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Université de Douala

Faculté de Génie Industriel

Analyse 3
Année académique 2018-2019

Dr.rer.nat. Patrick Njionou, S.


Ph.D. in Mathematics
iEARN Master Teacher, USA
pnjionou@easy-maths.org
Table des matières

1 Eléments de topologie 1
1.1 Topologie de R. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1
1.1.1 Voisinage d’un point dans R . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1
1.1.2 Point d’accumulation d’un ensemble, ensemble dérivé . . . . . . 3
1.1.3 Point adhérent, adhérence, fermé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
1.1.4 Point intérieur-Intérieur-Ouvert . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
1.1.5 Compacts, ensembles compacts de R . . . . . . . . . . . . . . . . 8
1.2 Topologie d’un espace métrique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
1.2.1 Généralités sur les espaces métriques . . . . . . . . . . . . . . . . 9
1.2.2 Espaces métriques complets . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
1.2.3 Espaces métriques compacts . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
1.2.4 Suites et espaces métriques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
1.2.5 Fonction continue entre deux espaces métriques . . . . . . . . . . 11
1.3 Topologie générale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
1.3.1 Définition et exemple . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
1.3.2 Voisinage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
1.3.3 Adhérence, Intérieur, Extérieur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
1.3.4 Espace topologique séparé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12
1.3.5 Limite d’une suite . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13
1.3.6 Limite d’une fonction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13
1.3.7 Continuité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14

2 Fonction analytique d’une variable complexe 15


2.1 Généralités sur les fonctions à variable complexe . . . . . . . . . . . . . . 15
2.1.1 Continuité d’une fonction à variable complexe . . . . . . . . . . . 16
2.1.2 Dérivée d’une fonction à variable complexe . . . . . . . . . . . . . 16
2.2 Intégration des fonctions à variable complexe . . . . . . . . . . . . . . . . 18
2.2.1 Intégrale d’une fonction de variable complexe . . . . . . . . . . . 18
2.2.2 Quelques propriétés d’une intégrale . . . . . . . . . . . . . . . . . 18
2.3 Formules intégrale de Cauchy et applications . . . . . . . . . . . . . . . . 19
2.3.1 Formules intégrales de Cauchy . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19
2.3.2 Applications des formules de Cauchy au calcul intégral . . . . . . 20
2.4 Formule de Laurent et Théorème des résidus . . . . . . . . . . . . . . . . 21
2.4.1 Développement de Laurent . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21
2.4.2 Points singuliers . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22
2.4.3 Résidus, formule des résidus. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23
2.5 Quelques exemples de calcul d’intégrales par les résidus . . . . . . . . . 24
R 2π
2.5.1 Intégrales de la forme I = 0 R(cos θ, sin θ )dθ . . . . . . . . . . . 25
R +∞ P( x )
2.5.2 Intégrale de la forme I = −∞ Q( x) dx . . . . . . . . . . . . . . . . 26

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Patrick Njionou,S.

2.6 Exercices . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27

3 Transformation de Fourier des Fonctions et des distributions 30


3.1 Définitions et propriétés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31
3.2 Exemples de transformées . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31
3.3 Propriétés de la transformée de Fourier . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32
3.4 Transformée de Fourier inverse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34
3.5 Exercices . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35

4 Espaces L p et Espaces de Hilbert 38


4.1 Espaces L p . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 38
4.1.1 L’espace L1 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 38
4.1.2 Les espace L p , 1 ≤ p ≤ +∞. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39
4.2 Espaces de Hilbert . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41
4.2.1 Définitions et propriétés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41
4.2.2 Orthogonalité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 44
4.2.3 Projection orthogonale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45
4.2.4 Théorème de Représentation de Riesz . . . . . . . . . . . . . . . . 48
4.2.5 Quelques conséquences du théorème de Riesz . . . . . . . . . . . 49
4.2.6 Bases hilbertiennes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 51
4.2.7 L’espace hilbertien `2 ( I ). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55
4.3 Exercices . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55

5 Transformation de Laplace des fonctions 59


5.1 Définitions et exemples . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59
5.1.1 Définitions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59
5.1.2 Quelques exemples de transformée de Laplace . . . . . . . . . . . 60
5.2 Dérivation, modulation, convolution . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 61
5.2.1 Résultats préliminaires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 61
5.2.2 Dérivation d’une transformée de Laplace . . . . . . . . . . . . . . 62
5.2.3 Transformée de Laplace des primitives et des dérivées . . . . . . 62
5.2.4 La transformée de Laplace d’un produit de convolution . . . . . 65
5.2.5 Transformée de Laplace d’une fonction périodique . . . . . . . . 66
5.3 Calcul symbolique : résolution de l’équation de convolution . . . . . . . 67
5.3.1 Transformée de Laplace inverse. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 67
5.3.2 Application à la résolution des équations différentielles . . . . . . 68

6 Transformée en Z 70
6.1 Rappels sur les séries numériques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 70
6.2 Transformée en Z, Définition . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 71
6.2.1 Définitions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 72
6.2.2 Convergences de la transformée en z . . . . . . . . . . . . . . . . . 72
6.2.3 Exemples de transformée en z . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 73
6.2.4 Inversion d’une transformée (détermination d’un original) . . . . 73
6.2.5 Propriétés de la transformée en z . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 74
6.2.6 Décalage et transformée bilatérale . . . . . . . . . . . . . . . . . . 75
6.3 Application . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 78
6.4 Exercices . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 79

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Chapitre 1

Eléments de topologie

On entendra par topologie d’un ensemble la structure de cet ensemble. La topologie


est une notion fondamentale en analyse et même en méthématiques en général. Beau-
coup d’autres notions sont liées à elle, on citera par exemple les notions de continuité,
de convergence,..., c’est donc une notion à très bien comprendre.

1.1 Topologie de R.
Nous supposons connu dans cette section les propriétés élémentaires de l’ensemble
des nombres réels : les notions de minorant, de majorant, de bornes supérieure et
inférieures puis de leur caractérisation, du caractère archimédien de l’ensemble R.

1.1.1 Voisinage d’un point dans R


Boule ouverte, boule fermée
Définition 1.1. Soit a un réel et r un réel strictement positif.
1. On appelle boule ouverte de centre a et de rayon r l’ensemble noté B( a, r ) défini par :

B( a, r ) = { x ∈ R/ | x − a| < r } =] a − r, a + r [

2. On appelle boule fermée de centre a et de rayon r l’ensemble noté B( a, r ) et défini par :

B( a, r ) = { x ∈ R/ | x − a| ≤ r } = [ a − r, a + r ]

Proposition 1.1. Soient a ∈ R, r1 , r2 > 0.


1. B( a, r1 ) ∩ B( a, r2 ) = B( a, r ) avec r = min{r1 , r2 }
2. B( a, r1 ) ∩ B( a, r2 ) = B( a, r ) avec r = min{r1 , r2 }
3. B( a, r1 ) ∪ B( a, r2 ) = B( a, r ) avec r = max{r1 , r2 }
4. B( a, r1 ) ∩ B( a, r2 ) = B( a, r ) avec r = max{r1 , r2 }

Démonstration. On remarquera que si r1 < r2 alors B( a, r1 ) ⊂ B( a, r2 ).

Proposition 1.2. Soit a un réel et r > 0. Pour tout y ∈ B( a, r ), il existe toutjous une boule de
centre y contenue dans B( a, r ).

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Démonstration. Soit a un réel et r > 0. Soit y ∈ B( a, r ), trouvons ρ > 0 tel que B(y, ρ) ⊂
B( x, a).
Posons θ = min{ a + r − y, y − ( a − r )}. Nous allons montrer que B(y, θ ⊂ B( a, r ).
— Si y = a alors θ = r et B(y, θ ) = B( a, r ).
— Si y < a alors θ = y − ( a − r ) et on a a − r < y − θ < y < y + θ < a + r donc
B(y, θ ) ⊂ B( x, a)
— Si y > a alors θ = a + r − y, ainsi a − r < y − θ < y < y + θ < a + r donc
B(y, θ ) ⊂ B( x, a)

Voisinages
Définition 1.2 (Voisinage de a). Soit V une partie de R et a ∈ R. On dit que V est un
voisinage de a s’il existe une boule ouverte de centre a et qui est contenue dans V. Da façon
précise, V est un voisinage de a s’il existe r > 0 tel que B( a, r ) ⊂ V.
On note V( a) l’ensemble des voisinages de a.

Proposition 1.3. 1. V( a) 6= ∅
2. ∀V ∈ V( a), a ∈ V
3. ∀U, V ∈ V( a), U ∩ V ∈ V( a)
4. ∀U ∈ V( a), ∀V ⊂ R, U ⊂ V ⇒ V ∈ V( a)
5. ∀V ∈ V( a), ∃U ∈ V( a) et ∀b ∈ U, U ∈ V(b).

Démonstration. 1. V( a) 6= ∅ car B( a, 12 ) ∈ V( a).


2. Soit V ∈ V( a), alors il existe r > 0 tel que B( a, r ) ⊂ V, comme a ∈ B( a, r ) alors
a ∈ V.
3. Soit U, V ∈ V( a), alors il existe r1 , r2 > tels que B( a, r1 ) ⊂ U et B( a, r2 ) ⊂ V.
Posons r = min{r1 , r2 }. On B( a, r ) = B( a, r1 ) ∩ B( a, r2 ) ⊂ U ∩ V, donc U ∩ V ∈
V( a ).
4. Soit U ∈ V( a) et V ⊂ R tel que U ⊂ V. On sait qu’il existe r > 0 tel que B( a, r ) ⊂
U, comme U ⊂ V, alors B( a, r ) ⊂ V donc V ∈ V( a).
5. Il suffit de prendre une boule contenue dans V puis utiliser la proposition 1.2.

Proposition 1.4. Soient a et b deux réels distincts, il existe U ∈ V( a) et V ∈ V(b) tels que
U ∩ V = ∅. On dit dans que R est séparé.
| a−b|
Démonstration. Poser r = 3 et predre U = B( a, r ), V = B(b, r ).

Proposition 1.5. Si A est un intervalle ouvert de R et si x ∈ A alors A est un voisinage de x.


De façon précise, tout intervalle ouvert de R est voisinage de chacun de ces points.
b− a b− a
Démonstration. Soit ] a, b[ un intervalle ouvert de R. Posons a0 = a + 2 et r = 2 .
Alors ] a, b[= B( a0 , r ). Conclure avec la proposition 1.2.

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1.1.2 Point d’accumulation d’un ensemble, ensemble dérivé


Notation 1.1. Si a ∈ R, et r > 0, alors B∗ ( a, r ) = B( a, r )\{ a} =] a − r, a[∪] a, a + r [.
Définition 1.3. Soient A ⊂ R et x ∈ R.
1. On dit que x est un point d’accumulation de A si :

∀V ∈ V( x ), A ∩ [V \{ x }] 6= ∅

2. L’ensemble dérivé de A noté A0 est l’ensemble des points d’accumulation de A.


Proposition 1.6. Soient A ⊂ R et x ∈ R, les propriétés suivantes sont équivalentes :
1. x est un point d’accumulation de A.
2. ∀r >, B∗ ( a, r ) ∩ A 6= ∅.
Démonstration. — Supposons que x ∈ A0 . Soit r > 0, alors B( x, r ) ∈ V( x ) donc
A ∩ [ B( x, r )\{ x }] 6= ∅ donc A ∩ B∗ ( x, r ) 6= ∅.
— Réciproquement, supposons que pour tout r > 0, A ∩ B∗ ( x, r ) 6= ∅. Soit V ∈
V( x ), il s’agit de montrer que A ∩ [V \{ x }] 6= ∅. Comme v ∈ V( x ) alors il existe
r > 0 tel que B( x, r ) ⊂ V, comme B∗ ( x, r ) ∩ V 6= ∅ et que B∗ ( x, r ) ⊂ A ∩
[V \{ x }], alors A ∩ [V \{ x }] 6= ∅.

Remarque 1.1. Il sera souvent plus facile d’utiliser cette proposition pour montrer qu’un
élément d’un ensemble est point d’accumulation.
Proposition 1.7. Soient A ⊂ R et x ∈ R, les propriétés suivantes sont équivalentes :
1. x ∈ A0 .
2. ∀r > 0, B∗ ( x, r ) ∩ A est infinie.
Démonstration. (Non obligatoire)
— Si pour tout r > 0, B∗ ( x, r ) ∩ A est infinie, alors pour tout r > 0 B∗ ( x, r ) ∩ A 6= ∅
donc x ∈ A0 .
— Supposons maintenant que x ∈ A0 . Supposons qu’il existe r > 0 tel que B∗ ( x, r ) ∩
A soit finie. Comme x ∈ A0 , on a B∗ ( x, r ) ∩ A 6= ∅, posons alors B∗ ( x, r ) ∩
A = { x1 , x2 , ..., x p }. Il est clair que pour tout i ∈ {1, 2, ..., p}, xi 6= x. R étant
séparé, il existe ε i > 0, ri > 0 tel que B( x, ε i ) ∩ B( xi , ri ) = ∅, ce qui en-
traı̂ne que B∗ ( x, ε i ) ∩ B∗ ( xi , ri ) = ∅ d’où xi ∈
/ B∗ ( x, ε i ) pout tout i. Posons alors
θ = min{ε i , 1 ≤ i ≤ p}. On a B ( x, θ ) ⊂ B∗ ( x, ε i ) pour tout i. Posons ensuite

γ = min{θ, r }.

γ ≤ r = B∗ ( x, γ) ⊂ B∗ ( x, r )
= B∗ ( x, γ) ∩ A ⊂ B∗ ( x, r ) ∩ A
= B∗ ( x, γ) ∩ A ⊂ { x1 , x2 , ..., x p }
De plus γ ≤ θ ⇒ B∗ ( x, γ) ⊂ B∗ ( x, θ ). Mais :

/ B∗ ( x, ε i ) ⇒ xi ∈
∀i ∈ {1, 2, ..., p} xi ∈ / B∗ ( x, θ )
/ B∗ ( x, γ)
⇒ xi ∈
/ B∗ ( x, γ) ∩ A
⇒ xi ∈
Par conséquent B∗ ( x, γ) ∩ A = ∅. Ce qui contredit le fait que x ∈ A0 .

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Corollaire 1.1. 1. Si A est une partie finie de R, A n’admet pas de point d’accumulation.
2. Z n’admet pas de point d’accumulation.

Proposition 1.8. Soient A ⊂ R et x ∈ R, les propriétés suivantes sont équivalentes :


1. x ∈ A0 ,
2. Il existe une suite ( an )n de point distinct de A qui convergent vers x, de façon précise, il
existe une suite ( an )n vérifiant :
a. ∀n ∈ N, an ∈ A
b. ∀n, p ∈ N, n 6= p ⇒ an 6= a p .
c. ( an ) converge vers x.

Démonstration. — Supposons que x ∈ A0 , alors pour tout r > 0, B∗ ( x, r ) ∩ A est


infinie.
Pour r = 1, considérons a0 ∈ B∗ ( x, 1) ∩ A
Pour r = 12 , B∗ ( x, 21 ) ∩ A est infinie, considérons a1 ∈ B∗ ( x, 12 ) ∩ A tel que a0 6=
a1 .
Supposons construits ( ai )0≤i≤n et construisons an+1 de la façon suivante :
pour r = 2n1+1 , B∗ ( x, 2n1+1 ) ∩ A est infinie. Choisissons an+1 ∈ B∗ ( x, 2n1+1 ) ∩ A tel
que an+1 ∈ / { a0 , a1 , ..., an }.
La suite ( an ) vérifie :
i ∀n ∈ N, an ∈ A
ii ∀n, p ∈ , n 6= p ⇒ an 6= a p .
iii ∀n ∈ N, an ∈ B∗ ( x, 21n ) ∩ A donc | an − x | < 21n d’où lim | an − x | = 0 et par
suite lim an = x.
— Supposons à présent qu’il existe une suite vérifiant ( a), (b) (c) et montrons que
x ∈ A0 .
Soit r > 0. Comme lim an = x, il existe nr ∈ N tel que ∀n ∈ N, n > nr ⇒
| an − r | < r ⇒ an ∈ B( a, r ) Posons p = nr + 1 et q = nr + 2. Alors p, q > nr donc
a p , aq ∈ B( x, r ) ∩ A. Comme a p 6= aq , a p = x ⇒ aq 6= x et aq = x ⇒ a p 6= x, donc
{ a p , aq } ∩ [ B∗ ( x, r ) ∩ A] 6= ∅.

Proposition 1.9. Soit A, B ⊂ R.


1. A ⊂ B ⇒ A0 ⊂ B0
2. ( A ∩ B)0 ⊂ A0 ∩ B0
3. ( A ∪ B)0 = A0 ∪ B0
4. ( A0 )0 ⊂ A0 .

Démonstration. 1. Soit A ⊂ B. Soit x ∈ A0 , il existe une suite ( an ) de points distincts


de A qui converge vers x. Il est clair que ( an ) est une suite de points distincts de
B (car A ⊂ B) qui converge vers x donc x ∈ B0
2. Remarquons que A ∩ B ⊂ A et A ∩ B ⊂ B donc ( A ∩ B)0 ⊂ A0 et ( A ∩ B)0 ⊂ B0
d’où ( A ∩ B)0 ⊂ A0 ∩ B0 .

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3. On a A ⊂ A ∪ B et B ⊂ A ∪ B donc A0 ⊂ ( A ∪ B)0 et B0 ⊂ ( A ∪ B)0 d’où


A0 ∪ B0 ⊂ ( A ∪ B)0 .
Supposons qu’il existe x ∈ ( A ∪ B)0 tel que x ∈
/ A0 ∪ B0 et montrons que c’est
impossible.

/ A0 ∪ B0 ⇔ x ∈
x∈ / A0 et x ∈/ B0
⇔ ∃r1 , r2 > 0/B∗ ( x, r1 ) ∩ A = ∅ et B∗ ( x, r2 ) ∩ B = ∅

Posons θ = min{r1 , r2 }, alors on a : B∗ ( x, θ ) ⊂ B∗ ( x, r1 ) et B∗ ( x, θ ) ⊂ B∗ ( x, r2 )


donc B∗ ( x, θ ) ∩ A = ∅ et B∗ ( x, θ ) ∩ B = ∅ d’où B∗ ( x, θ ) ∩ ( A ∪ B) = ∅. D’où
x∈/ ( A ∪ B)0 ce qui est absurde.
4. Supposons qu ’il existe x ∈ A” tel que x ∈ / A0 .
x∈ 0 ∗
/ A donc il existe θ > 0 tel que B ( x, θ ) ∩ A = ∅
x ∈ A” ⇔ ∀ R > 0, B∗ ( x, R) ∩ A0 6= ∅, en particulier pour R = θ, on a B∗ ( x, θ ) ∩
A0 6= ∅. Comme A0 ⊂ A, on a donc B∗ ( x, θ ) ∩ A 6= ∅, ce qui est impossible donc
A” ⊂ A0 .

Théorème 1.1 (Bolzano-Weirstrass). Toute partie infinie et bornée de R admet un point


d’accumultation.

Démonstration. h Commei A est borné,


h il existe
i a0 et b0 tel que A ⊂ [ a0 , b0 ]. Posons S0 =
a0 +b0 a0 +b0
[ a0 , b0 ], K1 = a0 , 2 , T1 = 2 , b0 .
S0 ∩ A = A donc S0 ∩ A est infini. Comme S0 = K1 ∪ T1 , alors (K1 ∪ T1 ) ∩ A est infini,
ainsi (K1 ∩ A) ∪ ( T1 ∩ A) est infini. Si K1 ∩ A est infini, on pose S1 = K1 = [ a1 , b1 ] et on
prend x1 ∈ K1 ∩ A, sinon, T1 ∩ A est infini et dans ce cas on pose S1 = T1 = [ a1 , b1 ] et
on prend x1 ∈ T1 ∩ A. On a alors :
1. S1 ⊂ S0
d ( S0 )
2. d(S1 ) = 2
3. S1 ∩ A est infini
4. x1 ∈ S1 ∩ A donc S1 ∩ A 6= ∅.
h i h i
a1 +b1 a1 +b1
Posons S1 = [ a1 , b1 ], K2 = a1 , 2 , T2 = 2 , b1 .
S1 ∩ A = A donc S1 ∩ A est infini. Comme S1 = K2 ∪ T2 , alors (K2 ∪ T2 ) ∩ A est infini,
ainsi (K2 ∩ A) ∪ ( T2 ∩ A) est infini. Si K2 ∩ A est infini, on pose S2 = K1 = [ a2 , b2 ] et
on prend x2 ∈ K2 ∩ A tel que x2 6= x1 , sinon, T2 ∩ A est infini et dans ce cas on pose
S2 = T2 = [ a2 , b2 ] et on prend x2 ∈ T2 ∩ A tel que x2 6= x1 . On a alors :
1. S2 ⊂ S1
d ( S1 )
2. d(S2 ) = 2
3. S2 ∩ A est infini
4. x2 ∈ S1 ∩ A et x2 6= x1 .
On obtient ainsi par récurrence deux suites (Sn ) et ( xn ) vérifiant :
1. ∀n ∈ N Sn+1 ⊂ Sn
d ( Sn )
2. d(Sn+1 ) = 2 pour tout n.
3. ∀n ∈ N, Sn est un segement.

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4. ∀n ∈ N, Sn ∩ A est infini
5. ∀n ∈ N, xn ∈ Sn ∩ A
6. ∀n, p ∈ N, n 6= p ⇒ xn 6= x p .
On obtient les résultat suivants :
Sn 6 = ∅
T
Résultat 1.
n ∈N
d’après 1.,3. et l’axiome de continuité.
Résultat 2. ∃µ ∈ R/ Sn = { µ }
T
n ∈N
d’après le résultat 1 et le point 2. car lim d(Sn ) = 0
Résultat 3. (un ) converge vers µ.
En effet, xn ∈ Sn , µ ∈ Sn donc pour tout n, | xn − µ| ≤ d(Sn ) → 0.

Résultat 4. µ ∈ A0

d’après 3., 5., 6.. Conclusion A0 6= ∅

Corollaire 1.2 (théorème Bolzano-Weirstrass). De toute suite bornée de R, on peut extraire


une sous-suite convergente.

1.1.3 Point adhérent, adhérence, fermé


Définition 1.4. Soit A ⊂ R et x ∈ R
1. x est un point adhérent de A si ∀ R > 0, B( x, R) ∩ A 6= ∅.
2. L’adhérence de A noté A est l’ensemble des points adhérents de A.
3. A est fermé si A = A.

Proposition 1.10. Soit A ⊂ R alors A = A ∪ A0 .

Démonstration. 1. Il est déjà clair par définition que A ∪ A0 ⊂ A.


2. Soit x ∈ A, et x ∈/ A, montrons que x ∈ A0 .
Comme x ∈ A, pour tout R > 0, B( x, R) ∩ A 6= ∅, comme x ∈ / A, pour tout
R > 0, x ∈ / B( x, R) ∩ A, ainsi, pour tout R > 0 il existe y ∈ B( x, R) ∩ A tel que
x 6= y, et par suite ∀ R > 0, B∗ ( x, R) ∩ A 6= ∅ d’où x ∈ A0 .

Proposition 1.11. Soit A ⊂ R, soit x ∈ R et soit V( x ) l’ensemble des voisinages de x.

x ∈ A ⇔ ∀V ∈ V( x ), V ∩ A 6 = ∅

Démonstration. Découle du fait que tout voisinage de x contient une boule centrée en
x.

Proposition 1.12. Soit A ⊂ R et soit x ∈ R, les deux propositions suivantes sont équivalentes :
1. x ∈ A
2. Il existe une suite d’éléments de A qui converge vers x.

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Démonstration. — Supposons que x ∈ A et construisons une suite de points de A


qui converge vers x.
Comme x ∈ A pour tout R > 0, B( x, R) ∩ A 6= ∅. En particulier, pour tout
n ∈ N, B( x, n+ 1
1 ) ∩ A 6 = ∅, donc pour tout n ∈ N, il existe an ∈ B ( x, n+1 ) ∩ A,
1

évidemment la suite ( an ) est une suite d’éléments de A qui converge vers x (car
1
en effet | an − x | < n+ 1 → 0.
— Réciproquement, supposons qu’il existe une suite ( an ) d’éléments de A qui
converge vers x. Montrons que x ∈ A.
Soit R > 0, comme ( an ) converge vers x, il existe NR ∈ N tel que pour tout
n ∈ R, n > NR ⇒ |un − x | < R. Posons k = NR + 1. Alors k > NR donc
| ak − x | < R, d’où ak ∈ B( x, R), mais ak ∈ A, donc ak ∈ B( x, R) ∩ A et par
conséquent, B( x, R) ∩ A 6= ∅, ainsi x ∈ A.

Proposition 1.13. Soit A, B ⊂ R,


1. A ⊂ B ⇒ A ⊂ B
2. A ∩ B ⊂ A ∩ B
3. A ∪ B = A ∪ B.
Démonstration. Utiliser les propriétés des ensembles dérivés.

1.1.4 Point intérieur-Intérieur-Ouvert


Définition 1.5. Soit A une partie de R et x ∈ R.
1. x est un point intérieur de A si ∃ R > 0, B( x, R) ⊂ A.

2. On appelle intérieur de A l’ensemble noté A des points intérieurs de A.

3. A est un ouvert de R si A = A
Proposition 1.14. Soit A une partie de R, x ∈ R et V( x ) l’ensemble des voisinages de x.

Alors x ∈ A ⇔ A ∈ V( x )

Démonstration. Si x ∈ A, alors il existe R > tel que B( x, R) ⊂ A, d’où A ∈ V( x ).

Réciproquement, supposons que A ∈ V( x ), alors pour les mêmes raisons, x ∈ A.
◦ ◦
Remarque 1.2. Par définition A ⊂ A donc A 6= ∅ signifie que A est infinie, plus précisément
que A contient un intervalle.
Proposition 1.15. Soit A une partie de R, alors on a :

1. [ A] = Ac

2. A = [ Ac ]c
◦ c
3. A = [ Ac ] .
Démonstration. 1.

/ A ⇔ ∀ R > 0, B( x, R) ∩ Ac 6= ∅
x∈
⇔ x ∈ Ac

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2. S’obtient en passant au complémentaire dans 1..



3. S’obtient en applicant 1. avec B = A.

Proposition 1.16. Soit A et B ⊂ R.


◦ ◦
1. A ⊂ B ⇒ A ⊂ B.
◦ ◦ ◦
2. A ∩ B = A ∩ B
◦ ◦ ◦
3. A ∪ B ⊂ A ∪ B

◦ ◦
4. A = A.
Démonstration. Utiliser la proposition 1.15.
Proposition 1.17. Soit A une partie de R, A est ouvert si et seulement si Ac est fermé.
Démonstration. Découle de la proposition 1.15.

1.1.5 Compacts, ensembles compacts de R


Définition 1.6 (Recouvrement). Soit B ⊂ R et A = ( Aλ )λ∈Ω une famille de parties de R.
1. A est un recouvrement de B si B ⊂
S
Aλ .
λ∈Ω
2. A est un recouvrement de B par les intervalles ouverts si :
a. A est un recouverment de B
b. ∀λ ∈ Ω, Aλ est un interalle ouvert.
Définition 1.7. Soit A ⊂ R. A est un compact de R si de tout recouverment de A par des
intervalles ouverts, on peut extraire un sous recouverment fini de A, plus précisément si pour
toute famille F = ( Iλ )λ∈Ω vérifiant :
— ∀λ ∈ Ω, Iλ est un intervalle ouvert.
— A⊂
S

λ∈Ω
il existe K = λ1 , λ2 , ..., λn tel que :
— K⊂Ω
— A⊂
S

λ∈K
Théorème 1.2 (Borel Lebesgue). Soit A ⊂ R, les deux propositionss uivantes sont équivalentes :
1. A est compact,
2. A est fermé et borné.
Démonstration. Admis.
Théorème 1.3 (Bolzano Weirstrass). Soit A ⊂ R. Les deux assertions suivantes sont équivalentes :
1. A est compact,
2. toute partie infinie de A admet un point d’accumulation dans A.
Démonstration. Admis
Corollaire 1.3. Soit A un compact non vide, alors toute partie infinie de A admet un point
d’accumulation.
Démonstration. Découle du théorème de Bolzano Weirstrass et du fait que tout compact
est borné.

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1.2 Topologie d’un espace métrique


1.2.1 Généralités sur les espaces métriques
Définition 1.8. Soit E un ensemble non vide. d est une distance sur E si d : E × E → R
vérifiant les propriétés :
1. ∀ x, y ∈ E, d( x, y) ≥ 0,
2. ∀ x, y ∈ E, d( x, y) = 0 ⇔ x = y,
3. ∀ x, y ∈ E, d( x, y) = d(y, x ) (symétrie),
4. ∀ x, y, z ∈ E, d( x, z) ≤ d( x, y) + d(y, z) (sous additivité).
Définition 1.9. On appelle espace métrique un couple ( E, d) où E est un ensemble non vide,
d une distance sur E.
Exemple 1.1. (R, | |) est un espace métrique.
Définition 1.10. Voisinage d’un point
Soient ( E, d) un espace métrique ; x0 ∈ E et V une partie non vide de E. V est un voisinage de
x0 s’il existe r > 0 tel que B( x0 , r ) ⊂ V. On note V( x0 ) l’ensemble des voisinages de x0 dans
l’espace ( E, d).
Définition 1.11. (Intérieur, Ouvert)
Soit ( E, d) un espace métrique, A une partie non vide de E et x ∈ E.
1. x est un point intérieur à A s’il existe r > 0 tel que B( x, r ) ⊂ A.
2. L’intérieur de A noté int( A) est l’ensemble des points intérieurs à A.
3. A est un ouvert de ( E, d) si A = int( A).
Définition 1.12. Un espace est dit séparé si pour tout x, y ∈ E tel que x 6= y ,il existe
V1 ∈ V( x ) et V2 ∈ V(y) tel que V1 ∩ V2 = ∅
Proposition 1.18. Tout espace métrique est séparé.
Proposition 1.19. Soit ( E, d) un espace métrique, A une partie de E, x ∈ int( A) ⇔ A ∈
V( x ).
Proposition 1.20. Soit ( E, d) un espace métrique. O l’ensemble des ouverts de ( E, d) et V( x )
l’ensemble des voisinages de x pour x ∈ E. Alors A ∈ O si et seulement si ∀ x ∈ A, A ∈ V( x )
Définition 1.13. On appelle fermé de ( E, d) toute partie F de E telle que {EF est un ouvert de
( E, d).

1.2.2 Espaces métriques complets


Soit ( E, d) un espace métrique :
Définition 1.14. ( E, d) est dit complet si toute suite de Cauchy de E est convergente dans E.
Définition 1.15. Une partie A de ( E, d) est complète si toute suite de Cauchy de points de A
converge dans A.
Proposition 1.21. Soit ( E, d) un espace complet. Soit A une partie non vide de E. Si A est
fermée, alors A est complète.
Proposition 1.22. Soit ( E, d) un espace et A une partie non vide de E. Si A est complète dans
E alors A est fermée.

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1.2.3 Espaces métriques compacts


Définition 1.16. Soit E un espace topologique. Soit A une partie de E et ( Bλ )λ∈Ω = B une
famille de parties de E.
1. B est un recouvrement de A si A ⊂ λ∈Ω Bλ .
S

2. B est un recouvrement fini de A si B est un recouvrement de A et B est une famille finie.


3. B un recouvrement ouvert de A si :
— B est un recouvrement de A
— ∀λ ∈ Ω, Bλ est un ouvert de E.
Définition 1.17. Soit E un espace topologique.
1. E est un espace quasi-compact si de tout recouvrement ouvert de E on peut extraire un
sous-recouvrement fini de E.
2. E est compact si E est quasi-compact et séparé.
Proposition 1.23. Tout espace métrique quasi-compact est compact.
Proposition 1.24. Soit ( E, d) un espace métrique. E est compact si et seulement si de toute
famille de fermés de E dont l’intersection est vide, on peut extraire une sous-famille finie de
fermés dont l’intersection est vide.
Corollaire 1.4. Soit ( E, d) un espace métrique compact. Toute suite décroissante de fermés non
vides a une intersection non vide.
Corollaire 1.5. Soit ( E, d) un espace métrique compact. Toute suite de E admet une valeur
d’adhérence.
Corollaire 1.6. Soit ( E, d) un espace métrique compact. Toute suite de E admet une sous-suite
convergente.
Corollaire 1.7. Tout espace métrique compact est complet.
Définition 1.18. Soit ( E, d) un espace métrique et A une partie de E. A est compacte si l’espace
métrique ( A, d| A ) est compact.
Proposition 1.25. Soient ( E, d) un espace métrique et A une partie de E. Si A est compact
alors A est fermée et bornée. La réciproque est fausse.
Proposition 1.26. Soient ( E1 , d1 ), ( E2 , d2 ) deux espaces métriques et ( E, d) l’espace métrique
produit de E1 et E2 . Si E1 et E2 sont compacts, alors E est compact.

1.2.4 Suites et espaces métriques


Définition 1.19. Soit ( E, d) un espace métrique. ( xn ) une suite de E et a ∈ E.
1. ( xn ) converge vers a dans ( E, d) si :
∀e >, ∃ Ne ∈ N/∀ n ∈ N, n > Ne ⇒ d( xn , a) < e
2. ( xn ) est de Cauchy dans ( E, d) si :
∀e >, ∃ Ne ∈ N/∀ n, m ∈ N, m, n > Ne ⇒ d( xn , xm ) < e
Proposition 1.27. Soient ( E, d) un espace métrique, ( xn ) une suite de ( E, d), a ∈ E et b ∈ E.
1. Si ( xn ) converge vers a et vers b alors a = b.
2. Si ( xn ) converge dans ( E, d) alors ( xn ) est de Cauchy dans ( E, d).

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1.2.5 Fonction continue entre deux espaces métriques


Soient ( E, d) , ( F, d0 ) deux espaces métriques et f : E → F une applicaion.
Définition 1.20. f est continue en x0 ∈ E si :

∀e > 0, ∃α > 0/∀ x ∈ E, d( x, x0 ) < α ⇒ d0 ( f ( x ), f ( x0 )) < α

f est continue sur E si f est continue en tout point de E.


Proposition 1.28. Les assertions suivantes sont équivalentes.
1. f est continue en tout point de E.
2. Pour tout U ouvert de ( F, d0 ), f −1 (U ) est un ouvert de ( E, d)
3. Pour tout V fermé de ( F, d0 ), f −1 (V ) est un fermé de ( E, d)
4. Pour toute partie B de E, f ( B) ⊂ f ( B)
5. Pour toute partie B de E, f −1 (int( B)) ⊂ int( f −1 ( B))
Proposition 1.29. f est continue en un point x ∈ E si et seulement si pour toute suite ( xn )
de E qui converge vers x dans ( E, d), la suite ( f ( xn )) converge vers f ( x ) dans ( F, d0 ).

1.3 Topologie générale


1.3.1 Définition et exemple
Définition 1.21. Soit X un ensemble et O une famille de parties de X. On dit que O est une
topologie sur X si les propriétés suivantes sont vérifiées :
1. Toute réunion d’éléments de O est un élément de O.
2. Toute intersection finie d’éléments de O est un élément de O.
3. X ∈ O et ∅ ∈ O
Les éléments de O sont appelés des ouverts et le couple ( X, O) est appelé espace topologique.
Exemple 1.2. Si ( X, d) est un espace métrique, alors l’ensemble O = { A ⊂ X/∀ x ∈ A, ∃r >
0, B( x, r ) ⊂ A} est une topologie sur X.

1.3.2 Voisinage
Définition 1.22. Soit ( X, τ ) un espace topologique. Soit x ∈ X, on appelle voisinage de x
toute partie de X qui contient un ouvert contenant x.
Proposition 1.30. Soit ( X, τ ) un espace topologique, O est un ouvert de X si et seulement si
O est voisinage de chacun de ces points.

1.3.3 Adhérence, Intérieur, Extérieur


Adhérence
Définition 1.23. Soit ( X, τ ) un espace topologique , A ⊂ X et x ∈ X, on dit que :
1. x est adhérent à A si tout voisinage V de x contient un point de A, c’est-à-dire : ∀V ∈
V( x ), V ∩ A 6= ∅.

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2. x est point d’accumulation de A si tout voisinage V de x contient un point de A différent


de x, c’est-à-dire, ∀V ∈ V( x ) V ∩ ( A\{ x }) 6= ∅.
3. x est un point isolé de A s’il existe V ∈ V( x ), V ∩ A = { x }.

Définition 1.24. Soit ( X, τ ) un espace topologique et soit A ⊂ X. L’ensemble des points


adhérents à A s’appelle adhérence de A (ou ferméture de A) et est noté A

Proposition 1.31. Soit ( X, τ ) un espace topologique et soit A ⊂ X, alors A est le plus petit
fermé contenant A.

Corollaire 1.8. Soit ( X, τ ) un espace topologique et soit A ⊂ X. A est fermé si et seulement


si A = A.

Définition 1.25 (Densité). Soit ( X, τ ) un espace topologique et soit A ⊂ X. On dit que A est
dense dans X si A = X.

Définition 1.26. Soit ( X, τ ) un espace topologique. On dit que X est séparable s’il admet une
partie dénombrable dense.

Intérieur
Définition 1.27. Soit ( X, τ ) un espace topologique , A ⊂ X et x ∈ A. On dit que x est
intérieur à A s’il existe un voisinage de x inclu dans A. L’ensemble des points intérieurs à A

est noté A et est appelé intérieur de A.

Proposition 1.32. A est le plus grand ouvert contenu dans A.

Corollaire 1.9. A est ouvert si et seulement si A = A.
◦ ◦
Corollaire 1.10. CX A = CX A et CX A = CX A.

Extérieur, Frontière
Définition 1.28. CX A est appelé l’extérieur de A.

Définition 1.29. On appelle frontière de A et on note Fr ( A) l’ensemble A ∩ CX A.



Remarque 1.3. A, Fr ( A) et CX A forment une partition de A.

Proposition 1.33. Fr ( A) = A\ A.

1.3.4 Espace topologique séparé


Définition 1.30. Soit ( X, τ ) un espace topologique. On dit que X est séparé si pour tout
x, y ∈ X tel que x 6= y, il existe Vx ∈ V( x ) et Vy ∈ V(y) tels que Vx ∩ Vy = ∅.

Exercice 1.1. 1. Soit X = {0, 1} et = {∅, {0}, X }. Montrer que est une topologie. Est-
elle séparée ?
2. Soit X un ensemble infini. On pose τ = { A ⊂ X | A = ∅ ou Ac est fini } où Ac est le
complémentaire de A. Montrer que τ est une topologie sur X.

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Exercice 1.2. Soit X = { a, b, c, d, e}. Les ensembles suivants forment-ils des familles d’ouverts
sur X :
O1 = { X, ∅, { a}, { a, b}, { a, c}}
O2 = { X, ∅, { a, b, c}, { a, b, d}, { a, b, c, d}}
O3 = { X, ∅, { a}, {e}, {b, c}, { a, e, b, c}}.
Exercice 1.3. Soit ( X, O) un espace topologique tel que O = {∅, X, A, B}. A quelle conditions
satisfont A et B ?
Exercice 1.4. Soit C l’ensemble des fonctions continues de [0, 1] vers R. Pour toute f ∈ C et
ε > 0 on définit :
Z 1
M( f , ε) = { g/ | f − g|dt < ε}
0
Montrer que la famille M = { M ( f , ε)| f ∈ C, ε > 0} est une base de topologie.
Même question avec la famille U ( f , ε) = { g/ sup | f ( x ) − g( x )| < ε}.
x

Exercice 1.5. 1. Soit ( X, T ) un espace topologique. Soit B un ouvert de T et A une partie


de X telle que A ∩ B = ∅, montrer que A ∩ B = ∅ mais qu’on n’a pas nécessairement
A∩B = ∅
2. Montrer que pour toutes parties A et B de X, on a A ∪ B = A ∪ B

1.3.5 Limite d’une suite


Définition 1.31. Soit ( E, τ ) un espace topologique. Soit ( xn ) une suite de E. On dit que l est
la limite de la suite ( xn ) quand n tend vers +∞ si :
∀V ∈ V(l ), ∃ N ∈ N, ∀n ∈ N, n > N ⇒ xn ∈ V
Proposition 1.34. Soit ( X, d) un espace métrique. On dit que l est la limite de la suite ( xn ) si
et seulement si
∀ε > 0, ∃ Nε ∈ N, ∀n ∈ N n > Nε ⇒ d( xn , l ) < ε
Proposition 1.35. Soit ( X, τ ) un espace topologique séparé. Toute suite ( xn ) de X admet au
plus une limite.
Proposition 1.36. Soit ( X, d) un espace métrique. Soit A ⊂ X, il y a équivalence entre :
1. x ∈ A
2. ∃( xn ) suite de A telle que x = lim xn .

1.3.6 Limite d’une fonction


Définition 1.32. Soient ( X, τ ) et ( X 0 , τ 0 ) deux espaces topologiques. Soit f : X → X 0 une
application. Soit A ⊂ X et a ∈ A. On dit que l ∈ X 0 est limite de f ( x ) quand x tend vers a en
restant dans A si :
∀V ∈ V(l ), ∃W ∈ V( a) tel que f ( A ∩ W ) ⊂ V
ou de façon équivalente :
∀V ∈ V(l ), ∃W ∈ V( a) tel que ( x ∈ W ∩ A) ⇒ ( f ( x ) ∈ V )
Si en plus ( X 0 , τ ) est séparé, cette limite est unique et on la note lim f ( x ) = l.
x→a
x∈ A

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Proposition 1.37. Soient ( X, τ ) et ( X 0 , τ 0 ) deux espaces topologiques. Soit f : X → X 0 une


application. Soit A ⊂ X et l ∈ X 0 , alors :

l = lim f ( x ) ⇒ l ∈ f ( A)
x→a
x∈ A

Proposition 1.38. Soit ( X, d) et ( X 0 , d0 ) deux espaces métriques, A ⊂ X, A 6= ∅. Soit a ∈ A


et f ∈ F ( X, X 0 ), alors il y a équivalence entre :
1. lim f ( x ) = l ∈ X 0
x→a
x∈ A

2. ∀ε > 0, ∃α > 0, ∀ x ∈ A, d( x, a) < α ⇒ d0 ( f ( x ), l ) < ε.

1.3.7 Continuité
Définition 1.33. Soient ( X, τ ) et ( X 0 , τ 0 ) deux espaces topologiques. Soit a ∈ X. Soit f : X →
X 0 une fonction. On dit que f est continue au point a si ∀V 0 ∈ V( f ( a)), f −1 (V ) ∈ V( a).

Proposition 1.39. f est continue en a si et seulement si lim f ( x ) = f ( a)


x→a

La proposition ci-dessus nous permet d’avoir la définition équivalente suivante :

Définition 1.34. f est continue en a si :

∀V ∈ V( f ( a)), ∃U ∈ V( a) telque∀ x ∈ X, x ∈ U ⇒ f ( x ) ∈ V

Définition 1.35. Soient ( X, τ ) et ( X 0 , τ 0 ) deux espaces topologiques. Soit f : X → X 0 , on dit


que f est continue sur X si f est continue en tout point de X.

Théorème 1.4. Soient ( X, τ ) et ( X 0 , τ 0 ) deux espaces topologiques. Soit f : X → X 0 . Les


assertions suivantes sont équivalentes :
1. f est continue sur X ;
2. ∀O0 ouvert de τ 0 , f −1 (O0 ) est un ouvert de τ.
3. ∀ F 0 fermé de τ 0 , f −1 ( F 0 ) est un fermé de τ.
4. ∀ A ⊂ X, f ( A) ⊂ f ( A)
◦ ◦
5. ∀ B ⊂ X 0 , f −1 ( B) ⊂ f −1 ( B)

Définition 1.36. Soient ( X, τ ) et ( X 0 , τ 0 ) deux espaces topologiques. Soit f : X → X 0 . on dit


que f est un homéomorphisme si f est continue, bijective et f −1 est continue. Dans ce cas, X
et X 0 sont dits homéomorphes.

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Chapitre 2

Fonction analytique d’une variable


complexe

Dans tout ce chapitre, R est l’ensemble des nombres réels, C désigne l’ensemble des
nombres complexes. U sera en général un ouvert non vide de C. On munit C de son
module | | et de la topologie qu’il définit.

2.1 Généralités sur les fonctions à variable complexe


Soit D une partie non vide de C.

Définition 2.1. On appelle fonction de la variable complexe toute application de D dans C.

Remarque 2.1. Soit z = x + iy ∈ D x, y ∈ R un nombre complexe. On a f (z) ∈ C,


il existe donc deux applications u et v définies sur R2 et à valeur dans R telles qu’on ait
f (z) = f ( x + iy) = u( x, y) + iv( x, y). On peut donc regarder une fonction de la variable
complexe comme une fonction de R2 dans R2 .

Définition 2.2. Soit z0 ∈ C et r ∈ R∗+ .


1. On appelle boule ouverte centrée en z0 et de rayon r et notée B(z0 , r ) l’ensemble
{z ∈ C, |z − z0 | < r }
2. On appelle boule fermée centrée en z0 et de rayon r et notée B(z0 , r ) l’ensemble
{z ∈ C, |z − z0 | ≤ r }.
3. Le cercle de centre z0 et de rayon r est l’ensemble C (z0 , r ) = {z ∈ C, |z − z0 | = r }.

Remarque 2.2. Soit z0 ∈ C et r ∈ R∗+ , alors B(z0 , r ) ⊂ B(z0 , r ).

Définition 2.3. Soit α et β deux réels tels que α < β. On considère deux fonctions
x, y : [α, β] → R qu’on supposera continues à dérivées continues. On appellera chemin dans
le plan complexe l’ensemble des points {γ(ξ ) = x (ξ ) + iy(ξ ), ξ ∈ [α, β]}, un chemin est
donc vu comme une application continûment dérivable d’un intervalle (ou d’une réunion d’in-
tervalles de R) dans C. On dira souvent le chemin γ. L’ensemble γ([ a, b]) est appelé image du
chemin γ et [α; β] est la source.

Définition 2.4. Soit γ un chemin défini comme ci-dessus. On dira que γ est un lacet ou un
circuit si γ( a) = γ(b).

15
Patrick Njionou,S.

Définition 2.5. Deux chemins γ1 , γ2 : [ a1 , b1 ], [ a2 , b2 ] → U ⊂ C sont dit


C1 −équivalents lorsqu’il existe une bijection ψ : [ a1 , b1 ] → [ a2 , b2 ] de classe C1 ainsi que sa
réciproque telle que γ1 = γ2 ◦ ψ. Si de plus, on peut choisir ψ croissante, alors on dit que les
chemines γ1 et γ2 sont C1 −équivalents et de même orientation.

Remarque 2.3. Tout chemin est équivalent à un chemin dont la source est [0, 1].

Exemple 2.1. Si z1 et z2 sont deux points de C alors l’application γ : [0, 1] → C définie par
γ(t) = tz1 + (1 − t)z2 est un chemin d’image notée [z1 , z2 ].

Définition 2.6. Soit Ω une partie non vide de C. On dit que Ω est un ouvert de C si ∀z ∈ Ω,
∃r > 0 tel que B(z, r ) ⊂ Ω.
Définition 2.7. Soit Ω un ouvert de C et z un point de C. On dit que z est un point du bord
de Ω et on note z ∈ ∂Ω si z ∈/ Ω et ∀r > 0, B(z, r ) ∩ Ω 6= ∅. L’ensemble ∂Ω est appelé le
bord de Ω.

Exemple 2.2. Si Ω = B( a, r ), alors ∂Ω = C ( a, r ).

Définition 2.8. On dira qu’un ouvert U de C est connexe si deux points quelconques de U
peuvent être joints par un ligne continue et entièrement contenue de U. En d’autres termes U
est connexe si pour deux points quelconques a et b dans U, il existe un chemin joignant a à b.

2.1.1 Continuité d’une fonction à variable complexe


Définition 2.9. Soit D une partie non vide de C et f : D → C une fonction. Soit z0 ∈ D. On
dit que f est continue en z0 si lim f (z) = f (z0 ). De façon équivalente,
z → z0

∀ε > 0, ∃α > 0 ∀z ∈ D, |z − z0 | < α ⇒ | f (z) − f (z0 )| < ε.

Les propriétés suivantes sont immédiates.

Proposition 2.1. Soit D une partie non vide de C et f , g : D → C deux fonctions, z0 ∈ D et


λ un nombre complexe.
1. Si f et g sont continues en z0 , alors f + g et f g sont continues en z0 .
f
2. Si f et g sont continues en z0 et si g(z0 ) 6= 0 alors g est continue en z0 .
3. Si f est continue en z0 , alors λ f est continue en z0 .

2.1.2 Dérivée d’une fonction à variable complexe


Définition 2.10. Soit f : U → C, x0 un point de U et t un nombre complexe tel que x0 + t ∈
U. On dira que f est dérivable en x0 s’il existe un complexe l tel que :

f ( x0 + t ) − f ( x0 )
lim = l.
t →0 t
On note alors dans ce cas f 0 ( x0 ) = l.
f ( x )− f ( x0 )
Remarque 2.4. On définit de façon équivalente f 0 ( x0 ) = lim x − x0 .
x → x0

Remarque 2.5. Toutes les propriétés des dérivées connues dans R sont conservées.

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Le théorème suivant est une condition nécessaire et suffisante d’existence de la


dérivée d’une fonction à variable complexe.
Théorème 2.1 (Théorème de Cauchy Riemman). La fonction f (z) = P( x, y) + iQ( x, y)
est dérivable en un point w = x + iy si et seulement si P( x, y) et Q( x, y) satisfont les condi-
tions de Cauchy Riemman :

∂P( x, y) ∂Q( x, y) ∂P( x, y) ∂Q( x, y)


= ; =−
∂x ∂y ∂y ∂x
Démonstration. Supposons que f est dérivable en w = x + iy. Soit t = h + ig, alors on
a pour t réel (donc g = 0) :

P( x + h, y) − P( x, y) Q( x + h, y) − Q( x, y) ∂P( x, y) ∂Q( x, y)
f 0 (w) = lim + i lim = +i
h →0 h g →0 h ∂x ∂x
D’autre part pour t purement imaginaire, on a

P( x, y + g) − P( x, y) Q( x, y + g) − Q( x, y) ∂P( x, y) ∂Q( x, y)
f 0 (w) = lim + i lim = −i +
g →0 ig g →0 ig ∂y ∂y

d’où nous déduisons les conditions de Cauchy Riemman.


Supposons à présent que les conditions de Cauchy-Riemman sont vérifiées, par définition
d’une différentielle,
∂P( x, y) ∂P( x, y)
P( x + h, y + g) − P( x, y) = h +g + α(t)|t|, lim α(t) = 0
∂x ∂y t →0

et
∂Q( x, y) ∂Q( x, y)
Q( x + h, y + g) − Q( x, y) = h +g + β(t)|t|, lim β(t) = 0.
∂x ∂y t →0

Ainsi, en posant ε(t) = α(t) + β(t) on a :


h ∂P( x, y) ∂P( x, y) i h ∂P( x, y) ∂P( x, y) i
f (w + t) − f (w) = h +g +i h +g + ε(t)|t|
∂x ∂y ∂x ∂y
h ∂P( x, y) ∂Q( x, y) i
= +i (h + ig) + |t|ε(t).
∂x ∂x
La preuve s’achève en divisant les deux membres de l’égalité par t puis en faisant
tendre t vers 0.
Corollaire 2.1. Etant donnée une fonction f dérivable en w, on a :

∂P( x, y) ∂Q( x, y) ∂Q( x, y) ∂P( x, y)


f 0 (w) = +i = −i .
∂x ∂x ∂y ∂Y

Corollaire 2.2. Soit f une fonction définie sur un ouvert simplement connexe U de C et Re( f )
sa partie réelle (ie Re( f (z)) = P( x, y)). Si P est constante, alors f est constante.
Pour les coordonnées polaires, les conditions de Cauchy s’écrivent encore :

∂P(ρ, φ) ∂Q(ρ, φ) ∂P(ρ, φ) ∂Q(ρ, φ)


=− ; ρ =
∂φ ∂ρ ∂ρ ∂φ

où ρ et φ sont l’argument et le module de w.

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Définition 2.11. Soit U un ouvert simplement connexe de C. Soit f une fonction dérivable au
sens complexe en tout point de U, on dit que f est holomorphe (ou analytique) dans U.
Remarque 2.6. On démontre (nous ne le ferons pas dans ce cours) qu’une fonction à variable
complexe f est une fois dérivable en un point z0 si et seulement si elle est infiniement dérivable
en z0 . Ce qui permet de donner une nouvelle définition de fonction analytique.
Définition 2.12. Soit U un ouvert simplement connexe de C. Soit f une fonction définie dans
U et à valeurs dans C. On dit que f est analytique en z0 ∈ U s’il existe r > 0 et une suite ( an )
+∞
tels que ∀z ∈ B(z0 , r ), f (z) = ∑ an (z − z0 ).
n =0

2.2 Intégration des fonctions à variable complexe


2.2.1 Intégrale d’une fonction de variable complexe
Comme une fonction de variable complexe z = x + iy peut être vue comme une
fonction de deux variables, x et y, la définition de l’intégrale d’une fonction complexe
est similaire à l’intégrale curviligne d’une fonction de deux variables.
Définition 2.13. Soit un chemin γ(ξ ) avec α ≤ ξ ≤ β de classe C1 par morceaux, on pose
Z Z β
f (z)dz = f (γ(ξ ))γ0 (ξ )dξ.
γ α

Exemple 2.3. On pose f (z) = 1z et γ : [0, 2π ] → C définie par γ(t) = eit = cos t + i sin t.
R 2π
ALors γ0 (t) = ieit et f (γ(t)) = e1it donc γ f (z)dz = i 0 1dt = 2πi.
R

Proposition 2.2. Certaines propriétés traditionnelles des intégrales curvilignes se déduisent


directement de la définition de l’intégrale, en particulier :
R R R
1. γ (λ f (z) + ηg(z))dz = λ γ f (z)dz + η γ g(z)dz
R R R
2. Si γ est la réunion de deux chemins γ1 et γ2 , alors γ f (z)dz = γ f (z)dz + γ f (z)dz.
1 2
− 1
R R
3. Si γ désigne le chemin opposé à γ, alors γ f (z)dz = − γ−1 f (z)dz.
R R
4. γ f ( z ) dz ≤ γ | f ( z )| dz

|γ0 (ξ )|dξ.

Définition 2.14. La longueur d’un chemin γ de source [α, β] est L[α,β] (γ) = α

2.2.2 Quelques propriétés d’une intégrale


Proposition 2.3 (Inégalité de Darboux). Soit f une fonction holomorphe dans un domaine
contenant un chemin γ de longueur L(γ). Soit M = supz∈γ([α,β]) | f (z)|, alors on a
R
| γ f (z)dz| ≤ ML(γ).

Démonstration.
Z Z β Z β Z β
0 0
| f (z)dz| = | f (γ(ξ ))γ (ξ )dξ | ≤ | f (γ(ξ ))||γ (ξ )|dξ ≤ M |γ0 (ξ )|dξ ≤ ML(γ)
γ α α α

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Dans l’exemple 2.3, on peut remarquer que l’intégrale de f sur les chemins γ(t) = reit
ne change pas lorsque r varie. On a en général le résultat suivant dû à Cauchy.

Proposition 2.4 (Premier théorème de Cauchy). Soit U un ouvert simplement connexe et


f une fonction analytique dans U. Si γ1 et γ2 sont deux R chemins Rcontenus dans U de source
[ a, b] tel que γ1 ( a) = γ2 ( a) et γ1 (b) = γ2 (b) alors γ f (z)dz = γ f (z)dz. 1 2

Corollaire 2.3. Dans un domaine simplememt connexe, l’intégrale d’une fonction holomorphe
sur un circuit (lacet) est nulle.

D’autres résultats de ce types existent, on peut par exemple citer le fameux théorème
de Goursat (qui est une forme faible du corollaire ci-dessus).

2.3 Formules intégrale de Cauchy et applications


2.3.1 Formules intégrales de Cauchy
Avant de nous lancer dans les énoncés des théorèmes de Cauchy, rappellons tout
d’abord cette définition.

Définition 2.15. Soit z0 ∈ C et γ un lacet tel que z0 ∈


/ γ([ a, b]). On pose alors

1 dz
Z
Indz0 (γ) = .
2πi γ z − z0

On a les propirétés suivantes.

Proposition 2.5. 1. Indz0 (γ) ∈ Z


2. Pour tout δ > 0, Indz0 (θ ∈ [0, 2π ] 7→ z0 + δeinθ ) = n.

Proposition 2.6 (Deuxième théorème de Cauchy). Soit U ⊂ C un ouvert simplement


connexe et f une fonction holomorphe sur U. Soit γ un lacet. Alors pour tout
z0 ∈ U − γ([ a, b]), on a
f (z) dz
Z
f (z0 ) Indz0 (γ) = .
γ z − z0 2πi

En particulier, si B(z0 , r ) ⊂ U, on a
Z 2π
1 f (z) 1
Z
f ( z0 ) = = f (z0 + reiθ )dθ.
2πi C (z0 ,r ) z − z0 2π 0
(
f (z)− f (z0 )
si z 6= z0 z − z0
Démonstration. Pour z0 ∈ U, considérons la fonction z → Il est
si z = z0 f 0 ( z0 )
clair que qu’elle est continue sur U et holomorphe sauf peut être en z0 . On en déduit
que
1 f ( z ) − f ( z0 )
Z
dz = 0
2πi γ z − z0
Ce qui donne après développement le résultat annoncé.

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Proposition 2.7 (Troisième théorème de Cauchy). Soit U ⊂ C un ouvert simplement


connexe et f une fonction holomorphe sur U. Soit γ un lacet. Alors pour tout
z0 ∈ U − γ([ a, b]), on a

f ( n ) ( z0 ) f (z) dz
Z
Indz0 (γ) = n + 1
.
n! γ ( z − z0 ) 2πi

En particulier, si B(z0 , r ) ⊂ U, on a

f ( n ) ( z0 )
Z 2π
1 f (z) 1
Z
= = f (z0 + reinθ )dθ.
n! 2πi C (z0 ,r ) ( z − z0 ) n + 1 2πr n 0

Démonstration. Résultat admis.

2.3.2 Applications des formules de Cauchy au calcul intégral


H f (z)
Calcul des intégrales de la forme I (w) = γ z − z0

On suppose que γ est un lacet tel que Indw (γ) 6= 0. On suppose aussi que f est
holomorphe. Alors on sait d’après la deuxième formule de Cauchy que

1 f (z)
Z
f (w) Indw (γ) = dz,
2πi γ z−w
ce qui permet d’avoir

f (z)
Z
I (w) = dz = 2πiIndw (γ) f (w),
γ z−w

si en particulier, γ = C (w, r ) alors on a

f (z)
Z
I (w) = dz = 2πi f (w).
C (w,r ) z−w

Exemple 2.4. Calculer C(0,1) cosz z dz.


R

On a dans cet exemple w = 0, l’application de la formule donne

I (0) = 2πi cos 0 = 2πi.

R f (z)
Intégrales de la forme I (w) = γ (z−z0 )n dz

Comme dans le cas ci-dessus, par application de la troisième formule de Cauchy,


on obtient :
f (z) f (w)
Z
I (w) = dz = 2πiIndw (γ) ,
γ z−w n!
si en particulier, γ = C (w, r ) alors on a

f (z) 2πi f (w)


Z
I (w) = dz = .
C (w,r ) z−w n!
cos z
H
Exemple 2.5. Calculer I (w) = γ (z−w)6 dz où γ est un contour fermé autour du point w.

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1. Si w est sur γ, l’intégrale n’est pas définie.


z
2. Si w est à l’extérieur de γ, alors la fonction z 7→ (zcos
− w )6
est holmorphe dans un ouvert
simplement connexe contenant γ dont par le premier théorème de Cauchy, I (w) = 0.
3. Si w est intérieur à γ, alors sachant que cos(5) w = − sin w, on déduit que
πi sin w
I (w) = − .
60

2.4 Formule de Laurent et Théorème des résidus


2.4.1 Développement de Laurent
Nous introduisons dans cette section un outils puissant du calcul intégral, com-
plexe comme réel. Nous rappellons que l’étude sur les séries entières réelles faite peut
s’étendre à C en remarquant que toute fonction complexe se décompose en somme de
deux fonctions réelles.
Nous avons vu que plusieurs fonctions sont analytiques dans un disque privé d’un
ou quelques points, ce qui propose l’analyse des fonctions dans des couronnes
r < |z − w| < R. On démontre que dans ces domaines, il existe un développement
des fonctions analytiqyes en une série plus générale que la série de Taylor, dit série de
Laurent
+∞
f (z) = ∑ an (z − w)n .
n=−∞
Nous donnons ici l’idée principale de cette représentation.
Soit f une fonction analytique dans une couronne ouverte
r < |z − w| < R = {z ∈ C, r < |z − w| < R}.
Notons par γ le cercle C (w, r ) et par Γ le cercle C (w, R). En chaque point interne de
cette couronne, la formule de Cauchy donne
1 f (t) 1 f (t)
I I
f (z) = dt − dt
2πi Γ t−z 2πi γ t−z
1 f (t) 1 f (t)
I I
Notons f 1 (z) = dt et f 2 (z) = dt.
2πi Γ t − z 2πi γ t−z
On a pour tout t ∈ Γ, |z − w| < |t − w| et
1 1 1 1 1
= = . z − w = (1 + u + u2 + ...)
t−z (t − w) − (z − w) t − w 1 − t−w t−w
z−w 1
avec u = . D’où après la multiplication par et l’intégration par rapport à t,
t−w 2πi

1 f (t)
I
on a f 1 (z) = ∑ an (z − w)n avec an = dt. Il faut remarquer qu’on ne
n =0 2πi Γ (t − w)n+1
f (n) ( w )
peut pas écrire an sous la forme car f (w) n’existe pas.
n!
Dans la deuxième intégrale, on a plutôt |z − w| > |t − w| pour tout t ∈ γ. et par la
même gymnastie, on obtient cette fois
1 1 1 1 1
=− = t − w = (1 + u + u2 + ...)
t−z (z − w) − (t − w) z − w 1 − z−w z−w

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t−w 1
avec u = z−w ,
d’où après la multiplication par 2πi et l’intégration par rapport à t sur γ,

f (t)
on a f 2 (t) = ∑ a−n (z − w)−n avec an = 2πi 1
H
γ (t−w)n−1 qui est exactement la somme
n =0
pour n > 0. La somme complète est alors
+∞
f (z) = f 1 (z) + f 2 (z) = ∑ an (z − w)n .
n=−∞

Il faut remarquer que les intégrales f 1 (z) et f 2 (z) restent les mêmes si on change le
contour dans la couronne. Si on choisit alors Γ = γ = C et |z − w| = ρ, on obtient la
relation
1 f (t)
I
an = dt, n = 0, ±1, ±2, ...
2πi C (t − w)n+1
Exemple 2.1. .bbbbb
z5 + 3
1. Développer la fonction f (z) = en série de Laurent autour du point z0 = 1.
( z − 1)3
Par application du théorème de décomposition en élément simples, on a

4 5 10
f (z) = 3
+ 2
+ + 6 + 3z + z2 .
( z − 1) ( z − 1) ( z − 1)
D’autre part, par Taylor, on a

6 + 3z + z2 = 10 + 5 (z − 1) + (z − 1)2 ,

d’où
4 5 10
f (z) = 3
+ 2
+ + 10 + 5 (z − 1) + (z − 1)2
( z − 1) ( z − 1) ( z − 1)

z2 + 1
2. Donner le développement en série de Laurent de la fonction g(z) =
( z − 2)2 ( z + 3)
1
a. dans la couronne 0 < |z − 2| < 2;
1
b. dans la couronne 0 < |z + 3| < 2.

Définition 2.16. Dans le développement ci-dessus, f 1 (z) s’appelle la partie principale du


développement de Laurent de f .

2.4.2 Points singuliers


Avec la définition du développement de Laurent, on peut étudier les fonctions aux
alentours des points où elles ne sont pas analytiques.

Définition 2.17. Un point w est un point singulier isolé s’il existe un disque
D : 0 < |z − w| < R, privé de son centre w, dans lequel la fonction est analytique.

Définition 2.18. On distingue 3 types de points singuliers isolés :


1. les points singuliers apparents : lim f (z) existe.
z→w
2. pôles ; c’est quand lim | f (z)| = ∞.
z→w

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3. points singuliers essentiels ; lim f (z) n’existe pas.


z→w

Exemple 2.6. .
sin z
1. Pour la fonction z 7→ z , 0 est un point singulier apparent car lim sinz z = 1.
z →0
1
2. Pour f (z) = z−1 , 1 est un pôle.
3. Pour f (z) = sin 1z , 0 est un point singulier essentiel.

Définition 2.19. Une fonction f : C → C est dite entière si elle n’a pas de points singuliers.
Elle est dite méromorphe si elle n’a que des pôles comme points singuliers.

2.4.3 Résidus, formule des résidus.


Définition 2.20. Le résidu de la fonction f en un point singulier isolé w est la valeur de
l’intégrale
1
I
Res( f , w) = f (z)dz,
2πi C
où C est un cercle |z − w| = ε, assez petit passant vers le sens positif.

Remarque 2.7. Du développement en série de Laurent, on obtient que

1
I
Res( f , w) = f (z)dz = a−1
2πi C

est égal au coefficient de degré −1. Ce qui donne la possibilité de calculer le résidu indépendemment
de l’intégrale. On peut inverser la définition et ainsi obtenir :
I
f (z)dz = 2πiRes( f , w).
C

Ainsi, la connaissance du résidu permet de calculer l’intégrale de la fonction. Il est clair que le
résidu est complètement indépendant du choix de ε suffisamment petit pour que C ne touche
pas le bord du domaine.

Proposition 2.8. Si w est un point singulier apparent de f , alors :

Res( f , w) = 0.

Proposition 2.9. Si w est un pôle simple de f , alors

Res( f , w) = lim (z − w) f (z).


z→w

g
Corollaire 2.4. Si f est de la forme f = , les fonctions g,h étant holomorphes, et si w est un
h
zéro simple de h (donc un pôle simple de f ), alors :

g(z) g(w)
Res( f , w) = lim = 0 .
z→w h (z )/ (z − w ) h (w)

Proposition 2.10. Si w est un pôle d’ordre n, alors

1
Res( f , w) = lim [(z − w)n f (z)](n−1) .
( n − 1) ! → w
z

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Démonstration. Si w est un pôle d’ordre n, alors le développement de Laurent s’écrit

a−n a−(n−1) a −1
f (z) = + + ... + + a0 + ...
(z − w) n ( z − w ) n −1 z−w

ce qui permet d’avoir

f (z)(z − w)n = a−n + a−(n−1) (z − w) + ... + a−1 (z − 1)n−1 + a0 (z − w)n + ...

dérivant membre à membre n − 1 fois, on obtient le résultat annoncé.

Exemple 2.7. .
p
zq , ( p, q ∈ N. Ses pôles sont les q points zk = e
1. Soit f (z) = 1+ z (2k−1)iπ/q , ( k =

1, 2, ..., q). Ces pôles sont bien simples. On déduit alors par le corollaire 2.4 que :
p
zk 1 p +1− q 1 p +1 q
Res( f , zk ) = q −1
= zk = − zk car zk = −1.
qzk q q

z2
2. Soit f (z) = z −1 , il est clair que l’unique pôle de f est w = 1, on a alors

z2
Res( f , 1) = = 1.
1 z =1

3. Soit f (z) = 1
sin z . Les pôles de f sont les zk = kπ avec k ∈ Z. Ce sont des pôles simples.
On a :
1
Res( f , kπ ) = = (−1)k .
cos z z=kπ

Une propriété remarquable des résidus est qu’ils sont additifs. On a le théorème
suivant dû à Cauchy.

Théorème 2.2 (Quatrième théorème de Cauchy). Soit f une fonction continue sur le bord
d’un domaine U dans lequel elle est analytique partout sauf en un nombre fini de points singu-
liers w1 , w2 , ..., wn . Alors pour C, parcouru dans le sens positif, on a
I n
f (z)dz = 2πi ∑ Res( f , w j )
C j =1

2.5 Quelques exemples de calcul d’intégrales par les résidus


Nous avons déjà montrer comment l’on peut utiliser les formules intégrales de
Cauchy pour calculer une intégrale. Ici, l’on va exhiber quelques exemples de calcul
intégral à l’aide de la formule des résidus. Commençons par énoncer cet important
lemme dû à Jordan.

Lemme 2.1 (Lemme de Jordan). .


1. Soit C un arc de cercle de centre 0 et de rayon R. Si lim sup |z f (z)| = 0, alors
R →0 z ∈ C
R
lim C f (z)dz = 0.
R →0

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2. Soit C un arc de cercle de centre 0 et de rayon R. Si lim sup |z f (z)| = 0, alors


R→∞ z∈C
R
lim C f (z)dz = 0.
R→∞
Démonstration. Soit ω l’angle au centre exprimé en radians correspondant à l’arc, alors
Z
| f (z)dz| ≤ sup | f (z)|ωR = sup |z f (z)|ω,
C z∈C z∈C
ce qui démontre le lemme.

R 2π
2.5.1 Intégrales de la forme I = 0
R(cos θ, sin θ )dθ
Dans cette intégrale, R( x, y) désigne un fonction rationnelle de deux variables réelles
x, y que nous supposerons définie (et par conséquent continue) sur la circonférence
x2 + y2 = 1. En posant z = eiθ , on est ramené au calcul de l’intégrale curviligne
h1 1  1  1 i dz
Z
I= R z+ , z,
C 2 z 2i z iz
où C désigne la circonférence |z| = 1, parcourue dans le sens direct.
Soit S la fonction rationnelle
h1 1  1  1 i
S(z) = R z+ , z, .
2 z 2i z
Par hypothèse cette fonction rationelle n’a pas de pôle sur le cercle |z| = 1. Si on
désigne par z1 , z2 , ..., zn les pôles de S contenus dans le disque |z| < 1, alors
n
I = 2π ∑ Res(S, zk ).
k =1
Exemple 2.8. .
1. Soit à calculer l’intégrale
einπ
Z 2π
In (r ) = dθ, (n ∈ N, r ∈ C, |r | 6= 1.
0 1 + r2 + 2r cos θ
Aves les notations précédentes, on a :
1 zn dz 1 zn dz
Z Z
In (r ) = 2 2
= .
i C (1 + r ) z − r ( z + 1) i C (rz − 1)(r − z)
n
La fraction rationnelle S(z) = (rz−1z)(r−z) admet pour pôles les points z = r, z = 1r , un
seul de ces pôles appartient au disque unité |z| < 1.
n
— Si |r | < 1, on a In (r ) = 2πRes( f , r ) = 12πr
−r 2
.
— Si |r | > 1, alors r est dans le disque et In (r ) = 2πRes(S, 1r ) = rn (r2π
1
2 −1) .

2. En procédant de la même façon, on obtient :


Z 2π
1 1 n dz
Z 
Jn = cos θdθ = n
2− n z + .
0 i C z z
Pour avoir la valeur de Jn , il suffit de calculer le résidu à l’origine de la fonction z 7→
z−n−1 (z2 + 1)n . Ce résidu est égal au coefficient de zn dans le développement de (1 +
p
z2 )n ; il est nul si n est impair et égal à C2p si n = 2p ( p ∈ N∗ ). D’où :

p 1.3.5.....(2p − 1)
J2p = 2π2−2p C2p = 2π × .
2.4.6.....(2p)

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R +∞P( x )
2.5.2 Intégrale de la forme I = −∞ Q( x )
dx
P, Q désignent deux polynômes, que nous pouvons supposer premiers entre eux.
On remarquera que l’intégrale I est convergente si et seulement si deg Q ≥ deg P + 2
et Q n’a pas de zéro réels, nous nous placerons donc dans ces conditions. Cela étant,
désigons par K R le compact plan défini par les inégalités |z| ≤ R, y = Imz ≥ 0. On
choisit R > 0 assez grand pour que les zéros de Q soient tous contenus dans le disque
| Z | < R, désignons par z1 , z2 , ..., zq , les zéros de Q contenus dans le démi plan supérieur
Imz > 0, on a :
q
P(z) P 
Z
dz = 2πi ∑ Res ,z .
∂K R Q ( z ) k =1
Q k
D’autre part, le bord de K se compose du segment [− R, + R] de l’axe réel, parcouru
dans le sens des x croissants, et du demi-cercle γR : |z| = R, y ≥ 0 parcouru dans le
sens direct. On a donc :
Z +∞ q
P( x ) P(z) P 
Z
dx + dz = 2πi ∑ Res ,z .
−∞ Q( x ) γR Q(z) k =1
Q k

zP(z)
Comme par hypothèse on a deg Q ≥ deg P + 2, on a lim = 0. Par application
|z|→∞ Q(z)
du lemme de Jordan, on déduit que

P(z)
Z
lim dz = 0,
R→+∞ γR Q(z)

par conséquent on a :
Z +∞ q
P( x ) P 
−∞ Q( x )
dx = 2πi ∑ Res
Q
, zk .
k =1

P
On obtient ainsi la valeur de I sans avoir à chercher de primitive de Q.

Exemple 2.9. .
R +∞
1. Soit à calculer l’intégrale I = −∞ x4dx +1
.
Il est clair que P(z) = 1 et Q(z) = z4 + 1, nous somme bien dans les hypothèses du
résultat ci-dessus énoncé, les zéros de Q contenus de le demi plan supérieur sont eiπ/4 et
P
e2iπ/4 . Ces point sont des pôles simples de Q , ainsi
 1 iπ/4
 1  1
3iπ/4
 1
Res 4
, e = 3iπ/4
, Res 4
, e = 3iπ/2
z +1 4e z +1 4e
on déduit que :
Z +∞
dx 1 1 π
= 2iπ ( 3iπ/4 + 3iπ/2 ) = √ .
−∞ x4 +1 4e 4e 2

2. De la même façon on montre que :


Z +∞
1 1 1
= 2iπRes( 2 , i ) = 2iπ = π.
−∞ x2 +1 z +1 2i

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2.6 Exercices
Exercice 2.1.
1. Representer les courbes suivantes, définies sur [0, 1] :
a. γ1 (t) = 1 + it ;
b. γ2 (t) = e−iπt ;
c. γ3 (t) = eiπt
d. γ4 (t) = 1 + it + t2 .
2. Calculer les intégrales des fonctions f i , i = 1, 2, 3 suivantes chacune sur les contours
γ1 , γ2 , γ3 et γ4 . f 1 (z) = z3 , f 2 (z) = z et f 3 = 1z .

Exercice 2.2. Déterminer s’ils existent les pôles des fonctions suivantes, ensuite trouver
le développement de chacune de ses fonction en série de Laurent autour de ses pôles
puis déterminer de deux façons les résidus de ces fonctions en ces pôles.
2 z ( z −1) z ( z +1)
f 1 (z) = z−1 1 , f 2 (z) = z−z 1 , f 3 (z) = zz−2 , f 4 (z) = (z−2)2 , f 5 (z) = (z−1)(z+2) , f 6 (z) = (z−2z3)6 .

Exercice 2.3.
1. f est une fonction de la variable complexe. Rappeler les relations de Cauchy Rie-
mann pour f holomorphe.
2. Dire si les fonctions suivantes sont holomorphes ou non sur C :

z+1
f ( z ) = z3 , g(z) = (|z| + z)2 , h(z) = zz + z, j(z) = .
|z| + 1

Exercice 2.4. Soit U un ouvert simplement connexe de C et f une fonction holomorphe


dans U. Soit γ un lacet dont l’image est contenue dans U et z0 ∈ U − γ([ a; b]).
1. Rappeler la formule de Cauchy pour f (z0 ).
2. Calculer les intégrales suivantes.

tan z cosh 2z sinh2 z


I I I
I (w) = dz, J= dz, K= dz,
γ z−w γ z γ z+1

où γ est un contour fermé autour du point w.


p
zq , ( p, q ∈ N puis calculer
z
Exercice 2.5. Déterminer les pôles de la fonction f (z) = 1+
1
les résidus de f en ces pôles. Même question pour g(z) = sin z .

Exercice 2.6. Soit f une fonction paire et admettant l’origine pour pôle. Sans faire de
Res( f , 0) = 0. 
calcul, justifier que  
1 1
Calculer alors : Res
sin4 z
,0 ; Res z2 ( z6 +1)
;0 ).

Exercice 2.7. Le but de cet exercice est d’établir les lemmes de Jordan qui sont des résultats
imporatants dans le calcul intégral.
1. Soit C un arc de cercle de centre 0 et de rayon R. Si lim sup |z f (z)| = 0, montrer
R →0 z ∈ C
R
que l’on a lim C f (z)dz = 0.
R →0

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2. Soit C un arc de cercle de centre 0 et de rayon R. Si lim sup |z f (z)| = 0, montrer


R→∞ z∈C
R
que l’on a lim C f (z)dz = 0.
R→∞

Exercice 2.8.
1. Rappeler la formule intégrale de Cauchy pour les dérivées n−ièmes puis calculer
les intégrales suivantes où γ est un contour fermé autour du point w :

cosh( xz) sinh( xz)


Z Z
I (x) = dz; J (x) = dz.
γ ( z + 2)4 γ ( z + 1)3

2. Rappeler la formule du résidu pour un pôle d’ordre n. Déterminer les pôles de la


fonction f , donner leurs ordres et calculer le résidu de f en chacun de ces pôles
z ( z +1)
pour f (z) = (z2 +4)2 .

Exercice 2.9.
1. Rappeler la formule intégrale de Cauchy pour la dérivée n−ième d’une fonction
holomorphe f .
2. Calculer les intégrales suivantes :

z ( z + 1) ( z + 1) n e z
Z Z
I1 = dz; I1 = dz.
C (0,2) (z + 5)(z − 1)n C (0,2) zn

Exercice 2.10. Calculer l’intégrale suivante :


Z +∞
n(n + 1) . . . (2n − 2)π
 
dx
I (n) = , ( a > 0; n > 1).Rep : .
0 ( x + a2 ) n
2 (2a)2n−1 (n − 1)!
Exercice 2.11. Soit f une fonction et ω un pôle d’ordre n de f . Rappeler la formule du
R +∞
résidus de f en ω, puis calculer l’intégrale I = 0 (2x2 +3dx
)(3x2 +2)
.

Exercice 2.12. a, b, c et d sont des réels strictement positifs. Calculer l’ intégale sui-
vante : Z +∞
dx
I=
0 ( ax + b)(cx2 + d)
2

R +∞ dx 1
Exercice 2.13. On se propose de calculer l’intégrale 0 1+ x a . On pose f ( z ) = 1+z a .
1. Déterminer les valeurs de a pour lesquelles l’intégrale converge.
2. Soit ε > 0 (assez petit) et R > 0 (assez grand). On considère le domaine de C
définie par D = {z ∈ D, ε < |z| ≤ R, 0 ≤ Argz ≤ 2πa }. Représenter graphique-
ment D.
3. Déterminer les pôles de la fonction f et déterminer celui (ou ceux) qui est (ou
sont) dans D.
4. Soit Γε,R le bord de D. En appliquant le théorème des résidus, déduire des ques-
tions précédentes la valeur de l’intégrale
Z
f (z)dz.
Γε,R

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5. Après avoir donner une bonne paramétrisation de Γε,R , montrer que

Rieiθ ei2π/a εieiθ


Z R Z 2π/a Z 0
dx
Z Z ε
f (z)dz = + dθ + dt + dθ.
Γε,R ε 1 + xa 0 1 + ( Reiθ ) a R 1 + (tei2π/a ) a 2π/a 1 + (εeiθ ) a

Rieiθ R εieiθ ε
6. Montrer que ≤ a
et ≤ et déduire que

1 + ( Re ) a R −1 iθ
1 + (εe ) a 1 − εa

Rieiθ εieiθ
Z 2π/a Z 0
lim dθ = 0, lim dθ = 0.
R→+∞ 0 1 + ( Reiθ ) a ε →0 2π/a 1 + (εeiθ ) a

On rapellera le lemme utilisé.


ei2π/a 1
7. Montrer que = e2iπ/a et déduire que
1 + (te i2π/a ) a 1 + ta
 Z +∞ 1 eiπ/a
2iπ/a
1−e dx = − 2iπ
0 1 + xa a

8. Déduire que
Z +∞
1 π
= .
0 1 + xa a sin πa

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Chapitre 3

Transformation de Fourier des


Fonctions et des distributions

Soit f une fonction (ou un signal) périodique de fériode T.


Joseph Fourier, mathématicien français, affirma dans un mémoire daté de 1807,
qu’il était possible, dans certaines conditions, de décomposer un signal périodidue f
sous la forme d’une somme infinie de signaux sinusoı̈daux.
Ainsi on a, sous certaines conditions (par exemple si f est de classe C1 par mor-
ceaux) :
+∞

f (t) = a0 + ∑ an cos nωt + bn sin nωt, ω = .
n =1
T
On peut donc considérer f comme la somme :
— d’un terme constant a0
— d’un nombre infini de termes sinusoı̈daux appelés harmoniques.
L’harmonique de rang n est
un (t) = An cos(nωt) + bn sin(nωt).
On peut encore l’écrire sous la forme
un (t) = An cos(nωt − ϕn )
avec
bn
q
An = a2n + bn2 et tan( ϕn ) = ( si an 6= 0)
an
An représente l’amplitude, 2π
nω la période, ϕn la phase et nω
2π la fréquence.
Remarque 3.1. Si on utilise les coefficients de Fourier complexes, on obtient alors une décomposition :
+∞
f (t) = ∑ cn einωt
n=−∞
avec cn coefficient de Fourier complexes de f .
Pour une fonction périodique f , on obtient une relation de la forme
+∞
f (t) = ∑ cn einωt (3.1)
n=−∞
qui peut être interpretée comme la décomposition du signal f sur la famille de fonc-
tions (einωt )n∈Z jouant un rôle analogue à celui d’une base.
Pour une fonction f qui n’est pas périodique, il est évidemment exclu d’utiliser la
relation (3.1). On introduit alors une nouvelle notion : la transformée de Fourier.

30
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3.1 Définitions et propriétés


Définition 3.1. On note L1 (R) l’ensemble des fonctions définies de R dans R, continues par
morceaux et telles que :
Z +∞
| f (t)|dt existe.
−∞

1
Exemple 3.1. La fonction f (t) = est un élément de L1 (R). On a en effet,
1 + t2
Z +∞
| f (t)|dt = 2 lim arctan( x ) = π.
−∞ x →+∞

Définition 3.2. .
1. Soit f ∈ L1 (R), on appelle transformée de Fourier de f la fonction F ( f ) : R → C telle
que
Z +∞
F ( f )(s) = e−2πist f (t)dt.
−∞

2. L’application F : f 7→ F ( f ) est appelée transformation de Fourier.


3. La courbe d’équation y(s) = |F ( f )(s)| est appelée spectre de f .

Remarque 3.2. 1. ∀s ∈ R, |e−2πist f (t)| = | f (t)| dons la fonction F ( f ) est définie et


bornée sur R. On admettra que F ( f ) est continue sur R.
2. On démontre que lim |F ( f )(s)| = 0.
|s|→+∞
R +∞
Proposition 3.1. 1. Si f est paire, alors F ( f )(s) = 2 0 f (t) cos(2πst)dt.
R +∞
2. Si f est impaire, alors F ( f )(s) = −2i 0 f (t) sin(2πst)dt.

Démonstration. La preuve découle du fait que e−2πist = cos(2πst) − i sin(2πst) et que


si f est paire la fonction s 7→ f (t) cos(2πst) est paire et s 7→ f (t) sin(2πst) est impaire.

3.2 Exemples de transformées


Exemple 3.2 (Signal ”porte”). .
La fonction ”porte” noté Π est définie par :

Π(t) = 1 si t ∈ [− 12 ; 12 ]

.
Π(t) = 0 si t ∈/ [− 12 ; 12 ]

Comme f est paire, alors on a :


R 1/2
— si s = 0, F (Π)(0) = 2 0 1dt = 1.
— si s 6= 0,
Z 1/2  1/2
sin 2πst sin πs
F (Π)(s) = 2 Π(t) cos(2πst)dt = 2 = .
0 2πs 0 πs

Faculté de génie industriel 31 Analyse 3, 2018-2019


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En conclusion la transformée de Fourier de la fonction ”porte” Π est la fonction définie


de R dans R par :
sin πs
F (Π) : s 7→ .
πs
Cette fonction s’appelle sinus cardinal.
Exemple 3.3 (Fonctions impulsions). .
Ces fonctions notées Π T sont définies par :

Π T (t) = T1 si t ∈ [− T2 ; T2 ]


Π T (t) = 0 si t ∈/ [− T2 ; T2 ]

où T est un nombre réel strictement positif. On vérifie aisément que Π T (t) = T Π( T )
1 t

où Π est la fonction ”porte”. En posant u = Tt , on obtient facilement


sin πsT
F (Π T )(s) = .
πsT
Exemple 3.4 (Fonctions exponetielles). .
Soit a > 0, f : s 7→ e−a|t| . La fonction f est paire et on a
Z +∞
F ( f )(s) = 2 e−at cos 2πstdt.
0

Une double intégration par parties conduit à


2a
F ( f )(s) = .
a2 + 4π 2 s2

3.3 Propriétés de la transformée de Fourier


Proposition 3.2 (Linéarité). Soient f , g deux signaux stables et λ, µ ∈ C, alors

F (λ f + µg) = λF ( f ) + µF ( g).
df
Proposition 3.3 (Transformée d’une dérivée). Si f est continue et si f 0 = dt ∈ L1 ( R ) ,
alors :
F ( f 0 ) : s 7→ 2iπsF ( f )(s).
Démonstration. On a :
Z +∞
0
F ( f )(s) = e−2iπst f 0 (t)dt
−∞
Z +∞
−2iπst ∞
= [e f (t)]+
−∞ + 2πis e−2iπst f (t)dt
−∞
= 2πisF ( f )(s).

Proposition 3.4 (Règle de multiplication par t). Si la fonction t 7→ t f (t) est un signal
stable, alors on a :
d
(F ( f )) : s 7→ −2iπF (t f (t))(s).
ds
La notation abusive F (t f (t)) représente la transformée de Fourier de t 7→ t f (t).

Faculté de génie industriel 32 Analyse 3, 2018-2019


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Démonstration. Supposons que t 7→ t f (t) est un signal stable. Alors :


Z +∞ Z +∞
d d
(F ( f ))(s) = (e−2iπst f (t))dt = −2iπ (e−2iπst t f (t))dt = −2iπF (t f (t))(s).
ds −∞ ds −∞

Soit a un réel. On pose ∀t ∈ R,

τa f (t) = f (t − a).

τa est la translaté du signal f , si a > 0, on dit que le signal a ”retarde” de a.


Proposition 3.5 (Image d’une tanslaté (formule du retard si a > 0)). Soit a un réel, on a :

F (τa f ) : s 7→ e−2iπas F ( f )(s).

Démonstration. Soit f un signal stable et a un nombre réel. On a :


Z +∞ Z +∞
−2iπst
F (τa f )(s) = e f (t − a)dt = e−2iπs(t+a) f (t)dt = e−2iπsa F ( f )(s).
−∞ −∞

Proposition 3.6 (Translation de l’image). Soit a un réel. On a :

F (e2iπat f (t)) : s 7→ F ( f )(s − a).

La notation abusive F (e2iπat t f (t)) représente le transformée de Fourier de la fonction t 7→


e2iπat t f (t).
Démonstration. Soit a un réel.
Z +∞ Z +∞
−2iπst 2iπat
F (e 2iπat
f (t)) = e e f (t)dt = e−2iπ (s−a)t f (t)dt = F ( f )(s − a).
−∞ −∞

Proposition 3.7 (Changement d’échelle). Soit ω > 0.

1 s
F ( f (ωt)) : s 7→ F ( f (t))( ).
ω ω
Démonstration. Soit ω > 0. Si on pose u = ωt, alors on a
Z +∞ Z +∞
−2iπst 1 s 1 s
F ( f (ωt))(s) = e f (ωt)dt = e−2iπ ω u f (u)du = F ( f (t))( ).
−∞ ω −∞ ω ω

Définition 3.3. Soit f et g deux signaux, on appelle produit de convolution de f et g et on


note f ? g le signal défini par
Z +∞
( f ? g)(t) = f (u) g(t − u)du.
−∞

Remarque 3.3. Lorsqu’elles sont bien définies, f ? g = g ? f .

Faculté de génie industriel 33 Analyse 3, 2018-2019


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Lemme 3.1. Si f et g sont des signaux stables, alors f ? g est un signal stable.

Démonstration. Soit f et g deux signaux stable. Soit t ∈ R, alors par définition,


Z +∞
( f ? g)(t) = f (u) g(t − u)du,
−∞

donc
Z +∞ Z +∞ Z +∞
|( f ? g)(t)|dt = f (u) g(t − u)du dt
−∞ −∞ −∞
Z +∞ Z +∞
≤ | f (u)|| g(t − u)|dudt
−∞ −∞
Z +∞  Z +∞ 
≤ | g(t − u)|dt | f (u)|du
−∞ −∞
≤ N1 ( f ) N1 ( g) < +∞

donc f ? g est un signal stable.


Comme la convolution de deux signaux stables est un signal stable, on peut parler
de transformée de Fourier du produit de convolution de deux signaux stables et on a
le résultat suivant :

Proposition 3.8. Soit f et g deux signaux stables. Alors

F ( f ? g ) = F ( f ) × F ( g ).

Démonstration. Soit f et g deux signaux stables, alors f ? g est un signal stable


Z +∞
F ( f ? g)(s) = e−2iπst ( f ? g)(t)dt
−∞
Z +∞  Z +∞ 
−2iπst
= e f (u) g(t − u)du dt
−∞ −∞
Z +∞ Z +∞
= e−2iπst f (u) g(t − u)dudt
−∞ −∞
Z +∞ Z +∞
= e−2iπs(t+u) f (u) g(t)dudt
−Z∞+∞−∞   Z +∞ 
−2iπst −2iπsu
= e g(t)dt e f (u)du
−∞ −∞
= F ( f )(s)F ( g)(s).

3.4 Transformée de Fourier inverse


Définition 3.4. Soit f un signal stable. On appelle transformée de Fourier conjuguée (ou
inverse) de la fonction f la fonction F ( f ) : R → C définie par
Z +∞
F ( f )(s) = e2iπst f (t)dt.
−∞

Faculté de génie industriel 34 Analyse 3, 2018-2019


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On admet le théorème suivant :


Théorème 3.1. Si f et F ( f ) sont dans L1 (R), alors
1
F (F ( f ))(t) = [ f (t + 0) + f (t − 0)]
2
où f (t + 0) et f (t − 0) représentent la limite à droite et à gauche en t. Si de plus f est continue,
alors
F (F ( f ))(t) = f (t)
et on peut écrire
Z +∞ Z +∞
−2iπst
F ( f )(s) = e f (t)dt ⇔ f (t) = e2iπst F ( f )(s)ds.
−∞ −∞

3.5 Exercices
Exercice 3.1. Pour un intervalle [ a, b], on appelle indicatrice de [ a, b] la fonction 1[a,b] :

1 si x ∈ [ a; b]
R → R définie par 1[a,b] ( x ) = .
0 si x ∈
/ [ a; b]
Calculer F ( H ) où H est l’indicatrice de [− 21 , 12 ].
2
Exercice 3.2 (CC2008). Soit α > 0 et f (t) = e−αt .
R +∞ 2 √
1. Montrer que −∞ e−u du = π.
2. Vérifier que f (t) = −2αt f (t).
3. On pose F (s) = F ( f )(s). Montrer que F est solution d’une équation différentielle
du premier ordre.
4. En déduire F.
Exercice 3.3 (CC2008). F ( f ) désigne la transformée de Fourier de f . a est un réel stric-
tement positif. On pose f (t) = e−a|t| .
1. Montrer que F ( f )(s) = 2a
a2 +4π 2 s2
.
2. Justifier que
Z +∞
− a|t| 2a 1
e = e2iπst ds.
4π 2 −∞ a2
+ s2
4π 2
3. Par un changement de variable convenable, montrer que la fonction
2
t 7→ 4π − a|t| est la transformée de Fourier de la fonction h : u 7 → 1
2a e a2
+ u2
.
4π 2

4. Déduire que la transformée de Fourier de h(u) = 1


α2 + u2
est F (h)(t) = π −2πα|t|
αe .
1
5. Déterminer la transformée de Fourier de f : t 7→ 1+ x 2
.
Exercice 3.4.
1. Etablir la propriété F e2iπxξ 0 f ( x ) (ξ ) = F [ f ( x )](ξ − ξ 0 ).
 

2. En déduire la transformée de Fourier de la fonction x 7→ cos(2πβx )e−α| x| où


α, β > 0.
Exercice 3.5.

Faculté de génie industriel 35 Analyse 3, 2018-2019


Patrick Njionou,S.

1. Soit f une fonction continue de classe C1 par morceaux telle que f et f 0 sont dans
L1 . Trouver F ( f 0 ) en fonction de F ( f ).
2. Soit f ∈ L1 telle que x 7→ x f ( x ) soit dans L1 , quelle est la relation entre F ( f ) et
F ( x f ).
3. Déduire de la question 2 une expression de F ( x n f ) en fonction de F ( f ). L’on
prendra le temps de prouver correctement le résultat.
2a
4. On rappelle que F (e−a|t| )(s) = 2 pour a > 0.
a + 4π 2 s2
Exprimer en fonction de n F (tn e−a|t| )(s) pour un entier naturel n.
R +∞ 2 √
Exercice 3.6. On admet que −∞ e−t dt = π. Soit a un réel strictement positif. On
2
pose f (t) = e−at .
q 2 2
π − π as
1. Montrer que F ( f )(s) = ae .
t2

2. On définit pour tout σ > 0 la fonction f σ par f σ (t) = √1 e 2σ2 .
σ 2π
a. Déterminer F ( f σ ).
b. Montrer que f σ1 ? f σ2 = f √σ2 +σ2 .
1 2

Exercice 3.7. On définit la fonction ∧ définie par : ∧(t) = 1 − |t| si t ∈ [−1; 1] et


∧(t) = 0 ailleurs
1. Déterminer la transformée de Fourier de la fonction ∧.
2. Calculer la dérivée de ∧ et exprimer ∧0 à l’aide de la fonction Π.
3. Appliquer à la relation obtenue l’opérateur F. En déduire la transformée de Fou-
rier de ∧.
4. Vérifier que ∧ = Π ? Π. Retrouver le resultat de la question 3..

Exercice 3.8 (CC2009). On se propose de déterminer de façon explicite la fonction


Z +∞ −t Z +∞
e itx 2 π
f (x) = √ e dt. On rappelle que e−u du = . On admet aussi que f est
0 t 0 2
dérivable.
1. Calculer f 0 ( x ) pour tout réel x.
2. En utilisant une intégration par partie, montrer que

x+i
f 0 (x) = f ( x ).
2( x 2 + 1)

3. Déterminer alors f ( x ).

Exercice 3.9.
1
1. Soit a > 0, calculer la transformée de Fourier de la fonction f (t) = a2 + t2
.
2. Soit a, b tels que 0 < a < b. On considère l’équation intégrale

f (t) 1
Z
2 2
dt = 2 .
R ( x − t) + a x + b2

Ecrire cette équation sous forme d’une équation de convolution.

Faculté de génie industriel 36 Analyse 3, 2018-2019


Patrick Njionou,S.

3. Déterminer F ( f )( x ) et en déduire f (t).

Exercice 3.10.
1. Soit f une fonction continue de classe C1 par morceaux telle que f et f 0 sont dans
L1 . Trouver F ( f 0 ) en fonction de F ( f ).
2. Soit f ∈ L1 telle que x 7→ x f ( x ) soit dans L1 , quelle est la relation entre F ( f ) et
F(x f )

Exercice 3.11. Soit f une fonction de L1 telle que pour tout n ∈ N∗ , t 7→ tn f (t) est
dn
dans L1 . Calculer pour tout n ∈ N∗ , n F ( f ).
dx
Exercice 3.12. On définit f sur R par f ( x ) = e−| x| .
1. Montrer que ( f ? f )( x ) = (1 + | x |)e−| x| .
2. Calculer la transformée de Fourier de f ? f . En déduire que la transformée de
Fourier de la fonction x 7→ (1 + x2 )−2 est la fonction ξ 7→ π2 (1 + |ξ |)e−|ξ | .

Faculté de génie industriel 37 Analyse 3, 2018-2019


Chapitre 4

Espaces L p et Espaces de Hilbert

4.1 Espaces L p
4.1.1 L’espace L1 .
L’espace L1 .
Soit ( E, B, µ) un espace mesuré, l’ensemble des fonctions µ−intégrables finies est
un espave vectoriel sur R noté L1 ( E, B, µ) :
Z
∀ f ∈ L ( E, B, µ),
1
| f |dµ existe .
Z
On pose pour tout f ∈ L1 ( E, B, µ) N1 ( f ) = | f |dµ. N1 a les propriétés suivantes :
1. N1 ≥ 0 ;
2. N1 (λ f ) = |λ| N1 ( f ) ∀λ ∈ R ;
3. N1 ( f + g) ≤ N1 ( f ) + N1 ( g) ;
mais N1 ( f ) = 0 n’entraine pas formément que f = 0. On peut par exemple prendre
1 si x ∈ Q
 Z
E = R, et f ( x ) = , et voir que f ( x )dx = 0 alors que f 6= 0.
0 sinon R
N1 n’est donc pas une norme sur L1 . On souhaite définir un espace sur lequel N1 sera
une norme.

L’espace L1 .
Soit N l’ensemble des fonctions mesurables, nulles µ− presque partout, c’est-à-dire
nulles sauf sur une partie de E de mesure nulle. N est un sous-espace vectoriel de L1 .
On pose
L1 ( E, B, µ) = L1 ( E, B, µ)/N
quotient de L1 par N.
Les éléments de L1 sont des classes de fonctions égales µ−presque partout. Pour tout
f ∈ L1 , on note f˜ la classe de f . On a f˜ = { f + g, g ∈ L1 }.
Définition 4.1. On désigne par L1 ( E, B, µ) l’espace des classes de fonctions intégrables qui
sont égales µ−presque partout.
∀α ∈ L1 , f ∈ α, N1 (α) = N1 ( f ).
N1 est une norme sur L1 .

38
Patrick Njionou,S.

4.1.2 Les espace L p , 1 ≤ p ≤ +∞.


Les espace L p , 1 ≤ p ≤ +∞.
Proposition 4.1. Soit ( E, B, µ) un espace mesuré, l’ensemble des fonctions mesurables f de E
dans R, telles que | f | p , 1 ≤ p ≤ +∞ est intégrable est un espace vectoriel sur R, L p ( E, B, µ).

Démonstration. Il suffit de montrer que ∀ f , g ∈ L p , f + g ∈ L p et λ f ∈ L p pour tout


λ ∈ R.
f + g est mesurable car f et g le sont. On a

| f + g| p ≤ 2 p sup(| f | p , | g| p ) ≤ 2 p (| f | p + | g| p ),

| f | p et | g| p étant intégrables, il vient | f + g| p est intégrable et |λ f | p est intégrable.


Remarque 4.1. 1. En général, il n’y a pas de relation d’inclusion entre espaces L p .
E = R, µ est la mesure de Lebesgue sur E, f ( x ) = √ 1 2 , | f |2 est intégrable, mais
1+ x
/ L1 d’où f ∈ L2 et f ∈
f ∈ / L1 .
g( x ) = √ x si 0 < x ≤ 1 et 0 aillieurs. g ∈ L1 et g ∈
1
/ L2 .
2. Si 0 < p < 1, l’ensemble des fonctions de E dans R tel que | f | p est intégrable est encore
un espace vectoriel.

Lemme 4.1. Soit a, b > 0 et 1/p0 + 1/q0 = 1, p0 , q0 > 0, alors


0 0
ap bq
ab ≤ 0 + 0 .
p q

Démonstration. Psons 0 0
ap bq
f ( a, b) = 0 + 0 − ab,
p q
alors
∂f 0 ∂2 f 0
( a, b) = a p −1 − b, 2
( a, b) = ( p0 − 1) a p −2 .
∂a ∂a
0
Il en résulte que a 7→ f ( a, b) atteint son minimum en a = b1/( p −1) et ce minimum est
0, le résultat en découle.
1
Proposition 4.2 (Inégalité de Hölder). Soit p et q deux réels tels que p, q ≥ 1 et p + 1q = 1.
Alors ∀ f ∈ L p et ∀ g ∈ Lq , f g ∈ L1 et on a l’inégalité
Z  1 Z 1
p q
Z
p q
| f g|dµ ≤ | f | dµ | g| dµ .

Démonstration. Découle de la proposition 4.3 pour r = 1.

Proposition 4.3 (Inégalité de Hölder généralisée). Soit p et q deux réels tels que p, q ≥ 1
et 1p + 1q = 1r . Alors ∀ f ∈ L p et ∀ g ∈ Lq , f g ∈ Lr et on a l’inégalité

Z 1 Z  1 Z 1
r p q
r p q
| f g| dµ ≤ | f | dµ | g| dµ .

Faculté de génie industriel 39 Analyse 3, 2018-2019


Patrick Njionou,S.

Démonstration. f ∈ L p , g ∈ Lq donc f et g sont mesurables, il en est de même de


f g. Il reste à montrer que f g ∈ Lr est intégrable. Il suffira d’établir l’inégalité de la
proposition.
Si f ou g est nulle µ−presque partout, l’inégalité est immédiate. Supposons f et g non
| f |r
nulles µ−presque partout. Posons p0 = p/r et q0 = q/r, ainsi que f 0 = (R | f | p dµ)r/p et
r r/q
g0 = R | g| , on aura 1/p0 + 1/q0 = 1 et d’après le lemme 4.1,
( | g|q dµ

1 0 p0 1 0 q0 r | f |p r | g|q
| f 0 g0 | ≤ | f | + | g | = + ,
p0 q0
R R
p | f | p dµ q | g|q dµ

ce qui montre que f 0 g0 est intégrable. Il en résulte que


r r
Z
| f 0 g0 |dµ ≤ + = 1.
p q
Mais Z r/p Z r/q
| f g| = r p
| f | dµ q
| g| dµ | f 0 g 0 |,

et par conséquent | f g|r est intégrable et


Z 1 Z  1 Z 1
r p q
| f g|r dµ ≤ | f | p dµ | g|q dµ .

Lemme 4.2. Si a, b > 0 et p > 0, alors

( a + b ) p ≤ 2 p ( a p + b p ).

Démonstration. En effet, ( a + b) ≤ 2 max( a, b) et par conséquent

( a + b) p ≤ 2 p (max( a, b)) p ≤ 2 p max( a p , b p ) ≤ 2 p ( a p + b p ).

Proposition 4.4 (Inégalité de Minkovski). Soit p ∈ [1, +∞[, si f , g ∈ L p , alors f + g ∈ L p


et Z 1/p Z 1/p Z 1/p
p p p
| f + g| dµ ≤ | f | dµ + | g| dµ .

Démonstration. D’après le lemme 4.2, on a | f + g| p ≤ 2 p (| f | p + | g| p ), ce qui montre que


f + g ∈ L p . De plus,

| f + g| p = | f + g|| f + g| p−1 ≤ | f || f + g| p−1 + | g|| f + g| p−1 ,

et par conséquent, avec 1/q = 1 − 1/p, d’après l’inégalité de Holder,


Z
| f + g| p dµ ≤ (| f + g| p )1/q (| f | p )1/p + (| f + g| p )1/q (| g|q )1/q
 
≤ (| f + g| p )1/q (| f | p )1/p + (| g|q )1/q .

La conclusion en découle.

Faculté de génie industriel 40 Analyse 3, 2018-2019


Patrick Njionou,S.

L’espace L p .
Z 1/p
p
Si on pose ∀ f ∈ Lp, Np ( f ) = | f | dx , la fonction Np vérifie les propriétés
R
suivantes :
— Np ( f ) ≥ 0 ∀ f ∈ L p
— Np (λ f ) = |λ| Np ( f ) ∀ f ∈ L p et ∀λ ∈ R
— Np ( f + g ) 6 = Np ( f ) + Np ( g ).
Np n’est pas une norme sur L p car Np ( f ) = 0 signifie seulement que f = 0 µ−presque
partout.
On désigne par N l’espace des fonctions nulles µ−presque partout et on pose

L p ( E, B, µ) = L p ( E, B, µ)/N.

Les éléments de L p sont des classes de fonctions mesurables, de puissance p−ième


intégrable, égales µ−presque partout.
Pour f ∈ L p on note f˜ sa classe de fonction et on a

f˜ = g̃ ⇔ Np ( f ) = Np ( g).

On définit sur L p la fonction Np en posant

∀α ∈ L p , Np (α) = Np ( f ), ∀ f ∈ α.

Définition 4.2. On désigne par L p ( E, B, µ) l’espace des classes de fonctions de puissance


p−ième intégrables egales µ−presque partout.
Si f˜ est la classe de f ∈ L p , la fonction
Z 1/p
Np ( f˜) = p
| f | dµ

est une norme sur L p .

4.2 Espaces de Hilbert


Un espace de Hilbert est la généralisation la plus naturelle des espaces euclidiens
de dimension finie de la géométrie classique. Les espaces de Hilbert sont des espaces
de Banach les plus importants et les plus utiles dans les applications à l’analyse fonc-
tionnelle.

4.2.1 Définitions et propriétés


Définition 4.3. Soient E et F deux espaces vectoriels sur C, une application f de E dans F est
dite semi-linéaire ou anti-linéaire si :
— f ( x + y) = f ( x ) + f (y) pour tout x, y ∈ E.
— f (λx ) = λ f ( x ) pour tout x ∈ E et tout λ ∈ C.

Dans toute la suite, K = R ou C.

Définition 4.4. Soit E un espace vectoriel sur K, on appelle forme hermitienne sur E toute
application f : E × E → K telle que :

Faculté de génie industriel 41 Analyse 3, 2018-2019


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1. ∀y ∈ E, l’application f : x 7→ f ( x, y) est une forme linéaire sur E ;


2. ∀ x, y ∈ E, f (y, x ) = f ( x, y) [symétrie hermitienne].

Remarque 4.2. — ∀ x ∈ E, f ( x, x ) ∈ R,
— ∀ x ∈ E, l’application y 7→ f ( x, y) est anti-linéaire.

Exemple 4.1. Soit E un espace vectoriel de dimension finie n sur K, (ei )1≤i≤n une base de E et
n n
f : E × E → K. Si f est une forme hermintienne, alors pour tout x = ∑ xi ei , y = ∑ yi ei ∈
i =1 i =1
E, on a :
n n
f ( x, y) = ∑ ∑ xi ȳ j f (ei , e j ).
i =1 j =1

Posons aij = f (ei , e j ), alors a ji = aij (symétrie hermitienne).

Exemple 4.2. Soit E = C([0, 1], C) = { f : [0, 1] → C, continues}. Alors

ϕ : E×E → C
R1
( f , g) 7→ 0 f (t) g(t)dt

est une forme hermitienne sur E.

Définition 4.5. On dit qu’une forme hermitienne f sur E est positive si

∀ x ∈ E, f ( x, x ) ≥ 0.

f est non dégénérée si


∀y ∈ E, f ( x, y) = 0 ⇒ x = 0.
f est positive non dégénérée si pour tout x 6= 0, f ( x, x ) > 0 ; on dit aussi que f est définie
positive.

Exemple 4.3. La forme hermitienne de l’exemple 4.2 est définie positive.

Définition 4.6. Soit E un espace vectoriel. On appelle produit scalaire sur E toute forme her-
mitienne définie positive sur E.

Proposition 4.5 (Inégalité de Cauchy-Schwarz). .


1. Soit H un espace vectoriel sur R muni d’un produit scalaire, noté (.|.). Alors :

(u|v)2 ≤ (u|u)(v|v), pour tout u, v ∈ H. (4.1)

De plus, (u|v)2 = (u|u)(v|v) si et seulement si u et v sont colinéaires.


2. Soit H un espace vectoriel sur C muni d’un produit scalaire, noté (.|.). Alors :

|(u|v)|2 ≤ (u|u)(v|v), pour tout u, v ∈ H. (4.2)

De plus, |(u|v)|2 = (u|u)(v|v) si et seulement si u et v sont colinéaires.

Démonstration. On suppose ici que l’espace vectoriel est sur R. Soit u, v ∈ H. Pour tout
α ∈ R, on pose

p(α) = (u + αv|u + αv) = (v|v)α2 + 2α(u|v) + (u|u).

Faculté de génie industriel 42 Analyse 3, 2018-2019


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Comme p(α) ≥ 0 pour tout α ∈ R, on doit avoir ∆ = (u|v)2 − (v|v)(u|u) ≤ 0. Ce qui


donne (4.1).
Intéressons nous maintenant au cas de l’égalité.
Si u = 0 ou v = 0, on a l’égalité (et u et v sont colinéaires).
Si u 6= 0 et v 6= 0, on a égalité dans (4.1) (c’est-à-dire ∆ = 0) si et seulement si il existe
α ∈ R tel que p(α) = 0. Donc on a égalité dans (4.1) si et seulement si il existe α ∈ R
tel que u = −αv. Ce qu’on voulait démontrer.
Supposons maintenant que l’espace vectoriel H est sur C. Soit u, v ∈ H. Pour α ∈ C,
on pose
p(α) = (u + αv|u + αv) = (v|v)αᾱ + α(v|u) + ᾱ(u|v) + (u|u).
On choisit de prendre α = β(u|v) avec β ∈ R. On pose donc pour tout

β ∈ R, ϕ( β) = p( β(u|v)) = β2 |(u|v)|2 (v|u) + 2β|(u|v)|2 + (u|u).

Ici encore, comme ϕ( β) ∈ R+ pour tout β ∈ R, on doit avoir

∆ = |(u|v)|4 − |(u|v)|2 (v|v)(u|u) ≤ 0,

ce qui donne (4.2).


Pour le cas de l’égalité, il est clair que si u = 0 ou v = 0, on a l’égalité. Supposons u 6= 0
et v 6= 0. Remarquons que si (u|v) = 0, on n’a pas égalité dans (4.2) et u et v ne sont
pas colinéaires. On suppose maintenant que (u|v) 6= 0. On a alors égélité dans (4.2) si
et seulement si ∆ = 0 et donc si et seulement si il existe β ∈ R tel que ϕ( β) = 0, soit
u = − β(u|v)v, ce sui est équivalent à ∃α ∈ R tel que u = −αv.
Proposition 4.6 (Norme induite par un produit scalaire). Soit H un espace vectoriel sur
K, avec K p= R ou K = C, muni d’un produit scalaire, noté (.|.). Pour tout u ∈ H, on pose
kuk H = (u|u). Alors, k . k H est une norme sur H. On l’appelle norme induite par le
produit scalaire (.|.).
Démonstration. — Il est clair que kuk H ∈ R+ pour tout u ∈ H et que

kuk H = 0 ⇔ (u|u) = 0 ⇔ u = 0.

— On a bien kαuk H = |α|kuk H pour tout α ∈ K et tout u ∈ H.


— Enfin, pour montrer l’inégalité triangulaire, soit u, v ∈ H, on a

ku + vk2H = (u + v|u + v) = (u|v) + (v|u) + (u|v) + (v|u).


p p
Comme, par (4.1) ou (4.2), |(u|v)| ≤ (u|u) (v|v) = kuk H kvk H , on déduit
ku + vk2H ≤ (kuk H + kvk H )2 . Donc

ku + vk H ≤ kuk H + kvk H .

Définition 4.7 (Espace de Hilbert). .


1. Un espace préhilbertien (réel ou complexe) est un espace vectoriel (sur R ou sur C) normé
dont la norme est induite par un produit scalaire.
2. Un espace de Hilbert (réel ou complexe) est un espace vectoriel (sur R ou sur C) normé
complet dont la norme est induite par un produit scalaire. C’est un espace de Banach dont
la norme est induite par un produit scalaire.

Faculté de génie industriel 43 Analyse 3, 2018-2019


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Exemple 4.1. Soit ( E, B, µ) un espace mesuré, L’espace L2R ( E, B, µ) muni de la norme k . k2 =


N2 est un espace de Hilbert (réel) et le produit scalaire associé à la norme est défini par :
Z
( f | g )2 = f gdµ.

Proposition 4.7 (Continuité du produit scalaire). Soit H un espace de Banach réel ou com-
plexe. Soient (un )n∈N ⊂ H, (vn )n∈N ⊂ H et u, v ∈ H tels que un → u et vn → v dans H,
quand n → +∞. Alors (un |vn ) → (u|v) quand n → +∞.
Démonstration. Il suffit de remarquer, grâce à l’ingéalité de Cauchy-Schwarz, que :

|(un |vn ) − (u|v)| ≤ |(un |vn ) − (un |v)| + |(un |v) − (u|v)| ≤ kun kkvn − vk + kun − ukkvk.

On conclut en utilisant le fait que un → u et vn → v et en remarquant que la suite (un )n


est bornée car convergente.
Proposition 4.8 (Identité du parallélogramme). Soit H un espace de Hilbert (réel ou com-
plexe). Alors pour tout u, v ∈ H, on a

ku + vk2H + ku − vk2H = kuk2H + kvk2H .

Démonstration. Il suffit de remarquer que : On a

k x + yk2 = ( x + y| x + y) = ( x | x ) + ( x |y) + (y| x ) + (y|y) = k x k2 + 2<( x |y) + kyk2 ,

et

k x − yk2 = ( x − y| x − y) = ( x | x ) − ( x |y) − (y| x ) + (y|y) = k x k2 − 2<( x |y) + kyk2 .

4.2.2 Orthogonalité
Soit E un espace préhilbertien.
1. Soit u, v ∈ E. On dit que u et v sont orthogonaux (et on note u⊥v) si (u|v) = 0.
2. On dit que deux parties X et Y de E sont orthogonales et on note X ⊥Y si

∀ x ∈ X, ∀y ∈ Y, ( x |y) = 0.

3. Soit A ⊂ E. On appelle orthogonal de A l’ensemble A⊥ = {u ∈ E; (u|v) =


0, ∀v ∈ A}.

Remarque 4.3. 1. ( x |y) = 0 ⇒ (y| x ) = 0 car ( x |y) = (y| x ). La relation d’orthogonalité


est symétrique.
2. ( x | x ) = 0 ⇒ x = 0.
3. Si X ⊥Y alors X ∩ Y = {0}.
Théorème 4.1 (Pythagore). Soit H un espace de Hilbert et u1 , . . . , un ∈ H tels que (ui |u j ) =
0 si i 6= j. Alors
2
n n
∑ ui = ∑ kui k2H . (4.3)
i =1 H i =1

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Démonstration. La démonstration de ce résultat est immédiate, par récurrence sur n.


L’égalité (4.3) est vraie pour n = 1 (et u1 ∈ H).
Soit n ∈ N. On suppose que (4.3) est vraie (pour tout u1 , . . . , un ∈ H). Soit u1 , . . . , un+1 ∈
n
H. On pose y = ∑ ui , de sorte que
n =1
2
n +1
∑ ui = ky + un+1 k2H = (y + un+1 |y + un+1 ) = (y|y) + (un+1 |un+1 ).
i =1 H

car (y|un+1 ) = 0 = (un+1 |y). On en déduit, avec l’hypothèse de récurrence que


2
n +1 n +1
∑ ui = ∑ kui k2H .
i =1 H i =1

Proposition 4.9. Soient E un espace préhilbertien et A une partie de E.


1. A⊥ est un sous-espace vectoriel fermé de E.

2. A⊥ = A .
3. A ⊂ ( A⊥ )⊥ (que l’on note A⊥⊥ ).
Démonstration. 1. Soit u1 , u2 ∈ A⊥ et α1 , α2 ∈ K (K = R ou K = C). Pour tout v ∈ A,
on a (α1 u1 + α2 u2 |v) = α1 (u1 |v) + α2 (u2 |v) = 0. Donc α1 u1 + α2 u2 ∈ A⊥ . Ce
qui montre que A⊥ est un sous-espace vectoriel de E. Il reste à montrer qu’il est
fermé.
Soit (un )n ⊂ A⊥ telle que un → u dans E quand n → +∞. Montrons que u ∈ A⊥ .
L’application w 7→ (w, v) est continue de E dans K pour tout v ∈ E. Soit v ∈ A,
on a (un |v) = 0 donc 0 = lim (un |v) = (u|v). Ce qui montre que u ∈ A⊥ et
n→+∞
donc A⊥ est fermé.

2. — Comme A ⊂ A, on a A ⊂ A⊥ .

— Soit maintenant u ∈ A⊥ . On veut montrer que u ∈ A . Soit v ∈ A, il existe
(vn )n ⊂ A telle que vn → v dans E. Comme (u|vn ) = 0 pour tout n ∈ N, on

en déduit, par continuité de w 7→ (u|w) que (u|v) = 0. Donc u ∈ A , ce qui

donne A⊥ ⊂ A .
3. Soit u ∈ A. On a (u|v) = 0 pour tout v ∈ A⊥ , donc (v|u) = 0 pour tout u ∈ A⊥ ,
ce qui donne v ∈ A⊥⊥ .

4.2.3 Projection orthogonale


Définition 4.8. Soit E un espace vectoriel normé, X ⊂ E et x ∈ E. On dit qu’un point x 0 ∈ X
est la projection de x sur X si
d( x, x 0 ) = d( x, X ) := inf d( x, y).
y∈ A

Définition 4.9 (Partie convexe). Soit E un espace vectoriel sur K, avec K = R ou K = C.


Soit C ⊂ E. On dit qur C est convexe si :
u, v ∈ C, t ∈ [0, 1] ⇒ tu + (1 − t)v ∈ C.

Faculté de génie industriel 45 Analyse 3, 2018-2019


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Théorème 4.2 (Projection sur un convexe fermé non vide). Soit H un espace de Hilbert
(réel ou complexe) et C ⊂ H une partie convexe non vide. Soit x ∈ H. Alors, il existe un et un
seul x0 ∈ C tel que d( x, x0 ) = d( x, C ) = inf d( x, y), (avec d( x, y) = k x − yk H ).
y∈C
On note x0 = PC ( x ). PC est donc une application de H dans H (dont l’image est égale à C).
On écrit souvent PC x au lieu de PC ( x ).

Démonstration. .
Existence de x0 On pose d = d( x, C ) = inf d( x, y). Comme C 6= ∅, il existe une suite
y∈C
(yn )n∈N ⊂ C telle que d( x, yn ) → d quand n → +∞. On va montrer que (yn )n est une
suite de Cauchy en utilisant l’identité du parallélogramme (ce qui utilise la structure
hilbertienne de H) et la convexité de C.
L’identité du parallélogramme donne :

kyn − ym k2H = k(yn − x ) − (ym − x )k2H = −k(yn − x ) + (ym − x )k2H + 2kyn − x k2H + 2kym − x k2H ,

et donc
2
yn + ym
kyn − ym k2H = −4 −x + 2kyn − x k2H + 2kym − x k2H
2 H

yn + ym yn +ym
Comme C est convexe, ∈ C et donc d ≤ 2 −x . On en déduit alors que
2 H

kyn − ym k2H ≤ −4d2 + 2kyn − x k2H + 2kym − ck2H .

Comme d(yn , x ) = kyn − x k H → d quand n → +∞, on en déduit que la suite (yn )n est
de Cauchy . Comme H est complet, il existe x0 ∈ H tel que yn → x0 quand n → +∞.
Comme C est fermé, x0 ∈ C. Enfin, comme k x − yn k H → d quand n → +∞, par
continuité de la norme, on a d( x, x0 ) = k x − x0 k H = d = d( x, C ). Ce qui prouve
l’existence.
Unicité de x0 Soit y1 , y2 ∈ C tel que d( x, y1 ) = d( x, y2 ) = d( x, C ) = d. On utilise encore
l’identité du paréllélogramme. Elle donne :
2 2
y + y2 y + y2
ky1 − y2 k2H = −4 1 −x + 2ky1 − x k2H + 2ky2 − x k2H = −4 1 −x + 4d2 .
2 H 2 H

y + y2 y1 + y2
Comme 1 ∈ C, on a d ≤ 2 −x et donc ky1 − y2 k2H ≤ −4d2 + 4d2 = 0.
2 H
Donc y1 = y2 .

Attention : Le théorème précédent est, en général faux si on remplace ”Hilbert” par


”Banach”. Mais reste encore vrai si le sous espace vectoriel considéré est un convexe
complet.

Proposition 4.10 (Première caractérisation de la projection). Soient H un espace de Hil-


bert (réel ou complexe) et C ⊂ H une partie convexe fermée non vide. Soient x ∈ H et x0 ∈ C.
1. On suppose que H st un Hilbert réel. Alors :

x0 = PC x ⇔ ( x − x0 |y − x0 ) ≤ 0, pour tout y ∈ C.

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2. On suppose que H est un Hilbert complexe. Alors :

x0 = PC x ⇔ <( x − x0 |y − x0 ) ≤ 0, pour tout y ∈ C.

Démonstration. Exercice.

Proposition 4.11 (Deuxième caractérisation de la projection). Soient H un espace de hil-


bert (réel ou complexe) et F un sous-espace vectoriel fermé de H. Soit x ∈ H et x0 ∈ F. Alors :

x0 = PF x ⇔ ( x − x0 ) ∈ F ⊥ .

Démonstration. Exercice.

Définition 4.10 (Projection orthogonale et projecteurs algébriques). .


1. Soient H un espace de Hilbert (réel ou complexe) et F ⊂ H un sous-espace vectoriel
de H. L’opérateur PF s’appelle ”projecteur orthogonal sur F”. si u ∈ H, PF u s’appelle
projection orthogonale de u sur F.
2. (Rappel algébrique) Soit E un espace vectoriel sur K. Soient F, G deux sous-espaces
vectoriels de E tels que E = F ⊕ G. Pour tout x ∈ E, il existe donc un et un seul
couple (y, z) ∈ F × G tel que x = y + z. On pose y = Px et donc z = ( I − P) x (où
I est l’application identité). P et I − P sont les projecteurs associés à la décomposition
E = F ⊕ G. Ce sont des applications linéaires de E dans E. L’image de P est égale à F et
l’image de I − P est égale à G.

Théorème 4.3. Soit H un espace de Hilbert (réel ou complexe) et F un sous-espace vectoriel


fermé de H. Alors :
1. H = F ⊕ F ⊥ .
2. PF (projecteur orthogonal sur F) est égal au projecteur algébrique sur F associé à la
décomposition H = F ⊕ F ⊥ .
3. F = F ⊥⊥ .

Démonstration. On rappelle que l’on a déjà vu que F ⊥ est un sous-espace vectoriel


fermé.
1. Soit u ∈ H. On a u = (u − PF u) + PF u. La deuxième caractérisation (proposition
4.11) donne (u − PF u) ∈ F ⊥ . Comme PF u ∈ F, on en déduit que H = F + F ⊥ .
Soit maintenant u ∈ F ∩ F ⊥ . On doit avoir (u|u) = 0, ce qui donne u = 0 et donc
F ∩ F ⊥ = {0}.
2. Soit u ∈ H. Comme u = PF u + (u − PF u), avec PF u ∈ F et (u − PF u) ∈ F ⊥ , on
voit que PF est égal au projecteur algébrique sur F associé à la décomposition
H = F ⊕ F⊥ .
3. Il reste à montrer que F = F ⊥⊥ .
— On a déjà vu que F ⊂ F ⊥⊥ .
— Soit u ∈ F ⊥⊥ . On a u = (u − PF u) + PF u. La deuxième caractérisation (pro-
position 4.11) donne (u − PF u) ∈ F ⊥ et on a aussi (u − PF u) ∈ F ⊥⊥ car
u ∈ F ⊥⊥ et PF u ∈ F ⊂ F ⊥⊥ . On a donc (u − PF u) ∈ F ⊥ ∩ F ⊥⊥ = {0}.
Donc u = PF u ∈ F. On a donc montrer que F ⊥⊥ ⊂ F.

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Corollaire 4.1. Soit H un espace de Hilbert (réel ou complexe) et F un sous-espace vectoriel


de H. Alors :
F = H ⇔ F ⊥ = {0}.
Démonstration. F est un sous-espace vectoriel fermé de H. Le théorème 4.3 donne H =
⊥ ⊥
F ⊕ F . On a déjà vu que F = F ⊥ , on a donc H = F ⊕ F ⊥ ; d’où l’on déduit le
corollaire.

4.2.4 Théorème de Représentation de Riesz


On rappelle que si H est un espace de Banach, on note H 0 (ou L( H, K )) l’ensemble
des applications linéaires continues de H dans K et par H ∗ l’ensemble des application
linéaires de H dans K. H 0 est appelé dual topologique de H et H ∗ est appelé dual
algébrique de H. Si H est de dimension finie, alors H 0 = H ∗ , mais si H est de dimension
infinie, on a presque toujours H 0 6= H ∗ .
1. Si T ∈ H ∗ , on rappelle que T est continue si et seulement si ∃k ∈ R tel que
| T (u)| ≤ kkuk H pour tout u ∈ H.
| T (u)|
2. Si T ∈ H 0 , on pose k T k H 0 = sup kuk H
. On rappelle que k . k H 0 est bien une
u∈ H \{0}
norme sur H 0 et que H 0 , muni de cette norme est aussi un espace de Banach (sur
K). noter que ceci est vrai si H est un espace vectoriel normé complet. Noter aussi
que, si T ∈ H 0 et u ∈ H, on a | T (u)| ≤ k T k H 0 kuk H .
3. On suppose maintenant que H est un espace de Hilbert. Pour tout v ∈ H, on
pose ϕv (u) = (u|v) pour tout u ∈ H. Grâce à l’inégalité de Cauchy-Schwarz, on
a | ϕv (u)| ≤ kuk H kvk H . On a donc ϕv ∈ H 0 et k ϕv k H 0 ≤ kvk H . En remarquant
que ϕv (v) = kvk2H , on montre que k ϕv k H 0 = kvk H .
On considère maintenant l’application ϕ : H → H 0 définie par ϕ(v) = ϕv pour
tout v ∈ H.
— Si K = R, ϕ est une application linéaire de H dans H 0 . Elle est donc une
isométrie (linéaire) de H sur Im( ϕ) ⊂ H 0 . En particulier, ϕ est injective.
— Si K = C, ϕ est une application anti-linéaire de H dans H 0 . Elle est donc une
isométrie (anti-linéaire) de H sur Im( ϕ) ⊂ H 0 . En particulier, ϕ est injective.
L’objectif du théorème de représentation de Riesz est de montrer que l’application ϕ
est surjective, c’est-à-dire que Im( ϕ) = H 0 .
Théorème 4.4. Soit H un espace de Hilbert (réel ou complexe). Soit T ∈ H 0 . Alors il existe
un et un seul v ∈ H tel que :
T (u) = (u|v), ∀u ∈ H.
L’application ϕ définie dans la remarque ci-dessus est donc surjective.
Démonstration. On pose F = Ker ( T ). Comme T est linéaire continue, F est un sous-
espace vectoriel fermé de H. Le théorème 4.3 donne H = F ⊕ F ⊥ . On distingue deux
cas :
— Cas 1 : On suppose ici que T = 0, alors F = E et il suffit de prendre v = 0.
— On suppose maintenant que T 6= 0. On a donc F 6= H et donc F ⊥ 6= {0}. Il existe
v0 ∈ F ⊥ , v0 6= 0. Comme v0 ∈
/ F, on a T (v0 ) 6= 0. Pour u ∈ H, on a alors :

T (u) T (u)
u = u− v0 + v0 . (4.4)
T ( v0 ) T ( v0 )

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T (u)
On remarque que u − v0 ∈ F car
T ( v0 )
 
T (u) T (u)
T u− v0 = T ( u ) − T (v0 ) = 0.
T ( v0 ) T ( v0 )
 
⊥ T (u)
Donc, comme v0 ∈ F , u − T (v ) v0 , v0 = 0 et (4.4) donne
0

 
T (u) T (u)
( u | v0 ) = v0 | v0 = ( v0 | v0 ),
T ( v0 ) T ( v0 )

d’où l’on déduit


T ( v0 )
T (u) = ( u | v0 ).
( v0 | v0 )
T ( v0 ) T ( v0 )
On pose v = v0 si K = R et v = v si K = C. On a bien
( v0 | v0 ) ( v0 | v0 ) 0

T ( u ) = ( u | v ), pour tout u ∈ H,

c’est-à-dire T = ϕv .
Pour l’unicité de v, supposons il existe v1 , v2 ∈ H tels que T = ϕv1 = ϕv2 (avec les
notations ci-dessus). Comme ϕ est linéaire (si K = R) ou anti-linéaire (si K = C) on en
déduit que ϕv1 −v2 = ϕv1 − ϕv2 = 0. Comme ϕ est une isométrie, on a donc v1 = v2 , ce
qui achève la preuve du théorème.

4.2.5 Quelques conséquences du théorème de Riesz


H est un espace de Hilbert.

Définition 4.11. Soit a : H × H → R une forme bilinéaire. On dit que :


1. a est continue (sur H) s’il existe une constante Ca telle que

∀ x, y ∈ H, | a(u, v)| ≤ Ca k x k H kyk H , (4.5)

2. a est k.k H -coercive s’il existe une constante α a > 0 telle que

∀ x ∈ H, a( x, x ) ≥ α a k x k2H (4.6)

3. a est symétrique si
∀ x, y ∈ H, a( x, y) = a(y, x ). (4.7)

Théorème 4.5 (Théorème de Lax-Milgram). Soit a : H × H → R une forme bilinéaire


continue et coercive sur H et soit ϕ une forme linéaire continue E. Alors, il existe un élément
u ϕ et un seul de H tel que
∀ x ∈ H, a( x, u ϕ ) = ϕ( x )
De plus, l’application linéaire qui à ϕ associe u ϕ est linéaire et continue.
Si on suppose de plus que la forme a est symétrique, alors l’élément u ϕ est l’unique élément
qui minimise le fonctionnelle
1
J ( x ) := a( x, x ) − ϕ( x ).
2

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Théorème 4.6 (Stampacchia). Soit a : H × H → R une forme bilinéaire continue et coer-


cive ; soit K un convexe fermé non vide de H. Pour toute forme linéaire ϕ ∈ H 0 , il existe un
unique u ∈ H vérifiant
a(u, v − u) ≥ ϕ(v − u), ∀v ∈ K.
Si de plus a est symétrique, alors u est caractérisé par

u∈K
(
 
1 1
2 a ( u, u ) − ϕ ( u ) = min 2 a ( u, v ) − ϕ ( v ) .
v∈K

Démonstration. On commence par représenter la forme linéaire ϕ comme un produit


scalaire grâce au théorème de Riesz :

∃! f ∈ H, ϕ(v) = ( f , v) ∀v ∈ H.

Pour chaque u ∈ H fixé, l’application v 7→ a(u, v) est un élément de H 0 et donc par le


théorème de Riesz, il existe un unique A(u) ∈ H tel que

a(u, v) = ( A(u), v) ∀v ∈ H.

Ainsi défini, l’opérateur A est linéaire ; en effet les égalités a(u1 , v) = ( A(u1 ), v) et
a(u2 , v) = ( A(u2 ), v) entraı̂nent a(u1 + λu2 , v) = ( A(u1 ) + λA(u2 ), v) (λ ∈ R) et
l’unicité de la représentation permet de conclure.
Par coercivité de la forme a, on peut trouver α > 0 tel que

a(u, u) = ( A(u), u) ≥ αkuk2H , ∀u ∈ H. (4.8)

D’autre part, a étant supposée continue, il vient pour tout u ∈ H,

kuk2H = a(u, A(u)) =≤ ckuk H k A(u)k H ,

où c est la norme de a. L’inégalité (4.8) implique évidemment

k A(u)k H ≤ ckuk H .

D’après la première caractérisation de la projection sur un convexe fermé non vide


(4.10), on a :
( f − A ( u ), v − u ) ≤ 0 ∀ v ∈ K
et si ρ désigne un réel positif, alors, cela équivaut encore à

(ρ f − ρA(u) + u − u, v − u) ≤ 0

ou encore
u = PK (ρ f − ρA(u) + u).
Soit S : K → K, S(v) = PK (ρ f − ρA(v) + v). Soit v1 , v2 ∈ K. PK étant lipschitzien, on a

kS(v1 ) − S(v2 )k H ≤ kρA(v1 ) − ρA(v2 ) − (v1 − v2 )k H

et donc

|S(v1 ) − S(v2 )k H ≤ ρ2 k A(v1 − v2 )k2 + kv1 − v2 k2 − 2(ρA(v1 − v2 ), v1 − v2 )


≤ (1 + c2 ρ2 − 2αρ)kv1 − v2 k2
≤ k 2 k v1 − v2 k2 .

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Choisissons ρ de sorte que k2 = 1 + c2 ρ2 − 2αρ < 1 (prendre 0 < ρ < 2α c2


. On en déduit
que S est contractante sur le sous espace complet (car fermé) K, le théorème de point
fixe de Picard donne alors l’existence et l’unicité de u.
Supposons maintenant a symétrique. Alors c’est un produit scalaire qui munit H
d’une structure d’espace de Hilbert. A nouveau grâce au thérème de représentation de
Riesz, on sait qu’il existe un unique g ∈ H tel que

ϕ(v) = a( g, v) ∀v ∈ H.

Alors la proposition 4.10 s’écrit alors

a( g − u, v − u) ≤ 0 ∀v ∈ K

et par conséquent u = PK ( g), projection dans ( H, a). On en déduit par le théorème de


projection que
1 1
a( g − u, g − u) 2 = min a( g − v, g − v) 2
v∈K
ou encore

a( g, g) − 2a( g, u) + a(u, u) = min( a( g, g) − 2a( g, v) + a(v, v)),


v∈K

c’est-à-dire encore
 
1 1
u∈K et a(u, u) − ϕ(u) = min a(v, v) − ϕ(v)
2 v∈K 2

Comme application de ce théorème, on peut d’abord penser au théorème de Lax-


Milgram, mais celui-ci peut se prouver simplement par des méthodes élémentaires.
Le théorème de Stampacchia se revèle être un outil efficace pour l’étude de certaines
équations aux dérivées partielles elliptiques. Il donne en effet existence et unicité des
solutions faibles (au sens des distributions). Il s’applique par exemple au problème de
Dirichlet non homogène

−∆u + u = f sur Ω ⊂ Rn


u = 0 sur ∂Ω.

4.2.6 Bases hilbertiennes


Soit E un espace vectoriel sur K, K = R ou C, et B = {ei , i ∈ I } ⊂ E une famille
d’éléments de E (l’ensemble I est quelconque, il peut être fini ou non, dénombrable ou
non). On rappelle que B = {ei , i ∈ I } ⊂ E est une base (algébrique) de E si B vérifie les
deux propriétés suivantes :
1. B est libre, c’est-à-dire :

(∑ αi ei = 0, avec J ⊂ I, card( J ) < +∞, αi ∈ K, ∀i ∈ J ) ⇒ αi = 0, ∀i ∈ J.


i∈ J

2. B est génératrice, c’est-à-dire que pour tout u ∈ E, il existe J ⊂ I, card( J ) < +∞


et il existe (αi )i∈ J ⊂ K tel que u = ∑ αi ei .
i∈ J

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En notant vect{ei , i ∈ I } l’espace vectoriel engendré par la famille {ei , i ∈ I }, le


fait que B soit génératrice s’écrit E = vect{ei , i ∈ I }.
On rappelle aussi que tout espace vectoriel admet des bases (algébriques). Cette
propriété se démontre à partir du lemme de Zorn.
Dans le cas d’un espace de Hilbert, on va définir maintenant une nouvelle notion
de base : la notion de base hibertienne.

Définition 4.12. Soit H un espace de Hilbert sur K, K = R ou K = C et B = {ei , i ∈


I } ⊂ H une famille d’éléments de H (l’ensemble I est quelconque). La famille B est une base
hilbertienne de H si elle vérifie les deux propriétés suivantes :

1 si i = j
1. (ei |e j ) = δi,j = pour tout i, j ∈ I.
0 si i 6= j
2. vect{ei , i ∈ I } = H.

Définition 4.13. Soit E un espace vectoriel normé sur K. On dit que E est séparable s’il existe
A ⊂ E tel que A = E et A au plus dénombrable.

Proposition 4.12. Pour qu’un espace topologique X soit séparable, il faut et il suffit qu’il
S
existe une suite croissante ( Fn ) de sous-espaces de dimension finie de X telle que Fn soit
n
dense dans X. Si X est un espace normé séparable de dimension infinie, on peut trouver une
suite croissante ( Fn ) de sous-espaces vectoriels de X telle que dim Fn = n pour tout n ≥ 0 et
S
telle que la réunion F = Fn soit dense dans X.
n

Démonstration. En effet, si D = {d0 , d1 , . . . , dn , . . .} est dense et si Fn = vect(d0 , . . . dn−1 ),


S
il est évident que Fn est dense dans X puisque cet ensemble contient D. On choisit
n S
Dn dénombrable dense dans Dn , et D = Dn sera dénombrable dense dans X.
n
Pour établir la deuxième partie, il suffit de modifier légèrement l’argument ci-dessus,
en prenant le vecteur dn+1 que s’il n’est pas déjà dans vect(d0 , . . . , dn ) : on pose F0 = {0}
et pour n ≥ 0, en supposant Fn déjà défini, de dimension n, on désigne par k n le
plus petit indice m tel que dm ∈ / Fn (s’il n’y avait pas de tel indice m, tous les vec-
teurs (dm ) seraient dans Fn , donc X = Fn de dimension fini, contradiction). On pose
S
Fn+1 = vect( Fn , dkn ). On vérifie que Fn+1 contient d0 , . . . , dkn , donc à la fin Fn contient
n
l’ensemble dense D.

Théorème 4.7. Tout espace de Hilbert admet une base Hilbertienne.

Démonstration. Nous allons distinguer deux cas : le cas où H est séparable et le cas où
H n’est pas séparable. Evidemment, la preuve dans le second cas généralise celle du
premier cas.
Cas où H est séparable. Soit H un espace de Hilbert séparable de dimension infinie ;
on peut trouver une suite croissante ( En )n≥0 de sous-espaces de dimension finie de H,
telle que dim En = n pour tout n ≥ 0 et telle que En soit dense dans H. On construit la
S
n
suite orthonormée par récurrence de façon que pour tout n ≥ 1, la suite (e1 , . . . , en ) soit
une base orthonormée de En . On commence en prenant e1 un vecteur de norme 1 dans
E1 . Supposons e1 , . . . , en définies, de façon que (e1 , . . . , en ) soit une base orthonormée
de En . Puisque En+1 6= En , on peut choisir un vecteur xn+1 ∈ En+1 qui n’est pas dans
En . Soit y la projection orthogonale de xn+1 sur En . On a xn+1 6= y puisque xn+1 ∈ / En .
x n +1 − y
Le vecteur z = xn+1 − y est non nul et orthogonal à En . On prend en+1 = k x −yk .
n +1

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Par construction, (e1 , . . . , en , en+1 ) est une suite orthonormée de En+1 donc une base de
En+1 (puisque dim En+1 = n + 1).
La suite (en )n≥0 est totale puisque l’espace vectoriel qu’elle engendre contient la
S
réunion En qui est dense dans H.
n ≥0
Cas ou H n’est pas séparable. Notons U ⊂ P( H ) l’ensemble des parties orthonor-
males. Montrons que, muni de l’ordre de l’inclusion, U est inductif : soit { Bi : i ∈ I }
une partie totalement ordonnée de U ; si x, y ∈ Bi , il existe un indice j ∈ I tel que
S
i∈ I
x, y ∈ Bj , donc ( x | x ) = 1 et si x 6= y, ( x |y) = 0 ; il s’ensuit que
S
Bi est un élément de
i∈ I
U qui majore { Bi : i ∈ I }.
Soit B un élément maximal de U ; on veut montrer que B est total, et pour cela, on
montre que B⊥ = {0} ; sinon,vil existerait un vecteur x non nul et orthogonal à B (en
particulier x ∈/ B), et quitte à multiplier x par un scalaire convenable, on peut supposer
k x k = 1 ; alors B ∪ { x } ∈ U, ce qui contredirait la maximalité de B. Donc B⊥ = {0}.
Ainsi, B est total.
Lemme 4.3 (Inégalité de Bessel). Soit H un espace de Hilbert et (en )n≥0 une famille ortho-
normée dans H ; pour tout x ∈ H, la série numérique ∑ |( x |ek )|2 est convergente et
k ≥0

∑ |(x|ek )|2 ≤ k xk2.


k ≥0

Démonstration. Il suffit de montrer le résultat pour une suite finie e1 , . . . , en . En posant


n
y = ∑ ( x |ei )ei , on a x − y est orthogonal au sous-espace vectoriel F = vect(e1 , . . . , en ),
i =1
donc x − y est orthogonal à y ∈ F. Puisque x = y + ( x − y), on a :
n
k x k2 = k y k2 + k x − y k2 ≥ k y k2 = ∑ |(x|ei )|2
i =1

Lemme 4.4. Soit (un )n une suite orthogonale dans un espace de Hilbert H ; la série de vecteurs
∑k uk converge dans H si et seulement si ∑ kuk k2 < +∞, et dans ce cas, on a :
2
∞ ∞
∑ uk = ∑ k u k k2 .
k =0 k =0

Si (en )n≥0 est une suite orthonormée, la série de vecteurs ∑ ck ek converge si et seulement si
k
∑ |ck |2 < +∞, et dans ce cas on a :
2
∞ ∞
∑ ck ek = ∑ k c k k2 .
k =0 k =0

n
Démonstration. Posons Un = ∑ ui . Si m < n, on a par orthogonalité
i =0

n
kUn − Um k = 2
∑ k u k k2 .
k = m +1

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A partir de là, il est clair que la suite (Un ) est de Cauchy dans H si et seulement si la
série numérique ∑ kuk k2 vérifie le critère de convergence de Cauchy. La norme de la
k
somme de la série s’obtient en passant à la limite dans l’égalité de Pythagore.
Lemme 4.5. Soit (en )n≥0 une suite orthonormée dans H et soit F le sous-espace vectoriel fermé
engendré par la suite (en )n≥0 ; pour tout vecteur y ∈ F, on a :
+∞
y= ∑ ( y | ek ) ek .
k =0
+∞
Démonstration. Posons c j = (y|e j ) pour tout j ≥ 0, et z = ∑ ck ek . Cette série converge
k =0
et z ∈ F. Pour tout j ≥ 0, on voit en passant à la limite que
n
(z|e j ) = lim( ∑ ci ei |e j ) = c j = (y, e j ).
n
i =0

Ce qui montre que y − z est orthogonal à chacun des vecteurs e j , donc y − z est ortho-
gonal à F. Puisque y − z ∈ F, il en résulte que y − z = 0 H et donc le résultat.
Proposition 4.13 (Inégalité de Bessel). Soit E un espace de Hilbert et (ei )i∈ I un système
orthonormal dans E ; pour tout x ∈ E, la famille (|( x |ei )|2 )i∈ I est sommable et :

∑ |(x|ei )|2 ≤ (x|x).


i∈ I

Proposition 4.14. Soit (en )n≥0 une suite orthonormée de l’espace de Hilbert séparable H de
dimension infinie. Pour tout vecteur x ∈ H, on a :
+∞ +∞
x= ∑ ( x | ek ) ek . et kxk =2
∑ |(x|ek )|2.
k =0 k =0

Démonstration. Par définition d’une base orthonormée, la suite (en )n≥0 est totale dans
H. Ce qui signifie que le sous-espace fermé engendré par (en )n≥0 est dense dans H. Il
suffit alors d’appliquer le lemme 4.5.
Théorème 4.8 (Identité de Parseval). Soit H un espace de Hilbert, (ei )i∈ H une base hilber-
tienne de H et x ∈ H ; la famille des nombres réels (|( x |ei )|2 )i∈ I est sommable, la famille des
vecteurs (( x |ei )ei )i∈ I est sommable dans E et on a :
x= ∑ ( x | ei ) ei . et k x k2 = ∑ |( x |ei )|2 .
i∈ I i∈ I

Démonstration. Exercice.
Corollaire 4.2. Soient H un espace de Hilbert, F un sous-espace vectoriel fermé de H, et (ei )i∈ I
une base hilbertienne du sous-espace F ; pour tout vecteur x ∈ H, la projection orthogonale de
x sur F est donnée par :
PF ( x ) = ∑( x |ei )ei .
i∈ I
Démonstration. Posons y = PF ( x ) ; puisque x − y est orthogonal à F, on a ( x − y|ei ) = 0
pour tout i ∈ I, donc ( x |ei ) = (y|ei ). D’après le théorème précédent appliqué à F et à
y, on a :
y = ∑ ( y | ei ) ei = ∑ ( x | ei ) ei .
i∈ I i∈ I

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4.2.7 L’espace hilbertien `2 ( I ).


Soit I un ensemble ; notons `2 ( I ) l’ensemble des familles de scalaires ( xi )i∈ I telles
que la famille de nombres réels positifs | xi |2 soit sommable. Si η = (yi )i∈ I est un autre
élément de `2 ( I ), la relation | xi + yi |2 ≤ 2(| xi |2 + |yi |2 ) montre que ξ + η est encore un
élément de `2 ( I ), on en déduit facilement que `2 ( I ) est un espace vectoriel. Pour tout
ξ = ( xi )i∈ I ∈ `2 ( I ), on pose
!1/2
k ξ k2 = ∑ | x i |2 .
i∈ I

On voit que cette quantité définit une norme sur l’espace vectoriel `2 ( I ) ; en fait, la
relation 2| xi ȳi | ≤ | xi |2 + |yi |2 montre que la famille ( xi ȳi )i∈ I est sommable, et si on
pose :
(ξ |η ) = ∑ xi ȳi ,
i∈ I

on définit sur `2 ( I ) un produit scalaire pour lequel (ξ |ξ ) = kξ k2 .


Pour j ∈ I, notons e j ∈ `2 ( I ) la famille ( xi )i∈ I telle que x j = 1 et xi = 0 si i 6= j.

Proposition 4.15. Muni du produit scalaire ci-dessus, l’espace vectoriel `2 ( I ) est un espace de
Hilbert. La famille (ei )i∈ I est une base Hilbertienne de `2 ( I ).

Démonstration. Il est clair que (ei )i∈ I est un système orthonormal. Pour ξ = ( xi )i et
i ∈ I, on a (ξ, ei ) = xi , donc kξ k22 = ∑ |(ξ |e)|2 . Il vient donc que (ei )i∈ I est une base
i
Hilbertienne de `2 ( I ).
Montrons enfin que `2 ( I ) est complet. Notons u : `2 ( I ) → H l’application isométrique
de `2 ( I ) dans son complété. Il suffit de montrer que u est surjective. Soit x ∈ H ; posons
ξ = (( x |u(ei )))i∈ I ; on sait que ξ ∈ `2 ( I ). Pour tout i ∈ I, on a (ξ |ei ) = ( x |u(ei )), donc
x − u(ξ ) est orthogonal à u(ei ). Or (ei )i est totel dans `2 ( I ) ; comme l’image de u est
dense dans H, (u(ei ))i est total dans H ; on en déduit que x = u(ξ ). Il s’ensuit que u
est isométrique et bijective. Ainsi `2 ( I ) est complet.

Théorème 4.9. Soit H un espace de Hilbert et B = (ei )i∈ I une base hilbertienne de H ; l’ap-
plication U : x 7→ (( x |ei ))i∈ I est une bijection linéaire isométrique de H sur `2 ( I ).

Démonstration. Il est clair que U est linéaire. Aussi, U est isométrique de H dans `2 ( I )
(égalité de Bessel). Soit (λi )i∈ I ∈ `2 ( I ) ; alors, la famille (λi ei )i∈ I est sommable dans H ;
posons x = ∑i λi ei . Pour tout j ∈ I, on a ( x |e j ) = ∑ λi (ei |e j ) = λ j . Donc U ( x ) = (λi )i∈ I ,
et ainsi U est surjective.

4.3 Exercices
Exercice 4.1. Soit I un intervalle de R. On rappelle qu’une application f : I 7→ R est dite
convexe si seulement si ∀( x1 , x2 ) ∈ I 2 , ∀λ ∈ [0; 1], f [λx1 + (1 − λ) x2 ] ≤ λ f ( x1 ) + (1 −
λ) f ( x2 ). Si en plus f est deux fois dérivable, on montre que f est convexe si et seulement si
f 00 ≥ 0.

Inégalité de Jensen et applications

Soit f : I 7→ R une application convexe.

Faculté de génie industriel 55 Analyse 3, 2018-2019


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1. Démontrer par récurrence l’inégalité de Jensen suivante :


n
∀n ∈ N∗ , x1 , x2 . . . xn ∈ I, et λ1 , . . . λn ∈ [0; 1] tels que ∑ λk = 1,
k =1
!
n n
f ∑ λk xk ≤ ∑ λ k f ( x k ).
k =1 k =1

2. Montrer que la fonction f :]0; +∞[→ R, x 7→ − ln x est convexe et déduire que


!
n n
− ln ∑ λk xk ≤ ∑ λk (− ln xk ).
k =1 k =1

3. Montrer que
n n
∑ ∏ xk k .
λ
λk xk ≥
k =1 k =1

4. Déduire que
!1/n
n n
1
n k∑ ∏ ak
ak ≥ .
=1 k =1

Inégalité de Hölder

Soit n ∈ N∗ , ( p, q) ∈]1; +∞[2 tels que 1


p + 1q = 1.
5. Soit ( x, y) ∈ R∗+ . En appliquant convenablement l’inégalité de Jensen, montrer
que
1 1
xy ≤ x p + yq .
p q
6. Soit ( x1 , x2 , . . . , xn ) ∈ Cn , (y1 , y2 , . . . , yn ) ∈ Cn . En utilisant l’inégalité de la ques-
tion précédente, montrer l’inégamité de Hölder dans Cn suivante :
!1/p !1/q
n n n
∑ xk yk ≤ ∑ | xk | p ∑ | xk |q .
k =1 k =1 k =1

Exercice 4.2.
1. Rappeler les définitions des espaces L1 (R) et L2 (R) et montrer que L1 (R) n’est
pas inclus dans L2 (R). A-t-on L2 (R) ⊂ L1 (R) ?
2. Rappeler les définitions d’un espace de Banach et d’un espace de Hilbert.

Exercice 4.3. On considère un espace vectoriel E sur R muni d’une norme k k vérifiant
l’identité de la médiane :

∀ x, y ∈ E, k x + yk2 + k x − yk2 = 2(k x k2 + kyk2 ).

L’objectif de cet exercice est de montrer que E muni de cette norme est nécessairement
un espace préhilbertien. Il s’agit de construire un produit scalaire. On pose

1
∀ x, y ∈ E, ( x, y) = [k x + yk2 − k x − yk2 ].
4

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1. Montrer que pour tout x, y ∈ E, on a : ( x, y) = (y, x ) et ( x, x ) = k x k2 .


2. Montrer que pour tout x1 , x2 , y ∈ E, on a : ( x1 + x2 , y) − ( x1 , y) − ( x2 , y) = 0. (On
pourra utiliser l’identité de la médiane avec les paires ( x1 + y, x2 + y) et ( x1 −
y, x2 − y)).
3. Montrer en utilisant 2. que si x, y ∈ E et r ∈ Q, alors (rx, y) = r ( x, y). Puis en
utilisant un argument de continuité, montrer que cette égalité reste encore vraie
pour r ∈ R.
4. En déduire que ( x, y) définit bien un produit scalaire sur E qui donne la norme
k k.
Exercice 4.4. Soit H la collection de toutes les fonctions numÈriques absolument conti-
Z 1
nues f : [0, 1] → K telles que f (0) = 0 et f0 ∈ L2 (0, 1). On pose ( f | g) = f 0 (t) g0 (t)dt.
0
Montrer que ( H, (.|.)) est un espace de Hilbert.

Exercice 4.5. Soit H un espace de Hilbert et u une forme hermitienne positive sur H.
1. On pose N = { x ∈ H, u( x, x ) = 0}. Montrer que N est un sous-espace vectoriel
de H.
2. Pour tout x + N, y + N ∈ H/N, on pose ( x + N |y + N ) = u( x, y). Montrer que
(.|.) est un produit scalaire sur H/N.
Exercice 4.6. Soit I un ensemble quelconque. On désigne par l 2I l’ensemble des familles
( ai )i∈ I de nombres complexes telles que la famille (| ai |2 ) est sommable.
1. Soit a = ( ai )i∈ I et b = (bi )i∈ I deux éléments de l 2I .
a. Montrer que pour tout α, β ∈ C, |α β̄| ≤ 21 [|α|2 + | β|2 ].
b. Déduire que la famille ( ai bi )i∈ I est sommable.
c. Montrer que l’application définie sur l 2I × l 2I par ( a|b) = ∑ ai b̄i est une forme
i∈ I
hermitienne sur l 2I .
2. L’on se propose de montrer que l 2I est un espace de Hilbert. On note par ( x n )n∈N
une suite de Cauchy de l 2I , de sorte que pour tout n ∈ N, x n = ( xin )i∈ I .
a. Montrer que pour tout i ∈ I, ( xin )n∈N est une suite de Cauchy de C.
b. Déduire que pour tout i ∈ I, il existe un élément xi ∈ C tel que la suite
( xin )n∈N converge vers xi .
c. On pose x = ( xi )i∈ I la famille des différentes limites lorsque i parcours I.
i. Soit ε > 0. Montrer qu’il existe N ∈ N tel que pour tout n ∈ N, n >
N ⇒ k x n − x k < ε.
ii. Déduire que la suite ( x n ) converge vers x.
iii. Montrer que pour tout n > N, xin − xi ∈ l 2I pour tout i ∈ I et conclure
que ( xi )i∈ I ∈ l 2I .
d. Déduire que l 2I est un espace de Hilbert.

Exercice 4.7. On définit sur L2 (R) × L2 (R) l’application ( f , g) L2 =


R
R f ( x ) g( x )dx.
1. Vérifier que (., .) L2 est un produit scalaire sur L2 (R). On admet que munit de ce
produit scalaire, L2 (R) est un espace de Hilbert.

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2. On définit l’espace de Sobolev H 2 (R) = { f ∈ L2 (R), f 0 ∈ L2 (R), f 00 ∈ L2 (R)}


où f 0 et f 00 sont les dérivées premières et secondes au sens des distributions de f .
On définit sur H 2 (R) × H 2 (R) l’application ( f , g) H2 (R) = ( f , g) L2 + ( f 0 , g0 ) L2 +
( f 00 , g00 ) L2 .
a. Montrer que H 2 (R) est un espace vectoriel.
b. Montrer que (., .) H2 (R) est un produit scalaire sur H 2 (R).
c. Montrer que munit de ce produit scalaire, H 2 (R) est un espace de Hilbert.
3. On dit qu’une application linéaire T d’un espace vectoriel normé ( E, k k E ) dans
un espace vectoriel normé ( F, k k F ) est continue s’il existe une constante C telle
que
∀ x ∈ E, k T ( x )k F ≤ C k x k E .
Montrer que l’injection canonique ic : H 2 (R) → L2 (R), f 7→ ic ( f ) = f est une
application linéaire continue.

Exercice 4.8. Soit H un espace de Hilbert, et F un sous espace fermé de H, non réduit ?
{0}. On note p la projection orthogonale de H sur F. Si x est un élément de H, on
appelle la distance de x à F la quantité

d( x, F ) = inf{k x − yk; y ∈ F }.

1. Montrer que d( x, F ) = k x − p( x )k.


2. Montrer que d( x, F ) = max{|( x |z)|, z ∈ F ⊥ et kzk = 1}.
3. On suppose dans cette question que F est un sous-espace de dimension finie, et
on note (e1 , . . . , en ) une base orthonormale de F.
a. Déterminer en fonction de e1 , . . . , en , l’expression de p( x ).
b. En déduire la valeur de :
Z 1 
inf |t − at − b| dt; a ∈ R, b ∈ R .
2 2
0

4. On suppose désormais que F est un sous-espace de dimension infinie. Justifier


que F possède une base hilbertienne, puis exprimer p( x ) en fonction de cette
base.

Faculté de génie industriel 58 Analyse 3, 2018-2019


Chapitre 5

Transformation de Laplace des


fonctions

Cette transformation peut être présentée comme une alternative à l’insuffisance de


R +∞
la transformée de Fourier. Pour un signal x (t), F ( x )(s) = −∞ x (t)e−2πist dt. Cepen-
dant, cette transformée n’existe que si x (t) est un signal stable. De ce fait, un grand
nombre de signaux sont exclus de l’analyse de Fourier.
R +∞
On sait calculer 0 e−σt eαt e−2πist dt pour σ − α > 0. Cela définit une nouvelle
transformée telle que
Z +∞ Z +∞ Z +∞
−σt αt −2πist αt −(σ+iω )t
e e e dt = e e dt = eαt e− pt dt.
0 0 0

On introduit ainsi une variable complexe p = σ + iω. Cela définit une nouvelle trans-
formation Z +∞
TL[ x ] p = X ( p) = x (t)e− pt dt.
−∞
Mais nous avons une restriction. L’intégrale n’existe que pour certaines valeurs de p
telles que, dans l’exemple, σ > α. Dans le plan complexe de la variable p cette valeur
de σ est l’abscisse de convergence (abscisse de sommabilité).

5.1 Définitions et exemples


5.1.1 Définitions
Définition 5.1. Soit f : [0, +∞] → C, t 7→ f (t) une fonction. On appelle transformée de
Laplace de f la fonction
Z A Z ∞
− pt
L( f (t))( p) = lim e f (t)dt = e− pt f (t)dt = X ( p)
A→+∞ 0 0

où p = σ + iω est un complèxe tel que σ, ω ∈ R et

lim e− pt f (t) = 0. (5.1)


t→+∞

Remarque 5.1. Il découle de la linéarité de l’intégrale que si f et g sont deux fonctions qui
satisfont à la condition aux limites (5.1) alors pour tout α, β ∈ R, on a :

L((α f + β f )(t))(s) = αL( f (t))(s) + βL( g(t))(s)

59
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Lemme 5.1. Soit f ∈ L1loc (R) (espace des fonctions localement intégrables). Si pour <( p) =
σ0 , la fonction e− pt f (t) est intégrable sur R+ , alors elle est intégrable dans tout le demi-plan
complexe tel que σ > σ0 .

Démonstration. p = σ + iω et pour tout σ > σ0


Z +∞ Z +∞ Z +∞
− pt f (t) −σt − pt f (t) −σt
|e |=e | f (t)| ⇒ |e |dt = e | f (t)|dt < e−σ0 t | f (t)|dt
0 0 0

il vient que e− pt f (t) est intégrable sur R+ .

Théorème 5.1 (Existence de la TL). Soit f ∈ L1loc (R). Il existe σ0 ∈ [−∞; +∞] tel que :
1. pour σ < σ0 , X ( p) n’existe pas ;
2. pour σ > σ0 , X ( p) existe ;
3. pour σ = σ0 , on ne peut rien dire.

Démonstration. Découle du lemme 5.1.

Définition 5.2 (Abscisse de sommabilité, domaine d’existence). Le réel σ0 tel que pour
tout σ > σ0 , X ( p) existe est appelé l’abscisse de sommabilité ou abscisse d’intégrabilité ou
encore abscisse de convergence.
Le domaine d’existence de la transformée de Laplace est le demi-plan de C tel que <( p) =
σ > σ0 .

Remarque 5.2. Si σ0 = −∞, la TL existe pour tout p et si σ0 = +∞, la TL n’existe pas.


2
Exemple 5.1. f (t) = e−t .
2 2
| f (t)|e−σ0 t = e−t e−σ0 t . Le problème pourrait se poser pour σ0 < 0, mais comme e−t a une
décroissance plus rapide que e−σ0 t , il vient que pour tout σ0 , la TL existe.
2
Exemple 5.2. f (t) = et .
2 2
| f (t)|e−σ0 t = et e−σ0 t . et a une croissance plus rapide que e−σ0 t quelque soit σ0 donc la TL
n’existe pas.

Exemple 5.3. f (t) = e at avec a ∈ R.


| f (t)|e−σ0 t = e at e−σ0 t . Ceci n’est intégrable que pour σ > a. Donc σ0 = a.
Exercice 5.1. Déterminer les abscisses de convergence de chacun des signaux suivants :
1. f (t) = tn e p0 t , n > 0 et p0 ∈ C. Rep : σ > <( p0 )
2. f (t) = e±iω0 t avec ω0 > 0. Rep : σ > 0

5.1.2 Quelques exemples de transformée de Laplace


Exemple 5.4. f (t) = eαt .
Z +∞  +∞
αt − pt 1 −( p−α)t 1
L( f (t))( p) = e e dt = − e = .
0 p−α 0 p−α

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Exemple 5.5. f (t) = cos ωt.

eiωt + e−iωt
 
L(cos ωt)( p) = L ( p)
2
1h i
= L(eiωt )( p) + L(e−iωt )( p)
2 
1 1 1
= +
2 p − iω p + iω
p
= 2 .
p + ω2

eiωt −e−iωt
On montre de même en utilisant la relation sin ωt = 2i que
ω
L(sin ωt)( p) = .
p2 + ω2
Exemple 5.6. Fonction de Heaviside où échelon unité

1 si t ≥ 0
Γ(t) =
0 si t < 0
Z +∞
−st 1 −st i+∞
h 1
L(Γ(t))(s) = e dt = − e = ; s > 0.
0 s 0 s

5.2 Dérivation, modulation, convolution


5.2.1 Résultats préliminaires
Soit f ∈ L1loc (R+ et D = { p ∈ C|, <( p) > σ f } où σ f est l’abscisse de convergence
de f . Nous montrons d’abord que si f (t) possède une transformée de Laplace, alors
tm f (t) en possède aussi.
1. Premier résultat
RT
a. Pour tout T > 0, 0 | f (t)|dt existe ;
RT
b. pour σ fini, e−σt est borné pour t ∈ [0; T ] donc 0 | f (t)|e−σt dt existe pour
tout σ.
RT
c. pour m > 0, tm e−σt est borné sur [0; T ] donc 0 tm | f (t)|e−σt dt existe pour
tout σ.
2. Deuxième résultat
R +∞
a. 0 | f (t)|e−σt dt existe pour σ > σ f .
Z +∞ Z 1 Z +∞
−σt −σt
b. | f (t)|e dt = | f (t)|e dt + | f (t)|e−σt dt
0
| {z } |0 {z } |1 {z }
existe pour σ>σ f existe pour tout σ existe pour σ >σ f
R +∞ R +∞
c. pour t ∈ [1; +∞[, tm e−σt > e−σt donc 1 tm | f (t)|e−σt dt ≥ 1 | f (t)|e−σt dt.
Ainsi, si g(t) = tm f (t) admet une transformée de Laplace, alors f (t) admet une
transformée de Laplace et on a σg ≤ σ f .
3. Troisième résultat

Faculté de génie industriel 61 Analyse 3, 2018-2019


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a. Pour m donné, il existe T et ε aussi petit que l’on veut tels que pour t ≥ T,
on ait tm ≤ eεt .
Z +∞ Z T Z +∞
−σt −σt
b. | f (t)|e dt = | f (t)|e dt + | f (t)|e−σt dt
| 0
{z } | 0
{z } |T {z }
existe pour σ>σ f existe pour tout σ existe pour σ>σ f
R +∞ Z +∞
c. T tm | f (t)|e−σt dt ≤ | f (t)|eεt e−σt dt
|T {z }
existe pour (σ−ε)>σ f
Z T Z +∞ Z +∞
−σt −σt
d. m
t | f (t)|e dt + m
t | f (t)|e dt ⇒ tm | f (t)|e−σt dt
| 0
{z } |T {z } |0 {z }
existe pour tout σ existe pour tout σ≥σ f existe pour σg >σ f

Ainsi, l’existence d’une transformée de Laplace pour f (t) implique l’existence


d’une transformée de Laplace pour g(t) = tm f (t) avec σg ≥ σ f .
Les résultats 2 et 3 montrent que si L( f (t)) existe avec pour abscisse de convergence
σ f , alors L(tm f (t)) existe avec la même abscisse de convergence.

5.2.2 Dérivation d’une transformée de Laplace


Proposition 5.1. Soit f une fonction telle que L( f (t)) existe. Alors :
d
1. L( f (t))( p) = −L(t f (t))( p).
dp
dm
2. pour tout entier m > 1, m L( f (t))( p) = (−1)m L(tm f (t))( p).
dp
Démonstration. On vérifie la première propriété et la seconde se fait par récurrence.
C’est une conséquence de la dérivation sous le signe intégral.

Théorème 5.2 (De la valeur initiale et de la valeur finale). Soit f un signal possédant une
transformée de Lapalce, alors :

f (0+ ) = lim pL( f (t))( p) et f (+∞) = lim pL( f (t))( p).


p→+∞ p →0

Démonstration. La preuve de ce résultat nécessite des connaissances soutenues et donc


nous admettons le résultat dans ce cours.

Remarque 5.3. La valeur finale ne peut être calculée que si elle existe. Mathématiquement
parlant, on ne peut calculer cette limite que si nous avons le droit de faire p = 0 pour L( f )( p)
ou encore si l’abscisse de convergence de pL( f )( p) contient l’axe réel. Ce qui n’est pas le cas
entre autre pour des fonctions du type eαt (avec α < 0), cos ωt, sin ωt.

5.2.3 Transformée de Laplace des primitives et des dérivées


Cas des primitives
Soit f (t) un signal localement stable sur R+ ( f ∈ L1loc ) On définit une primitive de
f par

Faculté de génie industriel 62 Analyse 3, 2018-2019


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Rt
Pf (t) = 0 f (t)dt, ce qui est bien définie puisque f est localement stable. On a claire-
ment :
Z +∞ Z +∞ Z t Z +∞  Z t 
−σt −σt
| Pf (t)|e dt = f (u)dt e dt ≤ | f (u)|du e−σt dt.
0 0 0 0 0

Mais en permuttant les intégrales, en tenant compte des variables, on a l’égalite


Z +∞  Z t  Z +∞  Z +∞ 
−σt −σt
| f (t)|du e dt = | f (u)| e dt du
0 0 0 u

On remarquera en effet dans le membre de gauche, que lorsque t varie entre 0 et +∞,
u varie entre 0 et t. Ce qui est équivalent en permuttant les intégrales, à faire varier u
entre 0Zet +∞ et t entre u et +∞. On a ensuite :
+∞ 1
— e−σt dt = −σu avec la condition σ > 0
uZ σe
1 +∞
— | f (u)|e−σu du converge pour σ > σ f .
σ 0
En conclusion, la transformée de Laplace de la primitive de f (t) existe sous les condi-
tions σ > 0 et σ > σ f ou autrement dit σ > max{σ f ; 0}. Ce qui nous permet d’énoncer
le théorème suivant :

Théorème 5.3. Soit f un signal admettant Pf comme primitive. Alors, on a

1
L( Pf )(d) = L( f )( p).
p

Démonstration.
Z +∞  Z t  +∞
Z +∞
 Z +∞
1
Z
− pt − pt
f (u)du e dt = f (u) e dt du = f (u)e− pu du
0 0 0 u p 0
1
= L( f )( p).
p

Nous avons déterminer la transformée de Laplace de la primitive de f qui R s’anule


en 0. Et si la primitive était quelconque ? Plus précisément, si on écrit N(t) = f (u)du,
quelle relation y a t-il entre L(N) et L( f ). Le théorème suivant répond à cette question.

Théorème 5.4. Soit f un signal continue et N une primitive quelconque de f

1 1
L(N)( p) = L( f )( p) + L( f )(0).
p p
Z Z t
Démonstration. N(t) = f (u)du ⇔ f (u)du = N(t) − N(0). En remarquant que
0
1
L(N(0))( p) = N(0), le résultat découle du théorème 5.3.
p
Ce résultat cache le fait que la transformée de Laplace permet de prendre en compte
des conditions initiales (dans ce cas sur les primitives).

Faculté de génie industriel 63 Analyse 3, 2018-2019


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Exemple 5.7. Soit à trouver l’expression temporelle de la fonction suivante en utilisant la


propriété de la transformée de la primitive
 
−1 −1 1
y(t) = L [Y ( p)] = L
p ( p2 + ω 2
h i
On sait déjà que L−1 ( p2 + 1
2 = ω1 sin ωt.
hω i R
t 1
On cherche donc L − 1 1 1 1
p . ( p2 +ω 2 = 0 ω sin ωtdt = ω 2 (1 − cos ωt ).

Cas des dérivées


Soit f (t) un signal localement stable sur R+ , de classe C(m) pour tout t > 0 et telle
que toutes ses dérivées jusqu’à l’ordre m sont localement stables sur R+ . On suppose
que f et ses dérivée sont à croissante bornée ou de façon précise, qu’il existe un réel a
et m + 1 réels poisitifs A0 , A1 ,. . .,Am tels que
| f (t)| < A0 e at , . . . , | f (m) (t)| < Am e at pour tout t > t0 .
Ces hypothèses assurent l’existence de la transformée de Laplace pour f et toutes ses
dérivée successives avec σ > a.
Théorème 5.5. Soit f un signal tel que dans l’introduction ci-dessus. Alors :
 
df
1. L ( p) = pL( f )( p) − f (0).
dt
 n 
d f
2. L n
( p) = pn L( f )( p) − [ pn−1 f (0) + pn−2 f 0 (0) + pn−3 f 00 (0) + · · · + f (n−1) (0)].
dt
Démonstration. Nous prouvons le résultat 1. Le 2 s’obtient en itérant le premier résultat.
Z +∞ Z T  Z T 
0 − pt 0 − pt − pt T − pt
 
f (t)e dt = lim f (t)e dt = lim f (t)e 0
+p f (t)e dt
0 T →+∞ 0 T →+∞ 0

En tenant compte du fait que f est à croissance bornée, on a f (t)e− pT ≤ A0 e(a− p)T et
T
puisque <( p) > a, il vient que lim f (t)e− pt 0 = 0 et la première partie du théorème

T →+∞
est établie.
Exemple 5.8. Soit à déterminer la transformée de Laplace de f (t) = t2 en utilisant le théorème
5.5. On a
L( f 00 (t))( p) = p2 L( f (t))( p) − p f (0) − f 0 (0).
On en déduit
2
L(2)( p) = 2L(1)( p) = = p2 L(t2 )( p) − p × 0 − 0
p
et par suite
2
L(t2 )( p) = .
p3
Exemple 5.9. L’on se propose de calculer la transformée de Laplace de f (t) = cos ωt. Par
application de la formule de la transformée de la dérivée seconde, on a f (0) = 1, f 0 (0) = 0,
f 00 (0) = −ω 2 cos ωt et
−ω 2 L(cos ωt)( p) = p2 L(cos ωt)( p) − p.1 − 0
et on en déduit
p
L(cos ωt)( p) = .
p2 + ω 2

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Exemple 5.10. Trouvons la transformée de Laplace de f (t) = sin2 t par la méthode des dérivées
successives.
Nous pouvons ici nous limiter à la dérivée première car nous connaissons la transformée de
cette dérivée. On a f (0) = 0, f 0 (t) = 2 cos t sin t = sin 2t, et en utilisant la formule,

L( f 0 (t))( p) = pL( f (t))( p) − f (0)

On a
L(sin 2t)( p) = pL(sin2 t)( p) − 0
, mais on a
2
L(sin 2t)( p) = ,
p2 + 22
on en déduit que
2
L(sin2 t)( p) = .
p ( p2 + 4)
Exemple 5.11. Trouver la transformée de Laplace de f (t) = t sin ωt par le procédé de la
transformée des dérivées successives.
On a :

f (t) = t sin ωt ⇒ f (0) = 0


f 0 (t) = sin ωt + ωt cos ωt ⇒ f 0 (0) = 0
f 00 (t) = −ω 2 t sin ωt + 2ω cos ωt

En utilisant la formule

L( f 00 (t))( p) = p2 L( f (t))( p) − p f (0) − f 0 (0),

on arrive à
L[−ω 2 t sin ωt]( p) = p2 L[t sin ωt]( p) − p.0 − 0,
or :
2ωp
L[−ω 2 t sin ωt]( p) = −ω 2 L[t sin ωt]( p) + 2ωL[cos ωt]( p) = −ω 2 L[cos ωt]( p) +
p2 + ω 2

on en déduit que
2ωp
L[t sin ωt]( p) = .
( p2 + ω 2 )2

5.2.4 La transformée de Laplace d’un produit de convolution


On rappelle que le produit de convolution de deux fonctions f et g est défini par
Z +∞
f ? g(t) = f (u) g(t − u)du
0

Théorème 5.6. Soit f , g ∈ L1loc (R+ ), σ f et σg leurs abscisses de convergence respectives. On


pose a = max{σ f , σg }. f ? g existe et

L( f ? g)( p) = L( f )( p) × L( g)( p); <( p) > a.

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Démonstration. Soit f et g comme dans le théorème. Alors :


Z +∞ Z +∞  Z +∞ 
− pt
( f ? g)(t)e dt = f (u) g(t − u)du e− pt dt
0 0 0
Z +∞  Z +∞ 
− pt
= f (u) g(t − u)e dt du
0 u
Z +∞  Z +∞ 
− pv
= f (u) g(v)e dv e− pu du
0 0
 Z +∞   Z +∞ 
− pu − pv
= f (u)e du g(v)e dv
0 0

5.2.5 Transformée de Laplace d’une fonction périodique


Théorème 5.7. Soit f : [0, +∞[→ C une fonction périodique de période T satisfaisant à (5.1),
alors : Z T
1
L( f (t))(s) = e−st f (t)dt, s > 0.
1 − e−st 0
Démonstration. On commence par écrire la dédinition dans le cas d’une fonction quel-
conque satisfaisant à (5.1)
Z ∞
L( f (t))(s) = e−st f (t)dt = lim Sn
0 n→+∞

où Z T Z 2T Z ( n +1) T
−st −st
Sn = e f (t)dt + e f (t)dt + ... + e−st f (t)dt.
0 T nT
Posons ensuite le changement de variable u = t − kT, alors t = u + kT et on a :
Z ( k +1) T Z T Z T Z T
−st −s(u+kT ) −skT −su −skT
e f (t)dt = e f (u + kT )du = e e f (u + kT )du = e e−su f (u)du.
kT 0 0 0

Ainsi on a :
1 − e − s ( n +1) T
Z T Z T
Sn = (1 + e−st + e−2st + ... + e−nst ) e−st f (t)dt = e−st f (t)dt.
0 1 − e−sT 0

le résultat découle en faisant tendre n vers +∞.


Exemple 5.12. f (t) = sin t. f est périodique de période 2π.
Z 2π
1
L( f (t))(s) = e−st sin tdt, s > 0.
1 − e−st 0
R 2π
On pose I = 0 e−st sin tdt. Une intégration par parties conduit à
h i2π Z 2π
−st
I = −e cos t − se−st sin tdt
0 0

Une simplification, puis une seconde intégration par parties permet d’obetnir
h i2π Z 2π
−2sπ −st
I = (1 − e )−s −e cos t −s 2
e−st sin tdt,
0 0

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ce qui conduit à la relation


(1 + s2 ) I = 1 − e−2sπ .
On en déduit que
1 1 − e−st 1
L( f (t))(s) = = .
1 − e−st 1 + s2 1 + s2

5.3 Calcul symbolique : résolution de l’équation de convo-


lution
5.3.1 Transformée de Laplace inverse.
Le problème d’inversion de la transformée de Laplace est primordial en traitement
du signal. Il s’agit moins de mathématiques pures que de techniques mathématiques
introduisant des notions essentielles pour les sciences de l’ingénieur.
Ce problème est ainsi limité à une classe de problèmes qui sont rencontrés dans
l’étude des systèmes linéaires invariants dans le temps. Ces systèmes sont caractérisés
par l’étude des transformées de Laplace qui se mette sous la forme de fraction ration-
nelles de polynômes en p soit :
nb
∑ b p xk
N ( p) k =0
L( f )( p) = = na .
D ( p)
∑ a p xi
i =0

Méthode de décomposition en élément simples


L’élément de base de la méthode est la relation :
1
L(eαt )( p) = .
p−α
On commence par écrire
nb−1
∏ ( p − pk )
N ( p) k =0
L( f )( p) = = K na−1 .
D ( p)
∏ ( p − pi )
i =0

Si par exemple, le degré de N ( p) est inférieur à celui de D ( p), alors nous pouvons
écrire
Ci
L( f )( p) = ∑ p− pi où les Ci sont des constantes convenablement choisies. Dans ce cas,
i
l’inversion sera telle que f (t) = ∑ Ci e pi t . Chaque terme de la somme est un mode de
i
L( f )( p).
Exemple 5.13. Si L( f )( p) = ( p−a)(1 p−b) , la décomposition en élément simples donne
h i
L( f )( p) = a−1 b p−
1
a − 1 1 at bt
p−b et ainsi f ( t ) = a−b ( e − e ), (t ≥ 0).

Il existe toute une thérie liée à cette méthode. Le lecteur curieux pourra contacter
l’auteur pour amples imformations.

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Méthode des résidus


Les deux théorèmes utilisés ci-dessous sont établis dans l’étude des fonctions de
variables complexes et de leur intégration dans le plan complexe. Leur démonstration
n’est pas immédiates et nous nous contenterons d’en exposer les résultats.

Théorème 5.8. Il est possible de retrouver la fonction f (t) connaissant sa transformée de


Laplace L( f )( p) par la formule :

1
I
f (t) = L( f )( p)e pt dp
2πi C

où C est un contour fermé orienté dans le sens direct.

Théorème 5.9 (Théorème des résidus). Si nous choisissons comme contour fermé C un
contour qui entoure tous les pôles pi de L( f )( p), nous pouvons alors écrire

x (t) = ∑ Res(L( f ), pi ).
pi

Proposition 5.2. Pour un pôle de multiplicité m, le résidu se calcule par :

1
Res(L( f )e pt , pi ) = lim ( p − pi )m L( f )( p)e pt .
 
( m − 1) ! p → pi
pt
Exemple 5.14. L( f )( p) = p−a)(1p−b) avec a et b réels. L( f )( p)e pt = ( p−ae)( p−b) . Les pôles
sont p1 = a et p2 = b. Il y a donc deux résidus à calculer.
at bt
Res(L( f )( p)e pt , a) = (ae−b) et Res(L( f )( p)e pt , b) = (be−a) . Ainsi, pour t ≥ 0, x (t) =
e at −ebt
( a−b)
.

Exemple 5.15. L( f )( p) = 1
( p − a )2
avec a réel. On a un pôle d’ordre 2 qui est p = a.
Res(L( f )( p)e pt , a) = lim (e pt )0 = te at .
p→ a

5.3.2 Application à la résolution des équations différentielles


Soit à résoudre l’équation différentielle linéaire du second ordre, à coefficients constants,
avec conditions initiales  00
 ay + by0 + cy = g(t)
y ( 0 ) = K0
y 0 ( 0 ) = K1

g(t) est l’entrée forcée et y(t) est la sortie que l’on veut observer.
Première étape Appliquer la transformée de Laplace aux deux membres de l’équation :

L[ ay00 + by0 + cy]( p) = L( g(t))( p)


aL(y00 )( p) + bL(y0 )( p) + cL(y)( p) = L( g(t))( p)
 
a p2 L(y)( p) − py(0) − y0 (0) + b ( pL(y)( p) − y(0)) + cL(y)( p) = L( g(t))( p)
( ap2 + bp + c)L(y)( p) − ay0 (0) − ( ap + b)y(0) = L( g(t))( p)

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Deuxième étape Déduire que


1
L(y)( p) = L( g(t))( p) + ay0 (0) + ( ap + b)y(0)
 
ap2
+ bp + c
L( g(t))( p)
   0 
ay (0) + ( ap + b)y(0)
= +
ap2 + bp + c ap2 + bp + c
| {z } | {z }
solution particulière solution homogène

Troisième étape Une fois L(y) obtenu, il s’agit de déterminer y(t) par la formule du
théorème 5.8
Remarque 5.4. Une formule analogue peut être établie pour des équations différentielles linéaires
d’ordre supérieur à 2.
2p+1
Exemple 5.16. 1. Décomposer en éléments simples la fraction : ( p−2)( p2 +1)
.
2. Résoudre l’équation différentielle
5 5
y00 ( x ) − y0 ( x ) + y( x ) = − sin x, avec y(0) = 0, y0 (0) = 2
2 2
Solution :
2p+1 1 p
1. On vérifie sans peine que ( p−2)( p2 +1)
= p −2 − p2 +1
.
2. La transformée de Laplace de l’équation différentielle est :
5 5 1
p2 Y − 2 − pY + Y = − 2 ;
2 2p +1
d’où
2p + 1
Y= ,
( p − 2)( p2 + 1)
et l’on déduit du 1. que y( x ) = e2x − cos x, qui vérifie bien les conditions initiales.
Exemple 5.17. Résoudre le système
y00 + (z0 − y0 ) = − 34 y


z00 − (z0 − y0 ) = − 34 z
Solution : La transformée de Laplace du système est :
p Y − 1 + p( Z − Y ) = − 34 Y
 2

p2 Z + 1 − p( Z − Y ) = − 34 Z
Ce qui permet d’avoir
p2 (Y + Z ) = − 34 (Y + Z )


p2 (Y − Z ) − 2 + 2p( Z − Y ) = − 34 (Y − Z )
si bien que 
Y+Z =0
2p2 Y − 2 + 2pY = − 34 Y
on en déduit que
1 1
Y=− + = − Z.
s − 1/2 s − 3/2
Ainsi,
y( x ) = −e x/2 + e3x/2 = −z( x ),
qui vérifie bien les conditions initiales.

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Chapitre 6

Transformée en Z

6.1 Rappels sur les séries numériques


Définition 6.1. Une suite numérique ( an )n est une appplication n 7→ an de N dans R(ou
dans C).
Définition 6.2. Soit ( an ) une suite numérique et l un complexe. On dit que la suite (un )
converge vers l si :

∀ε > 0, ∃ N ∈ N, ∀n ∈ N, n > N ⇒ |un − l | < ε.


Notation 6.1. Lorsque la suite ( an ) converge vers l, on note lim an = l.
n→∞

Remarque 6.1. Quand une suite ne converge pas, on dit qu’elle diverge.
Soit ( an ) une suite numérique. On pose
n +∞
Sn = ∑ ak = a0 + a1 + ... + an et Rn = ∑ an .
k =0 k = n +1

Définition 6.3. On appelle série numérique de terme général la suite ( an ) et on note { an } ou



∑ an la suite (Sn )n . Sn est appelée la somme partielle d’ordre n et Rn est le reste d’ordre n.
n =0

Définition 6.4. On dit que la série { an } converge s’il existe S ∈ C tel que lim Sn = S. On
n→∞

pose alors S = ∑ an .
n =0

Définition 6.5. Soient ( E, k.k) un espace vectoriel normé complet et (un ) une suite de E. La
série {un } est dite normalement convergente si la série {kun k} est convergente.
Définition 6.6. {un } est une série à termes positifs si pour tout n ∈ N, un ∈ R+ .
Proposition 6.1. Soient (un ) et (vn ) deux suites réelles à termes positifs telles qu’il existe
n0 ∈ N tel que pour tout n ∈ N, n ≥ n0 ⇒ un ≤ vn , si {vn } converge alors {un } converge.
Proposition 6.2. Soient (un ) et (vn ) deux suites à termes positifs telles qu’il existe n0 ∈ N
v u
vérifiant pour tout n ∈ N n ≥ n0 ⇒ vn+n 1 ≤ un+n 1 alors si {un } converge {vn } converge.

Proposition 6.3. Soient (un ) et (vn ) deux suites à termes strictement positifs vérifiant, il
existe l ≥ 0 telle que lim uvnn = l alors :
n→+∞

70
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1. Si l 6= 0, {un } converge si et seulement si {vn } converge.


2. Si l = 0 et si {vn } converge, alors {un } converge.

Proposition 6.4. Soit (λn ) une suite géométrique de raison λ 6= 0. La série {λn } converge si
et seulement si |λ| < 1.

Corollaire 6.1. Critère de Cauchy.


Soit (un ) une suite à termes positifs.
h √ i
1. Si ∃λ ∈]0, 1[, ∃ N0 ∈ N/∀n ∈ N n > N0 ⇒ n un ≤ λ alors la série {un } converge.
h √ i
2. Si ∃λ ≥ 1, ∃ N0 ∈ N/∀n ∈ N n > N0 ⇒ n un ≥ λ alors la série {un } diverge.

Corollaire 6.2. Critère de Cauchy.



Soit (un ) une suite à termes positifs telle qu’il existe l ∈ R+ , lim n un = l alors :
n→+∞
1. Si l > 1, alors {un } diverge.
2. Si l < 1, alors {un } converge.

Proposition 6.5. Soit (un ) une suite à termes positifs.


h i
u
1. Si ∃λ ∈]0, 1[, ∃ N0 ∈ N/∀n ∈ N n > N0 ⇒ un+n 1 ≤ λ alors la série {un } converge.
h i
u
2. Si ∃λ ≥ 1, ∃ N0 ∈ N/∀n ∈ N n > N0 ⇒ un+n 1 ≥ λ alors la série {un } diverge.

Corollaire 6.3. Critère de D’Alembert.


Si (un ) est une suite à termes strictement positifs telle qu’il existe l ∈ R+ vérifiant
u
lim un+n 1 = l alors :
n→+∞
1. Si l > 1, alors {un } diverge.
2. Si l < 1, alors {un } converge.

Beaucoup d’autres critères de convergences existent, nous avons juste énuméré ceux
qui nous seront utiles dans ce cours. Le lecteur curieux pourra consulter l’auteur pour
plus d’information.

6.2 Transformée en Z, Définition


Les techniques de transformation jouent un rôle primordial dans l’étude des systèmes
linéaires invariants. C’est le cas des transformées de Fourier ou Laplace pour les systèmes
en temps continu. Ces transformations connaissent une particularisation aux systèmes
en temps discret. La transformée en z est aux systèmes en temps discret ce que la trans-
formée de Laplace est aux systèmes en temps continu. La propriété la plus remarquable
est toujours la mise en correspondance de la convolution dans le domaine direct avec
un produit dans le domaine transformé. La transformée en z présente en outre l’avan-
tage d’être plus facilement inversible que la transformée de Fourier. Les raisons d’in-
troduire la transformée en z sont donc les mêmes que celles qui ont motivé l’utilisation
de la transformée de Laplace : une facilité plus grande d’utilisation et d’inversion que
celles offertes par la transformée de Fourier. Nous définissons ici la transformée en z et
donnons des conditions de sa convergences. Quelques exemples de transformées sont
données pour permettre de mieux fixer les idées.

Faculté de génie industriel 71 Analyse 3, 2018-2019


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6.2.1 Définitions
Définition 6.7. La transformée en z d’une séquence x (n) est définie comme la série X (z)
calculée par la relation
+∞
X (z) = ∑ x (n )z−n (6.1)
n=−∞

où z est une variable complèxe. On appelle encore l’équation (6.1) la transformée directe, car
c’est la relation qui permet d’obtenir X (z) à partir de x (n).

Remarque 6.2. La transformée (6.1) est qualifiée de bilatérale par opposition à la transformée
unilatérale. La transformée en z unilatérale est définie par
+∞
Xu ( z ) = ∑ x (n )z−n . (6.2)
n =0

Définition 6.8. On dit qu’une séquence ( x (n))n∈Z est causale si pour tout n ∈ Z− , x (n) =
0.

Remarque 6.3. Si la séquence ( x (n))n∈Z est causale, alors les transformées bilatérales et
unilatérales sont les mêmes.

6.2.2 Convergences de la transformée en z


Comme la transformée en z est une série infinie, elle n’existe que pour les valeurs
de z pour lesquelles cette série converge. La région de convergence notée ( RC ) est
l’ensemble des valeurs de z pour lesquelles la série prend une valeur finie. Dès lors,
toute transformée en z doit être accompagnée de la région pour laquelle elle converge.
On écrit :
−1 +∞
X (z) = ∑ x (n)z −n
+ ∑ x ( n ) z − n = X1 ( z ) + X2 ( z )
n=−∞ n =0

avec
−1 +∞
X1 ( z ) = ∑ x (n)z−n et X2 (z) = ∑ x (n )z−n .
n=−∞ n =0

Définition 6.9. X1 (z) est appelée la partie causale de X (z) et X2 (z) est appelée la partie
anticausale.

L’application du critère de Cauchy à la série X2 (z) mène à

lim | x (n)z−n |1/n = lim | x (n)|1/n |z−1 | < 1.


n→+∞ n→+∞

On pose alors
R− = lim | x (n)|1/n (6.3)
n→+∞

La série X2 (z) converge pour |z| > R− .


Pour ce qui est de la série X1 (z), après un changement de variable, on a
−1 +∞
X1 ( z ) = ∑ x (n )z−n = ∑ x(−n)zn
n=−∞ n =1

Faculté de génie industriel 72 Analyse 3, 2018-2019


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On a la convergence de X1 (z) si

lim | x (−n)z−n |1/n = lim | x (−n)|1/n |z| < 1.


n→+∞ n→+∞

Si on pose alors
1
R+ = (6.4)
lim | x (−n)|1/n
n→+∞

La série X1 (z) converge pour |z| < R+ .


En toute généralité, une série converge dans un anneau du plan complexe des z
donné par
R− < |z| < R+ (6.5)
et si R+ < R− , il apparaı̂t clairement que la série ne converge pas.

6.2.3 Exemples de transformée en z


Exemple 6.1. x (n) = 1. La transformée bilatérale ne peut être calculée car R− = R+ = 1.
Par contre, on a la transformée monolatérale suivante
+∞
1
Xu ( z ) = ∑ z − n = 1 − z −1 , R− = 1.
n =0

Exemple 6.2. x (n) = an . La transformée monolatérale est donnée par


+∞
1
Xu ( z ) = ∑ an z−n = 1 − az−1 , | z | > | a |.
n =0

Exemple 6.3. x (n) = n2n . La transformée monolatérale est donnée par


+∞
2z
Xu ( z ) = ∑ n2n z−n = (z − 2)2 , |z| > 2.
n =0

6.2.4 Inversion d’une transformée (détermination d’un original)


On aura besoin du théorème suivant.

Théorème 6.1 (Cauchy). Soit Γ un contour fermé, entourant l’origine du plan et parcouru
dans le sens trigonométrique, alors

1 1, pour l = 0
I
l −1
z dz = (6.6)
2πi Γ 0, autrement

Démonstration. Confère cours sur les fonctions de la variable complexe.

Théorème 6.2. Si X (z) est la transformée en z d’une séquence ( x (n))n , alors on calcule x (n)
par la formule :
1
I
x (n) = X (z)zn−1 dz (6.7)
2πi Γ
où Γ est comme dans le théorème 6.1.

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Démonstration. Par définition, on a


+∞
X (z) = ∑ x (n )z−n ,
n=−∞

en mutlipliant les deux membres de cette égalité par x l −1 , et en intégrant le long d’un
contour fermé autour de l’origine et appartenant au domaine de convergence, on ob-
tient :
I I +∞

Γ
X (z) x l −1
dz = ∑
Γ n=−∞
x (n)z−n+l −1 dz

+∞ I
= ∑ x (n)z−n+l −1 dz (6.8)
n=−∞ Γ

où l’interversion de l’intégrale et de la somme infinie est licite compte tenu du fait que
l’on opère dans la zone de convergence de la transformée. En utilisant la théorème de
Cauchy (6.6), on a finalement :

1
I
x (n) = X (z)zn−1 dz
2πi Γ

L’évaluation de l’intégrale se fait à l’aide du théorème des résidus.


1
Exemple 6.4. X (z) = 1 − z −1
avec |z| > 1. On a

1 z n −1
I
x (n) = dz
2πi Γ 1 − z −1
1 zn
I
= dz
2πi Γ z−1
où le contour Γ peut être pris comme un cercle de rayon plus grand que l’unité. Dans ce cas,
n
z0 = 1 est un pôle d’ordre 1 et Res( zz−1 , 1) = 1 pour n ≥ 0 et donc x (n) = 1 pour n ≥ 0. En
ce qui concerne les n < 0, z0 = 0 est un pôle d’ordre −n et z = 1 reste un pôle d’ordre 1. On a
n n
Res( zz−1 , 1) = 1 et Res( zz−1 , 0) = −1, d’où x (n) = 0 pour n < 0.

6.2.5 Propriétés de la transformée en z


Linéarité
La linéarité de la transformation signifie que la transformée d’une séquence obte-
nue par combinaison linéaire d’autres séquences n’est rien d’autre que la combinaison
linéaire des transformées correspondantes. De façon précise, si

x (n) = ax1 (n) + bx2 (n)

alors
X (z) = aX1 (z) + bX2 (z).
La région de convergence est au moins l’intersection des régions associées à X1 (z) et
X2 ( z ) .

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6.2.6 Décalage et transformée bilatérale


Proposition 6.6. Soit x (n) une séquence, n0 un entier relatif et
y ( n ) = x ( n − n0 ).
La transformée de y(n) est donnée par
Y ( z ) = z − n0 X ( z ).
Démonstration.
+∞
Y (z) = ∑ y (n )z−n
n=−∞
+∞
= ∑ x ( n − n0 ) z − n
n=−∞
+∞
= ∑ x (m)z−(m+n0 )
n=−∞
− n0
= z X ( z ).

Cette propriété de décalage permet de traiter les équations aux différences.


Exemple 6.5. Considérons l’équation aux différences
y(n) = x (n) − b1 y(n − 1) − b2 y(n − 2) (6.9)
On trouve par transformation en z
Y (z) = X (z) − b1 z−1 Y (z) − b2 z−2 Y (z)
ce qui donne
X (z)
Y (z) = .
1 + b1 z−1 + b2 z−2
Avec la transformée inverse, on ontient y(n).

Décalage et transformée unilatérale


Dans le cas unilatéral, il faut être plus prudent. En effet, si on pose y(n) = x (n − 1),
alors il est clair que
Yu (z) = x (−1) + z−1 Xu (z).
Ce décalage permet de faire apparaı̂tre des éléménts qui ne sont pas pris en considération
par la transformation de départ. Elle permet de tenir compte des conditions initiales
non nulles.
Exemple 6.6. Soit
y(n) = x (n) + ay(n − 1), y(−1) = K
on a par transformée unilatérale
Yu (z) = Xu (z) + ay(−1) + az−1 Y (z),
d’où on tire
Xu (z) + ay(−1) aK Xu ( z )
Yu (z) = −
= −
+ .
1 + az 1 1 + az 1 1 + az−1

Faculté de génie industriel 75 Analyse 3, 2018-2019


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Changement d’échelle
Si on effectue un changement de variable complexe ω = az, où a peut être com-
plexe, le domaine de convergence est modifié comme suit

R− < |z| < R+ ⇒ | a| R− < |ω | < | a| R+ .

De plus, si la transformée en z possède un pôle en z = p, la transformée à l’aide de


ω possède un pôle en ω = az = ap. On voit donc qu’un tel changement de variable
permet de modifier la position des pôles, tant en amplitude qu’en phase puisque la
multiplication se fait par un complexe.
1. Si a est un réel positif, on rapproche le pôle de l’origine si a < 1 et on l’éloigne si
a > 1.
2. Si a est complexe du type eiθ , le pôle subit une rotation de θ radians autour de
l’origine.

Proposition 6.7. Soit x (n) une séquence et X (z) sa transformée en z. Soit a un nombre com-
plexe. La transformée de la séquence x (n) an est X (z/a).

Démonstration. Comme X (z) est la transformée en z de la séquence ( x (n)), alors pour


tout n on sait que

1
I
x (n) = X (z)zn−1 dz
2πi Γ
1
I
= X (ω/a)(ω/a)n−1 d(ω/a)
2πi Γ
1 1
I
= n X (ω/a)ω n−1 dω
a 2πi Γ
On en déduit que
1
I
x (n) a = n
X (ω/a)ω n−1 dω,
2πi Γ
ce qui achève la preuve de la proposition.

Dérivation
Proposition 6.8. Soit x (n) une séquence et X (z) sa transformée en z. Alors la transformée en
dX (z)
z de nx (n) est −z dz .

Démonstration. Il suffit d’écrire la définition de X (z), de la dériver (en tenant compte


du fait qu’on est dans ( RC ), multiplier ensuite le résultat obtenu par −z pour avoir la
proposition.

Convolution
Cette propriété est une des plus importantes et justifie à elle seule l’usage qui est
fait de la transformée en z pour étudier les systèmes linéaires permanents en temps
discrets. Si y(n) est obtenu par convolution de x (n) et g(n), on a
+∞
y(n) = ∑ x (m) g(n − m) (6.10)
m=−∞

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Proposition 6.9. Soit y(n) une séquence obtenue par convolution des séquences x (n) et g(n).
Soit Y (z), X (z) et G (z) les transformées respectives des séquences y(n), x (n) et g(n), alors
on a
Y ( z ) = X ( z ) G ( z ). (6.11)

Démonstration.
+∞
Y (z) = ∑ y (n )z−n
n=−∞
+∞ +∞
= ∑ ∑ x (m ) g (n − m )z−n
n=−∞ m=−∞
+∞ +∞
" #" #
= ∑ x (m )z−m ∑ g(n − m)z−(n−m)
m=−∞ n=−∞
= X ( z ) G ( z ).

Cette opération est valable pour les valeurs de z appartenant à l’intersection des
domaines de convergence des deux transformées.

Produit de séquences
Proposition 6.10. Soit le signal y(n) obtenu par produit de deux autres signaux x (n) et g(n)
et Y (z), X (z) et G (z) leur transformées respectives. Alors,

1
I
Y (z) = G (z/ω ) X (ω )ω −1 dω, pour R−,x R−,g < |z| < R+,g R+,g (6.12)
2πi Γ

Démonstration. On commence par écrire


+∞ +∞
Y (z) = ∑ y (n )z−n = ∑ x (n ) g (n )z−n
n=−∞ n=−∞

On remplace ensuite x (n) par la valeur donnée dans le théorème 6.2, pour obtenir
+∞
1
I
Y (z) = ∑ X (ω )ω n−1 dωg(n)z−n
n=−∞ 2πi Γ
+∞
" #
1
I
= ∑
2πi Γ n=−∞
g(n)(z/ω ) −n
X (ω )ω −1 dω

1
I
= G (z/ω ) X (ω )ω −1 dω (6.13)
2πi Γ

où évidemment le contour Γ est choisi dans l’intersection des domaines de conver-
gence.
Maintenant, X (ω ) existe pour R−,x < |ω | < R+,x et G (z/ω ) existe pour R−,g <
|z/ω | < R+,ω d’où Y (z) existe pour R−,x R−,g < |z| < R+,g R+,g .

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6.3 Application
La pricipale application de la transformée en z que nous donnons dans ce cours est
la résolution des équations aux différences.
Lorsqu’un système est régi par une équation aux différences du type
L M
∑ al y(n − l ) = ∑ bm x ( n − m ) (6.14)
l =0 m =0

où x (n) et y(n) sont les séquences d’entrée (excitation) et de sortie (réponse), on peut
obtenir la réponse de régime en passant par la transformée en z bilatérale. En utilisant
les propriétés de linéarité et de décalage, on trouve finalement
L M
Y (z ) ∑ al z−l = X (z ) ∑ bm z − m . (6.15)
l =0 m =0

Définition 6.10. On appelle fonction de transfert d’un système ayant pour séquences d’entrée
et de sortie respectives x (n) et y(n) et régi par l’équation aux différences (6.14) la quantité
G (z) définie par
M
∑ bm z − m
m =0
G (z) = . (6.16)
L
∑ al z−l
l =0

Remarque 6.4. La fonction de transfert G (z) définie par (6.16) peut se mettre sous la forme
M
∏ (1 − z m z −1 )
G (z) = G0 m=1 (6.17)
N
∏ (1 − p n z −1 )
n =1

avec G0 = lim G (z).


|z|→+∞

L’équation (6.15) permet d’obtenir que

Y ( z ) = G ( z ) X ( z ). (6.18)

Il suffit alors pour déterminer la réponse y(n) d’inverser G (z) (donc d’obtenir g(n) et
d’avoir
y ( n ) = x ( n ) ? g ( n ). (6.19)
A ce stade, la région de convergence de la transformée n’est pas précise. On peut
donc obtenir plusieurs réponses impulsionnelles suivant le domaine de convergence
que l’on considère. Si on sait que le système auquel pn s’intéresse est stable (c’est-à-dire
+∞
si sa réponse impulsionnelle g(n) est de gamme dynamique bornée i-e si ∑ | g(n)| <
n=−∞
+∞) et ou causal, on dispose de renseignements sur la zone de convergence.
Exemple 6.7. Considérons l’équation aux différences du premier ordre

y(n) = ay(n − 1) + x (n) (6.20)

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On a donc
1 z
G (z) =− 1
= (6.21)
1 − az z−a
Cette fonction de transfert possède un zéro en z = 0 et un pôle en z = a. Si on veut calculer la
réponse impulsionnelle g(n) en inversant G (z), il faut spécifier le domaine de convergence.
1. Si on cherche un système stable, le cercle de rayon 1 doit appartenir au domaine de conver-
gence et donc | a| 6= 1.
2. Si on cherche un système causal, le domaine de convergence est l’extérieur d’un cercle, et
donc |z| > | a|. Dès lors g(n) = an u(n) avec u(n) = 1 si n ≥ 0 et u(n) = 0 si n < 0.
3. Si on cherche un système anti-causal, la région de convergence doit être l’intérieur d’un
cercle et donc |z| < | a|. On peut trouver la réponse impulsionnelle par utilisation de la
formule d’inversion donnée en (6.7)

1 zn
I
g(n) = dz.
2πi Γ z−a
Pour n ≥ 0, z = a est un pôle qui n’est pas entoureé par le contour appartenant au
domaine de convergence. On a un zéro d’ordre n en z = 0. Et donc g(n) = 0 pour
n ≥ 0. Pour n < 0, on a un pôle d’ordre −n en z = 0.On peut éviter d’utiliser la
formule complexe de calcul du résidu en posant le changement de variable ω = 1/z. Le
domaine de convergence devient |ω | > |1/a| et le calcul cette fois est

1 ω −n 1 ω −(n+1)
I I
g(n) = 2
dω = dω.
2πi Γ ω (1/ω − a) 2πi Γ (1 − aω )
On a cette fois, pour n < 0 uniquement un pôle en ω = 1/a. Le calcul du résidu fait
apparaı̂tre g(n) = − an pour n < 0 et donc la réponse est g(n) = − an u(−n − 1).

6.4 Exercices
Exercice 6.1. Calculer la transformée en z de la fonction causale définie par

n 0 1 2 3 4 5...∞
x (n) 1 4 6 4 4 0...0

Exercice 6.2. Dans chacun des cas suivants déterminer la transformée en Z du signal
causal donné x.
1. x est le signal causal n 7→ x (n) défini pour tout n ∈ N par x (n) = n2 + 3n + 2.
2. x est le signal causal n 7→ x (n) défini pour tout n ∈ N par x (n) = n2n
3. x est le signal causal n 7→ x (n) défini pour tout n ∈ N par x (n) = n − 3.
4. x est le signal causal n 7→ x (n) défini pour tout n ∈ N par x (n) = (n + 2)2 .
5. x est le signal causal n 7→ x (n) défini pour tout n ∈ N par x (n) = (2n + 1)3n .
6. x est le signal causal n 7→ x (n) défini pour tout n ∈ N par x (n) = n2 3n .

Exercice 6.3. Soit x un signal discret causal dont la transformée en Z est définie par

2z
( Zx )(z) = , où |z| > 3.
(z − 1)(z − 3)

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1. Déterminer deux constantes a et b telles que, pour tout z vérifiant |z| > 3 :
1 a b
= + .
(z − 1)(z − 3) z−1 z−3
2. En déduire le signal x.
Exercice 6.4. Dans chacun des cas suivants, déterminer un signal causal discret x : n 7→
x (n) dont la transformée en Z notée ( Zx )(z) est donnée par :
1. ( Zx )(z) = z4z
−1 pour tout z tel que | z | > 1.
3z
2. ( Zx )(z) = ( z −1)2
pour tout z tel que |z| > 1.
2z
3. ( Zx )(z) = z+1 pour tout z tel que | z | > 1.
z 1
4. ( Zx )(z) = 2z+1 pour tout z tel que | z | > 2 .
z
5. ( Zx )(z) = (2z−1)2
pour tout z tel que |z| > 2.
Exercice 6.5. On considère la suite (Vn )n∈N définie par
Vn+2 = Vn+1 + Vn , avec V0 = 1 et V1 = 1.
Donner l’expression de Vn en fonction de n en utilisant la transformation en Z.
Exercice 6.6. On considère la suite (Vn )n∈N définie par
Vn+2 = Vn+1 − Vn , avec V0 = 1 et V1 = 2.
Donner l’expression de Vn en fonction de n en utilisant la transformation en Z.
Exercice 6.7. Soit x un signal causal discret vérifiant pour tout n de N x (n + 1) +
3x (n) = r (n + 1) + r (n) avec la condition initiale x (0) = 1, où r est la rampe causale
discrète définie sur N par r (n) = n.
1. Calculer x (1) et x (2).
2. Démontrer que la transformée en Z de x vérifie
z3 − z2 + 2z
( Zx )(z) = .
( z − 1)2 ( z + 3)
3. Montrer que ( Zx )(z) se décompose en éléments simples de la façon suivante
1 1 7
z3 − z2 + 2z 2 8 8
= + + , |z| > 3.
( z − 1)2 ( z + 3) ( z − 2)2 z − 1 z − 3
4. En déduire l’expression de x (n) en fonction de n, valable pour n ∈ N.
5. Retrouver le résultat en utilisant la formule des résidus.
Exercice 6.8. Soit y le signal causal discrèt vérifiant pour tout n de N y(n) − 2y(n −
1) + y(n − 2) = d(n) où d est l’impulsion unité discrète définie par d(0) = 1 et d(n) = 0
pour tout entier n non nul.
1. Calculer y(0), y(1), y(2).
z2
2. Démontrer que la transformée en Z de y vérifie ( Zx )(z) = ( z −1)2
.
3. Déterminer deux constantes a et b telles que, pour tout z vérifiant |z| > 1
a b
( Zx )(z) = + .
( z − 1)2 z − 1
4. En déduire le signal y.
5. Retrouver le résultat en utilisant la formule des résidus.

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