1 si
un
1 vn v
un = 0, converge vers et ( )n∈N converge vers .
u un u
En général, lorsque on a affaire à une suite de nombres réels, on désire
savoir si elle est convergente et lorsque c’est le cas on voudrait calculer sa
limite.
Lorsque on connait l’expression explicite de un en fonction de n, le calcul de
la limite se fait directement sur cette expression à l’aide de transformations
appropriés.

 
Exemples.
 
√ √
1. Soit un = 3 + 6n − 6n.
On a une forme indéterminée (+∞ − ∞). On utilise la transformation
de multiplication par la partie conjuguée et on obtient :

3 + 6n − 6n 3
un = √ √ =√ √ donc lim un = 0.
3 + 6n + 6n 3 + 6n + 6n n→+∞
2.2 Suites de nombres réels 17

2n3 + 1
2. Soit un = .
6n3 4n + 10
2n3 1
On a lim un = lim 3
= (généraliser !)
n→+∞ n→+∞ 6n 3
1 2 n−1
3. Soit un = 2 + 2 + · · · + .
n n n2
Remarquez bien, d’abord, que l’on a affaire à une forme indéterminée.
1 + 2 + ··· + n − 1
Là , l’astuce consiste à remarquer que un = =
n2
n(n − 1) 1
2
et donc lim un = .
2n n→+∞ 2
On peut aussi comparer un à d’autres suites dont on sait calculer la limite.
Ainsi si un ≥ 0, vn ≥ 0, et wn ≥ 0 (sinon on prend | . |) et supposons
vn ≤ un ≤ wn . Si lim wn = lim vn = l, alors lim un = l.
 
Exemples.
 
sin n
1. Soit un = , α > 0 (Attention : sin n n’a pas de limite à l’infini

pourquoi ?). On a :

1
|un | ≤ −→ 0, donc lim un = 0.

2. Exemple fondamental : Si |a| < 1, alors lim an = 0 ; si |a| > 1, alors


n→+∞
n
lim |a| = +∞ (suites géométriques).
n→+∞

N.B. : Dans bien des cas on compare un à des suites géométriques selon
l’idée précédente.
Dans d’autres cas on regarde les suites extraites.

Définition 2.2.3. Soit u = (un )n∈N : N −→ R une suite. On dit que la suite
(vn )n∈N est extraite de la suite (un )n∈N s’il existe φ : N −→ N, application
strictement croissante telle que vn = uφ(n) . On parle aussi de sous suite.

Remarque 2.2.4. Noter que l’on a nécessairement φ(n) ≥ n (voir Chapitre


1, §1.1.1).
Si (un )n∈N converge vers l alors toute suite extraite de (un )n∈N converge aussi
vers l (exercice). Ceci implique que s’il existe une sous suite de (un )n∈N non
convergente alors la suite du départ n’est pas convergente non plus.
18 Chap. 2: Suites réelles. Fonctions numériques

 
Exemple. Soit la suite (un )n∈N définie par :
 
®
n si n pair
un = 1
n si n impair
La suite de terme général vn = u2n = 2n diverge et est extraite de (un )n∈N
donc (un )n∈N diverge.
S’il existe deux sous suites de (un )n∈N convergeant vers des limites différentes
alors la suite (un ) est divergente (Principe de l’unicité de la limite).
 
Exemples.
 
1. Soit (un )n∈N la suite définie par un = (−1)n . On a u2n = 1 (−→ 1) et
u2n+1 = −1 (−→ −1), donc (un )n∈N divergente.
(−1)n
2. Soit (vn )n∈N la suite définie par vn = 1 + . Ici on a
n
(−1)n 1
≤ −→ 0, donc vn −→ 1.
n n
Autre cas de convergence : Si (un )n∈N est une suite telle que :

lim u2n = lim u2n+1 = l


n→+∞ n→+∞

alors la suite (un )n∈N converge (exercice) (écrire la définition en remarquant


la partition de N en les entiers pairs et impairs).

Proposition 2.2.5. Toute suite convergente est bornée

 La réciproque est fause ; prendre par exemple un = (−1)n .

Preuve. Supposons lim un = l ∈ R, alors il existe n0 ∈ N tel que


1
n ≥ n0 =⇒ |un − l| <
4
et donc pour les n ≥ n0 on a
1 1
l− < un < l +
4 4
Mais les un pour n < n0 sont en nombre fini. Par conséquent :
1 1
min(l − , u0 , . . . , un0 −1 ) < un ≤ max(l + , u0 , . . . , un0 −1 )
4 4
2.2 Suites de nombres réels 19

Remarque 2.2.6. Il resulte de la proposition 2.2.4 que si (un )n∈N est non
bornée alors (un )n∈N est divergente (cf exemple précédent).

Lorsque la suite (un )n∈N est bornée, en particulier lorsque elle est conver-
gente, on peut parler de sup un , inf un et se demander s’il s’agit du plus petit
élément, du plus grand élément, et de les calculer (voir polycopié d’exer-
cices).

Monotonie.
– Une suite (un ) est dite croissante si : un ≤ un+1 ∀n.
– Une suite (un ) est dite décroissante si : un+1 ≤ un ∀n.
– Une suite (un ) est dite monotone si elle est croissante ou décroissante.

Proposition 2.2.7. 1. Toute suite croissante et majorée converge (vers


sa borne supérieure).

2. Toute suite décroissante et minorée converge (vers sa borne inférieure).

Important. La proposition précédente est trés utile en pratique. Lorsque


(un )n∈N ne vérifie pas directement les hypothèse de 1 ou 2 on essaye, dans
des cas, de décomposer la suite en suites complémentaires auxquelles on peut
appliquer la proposition. Par exemple vn = u2n , wn = u2n+1 et vn ↑, wn ↓.
Lorsque on n’a pas d’idées sur la limite, ou sur la monotonie de (un ), on peut
dans certains cas conclure à la convergence ou à la divergence en regardant
comment sont distribués les an , en utilisant le critère suivant :

Critère de Cauchy. 1 On dit que la suite (un )n∈N vérifie le critère de


Cauchy si

∀ε > 0, ∃n0 ∈ N, ∀n ∈ N, p ∈ N, [n ≥ n0 et p ≥ n0 ] =⇒ |un − up | < ε

ou encore

∀ε > 0, ∃n0 ∈ N, ∀(n, p) ∈ N2 , n, p ≥ n0 =⇒ |un − up | < ε.


1. Cauchy : mathématicien français (1789-1857) ; voir note biographique à la fin du
chapitre
20 Chap. 2: Suites réelles. Fonctions numériques

 
Exercice. Ecrire la négation de cette proposition.
 

N.B. Le critère de Cauchy nous dit que si les un sont suffisamment condensés
alors la suite (un )n∈N est convergente.

Proposition 2.2.8. Toute suite convergente est de Cauchy.

Preuve. Soit (un )n∈N tel que lim un = l. Soit ε > 0, alors :

ε
∃n0 , ∀n ≥ n0 , |un − l| < .
2
ε
On fixe un tel n0 , soit alors n ≥ n0 et p ≥ n0 . On a à la fois |un − l| < 2 et
ε
|up − l| < 2 et donc

|un − up | = |un − l + l − up | ≤ |un − l| + |up − l|


< 2ε + 2ε = ε

La réciproque de la proposition n’est pas vraie en général, par exemple


dans Q. Mais on a la proposition suivante.

Proposition 2.2.9. Toute suite de Cauchy dans R est convergente dans R.

Remarque 2.2.10. Ceci n’est qu’une autre manière d’exprimer que R est
complet (voir théorème de complétude). Par contre si (un ) n’est pas de
Cauchy alors (un )n∈N ne peut converger.
 
Exemple. Soit la suite (un )n∈N définie par
 

1 1 1
un = 1 + + + ··· +
2 3 n

On a :
1 1 1
u2n − un = + + ··· +
n+1 n+2 2n
1 1 1
≥ + ··· +
2n 2n 2n
1
=n×
2n
1
=
2
2.3 Limites et continuités de fonctions numériques. 21

1
donc (un )n∈N ne vérifie pas le critère de Cauchy (prendre ε = 2 ), par
conséquent (un )n∈N est divergente.
Remarquant que dans cet exemple la suite (un )n∈N est croissante (88 série00 à
termes positifs), un ne peut donc être majorée car sinon elle serait conver-
gente, il en resulte que lim un = +∞.

En résumé, les méthodes d’étude directe d’une suite sont peu nom-
breuses :
Lorsque on connait un en fonction de n, on utilise les théorèmes sur les
limites, en particulier on utilise les faits suivants

|a| < 1 =⇒ an −→ 0, |a| > 1 =⇒ |a|n −→ +∞

Si un peut s’exprimer en fonction de un−1 (et même de un−2 ) c.à .d un =


f (un−1 ) ou un = g(un−1 , un−2 ) (on parle de suites récurrentes ou systèmes
dynamiques), on obtient une condition nécessaire que doit remplir une li-
mite éventuelle l.
Si f (resp. g) est continue (par exemple un polynôme) on doit donc avoir
l = f (l) (resp. l = g(l, l)).
Mais il faut auparavant démontrer l’existence de l et en connaı̂tre une ap-
proximation i.e. des valeurs approchées pour pouvoir séparer les différentes
racines de l’équation f (l) = l et en déduire la valeur de la limite.
Inversement, on peut, parfois, partir de l’existence de l, calculer l et montrer
directement que un − l −→ 0, ce qui justifie l’hypothèse.

2.3 Limites et continuités de fonctions numériques.

Soit A une partie de R et x0 ∈ R. On considère une application

f : A −→ R

N.B. Si A = N on a affaire à une suite numérique (cf §2).


22 Chap. 2: Suites réelles. Fonctions numériques

Définition 2.3.1. L’application f est définie au voisinage de x0 sauf


peut être en x0 s’il existe un intervalle centré en x0 , Ix0 =]x0 − α, x0 + α[
tel que Ix0 \ {x0 } ⊂ A.

De même on définit la notion f définie à droite de x0 , à gauche


de x0 , f définie au voisinage de ±∞. Les définitions s’adaptent sans
difficulté, mai nous y reviendrons tout de même, en pratique.
Problème. On s’intéresse au comportement de f lorque x s’approche de
x0 . Il y a différentes possibilités.
L’application f est bornée au voisinage de x0 s’il existe un intervelle Ix0 =
]x0 − α, x0 + α[ et M > 0 tels que

∀x ∈ Ix0 \ {x0 }, |f (x)| ≤ M


 
sin(x)
Exemple. Vérifions que la fonction x 7−→ f (x) = est bornée au
  x
voisinage de x0 = 0. On a d’abord f est définie au voisinage de x0 , de plus
on sait que |sin(x)| ≤ |x|. Donc |f (x)| ≤ 1 ∀x 6= 0, ainsi f est bornée au
voisinage de 0.
 
1 1
Exercice. Vérifier que la fonction x 7−→ f (x) = sin( ) n’est pas bornée
  x x
au voisinage de 0.

Définition 2.3.2. Soit f une fonction définie au voisinage de x0 sauf peut


être en x0 . On dit que f admet l comme limite en x0 , et on écrit alors 2
limx→x0 f (x) = l, si :

∀ε > 0, ∃α > 0, ∀x, 0 < |x − x0 | < α =⇒ |f (x) − l| < ε

i.e. 88 lorsque x est proche de x0 , f (x) est proche de l 00 .

Proposition 2.3.3. Si f admet une limite en x0 , alors f est bornée au


voisinage de x0 .

Preuve. Elle se calque sur son analogue dans le §2 (à faire absolument).
2. Note. De la même manière que dans le §2, on montre l’unicité d’une limite lorsque
elle existe et on parle alors de la limite de f (x) lorsque x → x0 .
2.3 Limites et continuités de fonctions numériques. 23

La réciproque est fausse. Donner des exemple en vous inspirant toujours


du §2.
Le résultat qui suit donne un lien entre l limite d’une fonction et suites
numériques et il est, donc, par sa simplicité un formidable outile en pratique :
à maitriser absolument !

Proposition 2.3.4. Soit f : A −→ R définie au voisinage de a et l ∈ R.


Alors on a l’équivalence suivante.

lim f (x) = l ⇐⇒ ∀(xn )n∈N ⊂ A suite qui converge vers a, on a f (xn ) −→ l.


x→a

On ramène alors un problème en 88 continu00 (les fonctions) à un problème


discret (les suites), qui est donc plus simple à étudier.

Preuve. =⇒] On a :

∀ε > 0, ∃α > 0, ∀x, 0 < |x − a| < α =⇒ |f (x) − l| < ε. (1)

Nous avons à prouver que :

∀ε > 0, ∃n0 > 0, ∀n, n ≥ n0 =⇒ |f (xn ) − l| < ε, (2)

avec l’hypothèse que xn −→ a.


Soit alors ε > 0, on lui associe alors un α > 0 vérifiant (1). En suite, on
applique (2) pour (ε = α) pour trouver un n0 vérifiant (2). On aura donc,
puisque xn −→ a : si n ≥ n0 on a |xn − a| < α (xn est proche de a) et par
(1) on a |f (xn ) − l| < ε. Ainsi

∀ε > 0, ∃n0 > 0, ∀n, n ≥ n0 =⇒ |f (xn ) − l| < ε

donc lim f (xn ) = l.


n→+∞
⇐=] Ecrivez la négation de la proposition à démontrer et vous aboutissez
facilement à une contradiction ( à faire absolument !)
 
Exercice. (Fondamental) Démontrer en utilisant le critère des suites (pro-
 
position 2.3.4) que la fonction f : x 7−→ sin( x1 ) si x 6= 0, n’admet pas de
limite en 0. (Et pourtant elle bornée au voisinage de 0 : ∀x, |f (x)| ≤ 1).
24 Chap. 2: Suites réelles. Fonctions numériques

On peut parler aussi de la limite à droite et la limite à gauche, les limites


en ±∞ ; nous y reviendrons.
Voici un résultat important, en pratique, pour conclure à l’existence de la
limite.

Proposition 2.3.5. Soit f : [a, b] −→ R une fonction réelle (a < b). Si f


est monotone alors elle admet en tout point une limite à droite et une limite
à gauche et on a pour x0 ∈]a, b[ :

limx→x0 − f (x) ≤ f (x0 ) si f est croissante


limx→x0 + f (x) ≥ f (x0 ) si f est décroissante.

Preuve. Voir TD.


 
Exemples de calcul. Calculer les limites suivantes lorsqu’elles existent :
 
√ √
1. lim sin x + 1 − sin x,
x→+∞
2 2x
2. lim (1 + ) ,
x→+∞ x
1
3. lim (1 + 3x) x ,
x→+∞

4. lim (sin(x))tan(x) .
x→+ π2

Pour la première on utilisera les formules trigonométriques, la deuxième à


méditer. . . . . . (Voir TD ou polycopié d’exercices.)

Définition 2.3.6. Soit f : A −→ R une application et x0 ∈ A. f est


continue en x0 si limx→x0 f (x) = f (x0 ) i.e.

∀ε > 0, ∃α > 0, ∀x ∈ A, |x − x0 | < α =⇒ |f (x) − f (x0 )| < ε.

f est continue sur A si f est continue en tout point de A.

Proposition 2.3.7. Soient f, g : A −→ R deux fonctions continues sur A


et λ ∈ R. Alors f + g, f g et λf sont continues sur A.

La proposition 2.3.7 exprime que l’ensemble des fonctions continues sur


une partie A de R et à valeurs réelles, noté C(A, R), est un espace vectoriel et
2.3 Limites et continuités de fonctions numériques. 25

même une algèbre (préciser clairement les lois +, ×, · ainsi que les élément
unités).
Exemples de fonctions continues.

1. Tout polynôme est continue en tout point de R. (Il suffit de le faire


pour P (x) = x2 (exercice) et utiliser les opérations usuelles sur la
continuité (proposition 2.3.7.)

2.
®
f (x) = sin(x)
x si x 6= 0
f (0) = 1
Montrer que f est continue en 0 en utilisant la définition.

3. Quels sont les points de continuité de la fonction x −→ [x].

Remarque 2.3.8. Intuitivement une fonction est continue si on peut parcourir


|x|
son graphe sans effectuer de sauts. Ainsi x 7−→ x n’est pas continue et
x 7−→ x2 est continue (voir figure 2.3 ).

Le concept de continuité est trés important en analyse. Il permet de démontrer


le résultat suivant dit théorème des valeurs intermidiaires dit aussi le théorème
fondamental. Il exprime intuitivement qu’on ne peut passer d’un point à un
autre point différent 88 sans sauter00 .

y = x2

|x|
y= x

Fig. 2.3

Théorème 2.3.9. Soit f : I −→ R une fonction continue où I est un


26 Chap. 2: Suites réelles. Fonctions numériques

intervalle ouvert, fermé, semiouvert, borné ou non. Soit

m = inf f (I) (∈ R ∪ {−∞})


M = sup f (I) (∈ R ∪ {+∞})

Alors f prend toute valeur de l’intervalle ]m, M [ c’est à dire :

∀γ ∈]m, M [, ∃x0 ∈ I tel que γ = f (x0 ).

Démonstration. Si m = M , f est constante. Soit γ tel que m < γ < M .


Les caractérisations de la borne supérieure et la borne inférieure (voir §2)
donnent :
∃a, b ∈ I tel que m ≤ f (a) < γ < f (b) ≤ M

Soit A = {x ∈ [a, b]; f (x) ≤ γ}. On a A 6= ∅ car a ∈ A ; aussi A est majoré


1
par b ; donc c = sup A existe et ∀n ∈ N∗ , c − n’est pas majorant de A ;
n
1
ainsi ∃xn ∈ A tel que c − < xn ≤ c.
n
La suite (xn )n∈N converge vers c ; et comme f est continue, la suite f (xn )
converge vers f (c). Or f (xn ) ≤ γ donc f (c) ≤ γ. D’autre part puisque
c = sup A on a f (x) > γ, ∀x ∈]c, b[ ; donc f (c) ≥ γ. Par conséquent f (c) =
γ.

Remarque importante. Avec ses hypothèses, le théorème exprime que


nous avons les quatres possibilités suivantes :

f (I) =]m, M [, f (I) = [m, M [, f (I) =]m, M ] ou f (I) = [m, M ].

Dans tous les cas on peut conclure que l’image d’un intervalle par une fonc-
tion continue est toujours un intervalle (pas nécessairement de même forme).
Autre énoncé. Soit f : [a, b] −→ R continue tel que f (a) > 0 et f (b) < 0
alors il existe c ∈]a, b[ tel que f (c) = 0. Autrement dit l’équation f (x) = 0
admet une solution (pas forcément unique) dans ]a, b[.
 
Exemples.
 
1. Si f : [a, b] −→ R est continue et si ∀x, f (x) 6= 0 alors f garde un
signe constant sur [a, b]. Car sinon il existent x0 , x1 ∈ [a, b] tels que
2.3 Limites et continuités de fonctions numériques. 27

f (x0 ) > 0 et f (x1 ) < 0 ; et par suite il existe x compris strictement


entre x0 et x1 et tel que f (x) = 0 ; ce qui est absurde.

2. Tout polynôme sur R de degré impair admet toujours une racine réelle
(voir figure 2.6). Ceci étant, car ses limites en +∞ et −∞ sont de
signes contraires.

On voit alors qu’avec des hypothèse (généralement vérifiées) telle que la


continuité, le théorème nous permet d’affirmer l’existence de solutions de
l’équation f (x) = 0 mais ne permet pas de les calculer. Il existe des méthodes
(Voir cours d’Analyse numérique) qui permettent d’approcher la racine en
question. Une que nous avons déjà exposée sur un exemple (x2 − 2 = 0) peut
aussi s’appliquer : Elle repose sur le principe de emboı̂tements.
Le résultat suivant est aussi fondamental, en pratique ; c’est sur sa base
que nous pourrons définir les fonctions réciproques telles que arcsin, arccos,
arctan, argth, argsh (voir la suite).

Théorème 2.3.10. Soit I un intervalle et f : I −→ R une fonction. On


suppose que f est continue et strictement monotone. Alors f est une bijec-
tion de I sur f (I). De plus, f −1 : f (I) −→ I est continue.

Remarque 2.3.11. 1. On a toujours (sans autre hypothèse) :


• f strictement monotone implique f injective (exercice).
• f injective et continue implique f strictement monotone (exercice
(cf TD)).

2. Si I est un intervalle d’extrémités a et b, si f : I −→ R est continue


(donc d’après le théorème 2.3.9. f (I) est un intervalle) et s’elle est
strictement monotone alors f (I) est d’extrémités f (a) et f (b).
 
Exemples.
 
1. Tous les segments se 88 valent00 (par homéomorphisme). Autrement si
I = [a, b] et J = [α, β], on peut construire une application bijective et
continue φ : I −→ J (prendre φ(x) = λx + ν avec λ et ν sont tels que
φ(a) = α et φ(b) = β ( à calculer ! ) .
28 Chap. 2: Suites réelles. Fonctions numériques

2. La fonction :
φ : I =] − π2 , π2 [ −→ R
x 7−→ tan(x)
est continue, strictement croissante, donc par le théorème précédent,
φ est une bijection de I sur f (I) = R (justifier). De plus sa réciproque,
qu’on note, arctan :] − ∞, +∞[−→] − π2 , π2 [ est continue et strictement
croissante.(voir figure 2.4).

f (x)
y=x

y = tan x

y = arctan x


j

−π →
− π x
2 i 2

Fig. 2.4

3. La fonction log(x) : R∗+ −→ R continue, strictement croissante, donc


exp = log−1 : R −→ R∗+ est continue strictement croissante (voir figure
2.5).
y = exp x

f (x)
y=x


− y = log x
j


− x
i

Fig. 2.5
2.3 Limites et continuités de fonctions numériques. 29

4. Pour k ∈ N∗ , la fonction :

ψk : I = [0, +∞[ −→ [0, +∞[


x 7−→ xk
1
est continue ctrictement croissante, donc l’application ψk −1 : x 7−→ x k
est continue strictement croissante (voir figure 2.6).

f (x) y = x3
y=x

1
y = x3


j


− x
i

Fig. 2.6
30 Chap. 2: Suites réelles. Fonctions numériques

Cauchy, baron Augustin (1789-1857),


mathématicien français. Né à Pa-
ris, Cauchy fait ses études aux Ponts
et Chaussées et commence sa carrière
comme ingénieur sur le chantier du
port de Cherbourg. En 1816, il est
nommé professeur de mécanique à
l’Ecole polytechnique, et élu membre
de l’Académie des sciences. Puis, il
enseigne l’algèbre à la faculté des
sciences de Paris et la physique
au Collège de France. Il a écrit
trois grands traités : Cours d’analyse
(1821), Résumé des leçons sur le cal-
cul infinitésimal (1823) et Leçons
sur les applications du calcul infi-
nitésimal à la géométrie (1828). Il
clarifie les principes de calcul en
analyse, et développe les concepts
essentiels de limite, de continuité,
d’intégrale et de convergence des Fig. 2.7 Cauchy
séries. Il s’intéresse également aux
équations différentielles, en particu-
lier à l’existence et à l’unicité de leurs
solutions. Mais surtout, il établit les
fondements de la théorie des fonctions
d’une variable complexe.
Dérivation et
3 développements limités

3.1 Notion de dérivée

Définition 3.1.1. Soit I un intervalle de R et t0 dans l’intérieur de I. Soit


f : I −→ R (ou C). La fonction f est dérivable au point t0 si l’application

I \ {t0 } −→ R (ou C)
f (t) − f (t0 )
t 7−→
t − t0

df
admet une limite au point t0 . Dans ce cas, elle est notée f 0 (t0 ) ou ( )(t0 )
dt
df
ou ( )t0 .
dt

On définit de même fd0 (t0 ) (dérivée à droite ) et fg0 (t0 ) (dérivée à gauche)
et on vérifie que l’on a : f dérivable en t0 ⇐⇒ fd0 (t0 ) et fg0 (t0 ) existent et
sont égales (exercice).
 
Exemple. La fonction :
 

R −→ R
x 7−→ |x|

est dérivable à gauche et à droite en 0 mais n’est pas dérivable en 0 car


fd0 (0) = 1 6= −1 = fg0 (0), donc f 0 (0) n’existe pas.

Remarque 3.1.2. Si f est dérivable en t0 alors f est continue en t0 ( écrire


la définition). La réciproque est fausse (utiliser l’exemple précédent).
Mais si f n’est pas continue en t0 alors elle ne peut être dérivable en t0 .

N.B. Il existe des fonctions numériques continues en tout point sans être
dérivables en aucun point. Vous en connaissez ? !

31
32 Chap. 3: Dérivation et développements limités

f (x)

y = |x|


j


− x
i

Fig. 3.1 f (x) = |x|

3.1.1 Interprétation géométrique de la dérivée.

Soit Cf le graphe de f . On a Cf ⊂ I × R. Le graphe de t 7−→ f (t0 ) + (t −


t0 )f 0 (t0 ) est la droite tangente à Cf au point (t0 , f (t0 )). Le nombre f 0 (t0 )
est la pente de cette tangente (voir figure 3.2).

f (x)



j


− x
i

Fig. 3.2 Tangente de f : x 7→ ex − x au point (1, f (1))

3.1.2 Dérivées successives.

Soit f : I −→ R dérivable en tout point de I. Si l’application dérivée f 0


est dérivable en t0 alors cette dérivée est appelée dérivée seconde de f en
d2 f d2 f
t0 et est notée f 00 (t0 ) ou ( 2 )(t0 ) ou ( 2 )t0 . Par récurrence, on définit la
dt dt
iemme dp f
dérivée d’ordre p, ou dérivée p de f en t0 notée f (p) (t0 ) ou ( p )(t0 )
dt
dp f (p−1)
ou ( p )t0 . C’est la dérivée de t 7−→ f (t) en t0 si elle existe.
dt
Par convention on pose f (0) = f .
Remarque importante. Pour que f (p) (t0 ) existe il faut que f (p−1) (t) existe
dans un voisinage de t0 et soit continue en t0 .
3.1 Notion de dérivée 33

Définition 3.1.3. Soit I un intervalle ouvert. Une fonction f : I −→ R


est de classe C p sur I si f (p) (t) existe sur I tout entier et t 7−→ f (p) (t) est
continue sur I. On dit que f est de classe C ∞ si elle est de classe C p , ∀p.

En pratique, on a souvent affaire à calculer explicitement la dérivée


niemme d’une fonction lorsqu’elle existe. Voici donc quelques règles de base
qu’on applique à cet effet.
1) Dérivation d’un produit : si f1 , . . . , fn sont dérivables sur I alors le produit
h(t) = f1 (t) . . . fn (t) est aussi dérivable sur I et on a :
n
h0 (t0 ) = f1 (t0 ) . . . fk0 (t0 ) . . . fn (t0 ),
X
t0 ∈ I
k=1

En particulier pour n = 2 on a

(f g)0 (t0 ) = f 0 (t0 ) = f 0 (t0 )g(t0 ) + f (t0 )g 0 (t0 )

2) Dérivation d’un quotient : Si f est dérivable sur I et f ne s’annule pas


1
sur I alors est dérivable sur I et on a :
f
1 −f 0
( )0 = 2
f f
 
Exemples.
 
1. Calcul de la dérivée pième de x 7−→ xn avec n ≥ p. Un calcul diect
(faire p = 1, 2, 3 pour commencer) donne

f (p) (x) = n(n − 1) . . . (n − p + 1)xn−p ;

en particulier
f (n) (x) = n(n − 1) . . . 1xn−n = n!

et donc ∀s > n, f (s) (x) = 0. On sait donc calculer les dérivées de


n’importe quel ordre pour un polynôme.

2. Dérivée niemme de x 7−→ sin(x). En faisant n = 1, 2, on démontre


par récurrence que f (n) (x) = sin(x + n π2 ). De même (cos(x))(n) =
cos(x + n π2 ).
34 Chap. 3: Dérivation et développements limités

3. La dérivée nièmme de l’exponentielle ( x 7−→ ex ) est elle même.

3) Lorsque les choses se compliquent, on applique la formule de Leibniz 1


suivante : Si f et g sont p−fois dérivables sur I alors le produit f g est aussi
p−fois dérivable sur I et on a :
p
X
(f g)(p) (t) = Ckp f (k) (t)g (p−k) (t)
k=0

p!
où Ckp sont les coefficients du binôme. Ckp = k!(p−k)! : c’est le nombre de
parties à k éléments prises dans un ensemble à p éléments (Voir cours
d’arithémitique, dénombrement).
Dans la pratique pour déterminer les Ckp on applique de façon récursive la
formule :
k−1
Ckp = Ckp−1 + Cp−1

qui donne lieu à ce qu’on appelle le tiangle de Pascal 2 .

Le résultat très important suivant est à la base du calcul des dérivées


des fonctions réciproques arctan, Arcos, Arcsin, Argth, Argsh, Argch par
exemple.

Théorème 3.1.4. Soit f : I −→ J une fonction bijective, dérivable en


t0 et f 0 (t0 ) 6= 0. Alors sa réciproque f −1 := h : J −→ I est dérivable en
x0 = f (t0 ) et
1 1
h0 (x0 ) = =
f 0 (t 0) f 0 (f −1 (x 0 ))

formule que l’on écrit souvent sous la forme

1
h0 = (f −1 )0 =
f0 ◦ f −1

Attention. Pour pouvoir l’appliquer il faut veiller scrupuleusement à vérifier


les hypothèses sans lesquelles le résultat serait erroné.
1. Leibniz (1646-1716) est un philosophe, scientifique, mathématicien, diplomate, bi-
bliothécaire et homme de loi allemand.
2. Pascal, Blaise (1623-1662), mathématicien, physicien, théologien, mystique, philo-
sophe, moraliste et polémiste français.
3.1 Notion de dérivée 35

3.1.3 Application aux fonctions réciproques.

1. La fonction log : R∗+ −→ R est bijective, dérivable ( de classe C ∞ ) sur


R∗+ et
d 1
(log(t)) = 6= 0, ∀t ∈ R∗+
dt t
donc sa fonction réciproque notée exp : R −→ R∗+ est dérivable sur R
(et est même de classe C ∞ ) de plus

1
(ex )0 = = ex
(log)0 ◦ exp(x)

π π
2. La fonction x 7−→ sin(x) est une bijection continue de [− , ] sur
π π 2 2
[−1, 1] ; elle est dérivable (et même C ∞ ) sur [− , ] ; sa dérivée f 0 (x) =
π 2 2
cos(x) s’annule en ± , on peut donc affirmer par le théorème que sa
2
fonction réciproque notée Arcsin(x) est dérivable sur ] − 1, 1[ et on a :

d 1 1
(Arcsin(x)) = =√
dx cos(Arcsin(x)) 1 − x2

la dérnière égalité résulte de l’identité :

cos2 (Arcsin(x)) + sin2 (Arcsin(x)) = 1

π π
et du fait que le cosinus est positif sur l’intervalle ] − , [.
2 2
3. La fonction x 7−→ cos(x) est une bijection continue de [0, π] sur [−1, 1],
par le même raisonnement qu’au 2, on a sa fonction réciproque notée
Arccos(x) est dérivable sur ] − 1, 1[ et on a :

d 1
(Arccos(x)) = − √
dx 1 − x2
π π
4. la fonction x 7−→ tan(x) est une bijection dérivable sur ] − , [ (et
2 2
même C ∞ ) de plus (tan)0 (t) = 1 + tan2 (t) =
6 0, il en resulte que sa
fonction réciproque notée Arctan est dérivable sur R, de plus on a :

1 1
Arctan0 (x) = =
tan0 (Arctan(x)) 1 + x2
36 Chap. 3: Dérivation et développements limités

3.1.4 Fonctions hyperboliques

On définit les fonctions cosinus hyperbolique, sinus hyperbolique comme


suit
ex + e−x ex − e−x
ch(x) = , sh(x) =
2 2
On a immédiatement les fonctions x 7−→ ch(x) et x 7−→ sh(x) sont de classe
C ∞ sur R et on a par calcul direct ch0 (x) = sh(x) et sh0 (x) = ch(x). On vérifie
à l’aide de la définition que nous avons les formules suivantes 88 comme00 pour
les fonctions trigonométriques :

ch(x + y) = ch(x)ch(y) + sh(x)sh(y)


sh(x + y) = sh(x)ch(y) + ch(x)sh(y)
ch2 (x) − sh2 (x) = 1
 
Exercice. Calculer ch(2x) et sh(2x).
 
La fonction x 7−→ sh(x) est continue et strictement croissante de R sur
R. Sa réciproque notée x 7−→ Argsh(x) est aussi continue sur R ; de plus
x 7−→ sh(x) est dérivable, de dérivée x 7−→ ch(x) qui ne s’annule pas sur R.
Par conséquent la fonction x 7−→ Argsh(x) est aussi dérivable sur R et on
a:
d 1 1
(Argsh(x)) = =√
dx ch(Argsh(x)) 1 + x2
sh(x) ch(x)
On pose th(x) := et coth(x) := , x 6= 0. La fonction x 7−→ th(x)
ch(x) sh(x)
est une bijection (exercice) de ] − ∞, +∞[ sur ] − 1, 1[, de plus sa dérivée
1
th0 (x) 2 ne s’y annule pas, par conséquent sa fonction réciproque notée
ch (x)
x 7−→ Argth(x) est aussi une bijection de ] − 1, 1[ sur ] − ∞, +∞[ et on a :

d 1
(Argth(x)) = , |x| < 1
dx 1 − x2

Pour x > 1, on peut définir (justifier) Argch(x), de plus Argch est dérivable
sur ] − ∞, −1[∪]1, +∞[ et on a :

d 1
(Argch(x)) = √ , |x| > 1.
dx 2
x −1
3.2 Théorème de Rolle et Applications 37

3.2 Théorème de Rolle et Applications


3 Voici d’abord un principe général qui est souvent utile en pratique.

Théorème 3.2.1. Soit I un intervalle de R et x0 dans l’intérieur de I. Soit


f : I −→ R une application. On suppose que f admet en x0 un extremum
relatif (i.e. un minimum local ou maximum local). Si f 0 (x0 ) existe, alors on
a obligatoirement f 0 (x0 ) = 0.

Preuve. Avec les hypothèses du théorème, supposons, sans perdre de généralité,


qu’il s’agit d’un maximum global. Alors ∀x ∈ I : f (x) ≤ f (x0 ). Il en resulte
que
f (x) − f (x0 )
x > x0 =⇒ ≤0
x − x0 .
f (x) − f (x0 )
x < x0 =⇒ ≥0
x − x0
0 0
On en déduit que fd (x0 ) ≤ 0 et fg (x0 ) ≥ 0, d’où :

f 0 (x0 )(= fd0 (x0 ) = fg0 (x0 )) = 0.

Interprétation géométrique.

Supposons que f est dérivable en x0 et Cf = {(x, f (x)), x ∈ I} ⊂ I × R


est le graphe de f . Le graphe de l’application x 7−→ y = f (x0 )+(x−x0 )f 0 (x0 )
(droite) est la tangente à Cf au point (x0 , f (x0 )) ; f 0 (x0 ) étant la pente de
cette tangente.
Donc si f 0 (x0 ) = 0 alors l’équation de la tangente à Cf en (x0 , f (x0 ))
est y = f (x0 ) ; cette tangente est donc parallèle à l’axe des abscisses (Ox) :
c’est une horizontale (voir figure 3.3).

Théorème de Rolle 3.2.2. Soit f : I = [a, ] −→ R une fonction continue


sur [a, b], dérivable sur ]a, b[ et f (a) = f (b). Alors il existe c ∈]a, b[ tel que
f 0 (c) = 0.
3. Michel Rolle (1652-1719) un mathématicien français connu pour avoir établi, en
1691, dans le cas particulier des polynômes réels à une variable, une première version du
théorème qui porte maintenant son nom
38 Chap. 3: Dérivation et développements limités

f (x)


√ x
e

Fig. 3.3 Extremum de f : x 7→ x2 ln(x) − x2

Démonstration. • Preuve intuitive :

f (x)

La fonction f doit avoir un maxi-


f (a) = f (b) • •
mum local ou un minimum local
et on applique le principe précédent
x
(théorème 3.2.1). a b

Fig. 3.4 Ici f a un maximum

• Preuve effective : f continue sur [a, b] qui est un segment donc compact
(i.e. fermé et borné), donc f est bornée et atteint ses bornes. Il existe donc
α0 , β0 ∈ I tel que

m := inf f (x) = f (α0 ) et M := sup f (x) = f (β0 )


x∈[a,b] x∈[a,b]

Si m = M alors f est constante sur [a, b] et dans ce cas ∀t ∈]a, b[, f 0 (t) = 0.
Si m 6= M alors m ou M est différent de f (a) = f (b) c’est à dire que α0 ∈]a, b[
ou β0 ∈]a, b[. Par le théorème précédent on a f 0 (α0 ) = 0 ou f 0 (β0 ) = 0.

Remarque 3.2.3. Le théorème de Rolle est souvent utilisé pour établir l’exis-
tence des zéros d’une fonction numérique.
 
Exemple. (Important) Soit f dérivable sur I et admet n zéros sur I.
 
Alors sa dérivée f admet au moins (n − 1) zéros séparant les zéros de f
(faire un dessin).
 
dn
Exercice. Montrer que [(x2 − 1)n ] = ((x2 − 1)n )(n) est une fonction
  dxn
3.2 Théorème de Rolle et Applications 39

polynômiale de degré n admettant exactement n zéros distincts dans ]−1, 1[.


(p)
Indication : poser Qn (x) = (x2 − 1)n (n ≥ 2). Montrer que Qn (p ≤ n − 1)
s’annule en 1 et en −1 et en p points distincts de ] − 1, 1[

Théorème des accroissements finis 3.2.4. Soit f : [a, b] −→ R. On


suppose que f est continue sur [a, b] et dérivable sur ]a, b[. Alors il existe
c ∈]a, b[ tel que

f (b) − f (a) = (b − a)f 0 (c)

Preuve. Elle résulte du théorème de Rolle appliqué à la fonction g(x) =


f (x) − kx où k est une constante choisie de telle sorte que g satisfasse les
hypothèse du théorème de Rolle. On doit alors choisir g pour que g(a) = g(b)
(les autres hypothèses sont vérifiées) mais la condition g(a) = g(b) impose
f (b) − f (a)
f (a) − ka = f (b) − kb c’est à dire impose de prendre k = . Il
b−a
existe donc c ∈]a, b[ tel que g 0 (c) = 0 ou encore il existe c ∈]a, b[ tel que
f (b) − f (a)
f 0 (c) = qui est la conclusion cherchée.
b−a

3.2.1 Interprétation géométrique.


f (b) − f (a)
La quantité représente la pente de la droite qui prolonge la
b−a
corde [A, B]. Le théorème affirme qu’il existe un point du graphe Cf de f
dont la tangente est paralléle à cette corde.

f (x)

• •

x
a c b

f (b) − f (a)
Fig. 3.5 f 0 (c) =
b−a

Le théorème des accroissements finis a beaucoup d’applications pra-


tiques : il permet de calculer certaines limites de suites, il permet aussi
40 Chap. 3: Dérivation et développements limités

de montrer des inégalités : des majorations et des minorations. Avant de


donner des exemples concrets voici une remarque de caractère général.

Corollaire 3.2.5. Soit I un intervalle de R et f : I −→ R une fonction.


On suppose que f est dérivable sur I et que f 0 est bornée, alors f est lip-
schitziènne i.e.

∃k > 0, ∀x, y ∈ I, |f (x) − f (y)| ≤ k|x − y|

Ainsi f sera uniformément continue.

Preuve. f 0 étant bornée donc

∃M > 0, ∀x ∈ I, f 0 (x) ≤ M := sup f 0 (x)


x∈I

Soit (x, y) ∈ I, on a [x, y] ⊂ I (I intervalle) donc f satisfait les hypothèse


du théorème des accroissement finis sur [x, y]. Il existe alors c ∈]x, y[ tel que
f (x) − f (y) = (x − y)f 0 (c) et donc

|f (x) − f (y)| ≤ M |x − y|, ceci ∀x, y ∈ I

Il suffit donc de prendre k = M = supx∈I |f 0 (x)|.


 
Exemples.
 
1. On a ∀x > 0, |sin(x)| ≤ x. En effet le théorème des accroissement finis
appliqué à la fonction x 7−→ sin(x) sur [0, x] donne sin(x) − sin(0) =
(x − 0)(sin)0 (cx ) = x cos(cx ), d’où |sin(x)| ≤ x.
√ √
2. Calcul de lim cos( n + 1) − cos( n). Ce qui n’est pas évident à
n→+∞
priori (pourquoi ?).
On applique le théorème des accroissement finis à la fonction f : x 7−→

cos( x) sur l’intervalle [n, n + 1]. On a alors

un = f (n + 1) − f (n)
= (n + 1 − n)f 0 (cn )
= f 0 (cn ) avec cn ∈]n, n + 1[
3.2 Théorème de Rolle et Applications 41

−1 √
Mais f 0 (x) = √ sin( x), ainsi
2 x

1 1
|un | ≤ √ ≤ √ −→ 0
2 cn 2 n
√ √
donc lim cos( n + 1) − cos( n) = 0.
n→+∞
Peut-on retrouver ce résultat en utilisant les formules trigonométriques ?
 
Execices.
 
1
1. Calculer Arctan(x) + Arctan( ) pour x 6= 0.
x
2. Montrer que si x > 0 alors tan(x) ≥ x. Retrouver ce fait à l’aide du
cercle trigonométrique.

3.2.2 Extension du théorème des accroissements finis.

Théorème 3.2.6. Soit f : [a, b] −→ R. On suppose que f est de classe C n


(n ≥ 1) sur [a, b] telle que f (n+1) existe sur ]a, b[. Alors il existe c ∈]a, b[ tel
que

(b − a)2 00 (b − a)n (n) (b − a)n+1 (n+1)


f (b) = f (a)+(b−a)f 0 (a)+ f (a)+· · ·+ f (a)+ f (c)
2! n! (n + 1)!

C’est la formule de Taylor 4 -Lagrange 5 . Comme c ∈]a, b[, alors c s’écrit


sous forme c = a + θ(b − a) avec 0 < θ < 1 (paramétrisation d’un intervalle).
Lorsque a = 0 et b = x on obtient la formule dite de Mac-Laurin 6 :
n
X xk xn+1 (n+1)
f (x) = f (0) + f (k) (0) + f (θx) avec 0 < θ < 1
k=1
k! (n + 1)!

Ces formules s’obtiennent par application du théorème des accroissements fi-


nis (à une fonction convenable) ou même mieux par application du théorème
de Rolle, qui donne de meilleures précisions (cf. polycopié d’exercices).
 
Exemple fondamental. On sait que la fonction t −→ et est de classe C ∞
 
4. Taylor mathématicien anglais (1685-1731), voir note biographique à la fin du cha-
pitre.
5. Lagrange, Joseph Louis de (1736-1813), mathématicien et astronome français, voir
note biographique à la fin du chapitre 8.
6. Colin Mac-Laurin (1698-1746), mathématicien écossais.
42 Chap. 3: Dérivation et développements limités

sur R. On applique alors la formule de Mac-Laurin à f sur I avec I = [0, x]


si x > 0 ou I = [x, 0] si x < 0, on trouve :
n
X xk xn+1 θx
ex = + e , 0 < θ < 1, n ∈ N
k=0
k! (n + 1)!
n
xk e|x|
|x|n+1 .
X
=⇒ ex − ≤
k=0
k! (n + 1)!

Pour x fixé on a

e|x|
lim |x|n+1 = 0 pourquoi ?
n→+∞ (n + 1)!

n
X xk
donc ex = lim ou encore :
n→+∞
k=0
k!

X xk
ex = , ∀x ∈ R.
k=0
k!

Partant de cet exemple fondamental on définit le développement de Taylor


d’une fonction f 88 régulière00 ; plus précisémment on a :

Définition 3.2.7. Pour chaque fonction f dérivable jusqu’à l’ordre n au


point x0 , la fonction :
n
X (x − x0 )k (k)
x 7−→ f (x0 )
k=0
k!

s’appelle le développement de Taylor de f à l’ordre n au point x0 .

Attention. Si f est de classe C ∞ au voisinage de x0 , la suite :


n
X (x − x0 )k (k)
n 7−→ f (x0 )
k=0
k!

ne converge pas nécessairement vers f (x) i.e. on ne peut pas écrire, en


général, que :
n
X (x − x0 )k (k)
lim f (x0 ) = f (x)
n→+∞
k=0
k!
(même en cas de convergence) comme c’est le cas de l’exponentielle. Avant de
donner un exemple, la raison qui a fait que ça a marché avec l’exponentielle
est que le reste dans la formule de Mac-Laurin tend vers zéros quand n −→
3.2 Théorème de Rolle et Applications 43

+∞ (x étant fixé).
 
Exemple. Soit la fonction f définie par :
 
® −1
e x si x 6= 0
f (x) =
0 si x = 0.

Elle est de classe C ∞ sur R et ∀n, f (n) (0) = 0 (cf. polycopié d’exercice).
Le développement de Taylor de f en 0 à n’importe quel ordre est donc
identiquement nul ; et pourtant f n’est pas nulle. Donc f n’est pas égale à
son développement de Taylor en 0. On exprime cette propriété en disant que
f n’est pas analytique en 0. L’exponentielle, au contraire, est une fonction
analytique (elle est égale à sa série de Taylor en chaque point).

3.2.3 Application : étude de la croissance de l’exponentielle


et du logarithme.

La formule de Taylor-Maclaurin à l’ordre n pour la fonction x 7−→ ex


donne :
n
X xk xn+1 c
∀x ≥ 0, ∃c, 0 < c < x tel que ex − = e ≥ 0.
k=0
k! (n + 1)!

Il en resulte que ∀x ≥ 0 et ∀n ∈ N :
n
X xk xn
ex ≥ ≥ .
k=0
k! n!

ex
Pour tout α ∈ R, si on choisit n > α on voit que α −→ +∞ quand
x
α −x xα
n → +∞ et donc x e = −x −→ 0 quand n → +∞. D’où (à retenir)
e

∀α ∈ R, lim x−α ex = +∞ et lim |x|α ex = 0.


x→+∞ x→−∞

On dit alors que l’exponentielle l’emporte sur la fonction puissance : c’est


elle qui impose la limite.
β étant fixé, si on pose ex = tβ , alors les formules précédents s’écrivent :

(log(t))α tβ
∀α ∈ R, ∀β > 0, lim β
= 0 et lim α = 0.
t→+∞ t t→0 |log(t)|
44 Chap. 3: Dérivation et développements limités

3.3 Développements limités (polynomiaux)

D’après les résultats précédents, si la dérivée d’ordre n de f en x0 ,


f (n) (x0 ), existe alors il existe un polynôme Pn de degré ≤ n tel que :

f (x) − Pn (x)
lim =0
x→x0 (x − x0 )n

Il se trouve qu’un tel polynôme peut exister sans que f (n) (x0 ) existe (cf
polycopié d’exercices). On est alors conduit au développement limité d’ordre
n en tant que notion.

Définition 3.3.1. Soient f et g définies au voisinage de x0 ∈ R. La fonction


f est équivalente à g au voisinage de x0 , et on écrit f ∼ g, si :
x0

f (x)
f (x0 ) = g(x0 ) et lim = 1.
x→x0 g(x)
x6=x0

 
Exemple. On a ap xp + · · · + a1 x + a0 ∼ a0 si a0 6= 0.
  0

Définition 3.3.2. Soient f et g définies au voisinage de x0 ∈ R. On écrit :

1. f = O(g) si ∃k ≥ 0, |f (x)| ≤ k|g(x)| pour x proche de x0 ou encore si


f
est bornée au voisinage de x0 (lorsque g ne s’annule pas).
g
2. f = o(g) si ∀ε > 0 il existe un voisinage de x0 sur lequel |f (x)| ≤
ε|g(x)|. On dit que f est négligeable devant g au voisinage de x0 .
î ó
N.B. La relation f (x) = o (x − x0 )n est vraie si et seulement si f (x0 ) = 0
f (x)
et lim = 0.
x→x0 (x − x0 )n

 
Exemple.
 
t2
1. On a sin(t) ∼ t et 1 − cos(t) ∼ 2.
0 0

2. Le développement de Taylor à l’ordre 1 de x 7−→ log(1 + x) au point


x0 donne log(1 + x) = x + O(x2 ).
1
3. Au voisinage de x0 = 0, e− x2 = o(xn ) ∀n.
3.3 Développements limités (polynomiaux) 45

Définition 3.3.3. Soit f définie au voisinage de x0 et soit Pn un polynôme


de degré ≥ n, à coefficients dans R. Pn est un développement limité
î ó
d’ordre n pour f au voisinage de x0 si f (x) = Pn (x) + o (x − x0 )n c.à
f (x) − Pn (x)
.d si f (x0 ) = Pn (x0 ) et si lim = 0.
x→x0 (x − x0 )n
 
Exemples. La formule de Taylor fournit un DL d’ordre n pour toute
 
fonction f telle que f (n) (x0 ) existe, c’est :
n
X (x − x0 )k î ó
f (x) = + o (x − x0 )n (3.3.1)
k=0
k!

Si f (n+1) (x0 ) existe, alors la relation (3.3.1) se précise en :


n
X (x − x0 )k î ó
f (x) = + O (x − x0 )n+1 (3.3.2)
k=0
k!
A l’aide de ce procédé on obtient les D.L des fonctions usuelles au voisinage
de 0 (voir Tableau 3.1).
Attention !

1. Une fonction prise au hasard n’admet pas toujours un DL (d’ordre


> 1). Par exemple f (x) = x2 log(x) est continue, dérivable en x0 = 0
mais n’admet pas de DL d’ordre > 1 en 0.

2. Un DL d’ordre 1 existe en x0 équivaut au fait que f 0 (x0 ) existe ; le


polynôme est alors f (x0 )+(x−x0 )f 0 (x0 ). Mais l’existence au voisinage
de x0 , d’un DL d’ordre > 1 n’implique pas (Nécéssairement) l’existence
de f (n) (x0 ) ni même l’existence d’autres dérivées que f 0 (x0 ).
 
Exemple. Soit :
 
1

cos(x) + x3 sin( ) si x 6= 0

f (x) = x
 0 si x = 0
x2
On a f (x) = 1 − + O(x3 ) mais f 00 (0) n’existe pas puisque le taux d’ac-
2
croissement
f 0 (x) − f 0 (0) sin(x) 1 1
=− + 3x sin( ) − cos( )
x−0 x x x
n’admet pas de limite en 0.
46 Chap. 3: Dérivation et développements limités

Développements limités des fonctions usuelles au voisinage de x0 = 0


x2 xn
ex 1+x+ ··· + + O(xn+1 )
2! n!
x3 x2n+1
sin(x) x− + · · · + (−1)n + O(x2n+3 )
3! (2n + 1)!
x2 x2n
cos(x) 1− + · · · + (−1)n + O(x2n+2 )
2! (2n)!
x2 xn
log(1 + x) x− + · · · + (−1)n−1 + O(xn+1 )
2 n
x2 xn
log(1 − x) −x − − ··· − + O(xn+1 )
n
2 n
1+x X x2k+1
log 2 + O(x2n+2 )
1−x k=0
2k + 1
n
1 X
xk + O(xn+1 )
1−x k=0
a(a − 1) . . . (a − n + 1)
(1 + x)a 1 + ax + · · · + + O(xn+1 )
n
n!
X x2k
ch(x) + O(x2n+2 )
k=0
(2k)!
n
X x2k+1
sh(x) + O(x2n+3 )
k=0
(2k + 1)!
n
X x2k+1
Arctan(x) (−1)k + O(x2n+2 )
k=0
2k + 1
n
X (2k)!
Arcsin(x) k 2 (2k + 1)
x2k+1 + O(x2n+2 )
k=0
(2 k!)
n
π X π (2k)!
Arccos(x) − x2k+1 + O(x2n+2 )
2 k=0 2 (2 k!)2 (2k + 1)
k
n
1 X (2k)!
√ 1+ (−1)k k 2 x2k+1 + O(x2n+2 )
1+x 2
k=1
(2 k!) (2k + 1)
n
X (2k)!
Argsh(x) (−1)k k 2 x2k + O(x2n+1 )
k=0
(2 k!) (2k + 1)

Table 3.1 Tableau des développements limités usuels


3.3 Développements limités (polynomiaux) 47

3.3.1 Application des DL : Recherche des extrema d’une


fonction

Soit f une fonction admettant au voisinage de x0 ∈ R un DL d’ordre


î ó
n > 1 i.e. f (x) = a0 + a1 (x − x0 ) + · · · + an (x − x0 )n + o (x − x0 )n . On a
vu au §2 qu’une condition nécessaire pour que f présente un extrémum au
point x0 est que a1 = f 0 (x0 ) = 0. Supposons que le DL de f est non réduit
à une constante et soit alors p ≥ 2 le plus petit entier tel que ap 6= 0. On a
donc :

î ó f (x) − a0
f (x) − a0 = ap (x − x0 )p + o (x − x0 )p , ap 6= 0 =⇒ lim = 1;
x→x0 ap (x − x0 )p

f (x) − a0
par conséquent pour |x − x0 | assez petit on a > 0. Ainsi f
ap (x − x0 )p
f (x) − f (x0
présente un extremum en x0 si et seulement si p est pair (car alors >
ap (x − x0 )p
0 pour |x − x0 | petit, a0 = f (x0 )). Cet extrémum est un minimum si ap > 0,
un maximum si ap < 0.
Voilà donc un critère pratique qui permet de déceler, dans certains cas, et
d’élucider le problème des extrema de f .
Mais attention nous sommes partis de l’hypothèse que le DL de f n’est pas
réduit à une constante. Il existe, cependant, des fonctions qui n’admettent
qu’un DL réduit à une constante, ceci pour des raisons diverses : soit qu’il
î ó
existe p tel que f (x) − f (x0 ) = o (x − x0 )p et que f n’a pas de DL d’ordre
î ó
> p, soit qu’on a f (x) − f (x0 ) = o (x − x0 )p ∀p (voir polycopié d’exercices).
Dans ces conditions, l’étude de l’éventuel extrema en x0 pour f doit se faire
d’une manière directe.

3.3.2 Opérations algébriques dans 88 l’algèbre des DL00 .

Soit E0 l’ensemble des fonctions (numériques) définies sur un voisinage


non précisé de 0 ∈ R et qui sont continues en 0 (on parle alors de germes en
0). Si f et g sont définies respectivement sur U et V , on peut définir f + g,
f g sur U ∩ V ; de plus si f (0) = 0 alors la composée g ◦ f est définie sur
48 Chap. 3: Dérivation et développements limités

U ∩ f −1 (V ). Ainsi f + g, f g, g ◦ f sont dans E0 .


n
Pour chaque n ∈ N, on définit sur E0 la relation ≡ par

n
f≡ g ssi f − g ∈ o(xn )

On dit que f est tangente à g à l’ordre n (voir le contact des courbes en


géométrie). C’est une relation d’équivalence (vérifier le ! ; exercice).
n f (x) − g(x)
N.B. f ≡ g ⇐⇒ lim = 0.
x→0 xn
On montre (exercice) que cette relation est compatible avec les relations
usuelles, plus précisément nous avons :
n n n n
– Si f1 ≡ f2 et g1 ≡ g2 alors f1 + g1 ≡ f2 + g2 et f1 g1 ≡ f2 g2 .
n 1 n 1
– Si f1 ≡ f2 (n ≥ 1) et si f1 (0) 6= 0 alors ≡ .
f1 f2
n n
– Si f1 ≡ f2 alors P ◦ f1 ≡ P ◦ f2 , P polynôme (ce qui permet de
calculer le DL d’une composée ; se reporter aux exemples de calculs
ci-dessous).
n n
– Si g1 ≡ g2 et si f (x) = O(xp ), p ≥ 1 alors g1 ◦ f ≡ g2 ◦ f .
Pour la démonstration des premières propriétés on utilisera (3.3.1).

Ainsi, le DL d’ordre n de f au voisinage de 0 (s’il existe) est le seul


n
polynôme Pn de degré ≤ n vérifiant f ≡ Pn . On peut alors énoncer les
règles de calcul suivantes :

a- On a DL(f + g) = DL(f ) + DL(g).

b- Le DL d’ordre n de f g s’obtient en ne gardant que le termes d’ordre ≤ n


dans DL(f ) × DL(g).

c- Le DL d’un quotient est le quotient des DL (et on utilise souvent la


division selon les puissances croissantes).

d- Pour la composée g ◦ f , il faut veiller à vérifier que l’on bien f (0) = 0.


 
Exemples de calcul.
 
3.3 Développements limités (polynomiaux) 49

1. Soit à déterminer le DL de f (x) = tan(x) à l’ordre 5 en 0. On a

x3 x5
sin(x) =x− + + x5 ε(x)
62 120
x x4
cos(x) = 1 − + + x5 ε(x)
2 24

avec lim ε(x) = 0. On effectue la division selon les puissances crois-


x→0
santes des parties principales et on obtient :

x3 2
tan(x) = x + + x5 + x5 + o(x6 ).
3 15
2
2. Calculons le DL à l’ordre 3 de f (x) = e2x−x . On pose u = 2x − x2 et
noter bien que lorsque x → 0, on a bien u → 0 ; ainsi :

u2 u3
f (x) = eu = 1 + u + + + o(u3 )
2 6
(2x − x2 )2 (2x − x2 )3
= 1 + (2x − x2 ) + + + o(x3 )
2 6
4x2 4x3 8x3
= 1 + 2x − x2 + − + + o(x3 )
2 2 6
2
= 1 + 2x + x2 − x3 + o(x3 ).
3

3. DL à l’ordre 4 de f (x) = log(cos(x)) en 0. Noter bien que lorsque x → 0


alors cos(x) → 1 et on dispose des DL de log(1+u) ou log(1−u) lorsque
u est au voisinage de 0 :

x2 x4
cos(x) = 1 − + + o(x4 )
2 24

x2 x4
On pose u = − + + o(x4 ). On a x → 0 =⇒ u → 0, d’où :
2 24

f (x) = log(1 + u)
u2 u3 u4
=u− + − + o(u4 )
2 3 4 2
x x4 2 x2 x4 3 x2 x4 4
x 2 x 4 (− + ) (− + ) (− + )
= (− + ) − 2 24 + 2 24 − 2 24 + o(x4 )
2 24 2 3 4
x2 x4 x4
=− + − + o(x4 )
22 24 8
x 1
= − − x4 + o(x4 ) (même o(x5 )).
2 12
50 Chap. 3: Dérivation et développements limités

4. DL à l’ordre 3 de f (x) = sin(sin(x)) en 0. On pose u = sin(x) ; or


x3 x3
sin(x) = x − + o(x3 ). On pose u = x − + o(x3 ), donc :
6 6
x3
f (x) = sin(x − + o(x3 ))
6
u3
=u− + o(u3 )
63
x
=x− + o(x3 ).
3
2
ex − 1
5. Calculons la limite lim . On ne peut pas calculer cette limite
x→0 sin(x2 )
2
ex − 1 0
directement car lim = , on applique alors le DL. On a
x→0 sin(x2 ) 0
2
et = 1 + t + tε(t) =⇒ ex = 1 + x2 + x2 ε(x)
sin(t) = t + tε0 (t) =⇒ sin(x2 ) = x2 + x2 ε0 (x)
Donc
2
ex − 1 x2 + x2 ε(x) 1 + ε(x)
lim = lim 0
= lim =1
2
x→0 sin(x ) 2 2
x→0 x + x ε (x) x→0 1 + ε0 (x)

3.4 Application aux sciences de l’ingénieur


Application 1 : Angle entre deux courbes

La normale en un point P (x0 , y0 ) d’une courbe est une droite perpendi-


culaire à la tangente et passant par P .
Si la tangente en P est horizontale alors la normale en P a pour équation
y = 0.
1
dans le cas général, l’équation de la normale est y − y0 = − m (x − x0 )
où m = tanθ = f 0 (x0 ) est la pente de la tangente en P
L’angle de deux courbes en un point d’intersection est l’angle entre les
tangentes en ce point.
Pour le déterminer on procède comme suit :
i. On résoud le système d’équations correspondant aux points d’inter-
section.
ii. On calcule pour chaque point d’intersection les pentes m1 et m2 des
tangentes aux deux courbes.
3.4 Application aux sciences de l’ingénieur 51

iii. Si m1 = m2 cet angle vaut φ = 0.

Si m = − m12 , cet angle vaut φ = π/2.


m1 −m2
Dans le cas général il est donné par tanφ = 1+m1 m2

Intérprétation géométrique de la dérivée :

φ représente l’angle aigu d’intersection si tanφ > 0 et π − φ représente


l’angle aigu si tanφ < 0.

Exemple :

Le câble d’un pont suspendu est attaché à des piliers de support qui se
trouvent à 250m l’un de l’autre. Si le câble prend, en formant une parabole
dont le point le plus bas est à 50m en desssous du point de suspension,
déterminer l’angle formé par le câble et le pilier.

On prend comme origine O le sommet de la parabole, l’équation de la


2
parabole est alors y = 625x2
= f (x),

f 0 (x) = 4x
625 . Au point (125, 50), m = 4×125
625 = 0, 8 = tanθ, θ ' 38, 4◦

l’angle en question est φ = 90◦ − θ = 51, 20◦ .

Application 2 : Mouvement rectiligne

Le mouvement d’une particule P le long d’une droite est déterminé par


l’équation s = f (t), t ≥ 0, représente le temps et s = d(P, O) où O est un
point fixe siué sur la trajectoire.
ds
La vitesse de P au temps t est v = dt

Si v > 0 alors P se déplace dans la direction de s croissant

Sir v < 0 alors P se déplace dans la direction de s décroissant

Si s = 0 alors P est au repos.


dv d2 s
L’accélération de P est a = dt = dt2

Si a > 0 alors v est croissante et si a < 0 alors v est décroissante, et


si v, a de même signe la vitesse de P croı̂t en valeur abslue. Si v, a sont de
signes contraire, la vitesse de P décroit en valeur absolue.
52 Chap. 3: Dérivation et développements limités

Application 3 : Mouvement circulaire

le mouvement d’une particule le long d’un cercle est déterminé par


l’équation θ = f (t) où θ désigne l’angle au centre balayé pendant le temps
tpar une droite joignant P au centre du cercle .

La vitesse angulaire de P au temps t est ω = dt
dω d2 θ
L’accéleration angulaire est α = dt = dt2
Si α est constant, P se déplace à accélération uniforme constante.
Si α = 0 se déplace à vitesse uniforme constante.

Brook Taylor né à Edmon-


ton (Angleterre) le 18 août
1685, et mort à Londres le 29
décembre 1731. Taylor ajouta
aux mathématiques une nou-
velle branche appelée 88 calcul
de différences finies 00 , in-
venta l’intégration par par-
tie, et découvrit les séries
appelées 88 développement de
Taylor00 . Ses idées furent pu-
bliées dans son livre de
1715, Methodus incremento-
rum directa and reversed. La
première mention par Tay-
lor de ce qui est appelé au-
jourd’hui théorème de Taylor
apparaà R t dans une lettre
que ce dernier écrivit à Ma-
chin le 26 juillet 1712. Dans
cette lettre, Taylor explique
clairement que l’idée lui est
venu d’un commentaire que Fig. 3.6 B. Taylor
fı̂t Machin au Child’s Cof-
feehouse, utilisant les 88 séries
de Sir Isaac Newton 00 pour
résoudre un problème de Ke-
pler, et utilisant également les
méthodes de Halley pour ex-
traire les racines d’équations
polynomiales.
4 Intégration

4.1 Définitions

Soit f une fonction continue sur un segment [a, b] de R. Soient a =


x0 < x1 < x2 < · · · < xn−1 < xn = b une suite finie et ξ1 , ξ2 . . . , ξn des
nombres réels appartenant respectivement à [x0 , x1 ], [x1 , x2 ], . . . , [xn−1 , xn ].
Le nombre :

S = (x1 − x0 )f (ξ1 ) + (x2 − x1 )f (ξ2 ) + · · · + (xn − xn−1 )f (ξn )

s’appelle ≪ somme de Riemann ≫ de la fonction f sur [a, b]. Notons ∆ la


plus grande différence entre deux termes consécutifs de la suite x0 , x1 , . . . , xn−1 , xn .

Théorème 4.1.1. Il existe un nombre l unique tel que la somme S puisse


être rendue aussi proche que l’on veut de l à condition que la suite x0 , . . . , xn
soit choisie avec ∆ suffisamment petit.

Le nombre l s’appelle intégrale de f sur [a, b] et on le note :


Z b
l= f (x)dx
a

et se lit ≪ somme de a à b de f (x)dx ≫.

Remarque 4.1.2. Si a = b alors toute somme de Riemann de la fonction f


Ra
sur [a, b] est nulle : S = (a − a)f (a) = 0. On a donc a f (x)dx = 0.

4.1.1 Interprétation géométrique

On considère la représentation graphique de f dans un repére ortho-


normé.

53
54 Chap. 4: Intégration

1er cas. f est une fonction positive (voir figure 4.1). L’aire du domaine
hachuré est égale à une somme de Riemann S de la fonction f sur [a, b].
On démontre que lorsque le nombre de points xi augmente indéfiniment et
que ∆ −→ 0, cette aire tend vers l’aire A du domaine limité par la courbe
d’équation y = f (x), l’axe Ox et les droites d’équation x = a et x = b. On
a:
Z b
f (x)dx = A
a

f (x)

• • • • • • •
x
ξ0 ξ1 ξ2 ξ3 ξ4 ξ5

x0 x1 x2 x3 x4 x5 x6

Fig. 4.1

Rb
2ème cas. f est une fonction négative : a f (x)dx = −A0 où A0 est l’aire du
domaine hachuré (voir figure 4.2).

f (x)

A0

Fig. 4.2

3ème cas. f prend des valeurs positives et des valeurs négatives dans [a, b]
4.1 Définitions 55

(figure 5.3). Soient P1 et P2 les demi-plans définis respectivement par y ≥ 0


et y ≤ 0 ; A l’aire du domaine limité par l’axe (Ox), les droites d’équation
x = a et x = b et la partie de la courbe d’équation y = f (x) contenue dans
P1 ; A0 l’aire du domaine limité par l’axe (Ox), les droites d’équation x = a
et x = b et la partie de la courbe d’équation y = f (x) contenue dans P2 . On
a:
Z b
f (x)dx = A − A0
a

f (x)

A A

+ +
x
− −

A0 A0

Fig. 4.3

4.1.2 Intégrales et primitives.

Soit F une fonction dérivable sur un intervalle I de R. F est dite primitive


d’une fonction f sur I si :

∀x ∈ I, F 0 (x) = f (x).
 
Exemple. F : x 7−→ x3 est une primitive sur R de f : x 7−→ 3x2 .
 
Proposition 4.1.3. Si la fonction f admet une primitive sur I alors :

1. f admet une infinité de primitives sur I :

G : x 7−→ G(x) = F (x) + C, C constante

2. f admet une primitive et une seule sur I qui prenne une valeur donnée
y0 en un point x0 ∈ I.
56 Chap. 4: Intégration

 
Exemple. Soit f : x 7−→ 3x2 , alors F : x 7−→ x3 + 1 est la seule primitive
 
de f sur R telle que F (1) = 2.

Théorème 4.1.4. 1. Une fonction f continue sur une partie D de R


admet une infinité de primitives dans D.

2. Si f est continue sur [a, b] alors la fonction :


Z x
G : x 7−→ f (t)dt
a

est la primitive de f sur [a, b] qui s’annule pour x = a.

3. Si F est une primitive de f sur [a, b], alors on a la formule fondamen-


tale :
Z b
f (x)dx = F (b) − F (a) (4.1.1)
a

Par définition on pose :


Z a Z b
f (x)dx = − f (x)dx.
b a
 
Exemple. La fonction f : x 7−→ 1
x2
est définie et continue sur R∗ . Sur
 
chaque intervalle ] − ∞, 0[ ou ]0, +∞[, f admet des primitives (lesquelles ?).

4.1.3 Propriétés des intégrales.

Soient f et g deux fonctions continues sur [a, b] et k ∈ R. Par application


de la formule (5.1.1) et les propriétés des dérivées on obtient aisément :
Z b Z b Z b
i) [f (x) + g(x)]dx = f (x)dx + g(x)dx.
a a a
Z b Z b
ii) [kf (x)]dx = k f (x)dx
a a
Z b Z c Z b
iii) f (x)dx = f (x)dx + f (x)dx
a a c
iv) Si f est une fonction positive sur [a, b] alors toute somme de Riemann
Z b
de f sur [a, b] est positive. Il en résulte que f (x)dx ≥ 0.
a
Z b Z b
v) En utilisant i et iv on déduit : f ≤ g =⇒ f (x)dx ≤ g(x)dx.
a a
4.1 Définitions 57

vi) Si ∀x ∈ [a, b], m ≤ f (x) ≤ M , alors :

Z b
m(b − a) ≤ f (x)dx ≤ M (b − a)
a

Z b Z b
vii) f (x)dx ≤ |f (x)|dx
a a

viii) Si f est continue et paire sur [−a, a] alors :

Z a Z a
f (x)dx = 2 f (x)dx
−a 0

Z a
ix) Si f est impaire alors f (x)dx = 0.
−a

x) Si f est continue périodique sur R, de période T alors ∀α ∈ R on a :

Z α+T Z T
f (x)dx = f (x)dx.
α 0
58 Chap. 4: Intégration

Primitives classiques Z
Fonction f Primitive F = f dx
a ax + C
xα+1
xα + C, α ∈ Q, α 6= −1
α+1
1
log |x| + C
x
ex ex + C
ax
ax + C, a > 0
log a
1
cos(ωx + φ) sin(ωx + φ) + C
ω
−1
sin(ωx + φ) cos(ωx + φ) + C
ω
1
tan(x) + C
cos2 (x)
1
2 −cotan(x) + C
sin (x)
1
Arctan(x) + C
1 + x2
1
√ Arsin(x) + C
1 − x2
1 √
√ Argsh(x) + C = log(x + 1 + x2 ) + C
1 + x2
1 √
√ Argch(x) + C = log x + x2 − 1
2
x −1
1 1 1+x
log + C = Argth(x) + C
1 − x2 2 1−x

Table 4.1 Tableau des primitives classiques

4.2 Méthode du changement de variable.

1◦ ) Changement de variable direct t = ψ(x) :


Z
Si l’on veut calculer F (x) = f (x)dx on remarque qu’on peut mettre f (x)
sous la forme f (x) = g(ψ(x))ψ 0 (x) ; on posera t = ψ(x) donc dt = ψ 0 (x)dx
et donc :
Z
F (x) = g(t)dt = G(t) = G(ψ(x)),

G(t) étant alors facile à calculer.


4.2 Méthode du changement de variable. 59

 
dx
Z
Exemple 1. Soit à calculer I = √ , x ∈ R∗+ \ {1}.
 √  (1 − x) x
On pose t = x, x = t2 , donc dx = 2tdt et par suite :
2tdt
Z
I = 2
Z − t )t
(1
dt
=2
1 − t2
1 1+t
= 2. log +C
2 1√− t
1+ x
= log √ + C.
1− x
  Z
Exemple 2. Soit à calculer I = sin2 (x) cos(x)dx.
 
On pose t = sin(x), dt = cos(x)dx, d’où :
Z
I = t2 dt
1
= t3 + C
3
1
= sin3 (x) + C.
3
 

Z
Exemple 3. Soit à calculer I = .
  eθ + e−θ
dt
On pose t = eθ , dt = eθ dθ i.e. dθ = eθ
= dtt , donc :
Z 1
t
I = 1 dt
Z t+ t
dt
=
+1 t2
= Arctan(t) + C
= Arctan(eθ ) + C.
 
sin(x)
Z Z
Exemple 4. Soit à calculer I = tan(x)dx = dx.
  cos(x)
On pose t = cos(x), dt = − sin(x)dx, d’où :

sin(x)
Z
I = dx
Zcos(x)
dt
=−
t
= − log |t| + C
= − log |cos| + C.

N.B. Ici le domaine sera D = R \ { π2 + kπ, k ∈ Z}.


60 Chap. 4: Intégration

  Z
Exemple 5. Soit à calculer I = (2x + 1)3 dx. On pose t = 2x + 1,
 
dt
dt = 2dx, dx = 2 d’où :

dt
Z
I = t3
2
1 t4
= +C
24
1
= (2x + 1)4 + C.
8
N.B. Il ne faut jamais oublier de revenir à la variable du départ : Le chan-
gement de variable n’est qu’un moyen de calcul.

2◦ ) Changement de variable inverse :


En pratique, il n’est pas toujours aisé de mettre f (x) sous la forme de 1◦ ).
Z
Pour calculer F (x) = f (x)dx, on pose x = φ(t) donc dx = φ0 (t)dt et
Z
f (x)dx = f (φ(t))φ0 (t)dt, on calcule alors

Z
G(t) = f (φ(t))φ0 (t)dt.

  Z p
Exemple 1. Soit à calculer I = 1 − x2 dx, −1 ≤ x ≤ 1.
  √
On pose x = sin(t), dx = cos(t)dt, 1 − x2 = |cos(t)|. Rappelons que
π π
Arcsin(x) est une bijection de [−1, 1] sur [− , ], on prendra donc t =
π π 2 2 √
Arcsin(x) et dans ce cas t ∈ [− , ] vérifie cos(t) ≥ 0, donc 1 − x2 =
2 2
cos(t). Ainsi :
Z
I = cos2 (t)dt
1
Z
= (1 + cos(2t))dt on linéarise
2
1 1
= (t + sin(2t)) + C
2 2
1
= (t + sin(t) cos(t)) + C
2
1 p
= (Arcsin(x) + x 1 − x2 ) + C.
2
  Z 1p
Exemple 2. Soit à calculer I = 1 − x2 dx.
  0
π
On pose x = sin(t) donc dx = cos(t)dt et 0 ≤ x ≤ 1 ⇐⇒ 0 ≤ t ≤ 2, par
4.2 Méthode du changement de variable. 61

suite :
π
1 2
Z
I = (1 + cos(2t))dt
2 0
1 sin(2t) π2
= [t + ]0
2
π 2
=
4
N.B. Lorsque on calcule une intégrale, et non une primitive, il n’est pas
nécessaire de revenir à la variable initiale comme nous l’avons fait dans
l’exemple précédent. (Comparer les deux exemples)
 
dx
Z
Exemple 3. Soit à calculer I = √ . Dans ce genre d’exemples,
  4x2 + 25
on fait la décomposition canonique du trinôme (au cas par cas), ici on a
4x2 2x2 2 1 dx
Z
4x2 + 25 = 25( + 1) = 25(( ) + 1), donc I = » 2 . On
25 5 5 ( 2x5 )2 + 1
2
pose alors t = x, donc
5
1 dt
Z
I = √
2 2
t +1
1 p
= log(t + t2 + 1) + C
2
1 2 4x2
= log( x + + 1) + C
2 5 25
  Z 1
dx
Exemple 4. Soit à calculer I = √ . On effectue la
  −1 −x2 − 2x + 15
décomposition canonique du trinôme :

−x2 − 2x + 15 = −(x2 + 2x − 15)


= −[(x + 1)2 − 16]
x+1 2
= 16[1 − ( ) ].
4
Z 1
1 dx x+1 dx
D’où I = » . On pose alors t = , d’où dt = ,
4 1− ( x+1 2 4 4
4 )
−1
dx = 4dt. Pour x = −1, t = 0 et pour x = 1, t = 12 , donc
1
dt
Z
2
I = √
0 1 − t12
= [Arcsin(t)]02
1
= Arcsin( )
π 2
= .
6
62 Chap. 4: Intégration

  Z 0 p
Exemple 5. Soit à calculer I = −x2 − 2x + 1dx.
  −1
L’idée est toujours de décomposer le trinôme sous forme canonique et l’on
effectuera alors le changement de variable qui s’impose. Ici on a

−x2 − 2x + 1 = −(x2 + 2x − 1)
= −[(x + 1)2 − 2]
= 2[1 − ( x+1
√ )2 ]
2

√ R0 q
Donc I = 2 −1 1 − ( x+1
√ )2 dx. On pose alors
2
x+1

2
= sin(t) (∗) pour t ∈
[ −π π x+1
2 , 2 ] , donc t = Arcsin( 2 ). On a par (∗) cos(t)dt =
√ dx

2
ou encore

dx = 2 cos(t)dt, d’où

√ Z π
4
» √
I = 2 1 − sin2 (t) 2 cos(t)dt
Z π0
4
=2 cos2 (t)dt
Z π0
4
= (1 + cos(2t))dt
0
1 π
= [t + sin(2t)]04
2
π 1
= + .
4 2
 
x+2
Z
Exemple 6. Soit à calculer I = √
dx.
  − 2x − 8 x2
L’idée ici est d’écrire le numérateur comme un multiple de la dérivée du
trinôme qui se trouve sous la racine. On écrit alors x + 2 = 12 (2x − 2) + 3,
donc :
1 (2x − 2) dx
Z Z
I= √ +3 √ .
2 x2 − 2x − 8 x2 − 2x − 8
On a donc à calculer deux primitives ; noter bien que la deuxième est fa-
milière maintenant : on décompose le trinôme sous forme canonique. Calcu-
lons la première. On pose t = x2 − 2x − 8, dt = (2x − 2)dx donc

2x − 2 1 dt
Z Z
√ dx = √
2
x − 2x − 8 2
√ t
= √t + C
= x2 − 2x − 8 + C.

Pour la deuxième on écrit x2 − 2x − 8 = (x − 1)2 − 9 = 9[( x−1 2


3 ) − 1] donc
4.2 Méthode du changement de variable. 63

dx dx x−1 dx
R R
3 √
x2 −2x−8
= p x−1 . On pose alors t = 3 ou dt = 3 , d’où :
( 3
)2 −1

dx dt
Z Z
» =3 √
( x−1
3 )
2 −1 −1 t2

= 3 log t + t2 − 1 + C
x−1 x−1 2
= 3 log + ( ) − 1 + C.
3 3
En somme on a
x+2
Z p p
I= √ dx = x2 − 2x − 8 + 3 log x − 1 + x2 − 2x − 8 + C.
x2 − 2x − 8
 
ax + b
Z
Exemple 7. Primitives de la forme f (x, )dx.
  q cx + d
ax+b
Soit à poser en général t = cx+d pour se ramener à la recherche d’une
primitive d’une fraction rationnelle.
dx
Z
Soit à calculer I = √ .
x+7+4 x+2 √
Il faut noter qu’on doit avoir x ≥ −2. On pose t = x + 2, donc x = t2 − 2
et dx = 2tdt d’où
2tdt
Z
I =
t2
+ 4t + 5
2t + 4 dt
Z Z
= dt −
t2 + 4t + 5√ (t + 2)2 + 1 √
= log(x + 7 + 4 x + 2) − 4Arctan( x + 2 + 2) + C.
 
dx
Z
Exemple 8. Soit à calculer √ .
  x + 3 + x2 + 4x + 5
On écrit x2 + 4x + 5 = (x + 2)2 + 1 (forme canonique). On pose alors
p
x + 2 = sh(t) donc dx = ch(t)dt. Or ch2 t − sh2 t = 1, donc cht = 1 + sh2 t =

x2 + 4x + 5 d’où
chdt 1 et + e−t
Z Z
I= = dt.
1 + sht + cht 2 1 + et
(Jusqu’ici, l’interêt c’est qu’on a éliminé la racine carrée). Maintenant nous
avons à calculer une primitive d’une fonction rationnelle hyperbolique. On
effectue de nouveau le changement de variable s = et ou t = log s, d’où :
1 s2 + 1
Z
I= ds
2 s(s + 1)
et on utilise la décomposition en éléments simples (voir la suite).
64 Chap. 4: Intégration

4.3 Méthode d’intégration par parties (88 Stocks00 ) :

En partant de la relation (uv)0 = u0 v +uv 0 , lorsque u et v sont dérivables,


on déduit :
Z Z
u(x)v 0 (x)dx = u(x)v(x) − v(x)u0 (x)dx

u(x)v 0 (x)dx) est compliquée et on utilise la


R
En pratique, la première (i.e.
v(x)u0 (x)dx que l’on
R
formule pour se ramener à calculer la primitive de
trouve, en général, assez simple à calculer.
  Z
Exemple 1. Soit à calculer I = x cos(x)dx. On pose :
 
( (
u(x) = x u0 (x) = 1
=⇒
v 0 (x) = cos x v(x) = sin x

Donc : Z
I = x sin x − sin xdx
= x sin x + cos x + C.
  Z
Exemple 2. Soit à calculer I = x log xdx. On pose :
 
1
u0 (x) =
( (
u(x) = log x x2
=⇒
v 0 (x) = x x
v(x) =
2
Donc :
x2 x
Z
I = log x − dx
2 2
x2 x2
= log x − + C.
2 4
  Z
Exemple 3. Soit à calculer I = e−2x cos xdx. On pose :
 
( (
u(x) = e−2x u0 (x) = −2e−2x
=⇒
v 0 (x) = cos x v(x) = sin x
Z
donc I = e−2x sin x + 2 sin xe−2x dx. On applique la méthode de nouveau,
on pose :
( (
u(x) = e−2x u0 (x) = −2e−2x
=⇒
v 0 (x) = sin x v(x) = − cos x
4.3 Méthode d’intégration par parties (88 Stocks00 ) : 65

donc Z
h i
I = e−2x sin x + 2 − e−2x cos −2 e−2x cos xdx
Z
= e−2x sin x − 2e−2x cos x −4 e−2x cos xdx
= e−2x sin x − 2e−2x cos x − 4I

d’où 5I = e−2x [sin x − 2 cos x] + C i.e.

1
I = e−2x [sinx − 2 cos x] + C.
5

Primitives de la forme Pn (x)ekx dx, Pn étant un po-


R
4.3.1
lynôme de degré n et k ∈ R.

Ces primitives se calculent en pratiquant plusieurs fois la méthode d’intégration


par parties. Mais l’expérience montre que ces primitives sont de la forme
F (x) = Qn (x)ekx où Qn est un polynôme de degré n. Il sera donc plus ra-
pide de déterminer Qn (x) en écrivant F 0 (x) = Pn (x)ekx .

  Z
Exemple. Soit à calculer I = (x2 − 5x + 7)e−x dx. Les pimitives sont
 
de la forme :

F (x) = (a0 x2 + a1 x + a2 )e−x + C

où a0 , a1 , a2 sont à déterminer. On a :

F 0 (x) = h(2a0 x + a1 − a0 x2 − a1 x − a2 )e−x i


= − a0 x2 + (2a0 − a1 )x + (a1 − a2 ) e−x .

On écrit F 0 (x) = (x2 − 5x + 7)e−x il vient :

( −a0 =1 ( a = −1
0
2a0 − a1 = −5 =⇒ a1 = 3 ;
a1 − a2 = 7 a2 = −4

d’où Z
I = (x2 − 5x + 7)e−x dx
= (−x2 + 3x − 4)e−x + C.
66 Chap. 4: Intégration

R kx R kx
4.3.2 Primitives de la forme e cos pxdx et e sin pxdx.

Il suffit de faire deux intégrations par parties. Mais l’expérience montre


qu’elles sont de la forme :

F (x) = ekx (λ cos px + ν sin px) + C

où λ et ν sont des coefficients qu’on cherche alors, parfois, à déterminer en


écrivant :
( ekx cos px
F 0 (x) = ou .
ekx sin px
  Z
Exemple. Soit à calculer e−2x cos xdex (déjà fait autrement). Les pri-
 
mitives sont de la forme :

F (x) = e−2x (λ cos x + ν sin x) + C.

On a
F 0 (x) = e−2x (−λ
h
sin x + ν cos x − 2λ cos x −i2ν sin x)
= e−2x (ν − 2λ) cos x − (λ + 2ν) sin x .

On écrit F 0 (x) = e−2x cos x on obtient


®
ν − 2λ = 1
.
λ =0

Question. Justifier cette identification (Algèbre linéaire). On obtient alors


1
ν= 5 et λ = −2ν = − 52 , d’où :

1
I = e−2x (−2 cos x + sin x) + C.
5

4.3.3 Cas d’une intégrale.

De la relation (uv)0 = u0 v + uv 0 on tire :


Z b h ib Z b
u(x)v 0 (x)dx = u(x)v(x) − v(x)u0 dx.
a a a

Ici u et v sont deux fonctions possédants des dérivées continues sur [a, b].
4.4 Intégration des fonctions rationnelles : 67

  Z e
Exemple. Soit à calculer I = log xdx. On pose :
  1
( ( 1
u(x) = log x u0 (x) =
=⇒ x ;
v 0 (x) = 1 v(x) =x

donc Z e
h ie dx
I = x log x − x
1 1 x
=e− [x]e1
= e − (e − 1)
= 1.

4.4 Intégration des fonctions rationnelles :

Principe. Pour déterminer les primitives d’une fraction rationnelle il faut la


décomposer en somme d’un polynôme (partie entière) et de fractions simples
[c’est la décomposition en éléments simples, voir cours d’Algèbre], dont on
sait calculer les primitives. Les primitives s’obtiennent alors en faisant la
somme des primitives de chacun des termes de la décomposition en éléments
simples en question.
1) Partie entière : c’est un polynôme, ses primitives se calculent aisément.
A
2) x−a ; on pose t = x − a et alors :

A
Z
dx = A log |x − a| + C.
x−a
A
3) avec n > 1, idem, on obtient :
(x − a)n
A
Z Z
dx = A(x − a)−n dx
(x − a)n
A
= (x − a)−n+1 + C
−n + 1
A
= + C.
(1 − n)(x − a)n−1
 
x+3
Z
Exemple. Soit à calculer I = dx.
  x(x − 1)3
On obtient par DES,

x+3 3 3 4 3
3
= − 2
+ 3
− .
x(x − 1) x − 1 (x − 1) (x − 1) x
68 Chap. 4: Intégration

donc
3 4
I = 3 log |x − 1| + − − 3 log |x| + C
x − 1 2(x − 1)2
3 2 x−1
= − 2
+ 3 log + C.
x − 1 (x − 1) x
Cx + D αx + β
Z
4) 2 , même méthode que √ dx. On fait apparaı̂tre
x + px + q ax2 + bx + c
au numérateur un multiple de la dérivée du dénominateur, et en aura ensuite
à écrire x2 + pq + q sous forme canonique.

 
2x + 1
Z
Exemple. Soit à calculer I = dx.
  (x2 + 1)(x2 + x + 2)
La DES donne :
1
2x + 1 1 x+3 2x + 2
2 2
= 2
− 2
.
(x + 1)(x + x + 2) 2x +1 x +x+2
donc
1
1 x+3 2x + 2
Z Z
I= dx − dx.
2 x2 + 1 x2 + x + 2
On a donc à calculer chacune des primitives. On écrit :
x+3 1 2x dx
Z Z Z
• = dx + 3
x2 + 1 2 x +1 2 2
x +1
1
= log(x2 + 1) + 3Arctanx + C.
2
1 1 1
• x+2 = 4 (2x + 1) + 2 − 4
2
1 7
= (2x + 1) .
4 4
Ainsi
1
2x + 2 1 2x + 1 7 dx
Z Z Z
2
dx = 2
dx + 2
x +x+ 2 4 x +x+2 4Z x + x + 2
1 2 7 dx
= log(x + x + 2) + 2
.
4 4 x +x+2
dx
Z
Pour calculer , on décompose x2 + x + 2 sous forme canonique :
x2 + x + 2
1 7
x2 + x + 2 = (x + )2 + , donc
2 4
dx dx
Z Z
2
= 1 2 7
x +x+2 Z(x + 2 ) + 4
4 dx
= 1
7 ( x+ √ 2 )2 + 1
7
2
4 dx
Z
= .
7 ( 2x+1
√ )2
7
+1
4.4 Intégration des fonctions rationnelles : 69


2x+1 √2 dx 7
On pose alors u = √
7
donc du = 7
d’où dx = 2 du, par suite :

dx 2 du
Z Z
2
=√
x +x+2 7 1 + u2
2
= √ Arctanu + C
7
2 2x + 1
= √ Arctan √ + C.
7 7
Finalement

1 2 3 1 2 7 √
I = log(x + 1) + Arctanx − log(x + x + 2) − Artan2x + 1 7 + C
4 2 4 2
1 x2 + 1 1 √ 2x + 1 
= log 2 + 3Arctanx − 7Arctan √ + C.
4 x +x+2 2 7
Cx + D
5) , m > 1, p2 − 4q < 0. C’est la même démarche que pour
(x2+ px + q)m
le 4). Nous allons l’expliciter sur des exemples concrets.

 
x3 + 4x − 1
Z
Exemple. Soit à calculer I = dx.
  (x2 + 1)3
x3 + 4x − 1 x 3x − 1
La DES donne = 2 + ; donc :
(x2 + 1)3 (x + 1)2 (x2 + 1)3
xdx x dx
Z Z Z
I= +3 dx −
(x + 1)2
2 (x + 1)3
2 (x2 + 1)3
On pose t = x2 + 1, dt = 2xdx et donc :
x 1 dt
Z Z
2 2
dx =
(x + 1) 2 t2
1
+C=−
2t
1
=− 2
+ C.
2(x + 1)
x 1 dt
Z Z
2 3
dx =
(x + 1) 2 t3
1
= − 4t2 + C
1
=− + C.
4(x2 + 1)2
dx
Z
Il reste à calculer . Pour cette fin, on écrit :
(x2 + 1)3
dx x2 + 1 x2
Z Z Z
= dx − dx
(x2 + 1)3 2
Z (x + 1)
3 (x2 + 1)3
dx x.x
Z
= 2 2
− dx.
(x + 1) (x + 1)3
2
70 Chap. 4: Intégration

On pose (par partie) :

u0 (x) = 1
( (
u(x) = x
=⇒
v 0 (x) = (x2 +1)
x
3 v(x) = − 4(x21+1)2

et donc :
x2 x 1 dx
Z Z
2 3
dx = − 2 2
+ ;
(x + 1) 4(x + 1) 4 (x2 + 1)2

d’où :
dx x 3 dx
Z Z
2 3
= 2 2
+ ;
(x + 1) 4(x + 1) 4 (x2 + 1)2

mais, en opérant de même on a :

dx x2 + 1 x2
Z Z Z
= dx − dx
(x + 1)2
2 (x2 + 1)2 Z (x2 + 1)2
dx x2
Z
= − dx
x2 + 1 Z (x2 + 1)2
x2
= Artanx − dx.
(x + 1)2
2

x2 x.x
Z Z
Pour calculer dx = dx, on intègre par parties comme
(x2 + 1)2 (x2+ 1)2
précédemment :

u0 (x) = 1
( (
u(x) = x
=⇒ .
v 0 (x) = (x2 +1)
x
2 v(x) = − 2(x21+1)

Ainsi
x2 −x dx
Z Z
2
dx = 2
+
x +1 2(x + 1) 2(x2 + 1)
−x 1
= + Arctanx + C.
2(x2 + 1) 2
D’où finalement :

dx x 3 x 
Z
= + Arctanx + + C.
(x2 + 1)3 4(x2 + 1)2 8 x2 + 1

et par regroupement on obtient :

1  3x + 4 x+3 3 
I=− 2
+ 2 2
+ Arctanx + C.
4 2(x + 1) (x + 1) 2
4.4 Intégration des fonctions rationnelles : 71

4.4.1 Intégrale d’une fraction rationnelle.

P
Soit f = Q une fraction rationnelle irréductible. Si [a, b] ne contient
Rb
aucune racine de Q, alors pour calculer a f (x)dx on emploie les mêmes
méthodes que pour la recherche des primitives.

  R1 x+3
Exemple 1. Soit à calculer I = 0 x2 −x−2 dx.
 
Les racines 2 et −1 de x2 − x − 2 sont en dehors de [0, 1]. La DES donne
x+3 5 2
x2 −x−2
= 3(x−2) − 3(x+1) et

h i1 h i1
5 2
I = 3 log |x − 2| − 3 log |x + 1|
0 0
= − 73 log 2.

  R1 dx
Exemple 2. Calculer I = −2 x2 +4x+13 .
 
Le trinôme x2 + 4x + 13 n’a pas de racines réelles, donc on peut calculer I.
La décomposition canonique de x2 + 4x + 13 est x2 + 4x + 13 = (x + 2)2 + 9,
donc :

Z 1
dx
I = 2
Z 1(x + 2) + 9
−2
1 dx
= .
9 −2 1 + ( x+23 )
2

x+2
Le changement de variable t = 3 donne alors

1 1 dt
Z
I =
3 h 0 1 + ti2
1 1
= Arctant
3π 0
= .
12
72 Chap. 4: Intégration

4.5 Intégration des fonctions rationnelles trigonométriques


et hyperboliques.
4.5.1 Polynômes trigonométriques en sinus et cosinus.
Z
Primitives de la forme I = sinm x cosn xdx, m ou n impair.

Si (par exemple) m = 2p + 1 on a :
Z
I = sin2p x cosn x sin xdx
Z
= (1 − cos2 x)p cosn x sin xdx.

On pose alors t = cos x et donc on obtient I = (1−t2 )p tn (−dt) que l’on sait
R

calculer : c’est un polynôme en t. On revient ensuite à la variable initiale.


La même méthode s’applique si n est impair en posant t = sin x.

  Z
Exemple 1. Soit à calculer I = sin3 x cos2 xdx.
 
En posant t = sin x, on a :
Z
I = sin2 x cos2 x sin xdx
Z
= (1 − cos2 x) cos2 x sin xdx
Z
=− (1 − t2 )t2 dt
Z Z
= − t2 dt + t4 dt
−1 3 1 5
= t + t +C
3 5
−1 1
= cos3 + cos5 x + C.
3 5
  Z
Exemple 2. Calculer sin2 x cos3 xdx.
 
On pose t = sin x, dt = cos xdx d’où :
Z
I = (t2 − t4 )dt
1 1
= t3 − t5 + C
3 5
1 1
= sin3 x − sin5 x + C.
3 5
N.B. La méthode s’applique lorsque m = 0 ou n = 0.
4.5 Intégration des fonctions rationnelles trigonométriques et
hyperboliques. 73
  Z
Exemple 3. Calculer I = cos5 xdx.
 
Poser t = sin x, on aura :
Z
I = cos4 x cos xdx
Z
= (1 − sin2 x)2 cos xdx
Z
= (1 − t2 )2 dt
2 1
= t − t3 + t5 + C
3 5
2 1
= sin x − sin3 x + sin5 x + C.
3 5
Z
Primitives de la forme I = sinm x cosn xdx, m et n tous les deux
pairs.

Dans ce cas il faut linéariser en utilisant les formules trigonométriques


et ou les formules d’Euler :
eix − e−ix eix + e−ix
sin x = , cos x =
2i 2
Voici un exemple illustratif.

  Z
Exemple. Soit à calculer I = cos6 xdx.
 
La formule d’Euler donne :
h eix + e−ix i
cos6 x =
2
On développe à l’aide de la formule du binôme (cf cours d’Algèbre) et on
regroupe les termes deux à deux :
1 h 6ix −6ix 4ix −4ix 2ix −2ix
i
cos6 x = (e + e ) + 6(e + e ) + 15(e + e ) + 20
26
1
= 6 (2 cos 6x + 12 cos 4x + 30 cos 2x + 20)
2
1
= 5 (cos 6x + 6 cos 4x + 15 cos 2x + 10).
2
On déduit que :
1 sin 6x 6 sin 4x 15 sin 2x
I = ( + + + 10x) + C
25 6 4 2
1 1 5x
= ( sin 6x + 3 sin 4x + 15 sin 2x) + + C.
64 3 16
74 Chap. 4: Intégration

Remarque 4.5.1. Il n’est pas inutile de rappeler ici que :

1 − cos 2x 1 + cos 2x 1
sin2 x = , cos2 x = , sin x cos x = sin 2x,
2 2 2
1 1
sin a cos b = [sin(a + b) + sin(a − b)], sin a sin b = [cos(a − b) − cos(a + b)],
2 2
1
cos a cos b = [cos(a + b) + cos(a − b)].
2

4.5.2 Fractions rationnelles en sinus et cosinus.


Z
Lorsque on a affaire à f (sin x, cos x)dx, f rationnelle, on se ramène
par changement de variable à la recherche des primitives d’une fraction ra-
tionnelle que l’on sait déterminer. Le problème est donc de savoir choisir le
bon changement de variable. Pour cet effet les consignes suivantes facilitent
le choix à faire.
Si l’élément différentiel f (sin x, cos x)dx est invariant lorsque on remplace :

1. x par (−x), dans ce cas on pose t = cos x.

2. x par (π − x), on pose t = sin x.

3. x par (π + x), on pose t = tan x.

Sinon on pose t = tan x2 , x = Arctant, dx = 2dt


1+t2
en se souvenant des
formules
2t 1 − t2 2t
sin x = , cos x = , tan x = .
1 + t2 1 + t2 1 − t2
Cette méthode est générale mais les calculs sont longs, et donc à n’utiliser
qu’en dernier recours.
La DES est de la forme :

1 A C1 t + D 1
= + 2
(t + 1)(t2 + 1) t+1 t +1
1
On multiplie les deux membres par t + 1 et on fait t = −1, on aura A = 2 ;
On multiplie les deux membres par t et on fait tendre t vers +∞ on aura
1
0 = A+ C 1 = 2 + D1 , d’où D1 = 12 . Donc on a :

1 1 1 1−t
= + ;
(t + 1)(t2 + 1) 2(t + 1) 2 t2 + 1
4.5 Intégration des fonctions rationnelles trigonométriques et
hyperboliques. 75

donc :
1 1 1 t
Z
I = log |t + 1| + Arctant − 2
dt
2 2 2 t +1
1 1 1
= log |t + 1| + Arctant − log(t2 + 1) + C.
2 2 4
On revient à la variable initiale,

1 1 1
I = log |tan x + 1| + Arctan(tan x) − log(tan2 x + 1) + C
2 2 4
1 1 |1 + tan x|
= x + log √ +C
2 2 1 + tan2 x
1 1
= x + log |cos(1 + tan x)| + C
2 2
1 1
= x + log |cos x + sin x| + C.
2 2
 
cos x
Z
Exemple 1. Soit à calculer I = dx.
  sin4 x
cos x
L’élément différentiel dx est invariant lorsque on change x en π − x,
sin4 x
on pose donc t = sin x, dt = cos xdx et ainsi

dt
Z
I =
t4
−1 3
= t +C
3
−1
= + C.
3 sin3 x
 
sin x
Z
Exemple 2. Calculer dx.
  1 + cos x
sin x
L’élément dx ne change pas lorsque on change x en −x ; on pose
1 + cos x
donc y = cos x, dt = − sin xdx. Donc

dt
Z
I =−
1+t
= − log |1 + t| + C
= − log |1 + cos x| + C.
 
dx
Z
Exemple 3. Calculer I = .
  1 + tan x
On a
sin x cos x + sin x
1 + tan x = 1 + =
cos x cos x
dx cos xdx
L’élément = est invariant lorsque on change x en
1 + tan x cos x + sin x
dt
x + π, on pose alors t = tan x, dt = (1 + tan2 x)dx ou dx = . Donc
1 + t2
76 Chap. 4: Intégration

dt
Z
I= . Faisons la DES.
(t + 1)(t2 + 1)
 
dx
Z
Exemple 4. Soit à calculer I = .
  1 + sin x
dx
Ici aucune invariance pour 1+sin x , on applique donc la méthode générale.

On pose t = tan x2 , x = 2Arctant, dx = 2dt


1+t2
. Donc :
Z 2dt
1+t2
I = 2t
1 + 1+t 2
2dt
Z
= 2
Z 1 + t + 2t
2dt
= .
(1 + t)2
On pose, ensuite, u = 1 + t, du = dt, par suite :
du
Z
I =2
u2
−2
= +C
u
−2
= +C
1+t
−2
= + C.
1 + tan x2

4.5.3 Primitives des fonctions rationnelles hyperboliques.


Z
Lorsque on a affaire à f (shx, chx)dx avec f rationnelle on applique
les règles suivantes.
Si l’élément différentiel f (shx, chx)dx est invariant lorsque on remplace :

1. x par −x, on pose t = chx,

2. x par π − x, on pose t = shx,

3. x par π + x, on pose t = thx.

En général, il est possible de poser t = ex pour se ramener à une fonction


rationnelle en t.

  Z
Exemple 1. Soit à calculer I = ch3 xdx.
 
On a
Z Z
2
I= ch xchxdx = (1 + sh2 )chxdx.
4.6 Application aux sciences de l’ingénieur 77

On pose t = shx, dt = chxdx et donc :


Z
I = (1 + t2 )dt
t3
=t+ +C
3
1
= shx + sh3 x + C.
3
 
dx
Z
Exemple 2. Calculer I = .
  chx
2dx
Z
En utilisant la définition de ch(x) on a I = . En multipliant le
+ eZ−x x ex
e
numérateur et le dénominateur par ex , il vient I = 2 2x
dx. On pose
e +1
t = ex , dt = ex dx, donc

dt
Z
I =2
+1 t2
= 2Arctant + C
= 2Arctan(ex ) + C.

4.5.4 Intégrales des fonctions rationnelles trigonométriques


ou hyperboliques.

Le principe est le même que pour le calcul des primitives en prenant soin
de changer les bornes lorsque on effectue un changement de variable.

  π
sin θ
Z
2
Exemple. Soit à calculer I = dθ.
  0 (1 + cos θ)
sin θ
L’élément différentiel dθ est invariant lorsque on change θ en −θ ;
(1 + cos θ)
par conséquent on pose t = cos θ, dt = − sin θdθ, aussi si θ = 0 on a t = 1
π
et si θ = 2 on t = 0. Donc en posant u = 1 + t on a :
Z 0 Z 1 Z 2 h −1 i2
dt dt du 1 1
I=− = = = =− +1= .
1 (1 + t)2 0 (1 + t)2 0 u2 u 1 2 2

4.6 Application aux sciences de l’ingénieur


4.6.1 Valeur moyenne et valeur efficace. Puissance et énergie

Ici les fonctions joueront le rôle de signaux dépendant du temps.


78 Chap. 4: Intégration

Soit un élément de circuit électronique alimenté par une tension t 7→ u(t)


et un intensité t 7→ i(t). En un laps de temps dt, le circuit en question est
traversé par une charge dq = i(t)dt.
L’énergie fournie au dipôle pendant le temps dt est par définition

dW = u(t)i(t)dt

La puissance instantanée est

dW
P = = u(t)i(t)
dt

L’énergie consommée pendant un intervalle de temps [a, b] est


Z b
W = u(t)i(t)dt
a

La valeur moyenne d’un signal t 7→ f (t) sur [a, b] et


Z b
1
Vm = f (t)dt
b−a a

Si f est continue sur [a, b], l’existence de Vm est assurée par la propriété
de la moyenne et le théorème des valeurs intermédiares. En effet, toutes les
valeurs comprises entre m = inf t∈[a,b] f (t) et M = supt∈[a,b] f (t) sont prises
par f gràce à la continuité de f . Donc il existe c ∈ [a, b] tel que
Z b
1
Vm = f (c) = f (t)dt
b−a a

La valeur efficace d’un signal t 7→ f (t) est le réel donné par


ñ Z b ô
1 2
Ve = (f (t)) dt
b−a a

En électronique la valeur efficace Ie d’un courant i 7→ i(t) est l’intensité d’un


courant continu qui dégage la même énergie dans une résistance R pendant
le même intervalle de temps.
Mais dans une résistance R traversée par un courant continu, l’énergie
dégagée par effet Joule est

W = (b − a)RIe2
4.6 Application aux sciences de l’ingénieur 79

D’un autre côté, l’énergie du courant i 7→ i(t) est


Z b
W = R[i(t)]2 dt (Loi de Joule)
a

Par identification, on retrouve bien la définition annoncée.


Dans le cas où le courant i(t) est sinusoı̈dal de la forme i(t) = I sin(ωt),
I étant la valeur maximale, l’énergie dégagée pendant une periode T est

RI 2 T
Z T Z T
1 − cos(2ωt)
W = R[i(t)]2 dt = RI 2 dt =
0 0 2 2

Mais l’énergie dégagée par un courant continu durant une période est W =
RIe2 de sorte que Ie = √I : c’est une autre définition de la valeur efficace.
2

Si i(t) = I sin(ωt) avec un pulsation w = T alors sa valeur moyenne sur
une période est
Z T
1
Vm = I sin(ωt)dt = 0
T 0

Par contre si ce courant a été redressé alors i(t) = |sin(ωt)|, claculer alors
saa valeur moyenne.

4.6.2 Travail effectué par une force

Le travail W effectué par une force constante F et qui agit sur une
distance l le long d’une droite est W = F.l.
Si la force est variable alors
n
X Z b
W = limn→+∞ F (xk )∆k x = F (x)dx
k=1 a

Exemple :
Sous certaines contraintes raisonnables la force necessaire pour tendre un
ressort est proportionnelle à son allongement, la constante de proportionalité
est appelée la constante de rappel (ou raideur) du ressort.
Soit une force de 100N necessaire à l’allongement de 0, 5cm en suppo-
sant que la longueur au repos est de 25cm. Calculer le travail effectué pour
l’allonger de 27 à 30cm.
Si x désigne l’allongement, alors F (x) = kx.
80 Chap. 4: Intégration

Si x = 0, 5cm alors F (x) = 100 et donc k = 200 ce qui donne F (x) =


200x.
R5
Le travail demandé est W = 2 200xdx = 2100cmmN = 21J

Riemann, Georg Friedrich Bernhard (1826-


1866), mathématicien allemand né à Brese-
lenz, fit ses études universitaires à Göttin-
gen et à Berlin. A partir de 1857, il
enseigna à l’université de Göttingen. Sa
thèse de doctorat, Principes fondamentaux
pour une théorie générale des fonctions
d’une variable complexe (1851), annonça
plusieurs de ses principales découvertes.
On y trouve en particulier la notion de
surfaces de Riemann, leur étude topolo-
gique et les applications à la théorie des
intégrales abéliennes, qu’il développa dans
un mémoire fondamental, en 1857. Dans un
mémoire de 1853, consacré aux séries tri-
gonométriques, il donna une définition de
son intégrale. Mentionnons son texte vi-
sionnaire de 1854, publié en 1868, où il
pose les bases d’une géométrie générale,
extension de la géométrie euclidienne à
des espaces de dimension quelconque. La
géométrie riemannienne, développée à par-
Fig. 4.4 B. Riemann
tir de ses idées, est devenue un cadre indis-
pensable en mathématiques et dans la phy-
sique de la relativité générale. Enfin, son
nom est attaché à une conjecture toujours
non résolue relative à la distribution des
zéros de la fonction zÃa ta introduite par
lui, et dont les propriétés sont intimement
liées à l’étude des nombres premiers.
Equations
5 différentielles

Ce chapitre sera délibérément orienté vers la pratique en vue d’acquérir


l’apprentissage des méthodes de résolutions différentielles que l’on rencontre,
entre autre, en géométrie, en physique, en mécanique, en chimie ou en
sciences biologiques. Les questions théoriques, non moins importante, se-
ront étudiées ultérieurement.

Une équation différentielle est une équation qui contient des dérivées.
L’ordre le plus élevé de la dérivée qui figure dans cette équation sera dit
l’ordre de l’équation différentielle.

 
Exemples.
 

dy
1. y 0 = 2x + 5 (y 0 = dx ), x2 y 0 + xy − 3x = 0 sont des équations
différentielles d’ordre 1.

2. y 00 + 3y 0 + 2y = 0, (y 00 )2 + (y 0 )3 + 3y − x2 = 0 sont des équation


différentielles du second ordre.

3. y 000 + 2(y 00 )2 + y 0 = cos x. Il s’agit ici d’une équation différentielle du


troisième ordre.

On peut donc envisager des équations différentielles de n’importe quel ordre.


Leur résolution n’est pas en général une mince affaire. On se limitera donc
à des équations différentielles du 1er ordre et du seconde ordre que l’on
rencontre souvent en pratique.

81
82 Chap. 5: Equations différentielles

5.1 Equations différentielles du 1er ordre

ce sont, donc, des relations de la forme (E) : φ(x, y, y 0 ) = 0 où y = y(x)


dy
est dérivable et y 0 (x) = dx .

 
Exemple. Dans sa chute dans l’air, un corps de masse m est soumis à
 
son poids mg et à la résistance de l’air supposée proportionnelle au carré
de la vitesse i.e. R = kv 2 . Son équation de mouvement s’écrit mg − kv 2 =
m dV 0 2
dt = mv̇ ou encore mv + kv = mg. Le mouvement du corps en question

est donc régi par une équation différentielle du 1er ordre.

Définition 5.1.1. Intégrer (ou résoudre) une équation différentielle de la


forme (E) revient à chercher, si elles existent, des fonctions y dérivables
vérifiant (E). Ces fonctions sont appelées solutions ou intégrales de l’équation
différentielle (E).

L’exemple le plus simple est celui où (E) s’écrit sous la forme y 0 = f (x).
Dans ce cas la solution générale s’écrit :
Z
y= f (x)dx + K (K constante)

(Encore faut-il pouvoir déterminer une primitive de f !).

5.1.1 Equations du 1er ordre à variables séparées

Définition 5.1.2. Ce sont des équations différentielles de la forme (E1 ) :


y 0 f (y) = g(x) où f et g sont des fonctions continues respectivement sur des
intervalles I et J.

L’équation (E1 ) peut encore s’écrire f (y)dy = g(x)dx, ce qui justifie la


terminologie 88 séparation des variables00 .

Proposition 5.1.3. Si F est une primitive de f et G est une primitive de


g alors y(x) vérifie (E1 ) si et seulement si F (y) = G(x) + c, c ∈ R.
5.1 Equations différentielles du 1er ordre 83

Preuve. Il suffit d’écrire que :


y 0 f (y) − g(x) = (F ◦ y)0 (x) − G0 (x)
h i0
= (F ◦ y)(x) − G(x) .

(E1 ) est donc vérifiée par y si et seulement si F (y) − G(x) = C te .


 
Exemple 1. Intégrer dans R∗+ l’équation suivante :
 
yy 0 1
2
=
1+y x
ydy dx
Cette équation peut se mettre sous la forme : 2
= . En intégrant les
1+y x
ydy dx
Z Z
deux membres on obtient : = + C, ou encore
1 + y2 x
1
log(1 + y 2 ) = log x + C, x ∈ R∗+ , c ∈ R
2
= log x + log k
= log xk avec k = ec > 0.
On obtient y 2 = k 2 x2 − 1 ou encore :
p 1
y = ± k 2 x2 − 1 pour x ∈] , +∞[.
k
N.B. Les solutions obtenues ne sont, donc, pas toutes définies sur R∗+ tout
entier.

 
Exemple 2. Soit à intégrer l’équation différentielle y 0 = λy, λ ∈ R. On
 
dy
écrit que y = λdx. Mais il faut s’assurer que la (ou les) solutions y que l’on
obtient ne s’annule pas sur l’intervalle I qu’on envisage i.e. ∀x ∈ I, y(x) 6= 0.
Dans ces conditions on aura immédiatement : log |y| = λx + c, c ∈ R ; ou
encore |y| = keλx avec K = ec > 0 ou encore y = K 0 eλx avec K 0 6= 0.

Dans la pratique on peut avoir affaire à des équations différentielles


qui peuvent se ramener, moyennant quelques opérations élémentaires, à
des équations différentielles à variables séparées. C’est en particulier le cas
lorsque nous avons affaire à une équation de la forme :
y
y0 = f ( ) (5.1.1)
x
84 Chap. 5: Equations différentielles

y
Dans ce cas, on pose t = x i.e. y = tx. Par différentiation dy = tdx + xdt ou
dy dt
encore dx = t + x dx .
L’équation (7.1.1) devient donc :

dt
t+x = f (t) (5.1.2)
dx

dx dt
équation que l’on écrit sous la forme = à condition de supposer
x f (t) − t
6 t pour tout t et x =
f (t) = 6 0. Il faut donc travailler successivement sur
] − ∞, 0[ et sur ]0, +∞[.

 
Exemple 3. Soit à intégrer l’équation différentielle suivante :
 

x2 y 0 − x2 + xy − y 2 = 0, x > 0

y y
Cette équation s’écrit y 0 − 1 − − ( )2 = 0. On pose y = tx, donc dy =
x x
0 dy dt 0
tdx+xdt et y = = t+x = t+xt . L’équation s’écrit donc t0 x = (1−t)2 .
dx 0 dx
t 1 1
Pour t 6= 1 on a 2
= . Par intégration on obtient = log x + k
(1 − t) x 1−t
1 x
ou encore t = 1 − , (k ∈ R). Soit y = x − .
log x + k log x + k
Remarque 5.1.4. Noter bien que si t = 1, y(x) = x est aussi solution.

5.1.2 Equations différentielles (linéaire) du 1er ordre

Ce sont des équations de la forme :

a(x)y 0 + b(x)y + c(x) = 0 (E)

où a, b et c sont des fonctions données de x, continues en général lorsque.


Lorsque c ≡ 0, l’équation est dite homogène.

Remarque 5.1.5. Si a ne s’annule pas alors (E) s’écrit sous la forme y 0 =


b(x) c(x)
B(x)y + D(x) avec B(x) = − et D(x) = − . L’équation homogène
a(x) a(x)
associée est y 0 = B(x)y.
5.1 Equations différentielles du 1er ordre 85

Intégration de l’équation homogène.

L’équation homogène y 0 = B(x)y se présente comme étant à variables


séparées. On peut donc la résoudre aisément. Elle peut s’écrire (moyennant
des domaines à définir ) :
y0
= B(x)
y
Si la fonction B admet une primitive F (x) alors on a log |y| = F (x) + k, k ∈
R. Soit |y| = eF (x) ek ou encore y = ek eF (x) ou y = −ek eF (x) .
R
B(x)dx
Les solutions sont donc en définitive de la forme :y = Ke .
N.B. Pour K = 0, y = 0 est solution évidente.
 
Exemple . Soit à intégrer l’équation différentielle :
 
1
y0 + y=0
x2
1
Lorsque y ne s’annule pas on a : y 0 y = − et donc log |y| = 1
x + k, k ∈ R.
1 1
x2
Soit y = ±ek e x ou encore y = Ce x , c ∈ R.

Equation avec second membre.

Soit l’équation y 0 = B(x)y + C(x) (E).


Un fait important : Soit z une solution de l’équation homogène y 0 = B(x)y
et y0 une solution particulière de (E). Alors y = y0 + z est aussi solution de
(E). En effet :

y 0 = y00 + z 0 = B(x)y0 + C(x) + B(x)z


= B(x)(y0 + z) + C(x)
= B(x)y + C(x)
donc y = y0 + z est solution de E.
Inversement si y et y0 sont solutions de (E) alors y − y0 est solution de
l’équation homogène :y 0 = B(x)y + C(x) et y0 = B(x)y0 + C(x) donc (y −
y0 )0 = B(x)(y+y0 )
Il en résulte que la solution générale de (E) est de la forme y = y0 + z où z
est la solution générale de l’équation homogène associée à (E) et y0 est une
solution particulière de (E). La difficulté revient donc à trouver une solution
86 Chap. 5: Equations différentielles

particulière y0 de (E). A cet effet, quand on ne reconnaı̂t pas facilement une


solution particulière, on utilise une méthode dite  méthode de la variation
de la constante .
On part de la solution général de l’équation homogène z = KeF (x) . La
méthode, comme son nom l’indique, consiste à faire varier la constante K.
On cherche alors y0 sous la forme y0 = K(x)eF (x) . On a :

y00 = K
h
0 (x)eF (x) + K(x)F 0 (x)eF (x)
i
= K 0 (x) + K(x)B(x) eF (x)
= K 0 (x)eF (x) + B(x)y0

Mais y00 = B(x)y + C(x) (y0 solution de (E)) ; il vient donc K 0 (x)eF (x) =
C(x) C(x)
C(x) i.e. K 0 (x) = eF (x)
, et il s’agit de déterminer une primitive de eF (x)
pour
connaı̂tre y0 .
 
Exemple 1. Soit à intégrer l’équation différentielle du 1er ordre :
 
1 1
y0 = − 2
y+ 3
x x
• Résolution de l’équation homogène : y 0 = − x12 y. On a déjà trouvé
1
précédemment que y = Ce x .

• Variation de la constante : C sera considérée comme fonction de x à


1
fin de trouver une solution particulière. On écrit y = C(x)e x , on a
alors : 1 1
y 0 = C 0 e x − x12 Ce x
1
= C 0 e x − x12 y
= − x12 y + x13
1
1 e− x
Par identification il vient C 0e x = 1
x3
i.e. C0 = C 0 (x) = 3 i.e. C(x) =
x
− x1
e
Z
1
dx + K. On pose x = t et en intégrant par parties on obtient :
x3
1 1
C(x) = ( + 1)e− x + k
x

• La solution générale est donc :


1 1
y= + 1 + Ce x , c ∈ R
x
5.1 Equations différentielles du 1er ordre 87

 
Exemple 2. Soit à intégrer l’équation différentielle :
 

y 0 + y = x2

• La solution générale de l’équation homogène y 0 + y = 0 est y =


Ce−x , c ∈ R.

• Recherche d’une solution particulière. On peut utiliser comme précédemment


la méthode de la variation de la constante. Mais ici on peut opérer au-
trement vu la simplicité de l’équation. On cherche une solution parti-
culière sous forme d’un polynôme de degré 2. Soit alors y0 = ax2 +bx+c
une telle solution avec a, b, c à déterminer. On a y00 = 2ax + b et
l’équation s’écrit 2ax + b + ax2 + bx + c = x2 . Après identification on
obtient a = 1, b = −2, c = 2. D’où y0 = x2 − 2x + 2.

• La solution générale de l’équation est donc :

y = x2 − 2x + 2 + Ce−x , C ∈ R

5.1.3 Equation de Bernoulli


1 C’est une équation différentielle de la forme :

y 0 = a(x)y + b(x)y m , m > 1 (E)

où a(x) et b(x) sont des fonctions continues.


Noter que y = 0 est solution triviale (E). Nous allons chercher des solutions
non identiquement nulles. En divisant les deux membres de (E) par y m on
aura :
y0 a(x)
= m−1 + b(x)
ym y
1
et on effectue le changement de fonction suivant u(x) = . On a u0 (x) =
y m−1
1−m 0 y0 u0 (x) u0 (x)
y ou encore = . L’équation (E) s’écrit alors : 1−m =
ym ym 1−m
1. Jacques Bernoulli (1654-1705) mathématicien suisse, il a énoncé les premiers prin-
cipes du calcul infinitésimal et fait figure de pionnier dans la théorie des probabilités. Il
utilise le calcul infinitésimal dans un grand nombre de problèmes et il est le premier à
employer le mot  intégrale Â.
88 Chap. 5: Equations différentielles

a(x)u(x) + b(x) ou encore u0 (x) = (1 − m)a(x)u(x) + (1 − m)b(x). On a alors


affaire à une équation différentielle linéaire du premier ordre que l’on sait
intégrer.
Il est à noter que d’autres équations peuvent se ramener moyennant des
transformations appropriées à des équations différentielle linéaires du 1er
ordre qu’on sait résoudre. Ce pendant aucune règle générale ne peut être
établie. Dans chaque cas, c’est la forme de l’équation qui suggère la trans-
formation convenable.
 
Exemple . Soit à intégrer l’équation différentielle du 1er ordre non linéaire
 
(de degré 2) suivante :
y 1
y0 + y2 = −
x x2

• Noter que y0 = x1 est une solution particulière. Posons y = x1 + u1 . Il


1 u0 −1 u0 1 1 2 1 1 1
vient y 0 = − 2 − 2 , 2
− 2
+ 2 + 2 + = 2 + − 2 ; soit
x u x u x u xu x xu x
u0 1 1 0 1
+ + = 0 ou encore u = 1 + u équation linéaire d’ordre 1 en u.
u2 u2 xu x
u0 1
• Solution de l’équation homogène : = =⇒ u(x) = Cx, c ∈ R.
u x
• Variation de la constante :

u0 = C 0 x + C = 1 + x1 u
= 1 + x1 Cx
=1+C

soit, C 0 = 1
x =⇒ C = log Kx et on obtient :

u(x) = x log Kx + Cx
= x log x + x log K + Cx
= x log x + Bx

1 1
d’où y = + .
x x log x + Bx
1
N.B. Le point clé ici est la transformation u = y m−1
qui a permis de ramener
l’équation (E) non linéaire à une équation linéaire du premier ordre.
 
Exemple 1. Soit à intégrer l’équation différentielle :
 

(sin y)y 0 = cos y(1 − x cos y)


5.1 Equations différentielles du 1er ordre 89

sin y dy 1
Cette équation peut encore s’écrire 2
− = −x. En notant que
cos y dx cos y
d 1 sin y 1
( = , on effectue alors la transformation v = cos y et on obtient
dy cos y cos2 y
dv
dx − v = −x qu’on sait résoudre.
 
Exemple 2. Soit à intégrer l’équation différentielle suivante :
 
xy 0 − y + 3x3 y − x2 = 0

équation que l’on peut mettre sous la forme :

xdy − ydx + 3x3 ydx − x2 dx = 0


y
Le facteur xdy − ydx suggère ici d’effectuer la transformation x = v. Il vient
alors dv
dx + 3x2 v = 1 ou encore v 0 + 3x2 v = 1. Par la méthode déjà exposée
obtient (à faire !) :
Z Z
3 3 3 3 3
v = e−x ex dx + C et y = xe−x ex dx + Cxe−x
R x3
N.B. L’intégrale indéfinie e dx ne peut s’exprimer de façon élémentaire.

5.1.4 Equations non résolues par rapport à la dérivée : Equa-


tions de Lagrange-Clairaut.

Il s’agit d’équation de la forme :

y = xφ(y 0 ) + ψ(y 0 )

où π et ψ représentent certaines fonctions ; dans le cas particulier où φ(y 0 ) =


y 0 (i.e. φ ≡ Id) on est en presence de l’équation de Clairant 2 .
Une méthode de résolution de ces équations consiste à introduire un nouveau
paramètre p (c’est comme si on augmente la dimension d’une unité).
On pose ici y 0 = p ou encore dy = pdx, il vient alors y = xφ(p) + ψ(p) ;
dy = φ(p)dx + xφ0 (p)dp + ψ 0 (p)dp. Ainsi, vu que dy = pdx, on obtient :
h i h i
p − φ(p) dx = xφ0 (p) + ψ 0 (p) dp

2. Alexis Claude Clairaut (1713-1765), mathématicien français. A seize ans seule-


ment, il finit un traité intitulé Recherches sur les courbes à double courbure qui, lors de
sa publication en 1731, entraà R ne son admission à l’Académie des sciences, il trouve
également les solutions singulières de certaines équations du premier ordre et d’ordres
plus élevés.
90 Chap. 5: Equations différentielles

ou encore
h i dx
p − φ(p) = xφ0 (p) + ψ 0 (p)
dp
qui est une équation différentielle linéaire du premier ordre par rapport à x
(i.e. x est la fonction cherchée et p la variable) et que l’on sait donc résoudre
à condition que φ(p) 6≡ p (on exclut le cas de l’équation de Clairant).
La solution général sera donc de la forme :

x = Cf (p) + g(p)

où f et g sont des fonctions bien déterminées par les méthodes précédentes
et C est une constante.
La solution de notre équation de départ sera donc donnée sous forme pa-
ramétrique par le système :
®
x = x(p) = cf (p) + g(p)
y = y(p) = xφ(p) + ψ(p);

et on peut appliquer alors les méthodes du chapitre 4, 5 pour tacer les


courbes intégrales.
Dans le cas où φ(p) ≡ p (équation de clairant) alors on aura [xφ0 (p) +
ψ 0 (p)]dp = 0 ; et deux cas sont à considérer.
1er cas : dp = 0, ce qui donne p = c et donc

y = xφ(c) + ψ(c) = xc + ψ(c)

est la solution générale de l’équation de Clairaut-Lagrange ; c’est une famille


de droites. De façon formelle, la solution générale, dans ce cas, s’obtient en
substituant une constante à y 0 .
2ieme cas : xφ0 (p)+ψ 0 (p) = 0. Dans ce cas, le paramètre p peut être éliminer
dans le système suivant :
®
xφ0 (p) + ψ 0 (p) = 0
xφ(p) + ψ(p) = y

de telle sorte qu’on obtient y = γ(x) (fonction de x). Il reste à faire des
vérifications ; si la fonction y = γ(x) ainsi obtenue est solution de l’équation
5.1 Equations différentielles du 1er ordre 91

de clairant et qu’il n ’y a pas unicité de la solution alors la solution y = γ(x)


obtenue est une solution singulière de l’équation de clairant c’est à dire elle
ne peut pas s’obtenir par un choix particulier de la constante C (cf. 1er cas).
 
Exemple. Soit à résoudre l’équation différentielle de Clairant suivante :
 
1 2
y = xy 0 − y 0 . (?)
4
Noter bien que l’on a φ(p) = p. La solution générale s’obtient donc en
substituant à y 0 une constante C ; soit y = xC − 41 C 2 . On obtient, comme
prévu, une famille de droite. La solution singulière s’obtient en considérant
le système : ®
x − 12 p =0
xp − 14 p2 = y
pour obtenir y = x2 . On vérifie bien que y = x2 est solution de (?) ; comme
on a trouvé d’autres solutions (cf. 1er cas), la solution y = x2 est une solution
singulière : elle ne peut pas s’obtenir comme solution particulière.
En fait la parabole y = x2 (solution singulière) représente l’enveloppe de la
famille de droites y = xC − 14 C 2 (solution générale).
N.B. La droite (solution) y = 2x−1 correspond à C = 2 ; la droite (solution)
y = −2x − 1 correspond à C = −2 (voir figure 5.1)

>
O
−1 1
−1

Fig. 5.1
92 Chap. 5: Equations différentielles

5.2 Equations différentielles du second ordre

Dans ce § on s’intéressera uniquement aux équation différentielles linéaires


du second ordre et à coefficients constants. Elles sont de la forme :

ay 00 + by 0 + cy = f (x) (E)

où a, b, c sont des constantes réelles et f est une fonction continue.


Lorsque f ≡ 0, l’équation (E) sera dite homogène ou sans second membre.

5.2.1 Résolution de l’équation homogène.

On se propose de résoudre l’équation homogène :

ay 00 + by 0 + cy = 0 (E0 )

Une vérification immédiate montre que l’ensemble des solutions de (E0 ) est
un C−espace vectoriel. L’équation ar2 + br + c = 0 qu’on obtient à partir
de (E0 ) s’appelle l’équation caractéristique associée à l’équation homogène.
Soit alors ∆ = b2 − 4ac son discriminant.
Nous avons le résultat suivant :

Proposition 5.2.1. 1. Si ∆ = 0, l’équation caractéristique admet une


racine double r et dans ce cas les solutions de (E0 ) sont de la forme :

y = (K1 + K2 x)erx ; K1 , K2 ∈ R.

2. Si ∆ 6= 0, l’équation caractéristique admet deux racines r1 et r2 (réelles


ou complexes) ; et dans ce cas les solutions de (E0 ) sont de la forme :

y = K1 er1 x + K2 er2 x ; K1 , K2 ∈ C.
 
Exemples.
 
1. Soit à résoudre l’équation différentielle homogène :

y 00 + 2y 0 − 3y = 0.

Sont équation caractéristique est r2 + 2r − 3 = (r − 1)(r + 3) = 0. On


a alors y = K1 ex + K2 e−3x .
5.2 Equations différentielles du second ordre 93

2. Soit à résoudre l’équation différentielle homogène :

y 00 − 4y 0 + 4y = 0.

Son équation caractéristique est r2 − 4r + 4 = (r − 2)2 . La solution est


donc y = (K1 + K2 x)e2x .

Remarque 5.2.2. La proposition ci-dessus exprime que le C−espace vectoriel


des solutions de (E0 ) est de dimension 2 dont une base est donnée par :

1. (erx , xerx ) si r est racine double de l’équation caractéristique.

2. (er1 x , er2 x ) si r1 et r2 sont les deux racines distinctes de l’équation


caractéristique.

Pour d’autres écritures de la solution générale de (E0 ) en termes de fonctions


trigonométriques ou hyperboliques on peut consulter le polycopié de TD.

5.2.2 Recherche pratique d’une solution particulière

Comme pour les équtions linéaire du 1er ordre, la solution générale de


(E) s’obtient en faisant la somme d’une solution particulière yp de (E) et
de la solution générale y0 de l’équation homogène (E0 ) associée à (E). Au-
trement dit y = y0 + yp ; y0 étant déterminée par la proposition du §7.3.1 et
yp peut être déterminée par des méthodes simples lorsque le second membre
(f ) possède des formes adéquates.

Cas où f (x) est un polynôme P (x).

1. P (x) = k ∈ C.
L’équation (E) s’écrit :ay 00 + by 0 + cy = k.
On a alors :
k

 yp = e
 si c 6= 0,
kx
y = si c = 0 et b 6= 0,
 p b
kx2
yp = si b = c = 0 et a 6= 0.

2a

2. P (x) est un polynôme de degré n.


On cherche yp sous la forme yp = Q(x), Q(x) étant un polynôme tel
94 Chap. 5: Equations différentielles

que : 
 deg(Q) = deg(P )
 si c 6= 0,
deg(Q) = deg(P ) + 1 si c = 0 et b 6= 0,
 deg(Q) = deg(P ) + 2 si b = c = 0 et a 6= 0.

 
Exemple. Soit à intégrer l’équation différentielle :
 

y 00 − 2y 0 + 2y = x2 − x + 3.

• Solution de l’équation homogène y 00 − 2y 0 + 2y = 0.


Equation caractéristique : r2 − 2r + 2 = 0 dont les solutions sont
r1 = 1 + i et r2 − i. Les formules de Moivre et la proposition 1.3.1
donnent y0 = ex (A cos x + B sin x), A, B ∈ R.
• Solution particulière. Ici c = 2 6= 0, on cherche alors yp sous la forme
yp = αx2 + βx + γ.
On a yp0 = 2αx + β et yp00 = 2α. En reportant dans l’équation on
obtient :

2αx2 + 2(β − 2α)x + 2(α − β + γ) = x2 − x + 3;

il vient alors, par identification, α = 12 , β = 1


2 et γ = 23 . D’où yp =
x2 x 3
+ + .
2 2 2
La solution général est donc :

1
y = (A cos x + B sin x)ex + (x2 + x + 3).
2

Cas où f (x) = emx P (x).

L’équation différentielle (E) s’écrit alors :

ay 00 + by 0 + cy = emx P (x) (E).

On cherche une solution particulière de la forme yp = emx u(x). Il vient


alors :

yp0 = emx (u0 (x) + mu(x)); yp00 = emx (u00 (x) + 2mu0 (x) + m2 u(x)).
5.2 Equations différentielles du second ordre 95

En reportant ces expressions dans (E) on obtient, après simplification par


emx qui ne s’annule jamais,

au00 + (2ma + b)u0 + (am2 + bm + c) = P (x)

laquelle est une équation différentielle de type étudié dans le paragraphe


précédent.
 
Exemple. Soit à intégrer l’équation différentielle :
 
y 00 − 2y 0 + 2y = ex (x2 − x + 3).

On pose yp = ex u(x) et on obtient u00 + u = x2 − x + 3 ; équation du type


précédent qui admet une solution particulière de la forme up = αx2 +βx+γ.
u0 = 2αx + β, u00 = 2α et il vient :

2α + αx2 + βx + γ = x2 − x + 3;

ce qui donne α = 1, β = −1 et γ = 1 de sorte que up (x) = x2 − x + 1 et


yp = (x2 − x + 1)ex .
L’équation homogène étant (cf exemple précédent) y0 = ex (A cos x+B sin x),
par conséquent la solution générale cherchée est :

y = ex (A cos x + B sin x + x2 − x + 1).

5.2.3 Equations différentielles de Bessel


3. Ce sont des équations différentielles de la forme :

x2 y 00 + xy 0 + (x2 − ν 2 )y = 0, ν ∈ R.

Elles ont d’importantes applications en physique théorique. Les solutions de


ces équations ont beaucoup de propriétés intéressantes.
1
On va considérer le cas particulier où ν 2 = 4 i.e.
1
x2 y 00 + xy 0 + (x2 − )y = 0. (?)
4
3. Friedrich Wilhelm Bessel (1784-1846) est un astronome et mathématicien allemand,
connu principalement pour avoir effectué les premières mesures précises de la distance
d’une étoile. Il introduit, dans la résolution des problèmes de mécanique céleste faisant
intervenir la théorie des perturbations, les fonctions mathématiques dites de Bessel, solu-
tions d’équations différentielles particulières.
96 Chap. 5: Equations différentielles

On utilise la transformation y = α(x)z où la fonction α(x) sera choisie de


telle façon à rendre nul le terme contenant la dérivée première z 0 . On a :

y 0 = α0 z + αz 0 ;
y 00 = α00 z + 2α0 z + αz 00 .

L’équation (?) se transforme donc en la suivante :

α
x2 αz 00 + [2α0 x2 + αx]z 0 + [α00 x2 + α0 x + αx2 − ]z = 0. (??)
4

On annule le 1er crochet i.e. 2α0 + α


x = 0 ; c’est une équation différentielle
linéaire du 1er ordre en α et la fonction α(x) = √1 convient. On calcule alors
x
le deuxième crochet à partir des identités α0 (x) = − 2x1√x ; α00 (x) = 3√
4x2 x
;
ce qui donne :
α x2
x2 α00 + xα0 + x2 α − =√ ;
4 x
et par suite (??) prend la forme suivante :

x2 x2
√ z 00 + √ z = 0;
x x

soit z 00 + z = 0 ; laquelle est une équation différentielle du second ordre à


coefficients constants que l’on sait résoudre par les méthodes précédentes.
Sa solution générale est donc :

z = A cos x + B sin x.

La solution générale de l’équation de Bessel avec (ν 2 = 14 ) est donc :

1
y = √ (A cos x + B sin x).
x

N.B. La méthode générale de résolution de l’équation de Bessel consiste


à chercher la solution sous la forme d’un developpement en série entière
convergeant au voisinage de x = 0. On obtient des fonctions données sous
forme de séries qu’on appelle fonctions de Bessel de 1er espèces. Il est à noter
que ce même procédé s’applique aux équations de Gauss :

(x − x2 )y 00 − [γ − (α + α + 1)]y 0 − αβy = 0;
5.3 Application aux sciences de l’ingénieur 97

et on obtient des developpement en série qu’on appelle des hypergéométriques.


 
Exercice. Résoudre l’équation différentielle :
 

y 00 − 2xy 0 + x2 y = 0;

(utiliser la méthode précédente).

5.3 Application aux sciences de l’ingénieur


5.3.1 Application à un circuit RC

Considérons un circuit RC parcouru par un courant i(t) dépendant du


temps, supposé continu.

e(t) v(t)
C

Fig. 5.2 e(t) : tension d’entrée, v(t) : tension de sortie

La loi de Faraday stipule que la quantité d’éléctricté emmagasinée par


les armatures du condensteur est proportionnelle à la tension aux bornes du
condensteur (ici v(t)) ; le coefficient de proportionnalité C est, par définition,
la capacité (Farad) du condensteur :

q(t) = Cv(t)

L’intensité est égale à la variation de la quantité délectricité, supposée ici


dérivable par rapport à t :
dq dv
i(t) = (t) = C (t)
dt dt
Aux bornes de la résistance, la loi d’Ohm stipule que u(t) = Ri(t), où R est
la résistance en Ohm.
Enfin par la loi des mailles, l’équation qui régit ce circuit est e(t) =
Ri(t) + v(t) qui s’écrit alors
dv
RC (t) + v(t) = e(t)
dt
98 Chap. 5: Equations différentielles

L’équation homogène associée admet pour solution

t
v(t) = λe− RC , λ ∈R
l

Pour trouver une solution particulière il faut disposer de l’expression de e(t).


Si par exemple e(t) est une tension constante égale à E, alors E est solution
particulière. Comme de plus v(0) = 0 par hypothèse, la solution générale est
alors :
t
 
v(t) = E 1 − e− RC

v(t)

Fig. 5.3 Charge d’un condensateur

Question : Quelle est la dimension du produit RC ?


Le temps τ = RC est la constante du temps du circuit, il mesure la vitesse
de la charge du condenstauer

5.3.2 Diffusion d’un médicament

On injecte un médicament dans un organisme. Si m(t) désigne la quantité


du médicament présent à l’instant t, on montre que l’organisme élimine le
médicament à une vitesse proportionnelle à la quantité présente à l’instant
t de sorte que m(t) est solution de l’équation différentielle

m0 (t) + αm(t) = 0

dont la solution est


m(t) = λe−αt

où λ est la quantité initiale injectée et α mesure la vitesse d’évacuation du


médicament.
5.3 Application aux sciences de l’ingénieur 99

m(t)

λ = m(0)

Fig. 5.4

5.3.3 Mouvement d’un ressort

On considère un objet de masse m suspendu à un ressort de constante


de raideur k. On néglige les forces de frottement et on veut déterminer le
mouvement vertical y(t) de l’objet.
On fixe l’origine O du repère comme étant la position au repos de l’objet
et on oriente l’axe (Oy) vers le bas. (Voir figure 5.5).
Le théorème fondamental de la mécanique stipule que


− →

F = mΓ

où Γ est l’accéération. La force du rappel du ressort tend à ramener le ressort


à sa position du repos (Que ce soit dans le cas du ressort étiré ou contracté)
de sorte que l’on a toujours

mΓ = −ky(t) + mg

où g est la constante de graviation universelle. La quantité y(t) mesure la


différence de la longueur au repos et la longueur au temps t, on obtient alors
l’équation différentielle
my 00 + ky(t) = mg

l’équation homogène associée est my 00 y(t) + ky(t) = 0. Comme k > 0


et m > 0 on peut poser ω 2 = k
m, donc on aura my 00 y(t) + ω 2 y(t) = 0. La
solution générale de l’équation homogène est de la forme

y(t) = α cos ωt + β sin ωt, l2


(α, β) ∈ R
100 Chap. 5: Equations différentielles

−k →

y

m→

g

Fig. 5.5

mg
En remarquant que la fonction constante k est une solution parti-
culière, la solution générale s’écrit

mg
y(t) = + α cos ωt + β sin ωt, l2
(α, β) ∈ R
k

5.3.4 Circuit RLC

On considère un circuit RLC en série où e(t) désigne la tension d’entrée


et v(t) la tension de sortie, qui est également la tension aux bornes du
condensateur.

R L

e(t) C v(t)

Fig. 5.6

Si VR (t), vL (t) et vC (t) désignent, respectivement les tensions aux bornes


des trois composants ”R”,”L” et ”C”, alors en appliquant la loi des mailles,
on a

e(t) = vR (t) + vL (t) + vC (t)


5.3 Application aux sciences de l’ingénieur 101

or selon ce qui précède,

dv
vR (t) = Ri(t) = (t)
dt

D’autre part, à l’intérieur de la bobine, le courant i(t) crée un flux φ(t) qui,

d’après la loi de Lenz, crée une tension dt (t) qui s’oppose au courant qui lui
a donné naissance. Dans la bobine, l’intensité du courant est proportionnelle
au flux et on a φ(t) = Li(t), L étant l’inductance en Herz.
On a alors
di d2 v
vL (t) = L (t) = L 2 (t)
dt dt
ce qui n’a évidemment de sens que si la tension t 7→ v(t) est deux fois
dérivable. L’équation différentielle qui régit le circuit est donc

d2 v dv
LC 2
(t) + RC (t) + v(t) = e(t)
dt dt

ou encore
LC v 00 (t) + RC v 0 (t) + v(t) = e(t)

Si on note 
ω = √ 1 , (la pulsation du circuit)
LC
α = R , (le facteur d’amortissement)
2L

alors l’equation homogène s’écrit

v 00 (t) + 2α v 0 (t) + ω 2 v(t) = 0

dont l’équation caractérisque est r2 + 2α r + ω 2 = 0 avec ∆0 = α2 − ω 2 .


On voit donc que
– Si α > ω, alors la solution générale de l’équation homogène est v(t) =
aeλ t + be−λ t où λ2 = α2 − ω 2 ;
– Si α < ω, alors la solution générale de l’équation homogène est v(t) =
a cos(λ t) + b sin(λ t) où λ2 = ω 2 − α2 ;
– Si α = ω, alors la solution générale de l’équation homogène est v(t) =
(at + b)eαt .
102 Chap. 5: Equations différentielles

La solution particulière dépend de l’expression de e(t). Voir Les TD pour


des exemples.

Euler, Leonhard (1707-1783),


mathématicien suisse, physicien,
ingénieur et philosophe. Bien que
handicapé avant l’â ge de trente ans
par une perte partielle de la vue et
plus tard par une cécité quasi totale,
Euler a réalisé de nombreux travaux
mathématiques importants et des
centaines de mémoires mathématiques
et scientifiques. Dans son Introduction
à l’analyse des infiniment petits
(1748), Euler est le premier à traiter
de manière analytique et complète
l’algèbre, la théorie des équations, la
trigonométrie et la géométrie ana-
lytique. Dans ce travail, il traite du
développement en séries des fonctions
et formule la règle selon laquelle seules
les séries infinies convergentes peuvent
Ãa tre correctement évaluées. Il discute
aussi des surfaces à trois dimensions et
prouve que les sections coniques sont
représentées par l’équation générale
du second degré à deux variables.
D’autres travaux traitent du calcul
infinitésimal, dont le calcul des varia-
tions, de la théorie des nombres, des
nombres imaginaires et de l’algèbre Fig. 5.7 Euler
déterminée et indéterminée. Euler
donne aussi des contributions dans
les domaines de l’astronomie, de la
mécanique, de l’optique et de l’acous-
tique. Ingénieur, il est l’inventeur
de la première turbine. Parmi ses
ouvrages, il faut citer Réflexions sur
l’espace et le temps (1748), Traité du
calcul différentiel (1755), Etablisse-
ment du calcul intégral (1768-1770),
Introduction à la théorie de la nature
(1755-1759) et Introduction à l’algèbre
(1770).
Etude locale et globale
6 des courbes planes

6.1 Courbes planes

Dans tout le chapitre E2 désigne le plan affine euclidien et E2 (' R2 ) son


espace vectoriel euclidien associé.
Nous avons vu précédemment que la choix d’une origine O ramène E2 à
E2 . Soit I un intervalle de R. On rappelle que I est de l’une des formes
suivantes :

] − ∞, +∞[; ] − ∞, b]; ] − ∞, b[; ]a, b[; [a, b[; [a, b]; [a, +∞[; ]a, +∞[, a, b ∈ R.

Soit M : I −→ E2 une application. Une application de la relation de Chasles


et la définition du taux d’accroissement montrent que l’existence ainsi que
d −−−−→
la valeur de la dérivée dt [OM (t)] sont indépendantes du choix de l’origine
−−−→
O ; dans ces conditions on la note simplement par M 0 (t) ou M 0 (t) s’il n’y a
pas de confusion.
Une fonction est de classe C p sur I lorsque elle est de classe C p sur l’intervalle
ouvert correspondant.
Il existe plusieurs définitions de la notion intuitive de courbe, selon la
théorie que l’on désire développer. La définition adoptée ici est adaptée à la
géométrie différentielle locale.

Définition 6.1.1. Une courbe dans E2 est un sous-ensemble (C) ⊂ E2 tel


qu’on peut trouver un intervalle I de R est une application continue injective
M : I −→ E2 vérifiant M (I) = (C).
(C) sera dite de classe C k lorsque on peut trouver M de classe C k .
(C) sera dite régulière lorsque on peut trouver M de classe C 1 et telle que

103
104 Chap. 6: Etude locale et globale des courbes planes

M 0 (t) 6= ~0, pour tout t ∈ I. (De cette manière M réalise un difféomorphisme


de I sur M (I)).
−−−→ −−−−→
(C) sera dite birégulière lorsque M est de classe C 2 et telle que (M 0 (t), M 00 (t))
est une base de E2 , pour tout t ∈ I.

N.B. Lorsque la condition 88 M injective00 n’est pas satisfaits, on peut découper


le sous-ensemble (C en morceaux satisfaisant cette condition.
Ç å
t3
Remarque 6.1.2. La courbe définit par M (t) = t3 +~i + t3~j = est une
t3
droite ; c’est donc une courbe régulière et pourtant M 0 (0) = ~0.

Interprétation cinématique.

On peut considérer le paramètre t comme étant le temps et M (t) comme


un point mobile. L’application t −→ M (t) est une notion cinématique, la
notion de courbe est une notion géométrique.
La notion de courbe peut être considérée comme une géométrisation de la
cinématique, en considérant le temps comme une dimension ; c’est exacte-
ment la même idée que la géométrisation des applications f : R −→ R
lorsque on considère le graphe de f dans R2 .
Du point de vu cinématique l’image M (I) de l’application M est dite tra-
jectoire ou support de l’application M qui est appelée aussi chemin. Il
faut, ce pendant, prendre garde au fait que deux chemins M1 : I −→ E2
et M2 : J −→ E2 peuvent avoir même support (même image) sans être
équivalents c’est à dire sans qu’on puisse trouver une bijection θ : I −→ J
(de classe C k ), θ−1 de classe C k telle que M1 = M2 ◦ θ.

 
Exemple. Ici E ' C. Soit :
 

M1 : [0, 2π] −→ C M2 : [0, 2π] −→ C


et .
t 7−→ eit t 7−→ eit

Les chemins M1 et M2 ont même support (même image) : le cercle unité


et pourtant ils ne sont même pas C 0 -équivalents car M1 (0) = M1 (2π) =
6.1 Courbes planes 105

1+0i(i.e. l point I|10 ∈ E2 ) (le seul point double) ; alors que M2 (0) = M2 (π) =
M2 (2π) (point triple). Quelle est la contradiction ?

Remarque 6.1.3. Soit :

M3 : [0, 2π[−→ C M4 : ]0, 2π] −→ C


et .
t 7−→ eit t 7−→ eit

Le support de M3 et M4 est le cercle unité ; mais on ne peut pas trouver θ :


[0, 2π[−→]0, 2π], changement de variable (de paramètre) tel que M3 = M4 ◦θ
car sinon on aurait θ(t) = t pour tout t ∈]0, 2π[ (vérifier le !) ; il en résulte
que M3 et M4 ne définissent pas la même courbe. De même, il n’existe pas
de difféomorphisme (changement de variable) faisant passer de M1 à M3 .
Noter aussi que M3 ([0, 2π[)(= M (]0, 2π])) = S 1 est un fermé borné de R (un
compact de R2 ) alors que [0, 2π[ (ou ]0, 2π]) n’est pas un compact de R.

6.1.1 Domaine d’étude d’une courbe paramétrée.


x(t)
Soit (C) une courbe plane définie par l’application t −→ M (t)|y(t) . En
pratique, il est commode de repérer si la courbe (C) présente des symétries
ou des périodicités afin de réduire son domaine d’étude et être ainsi conforme
avec la définition que nous avons adoptée pour la notion de courbe.

Périodicité.

S’il existe T ∈ R∗+ tel que M (t + T ) = M (T ) ∀t ∈ I tel que t + T ∈ I


alors M est T -périodique. L’étude de (C) se fait donc sur un intervalle (⊂ I)
de longueur T . Pratiquement, si les fonctions coordonnées x(t) et y(t) sont
périodiques et de périodes T1 et T2 respectivement alors M est périodique
ayant comme période 88 ppcm00 (T1 , T2 ).

Symétries.

i) Si x(t) et y(t) sont paires alors M (t) = M (−t), ∀t ∈ I (tel que −t ∈ I)


alors il suffit d’effectuer l’étude pour t > 0 ; les points de (C) sont
pratiquement doubles.
106 Chap. 6: Etude locale et globale des courbes planes

ii) Si x(t) et y(t) sont impaires (i.e. M (−t) = −M (t)) alors M (−t) est le
symétrique de M (t) par rapport à l’origine.

iii) Si x(t) est paire et y(t) impaire alors M (−t) se déduit de M (t) par la
symétrie d’axe (Ox).

iv) Si x(t) impaire et y(t) paire alors M (t) se déduit de M (t) par la
symétrie d’axe (Oy).

On regardera aussi les symétries par rapport à des droites particulières telles
que les bissectrices, et aussi par rapport aux points particuliers. Là c’est le
contexte qui impose les symétries à effectuer.

6.2 Etude locale de (C) en un point.

Soit (C) une courbe plane définie par l’application :


M : I −→ E2
x(t)
t 7−→ M (t)|y(t)

supposée continue. Soit t0 ∈ I le vecteur dérivé de (C) en M (t0 ) = M0 , ou


en t0 , lorsqu’il existe est défini par :
−−− −→ 1 −−−−−−−→
M 0 (t0 ) = lim M (t0 )M (t).
t→t0 t − t0
−−−−→
Dans ces conditions M 0 (t0 ) est de coordonnées (x0 (t0 ), y 0 (t0 )). Ainsi M 0 (t0 )
est défini si les fonctions d’une variable réelle t, x(t) et y(t) sont dérivables
en t0 .
Remarquer que si (C) est donnée en coordonnées cartésiennes, y = f (x)
ou x = f (y), avec f dérivable, alors le vecteur dérivé en t0 est donné par
(1, f 0 (t0 )) ou (f 0 (t0 ), 1).

6.2.1 Equations de la tangente et de la normale en un point


M (t0 ), t0 ∈ I.
−−−−→
Proposition clé 6.2.1. 1. Si M 0 (t0 ) existe et est non nul (le point M (t0 )
est alors régulier) alors la tangente à (C) au point M (t0 ) est dirigée
−−−−→
par M 0 (t0 ).
6.2 Etude locale de (C) en un point. 107

−−−−→
2. Si M 0 (t0 ) = ~0 (M (t0 ) est dit stationnaire ou singulier) alors la tan-
−−−−−→ x(t)
gente à (C) en M (t0 ) est dirigée par le vecteur M (p) (t0 )|y(t) , lorsqu’il
−−−−−→
existe, où p est le plus petit entier tel que M (p) (t0 ) 6= ~0.

Démonstration. L’ingrédient essentiel est la formule de Taylor-Young.


1)− Supposons (C de classe C 1 sur I. De cette manière on est sûr de l’exis-
−−−−→
tence de M 0 (t0 ), qu’on suppose ici 6= ~0. La formule de Taylor-Young s’écrit
alors, pour t proche de t0 ,

−−−−−−−→ x(t)−x(t0 )=(t−t0 )x0 (t0 )+o(t−t0 )


M (t0 )M (t) .
y(t)−y(t0 )=(t−t0 )y 0 (t0 )+o(t−t0 )

Lorsque t → t0 , on a :

M (t0 ) − M (t) x0 (t0 )+o(1) −


→ x0 (t0 )
−→ M 0 (t0 ) =
t − t0 y 0 (t0 )+o(1) y 0 (t0 )

ou encore la droite (M (t0 ), M (t)) a pour vecteur directeur (x0 (t0 )+o(1), y 0 (t0 )+
o(1)) lequel tend vers M 0 (t0 ) si t → t0 . Ainsi la tangente à (C) en M (t0 ) est
dirigée par M 0 (t0 ).
2)− Avec nos hypothèses, la formule de Taylor-Young donne :
(t−t0 )p p
−−−−−−−→ x(t)−x(t0 )= p!
x (t0 )+o(t−t0 )p
M (t0 )M (t) (t−t0 )p p
.
y(t)−y(t0 )= p!
y (t0 )+o(t−t0 )p

La tangente à (C) en M (t0 ) est dirigée par (xp (t0 ), y p (t0 )).

−−−−→
Plaçons nous dans le premier cas i.e. M 0 (t0 ) 6= ~0 ; soit T la tangente à
−−−→ −−−−→
(C) en M (t0 ), N la normale et n(t0 ) un vecteur normal à M 0 (t0 ). On a :
−−−−→
P ∈T ⇐⇒ ∃λ ∈ R; P = M (t0 ) + λM 0 (t0 )
−−−−−→ −−−→
⇐⇒ M 0 (t0 )P · n(t0 ) = 0,
−−−→
Q∈N ⇐⇒ ∃ν ∈ R; Q = M (t0 ) + ν n(t0 )
−−−−−→ −−−−→
⇐⇒ M 0 (t0 )Q · M 0 (t0 ) = 0.

x(t )
Traduction en terme de coordonnées. Si M (t0 )|y(t00) , P |PPxy , Q|Q x
Qy alors
x0 (t ) − −−→ −y(t )
M 0 (t0 )|y0 (t00) , n(t0 )|x(t0 )0 .
108 Chap. 6: Etude locale et globale des courbes planes

Equations de T .
Ç å Ç å Ç å
Px x(t0 ) x0 (t0 )
= +λ ;
Py y(t0 ) y 0 (t0 )
(Px − x(t0 ))y 0 (t0 ) − (Py − y(t0 ))x0 (t0 ) = 0 (?)

Equations de N .
Ç å Ç å Ç å
Qx x(t0 ) −y 0 (t0 )
= +ν ;
Qy y(t0 ) x0 (t0 )
(Qx − x(t0 ))x0 (t0 ) − (Qy − y(t0 ))y 0 (t0 ) = 0 (?)

N.B. En écriture courante, l’équation (?) s’écrit :

(x − x0 )y 0 (t0 ) − (y − y0 )x0 (t0 ) = 0.

6.2.2 Position d’une courbe par rapport à sa tangente.

L’ingrédient essentiel est toujours la formule de Taylor-Young.


Soit une courbe (C) de classe C p donnée paramétriquement par l’application
t 7−→ M (t). On regarde M : I −→ E2 . La formule de Taylor-Young écrit
précédemment en terme de coordonnées peut s’écrire de la manière abrégée
suivante :

t − t0 −−− −→ (t − t0 )2 −−− −→ (t − t0 )p −−− −−→ −−−−−−−→


M (t) = M (t0 )+ M 0 (t0 )+ M 00 (t0 )+· · ·+ M (p) (t0 )+o((t − t0 )p )
1 2! p!
−−−−→
Noter que M 0 (t0 ) est en fait une application linaire de R vers E2 , et s’identifie
à un vecteur de E2 . Il en est de même pour les autres dérivées. De plus si
−−− −→
M 0 (t0 ) 6= ~0, t 7−→ M (t0 ) + (t − t0 )M 0 (t0 ) est une équation paramétrique de
la tangente.
−−−−−→ −−−−−→
Soit M (r) (t0 ) la première dérivée non nulle et M (s) (t0 ), s > r et s ≤ p la
−−−−−→
première dérivée non colinéaire à M (r) (t0 ).
−−−−−→ −−−−−→
Plaçons nous dans le repère (M (t0 ), M (r) (t0 ), M (s) (t0 )) (repère mobile). La
formule de Taylor-Young s’écrit alors :

(t − t0 )r −−− −→ (t − t0 )s −−−−−→ −−−−−−−→


M (t) = M (t0 ) + M r (t0 ) + · · ·+ M (s) (t0 ) +o((t − t0 )s ).
| {z } r! | {z } s! | {z }
origine 1er vecteur de base 2ieme vecteur de base
6.2 Etude locale de (C) en un point. 109

Dans notre repère mobile on a la partie principale de M (t) est :

(t−t0 )r αr
r! r!
=X
Mp (t) (t−t0 )s
= avec α = t − t0 .
αs
s! s!
=Y

On distingue quatre cas selon la parité de r et s.


1er cas. r impair, s pair. X est négatif puis positif alors que Y est toujours
positif.
s s
La courbe a le comportement du graphe X 7−→ X r , X r toujours positif, la
courbe est toujours du même côté de la tangente. De façon qualitative on a
le même graphe que celui de x 7−→ x2 .

>
M(t 0 )

Fig. 6.1 r impair et s pair

2e cas. r impair, s impair ; X est négatif puis positif ; Y est négatif puis
s
positif ; même comportement que le graphe X 7−→ X r : le graphe est qua-
litativement celui de X 7−→ X 3 .
110 Chap. 6: Etude locale et globale des courbes planes

>
M(t 0 )

Fig. 6.2 r impair et s impair (point d’inflexion)

3e cas. r pair, s impair ; X est toujours positif alors que Y est négatif puis
positif : nous sommes en présence d’un point de rebroussement de première
espèce.

>
M(t 0 )

Fig. 6.3 r pair et s impair (rebroussement de première espèce)


6.2 Etude locale de (C) en un point. 111

4e cas. r pair, s pair ; X et Y sont toujours positif : nous sommes en présence


d’un point de rebroussement de deuxième espèce.

>
M(t 0 )

Fig. 6.4 r pair et s pair (rebroussement de deuxième espèce)

Remarques importantes.

1. Les entiers r ou s définis précédemment n’existent pas toujours. Il


1
suffit de considérer les fonctions plates : t 7−→ (1, e− t2 ) par exemple.

2. La courbe (C) :
R −→ R√2
t 7−→ ( t, cos t)
n’est pas dérivable en t0 = 0, pourtant elle admet l’axe (Ox) comme
tangente horizontale (on parle alors de tangente géométrique).
 
Exemples 1. Soit à étudier et tracer la courbe plane définie par les
 
équations paramétriques suivantes :
2

 x(t) = (t2 + 1)e− t2
(C) : t2
.

y(t) = te− 2
112 Chap. 6: Etude locale et globale des courbes planes

On a x(−t) = x(t) et y(−t) = −y(t) pour tout t ∈ R. Il suffit donc de


restreindre l’étude à t ∈ [0, +∞[ ; la courbe (C) admet, alors, l’axe (Ox)
comme axe de symétrie. On étudie ensuite les variations de x(t) et y(t),
t ∈ [0, +∞[.
t2 t2
On a x0 (t) = t(1 − t)e− 2 et y 0 (t) = (1 − t2 )e− 2 .
t2 t2
De plus x(t) ∼ t2 e− 2 et y(t) ∼ te− 2 ; d’où le tableau :
+∞ +∞

t 0 1 +∞

x0 (t) 0 + 0 −

y 0 (t) 1 + 0 −

x(1)
x(t)
1 0
y(1)
y(t)
0 0

Fig. 6.5

1 1
On a x(1)2e− 2 ' 1, 21 et y(1) = e− 2 ' 0, 606.

Remarque 6.2.2. Pour les limites en +∞ de x(t) et y(t), se rappeler que


l’exponentielle l’emporte sur la puissance.

On a :
dy
dy dt y 0 (t) 1
= = = .
dx dx
dt
x0 (t) t
dy
Ainsi lorsque t −→ +∞, (x(t), y(t)) −→ (0, 0) = M∞ et −→ 0 ; l’origine
dx
(0, 0) = M∞ est un point d’arrêt de (C) et où on a une tangente horizontale.
Comme (C) est symétrique par rapport à l’axe (Ox), l’origine apparaı̂t alors
comme un point de rebroussement de première espèce
Etude au voisinage du point stationnaire (t = 1).
6.2 Etude locale de (C) en un point. 113

Ce point stationnaire est obtenu pour t = 1 et est de coordonnées


 dy   y 0 (t) 
(x(1), y(1)) ' (1, 21, 0, 606) ; la tangente admet = =1
dx t=1 x0 (t) t=1
comme pente ; son équation est donc y = x − 0, 604.

Remarque 6.2.3. Il est inutile de calculer les dérivées d’ordre supérieur


dy
puisque est décroissante ; M (1) = (x(1), y(1)) ne peut donc qu’être qu’un
dx
point de rebroussement de première espèce avec comme pente m = 1.
D’autre part il ne peut exister de point d’inflexion puisque ceci supposerait
d dy d y 0 (t)
que ( )(= ( 0 )) = 0 ; ce qui n’est pas le cas.
dt dx dt x (t)
• Lorsque t → 0+ , on a :

dy y 0 (t) 1
M (t) −→ M (0) = (x(0), y(0)) = (1, 0) et = 0 = −→ +∞.
dx x (t) t

La courbe (C) admet donc au point (de 88 démarrage00 ) M (0) = (1, 0) une
tangente verticale.
• Lorsque → +∞ (point d’arrêt), on a :

dy y 0 (t)
M (t) −→ M∞ = (0, 0) et ( )= 0 −→ 0;
dx x (t)

on a donc une tangente horizontale à l’origine. D’où le tracé de (C) :


y

Fig. 6.6 Graphe de la courbe (C)

 
Exemples 2. Soit à étudier et tracer la courbe (C) définie par les équations
 
paramétriques suivantes :
®
x(t) = acht
(C) : où a, b ∈ R∗+ .
y(t) = bsht
114 Chap. 6: Etude locale et globale des courbes planes

On a x(−t) = x(t) et y(−t) = y(t) ; l’étude de (C) peut donc être restreinte
à t ∈ [0, +∞[ ; la courbe (C) étant alors symétrique par rapport à l’axe (Ox).
Variation de x(t) et y(t). On a x0 (t) = asht ≥ 0 et y 0 (t) = bcht > 0. On a
donc aisément le tableau :

t 0 +∞

x0 (t) 0 +

y 0 (t) b +

+∞
x(t)
a
+∞
y(t)
0

Fig. 6.7

et et
Remarque 6.2.4. Reppelons que cht ∼ et sht ∼ ; ainsi lorsque
+∞ 2 +∞ 2
t → +∞, x(t) → +∞ et y(t) → +∞ ; on a donc la présence d’une branche
infinie qu’il faut étudier.
y y(t) b b 1 − e−2t y(t)
A cet effet on a = = tht(= ) ; et donc lim =
x x(t) a a 1 + e−2t t→+∞ x(t)
b
; de plus on a :
a
b
y(t) − x(t) = b(sht − cht) = −be−t −→ 0 quand t → +∞.
a

Il en résulte que la courbe (C) admet la droite d’équation caractéristique


b
y = x comme asymptote oblique.
a
Tangente au point de démarrage M0 = (x(0), y(0)) = (a, 0).
y 0 (t) b y 0 (t)
On a 0 = cotht. Par conséquent lim 0 = +∞ et la tangente au
x (t) a t→0+ x (t)
point M0 = (a, 0) est verticale. D’où le tracé de (C) :
6.3 Etude locale d’une courbe en coordonnées polaires. 115

1 x

Fig. 6.8 Graphe de la courbe C pour a = b = 1

Remarque 6.2.5. Il est bon de constater que le point M (t) = (x(t), y(t))
vérifie l’équation suivante :

x2 y 2
− 2 = 1.
a2 b

La courbe (C) est donc une branche d’hyperbole (cf la théorie des formes
quadratiques ; ici la signature est (1, 1)).

6.3 Etude locale d’une courbe en coordonnées po-


laires.

On suppose que la courbe (C) de E2 est donnée à l’aide de l’application


I 3 θ 7−→ ρ(θ).
La réduction du domaine d’étude se fait en examinant les symétries cen-
trales ou axiales indiquées au chapitre 8. Soit alors θ0 ∈ D : domaine
d’étude. Pour étudier l’allure (ou comportement) de (C) autour du point
M (θ0 ) de coordonnées polaires (ρ(θ0 ), θ0 ), on se place dans le repère mobile
−−→
(M (θ0 ), ~uθ0 , ~vθ0 ) rappelons que OM (θ) = ρ(θ)~uθ et donc :
−−→
dOM ρ d~uθ
= ~uθ + ρ
dθ dθ dθ

mais ~uθ = cos θ~i + sin θ~j et donc :

d~uθ π π
= − sin θ~i + cos θ~j = cos(θ + )~i + sin(θ + )~j = ~vθ .
dθ 2 2
116 Chap. 6: Etude locale et globale des courbes planes

−−→
Autrement dit ~vθ est le vecteur déduit de ~uθ par rotation de π2 . Comme dOM

ne dépend pas de l’origine, on note alors :

M 0 (θ) = ρ0 (θ)~uθ + ρ(θ)~vθ

Il en résulte que :

M 0 (θ) = ~0 ⇐⇒ ρ(θ) = 0(= ρ(θ))


⇐⇒ M = origine.

Par conséquent, tout point d’une courbe en coordonnées polaires distinct de


l’origine est régulier (i.e. M 0 (θ) 6= 0) ; et donc le point M (θ) ne peut jamais
être un point de rebroussement.

M


~

~

θ
>

Fig. 6.9

6.3.1 Position de la courbe par rapport à la tangente T .

On a M 0 (θ) = ρ0 (θ)~uθ + ρ(θ)~vθ , il en resulte que T ne peut être portée


par ~uθ (sinon ρ(θ) = 0) ; en d’autres termes, la tangente T à (C) en un point
M 6= O ne passe jamais par l’origine O : le pôle.
ρ(θ0 )
L’angle de la tangente T et le vecteur ~uθ0 est donné par tan v = ou
ρ0 (θ0 )
ρ0 (θ0 )
mieux cotanv = qui a toujours un sens. Le point M (θ0 ) est birégulier
ρ(θ0 )
6.3 Etude locale d’une courbe en coordonnées polaires. 117

−−−−→ −−−−−→
lorsque les vecteurs M 0 (θ0 ) et M 00 (θ0 ) sont linéairement indépendants. On a
M 0 (θ0 ) = ρ0 (θ0 )~uθ0 + ρ(θ0 )~vθ0 et M 00 (θ0 ) = [rho00 (θ0 ) − ρ(θ0 )]~uθ0 + 2ρ0 (θ0 )~vθ0 .
Ainsi
 
det M 0 (θ0 ), M 00 (θ0 ) = [ρ(θ0 )]2 + 2ρ0 (θ0 )2 − ρ(θ0 )ρ00 (θ0 ).
 
Exercice. Montrer que (C) admet un point d’inflexion en M (θ0 ) 6= 0 ⇐⇒
   
l’application θ 7−→ det M 0 (θ0 ), M 00 (θ0 ) s’annule en changeant de signe en
θ = θ0 . (Voir les calculs et dessins du chapitre 9).

6.3.2 Branches infinies.

L’existence d’une branche infinie en coordonnées polaires est mise en


évidence lorsque ρ et/ou θ sont infinis. On distingue alors les cas suivants :

1er cas : θ → ±∞ et ρ(θ) → a ∈ R. Dans ce cas le cercle de centre O et de


rayon |a| est un cercle asymptote. La courbe (C) s’enroule à l’intérieurs
ou à l’extérieur de ce cercle suivant que :

|ρ| − |a| → 0+ ou |ρ| − |a| → 0− lorsque θ → ±∞.

|a|
• >
O

Fig. 6.10

N.B. Si a = 0 alors le pôle O est un point asymptote.


118 Chap. 6: Etude locale et globale des courbes planes

2e cas : ρ(θ) → ±∞ et θ → ±∞. Dans ces cas le M (ρ, θ) tourne indéfiniment


autour de l’origine tout en s’éloignant indéfiniment : on dit que la
branche est spirale.

>
O

Fig. 6.11

3e cas : θ → θ0 et ρ(θ) → ±∞. Dans ces cas l’axe (O~uθ ) 3 M tend vers l’axe
d’angle polaire θ0 , qui est donc une direction asymptotique. On se
place dans le repère mobile comme précédemment, (O, OX, OY ).

i. Si lim ρ sin(θ − θ0 ) = b finie alors la courbe (C) admet la droite


θ→θ0
d’équation Y = b comme asymptote.

ii. Si lim ρ sin(θ − θ0 ) = ±∞, alors (C) admet une branche parabo-
θ→θ0
lique de direction (Ox), d’angle polaire θ0 .
 
θ+1
Exemple 1. Soit ρ(θ) = θ−1 . On a limθ→∞ ρ(θ) = 1 ; le cercle unité et
 
donc asymptote à (C). La branche spirale étant à l’extérieur (vérifier le !).
Lorsque θ → 1, ρ(θ) → ±∞, on pose θ − 1 = u et on forme :

2+u
ρ(θ) sin u = u sin u 
u+2 2)
= 2 u + o(u
= 2 + u + o(u).
6.3 Etude locale d’une courbe en coordonnées polaires. 119

Il en résulte que la droite d’équation Y = 2 est asymptote à (C) dans le


repère (OXY ) déduit de (Oxy) par la rotation d’angle θ = θ0 = 1.

 
Exemple 2. Soit à étudier la courbe (C) d’équation en coordonnées po-
 
laires ρ = a(1 + cos θ), a > 0 (il s’agit d’une cardioı̈de).
Périodicité et symétrie. ρ(θ + 2π) = ρ(θ) et ρ(−θ) = ρ(θ) donc on a la
symétrie par rapport à Ox. On étudie donc ρ sur [0, π].
ρ
On a ρ0 (θ) = −a sin θ < 0 sur ]0, π[, tan v = rho0 = − 1+cos θ
sin θ ; d’où le tableau :

θ 0 π
ρ0 0 0
2a

Fig. 6.12

On a ρ0 (θ) = 0 ⇐⇒ θ = π, tangente horizontale au point (2a, 0) ; en 0


÷
(θ = π) on a tan v = 0 et donc V = (Ox, T ) = 0 : la tangente est verticale.
ρ00 (π) = −a 6= 0, le pôle est un point de rebroussement de première espèce.
Enfin on a :

2
ρ2 (θ) + ρ0 (θ) − ρ(θ)ρ00 (θ) = a2 [1 + (1 + cos θ)2 ] > 0.

Ainsi tout point de (C) est ordinaire et la courbe tourne sa concavité vers la
pôle O.
120 Chap. 6: Etude locale et globale des courbes planes

O 2a
>

Fig. 6.13
6.3 Etude locale d’une courbe en coordonnées polaires. 121

Weierstrass, Karl Theodor Wilhelm


(1815-1897), mathématicien allemand,
qui donna à la théorie des fonctions sa
forme moderne en précisant en parti-
culier le formalisme des limites. Né à
Ostenfelde, il fit ses études à Bonn et
à MÃ 14 nster où il fut instituteur. C’est
là qu’il s’intéressa aux mathématiques,
et plus particulièrement à l’étude des
fonctions elliptiques. Pendant de nom-
breuses années, Weierstrass travailla
dans l’ombre pour établir sa théorie
des fonctions de variable complexe,
qui repose sur les développements en
série entière. En 1854, il publia un
mémoire sur les intégrales abéliennes
et sur l’inversion des intégrales hyper-
elliptiques, qui établit sa réputation
comme mathématicien et lui valut un
doctorat honoraire de l’université de
Königsberg. Nommé professeur à l’uni-
versité de Berlin, il enseigna de 1864 à
Fig. 6.14 Karl Weierstrass
sa mort. Il a peu publié de son vivant
et sa réputation est venue principale-
ment de l’influence de ses cours à Ber-
lin. Ceux-ci furent suivis par de nom-
breux mathématiciens et établirent la
théorie des fonctions sur des bases de
rigueur auxquelles son nom reste at-
taché, la rigueur weierstrassienne.
122 Chap. 6: Etude locale et globale des courbes planes
Etude métrique des
7 courbes planes

7.1 Vitesse de variation d’un arc.

Si la courbe (C) est paramétrée par les équations :


®
x = x(t)
(C) : ,
y = y(t)
dy
dy dy dt
alors la dérivée première , en un point M (t), est donnée par = dx
; et
dx dx dt
d2 y d  dy  dt
la dérivée second est donnée par = .
dx2 dt dx dx
 
Exemples. Soit :
 
®
x(t) = t − sin t
M (t) : .
y(t) = 1 − cos t

dx dy
On a = 1 − cos t, = sin t et donc :
dt dt
dy sin t
= ;
dx 1 − cos t
d2 y d  sin t  dt
=
dx2 dt 1 − cos t dx
cos t − 1 1
= 2
.
(1 − cos t) 1 − cos t
−1
= .
(1 − cos t)2

Soit C une courbe paramétrée dans le repère (O,~i, ~j) par :


®
x = x(t)
M (t) : ; t ∈ I : intervalle de R.
y = y(t)

Soit A un point donné de C. On désigne par s la longueur de l’arc mesuré à


partir du point A jusqu’à un autre point quelconque M |xy de la courbe. Soit

123
124 Chap. 7: Etude métrique des courbes planes

P |x+∆x
y+∆y un point voisin de M sur C. On appelle ∆s la longueur de l’arc de

M à P (voir figure 7.1).


La vitesse de variation de l’arc s (= AM ) par rapport au paramètre
t est donnée par :
ds  dx 2  dy 2
=± + ,
dt dt dt
les signes ± sont utilisés selon que s croit ou décroı̂t.

y x+∆x
P |y+∆y

∆s ∆y

x
M |y •
∆x

A•

Fig. 7.1

Si la courbe C est donnée sous forme d’équation


® cartésienne y = y(x) ;
x =x
ce qui revient à prendre x comme paramètre i.e. ; dans ce cas
y = y(x)
la vitesse de variation de l’arc s par rapport à x est donnée par :
ds ∆s  dy 2
= lim =± 1+ ;
dx ∆x→0 ∆x dx
et la vitesse de variation de l’arc s par rapport à y est donnée par :
ds ∆s  dx 2
= lim =± 1+ .
dy ∆y→0 ∆y dy
Voici une démonstration directe de la première formule
Soit M P la longueur de la corde joignant M à P (cf. figure 9.1). On a :
∆s ∆s P Q
= ·
∆x P Q ∆x
Mais, par le théorème de Pythagore, on a : P Q2 = (∆x)2 + (∆y)2 ; ainsi :
 ∆s 2  ∆s 2 (∆x)2 + (∆y)2  ∆s 2 h  ∆y 2 i
= = 1+ .
∆x PQ (∆x)2 PQ ∆x
7.2 Courbure d’une courbe. 125

Lorsque P tend vers M le long de la courbe C, alors ∆x → 0 et ∆y → 0


∆s P¯M arc(P M )
de sorte que = = → 1 (exercice). Ainsi :
PM PM corde(P M )
 ds 2  ∆s 2 h  ∆y 2 i  dy 2
= lim = lim 1+ =1+
dx ∆x→0 ∆x ∆x→0 ∆x dx

et c’est ce qu’il fallait établir.


 
ds
Exercice. Démontrer la formule donnant .
  dy
 
Exemple. Soit l’ellipse x2 + 4y 2 = 8.
 
dy −x  dy 2 x2 x2 + 16y 2 32 − 3x2
On a = , 1+ = 1+ = = ; d’où
dx 4y dx 16y 2 16y 2 32 − 4x2
ds 32 − 3x2
= .
dx 32 − 4x2
dx 4y  dx 2 16y 2 2 + 3y 2 ds
De même on a : = − , 1+ = 1+ 2 = 2
; d’où dy =
q dy x dy x 2 − y
2+3y 2
2−y 2
.

7.2 Courbure d’une courbe.

La courbure
® K d’une courbe C donnée sous forme cartésienne y = f (x)
x =x
ou encore , en un point quelconque M de la courbe,
y = y(x)(= f (x))
est la vitesse de variation de la direction ou encore c’est la vitesse de variation
de l’angle d’inclinaison τ de la tangente en M , par unité de longueur de l’arc
s. Soit,
d2 y
dτ ∆τ dx2
K= = lim =h  dy 2 i 3
ds ∆s→0 ∆s 2
1+
dx
ou encore
d2 x

dy 2
K=h  dx 2 i 3 .
2
1+
dy
La première formule de K implique que K sera positive lorsque P se trouve
sur un arc concave et négative lorsque P se trouve sur un arc convexe.
126 Chap. 7: Etude métrique des courbes planes

P
• ∆τ

∆s

M

s
A

τ + ∆τ
τ

Fig. 7.2

 
Exemple. Soit à calculer la courbure de la cycloı̈de :
 
®
x = x(t) = t − sin t
t ∈]0, 2π[,
y = y(t) = 1 − cos t

dy
au sommet de l’arc. Cherchons d’abord le sommet de l’arc. On a dt = sin t
d2 y
et la valeur critique sur ]0, 2π[ est x = π. Mais dt2
= cos t lequel est négatif
pour t = π ; le point correspondant à t = π est donc maximum (relatif).

t=π

• •
t=0 t = 2π x

Fig. 7.3

Cherchons la courbure. On a :

dx dy dy sin t d2 y d  sin t  dt −1
= 1−cos t, = sin t, = et 2 = = .
dt dt dx 1 − cos t dx dt 1 − cos t dx (1 − cos t)2
7.2 Courbure d’une courbe. 127

dy d2 y −1 1
Au point où t = π on a = 0 et = d’où K = − . (Noter que
dx dx2 4 4
K < 0).
Le rayon de courbure de R, en un point M de la courbe, est donné
par la relation, si K 6= 0,
1
R=
K
Le cercle de courbure ou cercle osculateur en un point M de C est le
cercle situé dans la partie concave de C et tangent à C en M
Il est facile de construire le cercle de courbure en M ∈ C : il siffit de
tracer la normale à C en M (dans la partie concave) ; et dans la direction de
cette normale opu place le point C tel que M C = R, C est alors le centre
du cercle de courbe.
y ∧

M

R

C

>
x

Fig. 7.4

Les coordonnées de C sont données par :


h  i  2
dy dy dy
dx 1+ dx 1+ dx
a = xC = x − d2 y
b = yC = y + d2 y
dx2 dx2
ou
 2 h  i
dx dx dx
1+ dy dy 1+ dy
a = xC = x − d2 x
b = yC = y + d2 x
.
dy 2 dy 2
 
Exemple. Soit à calculer la courbure de la cissoı̈de y 2 (2 − x) = x3 au
 
point (1, 1).
128 Chap. 7: Etude métrique des courbes planes

En dérivant (d’une manière implicite) l’équation donnée par x, il vient,

−y 2 + (2 − x)2yy 0 = 3x2 ,

2
−2yy 0 + (2 − x)2yy 00 + (2 − x)2y 0 − 2yy 0 = 6x.

La première équation donne pour x = y = 1 :

0 0 0
−1 + 2y(M ) = 3 =⇒ y(M ) = 2(= y (1)).

La deuxième équation dans laquelle on a : y 0 (1) = 2 et x = y = 1 donne

−4 + 2y 00 (1) + 8 − 4 = 6 =⇒ y 00 (1) = 3

d’où √
3 3 5
K= 3 = .
(1 + 4) 2 25

• (1, 1)

>
x

Fig. 7.5

 
Exercice. Calculer la courbure d’une droite et celle d’un cercle.
 
La développée d’une courbe C est le lieu des centres de courbure de C (i.e.
le point M parcourt C donc C|xyCC parcourt une courbe : développée).
7.2 Courbure d’une courbe. 129

 
Exemple. Soit à chercher l’équation de la développée de la parabole
 
y 2 = 12x.

En M |xy on a :

√ √
dy 6 3  dy 2 36 3 d2 y 36 3
= =√ , 1+ =1+ 2 =1+ , =− 3 =− 3.
dx y x dx y x dx2 y 2x 2

d’où
» √
3 3
x (1 + x ) 2 3(x + 3)
xC =x− √ =x+ √ = 3x + 6;
3 3
− 3
2x 2

36
1+ y2 y 3 + 36y y3
yC =y+ =y− =− .
− y363 36 36


 xC = 3x + 6
Donc les équations paramétriques de la développée sont : 3 ,
 yC = − y
36
x et y sont des paramètres liés par y 2 = 12x ( on est sur la parabole).
xC − 6 √
Ici, il n’est pas difficile d’éliminer les paramètres : x = , y = − 3 36yC ,
2
3
on porte dans y 2 = 12x, il vient (36yC ) 3 = 4(xC −6) soit 81yC = 4(xC −6)3 .

y∧

>
x

Fig. 7.6
130 Chap. 7: Etude métrique des courbes planes

7.3 Vecteur polaire.

Soit C la courbe donnée sous forme paramétrique :


®
x = x(t)(= f (t))
.
y = y(t)(= g(t))

Le vecteur polaire de M |xy ∈ C est le vecteur :


−−→
OM = ~r = x~i + y~j = f (t)~i + g(t)~j

qui relie M à l’origine O du repère (O,~i, ~j).


−−→
La dérivée de ~r (ou de OM ) est definie par :
−−→ −−→ 
d~r dx dy  dOM dM
= ~i + ~j = = .
dt dt dt dt dt
Soit s la longueur de l’arc mesuré à partir d’un point fixe M0 ∈ C. On choisit
s de sorte que celui-ci croit en même temps que t. On désigne par τ l’angle
−−→ −−→ 
d~r  dOM dM
que fait = = avec l’axe des x positifs (cf figure 7.7). On a :
dt dt dt
dy
dy
tan τ = dt =
dx dx
dt
c’est la pente de la courbe C en M .
−−→ −−→ 
d~r  dOM dM
Ainsi la norme du vecteur = = est :
dt dt dt
−−→
d~r dM  dx 2  dy 2 ds
= = + = ;
dt dt dt dt dt

sa direction est celle de la tangente à C au point M . (Lorsque on abordera


d~
r
le repère de Frenet on prendra M comme origine de dt )

Si on choisit le paramètre t = s alors il vient :

~t = d~r = dx~i + dy ~j.


ds ds ds
La direction de ~t est égalément celle la tangente ; mais sa norme est
 dx 2  dy 2
+ = 1.
ds ds
7.3 Vecteur polaire. 131

y
C

dy →
− dτ
dt
j dt
τ

dx →

i
M0 →
− M |x
y dt

j


τ

O →
− x
i

Fig. 7.7

d~
r
Par conséquent ~t = ds est la tangente unitaire à la courbe C au point M .

~t d~t d~t
On a = ~t · ~t = 1 donc ds · t = 0 (on dérive) ainsi ~t et ds sont
orthogonaux.


d~t
Soit alors ~n un vecteur unitaire au point M ayant la direction de ds =

d~
τ
ds . Quand M parcourt C, la norme du vecteur ~t (= ~τ ) reste constante (= 1)
 
d~t d~
τ
et alors ds = ds représente la vitesse de variation de la direction de M , de
 
d~t d~
τ
plus la norme de ds = ds au point M est la valeur absolue de la courbure
d~t
en M i.e. ds = |K|, par suite on a :

d~t  d~τ 
= = |K|~n
ds ds
132 Chap. 7: Etude métrique des courbes planes


y C

n
~

~t

r
~

~
j ∧

> >
O ~
i x

Fig. 7.8

 
Exemple. Soit à chercher ~t et ~n en un point M de la courbe C pa-
 
ramétrisée par : ®
x = a cos3 t
.
y = a sin3 t
On a −−→
OM = ~r = a cos3 t~i + a sin3 t~j,
d~r
= −3a cos2 t sin t~i + 3a sin2 t cos t~j,
dt
ds d~r
= = 3a sin t cos t,
dt dt
d~r dt d~r
donc ~t (= ~τ ) = = = − cos t~i + sin t~j d’où :
ds ds dt
d~t dt 1 ~ 1 ~
= (sin t~i + cos t~j) = i+ j
ds ds 3a cos t 3a sin t
(et normaliser pour trouver ~n).
π
En t = on a :
4 √ √
~t 2~ 2~
=− i+ j,
√2 √2
d~t 2~ 2~
= i+ j,
ds 3a 3a
d~t 2
|K| = = 3a ,
ds
7.3 Vecteur polaire. 133

√ √
1 d~t 2~ 2~
donc ~n = = i+ j (voir figure7.9).
|K| ds 2 2

n
~
~t •
>

Fig. 7.9

Soit (C) une courbe donnée sous forme ρ = ρ(θ) = (f (θ)).


−−→
L’angle ψ du rayon vecteur (vecteur polaire) OM et de la tangente M T à
la courbe C en M (ρ, θ) est donné par l’expression (cf figure 7.10) :

θ ρ dρ
tan ψ = ρ = 0 avec ρ0 = .
ρ ρ dθ

Noter que tan ψ joue en coordonnées polaire un rôle similaire à celui de la


pente de la tangente en coordonnées cartésiennes.
134 Chap. 7: Etude métrique des courbes planes

y∧

M

ψ
ρ

τ
θ
>
T x

Fig. 7.10

L’angle d’inclinaison τ de la tangente à C en M (ρ, θ) est donné par :

ρ cos θ + ρ0 sin θ
tan τ = .
−ρ sin θ + ρ0 cos θ

Soit P (ρ+∆ρ, θ+∆θ) un point de (C) voisin de M (ρ, θ) ; R étant la projection


orthogonale de M sur (OP ) on a :

RM RM ρ sin ∆θ
tan λ = = =
RP OP − OR ρ + ∆ρ − ρ cos ∆θ

ρ sin ∆θ ρ sin∆θ∆θ
= = 1−cos ∆θ ∆ρ
ρ(1 − cos ∆θ) + ∆ρ ρ ∆θ + ∆θ

Quand P → M le long de C, ∆θ → 0 et OP → OM ; (M P ) → (M T ) et
sin ∆θ 1−cos ∆θ
λ → ψ. Ainsi ∆θ → 1 et ∆θ → 0. Il en resulte que :

ρ dθ
tan ψ = lim tan λ = dρ
=ρ .
∆→0

Les points d’intersection de deux courbes d’équation ρ = f1 (θ) et ρ =


f2 (θ) s’obtiennent en résolvant l’équation f1 (θ) = f2 (θ). Il faut faire atten-
tion ici à la particularité de l’origine.
7.4 Longueur d’un arc. 135

 
Exemple. Soit à chercher les points d’intersection de ρ = sin θ et ρ =
 
cos θ.

2 π
L’équation sin θ = cos θ fournit les points ( 2 , 4); qui sont bien des points
d’intersection. Mais il n’y a pas que ceux là . En effet les courbes données sont
des cercles passant par l’origine donc celle-ci est aussi un point d’intersec-
tion, pourtant sur la courbe d’équation ρ = sin θ, elle a comme coordonnées
(0, 0) alors que sur la courbe d’équation ρ = cos θ, elle a comme coordonnées
(0, π2 ).
L’angle d’intersection φ de deux courbes, en un point commun P (ρ, θ),
autre que l’origine, est donné par :
tan ψ1 − tan ψ2
tan φ =
1 + tan ψ1 tan ψ2
où ψ1 et ψ2 sont les angles formés par OP avec les tangentes respectives aux
courbes eb P .
En fait ce procédé s’applique aussi en coordonnées cartésiennes ou pa-
ramétriques. La nature des calculs impose les coordonnées à choisir.

7.4 Longueur d’un arc.

La dérivée de la longueur d’un arc est donnée par :


ds » 2
= ρ + ρ0 2


On rappelle que ρ0 = dθ et s est supposé croissante lorsque θ croit.
La courbure K est donnée par la formule :
ρ2 + 2ρ0 2 − ρρ00
K= 3 .
[ρ2 + ρ0 2 ] 2
dτ ρ
Démonstration. On a K = ds , τ = θ + ψ où tan ψ = ρ0 . Ainsi :
dτ dθ dψ dθ dψ dθ dψ
= + = + = (1 + )
ds ds ds ds dθ ds dθ
Mais ψ = Arctg ρρ0 , donc :
[ρ0 2 −ρρ00 ]
dψ ρ0 2 ρ0 2 − ρρ00
=  2 = ;

1 + ρρ0 ρ2 + ρ0 2
136 Chap. 7: Etude métrique des courbes planes

dψ ρ2 + 2ρ0 2 − ρρ00
1+ = .
dθ ρ2 + ρ0 2
Par conséquent
dθ  dψ  1 + dψ 1 + dψ ρ2 + 2ρ0 2 − ρρ00
K= 1+ = ds dθ = » dθ
= 3
ds dθ dθ ρ2 + ρ0 2 [ρ2 + ρ0 2 ] 2
 
π 4π
Exemple. Soit à calculer la courbure en θ = 2 et θ = 3 pour la courbe
 
C : ρ(1 − cos θ) = 1. On a
− sin θ
ρ0 = ,
(1 − cos θ)2
− cos θ 2 sin2 θ
ρ00 = + ,
(1 − cos θ)2 (1 − cos θ)3
et ainsi K = sin3 ( 2θ ).
 √ 3 √  √ 3 √
2 2 3 3 3
Pour θ = π2 , K = 2 = 4 ; pour θ = 4π
3 , K= 2 = 8 .
¯ est, par définition, la
Longueur d’un arc. La longueur d’un arc AB
somme limite des longueurs d’un ensemble de cordes consécutives AP1 , P1 P2 , . . . , Pn−1 B,
joingnant des points de l’arc (cf figure 7.11). Lorsque le nombre de ces points
tend ver l’infinis la longueur de chaque corde tend vers 0.

• •
P1 P2
A
• .
.
.

Pn−1 •B

Fig. 7.11

a a
Si A et B sont deux points de la courbe C définie par y =
f (a)=c f (b)=d
f (x) où f est de classe C 1 sur ¯ est donnée
[a, b], alors la longueur de l’arc AB
par :
Z Z b  dy 2
S= dS = 1+ dx.
ˆ
A B a dx
7.4 Longueur d’un arc. 137

Démonstration. Considérons une subdivision de [a, b] par les points :

ξ0 = a, ξ1 , ξ2 . . . , ξn−1 , ξn = b.

Les perpendiculaires en ces points à (Ox) déterminent sur l’arc les points
P0 = A, P1 , P2 , . . . , Pn−1 , Pn = B (cf figure 7.12).
On a : »
Pk−1 Pk = (∆k x)2 + (∆k y)2
 ∆ y 2
k
= 1+ ∆k x.
∆k x
D’après le théorème des accroissement finis, il existe un point (d’abscisse
xk ) sur l’arc P̧k−1 Pk tel que la pente de la tangente f 0 (xk ) en ce point soit
∆k y
égale à la pente ∆k x de la corde Pk−1 Pk . Par conséquent :
»
Pk−1 Pk = 1 + (f 0 (xk ))2 × ∆k x, ξk−1 < xk < ξk ;

il en résulte que :
n » Z b
X dy 2
AB = lim 1+ (f 0 (xk ))2 × ∆k x = 1+( ) dx.
n→+∞
k=1 a dx

• Pn = B

Pn−1

Pk

Pk−1 ∆k y

P1
P0 = A •

∆1 x ∆k x ∆n x
>
a = ξ0 ξ2 ξk−1 ξk ξn−1 ξn = b

Fig. 7.12
138 Chap. 7: Etude métrique des courbes planes

 
3
Exemple 1. Soit à calculer la longueur de l’arc de la courbe : y = x 2
 
entre les points x = 0 et x = 5.
dy 1
On a dx = 32 x 2 et
Z b Z 5
dy 2 9 8h 9 3 i5 335
S= 1+( ) dx = 1 + ( x)2 dx = (1+ x) 2 = unités de longueur.
a dx 0 4 27 4 0 27
 
Exemple 2. Longueur de l’arc de (C) : 42xy = x4 + 48 de x = 2 à x = 4.
   2  2
dy x4 −16 dy 1 x4 +16
On a dx = 8x2
; 1+ dx = 64 x2
. Ainsi :
Z 4
1 16 17
S= (x2 + )dx = unités de longueur.
8 2 x2 6

Lorsque
® la courbe (C) est définie sous forme d’une représentation paramétrique
x = x(t)
, les conditions de régularités des fonctions x(t), y(t) étant sa-
y = y(t)
x(t1 ) x(t2 )
¯ où A
tisfaites alors la longueur de l’arc AB et B est donnée par :
y(t1 ) y(t2 )

Z Z t2  dx 2  dy 2
S= dS = + dt.
ˆ
A B t1 dt dt
  ®
x = θ − sin θ
Exemple 1. Soit à calculer la longueur d’une arche de la cycloı̈de .
  y = 1 − cos θ
Noter qu’une arche est décrite lorsque θ varie de 0 à 2π. On a :

dx dy  dx 2  dy 2 θ
= 1 − cos θ, = sin θ, + = 2(1 − cos θ) = 4 sin2 ( ).
dθ dθ dθ dθ 2

D’où
Z 2π
θ h θ i2π
S=2 sin dθ = −4 cos =8 unités de longueur.
0 2 2 0
  ®
x = t2
Exemple 2. idem avec (C) : de t = 0 à t = 4. On a :
  y = t3

dx dy  dx 2  dy 2 9
= 2t, = 3t2 , + = 4t2 + 9t4 = 4t2 (1 + t2 ).
dt dt dt dt 4

D’où :
Z 4
9 8 √
S= 1 + t2 · 2tdt = (37 37 − 1) unités de longueur.
0 4 27
7.4 Longueur d’un arc. 139

Lorsque la courbe (C) est donnée sous forme de coordonées polaires ρ = f (θ),
alors la longueur de l’arc de (C), θ variant de θ = θ1 à θ = θ2 , est donné
par :
Z θ2 Z θ2  dρ 2
S= dS = ρ2 + dθ.
θ1 θ1 dθ
 
Exemple. Soit à calculer la longueur de la cardioı̈de : ρ = a(1 − sin θ).
 

On a dθ = −a cos θ et :
 dρ 2
ρ2 + = a2 (1 − sin θ)2 + a2 cos2 θ

θ θ
= 2a2 (sin − cos )2 .
2 2
Par raison de symétrie, la longueur cherchée est deux fois la longueur quand
π 3π
θ varie de 2 à 2 . D’où :

√ Z 2
h θ θi √ h θ θ i 3π
2
S = 2 2a sin −cos dθ = 4 2a −cos −sin π = 8a unités de longueur.
π
2
2 2 2 2 2

Fig. 7.13
140 Chap. 7: Etude métrique des courbes planes

Gauss, Carl Friedrich (1777-1855), mathématicien,


physicien et astronome allemand, dit le prince des
mathématiciens. Gauss étudia pratiquement tous
les domaines des mathématiques : probabilités,
géométrie, algèbre, théorie des nombres, etc. Dans
le domaine des probabilités, son nom demeure at-
taché à la loi normale, dite aussi loi de Laplace-
Gauss. En géométrie, Gauss se distingua dans plu-
sieurs domaines. En 1796, il découvrit une solu-
tion au problème de construction d’un polygone
régulier de 17 côtés, à la règle et au compas. Par
ailleurs, il s’intéressa à la géométrie des surfaces
courbes, développée en termes de coordonnées in-
trinsèques, dites gaussiennes. Cette géométrie par-
ticulière, qui ne tient pas compte de l’espace dans
lequel se trouve la figure géométrique à étudier, fut
à l’origine d’une réflexion plus vaste sur les pre-
miers espaces courbes non-euclidiens. En algèbre, il
proposa une première démonstration du théorème
fondamental de l’algèbre, qui stipule que le nombre
des racines d’une équation algébrique est égal au
degré de cette équation. Ce théorème, dont la
démonstration avait résisté aux mathématiciens
les plus célèbres, est aussi appelé aujourd’hui
le théorème de d’Alembert-Gauss. Gauss étudia
également certaines séries particulières, les séries hy-
Fig. 7.14 Gauss
pergéométriques, dont il donna des conditions rigou-
reuses de convergence. Il proposa une représentation
géométrique des nombres complexes comme points
du plan, utilisant ce résultat pour traiter l’équation
complexe. Gauss publia peu de son vivant, mis à
part un traité d’arithmétique Disquisitiones arith-
meticae (1801), un ouvrage de géométrie Disqui-
sitiones generales circa superficies curvas (1827)
et une Théorie générale du magnétisme terrestre
(1839). Bon nombre de ses idées, comme celles re-
latives à la géométrie non-euclidienne, ne figurent
ainsi que dans sa correspondance.
Bibliographie

[1] F. Ayres. Théorie et applications du calcul différentiel et intégral.


McGraw-Hill, 1979.

[2] F. Ayres. Théorie et applications des équations differentielles. McGraw-


Hill, 1979.

[3] Y. Bougrov et S. Nikolski. Exercices de mathématiques supérieurs, edi-


tions mir, 1985.

[4] W. G. Chinn et N. Esteenrd. Topologie élémentaire, Dunod.

[5] R. Couly, J. Ezra. Analyse tome 1, Collection U, 1967.

[6] G. Eguether. Analyse élémentaire pour le CAPES, polycopié université


Henri Poincaré, Nancy 1.

[7] S. Francinon, H. Gianelle, S. Nicolas. Exercices de mathématiques :


Oraux X-ENS, Analyse 1, Cassini 2003.

[8] R. Godement. Cours d’algèbre, Enseignement des Sciences, Hermann,


1980.

[9] G. Hirsch et J. Rouyet. Intégrales simples, Masson, 1993.

[10] G. Laville. Courbes et Surfaces, ellipses, 2004.

[11] J. Lelong-Ferrand et J. M. Arnaudiès. Cours de mathématiques tome


3 : Géométrie et cinématique, Dunod 1977.

[12] J. Lelong-Ferrand et J. M. Arnaudiès. Cours de mathématiques tome


2 : Analyse, Dunod 1977.

[13] J. Ramis. Analyse tome 1 et 2, Masson, 1985.

141
142 BIBLIOGRAPHIE

[14] J. Rivaud. Analyse, équations différentielles, Vuibert 1981.

[15] J. Vauthier, P. Krée, M. Krée. Cours de mathématiques, ESKA, 1995.

[16] Photos et notes d’histoire : Encyclopédie Encarta et le cite de


l’Encyclopédie Wikipédia (http ://fr.wikipedia.org)
Index

Borne inférieure, 12 Equations différentielles, 67


Borne supérieure, 11 Equations différentielles de Bessel, 79
Equations différentielles du 1er ordre,
Cercle de courbure, 105
67
Changement de variable direct, 47
Equations différentielles du second ordre,
Changement de variable inverse, 49
76
Coupure de Dedekind, 7
Equivalence de fonctions, 36
Courbe birégulière, 83
Extremum relatif, 30
Courbe régulière, 83
Courbure d’une courbe, 103 Fonction bornée, 18
Fonction continue, 20
Dérivées successives, 26
Fonction continue strictement mono-
Développement de Taylor, 34
tone, 22
Développement limité, 37
Fonction dérivable, 25
Densité de Q, 7
Fonction lipschitziènne, 32
Division euclidienne dans Z, 2
Fonctions hyperboliques, 29
Emboı̂tement, 6 Formule de Leibniz, 27
Ensemble N, 1 Formule de Mac-Laurin, 34
Ensemble R, 4 Formule de Taylor-Lagrange, 34
Ensemble Q, 3
Ensemble Z, 2 Intégrale d’une fonction, 43
Equation caractéristique, 76 Intégration des fonctions rationnelles,
Equation de Bernoulli, 72 55
Equations de Gauss, 80 Intégration des fonctions rationnelles
Equations de Lagrange-Clairaut, 74 hyperboliques, 63

143
144 INDEX

Intégration des fonctions rationnelles Suite de Cauchy, 16


trigonométriques, 59, 61 Suite divergente, 13
Intégration par parties, 52 Suite extraite, 14
Suite monotone, 16
Limite d’une fonction, 18
Limite d’une suite, 13 Tableau des développements limités
Longueur d’un arc, 113 des fonctions usuelles, 38
Tableau des primitives classiques, 47
Méthode de la variation de la constante,
Théorème de Rolle, 31
71
Théorème des accroissements finis, 32

Nombres algébriques, 5 Théorème des valeurs intermédiaire,


21
Partie bornée, 11
Partie majorée, 11 Vecteur polaire, 107

Partie minorée, 11 Vitesse de variation d’un arc, 102

Point de rebroussement de deuxième


espèce, 90
Point de rebroussement de première
espèce, 89
Point régulier, 86
Point singulier, 86
Primitive, 45
Propriété d’Archimède, 3
Propriété de récurrence, 1

Rayon de courbure, 104

Somme de Riemann, 43
Suite, 13
Suite convergente, 13
Suite croissante, 16
Suite décroissante, 16
INDEX 145

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