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Chapitre 13 :

Calcul différentiel

Sommaire
1.1 GÉNÉRALITÉS SUR LES APPLICATIONS DIFFÉRENTIABLES . . . . . . . . . . . . . 2
1.1.1 Applications différentiables, différentielle d’une application différentiable . . . . . . 2
1.1.2 Cas particuliers . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
1.1.3 Propriétés des applications différentiables . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
1.2 DÉRIVÉES PARTIELLES . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
1.2.1 Dérivée suivant un vecteur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
1.2.2 Dérivées partielles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
1.2.3 Matrice jacobienne et jacobien . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13
1.2.4 Applications de classes C 1 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16
1.2.5 Cas où F = R . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16
1.3 DÉRIVÉES PARTIELLES D’ORDRES SUPÉRIEURES . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
1.4 APPLICATIONS . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20
1.4.1 Caractérisation des applications constantes sur un connexe par arcs . . . . . . . . . . 20
1.4.2 Extremums d’une fonction réelle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20
1.4.3 Vecteurs tangents à une partie d’un espace normé de dimension finie . . . . . . . . . 24

1
Dans ce chapitre, E, F, G, H désignent des R-espaces vectoriels normés de dimensions fi-
nis, p = dim E, n = dim F , U un ouvert non vide de E, V un ouvert non vide de F , B =
(e1 , · · · , ep ) une base de E, C = (e01 , · · · , e0n ) une base de F , a ∈ U, f ∈ F(U, F ), et f1 , · · · , fn
X n
les applications coordonnée de f relativement à la base C ; c’est à dire f (x) = fi (x).e0i pour
i=1
tout x ∈ E. En identifiant E à Rp et F à Rn , on écrira f = (f1 , · · · , fn ), x = (x1 , · · · , xp ) et
p
X n
X
y = (y1 , · · · , yn ) pour tout x = xi .ei ∈ E et tout y = yi .ei ∈ E.
i=1 i=1

1.1 GÉNÉRALITÉS SUR LES APPLICATIONS DIFFÉRENTIABLES

1.1.1 Applications différentiables, différentielle d’une application diffé-


rentiable
Posons Ua = {h ∈ E : a + h ∈ U }. Remarquons que, puisque U est un ouvert de E, alors
Ua l’est aussi.

Définition. 1.1.1:

On dit que l’application f est différentiable en a s’ils existent une application linéaire l
de E dans F , et une application ε : Ua → F telles que :

∀x ∈ U , f (x) = f (a) + l(x − a) + kx − ak.ε (x − a)

(1.1.1)

 lim ε(h) = 0
h→0

Dans ce cas, l s’appelle la différentielle de f en a, ou encore l’application linéaire tan-


gente au point a, et se note df (a).
On dit que f est différentiable sur U, si elle l’est en tout point de U, dans ce cas, l’ap-
plication de U vers L(E, F ), qui à chaque x ∈ U fait correspondre df (x) s’appelle la
différentielle de f et se note df.

R EMARQUE 1.1.1 1. La relation (1.1.1) est dite un développement limité de f en a à l’ordre 1. En


pratique, on l’écrit sous la forme

f (x) = f (a) + df (a)(x − a) + o (kx − ak) ,

et en posant x = a + h, elle devient :

f (a + h) = f (a) + df (a)(h) + o(||h||),

c’est à dire qu’on se ramène ainsi à un développement limité de f en 0 à l’ordre 1. On pourra


noter aussi o (x − a) et o(h) au lieu de o (kx − ak) et o(||h||).
2. La notion de différentiabilité, ainsi que celle de la différentielle ne dépend pas de la norme choisie.
3. Dans toute la suite, on notera indifféremment df (a)(h) ou df (a).h.

2
Proposition. 1.1.1:

La différentielle d’une application différentiable est unique.

l1 (h) − l2 (h)
P REUVE : Supposons que f admet deux différentielles l1 et l2 en a. Donc lim = 0, et par
h→0 ||h||
l1 (t.e) − l2 (t.e) l1 (e) − l2 (e)
suite, pour tout vecteur non nul e ∈ E on a lim = 0, ce qui donne = 0 et
t→0+ ||t.e|| ||e||
finalement l1 (e) = l2 (e).

E XEMPLES 1.1.1
1. Soit l’application f : R2 → R définie par f (x, y) = 1 + x + 2y + xy et soit a = (0, 0).
Remarquons que
— f (0, 0) = 1,
— l’application
l : R2 → R
(x, y) 7→ x + 2y
est linéaire
xy
— lim = 0 ; car 0 ≤ |xy| ≤ x2 + y 2 , c’est à dire que xy = o (k(x, y)k2 ).
(x,y)→(0,0) k(x, y)k2
Donc,
f (x, y) = f (a) + x + 2y + o (k(x, y)k2 )
et par la suite f est différentiable en a, et

∀(x, y) ∈ R2 , df (0, 0).(x, y) = x + 2y.

2. Soit l’application f définie sur R2 par f (x, y) = 2 + 2x − 3y + x2 y. Montrons qu’elle est


différentiable sur R2 et calculons sa différentielle df (x, y) en tout point (x, y) ∈ R2 . En effet,
pour tous (x, y) ∈ R2 et (h, k) ∈ R2 on a :

f ((x, y) + (h, k)) = f (x + h, y + k)

= 2 + 2(x + h) − 3(y + k) + (x + h)2 (y + k)

= 2 + 2x + 2h − 3y − 3k + x2 y + x2 k + h2 y + h2 k + 2xhy + 2xhk

= 2 + 2x − 3y + x2 y + 2h − 3k + x2 k + 2xhy + 2xhk + h2 y + h2 k

= f (x, y) + l(h, k) + ε(h, k)


avec
l(h, k) = 2h − 3k + x2 k + 2xhy et ε(h, k) = 2xhk + h2 y + h2 k.
Comme précédemment, pour (x, y) fixé dans R2 , l’application l est linéaire, et

|ε(h, k)| ≤ k(h, k)k2∞ (|2x| + |y| + k(h, k)k∞ ) ,

ce qui prouve que ε(h, k) = o (k(h, k)k∞ ). Donc, f est différentiable sur R2 et :

∀(x, y) ∈ R2 , ∀(h, k) ∈ R2 , df (x, y).(h, k) = 2h − 3k + x2 k + 2xhy

3
1.1.2 Cas particuliers

Proposition. 1.1.2:

Si f est constante alors f est différentiable en a et df (a) est l’application nulle.

P REUVE : Évident

Proposition. 1.1.3:

Si f est la restriction à U d’une application linéaire g : E 7→ F , alors f est différentiable


sur U et :
∀x ∈ U, df (x) = g.

P REUVE : Évident

Proposition. 1.1.4: Cas d’une fonction à variable réelle

Si E = R, alors f est différentiable au point a si et seulement si elle dérivable en a, et


dans ce cas on a :

∀h ∈ R df (a).h = h.f 0 (a) et f 0 (a) = df (a).1.

P REUVE :
=⇒) On a ∀h ∈ Ua , f (a + h) = f (a) + df (a)(h) + o(|h|), donc f (a + h) = f (a) + hdf (a)(1) + o(h),
ainsi f est dérivable en a et f 0 (a) = df (a)(1)
⇐=) On a ∀h ∈ Ua , f (a + h) = f (a) + hf 0 (a) + o(h), et l’application qui à chaque h fait correspondre
hf 0 (a) est linéaire, donc f est différentiable au point a df (a)(h) = hf 0 (a) pour tout h ∈ R

1.1.3 Propriétés des applications différentiables

Proposition. 1.1.5:

f est différentiable au point a si et seulement si f1 , · · · , fn le sont. Dans ce cas :


n
X
∀h ∈ E , df (a)(h) = dfk (a).h.e0k ,
k=1

En particulier, si F = Rp , et B est sa base canonique, alors

∀h ∈ E , df (a).h = (df1 (a).h, · · · , dfn (a).h)

4
P REUVE : Soit l une application linéaire de E vers F de composantes l1 , · · · ln dans la base C, c’est
n
X
à dire l(h) = li (h).e0i . Alors on a les deux propriétés suivantes sont équivalentes :
i=1

1
lim (f (a + h) − f (a) − l(h)) = 0E
h→0E ||h||
1
∀i ∈ [ 1, p]] , lim (fi (a + h) − fi (a) − li (h)) = 0
h→0E ||h||
d’où le résultat.

E XEMPLE 1.1.1
Considérons l’application

f : R2 → R2
(x, y) 7→ f (x, y) = (1 + x + 2y + xy, x2 y)

f est différentiable en a = (0, 0), car les applications f1 et f2 définies par f1 (x, y) = 1 + x + 2y + xy
et f2 (x, y) = x2 y le sont (voir exemple précédent), et

∀(x, y) ∈ R2 , df (0, 0)(x, y) = (x + 2y, 0) .

Proposition. 1.1.6:

Si f est différentiable en a, alors f est continue en a.

P REUVE : Il est clair, à partir du développement limité de f à l’ordre 1 en a que lim f (x)) = f (a), donc
x→a
f est continue en a.

R EMARQUE 1.1.2 La réciproque est fausse. En effet, la fonction f : R → R définie par f (x) = |x| est
continue sur R, mais elle n’est pas dérivable (donc non différentiable) en 0.

E XEMPLE 1.1.2 Soit


f : R2 → R
y2


 si x 6= 0
x

(x, y) 7−→


0 sinon

On a lim f (x2 , x) = 1 6= f (0, 0) = 0, donc f n’est pas continue en a = (0, 0), et par la suite elle n’est
x→0
x6=0
pas différentiable en ce point.

Proposition. 1.1.7:

Si f et g sont deux applications différentiables au point a, et α, β deux réels, alors


αf + βg est différentiable au point a et on a : d (αf + βg) (a) = αdf ((a) + βdg(a)

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P REUVE : Facile

Rappelons que si f : E → F est une application linéaire et E est de dimension finie alors f
est continue sur E, et que ceci se traduit par l’existence d’un réel C > 0 tel que :

∀x ∈ E, kf (x)k ≤ Ckxk.

Aussi, si B : E × F → G est une application linéaire et E, F sont de dimensions finies, alors B


est continue sur E, de plus il existe un réel C > 0 tel que :

∀(x, y) ∈ E × F, kB(x, y)k ≤ Ckxk.kyk.

En effet, comme l’ensemble

S = {(x, y) ∈ E × F : kxk = kyk = 1}

est compact dans E×F , alors B est bornée sur S, ainsi, si on pose C = sup{kB(x, y)k : (x, y) ∈
S} alors on peut déduire que pour tous vecteurs non nuls x ∈ E et y ∈ F on a
x y
B( , ) ≤C
kxk kyk
puis
kB(x, y)k ≤ C.kxk.kyk.

Proposition. 1.1.8:

Si f : U → F et g : U → G sont deux applications différentiables en a (resp : sur U), et


B : F × G → H est une application bilinéaire, alors l’application

B(f, g) : U −→ H
x 7−→ B(f (x), g(x))

est différentiable en a (resp : sur U) et :

∀x ∈ E, dB(f, g)(a)(x) = B(df (a)(x), g(a)) + B(f (a), dg(a)(x))

P REUVE : Supposons que f et g sont différentiables en a. Elles admettent alors des développe-
ments limités à l’ordre 1 :
∀h ∈ Ua , f (a + h) = f (a) + df (a)(h) + khk.ε1 (h)) et g(a + h) = g(a) + dg(a)(h) + khk.ε2 (h)
avec
lim ε1 (h) = lim ε2 (h) = 0.
h→0 h→0
Donc,
∀h ∈ Ua , B (f (a + h), g(a + h)) = B (f (a) + df (a)(h) + khk.ε1 (h)), g(a) + dg(a)(h) + khk.ε2 (h))

= B(f (a), g(a)) + B(df (a)(h), g(a)) + B(f (a), dg(a)(h)) + ε(h)
avec
ε(h) = khk.B (f (a), ε2 (h)) + B (df (a)(h), dg(a)(h)) + khk.B (df (a)(h), ε2 (h)) + khk.B (ε1 (h), g(a))

+khk.B (ε1 (h), dg(a)(h)) + khk.B (ε1 (h), khk.ε2 (h))

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Or, ils existent des réel strictement positifs C1 , C2 , C3 tels que pour tous x ∈ E, y ∈ F et z ∈ G on a

kdf (a)(x)k ≤ C1 kxk, kdg(a)(x)k ≤ C2 kxk et kB(y, z)k ≤ C3 .kyk.kzk.


ε(h)
Il en découle que : lim = 0, ce qu’il faut démontrer.
h→0 khk

Corollaire. 1.1.1: Cas particuliers

Si f : U → F et λ : U → R sont deux applications différentiables en a (resp : sur U),


alors l’application
λ.f : U −→ H
x 7−→ λ(x).f (x)
est différentiable en a (resp : sur U) et dans ce cas on a :

∀x ∈ E, d(λ.f )(a)(x) = dλ(a)(x).f (a) + λ(a).df (a)(x)

Proposition. 1.1.9:

Si f est différentiable en a, ( resp : sur U ), f (U ) ⊂ V et g est une application de V dans


G différentiable en f (a), ( resp : sur V ) alors gof est différentiable en a, ( resp : sur U )
et on a : d(g ◦ f )(a) = dg (f (a)) ◦ df (a)

P REUVE :
Supposons que f et g sont différentiables en a et b = f (a) respectivement. Comme dans la proposi-
tion précédente, on peut écrire :

f (a + h) = f (a) + df (a)(h) + khk.ε1 (h))

et
g(b + h) = g(b) + dg(b)(h) + khk.ε2 (h)
avec
lim ε1 (h) = 0 et lim ε2 (h) = 0
h→0 h→0

et ils existent des réel strictement positifs C1 , C2 tels que pour tous x ∈ E et y ∈ F on a

kdf (a)(x)k ≤ C1 kxk, et kdg(b)(y)k ≤ C2 kyk.


Donc,

g ◦ f (a + h) = g(f (a + h))
= g (f (a) + df (a)(h) + khk.ε1 (h))
= g(f (a)) + dg(f (a)) (df (a)(h) + khk.ε1 (h))) + kdf (a)(h) + khk.ε1 (h)k.ε2 (df (a)(h) + khk.ε1 (h))
= g(f (a)) + dg(f (a))(df (a)(h)) + ε(h)
avec
ε(h) = khk.dg(f (a)) (ε1 (h))) + kdf (a)(h) + khk.ε1 (h)k.ε2 (df (a)(h) + khk.ε1 (h))
ε(h)
D’où : lim = 0, et le résultat est démontré.
h→0 khk

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Corollaire. 1.1.2: Dérivée le long d’un arc ϕ

Si U est un intervalle ouvert non vide de R, ϕ une application dérivable de U à valeurs


dans V et g une application différentiable sur V à valeurs dans G, alors l’application
g ◦ ϕ est dérivable sur V et on a :

∀a ∈ U , (g ◦ ϕ)0 (a) = dg(ϕ(a)) (ϕ0 (a))

En particulier, si ϕ est de a forme ϕ(t) = x + th alors

(g ◦ ϕ)0 (a) = dg(ϕ(a)).h

1.2 DÉRIVÉES PARTIELLES

1.2.1 Dérivée suivant un vecteur

Soient v un vecteur non nul de E, Ia,v = {t ∈ R : a + tv ∈ U }, et ϕa,v l’application de Ia,v


à valeurs dans F définie par :

∀t ∈ Ia,v , ϕa,v (t) = f (a + tv)

Notons que Ia,v est un ouvert de R contenant 0.

Définition. 1.2.1:

On dit que f admet une dérivée en a suivant le vecteur v, si la fonction ϕa,v est déri-
∂f
vable en 0. Dans cas, ϕ0a,v (0) se noté Dv f (a) ou (a), et s’appelle la dérivé de f en a
∂v
selon le vecteur v.
∂f f (a + tv) − f (a)
ie : Dv f (a) = (a) = ϕ0a,v (0) = lim
∂v t→0 t

E XEMPLES 1.2.1
1. f (x, y) = xy + x, a = (x, y); v = (v1 , v2 ).
f (a + tv) − f (a)
On peut calculer lim pour déterminer Dv f (a), mais il est plus facile ici de
t→0 t
0
calculer la dérivée ϕa,v (0), où ϕa,v (t) = f (a + tv) = (x + tv1 )(y + tv2 ) + x + tv1 . On trouve
alors : Dv f (a) = v1 y + xv2 + v1
2. Soit
f : R2 → R
 2
y
si x 6= 0
(x, y) 7−→ x
0 sinon

avec a = (0, 0) et v = (h, k) quelconque.

8
Pour tout t ∈ R, en notant ϕ (t) = f (a + tv) on a
 2
tk

 ; si h 6= 0
h

ϕ (t) =


0, si h = 0

Donc, f est dérivable en (0, 0) suivant tout vecteur non nul v = (h, k) de R2 et
 2
k
 ; si h 6= 0

∂f 
h
(0, 0) = ϕ0 (0) =
∂v 

0, si h = 0

Proposition. 1.2.1:

Si f est différentiable en a, alors f admet en a une dérivée suivant tout vecteur non nul
v ∈ E, et on a
∂f
Dv f (a) = (a) = df (a).v
∂v

P REUVE : En effet dans ce cas on a :


f (a + tv) − f (a) df (a)(tv) + o(t)
lim = lim
t→0 t t→0 t

= df (a)(v)

E XEMPLE 1.2.1 Reprenons l’exemple précédent ; f (x, y) = xy + x. Elle est différentiable sur R2 car
les applications (x, y) 7→ x et (x, y) 7→ x le sont. Ainsi, pour tout a = (x, y) et v = (v1 , v2 ) dans R2
on a
df (a).v = Dv f (a) = v1 y + xv2 + v1 .

R EMARQUE 1.2.1 La réciproque est fausse, en effet, il suffit de considérer l’exemple précédent 1.2.1. 2.
Il s’agit d’une application qui admet une dérivée suivant tout vecteur, alors qu’elle n’est pas continue,
donc non différentiable en (0, 0) (voir exemple 1.1.2).

Proposition. 1.2.2:

f est dérivable en a suivante le vecteur v si, et seulement si les applications coordon-


nées, f1 , · · · , fn de f relativement à la base C, sont dérivable en a selon le vecteur v. Si
c’est le ce cas on a
n  
∂f X ∂fi ∂f1 ∂fn
(a) = (a).e0i = (a), · · · , (a)
∂v i=1
∂v ∂v ∂v

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1.2.2 Dérivées partielles

Définition. 1.2.2:

1. On dit que f admet une dérivée partielle (première) en a par rapport à xj , si f


∂f
admet en a une dérivée suivant ej . Si c’est le cas, l’élément Dej f (a) se note (a)
∂xj
2. Si f admet une dérivée partielle par rapport à xj en tout point de U, on définit
l’application, j-ème dérivée partielle de f par :

∂f
: U → Rn
∂xj ∂f
x 7−→ (x)
∂xj

R EMARQUES 1.2.1 1. f admet une j-ème dérivée partielle en un point a = (a1 , . . . , ap ) ∈ U, si, et
seulement si, l’application partielle fj : xj 7−→ f (a1 , . . . , aj−1 , xj , aj+1 , . . . , ap ) est dérivable
au point aj , et dans ce cas on a
∂f
(a) = fj0 (aj ).
∂xj
2. Parfois, selon la notation choisie pour la variable, les dérivées partielles premières de f peuvent
∂f ∂f
être notées notées autrement ; par exemple (a), (a)...
∂yj ∂zj

E XEMPLES 1.2.2
1. Soit f : R3 → R
(x, y, z) 7−→ x2 − yz
Il est clair que f admet des dérivée partielles en tout point (x, y, z) ∈ R3 et

∂f ∂f ∂f
(x, y, z) = 2x, (x, y, z) = −z et (x, y, z) = −y,
∂x ∂y ∂z

2. soit f : R3 → R
(r, θ, ϕ) 7−→ r sin θ cos ϕ
f admet des dérivée partielles en tout point (r, θ, ϕ) ∈ R3 et

∂f ∂f ∂f
(r, θ, ϕ) = sin θ cos ϕ, (r, θ, ϕ) = r cos θ cos ϕ et (r, θ, ϕ) = −r sin θ sin ϕ,
∂r ∂θ ∂ϕ

Propriétés 1.2.1

Soient f, g ∈ F(U, Rn ) et λ ∈ R.
1. f admet une j−ème dérivée partielle au point a si,et seulement si, f1 , · · · , fn admettent une
j−ème dérivée partielle au point a. Dans ce cas,
n  
∂f X ∂fi ∂f1 ∂fn
(a) = (a)e0i = (a), · · · , (a)
∂xj i=1
∂xj ∂xj ∂xj

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2. Si f et g admettent une j−ème dérivée partielle au point a, alors λ.f + g admet une j−ème
∂(λ.f + g) ∂f ∂g
dérivée partielle au point a, et (a) = λ. (a) + (a)
∂xj ∂xj ∂xj

E XEMPLE 1.2.2 Soit f : R2 → R2


(x, y) 7−→ (y sin x, cos y)
Les applications coordonnées de f admettent des dérivées partielles par rapport aux deux composantes
en tout point a = (a1 , a2 ) de R2 et on a :

∂f ∂f
(a1 , a2 ) = (a2 cos a1 , 0) et (a1 , a2 ) = (sin a1 , − sin a2 )
∂x ∂y

Proposition. 1.2.3:

Si f est différentiable en a, alors


1. les p -dérivées partielles de f en a existent et on a

∂f
∀i ∈ [ 1, p]] , (a) = df (a)(ei )
∂xi

2. pour tout vecteur non nul v = (h1 , . . . , hp ) de Rp on a :


 p
 X ∂f

 hj (a)
∂xj


j=1 



 
 n p
∂fi

X X
df (a)(v) =  hj (a) e0i
 i=1 j=1
∂x j

  

 p p
∂f1 ∂fn 

 X X
hj (a), · · · , hj (a)





j=1
∂x j j=1
∂x j

E XEMPLE 1.2.3 Soit f : R2 → R


(x, y) 7→ x2 y + xy 2
f es différentiables sur R2 , car les application (x, y) 7→ x et (x, y) 7→ x le sont. De plus, pour tout
∂f ∂f
(x, y) ∈ R2 on a (x, y) = 2xy + y 2 et (x, y) = 2xy + x2 . On en déduit que
∂x ∂y

∂f ∂f
df (x, y).(h, k) = h. (x, y) + k. (x, y) = h(2xy + y 2 ) + k(2xy + x2 )
∂x ∂y

R EMARQUE 1.2.2 L’application f peut avoir des dérivées partielles en un point a, sans être continue
(et à fortiori, sans être différentiable ) en ce point ; voir exemple 1.2.1-2.

11
Proposition. 1.2.4: Règle de la chaine

Soient g ∈ F(V, Rq ) telle que f (U) ⊂ V, et g1 , · · · , gq les composantes de g dans la base


canonique de Rq . Si f est différentiable sur en a, (resp : sur U), et g est différentiable en
f (a), (resp : sur V), alors
1. g ◦ f est différentiable en a, (resp : sur U), et on a :
n
∂(g ◦ f ) X ∂fi ∂g
∀j ∈ [ 1, p]] , (a) = (a). (f (a))
∂xj i=1
∂xj ∂yi

2. les composantes de g◦f dans la base canonique de Rq sont (g◦f )1 = g1 ◦f, · · · , (g◦
f )q = gq ◦ f et on a ;
n
∂(g ◦ f )i X ∂fk ∂gi
∀j ∈ [ 1, p]] ∀i ∈ [ 1, q]] , (a) = (a). (f (a))
∂xj ∂xj ∂yk
k=1

P REUVE : Nous avons déjà démontré que l’application g ◦ f est différentiable en a. Pour j ∈ [ 1, p]],
on a alors :
∂(g ◦ f )
(a) = d(g ◦ f )(a)(ej )
∂xj

= dg(f (a)) (df (a)(ej ))


 
∂f
= dg(f (a)) (a)
∂xj
n
!
X ∂fi
= dg(f (a)) (a).e0i
i=1
∂x j

n
X ∂fi
= (a).dg(f (a))(e0i )
i=1
∂x j

n
X ∂fi ∂g
= (a). ((f (a))
i=1
∂x j ∂y i

Corollaire. 1.2.1:

Sous les mêmes hypothèses, si E = R alors g ◦ f est dérivable en a, (resp : sur U), et on
a:
n
X ∂g
(g ◦ f )0 (a) = fi0 (a). (f (a))
i=1
∂yi

E XERCICE 1.2.1 Soit g : R2 → R une application différentiable sur R2 . On effectue le changement de


variable x = r cos θ, y = r sin θ et on pose f (r, θ) = g(x, y) = g(r cos θ, r sin θ). Calculer les dérivées
partielles de f en fonction de celles de g.

12
E XERCICE 1.2.2 Soit f : R2 → R une fonction différentiable sur R2 , et g l’application définie sur R
par :
∀t ∈ R , g(t) = f (2t, 1 + t2 )
Montrer que g est dérivable sur R, et exprimer g 0 (t) pour tout t ∈ R en fonction des dérivées partielles
première de f .

1.2.3 Matrice jacobienne et jacobien

Définition. 1.2.3:

Si f est différentiable en un point a ∈ U, on appelle matrice jacobienne de f en a, la


matrice Jf (a) ∈ Mn,p (R) définie par
 
∂f1 ∂f1
   ∂x1 (a) . . . ∂xp (a)
∂fi  
Jf (a) = (a) =  ... .. .. 

∂xj 1≤i≤n  . .  
1≤j≤p  ∂fn ∂fn 
(a) . . . (a)
∂x1 ∂xp

Dans le cas où n = p, on appelle jacobien de f au point a, le déterminant de la matrice


D(f1 , · · · , fn )
jacobienne de f au même point, et on le note )
D(x1 , · · · , xp

E XEMPLES 1.2.3
1. La matrice Jacobienne de l’application f : R2 → R3 définie par :

∀(x, y) ∈ R2 , f (x, y) = x2 − 2y, x + y 3 , −3xy




est :  
2x −2
Jf (x, y) =  1 3y 2 
−3y −3x

2. Soit l’application f définie sur Rn par : ∀x ∈ Rn , f (x) = ||x||2 , où ||.|| désigne la norme
euclidienne sur Rn . f est différentiable sur Rn et pour tout a = (x1 , . . . , xn ) on a :

Jf (a) = diag (2x1 , . . . , 2xn )

3. Pour l’application f définie sur R2 par f : (r, θ) 7−→ (r cos θ, r sin θ) on a :


 
cos θ −r sin θ
Jf (r, θ) =
sin θ r cos θ

D(x, y)
En posant x et y les applications coordonnées de f , son Jacobien s’écrit : = r.
D(r, θ)
4. Coordonnées sphériques : Soit S l’application de R3 à valeurs dans R3 définie par :

S(r, θ, φ) 7−→ r(sin θ cos φ, r sin θ sin φ, r cos θ)

13
z

y
x φ

La matrice jacobienne de S au point (r, θ, φ) est :


 
sin θ cos θ r cos θ cos φ −r sin θ sin φ
JS (r, θ, φ) = sin θ sin φ r cos θ sin φ r sin θ cos φ 
cos θ −r sin θ 0
D(x, y, z)
Et par suite son jacobien est : = r2 sin θ
D(r, θ, φ)
Propriétés 1.2.2

Si f est différentiables en a alors :


1. Jf (a) est la matrice de df (a) relativement aux bases canoniques de Rp et Rn .
2. Si g est une application de V dans Rn différentiable en a et α ∈ R alors Jαf +g (a) =
α.Jf (a) + Jg (a)
3. Si f (U) ⊂ V, et g est une application de V dans Rq et différentiable en f (a), alors

Jg◦f (a) = Jg (f (a)) Jf (a)

E XEMPLE 1.2.4 Expliciter la différentielle de


f : R2 −→ R2
(x, y) 7→ (x2 + y 2 , xy − y)
f est bien différentiable sur R2 et sa matrice Jacobienne en (x, y) est :
 
2x 2y
Jf (x, y) =
y x−1
L’expression de df (x, y).(h, k) peut être déduite du produit matriciel
    
2x 2y h 2xh + 2yk
=
y x−1 k yh + (x − 1)k

14

df (x, y).(h, k) = 2xh + 2yk , yh + (x − 1)k

E XERCICE 1.2.3 (CCP 2017) On définit deux fonctions :


- la fonction f de R2 dans R par f (x, y) = sin(x2 − y 2 ),
- la fonction g de R2 dans R2 par g(x, y) = (x + y, x − y).
1. Justifier que les fonctions f et g sont différentiables en tout vecteur (x, y) ∈ R2 et écrire la matrice
jacobienne de f puis de g en (x, y).
2. Pour (x, y) ∈ R2 , déterminer l’image d’un vecteur (u, v) ∈ R2 par l’application linéaire
d(f ◦ g)((x, y)) en utilisant les deux méthodes suivantes :
(a) en calculant f ◦ g ;
(b) en utilisant le produit de deux matrices jacobiennes.

Solution 1 1. Les fonctions (x, y) 7→ x et (x, y) 7→ y sont différentiables sur R2 , car elles sont
linéaires, et la fonction sin est différentiables car elle est dérivable) sur R, donc f et g sont diffé-
rentiables sur R2 comme composées de fonctions différentiables sur R2 . On peut remarquer aussi
que g est linéaire. De plus, pour tout point (x, y) ∈ R2 on a

J(f )(x, y) = 2x cos(x2 − y 2 ), −2y cos(x2 − y 2 )




 
1 1
J(g)(x, y) =
1 −1

2. (a) On a facilement

∀(x, y) ∈ R2 , f ◦ g(x, y) = sin((x + y)2 − (x − y)2 ) = sin(4xy)

On en déduit que

∂f ◦ g ∂f ◦ g
∀(x, y), (u, v) ∈ R2 , d(f ◦g)(x, y).(u, v) = u (x, y)+v (x, y) = 4(yu+xv) cos(4xy)
∂x ∂y

(b) On sait que

∀(x, y) ∈ R2 , J(f ◦ g)(x, y) = J(f )(g(x, y)) × J(g)(x, y)


 
 1 1
= 2(x + y) cos(4xy), 2(x − y) cos(4xy)
1 −1

= 4x cos(4xy), 4y cos(4xy)

On obtient l’image de (u, v) en multipliant la jacobienne par la matrice colonne associé à


(u, v) et on a le même résultat.

R EMARQUE 1.2.3 On retrouve donc la relation


n
∂gi of X ∂gi ∂fk
∀(i, j) ∈ [ 1, q]] × [ 1, p]] , (a) = (f (a)) (a)
∂xj ∂yk ∂xj
k=1

où (g1 , . . . , gq ) désignent les composantes de g dans la base canonique de Rq .

15
1.2.4 Applications de classes C 1

Définition. 1.2.4:

On dit que que f est de classe C 1 sur U, si elle admet en tout point de U, des dérivées
partielles continues. L’ensemble des applications de classes C 1 sur U se note C 1 (U, Rn )

E XEMPLES 1.2.4
1. Toute application constante sur U est de classe C 1 sur U
2. Toute application linéaire sur Rp est de classe C 1 sur Rn

Théorème. 1.2.1:

Les propositions suivantes sont équivalentes


1. f est différentiable sur U, et df est continue sur U.
2. Pour tout vecteur non nul v , f admet une dérivée selon le vecteur v et l’applica-
tion Dv f est continue sur U.
3. f est de classe C 1 sur U.

Propriétés 1.2.3

1. C 1 (U, F ) est un R.e.v.


2. f est de classe C 1 sur U ssi f1 , · · · , fn le sont.
3. Si f est de classe C 1 dans C et g est de classe C 1 sur V et f (U) ⊂ V , alors g ◦ f est de classe
C 1 sur U

1.2.5 Cas où F = R
Dans cette partie, on suppose que F = R, et que f, g sont deux applications de U dans R
différentiables en a.
Définition. 1.2.5:

On appelle gradient de f au point a, le vecteur :


 
∂f ∂f
grad (f )(a) = (a), . . . , (a) .
∂x1 ∂xp

On le note aussi par ∇(f )(a).

Propriétés 1.2.4

16
Soient f, g ∈ C 1 (U, R)
1. ∀h ∈ Rp , df (a)(h) =< grad (f )(a)/h >
2. ∀α ∈ R, grad (α.f + g)(a) = α.grad (f )(a) + grad (g)(a)
3. f g est différentiable en a, grad (f g)(a) = f (a)grad (g)(a) + g(a)grad (f )(a).
1 f
4. Si de plus g ne s’annule pas sur U, alors et sont différentiables en a, et :
g g
 
1 −1
grad (a) = 2 grad (g)(a)
g g (a)

et  
f 1
grad (a) = 2 (f (a)grad (g)(a) − g(a)grad (f )(a))
g g (a)

5. C 1 (U, R) est une algèbre.


6. Toute application polynômiale de Rp est de classes C 1 sur Rp .
7. Toute fraction rationnelle de Rp est de classes C 1 sur son domaine de définition.

E XEMPLE 1.2.5 La fonction

f : R2 −→ R
1+x+y
(x, y) 7→
1 + x2 + y 2

est de classe C 1 sur R2 , car c’est une fraction rationnelle. Son gradient en a = (x, y) ∈ R2 est

1
1 − x2 + y 2 − 2x − 2xy, 1 − y 2 + x2 − 2y − 2xy

∇(f ))(a) = 2
(1 + x2 + y2 )

Donc, pour tout v = (h, k) ∈ R2 on a

1 − x2 + y 2 − 2x − 2xy 1 − y 2 + x2 − 2y − 2xy
df (a)(v) = h∇(f )(a)/vi = 2 .h + 2 .k
(1 + x2 + y 2 ) (1 + x2 + y 2 )

1.3 DÉRIVÉES PARTIELLES D’ORDRES SUPÉRIEURES

On va définir les dérivées partielles d’ordres k ∈ N∗ de f en a par récurrence sur k. Suppo-


sons donc que pour tous i1 , · · · , ik ∈ [ 1, p]], la notion de la dérivée partielle d’ordre k de f par
∂kf
rapport à (xi1 , · · · , xik ) en a, notée (a) est définie, et soient i1 , · · · , ik+1 ∈ [ 1, p]].
∂xik , · · · , ∂xi1

17
Définition. 1.3.1:

1. On dit que f admet en a une dérivée partielle (d’ordre k + 1) par rapport à


(xi1 , · · · , xik+1 ), si :
(a) f admet sur U une dérivée partielle (d’ordre k) par rapport à (xi1 , · · · , xik ),
et
∂kf
(b) admet en a une dérivée partielle par rapport à xik+1 en a.
∂xik , · · · , ∂xi1
∂kf ∂ k+1 f
 

Dans ce cas, (a) est notée (a)
∂xik+1 ∂xik , · · · , ∂xi1 ∂xik+1 , · · · , ∂xi1
2. On dit que f est de classe C k sur U si toutes les dérivées partielles d’ordre k de f
sont définies et continues sur U.
3. f est dite C ∞ sur U si elle est C k sur U pour tout k ∈ N.

Notations
1. Pour tout k ∈ N∗ ∪ {∞}, l’ensemble des applications de classes C k sur U se note
C k (U, F ).
∂kf ∂kf
2. On note =
...∂xi ∂xi ...∂xi ... ...∂xm
i ...
| {z }
m−f ois
3. Dans le cas p = 2, on note x et y au lieu de x1 et x2 .
E XEMPLE 1.3.1 Déterminer les dérivées secondes de la fonction définie sur R2 par : f (x, y) = x3 y 4 +
x2 + y 3 pour tout (x, y) ∈ R2 .
Propriétés 1.3.1

Soient f, g ∈ F(U, F ) et α ∈ R.
1. f est de classe C k sur U si, et seulement si, f1 · · · , fn le sont. Si c’est le cas les fonctions
∂kf ∂ k fi
composantes de sont avec i ∈ [ 1, n]]
∂xi1 . . . ∂xik ∂xi1 . . . ∂xik
2. Si f et g sont de classes C k sur U alors αf + g l’est aussi, et pour tout i1 , . . . , ik ∈ [ 1, p]], on
a:
∂ k (αf + g) ∂kf ∂kg
= α. +
∂xi1 . . . ∂xik ∂xi1 . . . ∂xik ∂xi1 . . . ∂xik

3. L’ensemble C k (U, Rn ) est un sous espace vectoriel de C (U, Rp )

Propriétés 1.3.2

Soient f, g ∈ F(U, R). Si f et g sont de classes C k alors :


1. f.g est de classes C k sur U.
f
2. Si de plus g ne s’annule pas sur U, alors est de classes C k sur U.
g

18
Conséquences
1. L’ensemble des fonction de classe C k de U à valeurs dans R est une sous algèbre de
C (U, R)
2. Toute application polynômiale est de classe C ∞ sur Rp .
3. Toute fraction rationnelle est de classe C ∞ sur son domaine de définition.

Proposition. 1.3.1:

Si f est de classe C k sur U, f (U) ⊂ V et g une application de classe C k sur V à valeurs


dans Rq , alors g ◦ f est de classe C k sur U

Théorème. 1.3.1: de Schwartz (Admis)

Si f est de classe C 2 sur U, alors :

∂2f ∂2f
∀(i, j) ∈ [ 1, p]]2 , ∀a ∈ U , (a) = (a)
∂xi ∂xj ∂xj ∂xi

R EMARQUE 1.3.1 En pratique, on utilise ce résultat souvent pour montrer que f n’est pas de classe
C 2 sur U.

E XERCICE 1.3.1 Soit l’application :

2 2
 xy(x − y ) si (x, y) 6= (0, 0)

f (x, y) = x2 + y 2
0 si (x, y) = (0, 0)

1. Justifier pourquoi f est de classe C ∞ sur R2 \ {(0, 0)}.


2. Montrer que f admet en (0, 0) des dérivée partielles secondes, que l’on calculera.
3. Montrer que f est de classe C 1 sur R2 et n’est pas de classe C 2 sur R2 .

R EMARQUE 1.3.2 La réciproque du théorème de Schwartz n’est pas vraie comme le montre l’exemple
ci-dessous.

E XERCICE 1.3.2 Montrer que l’application

y4

 si (x, y) 6= (0, 0)
f (x, y) = x2 + y 2
0 si (x, y) = (0, 0)

∂2f ∂2f
n’est pas de classe C 2 sur R2 , et que : ∀(x, y) ∈ R2 , (x, y) = (x, y).
∂x∂y ∂y∂x

19
1.4 APPLICATIONS

1.4.1 Caractérisation des applications constantes sur un connexe par arcs

L EMME 1.4.1 Si f est une application de classe C 1 de U dans F , et si γ est une application de classe
C 1 de [0, 1] dans U telle que γ(0) = a, γ(1) = b, alors :
Z 1
f (b) − f (a) = df (γ(t)).γ 0 (t)dt.
0

P REUVE : En effet, dans ce cas f ◦ γ est dérivable sur [0, 1] et


∀t ∈ [0, 1], (f ◦ γ)0 (t) = df (γ(t)).γ 0 (t).
Donc, Z 1 Z 1
f (b) − f (a) = f ◦ γ(1) − f ◦ γ(0) = (f ◦ γ)0 (t)dt = df (γ(t)).γ 0 (t)dt.
0 0

Théorème. 1.4.1:

Si U est connexe par arcs et f est de classe C 1 sur U, alors f est constante sur U si et
seulement si df est nulle sur U.

P REUVE : Le sens direct est évident, pour le sen réciproque, conformément au programme, on se
limitera dans la preuve au cas où U est convexe. Soit a, b ∈ U . Dans ce cas, la fonction :
γ: [0, 1] → U
t 7 → (1 − t)a + tb
est bien définie et de classe C 1 sur [0, 1], de plus, γ(0) = a et γ(1) = b, donc d’après le lemme précédent
on a Z 1
f (b) − f (a) = df (γ(t)).γ 0 (t)dt = 0
0
Fin de la démonstration

1.4.2 Extremums d’une fonction réelle


Dans cette partie f est une application de U dans R
Définition. 1.4.1:

Soit a un point de U. On dit que f admet :


— un maximum (resp : minimum) local au point a si :

∃r > 0 , ∀x ∈ B(a, r) ∩ U , f (x) ≤ f (a), (resp : f (x) ≥ f (a))

Dans ce cas on dit que f (a) est un maximum (resp : minimum) local de f .
— un extremum local au point a si f admet un maximum local ou un minimum en
a

20
R EMARQUE 1.4.1 Si ces relations sont vérifiées sur tout U, on parlera de maximum, minimum ou
extrémum global. Si les inégalités sont strictes (sauf en x = a bien entendu), on parle de maximum,
minimum ou extrémum strict.

Proposition. 1.4.1: Condition nécessaire

Si f est différentiable en a, et présente en a un extremum local, alors df (a) = 0 ; c’est à


dire :
∇(f )(a) = (0, · · · , 0).

P REUVE : Pour tout i ∈ [ 1, p]], l’application fi : t 7−→ f (a + tei ) est définie est dérivable sur un voisinage
∂f
de 0, de plus, elle admet un extremum local en 0, par conséquent g 0 (0) = 0. Or g 0 (0) = (a), d’où le
∂xi
résultat.

Définition. 1.4.2:

Si f est différentiable en a, on dit que a est un point critique de f, si

∇(f )(a) = (0, · · · , 0),

c’est à dire :
∂f ∂f ∂f
(a) = (a) = · · · = (a) = 0
∂x1 ∂x2 ∂xp

R EMARQUE 1.4.2 Les points extrémaux d’une application différentielle sont des point critiques, mais
la réciproque est fausse.

E XEMPLES 1.4.1
1. Soit f : (x, y) 7−→ x2 + y 2 . f admet un unique point critique, (0, 0). Il est clair que f présente
en ce point un minimum global strict.
2. Soit f : (x, y) 7−→ xy. Là aussi, f admet un unique point critique, (0, 0). Mais, pour tout x > 0
on a f (x, −x) < f (0, 0) < f (x, x), donc, f n’admet pas un extrémum local.
3. f : (x, y) 7−→ 2x2 + y 2 − 2xy − 2x + 1. Soit (x, y) ∈ R2 , alors :

∂f ∂f
∇(f )(x, y) = (0, 0) ⇐⇒ (x, y) = (x, y) = 0
∂x ∂y
⇐⇒ 4x − 2y − 2 = 2y − 2x = 0
⇐⇒ 2x − 2 = 0 et x = y
⇐⇒ x=y=1

D’autre part, pour tout (x, y) ∈ R2 on a :

f (x, y) − f (1, 1) = 2x2 + y 2 − 2xy − 2x + 1


= (x − y)2 + (x − 1)2 ≥ 0

Ainsi, f admet un unique extrémum local. Il s’agit d’un minimum global et il est présenté en
(1, 1).

21
Z +∞
E XERCICE 1.4.1 Calculer min (t2 + at + b)2 e−t dt.
(a,b)∈R2 0
Z +∞
Solution 2 En posant f (a, b) = (t2 + at + b)2 e−t dt pour tout (a, b) ∈ R2 alors un calcul
0
simple donne
Z +∞
f (a, b) = (t2 + at + b)2 e−t dt
0
Z +∞
= (t4 + 2at3 + (a2 + 2b)t2 + 2abt + b2 )e−t dt
0

= 2a2 + b2 + 12a + 4b + 2ab + 24


f est alors différentiable sur R2 , et par conséquent, si elle prensente en un (a0 , b0 ) ∈ R2 un minimum
relatif alors ∇(f )(a0 , b0 ) = (0, 0). Or :

∇(f )(a0 , b0 ) = (0, 0) ⇐⇒ 4a0 + 12 + 2b0 = 2b0 + 4 + 2a0 = 0


⇐⇒ a0 = −4 et b0 = 2

D’autre part, pour tout pour tout (a, b) ∈ R2 on a

f (a, b) − f (−4, 2) = 2a2 + b2 + 12a + 4b + 2ab + 20


2
= (b + 2 + a) + a2 + 8a + 16
2 2
= (b + 2 + a) + (a + 4) ≥ 0

On en déduit que
Z +∞
min (t2 + at + b)2 e−t dt = f (−4, 2) = 4.
(a,b)∈R2 0

Théorème. 1.4.2: (Formule de Taylor-Young à l’ordre 2)

Si f est de classe C 2 sur l’ouvert U de Rp , alors pour tout h = (h1 , . . . , hp ) ∈ Ua , on a :


 
p n
X ∂f 1 X ∂2f
f (a + h) = f (a) + hi (a) + hi hj (a) + o(||h||2 )
∂xi 2 ∂xi ∂xj
k=1 1≤i,j≤p

Cas particulier : p = 2
Pour n = 2, la formule de Taylor-Young pour une fonction de de classe C 2 sur un ouvert U
de R2 , et à valeurs dans R s’écrit :
1 2
f (a + h) = f (a) + h∇f (a)/hi + Q(h) + o(khk )
2
pour tout a ∈ U et tout h ∈ R2 tel que a + h ∈ U, où Q est définie sur R2 par :

∂2f ∂2f ∂2f


∀h = (h1 , h2 ) ∈ R2 , Q(h) = (a)h2
1 + 2 (a)h1 h2 + (a)h22 .
∂x2 ∂x∂y ∂y 2

22
Ainsi, si a est un point critique on a :
 
f (a + h) − f (a) 1 h
= Q + o(1)
khk2 2 khk
Notations de Monge : En pratique on pose :

∂2f ∂2f ∂2f ∂2f


r= (a), t = (a) et s = (a) = (a).
∂x2 ∂y 2 ∂x∂y ∂y∂x
 
r s
La matrice H = s’appelle la matrice Hessienne de f en a. Elle vérifie la relation :
s t

Q(h) = h.H.t h

pour tout h ∈ R2 .

Théorème. 1.4.3: (Condition suffisante)

Soient f : R2 → R, définie et de classe C 2 sur un ouvert U de R2 et a ∈ U un point


critique de f. En adoptant les notations de Monge en a on a :
1. si rt − s2 > 0 (ie : det H > 0) et r > 0 alors f admet en a un minimum local
2. si rt − s2 > 0 (ie : det H > 0) et r < 0 alors f admet en a un maximum local
3. si rt − s2 < 0 (ie : det H < 0) alors f ne présente pas en a un extrémum local. On
dit que a est un point col ou point-selle.

P REUVE : Remarquons que H est symétrique, donc, d’après le théorème spectral, l’endomorphisme
de l’espace Euclidien R2 (muni de sa structuré canonique) associé canoniquement à H, est diagona-
lisable dans une b.o.n (u, v). Soient α, β les valeurs propres de H associées à u et v respectivement.
det(H) = rt − s2 = α.β et tr (H) = r + t = α + β. Remarquons aussi que pour tout h ∈ R2 non nul si,
h
= λ.u + γ.v alors :
khk  
h
Q = αλ2 + βγ 2 .
khk
- Premier cas : rt − s2 > 0 et r > 0.
Dans ce cas, puisque rt > 0s2 ≥ 0, alors r et t ont le même signe, et comme r > 0 alors t > 0.
Ainsi det(H) > 0 et tr (H) > 0, c’est à dire α.β > 0 et α + β > 0. On en déduit que les valeurs
propres de H sont strictement positives, et par suite Q est strictement positive sur la sphère S
unité de R2 . Par ailleurs, puisque S est compacte, alors Q atteint
 sa borne inférieure m sur S et
2 f (a + h) − f (a) 1 h m m m
m > 0, donc pour h ∈ R on a : = Q + o(1) ≥ − = au
khk2 2 khk 2 4 4
voisinage de (0, 0). Ainsi f présente en (a, b) un minimum local.
- Deuxième cas : rt − s2 > 0 et r < 0. Il suffit d’appliquer le cas précédent à −f.
- Troisième cas : rt − s2 < 0.
Dans ce cas α.β < 0. On peut supposer alors que α < 0 < β, ce qui donne, pour t assez proche
f (a + tu) − f (a) 1 f ((a, b) + tv) − f (a, b) 1
de 0 on a = Q (u) + o(1) < 0 et = Q (v) + o(1) > 0
ktk2 2 ktk2 2
Ainsi f ne présente pas en (a, b) un extremum local.

23
E XEMPLES 1.4.2

1. (x, y) 7−→ x2 + y 2 admet en (0, 0) un minimum local (rt − s2 = 4 > 0 et r > 0)

2. (x, y) 7−→ x2 − y 2 n’admet pas en (0, 0) un extremum local (rt − s2 = −4 < 0)

3. (x, y) 7−→ x4 + y 4 admet en (0, 0) un minimum local et rt − s2 = 0)

4. (x, y) 7−→ x3 − y 3 admet en (0, 0) un point-selle et rt − s2 = 0)

1.4.3 Vecteurs tangents à une partie d’un espace normé de dimension


finie

Définition. 1.4.3:

Soit X une partie de E et x un point de X. Un vecteur v de E est dit tangent à X en x,


s’il existe ε > 0 et un arc γ défini sur ] − ε, ε[ dérivable en 0 à valeurs dans X, tels que

γ(0) = x et γ 0 (0) = v

Proposition. 1.4.2: et définition

On suppose ici que E = R3 et considère le graphe S d’une fonction f différentiable sur


un ouvert U de R2 ; c’est à dire :
n o
S = ((x, y, f (x, y)) : (x, y) ∈ U

On dit que S est la surface d’équation z = f (x, y). Alors l’ensemble des vecteurs tan-
gents à la surface S en un point a = (x0 , y0 , z0 ) ∈ S est un plan vectoriel P dirigé par
les vecteurs    
∂f ∂f
1, 0, (x0 , y0 ) et 0, 1, (x0 , y0 )
∂x ∂y
et il est caractérisé par l’équation cartésienne :

∂f ∂f
z=x (x0 , y0 ) + y (x0 , y0 ).
∂x ∂y

Le plan affine Ta (S) passant par a et dirigé par P s’appelle le plan affine tangent à la
surface d’équation S, il est caractérisé par l’équation cartésienne suivante :

∂f ∂f
Ta (S) : z − z0 = (x − x0 ) (x0 , y0 ) + (y − y0 ) (x0 , y0 ).
∂x ∂y

P REUVE : Soit v un vecteur tangent à S en a. Il existe alors ε > 0 et un arc γ défini sur ] − ε, ε[
dérivable en 0 à valeurs dans S, tels que γ(0) = x et γ 0 (0) = v. Remarquons alors que γ(t) est de la

24
forme γ(t) = (γ1 (t), γ2 (t), f (γ1 (t), γ2 (t))) pour tout t ∈] − ε, ε[, puis d’après la règle de la chaine on a

v γ 0 (0)
= 
∂f ∂f
= γ10 (0), γ20 (0), γ10 (0)
(γ1 (0), γ2 (0)) + γ20 (0)
(γ1 (0), γ2 (0))
 ∂x  ∂y 
∂f ∂f
= γ10 (0) 1, 0, (x0 , y0 ) + γ20 (0) 0, 1, (x0 , y0 )
 ∂x   ∂y 
∂f ∂f
∈ Vect 1, 0, (x0 , y0 ) , 0, 1, (x0 , y0 )
∂x ∂y
   
∂f ∂f
Réciproquement, soit v ∈ Vect 1, 0, (x0 , y0 ) , 0, 1, (x0 , y0 ) , donc de la forme
∂x ∂x
 
∂f ∂f
v = α, β, α (x0 , y0 ) + β (x0 , y0 ) avec α, β ∈ R.
∂x ∂x

Il suffit de prendre γ(t) = (x0 + α.t, y0 + β.t, f (x0 + α.t, y0 + β.t)). En effet, la continuité de f sur R
assure l’existence d’un ε > 0 tel que (x0 + α.t, y0 + β.t) ∈ U pour tout t ∈] − ε, ε[, c’est à dire que γ est
bien définie de ] − ε, ε[ vers S, et il est clair que γ(0) = a et γ 0 (0) = v.
D’autre part, pour tout b = (x, y, z) ∈ R2 on a
   
∂f ∂f
b ∈ Ta (S) ⇐⇒ b − a ∈ Vect 1, 0, (x0 , y0 ) , 0, 1, (x0 , y0 )
∂x ∂x

x − x0 y − y0 z − z0

∂f
⇐⇒ 1 0 (x0 , y0 ) = 0
∂x
∂f
0 1 (x0 , y0 )
∂x
∂f ∂f
⇐⇒ z − z0 = (x − x0 ) (x0 , y0 ) + (y − y0 ) (x0 , y0 ).
∂x ∂x

E XERCICE 1.4.2 (La méthode de dédoublement) Montrer que le plan tangent T à la partie S de
R2 définie par l’équation cartésienne :

S : ax2 + bxy + cy 2 + 2ex + 2f y = z

en un point (x0 , y0 , z0 ) ∈ S, où (a, b, c) ∈ R3 est défini par l’équation cartésienne :

b 1
T : ax0 x + (xy0 + x0 y) + cy0 y + e(x0 + x) + f (y0 + y) = (z0 + z)
2 2

Définition. 1.4.4:

Soit f : U 7→ R une application de classe C 1 sur U. On appelle ligne de niveau de f


toute partie de U de la forme :

{x ∈ U , z = f (x)}

où z ∈ R est fixé.

25
Proposition. 1.4.3:

Si f est une fonction à valeurs réelles définie et différentiable sur un ouvert de l’espace
euclidien E, si X est une ligne de niveau de f , alors les vecteurs tangents à X en un
point a de X sont orthogonaux au gradient de f en a.

P REUVE : Soient f : U 7→ R une application de classe C 1 sur U, et


X = {x ∈ U , z = f (x)}

une ligne de niveau de f , où z ∈ R est fixé. Soit v un vecteur tangent à X en a. Il existe alors ε > 0
et un arc γ défini sur ] − ε, ε[ dérivable en 0 à valeurs dans X, tels que γ(0) = a et γ 0 (0) = v. Donc,
f ◦ γ(t) = 0 pour tout t ∈] − ε, ε[, et par la suite df (γ(t)).γ 0 (t) = 0 pour tout t ∈] − ε, ε[. En particulier,
pour t = 0, on a df (a).v = 0, ce qui signifie :

h∇(f )(a)/vi = 0

d’où le résultat..

R EMARQUE 1.4.3 En revenant au cas où S est le graphe d’une fonction différentiable f : U → R, où


U est un ouvert de R2 ; c’est à dire que

S = {(x, y, f (x, y)) : (x, y) ∈ U}

on pourra remarquer que S est une ligne de niveau. En effet ;

S = {(x, y, z) : g(x, y, z) = 0}

avec
g : U ×R → R
(x, y, z) 7→ f (x, y) − z
Ainsi, si v = (x, y, z) est un vecteur tangent à S en un a = (x0 , y0 , z0 ) ∈ S alors h∇(g)(a)/vi = 0.
On retrouve alors l’équation :

∂f ∂f
z=x (x0 , y0 ) + y (x0 , y0 ).
∂x ∂x

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