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Pour simplifier, tous les espaces vectoriels considérés dans ce cours seront
des espaces vectoriels sur le corps des réels R.
1.2. Applications linéaires, continuité. Soient (E, k.k) et (F, k.kF ) deux
e.v.n, que l’on va supposer dans un premier temps de dimensions finies. On
note L(E, F ) l’espace vectoriel des applications linéaires de E dans F . Il
existe une norme naturelle sur L(E, F ), dite norme subordonnée (ou norme
d’opérateur), définie comme suit.
1
2 CHAPITRE 1 : DIFFÉRENTIELLE D’UNE APPLICATION
Le fait que |||L||| < +∞ découle de la propriété que toute application linéaire
entre espaces vectoriels normés de dimensions finies est continue. En parti-
culier la continuité en 0 dit qu’il existe δ > 0 tel que pour tout u ∈ B(0, 2δ),
u
on a kL(u)k ≤ 1. Par linéarité, on obtient que kL(δ kuk )kF ≤ 1 pour tout
1
u ∈ E \ {0}, ce qui donne |||L||| ≤ δ .
Lorsque E et F sont de dimension infinie, la norme d’opérateur |||L||| est
encore correctement définie sur l’espace Lc (E, F ) des applications linéaires
continues de E dans F . On rappelle deux propriétés fondamentales de la
norme subordonnée:
2. Applications différentiables
Tous les espaces vectoriels normés considérés dans le cours sont des R-espaces
vectoriels.
2.1. Dérivation des courbes. Soit (E, k.k) un espace vectoriel normé.
Soit I un intervalle ouvert de R. On considère une application α : I → E
(on pense géométriquement à une courbe tracée dans E).
Soit t0 ∈ I. On dit que α admet un vecteur dérivé (ou une dérivée) en
t0 lorsque limt→t0 α(t)−α(t
t−t0
0)
existe. Dans ce cas, on note ce vecteur dérivé
0 d
α (t0 ) ou α̇(t0 ) (ou encore dt |t=t0 α(t)).
Notons que le taux de variation ci-dessus n’a plus aucun sens lorsque l’on
remplace I par un ouvert d’un e.v.n de dimension > 1, et c’est pour celà
qu’il faut changer de point de vue si l’on veut généraliser la “dérivée” aux
fonctions de plusieurs variables.
Lorsque le vecteur dérivé α0 (t0 ) existe, on peut également écrire que lorsque
s est assez petit (non nul)
α(t0 + s) − α(t0 )
= α0 (t0 ) + (s),
s
avec lims→0 (s) = 0, où encore que:
CHAPITRE 1 : DIFFÉRENTIELLE D’UNE APPLICATION 3
Définition 2.1. (+Proposition) Soient (E, k.k) et (F, k.kF ) deux espaces
vectoriels normés de dimension finie. Soit U ⊂ E un ouvert, f : U → F
une application et x ∈ U . On dit que f est différentiable en x s’il existe une
application linéaire L ∈ L(E, F ), de sorte que pour tout h dans une boule
assez petite centrée en 0E , on puisse écrire:
et
f (x + h) = f (x) + L2 (h) + khk2 (h)
pour h ∈ E dans une boule de petit rayon B(0, r), et limh→0 i (h) = 0. On
obtient en soustrayant que (L1 − L2 )(h) = khk(1 (h) − 2 (h)). Fixons v non
r
nul dans E. Alors pour s ∈]0, kvk [, on a
et donc par linéarité de (L1 −L2 ) et homogénéité de la norme: (L1 −L2 )(v) =
kvk(1 (sv) − 2 (sv)). Le terme de droite tend vers 0 lorsque s → 0, donc
(L1 − L2 )(v) = 0, et finalement L1 = L2 car v était un vecteur arbitraire.
Preuve: Soit yn une suite de U qui tend vers x. Alors kf (yn ) − f (x)kF ≤
kDx f (yn − x)kF + kr(yn − x)kF , où limh→0 kr(h)kF = 0. Comme yn − x
tend vers 0, on a Dx f (yn − x) tend vers 0 par continité de Dx f , et le terme
majorant tend vers 0. On obtient bien que kf (yn ) − f (x)kF tend vers 0 et
donc f (yn ) tend vers f (x).
♦
3. Théorèmes d’opération
pour tout v ∈ E.
(2) Soient f, g : U → F deux applications différentiables en x ∈ U , et
soient λ, µ ∈ R. Alors λf +µg est différentiable en x, de différentielle
λDx f + µDx g.
(3) Soit U ⊂ E un ouvert, et f, g : U → R deux applications différentiables
en x ∈ U . Alors f g est différentiable en x et Dx (f g) = f (x)Dx g +
g(x)Dx f .
(4) Soit U un ouvert de E, V un ouvert de F satisfaisant f (U ) ⊂ V ,
et f : U → F , g : V → G deux applications. On suppose que f est
différentiable en x ∈ U , et g différentiable en f (x). Alors g ◦ f est
différentiable en x, et sa différentielle vaut Dx (g ◦f ) = Df (x) g ◦Dx f .
où limv→0 2 (v) = 0. Nous pouvons alors écrire que g ◦ f (x + h) = g(f (x) +
Dx f (h) + khk1 (h)) et donc
g◦f (x+h) = g◦f (x))+Df (x) g◦Dx f (h)+khkDf (x) g(1 (h))+kDx f (h)+khk1 (h)kF 2 (Dx f (h)+khk1 (h)).
On pose
r(h) = khkDf (x) g(1 (h)) + kDx f (h) + khk1 (h)kF 2 (Dx f (h) + khk1 (h)).
kr(h)kG
≤ C2 k1 (h)kF + (C1 + k1 (h)kF k2 (Dx f (h) + khk1 (h))kG .
khk
Par hypothèse sur 1 , on a limh→0 C2 k1 (h)kF = 0, et limh→0 (C1 +k1 (h)kF ) =
C1 . Par continuité de Dx f en 0, nous avons limh→0 (Dx f (h)+khk1 (h)) = 0,
et donc limh→0 2 (Dx f (h) + khk1 (h)) = 0. Il vient que le terme majorant
tend bien vers 0 lorsque h → 0, Q.E.D.
♦
(1) Pour tout v non nul dans E, f admet une dérivée en x dans la
direction v, et l’on a
∂f
(x) = Dx f (v).
∂v
(2) Si E est de dimension finie, de base (e1 , . . . , en ), alors pour tout v
de coordonnées (v1 , . . . , vn ) dans cette base, on a
∂f ∂f
Dx f (v) = (x)v1 + . . . + (x)vn .
∂x1 ∂xn
(i) x + v ∈ U .
∂f ∂f
(ii) | ∂x i
(x + v) − ∂xi (x)| ≤ .
On pose σ0 = 0 et pour 1 ≤ k ≤ n, σk = ki=1 vi ei . Alors pour ||v|| < δ, on
P
va écrire:
n
X
f (x + v) − f (x) = (f (x + σk−1 + vk ek ) − f (x + σk−1 )).
k=1
si bien qu’il n’y a plus qu’à appliquer l’inégalité triangulaire pour arriver à
la majoration:
n
X ∂f
|f (x + v) − f (x) − vk (x)| ≤ (|v1 | + . . . + |vn |) ≤ n||v||.
∂xk
k=1
Pn ∂f
On obtient que f (x + v) − f (x) − k=1 vk ∂xk (x)
= o(v), ce qui signifie
exactement que f est différentiable en x, et que Dx f (v) = nk=1 vk ∂x
∂f
P
k
(x).
♦
∂f Pm ∂fj
De l’expression Dx f (ei ) = ∂x i
(x) = j=1 ∂xi (x)ej on tire que la matrice de
Dx f dans les base BE et BF est
∂fi
.
∂xj 1≤i≤m,1≤j≤n
Elle s’appelle la matrice Jacobienne de f en x, notée Jf (x).
∂f1 ∂f1
(x) . . . ∂x (x)
∂x1. ..
n
..
Jf (x) = .. . .
∂fm
∂x1 (x) . . . ∂f
∂xn
m
(x)