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Fonctions p r i m i t i v e s e t É q uat i o n s
différentielle s l i n é a i r e s o r d i n a i r e s

1.1 Fonctions à valeurs complexes


Dans la suite de ce chapitre, nous allons exploiter la continuité/dérivabilité des fonctions
f : I −→ K où I est un intervalle de R et K = R ou C. L’étude de la continuité et la
dérivabilité des fonction numériques (i.e à valeurs dans R) a été déjà traitée dans les
chapitres précédents, ces notions peuvent être naturellement prolongées au cas d’une
fonction à valeurs dans C :

Définition 1. Soit f : I −→ C une fonction.

1. On dit que f est continue en un point x0 ∈ I si lim f (x) = f (x0 ).


x→x0

2. On dit que f est continue à droite (resp. à gauche) en un point x0 ∈ I si lim+ f (x) = f (x0 )
x→x0
(resp. lim− f (x) = f (x0 )).
x→x0

La caractérisation séquentielle de la continuité pour les fonctions numériques reste valide


pour les fonctions à valeurs complexes. De plus une fonction à valeur complexe est
continue en un point si et seulement si cette fonction est continue à droite et à gauche en
ce point.

Définition 2. Soit f : I −→ C une fonction.


f (x) − f (x0 )
1. On dit que f est dérivable en un point x0 ∈ I si lim ∈ C, dans ce cas on
x→x0 x − x0
note cette limite f 0 (x0 ).
f (x) − f (x0 )
2. On dit que f est dérivable à droite en un point x0 ∈ I si lim+ ∈ C, dans ce
x→x0 x − x0
cas on note cette limite fd0 (x0 ).
f (x) − f (x0 )
3. On dit que f est dérivable à gauche en un point x0 ∈ I si lim− ∈ C, dans ce
x→x0 x − x0
cas on note cette limite fg0 (x0 ).

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C H A P T E R 1 . FO N C T I O N S P R I M I T I V E S E T É QU S . D I F F S . L I N É A I R E S

Définition 3. Soit f : I −→ C une fonction et notons A l’ensemble des points de I auquels f


est dérivable. On appelle dérivée de f la fonction f 0 : A −→ C donnée par :

f (y) − f (x)
f 0 (x) := lim .
y→x y −x

Exemples 1. Soit f : R −→ C la fonction donnée par f (t) := eit . On a pour tout t0 ∈ R :

eit − eit0 i(t−t0 ) − 1


!
f (t) − f (t0 ) it0 e it0 cos(t) − 1 sin(t)
lim = lim = lim e = lim e +i · = ieit0 .
t→t0 t − t0 t→t0 t − t0 t→t0 t − t0 t→0 t t

Ainsi f est dérivable sur R et pour tout t ∈ R et f 0 (t) = ieit .

Exercice 1. Soit α ∈ C et soit f : R −→ C la fonction donnée par f (t) = eαt . Montrer que f est
dérivable sur R et que f 0 (t) = αeαt pour tout t ∈ R.

Remarques 1. Lorsque f : I −→ C est dérivable sur I et f 0 : I −→ C est dérivable sur I, on


peut définir la dérivée seconde f 00 : I −→ C de f de la même manière que pour les fonction à
valeurs réelles i.e f 00 := (f 0 )0 . Plus généralement, la notion de dérivée n-ième de f est définie de
façon similaire.

Pour une fonction f : I −→ C à valeurs complexes, on peut définir les fonctions partie
réelle et partie imaginaire notées respectivement Re(f ) : I −→ R et Im(f ) : I −→ R et
données par les formules :

∀x ∈ I, Re(f )(x) := Re(f (x)) et Im(f )(x) := Im(f (x)).

Proposition 1. Soit f : I −→ C une fonction à valeurs complexes.

1. La fonction f est continue en x0 ∈ I si et seulement si les fonctions Re(f ) et Im(f ) sont


continues en x0 .

2. La fonction f est dérivable en x0 si et seulement si Re(f ) et Im(f ) sont dérivables en x0


et on a Re(f 0 )(x0 ) = Re(f )0 (x0 ) et Im(f 0 )(x0 ) = Im(f )0 (x0 ), c’est à dire que :

f 0 (x0 ) = Re(f )0 (x0 ) + i · Im(f )0 (x0 ).

3. La fonction f est n-fois dérivable sur I si et seulement si Re(f ) et Im(f ) sont n-fois
dérivables sur I et on a Re(f (n) ) = Re(f (n) ) et Im(f (n) ) = Im(f )(n) , c’est à dire que : :

∀x ∈ I, f (n) (x) = Re(f )(n) (x) + i · Im(f )(n) (x).

Corollaire 1. Soit f : I −→ C une fonction et x0 ∈ I. Si f est dérivable en x0 alors f est


continue en x0 .

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Prof. Na b i l M e h d i 1 . 2 . FO N C T I O N S P R I M I T I V E S

Les résultats de continuité/dérivabilité liées aux opérations élémentaires (somme, pro-


duit, quotient) sur les fonction numériques restent vrais pour les fonctions à valeurs
complexes. Cependant, les résultats de continuité et de dérivabilité sur un intervalle tel
que le théorème des valeurs intermédiaires et le théorème des accroissements finis ne
sont plus valide dans le cas d’une fonction à valeurs complexes. Ceci est illustré dans
l’exemple suivant :

Exemples 2. Considérons la fonction f : [0, 1] −→ C donnée par f (t) := e2πit . Il est clair que
la fonction f est continue sur [0, 1], dérivable sur ]0, 1[ et que f (1) = f (0). Cependant on a :

∀t ∈]0, 1[, f 0 (t) = 2πie2πit , 0.

Ainsi le théorème de Rolle ne s’applique pas à cette situation.

1.2 Fonctions primitives


1.2.1 Définition et généralités
Définition 4. On dit qu’une fonction F : I −→ K est une primitive de la fonction f : I −→ K
lorsque F est dérivable sur I et vérifie F 0 = f .

Lorsque D := I1 ∪ · · · ∪ In est une réunion finie d’intervalles I1 , . . . , In deux à deux disjoints,


on dira que F : D −→ K est une primitive de f : D −→ K sur D lorsque la restriction F|Ik
est une primitive de f sur Ik pour tout k = 1, . . . , n.

Proposition 2. Soit f : I −→ K une fonction et soient F1 , F2 : I −→ K deux fonctions primitives


de f sur I, alors F1 − F2 est une fonction constante.

Remarques 2. Le résultat n’est plus vrai lorsque f : D −→ K où D est une réunion d’intervalles,
en effet si D = R∗ et f (x) = 1 pour tout x ∈ D. Il est clair que F : D −→ R, F(x) = x est une
primitive de f sur I. D’autre part la fonction F
b : I −→ R, donnée par :

 x + 1 si x < 0

b =
F(x) 
 x + 2 si x > 0

est aussi une primitive de f sur I bien que la fonction F


b − F ne soit pas constante.

Proposition 3. Soient f , g : I −→ K deux fonctions admettant des primitives notées respective-


ment F, G : I −→ K. Pour tout α, β ∈ K, la fonction αF + βG est primitive de αf + βg.

Le résultat suivant est une conséquence de la proposition précédente :

Corollaire 2. Soit f : I −→ C une fonction tel que Re(f ) et Im(f ) admettent des primitives
sur I, notées respectivement F1 : I −→ R et F2 : I −→ R. Alors f admet la fonction F := F1 + iF2
comme primitive sur I. Réciproquement, si F : I −→ C est une primitive de la fonction f sur I
alors Re(F) et Im(F) sont des primitives respectives de Re(f ) et Im(f ).

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1.2.2 Primitives et continuité


Le théorème suivant est admis pour le moment et présente une relation entre la primitive
d’une fonction continue sur un intervalle et l’intégrale de cette fonction. Nous verrons la
démonstration de ce résultat dans un chapitre ultérieur.

Théorème 1. Soit f : I −→ K une fonction continue et supposons que F : I −→ K est une


primitive de f sur I. Pour tout a, b ∈ I, on a :
Z b
f (t)dt = F(b) − F(a).
a

Comme conséquence, on obtient le théorème suivant :

Théorème 2. Soit f : I −→ K une fonction continue, alors f admet une primitive sur I. Plus
précisemment, pour tout a ∈ I, la fonction F : I −→ K donnée par :
Zx
∀x ∈ I, F(x) = f (t)dt,
a

est une primitive de f sur I.

En vue des deux théorèmes précédent, les méthodes de calcul des intégrable peuvent être
utilisés pour retrouver la primitive d’une fonction.

Proposition 4 (Intégration par parties). Soient u, v : I −→ K deux fonctions dérivables sur I,


soit a ∈ I et U , V : I −→ K deux primitives respectives de u et v. Alors pour tout x ∈ I :
Zx Zx
u(t) · v(t)dt = U (x) · v(x) − U (a) · v(a) − U (t) · v 0 (t)dt
a a
Zx
= u(x) · V (x) − u(a) · V (a) − u 0 (t) · V (t)dt.
a

Ainsi une primitive de la fonction u · v peut être obtenue comme différence de U · v et d’une
primitive de U · v 0 (resp. comme différence de u · V et d’une primitive de u 0 · V ).

Exemples 3. Cherchons une primitive de la fonction f : R −→ R donnée par f (x) = xe−x .


Posons pour tout x ∈ R, u(x) := x et v(x) := e−x . Il est clair que v est continue sur R, u est
dérivable sur R, de plus V : x → −e−x est une primitive de v sur R. Une intégration par parties
donne que pour tout x ∈ R :
Zx Zx Zx
t
f (t)dt = te dt = u(x)V (x) − u(0)V (0) − u 0 (t)V (t)dt
0 0 0
Zx
= −xe−x + e−t dt
0

= −xe−x − e−x + 1.

On déduit que F : R −→ R donnée par F(x) = −(x + 1)e−x est une primitive de f sur R.

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Exemples 4. Cherchons une primitive de la fonction f :]0, +∞[−→ R donnée par f (x) = ln(x).
Posons pour tout x ∈ R, u(x) := 1 et v(x) := ln(x). La fonction u est continue sur ]0, +∞[, v est
dérivable sur ]0, +∞[, de plus U : x → x est une primitive de u sur ]0, +∞[. Une intégration
par parties donne que pour tout x ∈ R :
Zx Zx Zx
f (t)dt = ln(t)dt = U (x)v(x) − U (1)v(1) − U (t)v 0 (t)dt
1 1 1
Zx
= x ln(x) − dt
0

= x(ln(x) − 1) + 1.

On déduit que F :]0, +∞[−→ R donnée par la formule F(x) = x(ln(x) − 1) est une primitive de
la fonction f sur ]0, +∞[.

Une autre technique fréquemment utilisée dans le calcul des primitive est celle du change-
ment de variable :

Définition 5. On dit d’une fonction ϕ : I −→ J est un changement de variable (où I et J sont


des intervalles de R) lorqu’elle vérifie les propriétés suivantes :

1. ϕ est bijective et strictement monotone.

2. ϕ est de classe C1 sur I et sa réciproque ϕ −1 est de classe C1 sur J.

Proposition 5 (Formule de changement de variable). Soit f : I −→ K une fonction continue


et soit ϕ : I −→ J un changement de variable. Alors étant donné a ∈ I, on a :
Zx Z ϕ(x)
∀x ∈ I, f (t)dt = f (ϕ −1 (s))(ϕ −1 )0 (s)ds.
a ϕ(a)

Exemples 5. Cherchons une primitive de la fonction f :]1, +∞[−→ R donnée par


1
f (x) = .
x ln(x)
Pour cela on définit ϕ :]1, +∞[−→ R par la formule ϕ(x) := ln(x). Clairement ϕ est de classe
C1 , strict. monotone, et ϕ −1 : x 7→ ex est de classe C1 sur ]0, +∞[. Ainsi :
Zx Z ϕ(x) Z ln(x)
f (t)dt = −1 −1 0
f (ϕ (t))(ϕ ) (t)dt = f (et )et dt
2 ϕ(2) ln(2)
ln(x)
et
Z
= dt
ln(2) et ln(et )
Z ln(x)
1
= dt
ln(2) t

= ln(ln(x)) − ln(ln(2)).

Donc F :]1, +∞[−→ R, x 7→ ln(ln(x)) est une primitive de f sur ]1, +∞[.

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1.2.3 Fonctions primitives usuelles


Nous présentons dans la table suivante une liste de fonctions primitives usuelles, il est
important de noter que le domaine de définition sera toujours un intervalle :

Fonction Primitive Domaine de définition


1
x 7→ eαx ,
α ∈ R∗ x 7→ eαx + c, c ∈ R R
α
1
x 7→ , a∈R x 7→ ln |x − a| + c, c ∈ R ] − ∞, a[ ou ]a, +∞[
x−a
(x − a)n+1
x 7→ (x − a)n , n ∈ N, a ∈ R x 7→ + c, c ∈ R R
n+1
1 −1
x 7→ , n ∈ N \ {1}, a ∈ R x 7→ + c, c ∈ R ] − ∞, a[ ou ]a, +∞[
(x − a)n (n − 1)(x − a)n−1
(x − a)α+1
x 7→ (x − a)α , α ∈ R \ {−1}, a ∈ R x 7→ + c, c ∈ R ]a, +∞[
α+1
x 7→ ln(x) x 7→ x(ln(x) − 1) + c, c ∈ R ]0, +∞[
n
X n!
x 7→ xn ex , n ∈ N x 7→ (−1)n−k xk ex + c, c ∈ R R
k!
k=0
1
x 7→ cos(αx), α ∈ R∗ x 7→ sin(αx) + c, c ∈ R R
α
1
x 7→ sin(αx), α ∈ R∗ x 7→ − cos(αx) + c, c ∈ R R
α
π π
 
x 7→ 1 + tan(x)2 x 7→ tan(x) + c, c ∈ R + kπ, + (k + 1)π , k ∈ Z
2 2
π π

x 7→ tan(x) x 7→ − ln |cos(x)| + c, c ∈ R + kπ, + (k + 1)π , k ∈ Z
2 2
1
x 7→ x 7→ ln |sin(x)| + c, c ∈ R ]kπ, (k + 1)π[ , k ∈ Z
tan(x)
1
x 7→ x 7→ arctan(x) + c, c ∈ R R
1 + x2
1
x 7→ √ x 7→ arcsin(x) + c, c ∈ R ] − 1, 1[
1 − x2
1
x 7→ − √ x 7→ arccos(x) + c, c ∈ R ] − 1, 1[
1 − x2
1
x 7→ cosh(αx), α ∈ R∗ x 7→ sinh(αx) + c, c ∈ R R
α
1
x 7→ sinh(αx), α ∈ R∗ x 7→ cosh(αx) + c, c ∈ R R
α
x 7→ 1 − tanh(x)2 x 7→ tanh(x) + c, c ∈ R R
x 7→ tanh(x) x 7→ ln | cosh(x)| + c, c ∈ R R
1
x 7→ x 7→ ln | sinh(x)| + c, c ∈ R ] − ∞, 0[ ou ]0, +∞[
tanh(x)
1
x 7→ x 7→ argth(x) + c, c ∈ R ] − 1, 1[
1 − x2
1
x 7→ √ x 7→ argsh(x) + c, c ∈ R R
2
x +1
1
x 7→ √ x 7→ argch(x) + c, c ∈ R R
x2 − 1
x 7→ eix x 7→ −ieix + c, c ∈ R R
1
x 7→ eαx , α ∈ C∗ x 7→ eαx + c, c ∈ R R
α
1
x 7→ eax cos(bx), (a, b) ∈ R2 \ {(0, 0)}, x 7→ 2 (aeax cos(bx) + beax sin(bx)) + c, c ∈ R R
a + b2
1
x 7→ eax sin(bx), (a, b) ∈ R2 \ {(0, 0)}, x 7→ 2 (aeax sin(bx) − beax cos(bx)) + c, c ∈ R R
a + b2
Table 1.1: Table de primitives usuelles

1
-Primitive de la fonction x 7→ .
ax2 + bx + c

Posons pour tout x ∈ R, P (x) := ax2 + bx + c avec a, b, c ∈ R tel que a , 0 et notons ∆ le


discriminant de l’équation P (x) = 0. Nous cherchons à déterminer les primitive de la

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fonction f donnée par f (x) := 1/P (x). On distingue trois cas :

• Si ∆ = 0, alors l’équation P (x) = 0 possède une unique solution réelle x0 et donc f


1
s’écrit sous la forme f (x) = pour tout x ∈ R \ {x0 }. Si on pose I :=] − ∞, x0 [
a(x − x0 )2
ou ]x0 , +∞[, toute primitive F : I −→ R de f est donnée par :
−1
F(x) := + c, c ∈ R.
a(x − x0 )

• Si ∆ > 0, l’équation P (x) = 0 possède deux solutions distinctes réelles x1 < x2 et donc
!
1 1 1 1
f (x) = = − ,
a(x − x1 )(x − x2 ) a(x2 − x1 ) x − x2 x − x1

pour tout x ∈ R \ {x1 , x2 } et si on pose I :=] − ∞, x1 [ ou ]x1 , x2 [ ou ]x2 , +∞[, alors toute
primitive F : I −→ R de f est donnée par :
x − x2
ln
x − x1
F(x) := + c, c ∈ R.
a(x2 − x1 )

• Si ∆ < 0, l’équation P (x) = 0 ne possède aucune solution réelle, ainsi Df = R. De


plus, en écrivant :
1
f (x) = !2 √ 2
,
b −∆
a x+ +
2a 4a
on obtient que toute primitive F : R −→ R de f est donnée par :
!
2a 2ax + b
F(x) := √ arctan √ + c, c ∈ R.
−∆ −∆

αx + β
-Primitive de la fonction x 7→ .
γx + δ

On veut déterminer une primitive de la fonction f donnée par l’espression :

αx + β α β
f (x) := tel que α, β, γ, δ ∈ R, γ , 0 et , 0.
γx + δ γ δ
( )
δ
Il est clair que Df = R \ − , de plus on a pour tout x ∈ Df :
γ

αx + β α α
f (x) = − +
γx + δ γ γ
δα
αx + β − αx −
γ α
= +
γx + δ γ
βγ − αδ α
= + .
γ(γx + δ) γ

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Si on note I := ]−∞, −δ/γ[ ou ]−δ/γ, +∞[, on obtient que toute primitive F : I −→ R de la


fonction f sur I s’écrit sous la forme :

α β ln |γx + δ| αx
F(x) := − + + c, c ∈ R.
γ δ γ2 γ

1.3 Équations différentielles linéaires ordinaires d’ordre 1


1.3.1 Structure des solutions
Définition 6. On appelle équation différentielle linéaire (ordinaire) d’ordre 1 toute équation
de la forme :
αy 0 + βy = γ, (1.1)

où l’inconnue y : I −→ K est une fonction dérivable, avec y 0 sa dérivée, et α, β, γ : I −→ K sont


des fonctions données. On appelle équation différentielle homogène associée à (1.1) l’équation :

αy 0 + βy = 0. (1.2)

Dans le cas où γ est identiquement nulle, on dira que l’équation (1.1) est homogène.

Proposition 6. Soient α, β, γ : I −→ K trois fonctions et considérons l’équation différentielle


linéaire d’ordre 1 donnée par :
αy 0 + βy = γ. (1.3)

Notons S l’ensemble des solutions de (1.3), (Eh ) l’équation différentielle homogène associée à
(1.3) et Sh l’ensemble de ces solutions.

1. Si y1 , y2 : I −→ K sont deux solutions de l’équation homogène (Eh ), alors a · y1 + b · y2


est aussi solution de (Eh ) pour tout a, b ∈ K. En particulier, y1 + y2 , y1 − y2 et a · y1 sont
solutions de (Eh ).

2. Soit z : I −→ K une solution particulière de (1.3). Une fonction dérivable y : I −→ K est


solution de (1.3) si et seulement si y − z est solution de (Eh ). En d’autres termes :

S= {z + yh , yh ∈ Sh }.

Nous nous intéressons dorénavant au cas de l’équation (1.1) où la fonction α ne s’annule


par sur l’intervalle I. Quitte à diviser (1.1) par α, on suppose sans perte de généralité
qu’elle sécrit sous la forme :
y 0 + βy = γ. (1.4)

D’après la proposition précédente, afin de résoudre l’équation différentielle d’ordre 1


(1.4) (ou plus généralement (1.1)), nous précédons selon les étapes suivantes :

1. Résolution de l’équation différentielle homogène y 0 + βy = 0 associée à (1.4). Nous


déterminons dans ce cas l’ensemble de ses solutions Sh .

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2. Recherche d’une solution particulière z : I −→ K de l’équation (1.4).

3. L’ensemble S des solutions de l’équation différentielle linéaire (1.4) est constitué


des fonctions dérivables y : I −→ K de la forme y := z + yh où yh : I −→ K est une
solution de l’équation homogène associée à (1.4).

La résolution dans le cas homogène est l’objet du théorème suivant :

Théorème 3. Soit β : I −→ K une fonction continue et considérons l’équation différentielle


linéaire homogène d’ordre 1 :
y 0 + βy = 0. (1.5)

Alors y : I −→ K est solution de (1.5) si et seulement s’il existe λ ∈ K tel que y(t) = λ · e−B(t)
pour tout t ∈ I, où B : I −→ K est une primitive de la fonction β sur l’intervalle I.

Exemples 6. Soit n ∈ N et considérons l’équation différentielle linéaire homogène d’ordre 1 :

y 0 (t) + t n y(t) = 0.

La solution générale de l’équation précédente est la fonction dérivable y : R −→ K définie par la


t n+1
formule y(t) = λ · e− n+1 .

Exemples 7. Considérons l’équation différentielle linéaire homogène d’ordre 1 sur ]0, +∞[ :

y 0 (t) + ln(t)y(t) = 0.

La solution générale de l’équation précédente est la fonction dérivable y :]0, +∞[−→ K définie
par la formule y(t) = λ · e−t(ln(t)−1) .

Pour la détermination d’une solution particulière de l’équation (1.4), on nous utilisons le


résultat suivant :

Théorème 4 (Variation de la constante). Soient β, γ : I −→ K deux fonctions continues et


considérons l’équation differentielle linéaire d’ordre 1 :

y 0 + βy = γ. (1.6)

Alors la fonction z : I −→ K donnée par z(t) := e−B(t) · C(t) définit une solution particulière de
l’équation (1.6) où :

• la fonction B : I −→ K est une primitive de la fonction β sur I.

• la fonction C : I −→ K est une primitive de la fonction t 7→ γ(t)eB(t) sur I.

Exemples 8. Cherchons une solution particulière yp : R −→ R de l’équation différentielle


1
linéaire y 0 + y = . D’après le résultat précédent on a yp (t) := e−B(t) · C(t), où :
1 + et
• B : R −→ R est une primitive de la fonction constante égale à 1, on prend B(t) := t.

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et
• C : R −→ R est une primitive de la fonction t 7→ , on trouve C(t) := ln(1 + et ).
1 + et
Ainsi pour tout t ∈ R, yp (t) := e−t ln(1 + et ).

On peut résumer les résultat précédents dans une formule intégrale donnant la solution
générale d’une équation différentielle linéaire d’ordre 1.

Corollaire 3. Soient β, γ : I −→ K deux fonctions continues, alors l’équation différentielle


linéaire d’ordre 1, y 0 + βy = γ possède une solution générale y : I −→ K de la forme :
Z t !
B(s)
∀t ∈ I, y(t) = λ + e γ(s)ds e−B(t) ,
a

où λ ∈ K, a ∈ I et B : I −→ K est une primitive de β sur I.


t2
Exemples 9. Considérons l’équation différentielle y 0 − ty = e 2 . Compte tenu du résultat
précédent, on obtient que la solution générale y : R −→ R de cette équation est donnée par :
Z t 2
!
s2 t2
− s2
y(t) = λ+ e · e ds e 2
2
0
Zt !
t2
= λ+ ds e 2
0
t2
= (λ + [s]t0 )e 2
t2 t2
= λe 2 + te 2 ,

avec λ ∈ R.

Nous terminons cette partie par un résultat pratique lorsque le second membre d’une
équation différentielle linéaire d’ordre 1 est compliqué :

Proposition 7 (Principe de superposition des solutions.). Considérons l’équation différen-


tielle linéaire d’ordre 1 :
y 0 + βy = γ, (1.7)

et écrivons γ := γ1 + γ2 . Si z1 : I −→ R est une solution particulière de y 0 + βy = γ1 et si


z2 : I −→ R est une solution particulière de y 0 + βy = γ2 alors z := z1 + z2 est une solution
particulière de (1.7).

1.3.2 Problème de Cauchy


Considérons le problème suivant : Trouver toutes les fonctions dérivables y : I −→ K
vérifiant : 
0
 y + βy = γ


 , β, γ : I −→ K, (1.8)
 y(t0 ) = y0

où t0 ∈ I, y0 ∈ K.

10 P r o f . Na b i l M e h d i
Prof. Na b i l M e h d i 1 . 3 . É QU. D I F F. L I N É A I R E S D ’ O R D R E 1

Définition 7. Le problème (1.8) est appelé problème de Cauchy associé à l’équation différen-
tielle linéaire d’ordre 1, y 0 + βy = γ avec condition initiale y(t0 ) = y0 .

Théorème 5. Soient β, γ : I −→ K deux fonctions continues. Alors le problème de Cauchy :



0
 y + βy = γ



 y(t0 ) = y0

Zt !
B(t
possède une unique solution y : I −→ K de la forme y(t) = y0 · e 0 +) B(s)
e γ(s)ds e−B(t) où
t0
la fonction B : I −→ K est une primitive de β sur I.

Exemples 10. On considère le problème de Cauchy :



1
 y0 + y =




 1 + et
 y(0) = 1

D’après le résultats précédent, l’unique solution y : R −→ R de ce problème est donnée par :


Zt s !
e
∀t ∈ R, y(t) = 1 + s
ds e−t = (1 + ln(1 + et ) − ln(2))e−t .
0 1+e

1.3.3 Principe de recollement des solutions


Revenons au cas général de l’équation différentielle linéaire d’ordre 1,

αy 0 + βy = γ (1.9)

où α, β, γ : I −→ K sont des fonctions données qu’on suppose continues sur l’intervalle I,


on suppose de plus que la fonction α ne s’annule qu’en un seul point c ∈ I. Posons :

I1 := {t ∈ I, t < c} et I2 := {t ∈ I, t > c},

on vérifie aisément que I1 et I2 sont des intervalles disjoints et que I \ {c} = I1 ∪ I2 . Par
hypothèse, la fonction α ne s’annule ni sur I1 ni sur I2 , on obtient alors à partir de (1.9)
les équation différentielles linaires suivantes définies respectivement sur I1 et sur I2 :
β γ
y0 +
y= sur I1
α α (1.10)
β γ
y0 + y = sur I2
α α
Si (1.9) possède une solution y : I −→ K alors les restrictions y|I1 : I1 −→ K et y|I2 : I2 −→ K
sont des solutions de (1.10) sur I1 et I2 respectivement. Inversement on a le résultat
suivant :

Théorème 6 (Recollement des solutions.). Supposons que y1 : I1 −→ K et y2 : I2 −→ K sont


des solutions respectives de (1.10) sur I1 et I2 respectivement vérifiant :
y1 (t) − ` y (t) − `
lim− y1 (t) = lim+ y2 (t) = ` ∈ K et lim− = lim+ 2 ∈ K.
t→c t→c t→c t−c t→c t−c
Alors la fonction y : I −→ K donnée par y := y1 sur I1 , y := y2 sur I2 et y(c) = ` est dérivable
sur I et solution de l’équation différentielle (1.9).

11
C H A P T E R 1 . FO N C T I O N S P R I M I T I V E S E T É QU S . D I F F S . L I N É A I R E S

Une autre version de ce résultat avec une condition plus simple à vérifier s’énonce de la
façon suivante :

Corollaire 4. Supposons que y1 : I1 −→ K et y2 : I2 −→ K sont des solutions respectives de


l’équation (1.10) sur I1 et I2 respectivement vérifiant :

lim y1 (t) = lim+ y2 (t) := ` ∈ K et lim y 0 (t) = lim+ y20 (t) ∈ K.


t→c− t→c t→c− 1 t→c

Alors la fonction y : I −→ K donnée par y := y1 sur I1 , y := y2 sur I2 et y(c) = ` est dérivable


sur I et solution de l’équation différentielle (1.9).

Exemples 11. On se propose de résoudre l’équation ty 0 − 2y = t 3 sur R. Si on pose α(t) := t


alors α(t) = 0 si et seulement si t = 0. On considère alors l’équation :

2
y 0 − y = t2. (1.11)
t
Si on note y1 :]0, +∞[−→ R et y2 :] − ∞, 0[−→ R les solutions générales sur ]0, +∞[ et ] − ∞, 0[
de l’équation (1.11) respectivement, alors :
Zt ! Zt !
2 ln(s) 2 2 ln(t)
y1 (t) = λ1 + e s ds e = λ1 + ds t 2 = λ̃1 t 2 + t 3 ,
a1 a1

avec λ̃1 ∈ R et a1 > 0. De même, on vérifie que y2 (t) = λ̃2 t 2 + t 3 avec λ̃2 ∈ R. Considérons alors
la fonction y : R −→ R vérifiant :

2 3
 λ1 t + t si t > 0


y(t) = 
 λ2 t 2 + t 3 si t < 0

Il est clair que lim− y(t) = lim+ y(t) = 0 et lim− y 0 (t) = lim+ y 0 (t) = 0. Le principe de recollement
t→0 t→0 t→0 t→0
des solutions montre que y est solution de l’équation ty 0 − 2y = t 3 si et seulement si y(0) = 0.

Remarques 3. L’exemple précédent montre que le problème de Cauchy associé à l’équation


différentielle ty 0 − 2y = t 3 peut ne pas admettre de solutions ou bien admettre une infinité de
solutions même lorsqu’une condition initiale est fixée, en effet :

1. Si on prend y(t0 ) = y0 pour condition initiale avec t0 < 0, alors le problème possède une
infinité de solutions.

2. On a même résultat si l’on prend y(t0 ) = y0 pour condition initiale avec t0 > 0.

3. Si l’on prend y(0) = y0 , 0 alors le problème n’admet pas de solutions.

Exercice 2. Résoudre dans R l’équation t 2 y 0 − y = 0 en utilisant le principe de recollement des


solutions.

Remarques 4. Lorsque α : I −→ K s’annule en un nombre fini de points c1 , . . . , cn ∈ I, le


principe de recollement des solutions reste valide : Il suffit d’écrire I \ {c1 , . . . , cn } = I1 ∪ · · · ∪ In+1

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comme réunion d’intervalles deux à deux disjoints et chercher la solution générale yk : Ik −→ K


β γ
de l’équation y 0 + y = sur chacun des intervalles Ik . Ensuite si on trouve que :
α α
yk (t) − `k y (t) − `k
lim yk (t) = lim+ yk+1 (t) := `k ∈ K et lim = lim+ k+1 ∈ K,
t→ck− t→ck t→ck− t − ck t→ck t − ck

pour tout k = 1, . . . , n, alors la fonction y : I −→ K donnée par y|Ik := yk et y(ck ) := `k est


dérivable sur I et solution de l’équation différentielle linéaire d’ordre 1, αy 0 + βy = γ.

1.4 Équations différentielles linéaires d’ordre 2 à coefficients


constants
1.4.1 Structure des solutions
Définition 8. On appelle équation différentielle linéaire à coefficients constants toute équation
de la forme :
ay 00 + by 0 + cy = ξ (1.12)

où a, b, c ∈ K tel que a , 0 et ξ : I −→ K est une fonction donnée dite second membre de


l’équation. L’inconnue y : I −→ K est une fonction deux fois dérivable sur l’intervalle I.
L’équation différentielle linéaire ay 00 + by 0 + cy = 0 est dite équation homogène associée à (1.12).

Théorème 7. On considère l’équation différentielle linéaire d’ordre 2 à coefficients constants :

ay 00 + by 0 + cy = ξ. (1.13)

Soit S l’ensemble des solutions de (1.13), et Sh l’ensemble des solutions de l’équation homogène
(Eh ) associée à (1.13).

1. Si y1 , y2 : I −→ K sont deux solutions de (Eh ) alors uy1 + vy2 est aussi solution de (Eh )
pour tout u, v ∈ K.

2. Soit z : I −→ K une solution particulière de (1.13). Une fonction y : I −→ K deux fois


dérivable est solution de (1.13) si et seulement si y − z est solution de (Eh ). En d’autres
termes :
S= {z + yh , yh ∈ Sh }.

Comme pour le cas des équations différentielles linéaires d’ordre 1, le résultat précédent
permet de diviser la tâche de recherche de la solution générale d’une équation différen-
tielle linéaire d’ordre 2 à coefficients constants selon les étapes suivantes :

1. Recherche de la solution générale de l’équation homogène associée.

2. Recherche d’une solution particulière de l’équation différentielle avec second mem-


bre

13
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La première étape de cette procédure est donnée par le résultat suivant :

Théorème 8. On suppose que K = C et on considère l’équation différentielle linéaire homogène


d’ordre 2 à coefficients constants donnée par :

ay 00 + by 0 + cy = 0 (1.14)

Notons ∆ le discriminant de l’équation caractéristique ar 2 + br + c = 0.

1. Si ∆ , 0 et λ1 , λ2 sont les racines distinctes de l’équation caractéristique, alors la solution


générale y : R −→ C de (1.14) est donnée par :

∀t ∈ R, y(t) = C1 eλ1 t + C2 eλ2 t , C1 , C2 ∈ C.

2. Si ∆ = 0 et si λ0 est l’unique racine de l’équation caractéristique, alors la solution générale


y : R −→ C de (1.14) est donnée par :

∀t ∈ R, y(t) = (C1 t + C2 )eλ0 t , C1 , C2 ∈ C.

Remarques 5. En gardant les notations du théorème précédent, la famille composée par les
fonctions t 7→ eλ1 t , t 7→ eλ2 t dans le cas où ∆ , 0 et par les fonctions t 7→ eλ0 t , t 7→ teλ0 t dans
le cas où ∆ = 0 est appelé système fondamentale de solutions de l’équation différentielle (1.14) :
Toute solution de (1.14) est combinaison linéaire du système fondamentale de solutions.

Dans le cas d’une équation différentielle linéaire d’ordre 2 à coefficients constants réels,
on a le résultat suivant :

Théorème 9. On suppose que K = R et on considère l’équation différentielle linéaire homogène


à coefficients constants :
ay 00 + by 0 + cy = 0. (1.15)
Notons ∆ le discriminant de l’équation caractéristique ay 00 + by 0 + cy = 0, alors ∆ ∈ R et on
distingue les cas suivants :

1. Si ∆ > 0 et si λ1 , λ2 ∈ R sont les racines distinctes de l’équation caractéristique, alors la


solution générale y : R −→ R de (1.15) est de la forme :

∀t ∈ R, y(t) = C1 eλ1 t + C2 eλ2 t , C1 , C2 ∈ R.

2. Si ∆ = 0 et si λ0 ∈ R est l’unique racine de l’équation caractéristique, alors la solution


générale y : R −→ R de (1.14) est donnée par :

∀t ∈ R, y(t) = (C1 t + C2 )eλ0 t , C1 , C2 ∈ R.

3. Si ∆ < 0 et si λ1 := ρ + iω et λ2 := ρ − iω avec ρ, ω ∈ R sont les racines complexes


conjuguées de l’équation caractéristique, alors la solution générale y : R −→ R de (1.15)
est de la forme :

∀t ∈ R, y(t) = eρt (C1 cos(ωt) + C2 sin(ωt)), C1 , C2 ∈ R.

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Prof. Na b i l M e h d i 1 . 4 . É QU. D I F F. L I N É A I R E S D ’ O R D R E 2 À CO E F F S . CS T.

Le principe de superposition des solutions reste valide pour les équation différentielles
linéaires d’ordre 2 :

Proposition 8 (Principe de superposition des solutions). Soient ξ1 , ξ2 : I −→ K deux fonc-


tions données et posant ξ := ξ1 + ξ2 . Si yi : I −→ K est solution de l’équation différentielle
linéaire d’ordre 2 à coefficients constants ay 00 + by 0 + cy = ξi pour i = 1, 2, alors y1 + y2 est
solution de l’équation ay 00 + by 0 + cy = ξ.

1.4.2 Résolution dans le cas d’un second membre de la forme t 7→ P(t)emt


Dans cette partie, on s’intéresse à la recherche d’une solution particulière de l’équation
différentielle linéaire d’ordre 2 à coefficients constants ay 00 + by 0 + cy = ξ où ξ : R −→ K
est de la forme ξ(t) = P (t)emt avec P : R −→ K est une fonction polynômiale et m ∈ K.
Commençons par le cas m = 0, on a le résultat suivant :

Théorème 10. Soit P : R −→ K une fonction polynômiale de degré d ≥ 0 et considérons


l’équation différentielle linéaire d’ordre 2 à coefficients constants :

ay 00 + by 0 + cy = P . (1.16)

Alors (1.16) admet une fonction polynômiale Q : R −→ K comme solution particulière. On


distingue trois cas :

• Si c , 0, alors deg(Q) = deg(P ) et aQ00 + bQ0 + cQ = P .

• Si c = 0 et b , 0 alors deg(Q) = deg(P ) + 1 et aQ00 + bQ0 = P .

• Si b = c = 0 alors deg(Q) = deg(P ) + 2 et aQ00 = P .

Remarques 6. La recherche du polynôme Q du théorème précédent se fait par identification


des coefficients en utilisant l’équation différentielle (1.16) et le degré.

Exemples 12. Considérons l’équation différentielle y 00 + y = t. Soit Q : R −→ R un polynôme


solution de cette équation, d’après le théorème précédent, deg(Q) = 1 et donc Q(t) = αt + β avec
α, β ∈ R. De plus :
∀t ∈ R, t = Q00 (t) + Q(t) = αt + β.

Ainsi α = 1 et β = 0 et donc Q(t) = t.

Exemples 13. Considérons l’équation différentielle y 00 + y 0 + 2y = it 2 . Soit Q : R −→ C


un polynôme solution de cette équation, d’après le théorème précédent, deg(Q) = 2 et donc
Q(t) = αt 2 + βt + γ avec α, β, γ ∈ C. De plus :

∀t ∈ R, it 2 = Q00 (t) + Q0 (t) + 2Q(t) = 2αt 2 + (2α + 2β)t + (2α + 2γ + β).

i i i i
Ainsi α = , β = − et γ = − ce qui donne que Q(t) = (2t 2 − 2t − 1).
2 2 4 4

15
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Exercice 3. En utilisant le théorème précédent, trouver une solution particulière de l’équation


différentielle y 00 + 3y 0 = t 2 + 2.

La situation générale découle du cas précédent, c’est l’objet du résultat suivant :

Théorème 11. Soit P : R −→ K une fonction polynômiale de degré ≥ 0 et m ∈ K. Alors


l’équation différentielle linéaire d’ordre 2 à coefficients constants ay 00 + by 0 + cy = P emt admet
une solution particulière y : R −→ K de la forme y(t) := Q(t)emt où Q : R −→ K est une
fonction polynômiale donnée selon les cas suivants :

• Si am2 + bm + c , 0 i.e m n’est pas racine de l’équation caractéristique, alors deg(Q) =


deg(P ) et dans ce cas aQ00 + (2am + b)Q0 + (am2 + bm + c)Q = P .

• Si am2 +bm+c = 0 et 2am+b , 0 i.e m est une racine simple de l’équation caractéristique,
alors deg(Q) = deg(P ) + 1 et dans ce cas aQ00 + (2am + b)Q0 = P .

• Si am2 + bm + c = 0 et 2am + b = 0 i.e m est racine double de l’équation caractéristique,


alors deg(Q) = deg(P ) + 2 et dans ce cas aQ00 = P .

Exemples 14. Considérons l’équation différentielle y 00 + y = tet . Soit y : R −→ R une solution


de cette équation de la forme y(t) := Q(t)et avec Q un polynôme. Il est clair que 1 n’est pas racine
de l’équation caractéristique et donc par le théorème précédent deg(Q) = 1 i.e Q(t) := αt + β
avec α, β ∈ R. De plus :

∀t ∈ R, t = Q00 (t) + 2Q0 (t) + 2Q(t) = 2α + 2αt + 2β = 2αt + (2α + 2β).


1 1 (t − 1) t
Ainsi α = et β = − , ce qui donne que y(t) = e.
2 2 2
Dans le cas d’un polynôme constant, on retrouve le résultat suivant :

Corollaire 5. Soient µ ∈ K∗ , m ∈ K et considérons l’équation différentielle linéaire d’ordre 2 à


coefficients constants ay 00 + by 0 + cy = µemt .

1. Si am2 + bm + c , 0, une solution particulière y : R −→ K de l’équation précédente est


µ
donnée par y(t) := 2
emt .
am + bm + c
2. Si am2 + bm + c = 0 et 2am + b , 0 une solution particulière y : R −→ K de l’équation
µt
précédente est donnée par y(t) := emt .
2am + b
3. Si am2 + bm + c = 0 et 2am + b = 0 une solution particulière y : R −→ K de l’équation
µt 2 mt
précédente est donnée par y(t) := e .
2
Corollaire 6. Soient µ ∈ R∗ , ω ∈ R∗ et posons m := iω. considérons les équations différentielles
linéaires d’ordre 2 à coefficients constants

ay 00 + by 0 + cy = µ cos(ωt) (1.17)
ay 00 + by 0 + cy = µ sin(ωt) (1.18)

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1. Si am2 + bm + c , 0, alors des solutions particulières y1 : R −→ R et y2 : R −→ R


respectivement de (1.17) et (1.18) sont données par :
µ
y1 (t) := ((c − aω2 ) cos(ωt) + bω sin(ωt)),
(c − aω2 )2 + b2 ω2
µ
y2 (t) := ((c − aω2 ) sin(ωt) − bω cos(ωt)),
(c − aω2 )2 + b2 ω2
où am2 + bm + c := (c − aω2 ) + ibω et donc (c − aω2 )2 + b2 ω2 := |am2 + bm + c|2 .

2. Si am2 + bm + c = 0, alors des solutions particulières y1 : R −→ R et y2 : R −→ R


respectivement de (1.17) et (1.18) sont données par :

1
y1 (t) := (µbt cos(ωt) + 2aω sin(ωt)),
b 2 + a2 ω 2
1
y2 (t) := (µbt sin(ωt) − 2aω sin(ωt)),
b 2 + a2 ω 2
où 2am + b = b + 2iaω et donc b2 + a2 ω2 = |2am + b|2 .

1.4.3 Problème de Cauchy


On s’intéresse dans cette partie au problème suivant : Trouver toutes les fonctions deux
fois dérivables y : I −→ K vérifiant :
 00


 ay + by 0 + cy = ξ

y(t0 ) = y0 où a, b, c ∈ K, ξ : I −→ K, (1.19)




 y 0 (t ) = y 0

0 0

avec t0 ∈ I et y0 , y00 ∈ K.

Définition 9. Le problème (1.19) est appelé problème de Cauchy associé à l’équation différen-
tielle linéaire d’ordre 2 à coefficients constants ay 00 +by 0 +c = ξ avec condition initiale y(t0 ) = y0
et y 0 (t0 ) = y00 .

Théorème 12. Considérons le problème de Cauchy :



00 0
 ay + by + cy = ξ


(1.20)
 y(t0 ) = y0 , y 0 (t0 ) = y00

Si ξ : I −→ K est continue, alors (1.20) possède une unique solution.

Exemples 15. On considère le problème de Cauchy :



00 0 −t
 y − 4y + 3y = (2t + 1)e


 y(0) = 1, y 0 (0) = 0

Notons y : R −→ R l’unique solution de ce problème, alors y = yp + yh où yp : R −→ R est une


solution particulière de l’équation différentielle (E) : y 00 − 4y 0 + 3y = (2t + 1)e−t et yh : R −→ R

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est une solution de l’équation homogène associée à (E) et dont les paramètres vont être déter-
minés à partir des conditions initiales du problème.

On sait que yp s’écrit sous la forme yp (t) = Q(t)e−t où Q est un polynôme de degré 1 vu que −1
n’est pas racine de l’équation caractéristique r 2 −4r+3 = 0, de plus Q00 (t)−6Q 0
 (t)+8Q(t) = 2t+1
1 5

(voir Théorème (11)). En écrivant Q(t) := αt + β, on trouve que Q(t) = t+ et donc
4 4
1 5
 
∀t ∈ R, yp (t) = t + e−t .
4 4
D’autre part, l’équation caractéristique r 2 − 4r + 3 = 0 est de discriminant ∆ > 0 de racines
réelles 1 et 3, ce qui montre que yh est de la forme :

∀t ∈ R, yh (t) = C1 et + C2 e3t , avec C1 , C2 ∈ R.


1 5 −t 1
 
On déduit que y(t) = C1 e + C2 e + t + e et y 0 (t) = C1 et + 3C2 e3t − (t + 1) e−t et donc
t 3t
4 4 4
en évaluant en t = 0 on obtient que C1 et C2 vérifient le système suivant :
 11
 C1 + C2 = 16




 1
 C1 + 3C2 =

4
29 −7
Un calcul simple montre que C1 = et C2 = .
32 32
Proposition 9. Soit ω ∈ R∗ et considérons les problèmes de Cauchy :

y + ω2 y = 0 y − ω2 y = 0
 00  00

 


 

(P1 ) :  y(t0 ) = y0 , (P2 ) :  y(t0 ) = y0
 

 

 y 0 (t ) = y 0
  y 0 (t ) = y 0

0 0 0 0

Si on note y1 : R −→ R et y2 : R −→ R les solutions de (P1 ) et (P2 ) respectivement, alors pour


tout t ∈ R :
1 1
y1 (t) = cos(ω(t − t0 )) + sin(ω(t − t0 )) et y2 (t) = cosh(ω(t − t0 )) + sinh(ω(t − t0 )).
ω ω
Exemples 16. Soit ω ∈ R∗ et considérons les problèmes de Cauchy :

y + ω2 y = 0 y + ω2 y = 0
 00  00

 


 

(P1 ) :  y(0) = 1 , (P2 ) :  y(0) = 0
 

 

 y 0 (0) = 0
  y 0 (0) = 1

1
Il est facile de vérifier que t 7→ cos(ωt) est la solution de (P1 ) et que t 7→ sin(ωt) est la
ω
solution de (P2 ).

Exemples 17. Soit ω ∈ R∗ et considérons les problèmes de Cauchy :

y − ω2 y = 0 y − ω2 y = 0
 00  00

 


 

(P1 ) :  y(0) = 1 , (P2 ) :  y(0) = 0
 

 

 y 0 (0) = 0
  y 0 (0) = 1

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1
Il est facile de vérifier que t 7→ cosh(ωt) est la solution de (P1 ) et que t 7→ sinh(ωt) est la
ω
solution de (P2 ).

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