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MENSAH Yaogan

Les p-formes et leurs applications aux courbes et


surfaces

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Version 0.7 (20 mars 2023)
Les p-formes et leurs applications 1

Table des matières


1 Différentielle d’une fonction 2
1.1 Définitions et Propriétés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2
1.2 Exercises . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2

2 Dérivation itérée-Théorème de Schwarz 3

3 Intégrales multiples 4
3.1 Intégration sur un rectangle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
3.2 Intégration sur un domaine quelconque . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
3.3 Changement de variables . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
3.4 Centres de gravité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5

4 Les p-formes différentielles 7

5 Différentielle extérieure 9
5.1 Définitions et propriétés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
5.2 Exercices . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10

6 Formes différentielles et champs de vecteurs 11

7 Paramétrisation d’une courbe et d’une surface 13


7.1 Paramétrisation d’une courbe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13
7.2 Paramétrisation d’une surface . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15

8 Intégration des formes différentielles 15


8.1 Intégrale curviligne et théorème de Green-Riemann . . . . . . . . . . . . . 15
8.2 Intégrale surfacique et théorème de la divergence (Théorème d’Ostrogradski) 18
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1 Différentielle d’une fonction

1.1 Définitions et Propriétés


Définition 1.1 Soit la fonction f : D ⊂ R2 → R. Soit (a, b) un point intérieur à D. Les
dérivées partielles de f en (a, b) sont définies par
∂f f (a + h, b) − f (a, b)
(a, b) = lim (1)
∂x h→0 h
et
∂f f (a, b + h) − f (a, b)
(a, b) = lim (2)
∂y h→0 h
sous réserve que ces limites soient finies.
∂f
Remarque 1.2 Dans la pratique pour calculer (x, y) on fixe y et on dérive par rapport
∂x
∂f
à x et pour celui de (x, y) on fixe x et on dérive par rapport à y.
∂y
∂f ∂f ∂f
Remarque 1.3 Pour alléger l’écriture, on écrira souvent au lieu (x, y) et au
∂x ∂x ∂y
∂f
lieu de (x, y).
∂y
∂f ∂f
f est dite de classe C 1 sur D si et existent et sont continues.
∂x ∂y
Définition 1.4 La différentielle (totale) de f est :
∂f ∂f
df = dx + dy (3)
∂x ∂y
La quantité df représente la variation de f lorsque x varie de dx et y varie de dy.

Définir le gradient, la matrice jacobienne, le jacobien,...

1.2 Exercises
∂f ∂f
1. Pour chacune des fonctions suivantes calculer et .
p ∂x ∂y
f (x, y) = x2 + y 2 , f (x, y) = x2 + y + 4, f (x, y) = exy + xy, f (x, y) = tan(x + y).
Les p-formes et leurs applications 3

∂f ∂f ∂f
2. Calculer , et pour f (x, y, z) = x2 eyz , f (x, y, z) = sin(xy + z 2 ).
∂x ∂y ∂z
3. A la suite d’une légère déformation le rayon d’un cône passe de 10 cm à 10,05 cm
et sa hauteur passe de 5,6 cm à 5,5 cm. Déterminer approximativement la variation
∂f ∂f
∆V de son volume. (Utiliser la formule ∆f ≈ ∆x + ∆y lorsque f = f (x, y))
∂x ∂y
4. Déterminer les fonctions f = f (x, y) telles que df = (y − 3x2 )dx + (x − 4y)dy.
5. Déterminer les fonctions f = f (x, y, z) telles que df = yzdx + xzdy + xydz.

2 Dérivation itérée-Théorème de Schwarz


∂f
Soit la fonction f : Rn → R. Si (x), 1 ≤ i ≤ n existe pour tout x ∈ Rn , elle est à
∂xi
son tour une fonction de Rn vers R. En réitérant le processus, on définit la dérivée partielle
∂ 2f ∂ 2f
d’ordre 2 de f par rapport à xi puis xj notée . On définit de même . Une
∂xj ∂xi ∂xi ∂xj
fonction f : Rn → R est dite de classe C 2 si toutes ses dérivées partielles secondes sont
continues.

∂ 2f ∂ 2f
On n’a pas toujours = . Considérons par exemple la fonction
∂xj ∂xi ∂xi ∂xj
2 2
 xy(x − y ) si (x, y) 6= (0, 0)

f (x, y) = x2 + y 2 (4)
0 si (x, y) = (0, 0).

∂ 2f ∂ 2f
Pour cette fonction on a (0, 0) = −1 et (0, 0) = 1. (Vérifier !)
∂y∂x ∂x∂y

Le théorème suivant donne une condition suffisante pour avoir l’égalité.

∂ 2f ∂ 2f
Théorème 2.1 (H. Schwarz) Si et sont continues en x = (x1 , · · · , xn )
∂xj ∂xi ∂xi ∂xj
alors
∂ 2f ∂ 2f
(x1 , · · · , xn ) = (x1 , · · · , xn ).
∂xj ∂xi ∂xi ∂xj

Exemple 2.2 Calculer toutes les dérivées partielles secondes de f (x, y) = exp(x2 y)+xy 3 .
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3 Intégrales multiples

3.1 Intégration sur un rectangle


Soit le rectangle R = [a, b] × [c, d]. Soit f = f (x, y) une fonction réelle à deux variables
continue sur R.
Z Z Z d Z b  Z b Z d 
f (x, y)dxdy = f (x, y)dx dy = f (x, y)dy dx. (5)
R c a a c
Z d Z b
Une telle intégrale est appelée intégrale double. On écrira simplement f (x, y)dxdy.
c a
Si f (x, y) est une fonction positive alors le volume sous la surface z = f (x, y) sur le
rectangle R = [a, b] × [c, d] est
Z d Z b
V= f (x, y)dxdy. (6)
c a

Exemple 3.1 Z 2 Z 1 Z 2 1
4x2 + 6xy

(8x + 6y)dxdy = 0
dy
0 0 Z0 2
= (4 + 6y)dy
0
2
= [4y + 3y 2 ]0
= 20.
On obtient le même résultat en inversant l’ordre d’intégration.
Z 1Z 2 Z 1
2
8xy + 3y 2 0 dx

(8x + 6y)dydx =
0 0 Z0 1
= (16x + 12)dx
0
1
= [8x2 + 12x]0
= 20.

3.2 Intégration sur un domaine quelconque


On considère le domaine

D = {(x, y) : a ≤ x ≤ b, ϕ(x) ≤ y ≤ ψ(x)}. (7)


Les p-formes et leurs applications 5

Soit f une fonction réelle continue sur D. L’intégrale double de f sur D est
Z Z Z bZ ψ(x)
f (x, y)dxdy = f (x, y)dydx. (8)
D a ϕ(x)

En particulier l’aire du domaine D est donnée par


Z bZ ψ(x)
A(D) = dydx. (9)
a ϕ(x)

Maintenant on suppose que le domaine D est décrit par

D = {(x, y) : ϕ(y) ≤ x ≤ ψ(y), c ≤ y ≤ d}. (10)

Soit f une fonction réelle continue sur D. L’intégrale double de f sur D est
Z Z Z d Z ψ(y)
f (x, y)dxdy = f (x, y)dxdy. (11)
D c ϕ(y)

En particulier l’aire du domaine D est donnée par


Z d Z ψ(y)
A(D) = dxdy. (12)
c ϕ(y)

3.3 Changement de variables


Soit la transformation ϕ : (u, v) 7−→ (x, y). On désigne par jϕ (u, v) le jacobien de cette
transformation. La formule de changement de variables est
Z Z Z Z
f (x, y)dxdy = f (x(u, v), y(u, v))|jϕ (u, v)|dudv. (13)
D ϕ−1 (D)

3.4 Centres de gravité


Les coordonnées du centre de gravité d’une surface dont la masse est uniformément
distribuée est Z Z Z Z
xdxdy ydxdy
S S
xc = , yc = (14)
A (S) A (S)
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Exercices 3.2 1. Calculer les intégrales doubles suivantes : π


Z 1Z 2 Z 1Z 2 Z 2Z 1 Z π Z
2
2
(1 − y)x dxdy, x(x + y)dxdy, (x + 2)dxdy, sin x cos(y −
0 1 0 0 0 0 0 0
π)dxdy.
2. Déterminer l’intégrale double de f (x, y) = 8x + 6y sur le domaine D = {(x, y) :
0 ≤ x ≤ 1, 0 ≤ y ≤ 2x2 }.
Z 1Z 1 Z πZ y Z 2 Z ln x Z 2 Z 2y
2 2
3. Calculer √
x ydydx, sin xdxdy, xdydx, ey dxdy.
0 x 0 0 0 0 0 0
Z ∞
2
4. Calculer l’intégrale I = e−t dt à l’aide d’un intégrale double. (On pourra calculer
0
d’abord I 2 .)
2
5. Z Z D le domaine D = {(x, y) ∈ R : x ≥ 0, y ≥ 0, x + y ≤ 1}. Calculer
Soit
f (x, y)dxdy dans les cas suivants : a) f (x, y) = x2 + y 2 , b) f (x, y) = xy(x + y).
D
6. Soit le domaine D = {(x, y) ∈ R2 : −1 ≤ x ≤ 1, x2 ≤ y ≤ 4 − x3 }. Dessiner D puis
calculer son aire.
Z Z
7. Calculer xdxdy avec D = {y ≥ 0, x − y + 1 ≥ 0, x + 2y − 4 ≤ 0}.
D
Z Z
xy
8. Calculer 2 2
dxdy avec
D 1+x +y

D = {0 ≤ x ≤ 1, 0 ≤ y ≤ 1, x2 + y 2 ≥ 1}.
Z Z
dxdy
9. Calculer I = où
∆ 1 + x2 + y 2
∆ = {(x, y) : 0 ≤ x ≤ 1, 0 ≤ y ≤ 1, x2 + y 2 ≤ 1}.

10. Soit D = {(x, y) : x2 + y 2 − 2x ≤ 0}


(a) Montrer que D est un disque dont on précisera le centre et le rayon.
Z Z p
(b) On souhaite calculer J = x2 + y 2 . Pour ce faire, on pose x = r cos θ et
D
Z π Z 2 cos θ
2
y = r sin θ. Montrer que J = r2 drdθ puis achever le calcul de J.
− π2 0
11. Déterminer le centre de gravité de chacune des surfaces S suivantes sachant que la
masse y est uniformément distribuée.
Les p-formes et leurs applications 7

(a) S est bordée par les lignes d’équations y = 0, y = sin x(avec 0 ≤ x ≤ π).
(b) S est bordée par les lignes d’équations y = 0, y = x2 , x = 4.

4 Les p-formes différentielles


Soit (ei )1≤i≤n la base canonique de Rn . On note (dxj )1≤j≤n la base duale de (ei )1≤i≤n
c-à-d que chaque dxj est une forme linéaire sur Rn telles que dxj (ei ) = δij . Une 1-forme
différentielle ou une forme différentielle de degré 1 sur Rn est une expression de la forme

ω = f1 dx1 + · · · + fn dxn (15)

où les fi sont des fonctions lisses (suffisamment différentiables) de Rn dans R. Pour chaque
point a = (a1 , · · · , an ) fixé,

ω(a) = f1 (a1 , · · · , an )dx1 + · · · + fn (a1 , · · · , an )dxn (16)

Nous noterons Ω1 (Rn ) l’ensemble des 1-formes différentielles sur Rn .

Exemple 4.1 ω = xy 2 dx + (x2 + y 2 )dy est une 1-forme différentielle sur R2 . On a

ω(1, 2) = 4dx + 5dy. (17)

On peut ajouter des 1-formes différentielles entre elles : si

ω = f1 dx1 + · · · + fn dxn et η = g1 dx1 + · · · + gn dxn

alors
ω + η = (f1 + g1 )dx1 + · · · + (fn + gn )dxn (18)

et si α ∈ R,
αω = (αf1 )dx1 + · · · + (αfn )dxn (19)

Pour définir les 2-formes différentielles et plus généralement les p-formes différentielles
on introduit la notion de produit extérieur. Le produit extérieur dxi ∧ dxj est défini sur
Rn × Rn par
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vi1 vj1
dxi ∧ dxj (v1 , v2 ) = (20)
vi2 vj2

où v1 = (v11 , · · · , vn1 ) et v2 = (v12 , · · · , vn2 ). L’application dxi ∧ dxj : Rn × Rn → R est


bilinéaire et antisymétrique. Une 2-forme différentielle sur Rn est une expression de la
forme

X
ω= fij dxi ∧ dxj (21)
1≤i<j≤n

où les fij : Rn → R sont des fonctions lisses. L’ensemble des 2-formes différentielles sur
Rn sera noté Ω2 (Rn ).
On a les propriétés
dxi ∧ dxi = 0 et dxj ∧ dxi = −dxi ∧ dxj . (22)

Exemple 4.2 ω(x, y, z) = (x + y)dx ∧ dy + (x2 + y + z)dy ∧ dz + y 2 dx ∧ dz définit une


2-forme différentielle sur R3 .

Plus généralement une p-forme différentielle sur Rn est une expression de la forme

X
ω= fi1 i2 ···ip dxi1 ∧ dxi2 ∧ · · · ∧ dxip (23)
1≤i1 <i2 <···<ip ≤n

où les fi1 i2 ···ip : Rn → R sont des fonctions lisses. L’ensemble des p-formes différentielles
sur Rn sera noté Ωp (Rn ).

Remarque 4.3 Les fonctions lisses f : Rn → R sont les 0-formes différentielles sur Rn .

Proposition 4.4
ω ∧ (η1 + η2 ) = ω ∧ η1 + ω ∧ η2 . (24)

(η1 + η2 ) ∧ ω = η1 ∧ ω + η2 ∧ ω. (25)

ω, η1 et η2 étant des formes différentielles quelconques.


Les p-formes et leurs applications 9

5 Différentielle extérieure

5.1 Définitions et propriétés


Soit la forme la p-forme
X
ω= fi1 i2 ···ip dxi1 ∧ dxi2 ∧ · · · ∧ dxip . (26)
1≤i1 <i2 <···<ip ≤n

La différentielle extérieure de ω est

X
dω = dfi1 i2 ···ip ∧ dxi1 ∧ dxi2 ∧ · · · ∧ dxip (27)
1≤i1 <i2 <···<ip ≤n

L’application d : Ωp (Rn ) → Ωp+1 (Rn ) vérifie les propriétés suivantes.

Proposition 5.1

d(aω1 + bω2 ) = adω1 + bdω2 , a, b ∈ R, ω1 , ω1 ∈ Ωp (Rn ) (28)

d(ω1 ∧ ω2 ) = dω1 ∧ ω2 + (−1)k ω1 ∧ dω2 , ω1 ∈ Ωk (Rn ), ω2 ∈ Ωp (Rn ). (29)

Définition 5.2 Soit ω une p-forme différentielle. on dit que ω est fermée si dω = 0. On
dit que ω est exacte s’il existe une (p − 1)-forme différentielle α telle que ω = dα.

On montre que toute forme exacte est fermée. La réciproque est vraie par exemple lorsque
la forme différentielle est définie sur un ouvert U étoilé ou simplement connexe. (Théorème
de H. Poincaré)
Un ouvert U ⊂ Rn est dit étoilé s’il existe a ∈ U tel que pour tout x ∈ U , le segment de
bornes a et x est contenu dans U .
Un ouvert U ⊂ Rn est dit simplement connexe si toute courbe fermée contenue dans U
peut se ramener continûment à un point de U .
Considérons la 1- forme différentielle suivante sur R2

ω = P dx + Qdy (30)
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∂Q ∂P
On a dω = ( − )dx ∧ dy. Alors ω est fermée si
∂x ∂y
∂Q ∂P
= . (31)
∂x ∂y

Considérons la 1-forme suivante sur R3 .

ω = P dx + Qdy + Rdz. (32)

5.2 Exercices
1. Soit ω la forme différentielle définie sur R2 \ {(0, 0)} par
xdy − ydx
ω= .
x2 + y 2
(a) Calculer dω.
(b) Existe-t-il une fonction f définie sur R2 \ {(0, 0)} telle que df = ω ?
2. Soit ω la forme différentielle définie pour x 6= 0 et y 6= 0 par
xdy − ydx
ω= .
xy
(a) Calculer dω.
(b) Existe-t-il une fonction f définie pour x 6= 0 et y 6= 0 telle que df = ω ?
3. Soit α une k-forme et β une p-forme sur Rn . Comparer α ∧ β et β ∧ α. En déduire
que si α est de degré impaire alors α ∧ α = 0.
4. Calculer dω pour
(a) ω = 2xydx + x2 dy
(b) ω = x2 zdy ∧ dz + y 2 zdz ∧ dx − xy 2 dx ∧ dy
(c) ω = 2xzdy ∧ dz + 2yzdz ∧ dx − (x2 − y 2 )dx ∧ dy.
5. On considère sur R2 la forme Ω définie par

Ω(x, y) = ydx ∧ dy.


Les p-formes et leurs applications 11

(a) Montrer qu’elle est fermée.


(b) Trouver toutes les formes ω(x, y) = P (x, y)dx telle que dω = Ω.
(c) Trouver toutes les formes ω(x, y) = P (x, y)dy telle que dω = Ω.
6. Montrer que la forme

Ω = zdy ∧ dz + xdz ∧ dx + ydx ∧ dy

est exacte en déterminant une forme ω = P dx + Qdy telle que dω = Ω.


7. Montrer que la forme

Ω = (3y 2 z − 3xz 2 )dy ∧ dz + x2 ydz ∧ dx + (z 3 − x2 z)dx ∧ dy

est exacte en déterminant une forme ω telle que dω = Ω.

6 Formes différentielles et champs de vecteurs




Définition 6.1 Un champ de vecteurs sur un ouvert U de Rn est une application V :
U → Rp , p ≥ 2.

Exemple 6.2

− 3
V :R → R2
(x, y, z) 7→ (x3 + yz, x + y + z 2 )

On se place dans le cas n = 3.


1. Une 0-forme f est identifiée à elle-même.


2. Une 1-forme ω = P dx + Qdy + Rdz est identifiée au champ de vecteurs V =
(P, Q, R).
3. Une 2-forme ω = P dy ∧dz +Qdz ∧dx+Rdx∧dy est identifiée au champs de vecteurs


V = (P, Q, R).
4. Une 3-forme ω = P dx ∧ dy ∧ dz est identifiée à la fonction P .
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1. Soit la fonction f : U ⊂ Rn → R une fonction différentiable. La différentielle de f


est

n
X ∂f
df = dxi .
i=1
∂xi

Á la différentielle de f est associée un champ de vecteur appelé champ de gradients,


−−−→ →

noté gradf ou ∇f et défini par

 
−−−→ ∂f ∂f
gradf = ,··· , . (33)
∂x1 ∂xn

2. Soit ω = P dx + Qdx + Rdz une 1-forme sur un ouvert U de R3 . A cette forme est


associé le champ de vecteurs V de composantes (P, Q, R).
On a

     
∂R ∂Q ∂P ∂R ∂Q ∂P
dω = − dy ∧ dz + − dz ∧ dx + − dx ∧ dy. (34)
∂y ∂z ∂z ∂x ∂x ∂y
−−−→→−
Ainsi à la forme dω est associé le champ Rot V de composantes
 
∂R ∂Q ∂P ∂R ∂Q ∂P
− , − , − .
∂y ∂z ∂z ∂x ∂x ∂y

3. Soit la 2-forme sur un ouvert de R3 ,

ω = P dy ∧ dz + Qdz ∧ dx + Rdx ∧ dy.



Á ω est associé le champ de vecteurs V de composantes (P, Q, R). On a

 
∂P ∂R ∂Q
dω = + + dx ∧ dy ∧ dz.
∂x ∂y ∂z


− ∂P ∂R ∂Q
On associe à dω la fonction div V = + + .
∂x ∂y ∂z
Les p-formes et leurs applications 13

4. En partant des propriétés des différentielles extérieures on peut retrouver des pro-
priétés des champs de vecteurs.

d(ϕω) = ϕdω + dϕ ∧ ω (35)

retrouve la formule suivante lorsque ω est une forme de degré 1


−−−→ → − −−−→→− −−−→ →

Rot (ϕ V ) = ϕ Rot V + gradϕ ∧ V (36)

et

− − −−−→ →
→ −
div(ϕ V ) = ϕ div V + gradϕ · V . (37)

lorsque ω est une 2-forme.


La formule
ddω = 0 (38)

conduit à
−−−→−−−→ →

Rot gradϕ = 0 . (39)

et

−−−→→−
div Rot V = 0. (40)

7 Paramétrisation d’une courbe et d’une surface

7.1 Paramétrisation d’une courbe


Une courbe paramétrée de classe C k de Rn est une application de classe C k γ : I → Rn
où I est un intervalle de R. L’ensemble

C = {γ(t) : t ∈ I}

est le support géométrique γ et γ est une paramétrisation de C. Une courbe géométrique


peut avoir plusieurs paramétrisations. Par exemple
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α : [0, 1] → R2 , t 7→ (Rt, R 1 − t2 )

et
π
β : [0, ] → R2 , t 7→ (R cos t, R sin t)
2
sont des paramétrisations du quart de cercle entre (R, 0) et (0, R).

La tangente en un point γ(t0 ) de la courbe paramétrée γ est la limite des droites


joignant γ(t) et γ(t0 ) lorsque t → t0 . Plus précisément le vecteur v0 ∈ Rn est un vecteur
tangent à γ en γ(t0 ) si
γ(t) − γ(t0 ) = λ(t)v0 + λ(t)ε(t) (41)

avec λ(t) ∈ R et lim ε(t) = (0, 0).


t→t0
La droite passant par γ(t0 ) et de vecteur directeur v0 est la tangente à la courbe γ en
γ(t0 ).

Proposition 7.1 Soit γ : I → Rn une courbe paramétrée de classe C 1 . Soit t0 ∈ I telle


que γ 0 (t0 ) 6= 0. Alors γ 0 (t0 ) est un vecteur tangent à γ en γ(t0 ).

Preuve. Considérer le dl à l’ordre 1 de γ en t0 .

Définition 7.2 Une courbe paramétrée γ : I → Rn classe C 1 est dite régulière si γ 0 (t) 6= 0
pour tout t ∈ I.

Toute courbe régulière admet une tangente en chacun de ses points. La réciproque est
fausse : Considérer la courbe γ : R → R2 , t 7→ (t2 , t4 ). Elle admet une tangente en γ(0)
bien que γ 0 (0) = 0.

La longueur d’une courbe paramétrée γ : [a, b] → Rn est par définition


k−1
X −−−−−−−→
L(γ) = sup γ(ti )γ(ti+1 ) , (42)
a=t0 <···<tk =b i=0

ou le sup est pris sur toutes les subdivisions de l’intervalle [a, b]. La formule suivante
permet le calcul de la longueur d’une courbe à l’aide d’une intégrale.
Les p-formes et leurs applications 15

Proposition 7.3 Soit γ : [a, b] → Rn une courbe de classe C 1 . Alors

Z b
L(γ) = kγ 0 (t)kdt. (43)
a

Exemple 7.4 Déterminer la longueur de l’hélice paramétrée γ : [0, 2π] → R3 , t 7→


(R cos t, R sin t, at).

7.2 Paramétrisation d’une surface


Définition 7.5 Soit U un ouvert connexe (un domaine) de R2 . Une surface paramétrée
de classe C k est une application C k ϕ : U → R3 .

L’ensemble S = {ϕ(u, v) : (u, v) ∈ U } est appelé le support géométrique de ϕ. Une


surface paramétrée ϕ : U → R3 est dite régulière en M0 = ϕ(u0 , v0 ) si les vecteurs
∂ϕ ∂ϕ
(u0 , v0 ) et (u0 , v0 ) sont libres. Dans ce cas le plan tangent à la surface en M0 est
∂u ∂v
∂ϕ ∂ϕ
le plan passant par M0 et dirigé par les vecteurs (u0 , v0 ) et (u0 , v0 ). L’aire de la
∂u ∂v
surface S est donnée par

Z Z
∂ϕ ∂ϕ
A(S) = ∧ dudv. (44)
U ∂u ∂v

Exemple 7.6 Calcul l’aire du tore dont un paramétrage est


ϕ : [0, 2π[×[0, 2π[→ R3 , ϕ(u, v) = ((b + a cos u) cos v, (b + a cos u) sin v, a sin u) .

8 Intégration des formes différentielles

8.1 Intégrale curviligne et théorème de Green-Riemann


Soit ω = P dx + Qdy une forme différentielle sur R2 . (Cela revient au même de


considérer le champ de vecteurs F = (P, Q)) et soit C une courbe de paramétrage
x = x(t), y = y(t), a ≤ t ≤ b.
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Définition 8.1 L’intégrale curviligne de ω le long de C est


Z Z Z b
ω = P dx + Qdy = [P (x(t), y(t))x0 (t) + Q(x(t), y(t))y 0 (t)] dt (45)
C C a


Remarques 8.2 1. La formule (45) représente aussi la circulation du champ F =


(P, Q). Si F est une force qui déplace un objet le long de la courbe C alors La


formule (45) est le travail de F .
I Z
2. Si la courbe C est fermée on pourra écrire (pas obligatoire) ω au lieu de ω.
C C
Z
Exemple 8.3 Soit ω = (x2 + y 2 )dx + 2xydy. Évaluer ω dans chacun des cas suivants :
C
1. C : x(t) = t, y = 2t, 0 ≤ t ≤ 1.
2. C : x(t) = t, y = 2t2 , 0 ≤ t ≤ 1.
3. C est la ligne polygonale (0, 0) → (0, 2) → (1, 2).

Théorème 8.4 Soit ω une 1-forme différentielle de classe C 1 . Soit C une courbe de pa-
ramétrage x = x(t), y = y(t), a ≤ t ≤ b. Supposons que la forme ω soit exacte i.e il existe
une fonction f telle que ω = df . Alors
Z
ω = f (B) − f (A) (46)
C
où A = (x(a), y(a)) et B = (x(b), y(b)).

Cette intégrale ne dépend que des extrémités de la courbe.


Preuve.
Z Z b
ω= [P (x(t), y(t))x0 (t) + Q(x(t), y(t))y 0 (t)] dt (47)
C a

Z b 
∂f 0 ∂f 0
= (x(t), y(t))x (t) + (x(t), y(t))y (t) dt (48)
a ∂x ∂y

Z b
df
= (x(t), y(t))dt = f (B) − f (A). (49)
a dt
Les p-formes et leurs applications 17

Théorème 8.5 (Green-Riemann) Soit R une région de R2 dont la frontière ∂R est


une courbe simple fermée lisse par morceaux. Soit ω = P dx + Qdy. Alors
I Z Z  
∂Q ∂P
ω= − dxdy, (50)
∂R R ∂x ∂y

la courbe est parcourue de manière que la région R soit toujours à sa gauche.

Exercices 8.6 1. Calculer les intégrales doubles suivantes :


Z Z
(a) (x + y)ex+y dxdy, D = {(x, y) ∈ R2 : 0 < x < 2, 1 < y < 2}.
Z ZD
1
(b) 2 + y2
dxdy, D = {(x, y) ∈ R2 : x2 + y 2 < 1}
D 1 + x
 
x−y
Z Z
(c) exp dxdy, D = {(x, y) ∈ R2 : x > 0, y > 0, x + y < 1}. (On
D x+y
pourra utiliser le changement de variables u = x + y, v = x − y).
2. En utilisant le théorème de Green, évaluer les intégrales suivantes, la courbe ∂R
étant parcourue dans le sens positif (sens trigonométrique).
I
(a) (x2 − y 2 )dx + 2xydy, R = {(x, y) ∈ R2 : 0 ≤ x ≤ 1, 2x2 ≤ y ≤ 2x}.
∂R
I
(b) x2 ydx + 2xydy, R = {(x, y) ∈ R2 : 0 ≤ x ≤ 1, x2 ≤ y ≤ x}.
I∂R
(c) 2ydx − 3xdy, ∂R=cercle d’équation x2 + y 2 = 1. .
∂R
−y x
3. On considère la forme ω = P dx + Qdy avec P (x, y) = x2 +y 2
et Q(x, y) = x2 +y 2
. et
2 2
soit la région R = {(x, y) : 0 < x + y < 1}.
I Z Z  
∂Q ∂P
(a) Calculer ω et − dxdy
C R ∂x ∂y
(b) Le résultat obtenu contredit-il le théorème de Green ? A-t-on une explication ?
(c) Remplacer la région R par la couronne

1
R0 = {(x, y) : ≤ x2 + y 2 ≤ 1}
4
et vérifier que le théorème de Green fonctionne.
18 MENSAH Yaogan

8.2 Intégrale surfacique et théorème de la divergence (Théorème


d’Ostrogradski)
Définition 8.7 Soit Σ une surface dans R3 paramétrée par x = x(u, v), y = y(u, v),
z = z(u, v) avec (u, v) ∈ R ⊂ R2 . On pose


− →
− →
− →

r = x(u, v) i + y(u, v) j + z(u, v) k .

Soit f (x, y, z) une fonction réelle définie sur une partie de R3 contenue dans Σ. L’intégrale
surfacique de f sur Σ est

∂→
− ∂→

Z Z Z Z
r r
f (x, y, z)dσ = f (x(u, v), y(u, v), z(u, v)) ∧ dudv. (51)
Σ R ∂u ∂v
Notons que Z Z
dσ = A(Σ). (52)
Σ



Définition 8.8 Soit Σ une surface dans R3 . Soit le champ de vecteurs F = (P, Q, R)
défini dans une région de R3 contenant Σ. L’intégrale surfacique de f sur S est
− −
→ → →
− →
Z Z Z Z
F · dσ = F ·− n dσ. (53)
Σ Σ

où en chaque point →



n est le vecteur unitaire sortant normal à la surface S..

Le théorème qui suit donne un moyen de calculer l’intégrale surfacique sur les surfaces
fermées.

Théorème 8.9 (Le théorème de la divergence ou théorème d’Ostrogradsky) Soit Σ une




surface fermée de R3 entourant un solide S. Soit F = (P, Q, R) un champ de vecteurs
défini dans une région R3 contenant Σ. Alors

− −
→ → →

Z Z Z Z Z
F · dσ = div F dv. (54)
Σ S

Exercices 8.10 Z Zx + y + z = 1 telles x ≥ 0, y ≥ 0, z ≥ 0.


1. Soit Σ la partie du plan

− − −
→ →
Soit F (x, y, z) = (yz, xz, xy). Calculer F · dσ.
Σ
Les p-formes et leurs applications 19

− −
→ →
Z Z
2. Calculer directement puis en utilisant le théorème de la divergence F · dσ où
Σ


F = (x, y, z) et Σ est la sphère x2 + y 2 + z 2 = 1
3. En utilisant l’intégrale surfacique, montrer que l’aire d’une sphère de raison r est
4πr2 .
4. Soit la surface Σ d’équation z = f (x, y), (x, y) ∈ D ⊂ R2 où f est une fonction de
classe C 1 . Montrer que l’aire de Σ est :
s  2  2
Z Z
∂f ∂f
A(Σ) = 1+ + dxdy.
D ∂x ∂y
5. Si dans la formule d’Ostrogradsky
− −
→ → →

Z Z Z Z Z
F · dσ = div F dv.
Σ S



on prend F = (x, y, z) on obtient


− →
− →
− − →
Z Z
1
V(S) = (x i + y j + z k ) · dσ.
3 Σ

x2 y 2 z 2
Utiliser cette formule pour calculer le volume de l’ellipsoı̈de + 2 + 2 = 1.
a2 b c

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