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Chapitre 3

Fonctions d’une variable réelle :


Limites et Continuité

Sommaire
3.1 Généralités sur les fonctions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31
3.1.1 Opération sur les fonctions réelles : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31
3.1.2 Parité, imparité, périodicité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32
3.1.3 Majorant, minorant, extremum . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33
3.1.4 Fonctions monotones . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34
3.2 Limite d’une fonction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34

©EL ACHAB
3.2.1 Notion de voisinage et de points adhérents. . . . . . . . . . . . . . . . . 34
3.2.2 Notion de limite . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36
3.2.3 Limite à gauche, limite à droite . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 38
3.2.4 Caractérisation de la limite par les suites . . . . . . . . . . . . . . . . . 39
3.2.5 Opérations sur les limites . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40
3.2.6 Limites et inégalités . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41
3.2.7 Limites des fonctions monotones . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 42
3.3 Fonctions continues . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 43
3.3.1 Opérations sur les fonctions continues . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 44
3.4 Les grandes théorèmes sur les fonctions continues . . . . . . . . . . . 45
3.4.1 Théorème des valeurs intermédiaires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45
3.4.2 Le théorème des bornes atteintes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 46
3.4.3 Continuité uniforme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 47
3.4.4 Théorème de Heine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 48
3.5 Théorème des bijections . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 48
3.5.1 Rappels : injection, surjection, bijection . . . . . . . . . . . . . . . . . . 48
3.5.2 Théorème de la bijection . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 49
3.5.3 Fonctions réciproques des fonctions usuelles . . . . . . . . . . . . . . . . 50
3.5.4 La fonction Arcsinus . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 50
3.5.5 La fonction Arccosinus . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 51
3.5.6 La fonction Arctangente . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 52

30
Analyse I 3.1 Généralités sur les fonctions

3.1 Généralités sur les fonctions

Définition 3.1. Une fonction d’une variable réelle à valeurs réelles est une application f :
D → R, où D est une partie de R (i.e : si à tout élément de D est associé un seul élément de
R). On appelle domaine de définition de f l’ensemble

Df = {x ∈ D tels que f (x) existe}

Si x ∈ Df et si y = f (x), on dit que :


• y est l’image de x par f ,
• x est un antécédent de y par f (pas forcéement unique).

• f (D) = y ∈ R, ∃x ∈ D; y = f (x) est l’ensemble des valeurs de cette fonction, appelé
ensemble image de f , et noté Imf.
On appelle graphe d’une 
fonction le lieu géométrique des points M (x, y) ou x ∈ D et
y = f (x) et on écrit Gf = (x, Y ), x ∈ D, y = f (x) .

L’ensemble des fonctions numériques définie sur un ensemble D sera noté par F(D; R).

Exemple. p
Soit f la fonction définie par f (x) = (x − 1)(x + 2). Alors f (x) n’a de sens que si (x −

©EL ACHAB
1)(x + 2) ≥ 0. Un tableau de signe nous informe que c’est le cas si et seulement si x ∈
] − ∞, −2] ∪ [1, +∞[. Donc le domaine de définition de f est Df =] − ∞, −2] ∪ [1, +∞[.

Définition 3.2. Si f est une fonction définie sur D, et si A ⊂ D est une partie de D, on
appelle restriction de f à A et on note f|A la fonction dont l’ensemble de définition est A
f : A→R
et définie par |A .
x 7→ f (x) = y
Autrement dit, f|A prend les mêmes valeurs que f , mais n’est définie que sur A.

Exemple.
La fonction sin n’est ni croissante ni décroissante sur R.
En revanche, la fonction sin|[0, π2 ] est croissante, car sa dérivée, qui est cos|[0, π2 ] : x 7−→ cos x
est positive sur [0, π2 ].

3.1.1 Opération sur les fonctions réelles :

On définit sur l’ensemble F (D, R) deux lois internes la somme et le produit :

©A. EL ACHAB 31
3.1 Généralités sur les fonctions Analyse I

Définition 3.3. Soient D un ensemble, f, g ∈ F (D, R) et α ∈ R. On définit :


• f + g ∈ F (D, R) par : ∀x ∈ D,

(f + g) (x) = f (x) + g (x)

• f · g ∈ F (D, R) par : ∀x ∈ D,

(f · g) (x) = f (x) · g (x)

• αf ∈ F (D, R) par : ∀x ∈ D,
(αf ) (x) = αf (x)
1
• Lorsque ∀x ∈ D, f (x) 6= 0, on note la fonction de D dans R définie par : ∀x ∈ D,
f
 
1 1
(x) =
f f (x)

• Soit h ∈ F (Dh , R) avec f (D) ⊂ Dh . On définit la fonction composé h ◦ f sur D par


(h ◦ f )(x) = h(f (x))

Exemple.
f : R→R h : R+ → R
Soient et √ . Alors h ◦ f est bien définie et pour tout
x 7→ x2 + 1 x 7→ x

x ∈ R, h ◦ f (x) = x2 + 1.

3.1.2 ©EL ACHAB


Parité, imparité, périodicité
Définition 3.4. Un ensemble D ⊂ R est symétrique si ∀x ∈ D, −x ∈ D.

Exemple.
◮ R =] − ∞, +∞[, [−2, 2] et ] − ∞, −1[∪]1, +∞[ sont symétriques.
◮ En revanche, R+ ne l’est pas car 1 ∈ R+ mais −1 ∈
/ R+ .

Définition 3.5. Soit f une fonction définie sur un ensemble symétrique D ⊂ R. On dit que
f est :
◮ paire si : ∀x ∈ D f (−x) = f (x).
◮ impaire si : ∀x ∈ D f (−x) = −f (x).
◮ T -périodique (T > 0) si :
• ∀x ∈ D, x + T ∈ D et x − T ∈ D.
• ∀x ∈ D, f (x + T ) = f (x).
On dit alors que T est une période de f.

Exemples.
• La fonction définie sur R par x 7→ x2 est paire.
• La fonction définie sur R par x 7→ x3 est impaire.
• La fonction cos : R → R est paire. La fonction sin : R → R est impaire.
• Les fonctions sinus et cosinus sont 2π-périodiques.
• La fonction x 7→ x − E(x) est 1-périodique.

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Analyse I 3.1 Généralités sur les fonctions

3.1.3 Majorant, minorant, extremum


Définition 3.6. Soit f une fonction définie sur D. On dit que f est :
• majorée si ∃M ∈ R ∀x ∈ D f (x) ≤ M ;
• minorée si ∃m ∈ R ∀x ∈ D f (x) ≥ m ;
• f est bornée si f est à la fois majorée et minorée sur D, c’est-à -dire si ∃M ∈ R ∀x ∈
D |f (x)| ≤ M .

Exemples.
• Les applications sinus et cosinus sont bornées sur R car
∀x ∈ R, −1 ≤ sin(x) ≤ 1 et ∀x ∈ R, −1 ≤ cos(x) ≤ 1
• L’application x ∈ R 7−→ ex est minorée et sa borne inférieure est 0. Elle n’est pas
majorée car quel que soit le réel M, le réel x = ln(1+ |M |) est tel que ex = |M |+ 1 >
M

Proposition 3.1. Soit f : D 7→ R. Alors f est majorée (resp. minorée, bornée) si et


seulement si Imf = f (D) est une partie majorée (resp. minorée, bornée) de R.

Si une fonction f est majorée alors l’ensemble f (D) admet une borne supérieure M qu’on
appellera borne supérieure de la fonction f . On note M = sup f (x)
x∈D
De même, Si une fonction f est minorée alors l’ensemble f (D) admet une borne inférieure m
qu’on appellera borne inférieure de la fonction f . On note m = inf f (x)
x∈D
On notera, en vertu du théorème de la borne sup / inf . (voir chapitre 1), que

©EL ACHAB
(
∀x ∈ D, f (x) 6 M
M = sup f (x) < +∞ ⇔
x∈D ∀ǫ > 0, ∃x0 ∈ D/M − ǫ < f (x0 ) ≤ M
• (
∀x ∈ D, f (x) > m
m = inf f (x) < +∞ ⇔
x∈D ∀ǫ > 0, ∃x0 ∈ D/m ≤ f (x0 ) < m + ǫ

Remarque.
Une fonction définie sur un intervalle borné n’est pas forcément bornée. C’est le cas par
exemple de la fonction définie sur [0; 1] par f (0) = 1 et f (x) = x1 si x ∈]0; 1]

Définition 3.7. Soit f : D → R une fonction et soit x0 ∈ D. On dit que f


• un maximum en x0 si ∀x ∈ D f (x) ≤ f (x0 ) Le réel f (x0 ) est alors appelé le maximum
de f et on note alors f (x0 ) = maxf (x) ou f (x0 ) = maxf.
x∈D D
• un minimum en x0 si ∀x ∈ D f (x) ≥ f (x0 ) Le réel f (x0 ) est alors appelé le minimum
de f et on note alors f (x0 ) = minf (x) ou f (x0 ) = minf.
x∈D D
• un extremum en x0 si f possède soit un maximum, soit un minimum en x0 .

Remarques.
◮ De manière générale, un maximum ou un minimum, s’il existe, est unique (Il y a une
seule valeur plus grande que les autres.), mais peut être atteint en plusieurs points.
◮ Si f possède un maximum, alors elle est majorée, et f (x0 ) est un majorant de x0 .
◮ Une fonction majorée/minorée n’admet pas forcément de maximum/minimum. Par
exemple f : x 7→ ex est minorée par 0 (car pour tout ∀x ∈ R f (x) ≥ 0), mais elle
n’admet pas de minimum.

©A. EL ACHAB 33
3.2 Limite d’une fonction Analyse I

En effet, elle est strictement croissante, et donc si elle admettait un minimum en a, alors
on aurait, pour tout x < x0 , f (x0 ) < f (x) contredisant la définition d’un minimum.

3.1.4 Fonctions monotones


Définition 3.8. Soit f une fonction définie sur un ensemble D. On dit que f est :
◮ croissante (resp. décroissante) sur D si ∀x1 , x2 ∈ D : x1 ≤ x2 ⇒ f (x1 ) ≤ f (x2 ) (resp.
f (x1 ) ≥ f (x2 ))
Si les inégalités sont strictes on a la croissance et la décroissance strictes.
◮ monotone si elle est croissante ou décroissante.
Une fonction strictement monotone est une fonction strictement croissante ou strictement
décroissante.

Remarques.
◮ Une fonction peut n’être ni croissante ni décroissante. Par exemple, la fonction x 7→ cos x
n’est ni croissante ni décroissante sur R. Mais elle est décroissante sur [0, π] et croissante
sur [π, 2π].
◮ La fonction f définie sur R∗ par f (x) = x1 est décroissante sur ] − ∞, 0[, elle est
décroissante sur ]0, +∞[, mais n’est pas décroissante sur R∗ , car −1 < 1 et pourtant
f (−1) < f (1).

3.2 Limite d’une fonction


3.2.1
©EL ACHAB
Notion de voisinage et de points adhérents.
Définition 3.9 (Voisinage d’un point). Soit V un sous ensemble de R. V est appelé :
• voisinage du réel x0 si il existe ǫ > 0 tel que ]x0 − ǫ, x0 + ǫ[ ⊂ V.
• voisinage de +∞ si il existe A > 0 tel que ]A, +∞[ ⊂ V.
• voisinage de −∞ si et seulement si il existe B < 0 tel que ]−∞, B[ ⊂ V.
• voisinage à droite (resp. à gauche) du réel x0 si ǫ > 0 tel que [x0 , x0 + ǫ[⊂ V (resp.
]x0 − ǫ, x0 ] ⊂ V ).
On note V (x0 ) l’ensemble des voisinages du point x0 .

Remarques.
• Étant donné ǫ > 0, l’intervalle ]x0 − ǫ, x0 + ǫ[ est un voisinage particulier de x0 . De
même les intervalles ]A, +∞[ (resp. ]−∞, B[) sont des voisinages particuliers de +∞
(resp. −∞).
• Si x0 ∈ R et V ∈ V (x0 ), alors x0 ∈ V.
• Toute partie contenant un voisinage de x0 est encore un voisinage de x0 :
Si V ∈ V (x0 ) et V ⊂ W , alors W ∈ V (x0 ).
• Une réunion quelconque de voisinages de x0 est également voisinage de x0 .
• Une intersection finie de voisinages de x0 reste un voisinage de x0 .
• Si x0 6= x1 , alors il existe V ∈ V (x0 ) et W ∈ V (x1 ) tels que V ∩ W = ∅.

Piège ! Une intersection


 infinie de voisinages peut ne pas être un voisinage.
\ 1 1
En effet, − , = {0} ∈/ V (0).
n>1
n n

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Analyse I 3.2 Limite d’une fonction

Exemples.  
1 1 1 1 1
• [0, 1[ est un voisinage de dans R car − , + ⊂ [0, 1[. Par contre, [0, 1[
2 2 4 2 4
n’est pas un voisinage de 0 dans R car ∀ε > 0, [−ε, ε] contient des réels strictement
négatifs donc n’est pas inclus dans [0, 1[.
• Un intervalle ouvert est un voisinage de chacun de ses points.
En effet,
 soient a, b∈ R tels que a < b et c ∈ ]a, b[. Posons α = min (c − a, b − c),
α α
alors c − , c + est inclus dans ]a, b[.
2 2

Définition 3.10. Soit I ⊂ R.


1. On dit que x0 ∈ R est intérieur à I si I est voisinage de x0 . L’ensemble des points

intérieurs à I est l’intérieur de I et se note Int I ou I.
2. On dit que x0 ∈ R est adhérent à I si tout voisinage de x0 de R contient au moins un
élément de I, c’est-à-dire si pour tout voisinage V de x0 , V ∩ I 6= ∅. L’ensemble des
points adhérents à I est l’adhérence de I et se note I.
En Particulier : ∀ǫ > 0, ]x0 − ǫ, x0 + ǫ[ ∩ I 6= ∅.

Remarques.
• Tout point de I est adhérent à I, c’est-à-dire que I ⊂ I. En général, I est plus grand
que I.
En effet, comme pour tout x0 ∈ I et tout ǫ > 0, on a x0 ∈ ]x0 − ǫ, x0 + ǫ[ ∩ I 6= ∅,
on déduit que tout point de I est adhérent à I.

©EL ACHAB
• Si I est un intervalle, alors les points adhérents à I sont les points de I, plus ses
éventuelles bornes, qu’elles soient ou non dans I.
Par exemple, +∞ est adhérent à [2, +∞[ et −1 et 3 sont adhérents à ] − 1, 3[ et à
[−1, 3[.
−1 n’est pas adhérent à [0, 1], puisque ] − 32 , − 12 [ est un voisinage de −1 disjoint de
[0, 1].
• Si I est majorée, alors sup I ∈ I.
• Si I est minorée, alors inf I ∈ I.

Exemples.
• [a, b] = [a, b], ]a, b[ = [a, b] et ]a, c[ ∪ ]c, b[ = [a, b].

Définition 3.11 (Propriété vraie au voisinage d’un point). Soient f une fonction définie sur
une partie I de R et x0 ∈ I.
• On dit que la fonction f est définie au voisinage du point x0 si et seulement s’il existe
un voisinage V de x0 telle que V ⊂ I.
• On dit que f vérifie la propriété P au voisinage du point x0 s’il existe un voisinage V
de x0 tel que f vérifie la propriété P sur V ∩ I.

Exemples.
• La fonction ln est strictement positive au voisinage de +∞. En effet, ]1, +∞[ est un
voisinage de +∞ sur lequel ln est positive.
• La fonction exponentielle est bornée au voisinage de −∞, par exemple car ∀x ∈
] − ∞, 0], |ex | ≤ 1.

©A. EL ACHAB 35
3.2 Limite d’une fonction Analyse I

Proposition 3.2. Si (un )est une suite réelle qui converge vers un réel l, alors l est adhérent
à l’ensemble A = {un | n ∈ N}.

Démonstration. Par définition de la limite d’une suite, on a :

∀ǫ > 0, ∃n0 ∈ N| ∀n ≥ n0 , un ∈]l − ǫ, l + ǫ[∩A,

et en conséquence, l est adhérent à A.


On peut donner la caractérisation séquentielle suivante de la notion de point adhérent. Cette
caractérisation est souvent utilisée.

Théorème 3.1 (Caractérisation séquentielle de l’adhérence). Un réel l est adhérent à A


(l ∈ A) si, et seulement si, il existe une suite (un ) de points de A qui converge vers l.

©EL ACHAB
Démonstration. Si l est adhérent à A, pour tout entier n ≥ 1 l’ensemble ]l − n1 , l + n1 [∩A est
non vide, il existe donc un réel un ∈ A tel que |un − l| < n1 et faisant tendre n vers l’infini, on
déduit que un → l
Réciproquement sil est limite d’une suite (un ) de points de A, on a alors : l ∈ {un | n ∈ N} ⊂ A.

3.2.2 Notion de limite

Dans tout le reste de ce chapitre I désignera un intervalle de R non vide et non réduit à un
point. On notera :

• I = I\ {extrémités de I} (l’intérieure de I)
• I = I ∪ {extrémités de I} .

Définition 3.12. Soit f : I −→ R, soit x0 ∈ R adhérent à I et soit l ∈ R. On dit que f (x)


tend vers l lorsque x tend vers x0 et on écrit f (x) −→ l si :
x→x0

∀V ∈ V (l) , ∃U ∈ V (x0 ) /f (U ∩ I) ⊂ V

La définition précédente, englobe en fait 9 cas différents selon que x0 ou l est un réel, +∞ ou
−∞. Les définitions plus précises qui suivent sont obtenues en particularisant les voisinages selon
ces cas.

36 TC-MIP (2023-2024) F.S.S.M. Marrakech


Analyse I 3.2 Limite d’une fonction

1. l ∈ R, x0 ∈ R.

f (x) −→ l ⇔ ∀ε > 0, ∃α > 0/∀x ∈ I, |x − x0 | 6 α ⇒ |f (x) − l| 6 ε


x→x0

|f (x) − ℓ| ≤ ε

ℓ b

x ∈ I ∩ [x0 − α; x0 + α]
b

x0 lim f (x) = ℓ
x→x0

2. l ∈ R, x0 = +∞.

f (x) −→ l ⇔ ∀ε > 0, ∃M > 0/∀x ∈ I, x > M ⇒ |f (x) − l| 6 ε


x→+∞

3. l ∈ R, x0 = −∞.

f (x) −→ l ⇔ ∀ε > 0, ∃M < 0/∀x ∈ I, x 6 M ⇒ |f (x) − l| 6 ε


x→+−∞

4. x0 ∈ R, l = +∞.

f (x) −→ +∞ ⇔ ∀M > 0, ∃α > 0/∀x ∈ I, |x − x0 | 6 α ⇒ f (x) > M


x→x0

5. x0 ∈ R, l = −∞.

©EL ACHAB
f (x) −→ −∞ ⇔ ∀M < 0, ∃α > 0/∀x ∈ I, |x − x0 | 6 α ⇒ f (x) 6 M
x→x0

6. x0 = +∞, l = +∞.

f (x) −→ +∞ ⇔ ∀M > 0, ∃A > 0/∀x ∈ I, x > A ⇒ f (x) > M


x→x0

7. x0 = −∞, l = +∞.

f (x) −→ +∞ ⇔ ∀M > 0, ∃A < 0/∀x ∈ I, x 6 A ⇒ f (x) > M


x→x0

8. x0 = −∞, l = −∞.

f (x) −→ −∞ ⇔ ∀M < 0, ∃A < 0/∀x ∈ I, x 6 A ⇒ f (x) 6 M


x→x0

9. x0 = +∞, l = −∞.

f (x) −→ −∞ ⇔ ∀M < 0, ∃A < 0/∀x ∈ I, x 6 A ⇒ f (x) 6 M


x→x0

Exemples.
p
• Soit f (x) = x2 , montrons que lim x2 = +∞ : soit M ∈ R, posons A = |M |, si
x→+∞
x > A alors x2 > A2 = |M | ≥ M donc f (x) > M.
• f (x) = x2 et soit x0 ∈ R, montrons que lim x2 = x20 : soit ǫ > 0, |x2 − x20 | =
x→x0
|x − x0 ||x + x0 |, si |x − x0 | < α, alors |x2 − x20 | < α(α + 2|x0 |), si on prend α =

©A. EL ACHAB 37
3.2 Limite d’une fonction Analyse I

min(1; (1+2|x
ǫ
0 |)
), alors α(α + 2|x0 |) ≤ α(1 + 2|x0 |) ≤ ǫ, donc ∀x ∈ R, |x − x0 | < α ⇒
2 2
|x − x0 | < ǫ.

Remarques.
• Si lim f = l alors lim | f |=| l |, mais la réciproque est fausse sauf pour l = 0.
x→x0 x→x0
• Lorsque l ∈ R, lim f (x) = l ⇔ lim (f (x) − l) = 0 ⇔ lim | f (x) − l |= 0.
x→x0 x→x0 x→x0

Propriétés 3.2. Soit f : I −→ R et soit x0 ∈ I.


1. Si f admet une limite en x0 , alors celle - ci est unique.
2. Si f admet une limite finie en x0 , alors f est bornée au voisinage de x0 (réciproque
fausse).
3. Supposons que f (x) −→ l avec f : I −→ R. Soient α, β ∈ R tels que α < l < β. Alors,
x→x0
au voisinage de x0 , α 6 f (x) 6 β.
En effet, [α, β] ∈ V (l).

Preuve. Pour les deux premiers points, la preuve est tout à fait analogue à celle faite pour les
suites.

3.2.3 Limite à gauche, limite à droite


Définition 3.13. Soit f : I −→ R, et soit x0 ∈ R adhérent à I.
On dit que f est définie à gauche au voisinage de x0 si x0 est adhérent à I ∩ ]−∞, x0 [ .
C’est-à-dire si pour tout voisinage V de x0 , V ∩ I ∩ ]−∞, x0 [ 6= ∅.

©EL ACHAB
De même, f est définie à droite au voisinage de x0 si x0 est adhérent à I ∩ ]x0 , +∞[ .

Définition 3.14. Soit f : I −→ R, soit x0 ∈ R adhérent à I au voisinage duquel f est définie


à gauche et soit l ∈ R.
On dit que f tend vers l lorsque x tend vers x0 par la gauche et on note lim f (x) = l si
x→x−
0
f|I∩]−∞,x0[ −→ l.
x→x0
Autrement dit :
◮ si l ∈ R : ∀ǫ > 0 ∃δ > 0 x0 − δ < x < x0 =⇒ |f (x) − ℓ| < ǫ.
◮ si l = +∞ : ∀A ∈ R ∃δ > 0 x0 − δ < x < x0 =⇒ f (x) > A.
◮ si l = −∞ : ∀B ∈ R ∃δ > 0 x0 − δ < x < x0 =⇒ f (x) < B.
De même, on dit que f (x) tend à droite vers l en x0 et on note lim f (x) = l si
x→x+
0
f|I∩]x0 ,+∞[ −→ l.
x→x0

Remarque.
La notion de limite à droite/gauche n’a aucun intérêt pour x0 = ±∞, puisqu’on ne peut
tendre vers +∞ que par la droite, et vers −∞ que par la gauche.

L’énoncé suivant précise les liens existants entre les limites latérales et bilatérales.
Proposition 3.3. Soit f : I −→ R et soit x0 ∈ R adhérent à I au voisinage duquel f est
définie à gauche et à droite. Alors :
1. si x0 ∈ I, lim f (x) = l ∈ R si et seulement si lim f (x) = lim− f (x) = l et f (x0 ) = l
x→x0 x→x+
0 x→x0

/ I, lim f (x) = l ∈ R si et seulement si lim f (x) = lim f (x) = l.


2. si x0 ∈
x→x0 x→x+
0 x→x−
0

38 TC-MIP (2023-2024) F.S.S.M. Marrakech


Analyse I 3.2 Limite d’une fonction

Exemples. (
sin( 2x
π
), si x < 1,
• Soit f définie sur R∗+ par f (x) = 1
x2
, si x ≥ 1.
Alors lim− f (x) = lim− sin( 2x
π
= 1, lim f (x) = lim− x12 = 1 et f (1) = 1.
x→1 x→1  x→1+ x→1
 x − 1,
 si x < 0,
• Soit g définie sur R par g(x) = x3 − 1, si x > 0,

 3, si x = 0.
Alors lim f (x) = lim f (x) = −1, mais −1 6= g(0), donc g n’admet pas de limite
x→0− x→1+
en 0.

3.2.4 Caractérisation de la limite par les suites


Le résultat qui suit reformule la limites d’une fonction à l’aide de limites de suites.

Théorème 3.3 (Caractérisation séquentielle des limites). Soit f : I ⊂ R −→ R, x0 ∈ I et


l ∈ R. Alors :

f (x) −→ l ⇔ pour toute suite un d’éléments de I / un −→ x0 =⇒ f (un ) −→ l.


x→x0 n→+∞ n→+∞

Preuve.
⇒ : supposons que f (x) −→ l. Soit ε > 0, il existe α > 0, tel que (x ∈ I, |x − x0 | < α =⇒
x→x0
|f (x) − l| < ε).

©EL ACHAB
Soit (un )une suite d’éléments de I qui converge vers x0 , il existe n0 , tel que ∀n > n0 , |un −
x0 | < α.
Par suite : ∀n > n0 |f (un ) − l| < ε. C’est à dire que la suite (f (un )) converge vers l.
⇐ : Par contraposée, supposons que f ne tend pas vers l en x0 . Il existe, alors, un réel ε positif
tel que pour tout n > 0 , il existe un élément un de I tel que :

1
|un − x0 | < et |f (un ) − l| > ε (∗)
n
La suite (un ) ainsi construite tend vers x0 , donc la suite (f (un )) converge vers l, c’est à
dire que pour tout réel ε > 0, il existe n0 > 0 tel que ∀n > n0 |f (un ) − l| < ε. Mais ceci
contredit (∗).
La démonstration est analogue lorsque x0 tend vers +∞ ou −∞
Application :
Le théorème (3.3) (précédant) est parfois utilisé pour montrer qu’une fonction n’admet pas de
limite en un point x0 .
Pour cela, il suffit de trouver deux suites (un ) et (vn ) d’éléments de I qui admettent x0 comme
limite et telles que (f (un )) et (f (vn )) admettent deux limites distinctes.

Exemple.
La fonction f (x) = sin( x1 ) n’a pas de limite en 0.
1
En effet : Soit alors un = nπ , de sorte que un → 0 et f (un ) → 0.
1
Mais considérons également la suite (vn ) définie par vn = π +2nπ .
2
Alors vn → 0 et f (vn ) = 1 → 1.
Puisque les deux suites (f (un )) et (f (vn )) ont des limites différentes, f n’admet pas de
limite en 0.

©A. EL ACHAB 39
3.2 Limite d’une fonction Analyse I

3.2.5 Opérations sur les limites


Proposition 3.4. Soient f, g : I −→ R admettant des limites l, l′ ∈ R en x0 ∈ I.
1.
f (x) + g (x) −→ l + l′ sauf si l = +∞ et l′ = −∞ (ou l’inverse) : F.I.
x→x0

 lim f (x) = +∞
Si x→x0 ⇒ f (x) + g (x) −→ +∞
g minorée au voisinage de x x→x0
0

2.
f (x) g (x) −→ ll′ sauf si l = 0 et l′ = ±∞ (ou l’inverse) : F.I.
x→x0


 ◮ lim f (x) = +∞
 x→x0
Si ◮ g minorée par une constante ⇒ f (x) g (x) −→ +∞

 x→x0

strictement positive au voisinage de x0
3. Si α ∈ R,
αf (x) −→ αl
x→x0

4.
|f (x)| −→ |l|
x→x0

5. Si f ne s’annule pas au voisinage de x0 alors :


 1

 l, si l ∈ R∗


 0, si l = ±∞
1 

©EL ACHAB
−→ +∞, si l = 0 et f > 0 au voisinage de x0
f (x) x→x0 

 
 −∞, si l = 0 et f < 0 au voisinage de x0

n’existe pas sinon .

Preuve. On va utiliser les opérations sur les limites de suites et la caractérisation séquentielle
de la limite pour étendre ces propriétés aux limites de fonctions.
Montrons (2) : Soit alors (un ) une suite à valeurs dans I, qui tend vers x0 . On a alors f (un ) −→ l
n→+∞
et g (un ) −→ l′ . On sait alors que
n→+∞

f g (un ) −→ ll′ ⇒ f g (x) −→ ll′


n→+∞ x→x0

On procède de même pour les autres points.

Proposition 3.5. Soit f : I −→ R une fonction, soit x0 ∈ I, et soit f : J −→ R une autre


fonction avec f (I) ⊂ J.
Si f (x) −→ b et g (x) −→ l (dans R), alors g ◦ f (x) −→ l.
x→x0 x→b x→x0

Preuve. On utilise le théorème de caractérisation de la limite par les suites pour prouver que

lim g ◦ f (x) = l.
x→x0

Soit (un ) une suite d’élements de I telle que lim un = x0 . Puisque lim f (x) = b, grâce
n→+∞ n→x0
au théorème de caractérisation de la limite par les suites on a lim f (un ) = b. Comme on a
n→+∞
lim g(x) = l., en appliquant à nouveau le théorème à la suite (f (xn )), on obtient lim g◦f (un ) =
x→b n→+∞
l. Il s’ensuit que lim g ◦ f (x) = l.
x→x0

40 TC-MIP (2023-2024) F.S.S.M. Marrakech


Analyse I 3.2 Limite d’une fonction

Exemple.  
x+1
Quid de lim x ln ? Pour x > 0,
x→+∞ x
 
1

x+1
 ln 1 + x
x ln = 1
x x

1 ln (1 + u)
On a u = −→ 0 et −→ 1 donc, par composition,
x x→+∞ u u→0
 
1
ln 1 + x
1 −→ 1
x→+∞
x

3.2.6 Limites et inégalités


Théorème 3.4. Soient f, g : I −→ R et x0 ∈ I, on suppose que ∃V ∈ V (x0 ) /∀x ∈ V ∩ I,
f (x) 6 g (x).
1. Si f et g admettent en x0 des limites l, l′ ∈ R, alors l 6 l′ .
2. Si f (x) −→ +∞, alors g (x) −→ +∞.
x→x0 x→x0
3. Si g (x) −→ −∞, alors f (x) −→ −∞.
x→x0 x→x0

Preuve.

©EL ACHAB
1. Puisque V est un voisinage de x0 il existe une suite (un ) d’éléments de V \{x0 } qui a pour
limite x0 . Fixons une telle suite. D’après le théorème de caractérisation de la limite par
les suites, la suite (f (un )) (resp. (g(un ))) converge vers l (resp. l′ ). Par hypothèse on a,
pour tout n ∈ N, f (un ) ≤ g(un ). Donc d’après le théorème de passage à la limite dans les
inégalités (dans sa version pour les suites) on a lim f (un ) ≤ lim g(un ), et donc l ≤ l′
n→+∞ n→+∞
2. Soit (un ) une suite d’éléments de V \{x0 } telle que lim un = x0 . Puisque lim f (x) =
n→+∞ x→x0
+∞., on a lim f (un ) = +∞.. De plus pour tout n ∈ N, f (un ) ≤ g(un ). Grâce à la
n→+∞
proposition 2.6 du chapitre II, on en déduit que lim g(un ) = +∞.. Par le théorème de
n→+∞
caractérisation de la limite par les suites, il suit que lim g(x) = +∞.
x→x0
3. Pour ce cas, on raisonne sur −f et −g.

Théorème 3.5 (Théorème des gendarmes). Soient f, g, h : I −→ R et x0 ∈ I. On suppose :


1. ∃V ∈ V (x0 ) /∀x ∈ V ∩ I, f (x) 6 g (x) 6 h (x).
2. f (x) −→ l et h (x) −→ l.
x→x0 x→x0
Alors g (x) −→ l.
x→x0

Preuve. Si (un ) ∈ F(N, I) tend vers x0 , alors f (un ) −→ l, et de même h (un ) −→ l.


n→+∞ n→+∞
Et donc, puisque f (un ) ≤ g(un ) ≤ h(un ), par le théorème des gendarmes (version suites),
g (un ) −→ l. Et donc pour toute suite (un ) ∈ F(N, I) de limite x0 , g (un ) −→ l, donc
n→+∞ n→+∞
g (x) −→ l.
x→x0

©A. EL ACHAB 41
3.2 Limite d’une fonction Analyse I

Exemple.  
1
Montrer que lim x sin = 0.
x→0 x
Pour x ∈ R∗ on a„  
1
−x ≤ x sin ≤x
x
 
1
Par le théorème des gendarmes, lim x sin = 0.
x→0 x

Corollaire 4. Soient f : I −→ R et g : I −→ R, l ∈ R et x0 ∈ I. On suppose que au voisinage


de x0 , |f (x) − l| 6 g (x) et g (x) −→ 0. Alors f (x) tend vers l en x0 .
x→x0

3.2.7 Limites des fonctions monotones


Théorème 3.6 (Théorème de la limite monotone). Soit f : ]a, b[ −→ R croissante avec a ∈ R,
b ∈ R et a < b.
1. Si f est majorée, alors f admet une limite finie l ∈ R en b avec l = sup f (]a, b[).
2. Si f n’est pas majorée, alors f (x) −→ +∞.
x→b
3. Si f est minorée, f admet une limite finie en a et lim f (x) = inf f .
x→a ]a,b[

4. Si f n’est pas minorée, f (x) −→ −∞.


x→a

Preuve.
1. On commence par le premier point. On note A = {f (x), x ∈]a, b[}. A est non vide (car

©EL ACHAB
]a, b[6= ∅) et majoré car f est majorée sur ]a, b[. A admet donc une borne supérieure dans R,
on note l = sup(A). Soit ǫ > 0. D’après la première caractérisation de la borne supérieure,
il existe x0 ∈]a, b[ tel que f (x0 ) > l − ǫ. On pose α = b − x0 > 0. Soit x ∈]b − α, b[, on a
alors x ∈]x0 , b[. Par croissance de f , on a f (x) ≥ f (x0 ) > l − ǫ. Comme l majore A, on a
aussi f (x) ≤ l. Donc ∀x ∈]b − α, b[ l − ǫ < f (x) ≤ l, d’où lim f (x) = l.
x→b
2. Pour le second point, puisque f n’est pas majorée sur ]a, b[, on a ∀M > 0 ∃xM ∈
]a, b[, f (xM ) > M. Soit M > 0, posons β = b − xM . Soit x ∈]b − β, b[, on a alors x ∈]xM , b[
et donc (par croissance de f ) f (x) ≥ f (xM ) > M. On en conclut que lim f (x) = +∞.
x→b
La démonstration de 3. et 4. se fait en appliquant 1. et 2. à g : ]−b, −a[ −→ R .
x 7→ f (−x)

Théorème 3.7 (Théorème de la limite monotone). Soit a ∈ R, b ∈ R avec a < b, et f :


]a, b[ −→ R décroissante.
1. Si f est majorée, alors f admet une limite finie l ∈ R en a avec l = sup f (]a, b[).
2. Si f n’est pas majorée, alors f (x) −→ +∞.
x→a
3. Si f est minorée, alors f admet une limite finie en b et lim f (x) = inf f .
x→b ]a,b[
4. Si f n’est pas minorée, alors f (x) −→ −∞.
x→b

Corollaire 5. Soit f : ]a, b[ −→ R croissante, et soit c ∈]a, b[.


Alors lim f (x) et lim f (x) existent et
x→c− x→c+

lim f (x) 6 f (c) 6 lim f (x)


x→c− x→c+

Un énoncé analogue existe pour les fonctions décroissantes.

42 TC-MIP (2023-2024) F.S.S.M. Marrakech


Analyse I 3.3 Fonctions continues

3.3 Fonctions continues


Définition 3.15. Soit f : I −→ R une fonction et soit x0 ∈ R, on dit que f est
• continue en x0 lorsque lim f (x) = f (x0 ) (sinon on dit que x0 est un point de discon-
x→x0
tinuité de f ).
• continue à gauche en x0 lorsque I∩] − ∞, x0 [6= ∅ et lim f (x) = f (x0 ).
x→x−
0
• continue à droite en x0 lorsque I∩]x0 , +∞[6= ∅ et lim f (x) = f (x0 ).
x→x−
0
Si f est continue en tout point de I, alors on dit que f est continue sur I. L’ensemble
des fonctions continues sur I est noté C (I, R) .

Propriétés 3.8.
1. Les fonctions trigonométriques, logarithmes, exponentielles, puissances, polynomiales,
rationnelles, ainsi que la fonction valeur absolue sont continues sur leur ensemble de
définition.
2. f est continue en x0 ∈ I si et seulement si ∀ǫ > 0 ∃α > 0 ∀x ∈ I |x − x0 | < α =⇒
|f (x) − f (x0 )| < ǫ.
3. Si f est continue sur I et si J ⊂ I, alors f est continue sur J.
4. f est continue en x0 si et seulement si lim f (x) = f (x0 ), lorsque x0 n’est pas une borne
x→x0
x6=x0

de I, ceci équivaut à lim f (x) = f (x0 ) et lim f (x) = f (x0 ), i.e. f est continue à
x→x−
0 x→x+
0
gauche et à droite en x0 .
5. Si f est continue en x0 , alors f est bornée au voisinage de x0 (car f a une limite finie
en x0 ).
©EL ACHAB
6. Caractérisation séquentielle de la continuité :
f est continue en x0 ssi pour toute suite (un ) d’éléments de I, qui tend vers x0 , la suite
(f (un )) tend vers f (x0 ).

Exemples.
1
1. Soit f la fonction définie sur I =]1; +∞[ par : f (x) = x−1 .
La fonction f est continue en 2 car : f (2) = 1 et lim f (x) = 1.
x→2
Plus généralement, cette fonction est continue sur I.
1
2. x 7−→ f (x) = x−1 n’est pas continue en 1 car non définie en 1.
(
x sin( x1 ), x 6= 0,
3. f (x) = n’est pas continue en 0 car lim f (x) 6= f (0) = 1.
1, x = 0. x→0

4. La fonction partie entière E n’est pas continue en 0 car la suite (un )n de terme
général un = −l
n converge vers 0 mais la suite de terme général E(un ) qui est la suite
constante égale à −1 converge vers −1 et E(0) = 0 6= −1.

5. x 7−→ x est continue à droite en 0.
(
f (x) = 3x + 1, x ≤ 1
6. Soit f la fonction définie sur D = R par :
f (x) = x4 , x > 1
Ona f (1) = 4 et lim f (x) = lim f (x) = f (1), donc la fonction f est continue en 1
x→1+ x→1−

©A. EL ACHAB 43
3.3 Fonctions continues Analyse I

Remarque.
Une fonction f peut ne pas être continue en un point x0 et admettre une limite à droite
lim f (x) et une limite à gauche lim− f (x) en x0 identiques.
x→x+
0 x→x0

Exemple.
Soit f (x) = sinx x si x =
6 0 et f (0) = 2. La fonction f n’est pas continue en x0 = 0 et
pourtant lim f (x) = lim f (x) = 1
x→x−
0 x→x+
0

3.3.1 Opérations sur les fonctions continues


Propriétés 3.9.

◮ Version locale • h ◦ f est continue en x0 .


Soient f, g : I ⊂ R −→ R, h : J ⊂ R −→ R, ◮ Version globale
x0 ∈ I et si f (I) ⊂ J, on suppose f et g Soient f, g ∈ C (I, R), h ∈ C (J, R), et si
continues en x0 et h continues en f (x0 ). Soit f (I) ⊂ J. Soit α ∈ R, alors :
α ∈ R, alors : • αf + g est continue sur I.
• αf + g est continue en x0 . • f g est continue sur I.
• f g est continue en x0 . 1
• Si ∀t ∈ I, f (t) 6= 0, est continue sur
1 f
• Si ∀t ∈ I, f (t) 6= 0, est continue en I.
f
x0 . • |f | est continue sur I.

©EL ACHAB
• |f | est continue en x0 . • h ◦ f est continue sur I.

Preuve. Soit (un ) ∈ F(N, I) convergente vers x0 . f et g sont continues en x0 donc f (un ) −→
f (x0 ) et g (un ) −→ g (x0 ). D’après les théorèmes généraux sur les suites convergentes :
• αf (un ) + g (un ) −→ αf (x0 ) + g (x0 )
• f (un ) g (un ) −→ f (x0 ) g (x0 )
1 1
• Si ∀t ∈ I, f (t) 6= 0, −→
f (un ) f (x0 )
• |f (un )| −→ |f (x0 )|

Définition 3.16. Soit f : I \ {x0 } −→ R une fonction non définie en x0 ∈ I, si f admet une
limite finie ℓ en x0 , alors la fonction fe : I −→ R définie par :
(
f (x) si x ∈ I \ {x0 }
f˜(x) =
ℓ si x = x0

est continue en x0 . Cette fonction est appelée prolongement de f par continuité en x0 .

Exemple.
Soit f la fonction définie sur R∗ par f (x) = sinx x .
sin x
Alors f n’est pas définie en 0, mais lim = 1.
x→0 x
Donc on peut prolonger f par continuité en 0 en posant
(
sin x
si x 6= 0
f˜(x) = x
1 si x = 0

44 TC-MIP (2023-2024) F.S.S.M. Marrakech


Analyse I 3.4 Les grandes théorèmes sur les fonctions continues

3.4 Les grandes théorèmes sur les fonctions continues

3.4.1 Théorème des valeurs intermédiaires

Théorème 3.10 (Théorème des valeurs intermédiaires). Soient a, b ∈ R avec a < b et f :


[a, b] −→ R continue. Si f (a) f (b) 6 0, alors il existe un point c du segment [a, b] tel que
f (c) = 0.

Preuve. Supposons par exemple f (a) 6 0 et f (b) > 0.


On définit par récurrence deux suites (an ) et (bn ) telles que ∀n ∈ N :

1. a 6 an 6 an+1 6 bn+1 6 bn 6 b
1
2. bn − an = (b − a)
2n
3. f (an ) 6 0 et f (bn ) ≥ 0

Il est clair que les suites (an ) et (bn ) sont adjacentes donc elles convergent vers une limite
commune c ∈ [a, b]. f est continue en c donc les suites (an ) et (bn ) convergent toutes les deux
vers c donc (f (an )) et (f (bn )) convergent vers f (c). Or, ∀n ∈ N, f (an ) 6 0 donc f (c) 6 0. De
même, ∀n ∈ N, f (bn ) > 0 donc f (c) > 0. Ainsi, f (c) = 0.

©EL ACHAB
Remarque.
Le théorème (3.10) n’est pas vraie, en général, si f n’est pas définie sur un intervalle, par
exemple, soit f la fonction définie sur A = {−1; 1} qui est fermé borné par f (−1) = −1 et
f (1) = 1 La fonction f est continue sur A, f (−1)f (1) < 0 et ∀x ∈ A, f (x) 6= 0

Corollaire 6 (des valeurs intermédiaires). Soit I intervalle de R, f : I −→ R continue. Alors


J = f (I) est un intervalle de R.
Plus précisément, si a, b ∈ I et si y est un réel compris entre f (a) et f (b), alors il existe c entre
a et b tel que f (c) = y.

f (x)
f (b)
y

f (a) x
O a c1 c2 c3 b

Preuve. Soient a, b deux réels distincts de I, supposons a < b, soit y un réel compris entre f (a)
et f (b), posons g(t) = f (t) − y, alors g est continue sur l’intervalle [a, b] et g(a) et g(b) sont de
signes contraires. D’après le théorème précédent, il existe c ∈ [a; b] tel que g(c) = 0, i.e. f (c) = y.
Posons J = f (I) et soient u < v deux éléments de J, alors il existe a, b ∈ I (distincts) tels que
f (a) = u et f (b) = v. Soit y ∈ [u, v], alors il existe c entre a et b tel que f (c) = y donc y ∈ J, ce
qui prouve que J est un intervalle.

©A. EL ACHAB 45
3.4 Les grandes théorèmes sur les fonctions continues Analyse I

Propriété 3.11 (des valeurs intermédiaires). Si f est une fonction continue et strictement
monotone sur un intervalle [a , b] alors, pour tout réel y compris entre f (a) et f (b), l’équation
f (x) = y admet une unique solution c ∈ [a ; b].

f (x) f (x)
f (b) f (a)
y y
f (b)
f (a)
x x
O a c b O a c b
f est continue et strictement croissante sur f est continue et strictement décroissante sur
l’intervalle [a ; b]. L’équation f (x) = y admet l’intervalle [a ; b]. L’équation f (x) = y admet
une unique solution. une unique solution.

Exemple.
Montrer que la fonction f (x) = 2x3 + 1 admet une racine réelle dans l’intervalle [−1, 1] .
En effet, la fonction f est continue sur [−1, 1] de plus f (−1) = −1 et f (1) = 3 donc le
théorème des valeurs intermédiaires il existe c ∈ [−1, 1] tel que f (c) = 0.

3.4.2 Le théorème des bornes atteintes


Théorème 3.12 (Théorème des bornes atteintes ou Théorème du maximum). Soit f : [a, b] →
R une fonction définie et continue sur un intervalle fermé et borné [a, b]. Alors f est bornée
et atteint sa borne supérieure M et sa borne inférieure m. C’est à dire que :
©EL ACHAB
∃x1 ∈ [a, b], m = inf f (x) = f (x1 )
x∈[a,b]

∃x2 ∈ [a, b], M = sup f (x) = f (x2 )


x∈[a,b]

∀x ∈ [a, b], f (x1 ) ≤ f (x) ≤ f (x2 )

Preuve.
1. Supposons que f n’est pas bornée on peut alors trouver une suite (xn ) d’éléments de [a, b]
telle que : |f (xn )| > n : D’après le théorème de Balzano- Weierstrass, il existe une sous
suite (xϕ(n) ) qui converge. Soit l sa limite. l est dans [a ; b] puisque (xϕ(n) ) est dans [a, b]
. f est continue , en particulier en l, donc lim f (xϕ(n) ) = f (l). Mais ce résultat est en
contradiction avec le fait que |f (xϕ(n) )| > ϕ(n) ≥ n qui entraine que lim f (xϕ(n) ) = +∞.
La fonction f est donc bornée.
2. La fonction f est bornée. Elle admet donc une borne supérieure M et une borne inférieure
m. Supposons, par exemple, que M n’est pas atteinte sur [a, b]. C’est à dire : ∀x ∈ [a, b],
f (x) 6= M .
1
Considérons, alors la fonction g définie sur [a, b] par : g(x) = M −f (x)
La fonction g est continue et strictement positive sur [a, b]. D’après 1) , g est bornée.
Par caractérisation séquentielle de la borne supérieure, on a (vn ) ∈ F(N, [a, b]) tel que
(f (vn )) converge vers M . Comme pour n ∈ N, f (vn ) ≤ M, g(vn ) → +∞ quand n → +∞,
ce qui est impossible puisque g est bornée. Ainsi M est atteinte.
On montre de même que inf f (x) est atteint.
x∈[a,b]

Corollaire 7. L’image d’un segment par une fonction continue est un segment. Autrement dit,
il existe deux réels m et M tels que f ([a, b]) = [m, M ].

46 TC-MIP (2023-2024) F.S.S.M. Marrakech


Analyse I 3.4 Les grandes théorèmes sur les fonctions continues

Remarques.
1. Si f n’est pas continue, M ou m peuvent ne pas exister, par exemple, soit f la fonction
définie par : f (x) = x1 si x ∈]0; 1]etf (0) = 0. La fonction f est définie sur [0; 1] mais
n’admet pas de borne supérieure
2. La continuité est une condition suffisante pour qu’une fonction continue sur un in-
tervalle fermé borné soit bornée et atteigne ses bornes. Mais ce n’est pas une condi-
tion nécessaire comme le montre l’exemple suivant : Soit g la fonction définie par
g(x) = 1 − x si x ∈]0; 1[, g(0) = 0 et g(1) = 1. Cette fonction n’est pas continue sur
[0; 1] alors que sa borne inférieure 0 et sa borne supérieure 1 sont atteintes.

3.4.3 Continuité uniforme


Définition 3.17. f : I ⊂ R −→ R est uniformément continue si

∀ε > 0, ∃α > 0/ ∀x, y ∈ I, |x − y| 6 α ⇒ |f (x) − f (y)| 6 ǫ

Remarques.
• La continuité uniforme est de caractère global (elle dépend de l’ensemble I), alors
que la continuité est de caractère local (elle ne dépend que du point x0 et non de
l’ensemble I).
• Si f est uniformément continue sur I et si (xn ) et (yn ) sont deux suites
d’éléments de I telles que xn − yn −→ 0, alors f (xn ) − f (yn ) −→ 0.
• La définition d’uniforme continuité est plus forte que la définition de continuité. Au-
trement dit, une fonction uniformément continue sur I est nécessairement continue

©EL ACHAB
sur I (la réciproque est fausse).
En effet, Soit ǫ > 0, f est uniformément continue donc ∃β > 0/∀x, y ∈ I,

|x − y| 6 β ⇒ |f (x) − f (y)| 6 ǫ

Pour x ∈ I vérifiant |x − x0 | 6 β, on a bien |f (x) − f (x0 )| 6 ǫ. Pour voir que la


réciproque est fausse, on peut considérer la fonction f : x 7−→ x2 , elle est continue
sur R, mais elle n’y est pas uniformément continue, car en posant xn = n, yn = n+ n1 ,
on a xn − yn → 0, alors que f (xn ) − f (yn ) 9 0.

Définition 3.18. Soit f : I ⊂ R −→ R. f est lipschitzienne s’il existe k ∈ R+ tel que


∀x, y ∈ I,
|f (x) − f (y)| 6 k |x − y|
On dit alors que f est k-lipschitzienne.

Remarque.
Soit k ∈ R+ , une fonction k-lipschitzienne sur I est nécessairement uniformément continue
sur I (la réciproque est fausse en général). En effet, une telle fonction vérifie pour tout
x, y ∈ I, |f (x) − f (y)| ≤ k|x − y|, par conséquent, si on prend α = k+1 ǫ
alors on a
|f (x) − f (y)| ≤ k. k+1 < ǫ. Pour voir que la réciproque est fausse, on peut considérer
ǫ

la fonction f : xp7−→ x, elle est uniformément continue sur [0; +∞[. Car pour x, y ≥
√ √
0, | x − y| ≤ |x − y|, il suffit donc de prendre α = ǫ2 dans la définition. Cependant
cette même fonction n’est pas lipschitzienne sur [0, +∞[ car dérivée non bornée (voir le
chapitre sur la dérivation, que si f est dérivable et si | f ′ | est majorée, alors f est k-
lipschitzienne).

©A. EL ACHAB 47
3.5 Théorème des bijections Analyse I

Exemples.
Les fonctions sin et cos sont 1-lipschitziennes.

3.4.4 Théorème de Heine


Théorème 3.13. Toute fonction continue sur un intervalle fermé et borné est uniformément
continue.

Preuve. Supposons que f n’est pas uniformément continue sur [a, b]. Alors :
(
|x − y| 6 α
∃ǫ > 0/∀α > 0, ∃x, y ∈ [a, b]/
|f (x) − f (y)| > ǫ

1
En particulier, ∀n ∈ N∗ , ∃xn , yn ∈ [a, b] avec |xn − yn | 6 et |f (xn ) − f (yn )| > ǫ. [a, b] est
n  
fermé et borné, d’après le théorème de Bolzano-Weierstrass, donc il existe une sous suite xϕ(n)
de x avec ϕ : N −→ N strictement croissante qui converge vers un élément c de [a, b]. Alors, pour
n∈N:

yϕ(n) − c = yϕ(n) − xϕ(n) + xϕ(n) − c

6 yϕ(n) − xϕ(n) + xϕ(n) − c

1 1

©EL ACHAB
Or yϕ(n) − xϕ(n) 6 6 donc cette quantité tend vers 0, ainsi que xϕ(n) − c . Donc
  ϕ (n) n  
yϕ(n) converge aussi vers c. f et continue en a car c ∈ [a, b] donc f xϕ(n) −→ f (c) et
 
f yϕ(n) −→ f (c) donc
   
f xϕ(n) − f yϕ(n) −→ 0
n7→+∞
   
Ce qui est impossible car ∀n ∈ N∗ , f xϕ(n) − f yϕ(n) > ǫ.

3.5 Théorème des bijections


3.5.1 Rappels : injection, surjection, bijection
Définition 3.19. Soit f : I → J une fonction, ù I et J sont des parties de R.
• f est injective si ∀x, x′ ∈ I f (x) = f (x′ ) =⇒ x = x′ ;
• f est surjective si ∀y ∈ J ∃x ∈ I y = f (x) ;
• f est bijective si f està la fois injective et surjective, c’està -dire si ∀y ∈ J ∃!x ∈ I y =
f (x).

Proposition 3.6. Si f : I → J est une fonction bijective alors il existe une unique application
g : J → I telle que g ◦ f = idI et f ◦ g = idJ . La fonction g est la bijection réciproque de f et
se note f −1 .

Remarque.
Une fonction peut admettre une fonction réciproque sans être continue. Par exemple : La
fonction f : [0, 1] → [0, 1], définie par : f (x) = x si x ∈]0, 1[ , f (0) = 1 et f (1) = 0 est
bijective et non continue.

48 TC-MIP (2023-2024) F.S.S.M. Marrakech


Analyse I 3.5 Théorème des bijections

Propriétés 3.14.
• On rappelle que l’identité, idI : I → I est simplement définie par x 7→ x.

• g ◦ f = idI se reformule ainsi : ∀x ∈ I g f (x) = x.

• Alors que f ◦ g = idJ s’écrit : ∀y ∈ J f g(y) = y.
• Dans un repère orthonormé les graphes des fonctions f et f −1 sont symétriques par
rapport à la première bissectrice.

3.5.2 Théorème de la bijection


Lemme 3.15. Soit f : I → R une fonction définie sur un intervalle I de R. Si f est strictement
monotone sur I, alors f est injective sur I.
Preuve. Soient x, x′ ∈ I tels que f (x) = f (x′ ). Montrons que x = x′ . Si on avait x < x′ , alors
on aurait nécessairement f (x) < f (x′ ) ou f (x) > f (x′ ), suivant que f est strictement croissante,
ou strictement décroissante. Comme c’est impossible, on en déduit que x ≥ x′ . En échangeant
les rôles de x et de x′ , on montre de même que x ≤ x′ . On en conclut que x = x′ et donc que f
est injective.

Théorème 3.16 (Théorème de la bijection). Soit f : I → R une fonction définie sur un


intervalle I de R. Si f est continue et strictement monotone sur I, alors
1. f établit une bijection de l’intervalle I dans l’intervalle image J = f (I),
2. la fonction réciproque f −1 : J → I est continue et strictement monotone sur J et elle a
le même sens de variation que f .

Preuve.
©EL ACHAB
1. D’après le lemme précédent, f est injective sur I. En restreignant son ensemble d’arrivée
à son image J = f (I), on obtient que f établit une bijection de I dans J. Comme f est
continue, par le théorème des valeurs intermédiaires, l’ensemble J est un intervalle (f est
surjective).
2. Supposons pour fixer les idées que f est strictement croissante.
(a) Montrons que f −1 est strictement croissante sur J. Soient y, y ′ ∈ J tels que y < y ′ .
Notons x = f −1 (y) ∈ I et x′ = f −1 (y ′ ) ∈ I. Alors y = f (x), y ′ = f (x′ ) et donc

y < y ′ =⇒ f (x) < f (x′ )


=⇒ x < x′ (car f est strictement croissante)
=⇒ f −1 (y) < f −1 (y ′ ),

c’est-à -dire f −1 est strictement croissante sur J.


(b) Montrons que f −1 est continue sur J. On se limite au cas où I est de la forme ]a, b[, les
autres cas se montrent de la même manière. Soit y0 ∈ J. On note x0 = f −1 (y0 ) ∈ I.
Soit ǫ > 0. On peut toujours supposer que [x0 − ǫ, x0 + ǫ] ⊂ I. On cherche un réel
δ > 0 tel que pour tout y ∈ J on ait

y0 − δ < y < y0 + δ =⇒ f −1 (y0 ) − ǫ < f −1 (y) < f −1 (y0 ) + ǫ

c’est-à -dire tel que pour tout x ∈ I on ait

y0 − δ < f (x) < y0 + δ =⇒ f −1 (y0 ) − ǫ < x < f −1 (y0 ) + ǫ.

Or, comme f est strictement croissante, on a pour tout x ∈ I

f (x0 − ǫ) < f (x) < f (x0 + ǫ) =⇒ x0 − ǫ < x < x0 + ǫ


=⇒ f −1 (y0 ) − ǫ < x < f −1 (y0 ) + ǫ.

©A. EL ACHAB 49
3.5 Théorème des bijections Analyse I

Comme f (x0 − ǫ) < y0 < f (x0 + ǫ), on peut choisir le réel δ > 0 tel que

f (x0 − ǫ) < y0 − δ et f (x0 + ǫ) > y0 + δ

et on a bien alors pour tout x ∈ I

y0 − δ < f (x) < y0 + δ =⇒ f (x0 − ǫ) < f (x) < f (x0 + ǫ)


=⇒ f −1 (y0 ) − ǫ < x < f −1 (y0 ) + ǫ.

La fonction f −1 est donc continue sur J.

3.5.3 Fonctions réciproques des fonctions usuelles

Soit I un intervalle de R non vide et f : I −→ R une application continue et strictement


monotone. On a alors les résultats suivants :

Si f est strictement croissante sur I et si Si f est strictement décroissante sur I et si


• I = [a, b], alors J = i[f (a) , f (b)].
i • I = [a, b], alors J = h[f (b) , f (a)].h
• I = ]a, b], alors J = limf, f (b) . • I = ]a, b], alors J = f (b) , limf .
 a    a

• I = [a, b[, alors J = f (a) , limf • I = [a, b[, alors J = limf, f (a)
 b   b 
• I = ]a, b[, alors J = limf, limf
a
©EL ACHAB
b
• I = ]a, b[, alors J = limf, limf
b a

3.5.4 La fonction Arcsinus


 
Définition 3.20. Soit f : − π2 , π2 −→ R continue et strictement croissante. On a donc
t 7−→ sin t
 π π   
f − 2 , 2 = [−1, 1], ainsi on définit l’application ϕ : − π2 , π2 −→ [−1, 1] bijective. Par
t −→ sin t
définition,
arcsin = ϕ−1
in

x
=
arcs
y

1
=

in
=s
ϕ −1

−1 1

−1

50 TC-MIP (2023-2024) F.S.S.M. Marrakech


Analyse I 3.5 Théorème des bijections

Propriétés 3.17.
• Pour tout x ∈ [−1, 1], arcsin (−x) = −x
• Pour tout x ∈ [−1, 1], sin (arcsin (x)) = x.
 
• Pour tout x ∈ − π2 , π2 , arcsin (sin (x)) = x. a .

• Pour tout x ∈ [−1, 1], cos (arcsin (x)) = 1 − x2

a. Pour x ∈ R, arcsin (sin (x)) n’est pas toujours égal à x ! En effet,

arcsin (sin π) = arcsin 0


= 0

3.5.5 La fonction Arccosinus

Définition 3.21. Soit f : [0, π] −→ R continue et strictement décroissante. On a donc


t 7−→ cos t
f ([0, π]) = [−1, 1], ainsi on définit l’application ϕ : [0, π] −→ [−1, 1] bijective. Par définition,
t −→ cos t

arccos = ϕ−1

©EL ACHAB
ϕ−1 =

3
x
arc

=
co

s
−1 1 2 3
ϕ
=
cos
−1

Propriétés 3.18.
• Pour tout x ∈ [−1, 1], arccos (−x) = π − x
• Pour tout x ∈ [−1, 1], cos (arccos (x)) = x.
• Pour tout x ∈ [0, π], arccos (cos (x)) = x.√
• Pour tout x ∈ [−1, 1], sin (arccos (x)) = 1 − x2
• Pour tout x ∈ [−1, 1], arcsin (x) + arccos (x) = π2

©A. EL ACHAB 51
3.5 Théorème des bijections Analyse I

3.5.6 La fonction Arctangente


 
Définition 3.22. Soit f :
− π2 , π2 −→ R continue et strictement croissante. Or
t 7−→ tan t  
lim tan x = −∞ et lim tan x = +∞ donc f − π2 , π2 = R, ainsi on définit l’applica-
+ −
x→− π
2
x→ π
2
 π
tion ϕ : − π2 , 2 −→ R bijective. Par définition,
t −→ tan t

arctan = ϕ−1

ϕ = tan

x
3

=
y
2
ctan
ϕ− = ar
1

−4 −3 −2 −1 1 2 3 4
−1

−2

©EL ACHAB −3

−4

Propriétés 3.19. arctan est continue et strictement


 croissante donc arctan (]−∞, +∞[) =
 
− π2 ; π2 . Or ]−∞, +∞[ = lim arctan, lim arctan donc :
−∞ +∞
• lim arctan x = π
2
x→+∞
• lim arctan x = − π2
x→−∞
• Pour tout x ∈ R, arctan (−x) = −x
• Pour tout x ∈ R, tan (arctan (x)) = x.
 
• Pour tout x ∈ − π2 ; π2 , arctan (tan (x)) = x.
 
• Pour tout x ∈ R∗+ , arctan (x) + arctan x1 = π
2

Exercices
⋆⋆⋆

◮ Limites
Exercice 3.1.
Déterminer les limites suivantes, lorsqu’elles existent :
1 √ √ √
1. (x + 1) x en 0 2. x( x + 1 − x − 2) en + ∞
x b
3. cos x2 en + ∞ 4. E( ) en 0, a, b > 0.
a x
◮ Continuité

52 TC-MIP (2023-2024) F.S.S.M. Marrakech


Analyse I 3.5 Théorème des bijections

Exercice 3.2.

Soit f : [0, 1] → R une fonction continue telle que f (0) = f (1). On définit g sur [0, 1] par
(
f (2x) si 0 ≤ x ≤ 12
g(x) =
f (2x − 1) si 12 < x ≤ 1.

Montrer que g est continue sur [0, 1].


Exercice 3.3.

Déterminer si les fonctions suivantes peuvent se prolonger par continuité aux bornes de leur
ensemble de définition :
1. f (x) = (1 − x2 ) ln( 1+x
1−x )
1
2. g(x) = e− x2
1
3. h(x) = e− x
Exercice 3.4.

Soit f : R −→ R une fonction continue et vérifiant :


lim f (x) = A et lim f (x) = B. A, B ∈ {±∞} tels que AB < 0.
x→−∞ x→+∞
1. Montrer qu’il éxiste deux réels α et β. tels que f (α).f (β) < 0.
2. En déduire que l’équation f (x) = 0 admet au moins une solution réelle.
3. Étudier le cas où f est un polynôme de degré impair.

©EL ACHAB
Exercice 3.5.

x
1. Pour tout entier naturel n 6= 0, soit fn définie sur ]0 ; +∞[ par : fn (x) = ln x + − 1.
n
(a) Déterminer les limites de fn en 0 et en +∞ puis étudier le sens de variations de fn .
(b) Montrer que l’équation fn (x) = 0 admet une unique solution dans ]0 ; +∞[. On note
αn cette solution. Montrer qu’elle appartient à l’intervalle [1 ; e].
2. (a) Exprimer ln (αn ) en fonction de n et de αn .
(b) Exprimer fn+1 (αn ) en fonction de n et de αn et vérifier que : fn+1 (αn ) < 0.
(c) Déduire de la question précédente le sens de variation de la suite (αn ).
(d) Montrer que la suite (αn ) converge. On note ℓ sa limite. Établir que : ln ℓ = 1 et en
déduire la valeur de ℓ.

©A. EL ACHAB 53
25 A. EL ACHAB

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