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Chapitre 2

Dérivation

A. BARBARA et M. AIT HAMMOU

Filières: PC/S1

Année universitaire: 2023/2024


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Sommaire

1 I- Dérivée
1- Dérivée en un point
2- Interprétation géométrique
3- Autres écritures de la dérivée
4- Dérivation et continuité
5- Dérivée à droite et dérivée à gauche en un point
2 II- Calcul des dérivées
1- Opérations sur les fonctions dérivables
2- Dérivée d’une fonction composée
3- Dérivée de fonctions usuelles
4- Dérivée d’une fonction réciproque
5- Dérivées successives
3 III- Extremum local, théorème de Rolle
1- Extremum local
2- Théorème de Rolle
4 IV- Théorème des accroissements finis
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I- Dérivée

3/67
I- Dérivée
1- Dérivée en un point

Soit I un intervalle ouvert de R et f : I → R une fonction. Soit


x0 ∈ I.
Définition 1
f (x ) − f (x0 )
f est dérivable en x0 si le taux d’accroissement a
x − x0
une limite finie lorsque x tend vers x0 . La limite s’appelle alors le
nombre dérivé de f en x0 et est noté f 0 (x0 ). Ainsi

f (x ) − f (x0 )
f 0 (x0 ) = lim
x →x0 x − x0

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Définition 2
f est dérivable sur I si f est dérivable en tout point x0 ∈ I. La
fonction x 7→ f 0 (x ) est la fonction dérivée de f , elle se note f 0 ou
df
.
dx

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Exemple 1

La fonction définie par f (x ) = x 2 est dérivable en tout point


x0 ∈ R.

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Exemple 1

La fonction définie par f (x ) = x 2 est dérivable en tout point


x0 ∈ R.
En effet :
f (x ) − f (x0 ) x 2 − x02 (x − x0 )(x + x0 )
= = = x + x0 −−−→ 2x0 .
x − x0 x − x0 x − x0 x →x0

On a même montré que le nombre dérivé de f en x0 est 2x0 ,


autrement dit : f 0 (x ) = 2x .

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Exemple 2

Montrons que la dérivée de f (x ) = sin x est f 0 (x ) = cos x .

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Exemple 2

Montrons que la dérivée de f (x ) = sin x est f 0 (x ) = cos x .


Nous allons utiliser les deux assertions suivantes:
sin x p−q p+q
−−−→ 1 et sin p − sin q = 2 sin · cos .
x x →0 2 2

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Exemple 2

Montrons que la dérivée de f (x ) = sin x est f 0 (x ) = cos x .


Nous allons utiliser les deux assertions suivantes:
sin x p−q p+q
−−−→ 1 et sin p − sin q = 2 sin · cos .
x x →0 2 2
Remarquons déjà que la première assertion prouve
f (x ) − f (0) sin x
= → 1 et donc f est dérivable en x0 = 0 et
x −0 x
0
f (0) = 1.

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Pour x0 quelconque on écrit:

f (x ) − f (x0 ) sin x − sin x0 sin x −x0 x + x0


= = x −x20 · cos .
x − x0 x − x0 2
2

x + x0
Lorsque x → x0 alors d’une part cos → cos x0 et d’autre
2
x − x0 sin u
part en posant u = alors u → 0 et on a → 1. Ainsi
2 u
f (x ) − f (x0 )
→ cos x0 et donc f 0 (x ) = cos x .
x − x0

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2- Interprétation géométrique

La droite qui passe par les points distincts M0 (x0 , f (x0 )) et


f (x ) − f (x0 )
M(x , f (x )) a pour coefficient directeur . A la limite
x − x0
on trouve que le coefficient directeur de la tangente est f 0 (x0 ). Une
équation de la tangente au point (x0 , f (x0 )) est donc :

y = (x − x0 )f 0 (x0 ) + f (x0 )

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M0

x0 x

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3- Autres écritures de la dérivée

Proposition 1

1 f est dérivable en x0 si et seulement s’il existe ` ∈ R (qui sera


f (x0 + h) − f (x0 )
f 0 (x0 )) tel que lim = `.
h→0 h
2 f est dérivable en x0 si et seulement s’il existe ` ∈ R (qui sera
f 0 (x0 )) et une fonction  : I → R avec (x ) −−−→ 0 tels que
x →x0

f (x ) = f (x0 ) + (x − x0 )` + (x − x0 )(x ).

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3- Autres écritures de la dérivée

Proposition 1

1 f est dérivable en x0 si et seulement s’il existe ` ∈ R (qui sera


f (x0 + h) − f (x0 )
f 0 (x0 )) tel que lim = `.
h→0 h
2 f est dérivable en x0 si et seulement s’il existe ` ∈ R (qui sera
f 0 (x0 )) et une fonction  : I → R avec (x ) −−−→ 0 tels que
x →x0

f (x ) = f (x0 ) + (x − x0 )` + (x − x0 )(x ).

Preuve. Il s’agit juste de reformuler la définition de f 0 (x0 ).


1 Il suffit de poser h = x − x0 .
f (x ) − f (x0 )
2 Il suffit de poser (x ) = − `.
x − x0

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Remarque 1
Si f est dérivable en x0 , alors, en posant h = x − x0 et
1 (h) = (x0 + h), la deuxième égalité de la proposition 1 s’écrit

f (x0 + h) = f (x0 ) + f 0 (x0 )h + h1 (h) avec lim 1 (h) = 0,


h→0

donc le nombre f (x0 ) + f 0 (x0 )h est une valeur approchée de


f (x0 + h).

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4- Dérivation et continuité

Proposition 2
Soit I un intervalle ouvert, x0 ∈ I et soit f : I → R une fonction.
Si f est dérivable en x0 alors f est continue en x0 .
Si f est dérivable sur I alors f est continue sur I.

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4- Dérivation et continuité

Proposition 2
Soit I un intervalle ouvert, x0 ∈ I et soit f : I → R une fonction.
Si f est dérivable en x0 alors f est continue en x0 .
Si f est dérivable sur I alors f est continue sur I.

Preuve. Supposons f dérivable en x0 et montrons qu’elle est aussi


continue en ce point. De la deuxième égalité donnée dans la
proposition 1, nous écrivons

f (x ) = f (x0 ) + (x − x0 )` + (x − x0 )(x ) .
| {z } | {z }
→0 →0

Donc f (x ) → f (x0 ) lorsque x → x0 et ainsi f est continue en x0 . 

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Remarque 2
La réciproque est fausse: par exemple, la fonction valeur absolue
est continue en 0 mais n’est pas dérivable en 0.
y
y = |x |

0 1 x

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En effet, le taux d’accroissement de f (x ) = |x | en x0 = 0 vérifie:
(
f (x ) − f (0) |x | +1 si x > 0
= = .
x −0 x −1 si x < 0

Il y a bien une limite à droite (qui vaut +1), une limite à gauche
(qui vaut −1) mais elles ne sont pas égales: il n’y a pas de limite
en 0. Ainsi f n’est pas dérivable en x = 0.

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5- Dérivée à droite et dérivée à gauche en un point

Définition 3

Soit f une fonction définie sur un intervalle de la forme


[x0 , x0 + r [ (r > 0). On dit que f est dérivable à droite en x0
f (x ) − f (x0 )
s’il existe ` ∈ R tel que lim+ = `.
x →x0 x − x0
Soit f une fonction définie sur un intervalle de la forme
]x0 − r , x0 ] (r > 0). On dit que f est dérivable à gauche en x0
f (x ) − f (x0 )
s’il existe `0 ∈ R tel que lim = `0 .
x →x0− x − x 0

Les nombres ` et `0 notés respectivement fd0 (x0 ) et fg0 (x0 ) sont


appelés nombre dérivée à droite et à gauche de f en x0 .

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Exemple

La fonction f : x 7→ |x |, traité dans l’exemple précédent, est


dérivable à droite et à gauche en 0 avec fd0 (0) = 1 et fg0 (0) = −1,
mais n’est pas dérivable en 0.
Cela se lit aussi sur le dessin, il y a une demi-tangente à droite, une
demi-tangente à gauche, mais elles ont des directions différentes.

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Propriété 1
Une fonction f est dérivable en x0 si et seulement si elle est
dérivable à droite et à gauche en x0 et fd0 (x0 ) = fg0 (x0 ).

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II- Calcul des dérivées

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II- Calcul des dérivées
1- Opérations sur les fonctions dérivables

Proposition 3
Soient f , g : I → R deux fonctions dérivables sur I. Alors pour tout
x ∈ I:
(f + g)0 (x ) = f 0 (x ) + g 0 (x )
(λf )0 (x ) = λf 0 (x ) où λ est un réel fixé
(f × g)0 (x ) = f 0 (x )g(x ) + f (x )g 0 (x )
 0
1 f 0 (x )
(x ) = − (si f (x ) 6= 0)
f f (x )2
 0
f f 0 (x )g(x ) − f (x )g 0 (x )
(x ) = (si g(x ) 6= 0)
g g(x )2

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Remarque 3
Il est plus facile de mémoriser les égalités de fonctions:

(f + g)0 = f 0 + g 0 (λf )0 = λf 0 (f × g)0 = f 0 g + fg 0

 0  0
1 f0 f f 0 g − fg 0
=− 2 =
f f g g2

21/67
Preuve. Prouvons par exemple (f × g)0 = f 0 g + fg 0 .

22/67
Preuve. Prouvons par exemple (f × g)0 = f 0 g + fg 0 .
Fixons x0 ∈ I. Nous allons réécrire le taux d’accroissement de
f (x ) × g(x ):

f (x )g(x ) − f (x0 )g(x0 ) f (x ) − f (x0 ) g(x ) − g(x0 )


= g(x ) + f (x0 )
x − x0 x − x0 x − x0
−−−→ f 0 (x0 )g(x0 ) + g 0 (x0 )f (x0 ).
x →x0

Ceci étant vrai pour tout x0 ∈ I ; la fonction f × g est donc


dérivable sur I de dérivée f 0 g + fg 0 . 

22/67
2- Dérivée d’une fonction composée

Proposition 4
Si f est dérivable en x0 et g est dérivable en f (x0 ) alors g ◦ f est
dérivable en x0 de dérivée:

0
g ◦ f (x0 ) = g 0 f (x0 ) · f 0 (x0 ).


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2- Dérivée d’une fonction composée

Proposition 4
Si f est dérivable en x0 et g est dérivable en f (x0 ) alors g ◦ f est
dérivable en x0 de dérivée:

0
g ◦ f (x0 ) = g 0 f (x0 ) · f 0 (x0 ).


Preuve.
 
g ◦ f (x ) − g ◦ f (x0 ) g f (x ) − g f (x0 ) f (x ) − f (x0 )
= ×
x − x0 f (x ) − f (x0 ) x − x0
0  0
−−−→ g f (x0 ) × f (x0 ).
x →x0


23/67
Exemples

Calculons la dérivée de ln(1 + x 2 ):

24/67
Exemples

Calculons la dérivée de ln(1 + x 2 ):


1
Nous avons g(x ) = ln(x ) avec g 0 (x ) = ; et f (x ) = 1 + x 2 avec
x
f 0 (x ) = 2x . Alors la dérivée de ln(1 + x 2 ) = g ◦ f (x ) est
0 2x
g ◦ f (x ) = g 0 f (x ) · f 0 (x ) = g 0 1 + x 2 · 2x =
 
.
1 + x2

24/67
3- Dérivée de fonctions usuelles

Fonction Dérivée
xn nx n−1 (n ∈ Z)
1
x − x12
√ 1 √1
x 2 x

xα αx α−1 (α ∈ R)
ex ex
1
ln x x

cos x − sin x
sin x cos x
1
25/67 tan x 1 + tan2 x = 2
Fonction Dérivée
un nu 0 u n−1 (n ∈ Z)
1 0
u − uu2
√ u0
1√
u 2 u

uα αu 0 u α−1 (α ∈ R)
eu u0e u
u0
ln u u

cos u −u 0 sin u
sin u u 0 cos u
u0
26/67
tan u u 0 (1 + tan2 u) = cos2 u
4- Dérivée d’une fonction réciproque

Proposition 5
Soient f une fonction continue et strictement monotone sur un
intervalle I et f −1 sa fonction réciproque définie sur J = f (I). Si f
est dérivable en x0 ∈ I et f 0 (x0 ) 6= 0, alors f −1 est dérivable en
y0 = f (x0 ) et on:

0 1 1
f −1 (y0 ) = = .
f 0 (x0 ) f0 f −1 (y0 )

27/67
Preuve. Notons g = f −1 . On a :

g(y ) − g(y0 ) g(y ) − x0 x − x0


=  =
y − y0 f g(y ) − f (x0 ) f (x ) − f (x0 )

où x = g(y ). Lorsque y → y0 alors x = g(y ) → g(y0 ) = x0 parce


x − x0 1
que g est continue en y0 . Donc tend vers 0 .
f (x ) − f (x0 ) f (x0 )
1
Ainsi g 0 (y0 ) = 0 . 
f (x0 )

28/67
Remarque 4
Il peut être plus simple de retrouver la formule à chaque fois en
dérivant l’égalité 
f g(x ) = x
où g = f −1 est la bijection réciproque de f .

29/67
Remarque 4
Il peut être plus simple de retrouver la formule à chaque fois en
dérivant l’égalité 
f g(x ) = x
où g = f −1 est la bijection réciproque de f .
En effet
f 0 g(x ) · g 0 (x ) = 1.


Mais g = f −1 donc
0 1
f −1 (x ) = .
f0 f −1 (x )

29/67
Soit f : R → R la fonction définie par f (x ) = x + exp(x ). Étudions
f en détail.
Tout d’abord:
1 f est dérivable car f est la somme de deux fonctions
dérivables. En particulier f est continue.

30/67
Soit f : R → R la fonction définie par f (x ) = x + exp(x ). Étudions
f en détail.
Tout d’abord:
1 f est dérivable car f est la somme de deux fonctions
dérivables. En particulier f est continue.
2 f est strictement croissante car f est la somme de deux
fonctions strictement croissante.

30/67
Soit f : R → R la fonction définie par f (x ) = x + exp(x ). Étudions
f en détail.
Tout d’abord:
1 f est dérivable car f est la somme de deux fonctions
dérivables. En particulier f est continue.
2 f est strictement croissante car f est la somme de deux
fonctions strictement croissante.
3 f est une bijection car lim f (x ) = −∞ et
x →−∞
lim f (x ) = +∞.
x →+∞

30/67
Soit f : R → R la fonction définie par f (x ) = x + exp(x ). Étudions
f en détail.
Tout d’abord:
1 f est dérivable car f est la somme de deux fonctions
dérivables. En particulier f est continue.
2 f est strictement croissante car f est la somme de deux
fonctions strictement croissante.
3 f est une bijection car lim f (x ) = −∞ et
x →−∞
lim f (x ) = +∞.
x →+∞
0
4 f (x ) = 1 + exp(x ) ne s’annule jamais (pour tout x ∈ R).

30/67
Notons g = f −1 la bijection réciproque de f . Même si on ne sait
pas a priori exprimer g, on peut malgré tout connaître des
informations sur cette fonction: par la remarque ci-dessus g est
0 
dérivable et l’on calcule g en dérivant l’égalité f g(x ) = x . Ce
qui donne f 0 g(x ) · g 0 (x ) = 1 et donc ici


1 1
g 0 (x ) =  = .
f0 g(x ) 1 + exp g(x )

31/67
Notons g = f −1 la bijection réciproque de f . Même si on ne sait
pas a priori exprimer g, on peut malgré tout connaître des
informations sur cette fonction: par la remarque ci-dessus g est
0 
dérivable et l’on calcule g en dérivant l’égalité f g(x ) = x . Ce
qui donne f 0 g(x ) · g 0 (x ) = 1 et donc ici


1 1
g 0 (x ) =  = .
f0 g(x ) 1 + exp g(x )
 
Comme f  g(x ) = x alors g(x ) + exp g(x ) = x donc
exp g(x ) = x − g(x ). Cela conduit à:

1
g 0 (x ) = .
1 + x − g(x )

31/67
y
y = f (x )
y =x

1
y = (x − 1)
2
1 y = g(x )

0 1 x

32/67
1
Par exemple f (0) = 1 donc g(1) = 0 et donc g 0 (1) = .
2
−1 0 1
Autrement dit f (1) = . L’équation de la tangente au graphe
2
−1 1
de f au point d’abscisse x0 = 1 est donc y = (x − 1).
2

33/67
5- Dérivées successives

Soit f : I → R une fonction dérivable et soit f 0 sa dérivée. Si la


fonction f 0 : I → R est aussi dérivable on note f 00 = (f 0 )0 la dérivée
seconde de f . Plus généralement on note:
0
f (0) = f , f (1) = f 0 , f (2) = f 00 et f (n+1) = f (n)

Si la dérivée n-ième f (n) existe on dit que f est n fois dérivable.

34/67
5- Dérivées successives

Soit f : I → R une fonction dérivable et soit f 0 sa dérivée. Si la


fonction f 0 : I → R est aussi dérivable on note f 00 = (f 0 )0 la dérivée
seconde de f . Plus généralement on note:
0
f (0) = f , f (1) = f 0 , f (2) = f 00 et f (n+1) = f (n)

Si la dérivée n-ième f (n) existe on dit que f est n fois dérivable.


Définition 4
Soit f une fonction définie sur un intervalle ouvert I et soit p un
entier supérieur ou égal à 1. Si les dérivées f 0 , f 00 , . . . , f (p) existent
et si f (p) est continue sur I, on dit que f est de classe C p sur I. On
dit que f est de classe C ∞ sur I si toutes les dérivées f (n) existent
et sont continues sur I.

34/67
Exemples

La fonction exponentielle est de classe C ∞ sur R et on a

35/67
Exemples

La fonction exponentielle est de classe C ∞ sur R et on a


∀n ∈ N, (e x )(n) = e x .
Les fonctions sinus et cosinus sont de classe C ∞ sur R et l’on
a pour tout n ∈ N:

35/67
Exemples

La fonction exponentielle est de classe C ∞ sur R et on a


∀n ∈ N, (e x )(n) = e x .
Les fonctions sinus et cosinus sont de classe C ∞ sur R et l’on
a pour tout n ∈ N:
π π
sin(n) (x ) = sin(x + n ) et cos(n) (x ) = cos(x + n ).
2 2

35/67
Théorème 1 (Formule de Leibniz)
Si f et g sont deux fonctions n fois dérivables sur un itervalle I,
alors:

n
(n) X
f ·g = Ckn f (k) · g (n−k) .
k=0

Ce résultat se démontre par récurrence en remarquant que


Cnk−1 + Ckn = Ckn+1 .

36/67
Exemple

Calculons la dérivée n-ème de (x 2 + 1)e x . Notons f (x ) = x 2 + 1,


alors f 0 (x ) = 2x , f 00 (x ) = 2 et pour k ≥ 3, f (k) (x ) = 0. Notons
g(x ) = e x , alors ∀k ∈ N, g (k) (x ) = e x .
Appliquons la formule de Leibniz:

37/67
Exemple

Calculons la dérivée n-ème de (x 2 + 1)e x . Notons f (x ) = x 2 + 1,


alors f 0 (x ) = 2x , f 00 (x ) = 2 et pour k ≥ 3, f (k) (x ) = 0. Notons
g(x ) = e x , alors ∀k ∈ N, g (k) (x ) = e x .
Appliquons la formule de Leibniz:
(n)
f ·g (x ) = C0n f (0) (x ) · g (n) (x ) + C1n f (1) (x ) · g (n−1) (x ) + C2n f (2) (x )
n(n − 1)
= (x 2 + 1)e x + n · 2xe x + · 2e x
2
= (x 2 + 2nx + n(n − 1) + 1)e x .

37/67
Proposition 6
Soient f , g : I → R deux fonctions de classe C n sur I où
n ∈ N ∪ {∞}. On a,
(i) f + g et fg sont de classe C n sur I.
1 f
(ii) si g ne s’annule pas sur I, alors et sont de classe
g g
C n sur I.

38/67
Proposition 7
Soient f : I → R et g : J → R deux fonctions tels que f (I) ⊂ J.
On a:
(i) Si f est n-fois dérivable sur I et g est n-fois dérivable
sur J, alors g ◦ f est n-fois dérivable sur I.
(ii) Si f est de classe C n sur I et g est de classe C n sur J,
alors g ◦ f est de classe C n sur I.

39/67
III- Extremum local, théorème de Rolle

40/67
III- Extremum local, théorème de Rolle
1- Extremum local

Définition 5
Soit f : I → R une fonction définie sur un intervalle I.
On dit que x0 est un point critique de f si f 0 (x0 ) = 0.
On dit que f admet un maximum (resp. un minimum) local
ou relatif en s’il existe un voisinage V ⊂ I de x0 tel que
f (x ) ≤ f (x0 ) (resp. f (x ) ≥ f (x0 )), pour tout x ∈ V .
On dit que f admet un extremum local en x0 si f admet un
maximum local ou un minimum local en x0 ..

41/67
y
maximum global

minimums locaux maximums locaux


x
I

42/67
Remarque 5
Dire que f a un maximum local en x0 signifie que f (x0 ) est la plus
grande des valeurs f (x ) pour les x proches de x0 . On dit que
f : I → R admet un maximum global en x0 si pour toutes les autres
valeurs f (x ), x ∈ I, on a f (x ) ≤ f (x0 ) (on ne regarde donc pas
seulement les f (x ) pour x proche de x0 ). Bien sûr un maximum
global est aussi un maximum local, mais la réciproque est fausse.

43/67
Théorème 2
Soit I un intervalle ouvert et f : I → R une fonction dérivable. Si f
admet un extremum local en x0 ∈ I alors f 0 (x0 ) = 0.

44/67
En d’autres termes, sous les mêmes hypothèses de ce théorème, un
maximum local (ou un minimum local) x0 est toujours un point
critique de f sur I.
Géométriquement, au point (x0 , f (x0 )) la tangente au graphe est
horizontale.
y

x
I

45/67
Preuve. Supposons que x0 soit un maximum local de f (la
démonstration est la même si c’est un minimum). Soit V ⊂ I le
voisinage de x0 de la définition tel que pour tout x ∈ V on a
f (x ) ≤ f (x0 ).
Pour x ∈ V tel que x < x0 on a f (x ) − f (x0 ) ≤ 0 et
f (x ) − f (x0 )
x − x0 < 0 donc ≥ 0 et donc à la limite
x − x0
fg0 (x0 ) ≥ 0.
Pour x ∈ V tel que x > x0 on a f (x ) − f (x0 ) ≤ 0 et
f (x ) − f (x0 )
x − x0 > 0 donc ≤ 0 et donc à la limite
x − x0
0
fd (x0 ) ≤ 0.
Or f est dérivable en x0 donc: fg0 (x0 ) = fd0 (x0 ) = f 0 (x0 ). La
première limite est positive, la seconde est négative, la seule
possibilité est que f 0 (x0 ) = 0. 
46/67
Remarque 6

1 La réciproque du théorème 2 est fausse.

47/67
Remarque 6

1 La réciproque du théorème 2 est fausse. Par exemple la


fonction f : R → R, définie par f (x ) = x 3 vérifie f 0 (0) = 0
mais x0 = 0 n’est ni maximum local ni un minimum local.

47/67
Remarque 6

1 La réciproque du théorème 2 est fausse. Par exemple la


fonction f : R → R, définie par f (x ) = x 3 vérifie f 0 (0) = 0
mais x0 = 0 n’est ni maximum local ni un minimum local.
2 Si f 0 s’annule en x0 en changeant de signe alors f admet un
extremum en x0 .

47/67
Remarque 6

1 La réciproque du théorème 2 est fausse. Par exemple la


fonction f : R → R, définie par f (x ) = x 3 vérifie f 0 (0) = 0
mais x0 = 0 n’est ni maximum local ni un minimum local.
2 Si f 0 s’annule en x0 en changeant de signe alors f admet un
extremum en x0 .
3 L’intervalle du théorème 2 est ouvert. Pour le cas d’un
intervalle fermé, il faut faire attention aux extrémités. Par
exemple si f : [a, b] → R, alors les extremums sont à chercher
parmi:
les bornes a et b,
les points où f n’est pas dérivable,
les points critiques de f dans ]a, b[.

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2- Théorème de Rolle

Théorème 3 (Théorème de Rolle)


Soit f : [a, b] → R telle que
f est continue sur [a, b],
f est dérivable sur ]a, b[,
f (a) = f (b).
Alors il existe c ∈]a, b[ tel que f 0 (c) = 0.

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f (a) = f (b)

a c b

Interprétation géométrique: il existe au moins un point du graphe


de f où la tangente est horizontale.

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Preuve. Tout d’abord, si f est constante sur [a, b] alors n’importe
quel c ∈]a, b[ convient. Sinon il existe x0 ∈ [a, b] tel que
f (x0 ) 6= f (a). Supposons par exemple f (x0 ) > f (a). Alors f est
continue sur l’intervalle fermé et borné [a, b], donc elle admet un
maximum en un point c ∈ [a, b]. Mais f (c) ≥ f (x0 ) > f (a) donc
c 6= a. De même comme f (a) = f (b) alors c 6= b. Ainsi c ∈]a, b[.
En c, f est donc dérivable et admet un maximum (local) donc
f 0 (c) = 0. 

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IV- Théorème des accroissements finis

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IV- Théorème des accroissements finis

Théorème 4 (Théorème des accroissements finis (T.A.F))


Soit f : [a, b] → R une fonction continue sur [a, b] et dérivable sur
]a, b[. Alors, il existe c ∈]a, b[ tel que

f (b) − f (a) = f 0 (c) (b − a)

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A

a c b

Interprétation géométrique: il existe au moins un point du graphe


de f où la tangente est parallèle à la droite (AB) où A = (a, f (a))
et B = (b, f (b)).

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f (b) − f (a)
Preuve. Posons ` = et g(x ) = f (x ) − ` · (x − a).
b−a
f (b) − f (a)
Alors g(a) = f (a), g(b) = f (b) − · (b − a) = f (a).
b−a
Par le théorème de Rolle, il existe c ∈]a, b[ tel que g 0 (c) = 0. Or
f (b) − f (a)
g 0 (x ) = f 0 (x ) − `. Ce qui donne f 0 (c) = . 
b−a

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Corollaire 1
Soit f : [a, b] → R une fonction continue sur [a, b] et dérivable sur
]a, b[.
1 ∀x ∈]a, b[ f 0 (x ) ≥ 0 ⇐⇒ f est croissante sur [a, b] ;
2 ∀x ∈]a, b[ f 0 (x ) ≤ 0 ⇐⇒ f est décroissante sur [a, b] ;
0
3 ∀x ∈]a, b[ f (x ) = 0 ⇐⇒ f est constante sur [a, b] ;
0
4 ∀x ∈]a, b[ f (x ) > 0 =⇒ f est strictement croissante
sur [a, b] ;
5 ∀x ∈]a, b[ f 0 (x ) < 0 =⇒ f est strictement
décroissante sur [a, b].

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Remarque 7
La réciproque au point (4) (et aussi au (5)) est fausse. Par
exemple la fonction x 7→ x 3 est strictement croissante et pourtant
sa dérivée s’annule en 0.

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Preuve. Prouvons par exemple (1).
(=⇒). Supposons d’abord la dérivée positive. Soient x , y ∈]a, b[
avec x ≤ y . Alors par le T.A.F, il existe c ∈]x , y [ tel que
f (x ) − f (y ) = f 0 (c)(x − y ). Mais f 0 (c) ≥ 0 et x − y ≤ 0 donc
f (x ) − f (y ) ≤ 0. Cela implique que f (x ) ≤ f (y ). Ceci étant vrai
pour tout x , y ∈]a, b[ alors f est croissante sur ]a, b[. De plus, f
est continue sur [a, b], donc f est croissante sur [a, b].
(⇐=). Réciproquement, supposons que f est croissante sur
[a, b]. Fixons x ∈]a, b[. Pour tout y > x nous avons y − x > 0 et
f (y ) − f (x ) ≥ 0, ainsi le taux d’accroissement vérifie
f (y ) − f (x )
≥ 0. À la limite, quand y → x , ce taux
y −x
d’accroissement tend vers la dérivée de f en x et donc f 0 (x ) ≥ 0. 

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Corollaire 2 (Inégalité des accroissements finis)
Soit f : I → R une fonction dérivable sur un intervalle I ouvert. S’il
existe une constante M telle que pour tout x ∈ I, f 0 (x ) ≤ M alors

∀x , y ∈ I f (x ) − f (y ) ≤ M|x − y |.

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Preuve. Fixons x , y ∈ I, il existe alors c ∈]x , y [ ou ]y , x [ tel que
f (x ) − f (y ) = f 0 (c)(x − y ) et comme |f 0 (c)| ≤ M alors
f (x ) − f (y ) ≤ M|x − y |. 

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Exemple

Soit f (x ) = sin(x ). Comme f 0 (x ) = cos x alors |f 0 (x )| ≤ 1 pour


tout x ∈ R. L’inégalité des accroissements finis s’écrit alors:

pour tout x , y ∈ R | sin x − sin y | ≤ |x − y |.

En particulier si l’on fixe y = 0 alors on obtient

| sin x | ≤ |x |.

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Théorème 5 (Théorème des accroissements finis généralisé
(T.A.F.G))
Soient f et g deux fonctions continues sur [a, b] et dérivables sur
]a, b[ avec g 0 ne s’annulle pas sur ]a, b[. Alors, il existe c ∈]a, b[ tel
que

f (b) − f (a) f 0 (c)


= 0
g(b) − g(a) g (c)

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V- Règle de l’Hospital

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V- Règle de l’Hospital

Corollaire 3 (Règle de l’Hospital)


Soient f , g : I → R deux fonctions dérivables et soit x0 ∈ I. On
suppose que
• f (x0 ) = g(x0 ) = 0 ;
• ∀x ∈ I \ {x0 }, g 0 (x ) 6= 0.

f 0 (x ) f (x )
Si lim =` (∈ R̄) alors lim = `.
x →x0 g 0 (x ) x →x0 g(x )

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Preuve. Par application du T.A.F.G, il existe cx compris entre x0
et x tel que
f (x ) f (x ) − f (x0 ) f 0 (cx )
= = 0 .
g(x ) g(x ) − g(x0 ) g (cx )
Comme le réel cx est entre x0 et x , si x s’approche de x0 alors cx
s’approche de x0 . Ainsi

f (x ) f 0 (cx ) f 0 (cx ) f 0 (x )
lim = lim 0 = lim 0 = lim 0 .
x →x0 g(x ) x →x0 f (cx ) cx →x0 g (cx ) x →x0 g (x )

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Exemple

ln(x 2 + x − 1)
Calculer la limite en 1 de . On vérifie que:
ln(x )
2x + 1
f (x ) = ln(x 2 + x − 1), f (1) = 0, f 0 (x ) = 2 ,
x +x −1
1
g(x ) = ln(x ), g(1) = 0, g 0 (x ) = ,
x
Prenons I =]0, 1], x0 = 1, alors g 0 ne s’annule pas sur I \ {x0 }.
f 0 (x ) 2x + 1 2x 2 + x
= × x = −−−→ 3.
g 0 (x ) x2 + x − 1 x 2 + x − 1 x →1
Donc
f (x )
−−−→ 3.
g(x ) x →1

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Remarque 8 (Généralisations)
Soient f et g deux fonctions dérivables sur ]a, b[
(a, b ∈ R̄, a < b) telles que g 0 ne s’annule pas sur ]a, b[ et ` ∈ R̄.
f 0 (x )
1 Si lim f (x ) = lim g(x ) = 0 et lim = `, alors
α α α g 0 (x )
f (x )
lim = `.
α g(x )

f 0 (x )
2 Si lim f (x ) = lim g(x ) = +∞ et lim = ` alors
α α α g 0 (x )
f (x )
lim = `.
α g(x )

f 0 (x )
3 Si lim f (x ) = lim g(x ) = −∞ et lim = ` alors
α α α g 0 (x )
f (x )
lim = `.
α g(x )
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Exemples


x +1−1
1 Calculons lim √ :
0 + x

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Exemples


x +1−1
1 Calculons lim √ :
√0
+ x √
On a lim x + 1 − 1 = 0, lim x = 0 et
√0+ 0+

( x + 1 − 1)0 x
lim √ 0 = lim √ = 0.
0+ ( √x ) 0+ x +1
x +1−1
Donc lim √ = 0.
0+ x

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Exemples


x +1−1
1 Calculons lim √ :
√0
+ x √
On a lim x + 1 − 1 = 0, lim x = 0 et
√0+ 0+

( x + 1 − 1)0 x
lim √ 0 = lim √ = 0.
0+ ( √x ) 0+ x +1
x +1−1
Donc lim √ = 0.
0+ x
ln x
2 Calculons lim 2 :
+∞ x

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Exemples


x +1−1
1 Calculons lim √ :
√0
+ x √
On a lim x + 1 − 1 = 0, lim x = 0 et
√0+ 0+

( x + 1 − 1)0 x
lim √ 0 = lim √ = 0.
0+ ( √x ) 0+ x +1
x +1−1
Donc lim √ = 0.
0+ x
ln x
2 Calculons lim 2 :
+∞ x
On a lim ln x = +∞, lim x 2 = +∞ et
+∞ +∞
(ln x )0 1 ln x
lim 2 0
= lim 2 = 0. Donc lim 2 = 0.
+∞ (x ) +∞ 2x +∞ x

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