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L3 DD 2020–2021
Feuille d’exercices 2
Exercice 1. (Limites dans [0, ∞]). Pour tout n ∈ N∗ , on définit fn : R → [0, +∞[, gn : R → [0, +∞[ et
hn : R → [0, +∞[ par
√
fn = n1[−1,1] , gn (x) = e−nx et hn (x) = ne−nx
2
(1)
pour tout x ∈ R. Esquisser le graphe de quelques éléments de chaque suite puis montrer que les suites (fn ),
(gn ) et (hn ) convergent simplement vers une fonction f : R → [0, ∞], une fonction g : R → [0, ∞] et une
fonction h : R → [0, ∞] que l’on déterminera.
Correction 1.
• Cas de (fn )
Montrons que (fn ) converge simplement vers f : R → [0, ∞] définie par f (x) = ∞ si x ∈ [−1, 1] et
f (x) = 0 si x ∈
/ [−1, 1]. Soit x ∈ R. Si x ∈ [−1, 1] alors, pour tout n ∈ N∗ , fn (x) = n. Donc fn (x) → ∞
quand n → ∞. Soit x ∈ / [−1, 1], alors, pour tout n ∈ N∗ , fn (x) = 0. Donc fn (x) → 0 quand n → ∞.
Donc (fn ) converge simplement vers f .
• Cas de (gn )
1
Montrons que (gn ) converge simplement vers g : R → [0, ∞] définie par g(x) = ∞ si x < 0, g(0) = 1
et g(x) = 0 si x > 0. Soit x ∈ R. Si x < 0 alors, limn→∞ −nx = +∞ donc limn→∞ e−nx = +∞ et
limn→∞ gn (x) = +∞. Si x = 0, alors pour tout n ∈ N∗ , on a gn (0) = 1 donc limn→∞ gn (0) = 1. Si
x > 0 alors, limn→∞ −nx = −∞ donc limn→∞ e−nx = 0 et limn→∞ gn (x) = 0. Donc (gn ) converge
simplement vers g.
• Cas de (hn )
Montrons que (hn ) converge simplement vers h : R → [0, ∞] définie √ par h(0) = ∞ et h(x) = 0 si
x 6= 0. Soit x ∈ R. Si x = 0, alors pour tout n ∈ N∗ , on a hn (0) = n donc limn→∞ hn (0) = ∞. Si
√ 2
x 6= 0 alors, par croissance comparée, limn→∞ ne−nx = 0 et limn→∞ hn (x) = 0. Donc (hn ) converge
simplement vers h.
Exercice 2. (Théorème de convergence
√ monotone). Pour tout n ∈ N , on considère la fonction fn : R → R
∗
Correction 2.
h 2
i h 2
i √
1. Soit n ∈ N∗ . Soit x ∈ R. Si x ∈ / 0, π4 , on a fn (x) = 0. Si x ∈ 0, π4 , alors x ∈ 0, π2 (car
√
x
la fonction racine est croissante). D’où n ∈ 0, 2 . Comme la fonction cosinus est positive sur
π
h 2
i h 2
i
3. Soit n ∈ N∗ et soit x ∈ R. Si x ∈
/ 0, π4 , on a fn (x) = fn+1 (x) = 0. Si x ∈ 0, π4 alors
0 ≤ n+1
x
≤ x ≤ π . Comme la fonction cosinus est décroissante sur l’intervalle 0, π2 , il vient fn (x) =
√ n 2 √
cos nx ≤ cos n+1 x
= fn+1 (x). Donc (fn ) est croissante.
4. La suite (fn ) est une suite croissante de fonctions mesurables positives. Cette suite converge sim-
plement vers 10, π2 . Par le théorème de convergence monotone ( R fn dλ) converge et a pour limite
R
4
2
Exercice 3. (Premiers calculs d’intégrales de Lebesgue). L’objectif de cet exercice est de montrer des
propriétés de base de l’intégrale de Lebesgue
R des fonctions positives à partir des propriétés élémentaires vues
en cours : normalisation (pour tous a ≤ b, R 1[a,b] = b − a), croissance, l’intégrale est positivement linéaire,
théorème de convergence monotone.
1. Soit A = {x1 , . . . , xn } un ensemble fini (on suppose les xi deux à deux distincts).
(a) Montrer que 1A = i=1 1{xi } .
Pn
(b) Plus généralement Psoit (Bi )i∈I , une famille finie de parties disjointes de R et soit B = ∪i∈I Bi .
Montrer que 1B = i∈I 1Bi .
(c) Déduire de la question (1a) que R 1A dλ = 0.
R
2. Soient a < b.
(a) Montrer que 1[a,b] = 1{a} + 1]a,b[ + 1{b} .
(b) Montrer que R 1]a,b[ dλ = b − a.
R
Correction 3.
1. (a) Soit x ∈ R. Si x ∈ A, alors il existe i0 ∈ {1, . . . , n} tel quePx = xi0 . Ainsi 1A (x) = 1,
1{xi0 } (x) = 1 et 1{xj } (x) = 0 pour j 6= i0 . Donc 1A (x) = 1 = ni=1 1{xi } (x). Si x ∈/ A, alors
P i ∈ {1, . . . , n}. Donc 1AP
x 6= xi pour tout (x) = 0 et 1{xi } (x) = 0 pour tout i ∈ {1, . . . , n}. Donc
1A (x) = 0 = ni=1 1{xi } (x). Ainsi 1A = ni=1 1{xi } .
(b) Soit x ∈ R. Si x ∈ A, alors il existe i0 ∈ I tel que x ∈ Bi0 . Ainsi 1A (x) =P1, 1Bi0 (x) = 1
et 1Bj (x) = 0 pour j 6= i0 (car les Bi sont disjoints). Donc 1A (x) = 1 = i∈I 1Bi (x). Si
x ∈/ A, alors P Donc 1A (x) = 0 et 1Bi (x) = 0 pour tout i ∈ I. Donc
x 6= Bi pour tout i ∈ I. P
1A (x) = 0 = i∈I 1Bi (x). Ainsi 1A = i∈I 1Bi .
(c) Par linéarité positive de l’intégrale de Lebesgue, on a
Z Z X n n Z
1A dλ = 1{xi } dλ = 1{xi } dλ.
X
R R i=1 i=1 R
Par normalisation de l’intégrale de Lebesgue 1{xi } dλ = 0 pour tout i ∈ {1, . . . , n}. Donc
R
R
1 dλ = 0.
R
R A
Donc 1]a,b[ dλ = b − a.
R
R
nx + x2 + sin2 (x)
Z
In = exp − dλ.
[0,∞[ n
Montrer que (In )n∈N∗ a une limite dans [0, +∞] et la déterminer.
3
Correction 4. Pour n ∈ N∗ , on considère la fonction fn : [0, ∞[ → R définie par
nx + x2 + sin2 (x)
fn (x) = exp − .
n
Montrons que la suite (fn ) est croissante. Soit n ∈ N∗ et soit x ≥ 0. Alors 1
n+1 ≤ 1
n et x2 + sin2 (x) ≥ 0 d’ou
Comme x 7→ exp(−x) est une fonction continue donc réglée sur [0, k] pour tout k ∈ N, les intégrales de
Lebesgue et Riemann coïncident sur le segment [0, k] pour tout k ∈ N, donc
Z Z k
lim In = lim f dλ = lim exp(−x)dx = lim (1 − exp(−k)) = 1.
n→+∞ k→+∞ [0,k] k→+∞ 0 k→∞
Exercice 5. (Théorème de convergence monotone pour les séries). Pour n ∈ N∗ , on considère la fonction
un : R → R définie par un = n1[n,n+ 1 [ .
n3
1. Dessiner u1 , u2 et u3 .
2. Montrer que la série de fonctions n≥1 un converge simplement vers une fonction f : R → [0, +∞[ (on
P
ne demande pas d’expliciter cette fonction).
3. Esquisser le graphe de f .
4. Montrer que f est intégrable.
5. Une fonction intégrable sur R est-elle toujours de limite nulle en +∞ ?
Correction 5.
1.
2. Comme les fonctions un sont positives, on sait que la série converge vers une fonction f : R → [0, +∞].
Il nous reste à montrer que f est toujours finie. Soit x ∈ R. Si x < 0, alors un (x) = 0 pour tout n donc
f (x) = 0. Six > 0, il existe
n ∈ N tel que n ≤ x < n + 1. Alors, pour tout m 6= n, on a x ∈ / [m, m + 1[
et donc x ∈/ m, m + m13 d’où um (x) = 0. Ainsi f (x) = un (x) ∈ [0, ∞[.
4
3.
2. En déduire que R 1A dλ = 0.
R
3. Montrer que R 1N dλ = R 1Z dλ = R 1Q dλ = 0.
R R R
Correction 6.
1. Soit x ∈ R. Si x ∈ A, donc il existe un unique i0 ∈ N tel que x = xi0 . Pour tout k ≥ i0 , on a
k
1{xn } (x) = 1 = 1A (x),
X
sk (x) =
n=0
on vient de montrer que la suite (sk (x))k∈N converge vers 1A (x). Par contre, si x ∈
/ A, on a x 6= xn
pour tout n ∈ N et donc
k
1{xn } (x) = 0 = 1A (x),
X
sk (x) =
n=0
pour tout k ∈ N. C’est-à-dire (sk (x))k∈N converge vers 1A (x). Donc la série de fonctions 1{xn }
P
n≥0
converge simplement vers la fonction 1A .
2. En utilisant le théorème de convergence monotone (pour une série de fonctions positives), on a
Z XZ
1A dλ = 1{xn } dλ =
X
0 = 0.
R n≥0 R n≥0
5
3. On sait bien que N, Z et Q sont des parties dénombrables de R. En utilisant l’item précédent, on a
que Z Z Z
1N dλ = 1Z dλ = 1Q dλ = 0
R R R
4. Prenez la suite de fonctions (gn := n1Q ). On remarque que c’est une suite croissante de fonctions
(mesurables) positives. En outre, cette suite converge simplement vers la fonction g. Donc, en utilisant
le théorème de convergence monotone et le fait que l’intégrale de Lebesgue est positivement linéaire,
on a Z Z Z Z
g dλ = lim gn dλ = lim n1Q dλ = lim n 1Q dλ = lim n · 0 = 0.
R n→+∞ R n→+∞ R n→+∞ R n→+∞
2
2. Calculer xe−x dλ, e−|x| dλ et xe−x dλ. (Pourquoi ces intégrales ont-elles un sens ?)
R R R
[0,+∞[ R [0,+∞[
Correction 7.
1. (a) La fonction f est toujours continue sur le segment [ n1 , 1], donc on va calculer l’intégrale de fn en
utilisant la coïncidence des intégrales de Riemann et de Lebesgue pour les fonctions continues sur
des segments.
Isolons d’emblée le cas α = −1, pour lequel les primitives de x 7→ xα ont une forme particulière,
x 7→ ln(x) + C. Dans ce cas, on a
Z Z 1
fn dλ = xα dx = − ln(1/n) = ln(n).
1
]0,1] n
Si α 6= −1, alors la convergence est déterminée par le signe de 1 + α; il est nécessaire et suffisant
que 1 + α > 0, autrement dit α > −1, pour avoir
1
Z
xα dλ(x) = ,
]0,1] α + 1
6
où la première égalité provient du théorème de convergence monotone et la seconde provient de la
coïncidence des intégrales de Riemann et de Lebesgue pour les fonctions continues sur les segments.
2 2
Les primitives de x 7→ xe−x et x 7→ e−x sont respectivement x 7→ − 12 e−x et x 7→ −e−x , donc pour
tout n ∈ N
1
Z n Z n
−x2 −n2
xe dx = (1 − e ) e−x dx = 1 − e−n .
0 2 0
On en déduit
1
Z Z
2
xe−x dλ(x) = e−|x| dλ(x) = 2,
[0,+∞[ 2 R
où on a utilisé le caractère pair de la fonction x 7→ e−|x| pour se réduire à l’intégrale sur [0, +∞[.
La primitive de la dernière fonction n’est pas si évidente; procédons par intégrations par parties:
Z n Z n
xe dx = [−xe ]0 +
−x −x n
e−x dx = 1 − (n + 1)e−n .
0 0
Remarques si vous connaissez les intégrales impropres de Riemann : La morale de cet exercice
est la suivante : pour des fonctions continues positives, la définition de l’intégrale impropre de Riemann
est un cas particulier du théorème de convergence monotone, et les intégrales de Lebesgue et de Riemann
coïncident. En effet, si I est un intervalle ouvert et R f : I → R est continue, alors l’intégrale impropre de
+
Riemann f sur I est construite comme une limite f (t)1In (t)dt, où les bornes du segment In tendent vers
celles de I de manière monotone. Autrement dit, on a convergence simple croissante f 1In → f 1RI (puisque
f est positive). Comme f est continue sur le segment In on a naturellement f (t)1In (t)dt = In f dλ, et
R
on peut boucler la boucle: le terme de gauche tend vers l’intégrale impropre de I quand n → +∞, par
définition. Le terme de droite, quant à lui, tend vers l’intégrale de Lebesgue de f sur I, par le théorème de
convergence monotone.
En particulier, les critères d’intégrabilité de Riemann des fonctions continues positives peuvent s’appliquer
(en les citant précisément), à l’intégrale de Lebesgue. On pourra en particulier utiliser les critères de Riemann
et de Bertrand au voisinage d’un point fini ou infini pour démontrer que des fonctions sont intégrables au
sens de Lebesgue (ne pas oublier de préciser que vous êtes dans un cadre où ces critères s’appliquent).
Remarquons que cette coïncidence n’a lieu que pour les fonctions positives; il existe des fonctions dont
l’intégrale de Riemann est convergente par des effets d’oscillation (comme l’intégrale de la fonction sinus
cardinal sur R, qui converge par le critère spécial des séries alternées), mais dont la valeur absolue n’a
pas d’intégrale de Riemann convergente. Plusieurs dénominations coexistent pour ce phénomène: on parle
d’intégrale semi-convergente mais pas convergente, ou bien de fonction intégrable mais pas absolument
intégrable. Pour ces fonctions, l’intégrale de Lebesgue n’est pas définie.
Rappelons également que les techniques usuelles de calcul intégral, notamment l’intégration par parties,
concernent des intégrales de Riemann sur des segments. Lorsqu’on veut les utiliser pour des intégrales
impropres, il faut toujours expliciter ces intégrales comme des limites d’intégrales sur des segments.
Exercice 8. Vrai ou faux (justifier en donnant une preuve ou un contre-exemple) ?
1. Si la suite de fonctions mesurables (fn )n∈N∗ où fn : R → [0, ∞[ est croissante alors elle converge
simplement vers une fonction f : R → [0, ∞[.
2. Soit (fn )n∈N∗ une suite de fonctions intégrables de R de R. Si (fn )n∈N∗ converge simplement vers f ,
alors f est intégrable.
3. Soit f : R → C et g : R → C intégrables. Alors f − g est intégrable.
4. Soit f : ]0, 1] → C et g : ]0, 1] → C intégrables. Alors f g est intégrable.
7
5. Soit f : [0, 1] → R une fonction mesurable continue. Alors f est intégrable.
6. Soit f : [0, +∞[ → R une fonction mesurable continue. Alors f est intégrable.
7. Soit f : [0, +∞[ → R une fonction intégrable, alors f est bornée.
8. Soit f : [0, +∞[ → R une fonction mesurable bornée, alors f est intégrable.
1. Faux La suite de fonctions réelles (fn : x 7→ n)n∈N de fonctions constantes vérifie toutes les hypothèses
mais la limite (au sens du théorème de convergence monotone) est f : x 7→ +∞.
2. Faux L’exercice précédent fournit le contre-exemple fn : x 7→ 1[ 1 ,1] x1 , une suite de fonctions
n n∈N∗
réelles intégrables qui converge simplement vers x 7→ 1]0,1] x1 , non-intégrable.
3. Vrai L’ensemble des fonctions intégrables sur le corps C est un C-espace vectoriel, par linéarité de
l’intégrale et l’inégalité triangulaire.
1
4. Faux On peut prendre f = g : x 7→ x− 2 .
5. Vrai Un théorème du cours affirme que, non seulement les fonctions continues sur des segments sont
Lebesgue-intégrables, mais leur intégrale de Lebesgue coïncide avec leur intégrale de Riemann.
6. Faux Un contre-exemple est donné par f : x 7→ 1.
8
−t
6. u : ]0, +∞[ → R définie par u(t) = e√
t
.
Correction 9. D’abord, on fait la remarque que toutes les fonctions considérées ci-dessous sont mesurables.
D’après la définition, il reste à vérifier si elles (ou le cas écheant leur module) sont d’intégrale finie.
1. Intégrable. L’exponentielle et la racine carrée sont toutes les deux des fonctions positives
√ sur le
domaine considéré donc f est positive. Pour tout t ∈ [1, ∞[, on note que, puisque t ≥ 1, on a
−t
e√
t
≤ e−t . Or t 7→ e−t est intégrable sur [1, ∞[ (c’est une intégrale de référence). Donc f est
intégrable.
2. Intégrable. Puisque g est à valeurs dans C, on vérifie que |g| est intégrale. Or, pour tout t ≥ 1,
2 2
on a |g(t)| = e−t et t →
7 e−t est intégrable sur [1, ∞[ (c’est une intégrale de référence). Donc g est
intégrable.
3. Non-intégrable. On note d’abord que pour tout t ≥ 1, on a :
1
1 + t2 ≤ 2t2 =⇒ √ ≤ h(t) (3)
t 2
Or t 7→ 1
t n’est pas intégrable sur [1, ∞[ (c’est une intégrale de référence). Donc h n’est pas intégrable.
4. Intégrable. Pour tout t ≥ 1, on a la borne :
1
1 + t4 ≥ t4 =⇒ 0 ≤ k(t) ≤ (4)
t2
Or t 7→ 1
t2 est intégrable sur [1, ∞[ (c’est une intégrale de référence). Donc k est intégrable.
5. Intégrable. Par parité de l, il suffit de montrer l’intégrabilité sur [0, ∞[. On a déjà montré l’intégrabilité
sur [1, ∞[. Pour tout t ∈ [0, 1], on a |l(t)| ≤ 1 et t 7→ 1 est intégrable sur le segment [0, 1] donc l est
intégrable sur [0, 1] donc sur [0, ∞[ et donc sur R.
6. Intégrable. On a déjà montré l’intégrabilité de u sur [1, ∞[. Pour tout t ∈ ]0, 1], on a e−t ≤ 1 et donc
1
0 ≤ u(t) ≤ √ .
t
Comme t 7→ √1t est intégrable sur ]0, 1] (c’est une intégrale de référence), u est intégrable sur ]0, 1].
Donc u est intégrable sur ]0, ∞[
k(x)
Exercice 10. (Intégrabilité). Soit k : [1, +∞[ → R∗ une fonction mesurable bornée. Les fonctions x 7→ 1+x2
et x 7→ k(x)
1
2 sont-elles intégrables sur [1, +∞[ ?
Correction 10. Comme k est bornée, il existe M ∈ R telle que pour tout x ∈ [1, +∞[, on ait |k(x)| ≤ M .
Ainsi, pour tout x ∈ [1, +∞[, on a
k(x) M
≤ 2
1+x 2 x
k(x)
Or x 7→ x12 est intégrable sur [1, ∞[ (c’est une intégrale de référence). Donc x 7→ 1+x2 est intégrable sur
[1, +∞[. En outre, pour tout x ∈ [1, +∞[, on a
1 1
≥ 2
k(x)2 M
Or la fonction constante x 7→ M12 n’est pas intégrable sur l’intervalle non borné [1, ∞[ . Donc x 7→ 1
k(x)2
n’est pas intégrable sur [1, +∞[.
9
Exercice 11. (Lemme de Fatou). On considère la suite de fonctions (fn )n∈N∗ où fn : R → R est définie par
si 0 ≤ x ≤ n
x
n2
fn (x) = 2n−x
n2 si n < x ≤ 2n
0 si x > 2n ou x < 0
f1
1
1
f2
2
1
f3
3
x
1 2 3 4 5 6
2. Fixons n ∈ N. Soit x ∈ R. Si 0 ≤ x ≤ n, alors |fn (x)| = nx2 ≤ nn2 = n1 . Si n < x ≤ 2n, alors
|fn (x)| = 2n−x
n2 ≤ nn2 = n1 . Si x > 2n ou x < 0, alors |fn (x)| = 0 < n1 . C’est-à-dire, pour tout x ∈ R,
on a toujours
1
|fn (x)| ≤ .
n
Cela implique que la suite (fn ) converge uniformement vers la fonction nulle.
3. Soit n ≥ 1, car la fonction fn est continue donc réglée dans le segment [0, 2n], alors on a
2n
1 1
Z Z Z Z Z Z
fn dλ = fn dλ + fn dλ + fn dλ = fn dλ = fn (x)dx = · 2n · = 1.
R ]−∞,0[ [0,2n] ]2n,+∞[ [0,2n] 0 2 n
4. Le lemme de Fatou nous dit que si (hn ) est une suite de R fonctions mesurables positives qui converge
simplement vers une fonction h et la suite des intégrales R hn dλ converge dans [0, ∞], alors la fonction
h est mesurable positive et on a l’inégalité
Z Z
lim hn dλ ≤ lim hn dλ.
R n→+∞ n→+∞ R
Dans cet exercice, on voit un exemple d’une suite de fonctions mesurables positives qui converge
uniformement vers la fonction nulle pour lequel l’inégalité est stricte,
Z Z
lim fn dλ = 0 < 1 = lim fn dλ.
R n→+∞ n→+∞ R
10
Exercice 12. (Propriétés d’invariance de l’intégrale).
1. Soit T > 0 et soit f : R → R une fonction mesurable et T -périodique. Montrer que pour tout m ∈ Z,
on a Z Z
f (x)dλ(x) = f (x)dλ(x).
[0,T [ [mT,(m+1)T [
Z Z
f (x)dλ(x) = m f (x)dλ(x).
[0,mT [ [0,T [
Z Z
1[0,1[ (x)g(x)dλ(x) = n 1[0, n1 [ (x)g(nx)dλ(x)
R R
puis que Z Z
g(x)dλ(x) = g(nx)dλ(x).
[0,1[ [0,1[
Interpéter.
Correction 12. 1. Puisque f est T -périodique, par définition on a pour tout x ∈ R et tout m ∈ Z:
f (x) = f (x + mT ) (5)
L’égalité recherchée en suit puisque sur chaque [kT, (k + 1)T [ les intégrales de f coincident.
2. (a) L’égalité des deux indicatrices est une conséquence du fait que pour tout n ∈ N∗ , nx ∈ [0, 1[ si et
seulement si x ∈ [0, n1 [.
11
(b) Soit n ∈ N∗ , l’invariance par homothéties de l’intégrale de Lebesgue implique que:
Z Z
1[0,1[ (x)g(x)dλ(x) = n 1[0,1[ (nx)g(nx)dλ(x) (11)
R R
où l’on a considéré l’homothétie x 7→ nx. Par l’égalité entre les indicatrices du point précédent, a
donc: Z Z
1[0,1[ (x)g(x)dλ(x) = n 1[0, 1 [ (x)g(nx)dλ(x)
n
R R
Finalement, g(nx) est aussi une fonction n1 -périodique. En appliquant la formule trouvé à la
première partie de l’exercice avec f (x) = g(nx) et T = n1 , on a que :
Z Z Z
n 1[0, 1 [ (x)g(nx)dλ(x) = n g(nx)dλ(x) = g(nx)dλ(x)
n 1
R [0, n [ [0,1[
d’où: Z Z
g(x)dλ(x) = g(nx)dλ(x).
[0,1[ [0,1[
Ce résultat peut s’interpréter de la manière suivante. Si g est une fonction 1-périodique et que l’on
contracte le graphe de g sur une période d’un facteur n selon l’axe des abscisses, l’aire en dessous
de la courbe doit aussi diminuer d’un facteur n, par homogénéité. Si on regarde n périodes,
l’aire en dessous de la courbe reste donc inchangée, puisque les motifs sont les mêmes sur chaque
période.
12