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Chapitre 2

Applications Différentiables

Dans tout ce chapitre E et F sont des e.v.n. sur IR et U est un ouvert de E.

2.1 Introduction
Rappelons qu’une application f : I → IR , où I est un intervalle de IR, est dérivable en
un point a ∈ I si et seulement si :
f (a+h)−f (a)
lim h
existe et est finie. (1)
h→0

On veut étendre cette notion au cas où f est définie sur un ouvert d’un e.v.n. réel quelconque.
Puisque le rapport f (a+h)−f
h
(a)
n’est pas défini si h est un vecteur, on doit donc écrire (1) sous
une autre forme équivalente qui aura un sens même si f est définie sur un ouvert d’un espace
normé. Pour cela on remarque que la condition (1) peut être remplacée par :
f (a+h)−f (a)−lh
∃l ∈ IR : lim |h|
=0 (2)
h→0

On sait que les applications linéaires de IR dans IR sont de la forme h 7→ lh. La condition
(2) peut donc être étendue au cas où f est définie sur un ouvert de E et à valeurs dans F de
la manière suivante :
Il existe une application linéaire L de E dans F telle que : lim f (a+h)−f
khk
(a)−L(h)
= 0. (3)
h→0

cependant, en dimension infinie, une application linéaire n’est pas automatiquement continue
et donc, dans ce cas, la condition (3) n’entraine pas la continuité de f en a. On imposera
alors dans la définition de la dérivabilité, afin qu’elle soit plus forte que la continuité, que
l’application linéaire L soit continue.

2.2 Différentiabilité en un point. différentiabilité sur


un ouvert
Proposition 2.2.1. Soit f : U → F, a ∈ U et L ∈ L(E, F ). Les conditions suivantes sont
équivalentes :
f (a+h)−f (a)−L(h)
i) lim khk
= 0;
h→0

ii) il existe une application ε : U − a −−→ F . telle que :

∀h ∈ U − a, f (a + h) = f (a) + L(h) + khkε(h) et lim ε(h) = 0.


h→0

7
f (a+h)−f (a)−L(h)
Preuve : Il suffit de poser ε(h) = khk
si h =
/ 0 et ε(0) = 0

Définition 2.2.1. Soient f : U → F et a ∈ U . On dit que f est différentiable au point a


s’il existe une application linéaire continue L de E dans F satisfaisant l’une des conditions i)
ou ii) de la proposition ci-dessus. On dit que f est différentiable sur U si f est différentiable
en tout point de U .

Théorème 2.2.1. Si f est différentiable en a l’application linéaire continue L de la définition


de la différentiabilité est unique.

Preuve
Soient L1 et L2 ∈ L(E, F ) telles que :

f (a + h) − f (a) − L1 (h) f (a + h) − f (a) − L2 (h)


lim = 0 et lim =0
h→0 khk h→0 khk

On retranchant membre à membre ces deux égalités, on obtient :

L1 (h) − L2 (h)
lim =0
h→0 khk

Soit h ∈ E. Si h = 0, on a L1 (h) = L2 (h) = 0 et si h = / 0, th → 0 quand t → 0+ . Donc


L1 (th)−L2 (th) L1 (h)−L2 (h)
lim+ kthk
= 0. C’est à dire khk
= 0. Donc L1 (h) = L2 (h).
t→0

Remarque 2.2.1. Il résulte aussitôt de la définition de la différentiabilité que si f est


différentiable en a, alors lim f (a + h) = f (a). C’est à dire lim f (x) = f (a). Donc f
h→0 x→a
est continue en a. Par conséquent si f n’est pas continue en a, alors f n’est pas différentiable
en a. Considérons par exemple l’application

f : IR2 → IR 
xy
x2 +y 2
si (x, y) =
/ (0, 0)
(x, y) 7→
0 si (x, y) = 0
1
on a : lim f (x, x) = 2
=
/ f (0, 0). Donc f n’est pas continue en (0, 0) et par suite f n’est
(x,x)→(0,0)
pas différentiable en (0, 0).

Remarque 2.2.2. Si E = IR, la différentiabilité de f au point a est équivalente à l’existence


f (a + h) − f (a)
de la limite de quand h tend vers 0. Cette limite lorsqu’elle existe est appelée
h
la dérivée de f en a et est notée f 0 (a). C’est un élément de F et la différentielle de f en a
c’est l’application h → h.f 0 (a) de IR dans F . En particulier f 0 (a) = Df (a)(1).

Définition 2.2.2. Soient f : U → F et a ∈ U . On suppose que f est différentiable en


a. L’unique application linéaire continue L donnée par la définition de la différentiabilité
s’appelle la différentielle de f en a et se note Df (a). Si f est différentiable sur U , l’application

U → L(E, F )
x 7→ Df (x)

s’appelle la différentielle de f sur U et se note Df .

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Attention ! Ne pas confondre Df avec Df (x). Df n’est pas en général une application
linéaire. Par exemple considérons l’application

f : IR → IR
x 7→ sin(x).

Alors pour tout x ∈ IR, Df (x) c’est l’application h 7→ cos(x)h qui est linéaire ( parce que la
variable c’est h ). Par contre l’application

Df : IR → L(IR, IR)
x 7→ Df (x).

ne dépend pas linéairement de x.

2.3 Exemples d’applications différentiables


Exemple 1 : Toute application constante est différentiable sur U et sa différentielle est
nulle.
Preuve.
Supposons qu’il existe c ∈ F telle que f (x) = c pour tout x ∈ U . Alors pour L = 0, on a :
L ∈ L(E, F ) et pour tout x ∈ U , lim f (x+h)−f
khk
(x)−L(h)
= 0 . Donc , d’après la définition de la
h→0
différentiabilité, f est différentiable au point x et Df (x) = 0.
Exemple 2 : Si f est la restriction à U d’une application linéaire continue L, alors f est
différentiable sur U et Df (x) = L pour tout x ∈ U .
Preuve.
Soit x ∈ U . On a pour h assez proche de 0, f (x + h) = L(x + h) = f (x) + L(h). Donc
lim f (x+h)−f
khk
(x)−L(h)
= 0.
h→0

Notons que dans ce cas Df est une application constante.


Exemple 3 : Soient E1 et E2 deux e.v.n. sur IR , E = E1 × E2 munit de la norme définie
par k(x1 , x2 )k = max(kx1 k, kx2 k). Soient B une application bilinéaire continue de E dans
F , U un ouvert de E et f la restriction à U de B . Alors f est différentiable sur U et
pour tout (x1 , x2 ) ∈ U , la différentielle de f en (x1 , x2 ) est l’application linéaire continue
L : (h1 , h2 ) 7→ B(h1 , x2 ) + B(x1 , h2 ) de E dans F .
Preuve
Puisque B est continue, il existe M > 0 tel que pour tout h = (h1 , h2 ) ∈ E, kB(h)k ≤
f (x+h)−f (x)−L(h) B(h)
M kh1 k kh2 k ≤ M khk2 . Alors pour tous x ∈ E et h ∈ U − x, khk
= khk

f (x+h)−f (x)−L(h)
M khk. Donc lim khk
= 0. Ce qui montre que que f est différentiable en x et que
h→0
Df (x) = L.
Exemple 4 : Soient E et F des espaces de Banach. L’application

ϕ : Isom(E, F ) → L(F, E)
u 7→ u−1

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est différentiable en tout point u ∈ Isom(E, F ) et sa différentielle au point u c’est l’applica-
tion

Dϕ(u) : L(E, F ) → L(F, E)


h 7→ −u ◦ h ◦ u−1
−1

Preuve.
Soit h ∈ L(E, F ) tel que khk < 1
ku−1 k
. On a : u + h = u ◦ (I + u−1 ◦ h). Donc
 −1
−1 −1
−1
(u + h) = u ◦ (I + u ◦ h) = I + u−1 ◦ h ◦ u−1
+∞ 
−1
k
k
◦ u−1
P
= (−1) u ◦ h
k=0 +∞ 
k
= u−1 − u−1 ◦ h ◦ u−1 + (−1)k u−1 ◦ h ◦ u−1
P 
k=2
+∞ 
−1 −1
k −1
k
◦ u−1 . Alors A est une appli-
P
Posons A(h) = −u ◦ h ◦ u et R(h) = (−1) u ◦ h
k=2  

1
cation linéaire continue de L(E, F ) dans L(F, E) et pour tout h ∈ B 0, ku−1 k , kR(h)k ≤
ku−1 k3 khk2
+∞ 
−1
(ku k khk) ku−1 k ≤
k
P
. Donc
k=2 1 − ku−1 k khk

ϕ(u + h) − ϕ(u) − A(h) R(h)


lim = lim =0
h→0 khk h→0 khk

Ce qui montre que ϕ est différentiable en u et que Dϕ(u) = A

2.4 Dérivées directionnelles


Définition 2.4.1. Soient f : U → F, a ∈ U et h ∈ E. on dit que f est dérivable à droite au
f (a + th) − f (a)
point a suivant le vecteur h si lim+ existe.
t→0 t
f (a + th) − f (a)
La limite quand t → 0+ de lorsqu’elle existe s’appelle la dérivée à droite de
t0
f au point a suivant h et se note fd (a, h).
On dit que f est directionnellement dérivable à droite au point a si f est directionnellement
dérivable à droite au point a suivant tout vecteur h de E.

Proposition 2.4.1. Si f est différentiable au point a alors f est directionnellement dérivable


à droite au point a et pour tout h ∈ E,

Df (a)(h) = fd0 (a, h).

Preuve
Supposons que f est différentiable au point a. Alors il existe une fonction ε : U − a → F telle
que pour tout h ∈ U − a, f (a + h) = f (a) + Df (a)(h) + khkε(h) et lim+ ε(h) = 0. Soit h ∈ E.
h→0
Pour t > 0 suffisamment petit, th ∈ U − a. Donc f (a + th) = f (a) + tDf (a)(h) + tkhkε(th) et
f (a + th) − f (a) f (a + th) − f (a)
par suite = Df (a)(h) + khkε(th). Donc lim+ = Df (a)(h).
t t→0 t

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Ce qui montre que f est directionnellement dérivable à droite au point a suivant h et que
fd0 (a, h) = Df (a)(h).
Application : Règle pratique pour étudier la différentiabilité
Pour étudier la différentiabilité de f au point a, on commence par étudier la dérivabilité
directionnelle à droite de f au point a. Si f n’est pas directionnellement dérivable à droite au
point a, ou si f est directionnellement dérivable à droite au point a, mais l’application h →
fd0 (a, h) n’est pas linéaire ou n’est pas continue, on conclut que f n’est pas différentiable au
point a. Si f est directionnellement dérivable à droite au point a et l’application h → fd0 (a, h)
f (a+h)−f (a)−fd0 (a,h)
est linéaire continue, on étudie la limite quand h → 0 de khk
. Si elle tend vers
0, on conclut que f est différentiable en a. Si non, f n’est pas différentiable en a.

Exemple 2.4.1. Considérons l’application

f : E → IR
x 7→ kxk

On a pour tout h ∈ E,
f (0 + th) − f (0)
lim+ = khk
t→0 t
Donc f est directionnellement dérivable à droite en 0. L’application h → fd0 (0, h) n’étant pas
linéaire, donc f n’est pas différentiable en 0.

Exemple 2.4.2. On munit IR×IR de la norme euclidienne. Soient p, q ∈ IN et f l’application


IR × IR → IR définie par :
xp y q
f (x, y) = si (x, y) =
/ 0 et f (0, 0) = 0.
x2 − xy + y 2
Etudions la différentiabilité de f en (0, 0) suivant les valeurs de p et de q. Commençons par
étudier la dérivabilité directionnelle à droite de f au point (0, 0). Soit h = (h1 , h2 ) ∈ IR2 . On
a pour tout t > 0,

f (0, 0) + t(h1 , h2 ) − f (0, 0)
= tp+q−3 f (h1 , h2 ).
t
Donc
• Si p + q − 3 < 0, f n’est pas dérivable à droite en (0, 0).
• Si p + q − 3 = 0, f est directionnellement dérivable à droite en (0, 0) et fd0 (0IR2 , h) = f (h),
pour tout h ∈ IR2 .
• Si p + q − 3 > 0, f est directionnellement dérivable à droite en (0, 0) et fd0 (0IR2 , h) = 0,
pour tout h ∈ IR2 .
On peut donc conclure que :
• Si p + q − 3 < 0, f n’est pas différentiable en (0, 0).
• Si p+q−3 = 0, l’application h 7→ fd0 (0IR2 , h) n’est pas linéaire. Donc f n’est pas différentiable
en (0, 0).
• Si p + q − 3 > 0, l’application h 7→ fd0 (0IR2 , h) est linéaire continue. Étudions alors la limite
f (a + h) − f (a) − f 0 (a, h)
quand h → 0 de .
khk

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f (a + h) − f (a) − fd0 (a, h)
Posons ε(h) = , h1 = rcos(θ) et h2 = rsin(θ). On a :
khk

cosp (θ)sinq (θ) cosp (θ)sinq (θ)


ε(h) = rp+q−3 = rp+q−3
1 − sin(θ)cos(θ) 1 − 12 sin(2θ)

Donc
rp+q−3
|ε(h)| ≤ ≤ 2rp+q−3 = 2khkp+q−3 .
1 − 21 sin(2θ)
Puisque p + q − 3 > 0, lim ε(h) = 0. Donc f est différentiable en (0, 0) et Df (0, 0) est
h→0
l’application nulle.

2.5 Différentielle d’une fonction composée


Théorème 2.5.1. Soient F , F , G trois e.v.n. , U un ouvert de E, V un ouvert de F , f une
application de U dans F , g une application de V dans G et a un point de U . On suppose
que : f (U ) ⊂ V , f est différentiable en a et g est différentiable en f (a). Alors g ◦ f est
différentiable en a et on a :

D(g ◦ f )(a) = Dg f (a) ◦ Df (a).

Dans le cas où E = IR, on a :

(g ◦ f )0 (a) = Dg f (a) f 0 (a) .


 

Preuve
Puisque f est différentiable en a et g est différentiable en f (a), il existe ε : U − a −−→ F et
ϕ : V − f (a) −−→ G telles que :

∀h ∈ U − a, f (a + h) = f (a) + Df (a)(h) + khkε(h) avec lim ε(h) = 0


h→0

et
 
∀k ∈ V − f (a), g f (a) + k = g f (a)) + Dg f (a) (k) + kkkϕ(k) avec lim ϕ(k) = 0.
k→0

Posons k(h) = Df (a)(h)+khkε(h). on a : f (a)+k(h) = f (a+h) ∈ V . Donc k(h) ∈ V −f (a).


On peut donc écrire :
   
(g ◦ f )(a + h) = g f (a) + k(h) = (g ◦ f )(a) + Dg f (a) k(h) + kk(h)kϕ k(h) .
= (g ◦ f )(a) + Dg f (a) ◦ Df (a)(h) + r(h)
  
où r(h) = Dg f (a) khkε(h) + kk(h)kϕ k(h) . On a : kk(h)k ≤ khk(kDf (a)k + kε(h)k)
 r(h) 
et lim ϕ k(h) = 0. Donc lim = 0. De plus l’application linéaire Dg f (a) ◦ Dg(a) est
h→0 h→0 khk

continue. Donc g ◦ f est différentiable en a et D(g ◦ f )(a) = Dg f (a) ◦ Dg(a).
Si E = IR, on a : (g ◦ f )0 (a) = D(g ◦ f )(a)(1) = Dg f (a) Df (a)(1) = Dg f (a) f 0 (a)
   

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Exemple 2.5.1. Soit B une application bilinéaire symétrique continue de E × E dans F .
L’application
f : E → F
x 7→ B(x, x)
est différentiable en tout point a ∈ E et sa différentielle en ce point est définie par Df (a)(h) =
2B(a, h), pour tout h ∈ E.
En effet : On a : f = B ◦ L, où L est l’application x 7→ (x, x) de E dans E × E. L est
une application linéaire continue, donc elle est différentiable au point a et DL(a) = L. B
est une application bilinéaire continue, donc B est différentiable au point L(a) = (a, a) et
DB(a, a)(h1 , h2 ) = B(h1 , a) + B(a, h2 ), ∀(h1 , h2 ) ∈ E × E. On peut donc conclure que f est
différentiable au point a et que Df (a)(h) = DB(a, a)(h, h) = B(h, a) + B(a, h) = 2B(a, h).

Exemple 2.5.2. Soit B : E × E une forme bilinéaire symétrique définie positive. On suppose
que B est continue. Alors l’application

f : E → IR
p
x 7→ B(x, x)

est différentiable en tout point x non nul et sa différentielle en ce point est définie par
B(x, h)
Df (x)(h) = p , pour tout h ∈ E. En particulier la norme euclidienne de IRn est
B(x, x)
différentiable en tout point x non nul et sa différentielle est l’application

IRn → IR
hx, hi
h 7→ p .
kxk2

En effet : Considérons les applications


ϕ : E → IR et ψ : ]0, +∞[ → √ IR
x 7→ B(x, x) x 7→ x

Soit x ∈ E/{0}. On a : ϕ E/{0} ⊂]0, +∞[ et f = ψ ◦ ϕ . De plus ϕ est différentiable en
 t
x et Dϕ(x) = 2B(x, .), ψ est différentiable en ϕ(x) et Dψ ϕ(x) (t) = p . Donc f est
 2
 ϕ(x)  
différentiable en x et pour tout h ∈ E, Df (x)(h) = Dψ ϕ(x) Dϕ(x)(h) = Dψ ϕ(x) (2B(x, h) =
B(x, h)
p .
B(x, x)

2.6 Fonctions à valeurs dans un espace produit


Dans ce paragraphe, on suppose que F = F1 × ... × Fn , où Fi est un e.v.n . On munit F
de la norme définie par : k(y1 , ..., yn )k = M ax(kyi k). Pour chaque i ∈ {1, .., n}, notons pi la
1≤i≤n
projection de F sur Fi . C’est à dire l’application linéaire

Y → Yi
(y1 , ..., yn ) 7→ yi

On a pour tout y ∈ F , kpi (y)k = kyi k ≤ kyk. Donc pi est continue. Considérons main-
tenant une application f définie sur un ouvert U de E et à valeurs dans F . On a pour tout

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x ∈ U , f (x) = f1 (x), ..., fn (x) , où fi = pi ◦f . Donc si f est différentiable en un point a ∈ U ,
alors pour tout i ∈ {1, ..., n}, fi est différentiable en a et Dfi (a) = pi ◦ Df (a). Inversement,
supposons que fi est différentiable au point a pour tout i ∈ {1, ..., n}. Alors il existe, pour
tout i ∈ {1, ..., n}, εi : U − a −−→ Fi telle que :
∀h ∈ U − a, fi (a + h) = fi (a) + Dfi (a)(h) + khkεi (h) et lim εi (h) = 0
h→0
   
Posons L(h) = Df1 (a)(h), ..., Dfn (a)(h) et ε(h) = ε1 (h), ..., εn (h) . Alors L est
une application linéaire continue de E dans F , lim ε(h) = 0 et pour tout h ∈ U − a,
h→0
f (a + h) = f (a) + L(h) + khkε(h). Donc f est différentiable en a et Df (a) = L. On peut
donc énoncer :
Théorème 2.6.1. Une application f = (f1 , ...fn ) de U dans F est différentiable en un point
a de U si et seulement
 si ses composantes  f1 , ..., fn sont différentiables au point a. Dans ce
cas, on a : Df (a) = Df1 (a), ..., Dfn (a) .
Corollaire 2.6.1. Soient f1 , ..., fn , n applications de U dans F et λ1 , ..., λn ∈ IR. On suppose
que f1 , ..., fn sont différentiables en a. Alors λ1 f1 +...+λn fn est différentiable en a et D(λ1 f1 +
... + λn fn )(a) = λ1 Df1 (a) + ... + λn Dfn (a).
Preuve
Considérons les applications :
f : U → Fn  et L : Yn → Y
x 7→ f1 (x), ..., fn (x) (y1 , ..., yn ) 7→ λ1 y1 + ... + λn yn .

 Il est clair que λ1 f1 + ... + λn fn = L ◦ f . De plus f est différentiable en a et Df (a) =


Df1 (a), ..., Dfn (a) , L est une application linéaire continue donc différentiable au point f (a)

et DL f (a) = L. Donc λ1 f1 + ... + λn fn est différentiable en a et D(λ1 f1 + ... + λn fn )(a) =
L ◦ Df (a) = λ1 Df1 (a) + ... + λn Dfn (a).

2.7 Fonctions définies sur un espace produit


Dans ce paragraphe, on suppose que E = E1 × ... × En , où Ei est un e.v.n . Considérons
une application f définie sur un ouvert U de E et à valeurs dans un e.v.n F . Soit a =
(a1 , ..., an ) ∈ U . Pour tout i ∈ {1, ..., n}, désignons par ji l’application :
Ei → E
xi 7→ (a1 , ..., ai−1 , xi , ai+1 , ..., an )
et posons
Ui = {xi ∈ Xi / (a1 , ..., ai−1 , xi , ai+1 , ..., an ) ∈ U }.
On a : Ui = ji−1 (U )
et ji est continue car ses composantes le sont. Donc Ui est un ouvert de
Ui . Considérons maintenant l’application :
fi : Ui → F
xi 7→ f (a1 , ..., ai−1 , xi , ai+1 , ..., an )
Cette application est appelée i-ème application partielle associée à f au point a. Si cette
application est différentiable au point ai , sa différentielle en ce point est appelée différentielle
partielle de f par rapport à la i-ème variable ou par rapport à xi au point a et est notée
Di f (a) ou Dxi f (a).

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Théorème 2.7.1. On suppose que f est différentiable au point a. Alors pour tout i ∈
{1, ..., n}, la différentielle partielle par rapport à la i-ème variable au point a existe et on
a pour tout h = (h1 , ..., hn ) ∈ E,
n
X
Df (a)(h) = Di f (a)(hi ).
i=1

Preuve
On a pour tout i ∈ {1, ..., n}, fi = f ◦ji et ji est différentiable au point ai et sa différentielle
est l’application
ui : Ei → E
xi 7→ (0, ..., 0, xi , 0, ..., 0).

Donc fi est différentiable au point ai et Dfi (ai ) = Df ji (ai ) ◦ ui = Df (a) ◦ ui . Soit main-
Pn
tenant h ∈ E. On a h = (h1 , 0, ..., 0) + (0, h2 , 0, ..., 0) + ... + (0, ..., 0, hn ) = ui (hi ). Donc
i=1
n
P  n
P
Df (a)h = Df (a) ◦ ui (hi ) = Di f (a)(hi ).
i=1 i=1

Conseil : Lorsqu’on veut étudier la différentiabilité partielle de f par rapport à la i-ème


variable au point a, on commence par préciser la i-ème application partielle associée à f au
point a puis on étudie sa différentiabilité au point ai
Exemple 2.7.1. Soit E l’ensemble des fonctions continues de [−1, 1] dans IR muni de la
norme de la convergence uniforme et U = E×] − 1, 1[. U est le produit de deux ouverts, donc
c’est un ouvert de l’espace vectoriel normé E × IR. Considérons l’application
ϕ : U → IR
(f, t) 7→ f (t)
La deuxième application partielle associée à ϕ au point (0E , 0) est l’application nulle de
] − 1, 1[ dans IR. Donc elle est différentiable en 0 est sa différentielle en 0 c’est l’application
linéaire nulle de IR dans IR. Autrement dit : La deuxième différentielle partielle de ϕ au point
(0E , 0) existe et D2 ϕ(0E , 0) est l’application linéaire nulle de IR dans IR. Étudions maintenant
l’existence de la première différentielle partielle de ϕ au point (0E , 0). La première application
partielle associée à ϕ au point (0E , 0) est l’application
ϕ1 : E → IR
f 7→ f (0)
On montre facilement que c’est une application linéaire continue. Donc ϕ1 est différentiable
en 0E et sa différentielle c’est elle même. Autrement dit : La première différentielle partielle
de ϕ au point (0E , 0) existe et D1 ϕ(0E , 0) = ϕ1 .
Exercice (difficile) Étudier la différentiabilité de ϕ au point (0E , 0).
Remarque 2.7.1. L’existence de toutes les différentielles partielles de f en a n’entraine pas
la différentiabilité de f en a.
Exemple 2.7.2. Considérons l’application
f : IR2 → IR
( x2 y
si (x, y) =
/ (0, 0)
(x, y) 7→ x2 + y 2
0 si (x, y) = (0, 0).

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Les deux applications partielles associées à f au point (0, 0) sont identiquement nulles .
Donc les deux différentielles partielles de f au point (0, 0) existent. Étudions maintenant
la différentiabilité de f en (0, 0). On a pour tout h = (h1 , h2 ) ∈ IR2 , f 0 (0IR2 , h) = f (h).
L’application h 7→ f 0 (0IR2 , h) n’est pas linéaire. Donc f n’est pas différentiable en (0, 0).

2.8 Fonctions à plusieurs variables et à valeurs dans un


espace produit
Considérons dans ce paragraphe une fonction f définie sur un ouvert U d’un produit fini
d’espaces normés E1 ×...×En et à valeurs dans un produit fini d’espaces normés F1 ×...×Fm .
Supposons que f soit différentiable. Alors pour tout i ∈ 1, ..., m, la i-ème composante fi de
f est différentiable au point a et on a pour tout h = (h1 , ..., hn ) ∈ E1 × ... × En ,
 
Df (a)(h) = Df1 (a)(h), ..., Dfm (a)(h)
P n n
P 
= Di f1 (a)(hi ), ..., Di fm (a)(hi )
i=1 i=1

ou encore, en notation matricielle généralisée :


  
D1 f1 (a) . . . Dn f1 (a) h1

 . .  . 
 
Df (a)(h) =  . .  . 
 
 . .  . 
D1 fm (a) . . . Dn fm (a) hn

2.9 Fonctions continûement différentiables


Définition 2.9.1. Soient f une application d’un ouvert U de E à valeurs dans F et a ∈
U . On dit que f est continûement différentiable ( ou de classe C 1 ) au point a si f est
différentiable sur un voisinage de a et sa différentielle est continue au point a. On dit que f
est continûement différentiable ( ou de classe C 1 ) sur U si f est différentiable sur U et sa
différentielle est continue sur U .

Exemple 2.9.1. Toute application linéaire continue de E dans F est de classe C 1 sur U .

Exemple 2.9.2. Soient E, F et G trois e.v.n. et B : E × F → G une application bilinéaire


continue. On munit E × F de la norme produit. Alors B est de classe C 1 .
En effet : Nous avons montré antérieurement que B est différentiable sur E × F et que 
sa différentielle c’est l’application (x, y) 7→ B(x, .) + B(., y) de E × F dans L (E × F ), G .
Il reste à montrer que DB est continue. Il est clair que DB est linéaire, donc pour montrer
qu’elle est continue, il suffit de monter qu’elle est bornée sur la boule unité. Puisque B est
continue , il existe M > 0 tel que pour tout (x, y) ∈ E × F, kB(x, y)k ≤ M kxk kyk. Soit
maintenant(x, y) ∈ E × F tel que kxk ≤ 1 et kyk ≤ 1. On a pour tout (h, k) ∈ E × F ,
k DB(x, y) (h, k)k = kB(x, k) + B(h, y)k ≤ M (kxk kkk + khk kyk) ≤ M (khk + kkk) ≤
2M k(h, k)k∞ . Donc kDB(x, y)k ≤ 2M . Ce qui montre que DB est continue et par suite B
est de classe C 1 .

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Exemple 2.9.3. Soient E et F des espaces de Banach. L’application

ϕ : Isom(E, F ) → L(F, E)
u 7→ u−1

est de classe C 1 .
2
En effet : Pour tout (v1 , v2 ) ∈ L(F, E) , désignons par : B(v1 , v2 ) l’application

L(E, F ) → L(F, E)
h 7→ −v1 ◦ h ◦ v2

et considérons les applications


2
ψ : L(E, F ) → L(F, E)
u 7→ (u−1 , u−1 )

et 2
B : L(F, E) → L(F, E)
(v1 , v2 ) 7→ B(v1 , v2 )
ψ est continue car ses composantes le sont.
2
B est une application bilinéaire et pour tout ((v1 , v2 ) ∈ L(F, E) ), kB(v1 , v2 )k = sup kB(v1 , v2 )(h)k =
khk≤1
sup k − v1 ◦ h ◦ v2 k ≤ kv1 k kv2 k. Donc B est continue.
khk≤1

On a : Dϕ = B ◦ ψ. Donc Dϕ est continue et par suite ϕ est de classe C 1 .

Théorème 2.9.1. Soient E, F1 , ..., Fn des e.v.n, U un ouvert de E, f = (f1 , ..., fn ) une
application de U dans F1 × ... × Fn et a ∈ U . Alors f est de classe C 1 au point a ssi fi est
de classe C 1 au point a pour tout i ∈ {1, ..., n}.

Preuve
Supposons que f soit de classe C 1 au point a. Alors il existe un voisinage ouvert V de
a tel que f soit différentiable sur V et l’application Df soit continue au point a. D’après
le théorème 2.6.1 , pour tout i ∈ {1, ..., n}, fi est différentiable sur V et pour tout x ∈ V ,
Df (x) = Df1 (x), ..., Dfn (x) . Puisque Df est continue au point a, toutes ses composantes
le sont. Donc fi est de classe C 1 au point a pour tout i ∈ 1, ..., n.
Inversement, supposons que toutes les composantes de f soient de classe C 1 au point a.
Alors pour tout i ∈ {1, ..., n}, il existe un voisinage ouvert Vi de a tel que fi soit différentiable
n
sur Vi et l’application Dfi soit continue au point a. Soit V = ∩ Vi . D’après le théorème 2.6.1,
i=1
f est différentiable sur V et sa différentielle à pour composantes Df1 , ..., Dfn . Donc elle est
différentiable au point a. Il s’en suit que f est de classe C 1 au point a.

Théorème 2.9.2. Soient E, F , G trois e.v.n., U un ouvert de E, V un ouvert de F , f :


U → F telle que f (U ) ⊂ V et g : V → G. On suppose que f est de classe C 1 sur U et g est
de classe C 1 sur V , alors g ◦ f est de classe C 1 sur U .

Preuve

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D’après le théorème 2.5.1, g ◦ f est différentiable sur U et sa différentielle c’est l’applica-
tion :
U → L(E, G) 
x 7→ (Dg) f (x) ◦ Df (x)
Considérons les applications :

ϕ : U → L(E,
 F ) × L(F, G) et ψ : L(E, F ) × L(F, G) → L(E, G)
 
x 7→ Df (x), (Dg) ◦ f (x) (u, v) 7→ v ◦ u.

On a D(g ◦ f ) = ψ ◦ ϕ. De plus ϕ est continue car ses composantes le sont et ψ est une
application bilinéaire continue (facile à vérifier) . Donc D(g ◦ f ) est continue et par suite g ◦ f
est de classe C 1 .

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