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Notes de cours
L3 mathématiques
B ENSAID FARES
2019/2020
Table des matières
1 Espaces L p 2
1.1 Rappels de quelques résultats d’intégration . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2
1.2 Définition et propriétés élémentaires des espaces L p . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
1.2.1 Cas particulier - Espaces ` p . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
1.3 Réflexivité, Séparabilité, Dual de L p . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12
1.3.1 Espace réflexif . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12
1.3.2 Espace séparable . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13
1.3.3 Dualité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14
1.4 Convolution et régularisation, Théorèmes de densité . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14
1.5 Exercices 01 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
1.5.1 Enoncés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
1.5.2 Solutions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18
1.6 Exercice 2 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23
1.6.1 Enoncés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23
1.6.2 Solutions 2 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25
1
Chapitre 1
Espaces L p
Remarque 1.1.
— Dans le théorème précédent, c’est la suite ( fn ) qui est croissante et non les fonctions fn .
— Si ( fn )n≥1 est une suite de fonctions mesurables sur Ω dans [0, +∞] alors
Z +∞ +∞ Z
∑ fn(x)dx = ∑ fn (x)dx.
n=1 n=1
Exemple 1.1.
On considère dans R muni de la tribue Boreliènne et la mesure de Lebesgue, la suite fn = 1I[0,n] ,
n ∈ N. La suite fn est monotone croissante vers 1I[0,+∞[ . Bien que les fonctions fn soient uniformément
bornées par 1 et que les intégrales des fn sont finies, on a
Z
f (x)dx = +∞.
R
car le théorème de convergence monotone ne dit pas que l’intégrale de f est finie
Z Z
f (x)dx = lim fn (x)dx = lim n.
R n R n
Exemple 1.2.
Soit la suite réelle définie par fn = 1n 1I[n,+∞[ , n ∈ N∗ , alors la suite ( fn ) est décroissante monotone et
converge uniformément vers 0, et on a
Z Z
0= f (x)dx 6= lim fn (x)dx = +∞.
Ω n Ω
2
CHAPITRE 1. ESPACES LP Transformations intégrales dans les espaces L p
Exemple 1.4.
Soit Ω = [0, +∞[ et fn (x) = ne−nx . Alors, lim infn fn (x) = 0 pour x > 0. Et on a
Z Z +∞
fn (x)dx = ne−nx dx = 1 pour tout n ∈ N.
Ω 0
Alors la fonction Z
F : T 7→ F(t) = f (t, x)dx
est bien définie pour tout t ∈ I, et est continue sur I.
Définition 1.1. Soit f une fonction définie sur E evn, le support de f est défini par :
supp = {x ∈ E : f (x) 6= 0}
On désigne par Cc (Ω) l’espace des fonctions continues sur Ω à support compact.
Exemple 1.6.
Soit a > 0 et fa la fonction définie par
(
0 si |x| ≥ 1/a
fa (x) = − 1
e 1−a2 x2 si |x| < 1/a.
Son support est [−1/a, 1/a]
Proposition 1.7 (Théorème de densité).
L’espace Cc (Ω) est dense dans L1 (Ω), c’est à dire
∀ε > 0, ∀ f ∈ L1 (Ω), ∃g ∈ Cc (Ω) : k f − gkL1 < ε.
L’exemple suivant va nous permettre de voir une des applications de la densité de Cc dans L1 .
Exemple 1.7. On va démontrer un résultat connu sous le nom de Lemme de Reimann-Lebesgue qui est
Z Z
lim f (x) cos(nx)dx = lim f (x) sin(nx)dx = 0,
n→+∞ R n→+∞ R
L’espace vectoriel des fonctions continues à support compact est dense dans L1 (R), et par conséquent,
il suffit de se limiter au cas où f ∈ Cc (R). f est alors Reimann-intégrable et on peut l’approcher par
une suite de fonctions en escalier à support compact. Une fonction en escalier étant une combinaison
linéaire finie de fonctions caractéristiques d’intervalles, donc on peut établir le résultat où f est une
fonction caractéristique d’un intervalle. Soit en effet f = 1I[a,b] (a < b) une telle fonction, on a
Z b
sin(nb) − sin(na)
Z
1I[a,b] (x) cos(nx)dx = cos(nx)dx =
R a n
Z b
cos(na) − cos(nb)
Z
1I[a,b] (x) sin(nx)dx = sin(nx)dx = ,
R a n
et, en faisant tendre n à l’infini on trouvera le résultat voulu.
et que Z Z
dx |F(x, y)| dy < ∞
Ω1 Ω2
Alors, F ∈ L1 (Ω1 × Ω2 ).
De plus on a
Z Z Z Z Z Z
dx F(x, y)dy = dy F(x, y)dx = F(x, y)dxdy.
Ω1 Ω2 Ω2 Ω1 Ω1 ×Ω2
Exemple 1.8.
On note ∆ = {(x, y) ∈ [0, 1]2 : x2 + y2 ≥ 1}, on veut calculer l’intégrale
xy
Z
2 2 2
dxdy.
∆ (1 + x + y )
xy
Alors, On observe que la fonction (x, y) 7−→ (1+x2 +y2 )2
est continue et positive sur ∆. Pour x ∈ R on
note
∆x = {y ∈ R/(x, y) ∈ ∆}
√
[ 1 − x2 , 1] si x ∈ [0, 1]
=
0/ sinon
On a Z 1 Z +∞ Z 1 +∞ Z 1
1 −2xy xy
f (x, y)dxdy = − (e −e ) dy = 0dy = 0.
0 0 0 y 0 0
D’autre part
Z +∞ Z 1 Z +∞ 1 +∞ e−x − e−2x
1
Z
−2xy xy
f (x, y)dydx = − (e − e ) dx = dx 6= 0.
0 0 0 x 0 0 x
Alors, on remarque que 01 0+∞ f (x, y)dxdy 6= 0+∞ 01 f (x, y)dydx, ce qui veut dire qu’on ne peut ap-
R R R R
pliquer le théorème de Fubini, et donc f n’est pas intégrable sur ]0, +∞[×]0, 1[.
Définition 1.2. — Soit 1 ≤ p R< +∞ (p ∈ R), l’espace L p (Ω) est l’ensemble des fonctions mesu-
rable f : Ω → R telles que Ω | f (x)| p dx < ∞. Et, on note
Z 1/p
p
k f kp = | f (x)| dx .
Ω
— L∞ (Ω) est l’ensemble des fonctions mesurables f : Ω → R telles qu’il existe une constante
C > 0 telle que | f (x)| ≤ C p.p. sur Ω. On note
— Si f est la fonction définie sur ]0, +∞[ par : f (x) = 1x . On a f 6∈ L1 (]0, 1]).
— Soit la fonction f définie sur ]0, +∞[ par
1
f (x) =
x(1 + |ln x|)2
1
f (x) = 1I .
xq ]0,1[
— Toute fonction f , continue et bornée sur Rn est de L∞ .
1 1
ab ≤ a p + bq , ∀a ≥ 0, b ≥ 0.
p q
Démonstration. On sait que la fonction ln est concave, donc
1 p 1 q 1 1
ln a + b ≥ ln a p + ln bq = ln(ab),
p q p q
alors, le résultat.
1 1
Z
k f gk1 = | f g| ≤ + = 1 = k f k p kgkq .
p q
f g
F= et G= donc kFk p = 1 et kGkq = 1.
k f kp kgkq
k f gk1
= kFGk1 ≤ 1 ⇒ k f gk1 ≤ k f k p kgkq .
k f k p kgkq
Remarque 1.3. Le cas particulier où p = q = 2 dans l’inégalité de Hölder, donne l’inégalité de Cauchy-
Schwarz.
Remarque 1.4. Soient f1 , f2 , · · · , fk des fonctions telles que fi ∈ L pi (Ω) avec 1 ≤ i ≤ k et
1 1 1
+ +···+ ≤ 1.
p1 p2 pk
Alors, f1 f2 · · · fk ∈ L p (Ω) et k f1 f2 · · · fk k p ≤ k f1 k p1 · · · k fk k pk .
Remarque 1.5 (Inégalité d’interpolation). Si f ∈ L p (Ω)∩Lq (Ω) avec 1 ≤ p ≤ q ≤ +∞, alors f ∈ Lr (Ω)
pour tout p ≤ r ≤ q et
k f kr ≤ k f kαp · k f k1−α
q
1
où r = α
p + 1−α
q et 0 ≤ α ≤ 1.
Z rα Z r(1−α)
p q q
Z Z p
r rα r(1−α) rα· rα r(1−α)· r(1−α)
| f | dx = |f| |f| dx ≤ |f| dx |f| dx
ce qui done
k f kr ≤ k f kαp · k f k1−α
q .
k f + gk p ≤ k f k p + kgk p .
| f + g| p ≤ (| f | + |g|) p ≤ 2 p (| f | p + |g| p ).
1 p
Et puisque p + q1 = 1 on a p = q(p − 1) et q = p−1 , donc
Z (p−1)/p h i
kf + gk pp ≤ | f + g| p
k f k p + kgk p
et par suite
k f + gk p ≤ k f k p + kgk p
Théorème 1.13. L p (Ω) est un espace vectoriel et k·k p est une norme pour tout 1 ≤ p ≤ +∞.
Démonstration. On applique la remarque 1.2 dans le cas p = ∞ et la proposition 1.12 dans le cas
1 ≤ p < ∞.
Théorème 1.14 (Riesz-Fischer). Soit Ω un ouvert de Rn et 1 ≤ p ≤ +∞. L p est un espace de Banach.
Démonstration. — Cas p = ∞. Soit ( fn ) une suite de Cauchy dans L∞ . Alors pour tout k ∈ N ∗ , il
existe Nk ∈ N tel que :
1
∀n ≥ Nk , ∀m ≥ 0 : k fn+m − fn k∞ ≤ ,
k
par suite, il existe une ensemble Ek ⊂ Ω de mesure nulle telle que
1
∀n ≥ Nk , ∀m ≥ 0, ∀x ∈ Ω \ Ek : | fn+m (x) − fn (x)| ≤ ,
k
Ainsi, pour tout x ∈ Ω \ E telle que E = ∪k Ek négligeable, la suite ( fn (x))n est de Cauchy dans
R, donc converge vers un réel f (x). De plus, en faisant tendre m vers l’infini, on obtient :
1
∀x 6∈ E, ∀n ≥ Nk : | f (x) − fn (x)| ≤ .
k
De fait, la fonction f ainsi définie, est dans L∞ , et pour tout n ≥ Nk , on a k fn − f k∞ ≤ 1k , ce qui
signifie que fn converge vers f .
— Cas 1 ≤ p < +∞. Soit ( fn ) une suite de cauchy dans L p (Ω). Comme toute suite de Cauchy
admettant une valeur d’adhérence converge, il nous suffit alors d’extraire de ( fn ) une sous-suite
convergente.
Il existe ϕ : N → N strictement croissante telle que pour tout n : fϕ(n+1) − fϕ(n) p ≤ 21n . On
pose maintenant pour tout n ∈ N
n
gn (x) = ∑ fϕ(k+1) (x) − fϕ(k) (x) .
k=1
ce qui implique que (gn ) est croissante et bornée en norme L p , donc par le théorème de la
convergence monotone 1.1, il existe g ∈ L p (Ω) telle que gn −→ g presque partout. Ainsi, pour
n→∞
presque tout x ∈ Ω on a : pour tout n ≥ 2 et pour tout m ≥ 0
m−1 m−1
fϕ(n+m) (x) − fϕ(n) = fϕ(n+m) (x) − ∑ fϕ(n+k) (x) + ∑ fϕ(n+k) (x) − fϕ(n)
k=1 k=1
m
≤ ∑ fϕ(n+k) (x) − fϕ(n+k−1) (x)
k=1
= gn+m (x) − gn−1 (x) ≤ g(x) − gn−1 (x) −→ 0.
n→∞
Alors la suite ( fϕ(n) ) est de Cauchy dans R donc converge vers un réel f (x). Puisque pour
presque tout x ∈ Ω on a f (x) − fϕ(n) (x) ≤ g(x) (pour n ≥ 2), la fonction f est dans L p (Ω).
Enfin, les fϕ(n) sont dans L p (Ω) et on a fϕ(n) (x) ≤ | f (x)| + |g(x)|, mais | f | + |g| ∈ L p , donc
par convergence dominée on obtient fϕ(n) −→ f .
n→∞
La suite ( fn ) de Cauchy admet donc une valeur d’adhérence f dans L p donc converge vers
cette limite. cqfd
Théorème 1.15. Soient ( fn ) une suite de L p et f ∈ L p , tels que k fn − f k p → 0. Alors il existe une
sous-suite extraite ( fnk ) telle que
a. fnk → f (x) p.p. sur Ω.
b. | fnk | ≤ h(x) pour tout k et p.p. sur Ω, avec h ∈ L p .
Proposition 1.16. Soit 1 ≤ p ≤ q ≤ ∞. Si Ω est de mesure finie i.e |Ω| < ∞, alors Lq (Ω) s’injecte
continuament dans L p (Ω).
Lq (Ω) ⊂ L p (Ω).
Z p/q Z q−p
q
Z q q−p
p p· qp
k f k pp = | f (x)| dx ≤ | f (x)| dx 1 q−p dx = k f kqp · |Ω| q
Ω Ω Ω
donc q−p
k f k p ≤ k f kq · |Ω| pq < ∞.
Par conséquent, f ∈ L p (Ω).
Remarque 1.6. 1. "S’injecte continuament" veut dire que l’application identité est continue de
L (Ω) dans L p (Ω).
q
2. Si la mesure de Ω n’est pas finie, les espaces L p sont incomparables. C’est à dire
En effet, prenons dans R comme exemple les fonction fa (x) = x−a 1I]0,1] (x) et ga (x) = x−a 1I[1,+∞[ (x).
Si p < q et que q1 < a < 1p alors fa ∈ L p (R) \ Lq (R) et ga ∈ Lq (R) \ L p (R).
On définit alors l’espace ` p comme l’ensemble des suites u pour lesquelles la quantité kuk p est finie,
et `∞ l’ensemble des suites bornées.
Proposition 1.17. Pour 1 ≤ p ≤ ∞. Les espaces ` p sont des espaces vectoriels normés complets.
Démonstration. Exercice.
Proposition 1.18 (Relation entre espaces ` p ). Soit 1 ≤ p ≤ q ≤ ∞. Alors on a
` p ⊂ `q .
il existe donc un entier N, tel que pour tout n ≥ N : |un | p < 1. Ce qui nous donne que (un ) est bornée,
donc elle est dans `∞ , et kun k∞ ≤ {u0 , u1 , · · · , uN , 1}.
De plus, pour n ≥ N : |un |q ≤ |un | p et
+∞ +∞
∑ |un |q ≤ ∑ |un | p ≤ kun k pp < ∞,
n=N+1 n=N+1
Proposition 1.19. Soit E un espace vectoriel normé. Alors, E est isométriquement isomorphe à un
sous-espace de son bidual E 00 , plus précisement l’application JE : E −→ E 00 définie par JE (x)(φ ) =
φ (x) est une isométrie linéaire.
L’isométrie JE : E 7→ J(E) ⊂ E 00 est appelée l’injection canonique de E dans E 00 .
Démonstration. Il est clair que l’application JE est linéaire. Elle est continue car, kJE (x)k = kφx k ≤
kxk. Reste à prouver que JE est une isométrie. Pour tout x ∈ E, il existe f ∈ E 0 telle que f (x) = kxk et
k f k = 1 (Hahn-Banach). D’où
Définition 1.4. Un espace normé E est dit réflexif si J(E) = E 00 (c’est à dire J est surjective). Dans un
tel cas, on identifie implicitement E avec son bidual E 00 .
Remarque 1.8. 1. Si E est réflexif, alors E est isométriquement isomorphe à E 00 (la réciproque
est généralement fausse).
2. Tout espace de dimension finie est réflexif.
En effet l’espace et son dual (qui coïncide avec le dual topologique puisque toute application
linéaire est continue) ont la même dimension, et sont donc en bijection l’un avec l’autre, et par
conséquent aussi avec le bidual.
3. Tout espace réflexif est de Banach et sont dual est réflexif. Puisqu’il est isomorphe à son bidual
qui est complet.
4. Si E est réflxif, alors la boule unité fermée BE de E est faiblement compacte.
Démonstration. Soit E l’ensemble des combinaisons linéaires à coefficients dans Q de fonctions ca-
ractéristiques de pavés de la forme ∏ni=1 ]xi , yi [ inclus dans Ω avec xi , yi à coordonnées rationnelle. Par
construction E est dénombrable, il nous suffit alors de montrer que E est dense dans L p (Ω).
Soit f ∈ L p (Ω) et ε > 0, on choisis f1 ∈ Cc (Ω) telle que k f − f1 k p ≤ ε/2. Soit ω un ouvert borné
contenant supp f1 . Comme f1 ∈ Cc (ω) on peut construire une fonction f2 ∈ E telle que supp f2 ⊂ ω
et que | f1 − f2 | ≤ ε1/p p.p. sur ω, on commence par recouvrir supp f1 par un nombre fini de pavés
|w|
ε
de sorte que les variations de f1 soient inférieur à . Il en résulte que k f1 − f2 k p ≤ ε et donc
|w|1/p
k f − f2 k p ≤ 2ε.
Remarque 1.9. Tout espace de Hilbert est séparable et réflexif.
Corollaire 1.22. Soit E un espace de Banach, alors E est réflexif et séparable si, et seulement si E 0
est réflexif et séparable.
Corollaire 1.23. — Soit E un espace de Banach. Soit K ⊂ E un sous ensemble convexe, fermé et
borné. Alors, K est compact pour la topologie faibe. Donc de toute suite bornée dans K, on
peut en extraire une sous suite qui converge faiblement dans K.
— Soit E un espace de Banach séparable et soit ( fn ) une suite bornée dans E 0 . Alors, il existe une
sous-suite extraite ( fnk ) qui converge faiblement dans E.
— Soit E un espace de Banach réflexif et soit (xn ) une suite bornée dans E. Alors il existe une
sous-suite (xnk ) qui converge faiblement dans E.
1.3.3 Dualité
Les théorèmes suivants vont nous permettre d’identifier le dual topologique des espaces L p , on se
réfère à [1].
Théorème 1.24 (Représentation de Reisz). Soit 1 < p < +∞ et p0 son exposant conjugué. Soit ϕ ∈
0
(L p )0 , alors il existe un unique u ∈ L p tel que ϕ = Lu , c’est à dire
Z
hϕ, f i = uf, ∀ f ∈ L p.
De plus on a
kukL p0 = kϕk(L p )0 .
Ce théorème est important, car il permet de représenter toute forme linéaire continue sur L p ( 1 <
0
p < +∞) à l’aide d’une fonction de L p . L’application ϕ 7−→ u est un opérateur linéaire isométrique et
0
surjectif qui permet d’identifier le dual de L p avec L p .
De plus on a
kukL∞ = kϕk(L1 )0 .
Théorème 1.26. Soient f ∈ L1 (Rn ) et g ∈∈ L p (Rn ) avec 1 ≤ p ≤ ∞. Alors, pour presque tout x ∈ Rn ,
la fonction y 7−→ f (x − y)g(y) est intégrable sur Rn .
De plus,
f ∗ g ∈ L p (Rn ) et k f ∗ gkL p ≤ k f kL1 kgkL p .
Démonstration. — Casp = +∞. Pour presque tout x ∈ Rn on a
Z Z
|( f ∗ g)(x)| ≤ | f (x − y)| |g(y)| dy ≤ kgk∞ | f (x)| dx = k f k1 kgk∞ .
Rn Rn
Ceci prouve que :
- La fonction y 7−→ f (x − y)g(y) est intégrable pour presque tout x.
- La fonction x 7−→ f (x − y)g(y) est bornée.
Donc f ∗ g ∈ L∞ et k f ∗ gk∞ ≤ k f k1 kgk∞ .
— Casp = 1. Pour presque tout y ∈ Rn on a
Z Z
| f (x − y)g(y)| dx = |g(y)| | f (x − y)| dx = k f k1 |g(y)| < +∞,
et Z Z
dy | f (x − y)g(y)| dx = k f k1 kgk1 < +∞.
et Z Z
dx | f (x − y)g(y)| dy ≤ k f k1 kgk1 . i.e. k f ∗ gk1 ≤ k f k1 kgk1 .
— Cas1 < p < +∞. Soit q l’exposant conjugué de p, pour presque tout x ∈ Rn fixé on a
Z Z
| f (x − y)g(y)| dy = (| f (x − y)|1/q )(| f (x − y)|1/p |g(y)|)dy.
q
Cette intégrale existe car : la fonction | f (x − y)|1/p |g(y)| ∈ Lyp (Rn ) et | f (x − y)|1/q ∈ Ly (Rn )
(du fait que f ∈ L1 et g ∈ L p ). Donc l’inégalité de Hölder nous donne que | f (x − y)g(y)| ∈ Ly1
et on a
Z Z 1/q Z 1/p
p
| f (x − y)g(y)| dy ≤ | f (x − y)| dy | f (x − y)| |g(y)| dy
Z 1/p
1/q p
≤ k f k1 | f (x − y)| |g(y)| dy
c’est à dire
p/q
| f ∗ g| p ≤ (| f | ∗ |g| p ) (x) k f k1 .
En appliquant le résultat lorsque p = 1 à (| f | ∗ |g| p ) on aura
p/q
f ∗ g ∈ L p (Rn ) et k f ∗ gk pp ≤ k f k1 kgk pp k f k1 .
Par concéquent k f ∗ gk p ≤ k f k1 kgk p .
1 si |x| ≤ 21
f (x) =
0 sinon
Calculons le produit de convolution f ∗ f . D’abord, la fonction f est intégrable sur R, donc le produit
de convolution existe et appartient à L1 (R). On a
Z Z Z 1
2
( f ∗ f )(x) = f (x − y) f (y)dy = 1I[− 1 , 1 ] (x − y)1I[− 1 , 1 ] (y)dy = 1I[− 1 , 1 ] (x − y)dy
R R 2 2 2 2 − 12 2 2
Démonstration. Exercice
Proposition 1.28 (Propriétés). 1. Commutativité. f ∗ g = g ∗ f .
2. Associativité. f ∗ (g ∗ g) = ( f ∗ g) ∗ h.
3. Linéarité distributivité. h ∗ [α f + β g] = α(h ∗ f ) + β (h ∗ g).
4. Compatible avec les translations. (τa f ) ∗ g = τa ( f ∗ g) (τa f = f (x − a)).
Proposition 1.29 (et définition du support). Soit Ω un ouvert de Rn et f une fonction réelle définie
sur Ω. On considère la famille de tous les ouverts (ωi )i∈I de Ω tels que pour chaque i ∈ I ; f = 0 p.p.
sur ωi . On pose ω = ∪i∈I ωi . Alors f = 0 p.p. sur ω et supp f = Ω \ ω.
Remarque 1.11. — Si f est une fonction continue sur Ω on retrouve la définition usuelle.
— Si f et g sont deux fonctions telles que f = g p.p. sur Ω, Alors supp f = suppg (on peut donc
parler du support d’une fonction de L p ).
Proposition 1.30. Soient f ∈ L1 (Rn ) et g ∈ L p (Rn ). Alors
f = 0 p.p. sur Ω.
1 (Rn ). Alors f ∗ g ∈ C(Rn ).
Théorème 1.32 (Régularisation). Soient f ∈ Cc (Rn ) et g ∈ LLoc
f ∗ g ∈ Ck (Rn ) et Dα ( f ∗ g) = (Dα ) f ∗ g.
1.5 Exercices 01
1.5.1 Enoncés
Exercice 1
R 1 1/n
1. Montrer que In = 0 x dx existe pour tout n ∈ N∗ . Expliciter la limite de (In )n .
Rn x n
2. Déterminer, si elle existe, limn→+∞ 0 1− n dx.
R +∞ dx
3. Déterminer, si elle existe, limn→+∞ 0 (1+x2 )(1+xn )1/n
.
4. Soit f ∈ C(R+ , R+ ) bornée. On pose pour n ∈ N :
Z +∞
In = n f (t)e−nt dt.
0
Exercice 2
Soit f ∈ C1 ([a, b], R), avec 0 < a < 1 < b et f (1) 6= 0. soit fn une suite de fonctions définie par
f (x)
fn (x) = .
1 + xn
1. Déterminer la limite simple de ( fn ).
2. Ètablir l’égalité suivante :
Z b Z 1
lim fn (t)dt = f (t)dt.
n→∞ a a
3. Montrer que
Z 1
ln 2
t n−1 fn (t)dt ∼ f (1).
a n
Correction [1002]
Exercice 3
On pose pour x ≥ 0, Z +∞
1 − cost
f (x) = e−xt dt.
0 t2
1. Montrer que f est continue sur [0, +∞[ et tend vers 0 en +∞.
2. Montrer que f est deux fois dérivables sur [0, +∞[ et calculer f 00 (x).
R +∞ sint
3. En déduire la valeur de f (0) puis la valeur de l’intégrale convergente 0 t dt.
Correction [1003]
Exercice 4
RR 1
1. Calculer I = D (1+x2 )(1+y2 ) dxdy telle que D = {(x, y)/0 ≤ x ≤ y}.
2. Montrer que l’on ne peut pas appliquer le théorème de Fubini pour le calcul de
x2 − y2
ZZ
2 2 2
dxdy, avec D =]0, 1]2 .
D (x + y )
Correction [1004]
Exercice 5
R +∞ 1 R +∞ ln x
1. Pour x > 0, calculer l’intégrale 0 (1+y)(1+x2 y)
dy, et en déduire la valeur de 0 x2 −1
dx.
R1 R +∞ sin x −tx
2. Pour x > 0, calculer l’intégrale 0 cos(xy)dy, et en déduire la valeur de 0 x e dx, pour
tout t > 0.
Correction [1005]
1.5.2 Solutions
Correction de l’exercice 1
1. Soit fn (x) = x1/n , n ∈ N∗ . fn est continue et positive sur [0, 1] c’est à dire intégrable et bornée.
1
On a limn fn (x) = limn e n ln x = 1, et fn (x) ≤ fn+1 (x), donc par le théorème de la convergence
monotone on a limn 01 fn (x)dx = 01 limn fn (x)dx = 1.
R R
n n n
2. On a 0n 1 − nx dx = 0+∞ 1I[0,n] 1 − nx dx. Soit fn (x) = 1I[0,n] 1 − nx . fn est continue par
R R
n
morceau donc mesurable, et fn (x) → f (x) = e−x . On a aussi pour tout x ≥ 0, | Rfn (x)| ≤ e−x et
R +∞ −x
e dx < ∞. Donc par le théorème de la convergence dominée on aura limn 0+∞ fn (x)dx =
R0+∞ −x
0 e dx = 1.
1
3. Soit fn (x) = (1+x2 )(1+x n )1/n . Alors
1 1
— Si 0 ≤ x ≤ 1 on a limn fn (x) = 1+x2
et si x > 1 on a limn fn (x) = x(1+x2 )
. D’après le T.C.D.
on obtient
Z +∞ Z 1 Z +∞
1 1 π π
lim fn (x)dx = dx + dx = + 0 =
n 0 0 1 + x2 1
2
x(1 + x ) 4 4
5. Soit fn (x) = e−nx f (x). La fonction f est bornée, donc | fn (x)| ≤ k f k∞ e−nx , qui est intégrable.
Et, on a
n−→+∞
f continue sur [0, +∞[ donc mesurable, fn (x) → f (x) = 0.
Z +∞
∀n ∈ N : | fn (x)| ≤ k f k∞ e−x , et k f k∞ e−x dx = k f k∞ < ∞.
0
R +∞
fn (x)dx = 0∞ e−nx f (x)dx = 0.
R
Alors, d’après le TCD on a limn 0
R +∞ cos(xt) 2 R +∞ t sin(xt)
6. On f (x) = 0 1+t 2
dt, une intégration par partie nous donne f (x) = x 0 (1+t 2 )2
dt. On
t sin(xt)
pose h(x,t) = .
On applique le théorème de dérivabilité des intégrales à paramètre pour
(1+t 2 )2
la fonction h, donc
— h est continue sur R × [0, +∞[.
— |h(x,t)| ≤ (1+tt 2 )2 = ϕ(t), On a ϕ continue sur [0, +∞[ et ϕ(t) ∼ t13 au voisinage de +∞ qui
est intégrable (Intégrale de Reimann) donc ϕ est intégrable sur [0, +∞[.
t 2 cos(xt)
— (x,t) → ∂ h(x,t)
∂ x = (1+t 2 )2 est continue sur R × [0, +∞[.
2
— On a ∂ h(x,t)
∂x
t
≤ (1+t 2 )2 , donc dominée par une fonction continue et intégrable alors elle
Correction de l’exercice 2
1. On a
f (x) si x ∈ [a, 1[
lim fn (x) = f (1)/2 si x = 1
n→∞
0 si x ∈]1, b]
2. Remarquons que | fn (x)| ≤ | f (x)| et f intégrable sur [a, b], donc d’après le TCD on obtient le
résultat.
3. Par une intégration par partie on aura
Z 1 1
1 1 0
1
Z
n−1 n
t fn (t)dt = ln(1 + t ) f (t) − f (t) ln(1 + t n )dt,
a n a n a
1
ln(1 + an )
1 n ln 2 ln 2
avec ln(1 + t ) f (t) = f (1) + f (a) ' f (1).
n a 2 n 2
car ln(1 + an ) → 0. D’autre part
Z 1
1 1 0 (∞)
(1 + t n ) f 0 (t) ≤ f t n dt ' 0.
ln n ∞
0
Correction de l’exercice 3
1−cost
1. La fonction h : t 7−→ t2
est continue sur ]0; +∞[ et on a
1 − cost 1 − cost 1
lim =0 et lim = .
t→+∞ t2 t→0 t2 2
Donc intégrable sur ]0, +∞[.
La fonction g : (x,t) 7−→ e−xt 1−cost
t2
est continue sur R+ ×]0, +∞[ et on e−xt 1−cost
t2
≤ 1−cost
t2
,
donc f est continue. Et on a
Z x
khk∞
| f (x)| ≤ khk∞ e−xt dt = .
0 x
On en déduit que f tend vers 0 en +∞.
∂g ∂ 2g
2. Les dérivées partielles ∂x et ∂ x2
existes et sont continues sur R∗+ ×]0, +∞[.
∂g
Et on a t 7−→ ∂ x (x,t) est continue par morceaux et intégrable sur ]0, +∞[. Alors, soit [a; b] ⊂
R∗+ , on a
∂ 2g
∀(x,t) ∈ [a, b]×]0, +∞[: (x,t) ≤ 2−at = k(t).
∂ x2
La fonction k est iintégrable sur ]0, +∞[. Par domination sur tout segment, f est de classe C2 et
Z +∞
00 1 x
f (x) = e−xt (1 − cost)dt = − 2 .
0 x x +1
x→+∞ √
3. On a f 0 (x) = ln x − 12 ln(1 + x2 ), puisque f 0 (x) −→ 0. Donc f (x) = x ln x − x ln 1 + x2 −
x→+∞
arctan x + π2 , puisque f (x) −→ 0. par continuité, on obtient f (0) = π/2. Par intégration par
parties
+∞ Z +∞
2 sin2 (t/2) 2 sin2 (t/2)
Z +∞ Z +∞
1 − cost sint
dt = dt = − + dt
0 t2 0 t2 t 0 0 t
R +∞ 1−cost R +∞ sint R +∞ sint
donc 0 t2
dt = 0 t dt d’où 0 t dt = π2 .
Correction de l’exercice 4
1
1. La fonction (x, y) → (1+x2 )(1+y2 ) est continue et positive sur D, donc mesurable, on peut donc
appliquer le théorème de Fubini. Alors x varie de 0 à y avec y un réel positif.
Z +∞ Z y Z +∞
1 1 1
ZZ
2 2
dxdy = 2 2
dx dy = 2
arctan x]y0 dy.
D (1 + x )(1 + y ) 0 0 (1 + x )(1 + y ) 0 1+y
2
π2
Donc I = [ (arctan
2
y) +∞
]0 = 8 .
x2 −y2
2. On pose f (x, y) = (x2 +y2 )2
et on calcule les deux intégrales
Z 1 Z 1 Z 1 Z 1
f (x, y)dx dy , f (x, y)dy dx
0 0 0 0
Alors
2x2
Z 1 Z 1 1 dx
Z
f (x, y)dx = 2 2 2
dx − 2 2
0 0 (x + y ) 0 x +y
−x 1
Z1 Z 1
1 dx
= 2 2
+ 2 2
dx − 2 2
x +y 0 0 x +y 0 x +y
1
= −
1 + y2
Donc Z 1 Z 1 Z 1
−dy π
f (x, y)dx dy = =− .
0 0 0 1 + y2 4
de la même façon on calcule l’autre intégrale et on trouvera
Z 1 Z 1 Z 1
dx π
f (x, y)dy dx = 2
= .
0 0 0 1+x 4
Ces résultats nous montre que le théorème de Fubini ne s’applique pas pour cette intégrale, car
la fonction f 6∈ L1 (]0, 1]2 ). En effet, en passant aux coordonées polaires on trouve
Z 2π Z 1
|cos 2θ |
ZZ
f (x, y)dxdy = drdθ
D 0 0 r
Qui est divergente.
Correction de l’exercice 5
1. On a
1 1 x2 − 1
Z ∞ ∞ Z
dy = dy
0 (1 + y)(1 + x2 y) x2 − 1 0 (1 + y)(1 + x2 y)
1 x2 1
Z ∞
= 2 2
− dy
x −1 0 1+x y 1+y
1 +∞ 2 ln x
= 2 ln(1 + x2 y) − ln(1 + y) 0 = 2 .
x −1 x −1
sin(xy) 1
R1 h i
2. On a 0 cos(xy)dy = x = sinx x .
0
On pose g(x, y) = cos(xy)e−tx pour x ≥
0, 0 ≤ y ≤ 1 et t > 0. On a |g(x, y)| ≤ e−tx intégrable
sur R+ × [0, 1] d’après le théorème de Fubini-Tonelli. Donc g est intégrable sur R+ × [0, 1]
donc on a
Z ∞ Z 1 Z 1 Z ∞
sin x −tx
Z ∞
−tx
e dx = g(x, y)dy dx = cos(xy)e dx dy
0 x 0 0 0 0
Z 1 Z ∞ Z 1
1 (iy−t)x (−iy−t)x 1 1 1
= (e +e )dx dy = + dy
0 0 2 0 2 t − iy t + iy
Z 1
t 1
= 2 2
dy = arctan .
0 y +t t
1.6 Exercice 2
1.6.1 Enoncés
Exercice 6
Soit Ω un ouvert de Rn de mesure finie |Ω| < +∞. Soit { fn }n∈N une suite de fonctions mesurables
convergeant presque partout vers une fonction mesurable f . On suppose qu’il existe une constante
C > 0 telle que | fn | ≤ C pour tout n ≥ 1. Montrer que
Z Z
lim fn dx = f dx.
n→+∞ Ω Ω
Correction [2001]
Exercice 7
Donner un exemple de fonction f : R → R qui est intégrable au sens de Lebesgue mais pas au sens de
Riemann.
Correction [2002]
Exercice 8
n x n o
1. Montrer que pour tout x ∈ R+ , 1+ est une suite croissante et
n
∞ k
x n x
lim 1 + = ex = ∑ .
n→∞ n k=0 k!
2. Calculer la limite
x n −bx
Z
lim 1+ e dλ (x)
n→∞ R+ n
où b > 1.
Correction [2003]
Exercice 9
Montrer que
Z n
x n m
1. lim 1− x dx = m! (pour tout m ∈ N).
n→∞ 0
Z n
n
x n −2x
2. lim 1+ e dx = 1.
n→∞ 0 n
Correction [2004]
Exercice 10
1
1. Soit a, b ≥ 0 et soit p, q ∈ (1, +∞) tel que p + 1q = 1 (on dit que p et q sont conjugués au sens
de Young). Montrer l’inégalité de Young :
1 1
ab ≤ a p + bq .
p q
On pourra considérer la fonction θ : R+ → R définie par θ (a) = 1p a p + q1 bq − ab.
Exercice 11
Soit Ω un sous-ensemble de Rn dont la mesure de Lebesgue est finie : µ(Ω) < +∞. Pour tout 1 ≤
1
p < +∞, on note L p (Ω) l’espace des fonctions f : Ω → C telles que k f k p := ( Ω | f | p (x) dx) p < +∞
R
Exercice 12
Soit Ω = N muni de la mesure de comptage. Pour tout 1 ≤ p < +∞, on note ` p l’espace des suites
1
complexes (un )n∈N telles que kuk p := ∑+∞
i=0 |un |
p p < +∞. L’espace des suites bornées sera noté `∞ .
1.6.2 Solutions 2
Correction de l’exercice 6
Puisque Ω est de mesure finie, la fonction constante égale à C est intégrable, et son intégrale est C |Ω|.
Une application directe du théorème de Lebesgue donne
Z Z
lim fn (x)dx = f (x)dx.
n→+∞ Ω Ω
Correction de l’exercice 7
La fonction de Dirichlet restreint à l’intervalle [a, b], f (x) = 1Q [a,b] (x) , est intégrable au sens de
Lebesgue et son intégrale par rapport à la mesure de Lebesgue vaut 0. Mais elle n’est pas intégrable
au sens de Riemann : S( f , τ) = 0 et S( f , τ) = b − a pour toute subdivision τ de l’intervalle [a, b].
Correction de l’exercice 8
1. Montrons que pour tout x ∈ R+ , (1 + nx )n est une suite croissante et que lim (1 + nx )n = ex . Pour
n→∞
n ∈ N on a
n k n
x n n x xk
1+ =∑ = ∑ an,k ,
n k=0 k n k=0 k!
n! n(n − 1) · · · (n − k + 1)
où an,k = = .
(n − k)!nk nk
Les assertions suivantes sont vraies :
i) an+1,k ≥ an,k . En effet, n+1−l
n+1 ≥ n
n−l
pour l ∈ N car n2 + n − l · n ≥ n2 + n − l · n − l,
ii) an,k < 1 (évident) ;
iii) Pour tout k ∈ N, lim an,k = 1.
n→∞
n+1 n+1 n
xk xk
x
Comme an+1,n+1 > 0, 1 + = ∑ an+1,k > ∑ an+1,k . Il s’ensuit donc de (i)
n+1 k=0 k! k=0 k!
n x n o
que la suite 1+ est croissante. Les assertions (ii) et (iii) impliquent que
n
n n k
x n xk x ∞ k
x
1+ = ∑ an,k ≤ ∑ ≤∑ = ex
n k=0 k! k=0 k! k=0 k!
m k
x n x x n
et que, pour tout m ∈ N, lim 1 + ≥∑ . Ainsi, lim 1 + = ex .
n→∞ n k=0 k!
n→∞ n
2. Par le théorème de convergence monotone, on a pour b > 1,
x n −bx
Z n
e dλ (x) = R+ lim 1 + nx e−bx dλ (x)
R
lim 1+
n→∞ R+ n n→∞
R ∞ (1−b)x 1
= 0 e dλ (x) = b−1 .
Correction de l’exercice 9
1. Pour tout x ∈ R+ et n ∈ N on a x n
1− ≤ e−x .
n
1 1
n
En effet, comme ln y ≤ y − 1 pour y > 0, on a ln y− n ≤ y− n − 1, c’est-à-dire 1 − lnny ≤
n
y−1 . Ainsi, en posant x = ln y, il vient 1 − nx ≤ e−x . De plus,
x n x x x x
1−
lim = lim en ln(1− n ) = lim en(− n + n ε ( n )) ,
n→+∞ n n→+∞ n→+∞
n
où limu→0 ε(u) = 0. Ainsi limn→+∞ 1 − nx = e−x .
n
Posons fn (x) = 1 − nx xm 1[0,n] . Alors en utilisant le théorème de convergence dominée et
R∞
sachant que Γ(m + 1) = e−x xm dx = m!, on obtient le résultat.
0
x n −2x
Comme la suite { fn (x)} est croissante et lim fn (x) = e−x , on
2. Soit fn (x) = 1 + n e 1[0,n] .
n→∞
obtient le résultat en appliquant le théorème de convergence monotone.
Correction de l’exercice 10
1
1. Soit a, b ≥ 0 et soit p, q ∈ (1, +∞) tel que p + 1q = 1. La fonction θ : R+ → R définit par
θ (a) = 1p a p + 1q bq − ab est dérivable et :
θ 0 (a) = a p−1 − b.
1 1 1
Cette dérivée s’annule lorsque a = b p−1 , est négative pour a < b p−1 et positive pour a > b p−1 .
On a
1 1 p 1 1
θ (b p−1 ) = b p−1 + bq − b1+ p−1 = 0.
p q
Ainsi θ (a) ≥ 0, i.e.
1 1
ab ≤ a p + bq .
p q
2. Soit f ∈ L p (µ) et g ∈ Lq (µ). D’après la question précédente, pour tout λ > 0 et pour µ-presque
tout x :
g(x) λp λ −q
| f g|(x) = |λ f (x) · |≤ | f (x)| p + |g(x)|q .
λ p q
Ainsi
λp λ −q
Z Z Z
| f g| dµ ≤ | f | p dµ + |g|q dµ.
Ω p Ω q Ω
Posons
λp λ −q
Z Z
p
Φ(λ ) = | f | dµ + |g|q dµ.
p Ω q Ω
La fonction Φ est dérivable et :
q 1
p+q
kgkq
Cette dérivée s’annule pour λ1 := , est négative pour λ ≤ λ1 et positive pour λ ≥ λ1 .
p
k f kp
Ainsi le minimum de Φ vaut :
q p q − p+qq
1 kgkq p+q p 1 kgkq q
Φ(λ1 ) = p k f k p k f kp + q k f kp kgkq
p p
qp qp qp qp
1 p+q p+q 1 p+q
= p kgkq k f kp + q kgkq k f k pp+q = k f k p kgkq .
k f gk1 ≤ k f k p kgkq .
On en déduit que Z Z Z
0
| f |r dµ ≤ | f | p dµ + | f | p dµ < +∞,
Ω Ω Ω
donc f appartient à r
L (µ).
4. Supposons que µ soit une mesure finie et soit f ∈ L∞ (µ). Alors
| f (x)| ≤ k f k∞
1
Puisque lim p→+∞ µ (| f | > (k f k∞ − ε)) p = 1, il en découle que
lim k f k p ≥ k f k∞ − ε.
p→+∞
D’où, finalement,
k f gkr ≤ k f k p kgkq .
Correction de l’exercice 11
Soit Ω un sous-ensemble de Rn dont la mesure de Lebesgue est finie : µ(Ω) < +∞. Pour tout 1 ≤
1
p < +∞, notons L p (Ω) l’espace des fonctions f : Ω → C telles que k f k p := ( Ω | f | p (x) dx) p < +∞
R
2. Montrons que pour q < p, l’inclusion L p (B n (0, 1)) ⊂ Lq (B n (0, 1)) est stricte. La fonction
fα appartient à L∞ (B n (0, 1)) si et seulement α ≤ 0, et à L p (B n (0, 1)) avec p < +∞ si et
seulement si
n
pα − n + 1 < 1 ⇔ α <
p
Soit 1 ≤ q < p, alors f 1 n n
appartient à Lq (B n (0, 1))\L p (B n (0, 1)). En particulier, f 1 n n
2 p+q 2 p+q
appartient à Lq (B n (0, 1)) \ L∞ (B n (0, 1)).
Correction de l’exercice 12
Soit Ω = N muni de la mesure de comptage. Pour tout 1 ≤ p < +∞, on note ` p l’espace des suites
1
complexes (un )n∈N telles que kuk p := ∑+∞
i=0 |un |
p p < +∞. L’espace des suites bornées sera noté `∞ .
il existe un rang N tel que pour n > N, |un |q < 1. En particulier la suite (un )n∈N appartient à `∞
et
kuk∞ ≤ max{u0 , . . . , uN , 1}.
De plus, pour n > N, on a |un | p ≤ |un |q et
+∞ +∞
∑ |un | p ≤ ∑ |un |q ≤ kukqq < +∞,
i=N+1 i=N+1
ce qui implique que kuk p < +∞. En conclusion, pour 1 < q < 2 < p, on a :
`1 ⊂ `q ⊂ `2 ⊂ ` p ⊂ `∞ .
(α)
2. La suite un = n−α appartient à `∞ pour tout α ≥ 0 et à ` p avec 1 ≤ p < +∞ si et seulement si
α p > 1, i.e α > 1p . En particulier la suite constante égale à 1 appartient à `∞ mais n’appartient
à aucun ` p pour p < +∞. Soit 1 < q < p < +∞. Pour tout α tel que 1p < α < 1q , la suite u(α)
appartient à ` p \ `q . C’est le cas en particulier pour α = 21 1p + 1q . Ainsi l’inclusion `q ⊂ ` p
est stricte lorsque q < p.
30