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Première partie

Analyse

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Chapitre 1
Fonction numérique

1.1 Vocabulaire de base

Soit f une fonction numérique de la variable réelle, c’est-à-dire une fonction de R dans R.
Soit Df une partie non vide de R. On dit que f est définie sur Df ssi f est une application de
Df dans R. Soit f une application définie sur Df .
On dit que f est
paire ∀x ∈ Df , −x ∈ Df et f (−x) = f (x), impaire ssi ∀x ∈ Df , −x ∈ Df et f (−x) = −f (x) .
Une fonction numérique est périodique de période p(p ∈ R? ) ssi ∀x ∈ Df ; x + p ∈ Df et
f (x + p) = f (x).
Dans le plan rapporté à un repère (o,~i, ~j) , la courbe représentative d’une fonction périodique
de période p est globalement invariante par translation du vecteur p~i. Soit I un intervalle non
vide inclus dans Df . On dit que f est
-croissante, resp. décroissante sur I ssi, pour tout a, b dans I :
a ≤ b =⇒ f (a) ≤ f (b) , resp. a ≤ b =⇒ f (a) ≥ f (b);
- strictement croissante, resp. strictement décroissante sur I ssi, pour tout a, b dans I :
a < b =⇒ f (a) < f (b) , resp. a < b =⇒ f (a) > f (b)
- monotone sur I ssi f est croissante ou décroissante sur I ;
- strictement monotone sur I ssi f est strictement croissante ou strictement décroissante sur I ;
- majorée par M, resp. minorée par m sur I ssi ∀x ∈ I, f (x) ≤ M resp. ∀x ∈ I, f (x) ≥ m.
M est alors un majorant et m est un minorant de f sur I.
- bornée sur I ssi f est majorée et minorée sur I.

1.1.1 Axe de symétrie, centre de symétrie d’une représentation gra-


phique

Dans un repère orthogonal la droite (D) d’équation x = a (a ∈ Df ) est un axe de symétrie


pour la courbe (Cf ) ssi ∀x ∈ Df 2a − x ∈ Df et f (2a − x) = f (x).
Dans un repère quelconque le point I(a ;b) ((a; b) ∈ R × R)) est un centre de symétrie pour la
courbe (Cf ) ssi ∀x ∈ Df (2a − x) ∈ Df et f (2a − x) + f (x) = 2b.

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8 CHAPITRE 1. FONCTION NUMÉRIQUE

1.2 Limite et continuité


1.2.1 Définitions et notations
Soitf : I −→ R où I est un intervalle de R.
On considère un point a ∈ I et l ∈ R.
Les différentes définitions et notations sont données dans les tableaux suivants :
1.3. CONTINUITÉ 9

Proposition 1.2.1 Soit f une fonction de R dans R et a un réel. La fonction f admet l pour
limite en a, si et seulement si elle admet l pour limite à gauche et à droite en a.

De manière intuitive on dit que f (x) admet pour limite un nombre réel l lorsque x tend vers a
si, lorsqu’on donne à x des valeurs de plus en plus voisines de a, f (x) prend des valeurs aussi
voisines que l’on veut de l.

1.3 Continuité
Définition 1.3.1 Soit I un intervalle de R, et soit x0 ∈ I.
- Soit f une fonction définie sur I. On dit que f est continue en x0 ssi

lim f (x) = f (x0 )


x→x0

On définit de même la continuité à droite et à gauche en x0 . f est continue en x0 ∈]a; b[ ssi f


continue à droite et à gauche en x0 .
10 CHAPITRE 1. FONCTION NUMÉRIQUE

- On dit que f est continue sur I ssi f est continue en tout point de I. f est continue sur [a; b]
ssi f est continue sur ]a ; b[, continue à droite en b et continue à gauche en a.
- Soit f une fonction définie sur I \ {x0 }. On dit que f est prolongeable par continuité en x0 ssi
f admet une limite finie en x0 . En posant

f (x0 ) = lim f (x)


x→x0

, on obtient un prolongement de f à I, et ce prolongement est continu en x0 .

1.3.1 Propriétés des fonctions continues


Théorème des valeurs intermédiaires : L’image d’un intervalle par une fonction continue est
un intervalle.
Corollaire du théorème de la bijection réciproque : Soit f une fonction continue et strictement
monotone sur l’intervalle I. Alors f réalise une bijection de l’intervalle I sur l’intervalle J = f (I).
De plus la bijection réciproque : f −1 : J −→ I ;y −→ f −1 (y) = x tel que f (x) = y est conti-
nue, strictement monotone, de même sens de variations que f . Dans un repère orthonormé, les
courbes représentatives de f et f −1 sont symétriques par rapport à la droite d’équation y = x.
Proposition. Soit f une fonction continue et strictement monotone sur l’intervalle [a; b], avec
f (a)f (b) < 0. Alors l’équation f (x) = 0 admet une unique solution dans ]a; b[.

1.3.2 Opérations sur les fonctions continues


-Les fonctions polynômes, la fonction exponentielle, sont continues sur R.
-La somme, le produit, le quotient avec le dénominateur qui ne s’annule pas de deux fonctions
contiues sur I sont des fonctions continues sur I.
- Si u est continue sur I et f est continue sur u(I), alors la composée f ◦ u est continue sur I.

1.3.3 Branches infinies et éléments graphiques


a) Asymptotes
- Si lim f (x) = ±∞ ou lim+ f (x) = ±∞ ou lim− f = ±∞ alors la droite d’équation x = x0
x→x0 x→x0 x→x0
est asymptote à la courbe (asymptote verticale) (x0 ∈ R).
- Si, lim f (x) = b ∈ R la droite d’ équation y = b est asymptote à la courbe (asymptote
x→±∞
horizontale).
- Si f (x) = ax + b + ε(x) et lim ε(x) = 0 alors la droite d’équation y = ax + b est asymptote
x→±∞
à la courbe (oblique si a 6= 0).

b)Etude systématique dans le cas lim f (x) = ±∞


x→±∞

f (x)
i) Si lim = 0 : (Cf ) admet une branche parabolique de direction (Ox)
x→±∞ x
f (x)
ii) Si lim = ±∞ : (Cf ) admet une branche parabolique de direction (Oy)
x→±∞ x
f (x)
iii) Si lim = a ∈ R∗ .
x→±∞ x
-dans le cas général : (Cf ) a pour direction asymptotique la droite d’équation y = ax
-si lim f (x) − ax = b ∈ R (Cf ) admet la droite d’équation y = ax + b pour asymptote
x→±∞
1.4. DÉRIVÉE D’UNE FONCTION 11

-si lim f (x)−ax = ±∞ (Cf ) admet une branche parabolique de direction la droite d’équation
x→±∞
y = ax

1.4 Dérivée d’une fonction


1.4.1 Dérivée en un point
Soit f une fonction définie sur l’intervalle I et x0 ∈ I.
f est dite dérivable en x0 ssi il existe un nombre réel noté f 0 (x0 ) tel que :

f (x) − f (x0 )
lim = f 0 (x0 ).
x→x0 x − x0

 f est dite dérivable sur I ssi f est dérivable en tout point de I. La fonction

f 0 : I −→ R, x0 7−→ f 0 (x0 )

est alors la dérivée de f sur I.


Sous réserve d’existence, on définit la dérivée seconde de f : f 00 = (f 0 )0 .
De façon générale, on définit, sous réserve d’existence, la dérivée n-ème de f par :
f (0) = f ; f (n) = (f (n−1) )0 si n ∈ N∗
 Soit n ∈ N. f est de dite de classe C n sur I, ssi f est au moins n fois dérivable sur I, la dérivée
n-ème f (n) étant continue sur I.
 f est dite de classe C ∞ sur I ssi f est indéfiniment dérivable sur I.
Pour n ∈ N ∪ {∞}, C n (I) désigne l’ensemble des fonctions de classe C n sur I. En particulier,
C 0 (I) est l’ensemble des fonctions continues sur I.
f (x) − f (x0 )
 On définit aussi la dérivée à droite en x0 : (fd0 (x0 ))=limx→x+ sous réserve de
0 x − x0
limite finie. Définition analogue pour la dérivée à gauche.
Quelques propriétés : f dérivable en x0 ∈]a, b[ ⇐⇒ f dérivable à gauche et à droite en x0 , et
(fd0 x0 ) = (fg0 (x0 )).
 f dérivable sur [a, b] ⇐⇒f dérivable sur ]a; b[, dérivable à droite en a, dérivable à gauche en b.
 f est dérivable en x0 ssi f (x0 + h)=f (x0 ) + f 0 (x0 )h + hε(h) , avec lim ε(h) = 0.
h→0
 Si f est dérivable en x0 , alors f est continue en x0 . Si f est C 1 sur I, alors f est dérivable sur I.
Les réciproques sont fausses.

C 0 (I) ⊃ C 1 (I) ⊃ C 2 (I) ⊃ ... ⊃ C ∞ (I)

1.4.2 Opérations
-Les fonctions polynômes, la fonction exponentielle sont de classe C ∞ sur R. Les fonctions
ln, racine carrée, x 7−→ xr avec r > 0, sont de classe C ∞ sur ]0; ∞[.
Soit n ∈ N ∪ {∞}.
-La somme, le produit, le quotient avec le dénominateur qui ne s’annule pas de deux fonctions
C n sur I sont des fonctions C n sur I.
- Si u est C n sur I et f est C n sur u(I), alors la composée f ◦ u est C n sur I.
12 CHAPITRE 1. FONCTION NUMÉRIQUE

1.4.3 Calcul des derivées


Dérivées de fonctions usuelles

Le tableau de gauche est un résumé des principales formules à connaître, x est une variable.
Le tableau de droite est celui des compositions , f représente une fonction x 7−→ f (x).

Fonction Dérivée Fonction Dérivée


0 n−1
xn nx n−1
,(n ∈ Z ) fn nf f (n ∈ Z )
1 −1 1 −f 0
x x2 f f2
√ 1 1 √ 1 f0
x √ f √
2 x 2 f
xα αxα−1 ,(α ∈ R) fα αf α−1 (α ∈ R)
1 f0
ln(x) ln(f )
x f
exp(x) exp(x) exp(f ) f 0 exp(f )
cos(x) − sin(x) cos(f ) −f 0 sin(f )
sin(x) cos(x) sin(f ) f 0 cos(f )
1 f0
tan(x) = 1 + tan2 (x) tan(f ) = f 0 (1 + tan2 (f ))
cos2 (x) cos2 (f )

Somme, produit, quotient

Soit f et g dérivables sur I, a ∈ R. Alors f + g, af , f g sont dérivables sur I, et

(f + g)0 = f 0 + g 0 ;

(af )0 = af 0 ;

(f g)0 = f 0 g + f g 0
1
Si de plus g ne s’annule pas sur I, alors et f g sont dérivables sur I, et
g
 1 0 −g 0  f 0 f 0g − f g0
= ; = .
g g2 g g2

Composée

Soit f dérivable sur I et u dérivable sur f (I). Alors la composée x 7−→ u(f (x)) est dérivable
sur I, de dérivée x 7−→ f 0 (x)u0 (f (x)) .

Réciproque

si u est dérivable et u0 ne s’annule pas sur l’intervalle I, alors u est une bijection dont la
réciproque est dérivable sur l’intervalle J = u(I), et on a, pour tout y ∈ J :

 0 1
u−1 (y) =
u0 (u−1 (y)
1.4. DÉRIVÉE D’UNE FONCTION 13

1.4.4 Sens de variation et dérivée


Soit f : [a, b] −→ R une fonction continue sur [a, b] et dérivable sur ]a, b[.
1. ∀x ∈]a, b[ f 0 (x) ≥ 0 ⇐⇒ f est croissante ;
2. ∀x ∈]a, b[ f 0 (x) ≤ 0 ⇐⇒ f est décroissante ;
3. ∀x ∈]a, b[ f 0 (x) = 0 ⇐⇒ f est constante ;
4. ∀x ∈]a, b[ f 0 (x) > 0 =⇒ f est strictement croissante ;
5. ∀x ∈]a, b[ f 0 (x) < 0 =⇒ f est strictement décroissante.

1.4.5 Extremum local et théorème de Rolle


Extremum local

Soit f : I −→ R une fonction définie sur un intervalle I.

Définition 1.4.1 -On dit que x0 est un point critique de f si f 0 (x0 ) = 0.


- On dit que f admet un maximum local en x0 (resp. un minimum local en x0 ) s’il existe un
intervalle ouvert J contenant x0 tel que pour tout x ∈ I Jf (x) ≤ f (x0 ) (resp. f (x) ≥ f (x0 ))).
T

-On dit que f admet un extremum local en x0 si f admet un maximum local ou un minimum
local en ce point.

Dire que f a un maximum local en x0 signifie que f (x0 ) est la plus grande des valeurs f (x) pour
les x proches de x0 . On dit que f : I −→ R admet un maximum global en x0 si pour toutes les
autres valeurs f (x), x ∈ I, on a f (x) ≤ f (x0 ) (on ne regarde donc pas seulement les f (x) pour
x proche de x0 ). Bien sûr un maximum global est aussi un maximum local, mais la réciproque
est fausse.

Théorème 1.4.2 Soit I un intervalle ouvert et f : I −→ R une fonction dérivable. Si f admet


un maximum local (ou un minimum local) en x0 alors f 0 (x0 ) = 0.

Théorème de Rolle

Soit f : [a; b] −→ R telle que


• f est continue sur [a, b],
• f est dérivable sur ]a, b[,
• f (a) = f (b).
Alors il existe c ∈]a, b[ tel que f 0 (c) = 0.
14 CHAPITRE 1. FONCTION NUMÉRIQUE

1.4.6 Théorème des accroissement finis


Théorème 1.4.3 Théorème des accroissements finis).
Soit f : [a; b] −→ R une fonction continue sur [a, b] et dérivable sur ]a, b[. Il existe c ∈]a, b[ tel
que f (b) − f (a) = f 0 (c)(b − a).

Inégalité des accroissements finis


Corollaire 1.4.4 (Inégalité des accroissements finis).
Soit f : [a; b] −→ R une fonction dérivable sur un intervalle I ouvert. S’il existe une constante
M telle que pour tout x ∈ I, |f 0 (x)| ≤ M alors ∀(x, y) ∈ I 2 |f (x) − f (y)| ≤ M |x − y|

Démonstration
Fixons (x, y) ∈ I 2 , il existe alors c ∈]x, y[ ou ]y, x[ tel que f (x) − f (y) = f 0 (c)(x − y) et comme
|f 0 (c)| ≤ M alors alors f (x) − f (y) = f 0 (c)(x − y) .

Règle de l’Hospital
Corollaire 1.4.5 (Règle de l’Hospital).
Soient f, g : I −→ R deux fonctions dérivables et soit x0 ∈ I. On suppose que
• f (x0 ) = g(x0 ) = 0,
• ∀x ∈ I{x0 }g 0 (x) 6= 0.
f 0 (x) f (x)
lim 0
Si x→x = l ∈ R alors x→x
lim = l.
0 g (x) 0 g(x)

Démonstration
Fixons a ∈ I{x0 } avec par exemple a < x0 . Soit h : I −→ R définie par
h(x) = g(a)f (x) − f (a)g(x). Alors
• h est continue sur [a, x0 ] ⊂ I,
• h est dérivable sur ]a, x0 [,
• h(x0 ) = h(a) = 0.
Donc par le théorème de Rolle il existe c1 ∈]a, x0 [ tel que h0 (c1 ) = 0. Or h0 (x) = g(a)f 0 (x) −
f (a)g 0 (x) donc g(a)f 0 (c1 ) − f (a)g 0 (c1 ) = 0. Comme g 0 ne s’annule pas sur I{x0 } cela conduit
f (a) f 0 (c1 )
à = 0 . Comme a < c1 < x0 lorsque l’on fait tendre a vers x0 on obtient c1 −→ x0 .
g(a) g (c1 )
f (a) f 0 (c1 ) f 0 (c1 )
Cela implique lim = lim 0 = lim 0 = l.
a→x0 g(a) a→x0 g (c ) c1 →x0 g (c )
1 1
Chapitre 2
Calcul d’intégral

2.1 Primitives

Définition 2.1.1 Soit f une fonction définie sur l’intervalle I. On dit que F : I → R est une
primitive de f sur I ssi

∀x ∈ I, F 0 (x) = f (x)

Propriétés
- Si f est continue sur l’intervalle I, alors f admet des primitives sur I.
- Soit F et G deux primitives de f sur I. Alors il existe k ∈ R tel que

∀x ∈ I, G(x) = F (x) + k

- Soit f continue sur l’intervalle I, x0 ∈ I, y0 ∈ R. Alors il existe une unique primitive F de f


sur I tel que F (x0 ) = y0 .
La première propriété est admise. On démontre la de à l’aide de l’inégalité des accroissements
finis appliquée H = F − G sur I. La troisième propriété se déduit de la deuxième. Le symbole
f (x)dx s’appelle intégrale indéfinie ; par opposition, l’intégrale ab f (x)dx est alors appelée
R R

intégrale définie.

2.1.1 Primitives usuelles

π
On pose P = + πZ et Q = πZ. (2.1)
2
15
16 CHAPITRE 2. CALCUL D’INTÉGRAL

Fonctions Primitives Intervalles


(x − c)n+1
(x − c)n c∈C n ∈ Z \ {−1} R
n+1
(x − a)α+1
(x − a)α a∈R α ∈ R \ {−1} ]a, +∞[
α+1
1
a∈R ln |x − a| R \ {a}
x−a 
ln |x − c| + i Arg(x − c)
1


c = a + ib a∈R b ∈ R∗ = 12 ln [(x − a)2 + b2 ] R
x−c
+i Arctg x−a


b
ln x x(ln x − 1) R∗+
ecx
ecx c ∈ C∗ R
c
ch x sh x R
sh x ch x R
cos x sin x R
sin x − cos x R
th x ln(ch x) R
coth x ln | sh x| R∗
tg x − ln | cos x| R\P
cot x ln | sin x| R\Q
1
ch2 x
th x R
1
sh2 x
− coth x R∗
1
cos2 x
tg x R\P
1
sin2 x
− cot x R\Q

Fonctions (
Primitives Intervalles
1 2 Arctg ex
R
ch x 2 Arctg th x2 = Arctg sh x
1
sh x
ln th x2 R∗
 
1 x π
cos x
ln tg 2
+ 4
R\P
1 x
sin x
ln tg 2
R\Q
1
1+x2
Arctg x R
1
a2 +x2
a ∈ R∗+ 1
Arctg xa R
(a
1 Arg th x ] − 1, 1[
1
1 − x2 2
ln 1+x
1−x R \ {−1, 1}
1
a2 −x2
a ∈ R∗+ 1 a+x
ln a−x
2a
R \ {−a, a}
√ 1
1−x2
Arcsin x = π2 − Arccos x ] − 1, 1[
√ 1
a2 −x2
a ∈ R∗+ Arcsin xa ] − a, a[
1
 √ 

1+x2
Arg sh x = ln x + x2 + 1 R
 √ 
√ 1
a2 +x2
a ∈ R∗+ ln x + x2 + a2 R

 Arg ch x ]1, +∞[


√ 1 − Arg ch(−x) ] − ∞, −1[
x2 −1 √
 ln x + x2 − 1 R \ [−1, 1]



√ 1
x2 −a2
a ∈ R∗+ ln x + x2 − a2 R \ [−a, a]
2.2. INTÉGRALE DÉFINIE 17

2.2 Intégrale définie


2.2.1 Définition, interprétation graphique
Soit : f une fonction continue, positive et croissante sur l’intervalle I ; a, x, x0 ∈ I tels que
a 6 x0 < x; F (x) l’aire du domaine plan limité par l’axe des abscisses, les droites d’équation
t = a, t = x et la courbe représentative de f .

On voit sur le dessin, en se souvenant de la formule qui donne l’aire d’un rectangle, que

f (x0 ) (x − x0 ) 6 F (x) − F (x0 ) 6 f (x) (x − x0 )

Par conséquent
F (x) − F (x0 )
f (x0 ) 6 6 f (x)
x − x0
f est continue en x0 , donc en passant à la limite dans cette double inégalité, on obtient Fd0 (x0 ) =
f (x0 ). On obtient de la même manière Fg0 (x0 ) = f (x0 ), donc F 0 (x0 ) = f (x0 ) en tout x0 ∈ I. F
est donc la primitive de f sur [a, b] qui s’annule en a. On est conduit ainsi à donner la définition
suivante :
Définition 2.2.1 Soit I un intervalle, a et b deux éléments de I, et f une fonction continue
sur I. L’intégrale de a à b de la fonction f est le nombre réel défini par :
Z b
f (t)dt = F (b) − F (a)
a

où F est une primitive de f sur I.


- f est continue sur I, donc admet des primitives. Deux primitives de f sur I différent d’une
constante, la valeur de l’intégrale ne dépend donc pas de la primitive choisie.
- On lit "somme de a à b de f (t)dt ". Ne pas omettre le symbole différentiel " dt, qui indique la
variable d’intégration t.
- Dans l’écriture ab f (t)dt, t est une variable muette, a et b sont des variables libres. La valeur
R

de l’intégrale ne dépend pas de t, mais dépend a priori de a et b. Ainsi


Z b Z b
f (t)dt = f (x)dx
a a
18 CHAPITRE 2. CALCUL D’INTÉGRAL

Interprétation en termes d’aire Soit f une fonction continue et positive ou nulle sur l’in-
tervalle [a, b]. Le Rplan est rapporté au repère orthogonal (O;~i, ~j).
Alors l’intégrale ab f (t)dt est égale à l’aire du domaine plan limité par l’axe des abscisses (Ox),
les droites d’équation y = a, y = b, et la courbe d’équation y = f (x). Cette aire est exprimée
en unités d’aire (u.a), aire du rectangle de cotés k~ik, k~jk.
Attention aux hypothèses a 6 b et f > 0. Si elles ne sont pas vérifiées, le résultat ne subsiste pas.

2.2.2 Propriétés de l’intégrale


Avec f, g continues sur I; a, b, c ∈ I; α, β ∈ R :
Propriétés élémentaires
Z a Z b Z b
f (t)dt = 0; 0 dt = 0; C dt = C(b − a)(C constante )
a a a

Relation de Chasles
Z c Z b Z c Z a Z b
f (t)dt = f (t)dt + f (t)dt; f (t)dt = − f (t)dt
a a b b a

Linéarité Z b Z b Z b
(αf (t) + βg(t))dt = α f (t)dt + β g(t)dt
a a a

Positivité, croissance
- Si a 6 b et f > 0 sur [a, b], alors Rab f (t)dt > 0R
R

- Si a 6 b et f 6 g sur [a, b], alors ab f (t)dt 6 ab g(t)dt


Intégrale et valeur absolue
Si a 6 b, alors a f (t)dt 6 ab |f (t)|dt
Rb R

Rb
Remarque 2.2.2 Si a f (x)dx ≥ 0 n’entraine pas nécessairement que f (x) ≥ 0 sur [a, b].

2.3 Procédés fondamentaux d’intégration


Nous allons étudier trois procédés fondamentaux de calcul des intégrales, permettant souvent
de se ramener au tableau des primitives.

2.3.1 Changement de variable


Soient ϕ une fonction numérique continûment dérivable sur un intervalle fermé borné [a, b],
et f une fonction numérique continue sur un intervalle I contenant l’image de [a, b] par ϕ. Alors
Z b Z ϕ(b)
0
(f ◦ ϕ)(t) · ϕ (t)dt = f (u)du.
a ϕ(a)

2.3.2 Utilisation de symétries et de périodicité


Soit a > 0 et f une fonction continue sur [−a, a].
- Si f est paire sur [−a, a], alors
Z a Z a
f (t)dt = 2 f (t)dt
−a 0
2.3. PROCÉDÉS FONDAMENTAUX D’INTÉGRATION 19

- Si f est impaire sur [−a, a], alors Z a


f (t)dt = 0
−a

En effet, d’après la relation de Chasles :


Z a Z 0 Z a
f (t)dt = f (t)dt + f (t)dt
−a −a 0

Dans la première intégrale, on fait le changement de variable γ = −t : dy


dt
= −1, donc dt = −dγ,
donc Z 0 Z 0 Z 0 Z a
f (t)dt = f (−γ)(−dγ) = − f (−γ)dγ = f (−γ)dγ
−a a a 0

f (−γ) = f (γ) si f est paire, f (−γ) = −f (γ) si f est impaire, ce qui permet de conclure.
-Si la fonction f admet T pour période, l’intégrale de f sur un intervalle ayant pour longueur
T ne dépend pas de l’intervalle considéré :
Z a+T Z b+T
f (x)dx = f (t)dt.
a b

Effectuons le changement de variable t = x+b−a. Les bornes de la première intégrale deviennent


a + b − a = b et a + T + b − a = b + T . La relation cherchée en découle, puisque dx = dt.

2.3.3 Intégration par parties


Soient f et g des fonctions numériques continûment dérivables sur un intervalle fermé borné
[a, b]. Alors
Z b Z b
f (x)g 0 (x)dx = [f (x)g(x)]ba − f 0 (x)g(x)dx.
a a

Remarquons que les fonctions f g 0 et f 0 g, étant continues, sont intégrables. La formule (1) résulte
immédiatement de la relation.
(f g)0 = f g 0 + f 0 g.
20 CHAPITRE 2. CALCUL D’INTÉGRAL
Chapitre 3
Equations différentielles du premier et du
second ordre

Certaines modélisations mathématiques (comme la croissance exponentielle) se traduisent


par des conditions liant une fonction à sa dérivée : on a alors une équation différentielle du pre-
mier ordre dont l’inconnue est la fonction. C’est en particulier le cas des phénomènes continus
formulés par une loi d’évolution et une condition initiale. Certaines de ces équations différen-
tielles du premier ordre ont des solutions accessibles. Les autres ne peuvent être résolues que
par des méthodes numériques approchées.

3.1 Equations différentielles linéaires du 1er ordre


3.1.1 Définitions et exemple
Définition 3.1.1 On appelle équation différentielle linéaire du 1er ordre, une relation du type :

F (x, y, y 0 ) = 0

où F est une fonction de 3 variables et y 0 est la dérivée d’ordre un par rapport à x de la fonction
y.

Remarque 3.1.2 Intégrer ou résoudre une équation différentielle linéaire du 1er ordre, c’est
déterminer toutes les solutions en précisant pour chacune d’elle, l’intervalle sur lequel elle est
définie.

Définition 3.1.3 On appelle courbe intégrale d’une équation différentielle du 1er ordre, la
courbe représentative d’une solution de cette équation différentielle.

Exemple 3.1.4 La fonction f : R −→ R


x4
x 7−→ 2e− 4 est solution de l’équation différentielle y 0 + x3 y = 0.

En effet :
x4 x4
f (x) = 2e− 4 =⇒ f 0 (x) = −2x3 e− 4
Par suite,
x4 x4
f 0 (x) + x3 f (x) = −2x3 e− 4 + 2x3 e− 4
= 0.
D’où f est solution de l’équation différentielle y 0 + x3 y = 0.

21
22CHAPITRE 3. EQUATIONS DIFFÉRENTIELLES DU PREMIER ET DU SECOND ORDRE

3.1.2 Equations du 1er ordre à variables séparées


Ce sont les équations qui sont de la forme : f (y)y 0 = g(x). Posons

dy
y0 = ,
dx
on a alors :
dy
f (y) = g(x) ⇐⇒ f (y)dy = g(x)dx
dx
dy
f (y) = g(x) ⇐⇒ f (y)dy = g(x)dx
dx Z Z
⇔ f (y)dy = g(x)dx
⇔ F (y) = G(x) + cste
où F et G sont les primitives respectives de f et g.

3.1.3 Equations différentielles linéaires du 1er ordre avec second membre


Ce sont les équations de la forme :

a(x)y 0 + b(x)y = c(x)

où y = f (x), y 0 = f 0 (x) et a, b, c sont des fonctions continues sur un même intervalle avec
a(x) 6= 0. L’équation est dite homogène ou sans second membre, si c(x) = 0.

Théorème 3.1.5 Les solutions de l’équation différentielle :

a(x)y 0 + b(x)y = c(x)

s’écrivent sous la forme :


yg = yh + yp
où yh est une solution de l’équation homogène i, e sans second membre :

a(x)yh0 + b(x)yh = 0

et yp est une solution particulière de l’équation initiale i,e vérifiant :

a(x)yp0 + b(x)yp = c(x).

Remarque 3.1.6 La résolution d’une équation différentielle linéaire du 1er ordre se décompose
donc en deux étapes :
- résoudre l’équation homogène i,e sans second membre,
- trouver une solution particulière.

Exemple 3.1.7 Intégrer l’équation différentielle : (1 + x2 ) y 0 + 2xy = 2x En effet :


1. Résolution de l’équation homogène associée à (E).
 
1 + x2 y 0 + 2xy = 0 (Eh )

Posons
dy
y0 =
dx
3.2. ÉQUATIONS DIFFÉRENTIELLES LINÉAIRES D’ORDRE 2 À COEFFICIENTS CONSTANTS23

d’où     dy
1 + x2 y 0 + 2xy = 0 =⇒ 1 + x2 + 2xy = 0
dx
dy −2x
=⇒ = dx
y 1 + x2
Z
dy Z −2x
=⇒ = dx
y 1 + x2
 
=⇒ ln |y| = − ln 1 + x2 + C
y = ±e− ln(1+x )+C
2

1
y = ±eC × eln
1 + x2
±eC
y= .
1 + x2
Posons
k = ±eC ∈ R
on a alors comme solution homogène :
k
. yh =
1 + x2
2. Recherche d’une solution particulière : méthode de la variation de la constante. Posons :
k(x)
yp = solution particulière de (E). On a alors :
1 + x2
" #0 " #
   k(x)
 k(x)
1+x 2
yp0 + 2xyp = 2x ⇐⇒ 1 + x 2
2
+ 2x = 2x
1+x 1 + x2
 k 0 (x) (1 + x2 ) − 2xk(x)
" # " #

2 k(x)
⇐⇒ 1 + x + 2x = 2x
(1 + x2 )2 1 + x2
2xk(x) 2xk(x)
⇐⇒ k 0 (x) − + = 2x
1 + x2 1 + x2
⇐⇒ k 0 (x) = 2x
Z Z
⇐⇒ k 0 (x)dx = 2xdx
⇐⇒ k(x) = x2
donc
x2
yp = .
1 + x2
Conclusion : yg = yh + yp
k x2 k + x2
yg = + = , k ∈ R.
1 + x2 1 + x2 1 + x2

3.2 Équations différentielles linéaires d’ordre 2 à coeffi-


cients constants
3.2.1 Définition et exemple
Définition 3.2.1 On appelle équations différentielles linéaires du 2nd ordre à coefficients constants,
toute relation de la forme :
ay 00 + by 0 + cy = f (x)
24CHAPITRE 3. EQUATIONS DIFFÉRENTIELLES DU PREMIER ET DU SECOND ORDRE

où (a, b, c) ∈ R3 , a 6= 0, y 0 et y 00 sont respectivement les dérivées première et seconde par rapport


à x de la fonction y.f (x) étant le second membre.
Exemple 3.2.2 La fonction g : R −→ R
1
x 7−→ est solution de l’équation différentielle :
x2 + 1  
1 + x2 y 00 + 4xy 0 + 2y = 0.
En effet :
1
g(x) =
+1x2
−2x
g 0 (x) = 2
(x + 1)2
6x2 − 2
g 00 (x) =
(x2 + 1)3

2

00 0

2
 6x2 − 2 −2x 2
1+x g (x) + 4xg (x) + 2g(x) = 1 + x 3 + 4x 2 + 2
2
(x + 1) 2
(x + 1) x +1
= 0.
D’où g est solution de l’équation différentielle (1 + x2 ) y 00 + 4xy 0 + 2y = 0.
Théorème 3.2.3 Les solutions de l’équation différentielle
ay 00 + by 0 + cy = f (x)
sont obtenues en résolvant l’équation homogène i,e sans second membre
ay 00 + by 0 + cy = 0,
et en ajoutant une solution particulière.

3.2.2 Résolution de l’équation homogène


Soit ay 00 + by 0 + cy = 0 l’équation homogène associée à (E). Le polynôme
P (r) = ar2 + br + c
est appelé polynôme caractéristique associé à l’équation différentielle
ay 00 + by 0 + cy = 0.
Soient r1 et r2 ses racines, ou r0 si elle est double.
Posons :
∆ = b2 − 4ac.
Les solutions de l’équation différentielle homogène sont de la forme :
- si ∆ = 0 alors :
yh = (C1 + C2 x) er0 x C1 , C2 ∈ R
- si ∆ > 0 alors :
yh = C1 er1 x + C2 er2 x C1 , C2 ∈ R
- si ∆ < 0 alors :
yh = (C1 cos(βx) + C2 sin(βx)) eαx C1 , C2 ∈ R
où √
−b −∆
α= et β = .
2a 2a
3.2. ÉQUATIONS DIFFÉRENTIELLES LINÉAIRES D’ORDRE 2 À COEFFICIENTS CONSTANTS25

3.2.3 Recherche d’une solution particulière


On se limitera au cas où le 2nd membre a une forme particulière et on admettra le résultat
suivant :
si f = f1 + f2 + . . . + fp ,
alors on obtient une solution particulière en faisant la somme des solutions particulières obte-
nues pour chacun des 2nd membre fi pour i = 1, . . . , p.

a) Second membre particulier de la forme : f (x) = Pn (x)


où Pn (x) est un polynôme de degré n. Une solution particulière yp est de la forme :
- si c 6= 0, on a :
yp = Qn (x) avec d◦ Qn = n
- si c = 0 et b 6= 0, on a :
yp = Qn+1 (x) avec d◦ Qn+1 = n + 1
- si c = 0 et b = 0, on a :
yp = Qn+2 (x) avec d◦ Qn+2 = n + 2
On détermine les coefficients de Q par identification, sauf dans le dernier cas où on peut intégrer
directement.

Exemple 3.2.4 Résoudre l’équation différentielle :

y 00 − 3y 0 + 2y = 2x2 + 1.

Trouver la solution y vérifiant :

y(0) = −2 et y 0 (0) = 1.

Solution
1. Résolution de l’équation homogène :

y 00 − 3y 0 + 2y = 0
r2 − 3r + 2 = 0.

Equation caractéristique.

∆ = b2 − 4ac = 9 − 4 × 1 × (2) = 1
√ √
−b − ∆ −b + ∆
r1 = et r2 =
√2a 2a

3− 1 3+ 1
r1 = = 1 et r2 = =2
2×1 2×1
d’où
yh = C1 ex + C2 e2x .
- Recherche d’une solution particulière yp :

f (x) = 2x2 + 1 = P2 (x).

c = 2 6= 0, alors
yp = Q2 (x) = αx2 + βx + γ.
26CHAPITRE 3. EQUATIONS DIFFÉRENTIELLES DU PREMIER ET DU SECOND ORDRE

Ce qui implique que :


yp0 = 2αx + β et yp00 = 2α.
Par suite,

yp00 − 3yp0 + 2yp = 2x2 + 1 ⇐⇒ 2αx2 + (2β − 6γ)x + 2α − 3β + 2γ = 2x2 + 1.

Par identification, on a :
 

 2α = 2  α=1

2β − 6α = 0. =⇒  β = 3.
2α − 3β + 2γ = 1.

 
γ = 4.

La solution particulière est :


yp = x2 + 3x + 4
La solution générale est :
yg = yh + yp
i,e
yg = C1 ex + C2 e2x + x2 + 3x + 4.
2. Trouvons la solution y vérifiant : y(0) = −2 et y 0 (0) = 1.

y = C1 ex + C2 e2x + x2 + 3x + 4

implique que
y 0 = C1 ex + 2C2 e2x + 2x + 3.
Par suite, ( ( (
y(0) = −2 C1 + C2 + 4 = −2 C1 = −10
=⇒ =⇒
y 0 (0) = 1. C1 + 2C2 + 3 = 1. C2 = 4.
D’où
y = −10ex + 4e2x + x2 + 3x + 4

b) Second membre particulier de la forme : f (x) = Pn (x)eλx où Pn (x) est un polynôme


de degré n et λ une constante réelle.
Une solution particulière yp est de la forme :
- si λ n’est pas racine du polynôme caractéristique, on a :

yp = Qn (x)eλx avec d◦ Qn = n

- si λ est racine simple du polynôme caractéristique, on a :

yp = Qn+1 (x)eλx avec d◦ Qn+1 = n + 1

- si λ est racine double du polynôme caractéristique, on a :

yp = Qn+2 (x)eλx avec d◦ Qn+2 = n + 2

Exemple 3.2.5 Intégrer l’équation différentielle :


1
y 00 − y = xex .
2
3.3. ÉQUATIONS DIFFÉRENTIELLES NON LINÉAIRES 27

Solution
- Résolution de l’équation homogène :

y 00 − y = 0
r2 − 1 = 0.

Équation caractéristique.
r1 = 1 et r2 = −1.
D’où
yh = C1 e−x + C2 ex
- Solution particulière
1 1
f (x) = xex =⇒ P1 (x) = x et λ = 1 car eλx = e1×x .
2 2
λ = 1 est donc racine simple du polynôme caractéristique. La solution particulière s’écrit donc :
 
yp = ax2 + bx + c ex

yp étant solution de l’équation initiale, on a :


 
yp0 = (2ax + b)ex + ax2 + bx + c ex = (2ax + b)ex + yp

et  
yp00 = 2aex + 2(2ax + b)ex + ax2 + bx + c ex = 2aex + 2(2ax + b)ex + yp
par suite
1
yp00 − yp0 = xex .
2
Par identification, on obtient :
1 1
a= ; b=− et c ∈ R.
8 8
En prenant c = 0, on a :
1 2 1 x
 
yp = x − e .
8 8
- La solution générale est donc :
1 2 1 x
 
yg = yh + yp = C1 e−x + C2 ex + x − e .
8 8

3.3 Équations différentielles non linéaires


3.3.1 Équation de Bernoulli
dy
Définition 3.3.1 Une équation de Bernoulli est une équation de la forme dx + p(x)y = q(x)y α
(16), où p(x) et q(x) sont des fonctions continues données (ou des constantes) et R − {0, 1}
(si α = 0, 1 on a une équation linéaire).

Si on pose z = y 1−α , l’équation de Bernoulli se ramène à une équation linéaire du premier


ordre. En effet si on pose z = y 1−α , on a z 0 = (1 − α)y −α y 0 . (16) ⇔ y −α y 0 + p(x)yy −α = q(x)
⇔ (1 − α)y −α y 0 + (1 − α)p(x)yy −α = (1 − α)q(x) ⇔ z 0 + (1 − α)p(x)z = (1 − α)q(x) (17). (17)
est une équation linéaire du premier ordre.
28CHAPITRE 3. EQUATIONS DIFFÉRENTIELLES DU PREMIER ET DU SECOND ORDRE

dy dy
Exemple 3.3.2 Résoudre l’équation x dx + 3y = x2 y 2 (18) ⇔ dx + 3 xy = xy 2 (19). Posons
−1
z = y −1 ⇒ z 0 = −y −2 y 0 Multiplions (18) par −y −2 , on a : −y −2 y 0 − 3 y x = −x ⇔ z 0 −R 3 xz =
−xR dx
(20), son équation homogène associée est z 0 − 3 xz = 0 ⇔ dx dz
= 3 xz ⇔ dz
z
= 3 dx
x
⇔ dz z
=
3 x ⇔ ln |z| = 3 ln |x| + ln |c| ⇔ z = cx3 .
La solution de (20) est de la forme z = c(x)x3 ⇒ z 0 = c0 (x)x3 + 3c(x)x2 , en substituant z et z 0
3
dans (20) on a : c0 (x)x3 + 3c(x)x2 − 3 c(x)x
x
= −x ⇔ c(x) = − x12 ⇔ c(x) = x1 + c. La solution
de (20) est z = x1 + c x3 = x2 + cx3 . La solution de (18) est y −1 = x2 + cx3 ⇔ y = x2 +cx 1
3

3.3.2 Équation de Riccati


Définition 3.3.3 Une équation de Riccati est une équation de la forme y 0 = a(x)y 2 + b(x)y +
c(x) (21) où a(x), b(x), c(x) sont des fonctions continues données. Si on connait une so-
lution particulière y1 de (21), en posant z = y − y1 , on ramène (21) à une équation de
Bernoulli. En effet si on pose z = y − y1 , on a z 0 = y 0 − y10 et (21) devient z 0 + y10 =
a(x) (z 2 + 2zy1 + y12 ) + b(x) (z + y1 ) + c(x) ⇔ z 0 − (2y1 a(x) + b(x)) z = a(x)z 2 (22). (22)
est une équation de Bernoulli.

Exemple 3.3.4 Résoudre l’équation y 0 = x−1 y 2 − (2 + x−1 ) y + x + 2 (23) si y = x est une


solution particulière de cette équation.

Posons z = y − y1 = y − x ⇒ y = z + x ⇒ y 0 = z 0 + 1. devient : z 0 + 1 = x−1 (z + x)2 −


2
(2 + x−1 ) (z + x) + x + 2 ⇔ z 0 + 1 = x−1 z 2 + 2z + x − (2 + x−1 ) z − 2x − 1 + x + 2 ⇔ z 0 + xz = zx
(24) c’est une équation de Bernoulli. Posons v = z −1 ⇒ v 0 = −z −2 z 0 . Multiplions (24) par
−1
−z −2 , on a : −z −2 z 0 − z x = − x1 ⇔ v 0 − Rxv = − x1 (25), son équation homogène associée est
0
v − x = 0 ⇔ dx = x ⇔ v = x ⇔ v = dx
v dv v dv dx R dv
x
⇔ ln |v| = ln |x| + ln |c| ⇔ v = cx. La solution
de (25) est de la forme v = c(x)x ⇒ v 0 = c0 (x)x + c(x). En substituant v et v 0dans (25) on a :
c0 (x)x + c(x) − c(x)x
x
= − x1 ⇔ c0 (x) = − x12 ⇔ c(x) = x1 + c d’où v = x1 + c x = 1 + cx. La
solution de (24) est z −1 = 1 + cx ⇔ z = 1+cx 1 1
La solution de (23) est y = z + x = 1+cx +x
Chapitre 4
Suites numériques

4.1 Généralités
4.1.1 Définitions
Une suite numérique est une application de N, ou d’une partie de N, dans R.
Si u est une suite numérique, au lieu de u(n), on préfère écrire un (lire « u indice nˇ).un est
appelé le terme de rang n de la suite u. La suite u elle-même est notée (un )n∈N (si elle est définie
sur N ), ou simplement (un ) si il n’y a pas d’ambiguité sur l’ensemble de départ. Une suite est
un cas particulier de fonction numérique ; on retrouve le même vocabulaire, et en adaptant les
définitions on a : La suite u = (un )n∈N est dite
- croissante, resp. décroissante ssi :

∀n ∈ N, un 6 un+1 , resp. ∀n ∈ N, un > un+1


- monotone ssi u est croissante ou décroissante ;
- majorée par M , resp. minorée par m ssi

∀n ∈ N, un 6 M, resp. ∀n ∈ N, un > m;

M est alors un majorant, resp. m est un minorant de u ;


- bornée ssi u est majorée et minorée.
Pour les suites, le seul problème de limite qui se pose est la limite de un quand n tend vers
+∞ : La suite (un ) est dite convergente ssi il existe ` ∈ R tel que

∀ε > 0, ∃n0 ∈ N, n > n0 ⇒ |un − `| 6 ε

Le nombre réel est alors appelé la limite de la suite (un ), et on dit que la suite (un ) converge
vers `. On dira souvent : « (un ) tend vers ` ". (un ) converge vers ` ssi, pour tout ε > 0, il
n’y a qu’un nombre fini de termes de la suite en dehors de l’intervalle ]` − ε, ` + ε[. Si (un )
converge vers ` et si a < ` < b, alors, pour tous les termes de la suite à partir d’un certain
rang : a < un < b.

4.1.2 Théorèmes de convergence


a)Suites monotones
Théorème 4.1.1 Une suite croissante et majorée est convergente. Une suite décroissante et
minorée est convergente.

29
30 CHAPITRE 4. SUITES NUMÉRIQUES

Théorème admis En utilisant le passage à la limite dans les inégalités , on peut préciser :
Si une suite est croissante et majorée par M , alors elle est convergente, et sa limite ` vérifie
` 6 M . Si une suite croissante n’est pas convergente, alors limn→+∞ un = +∞.
Si une suite est décroissante et minorée par m, alors elle est convergente, et sa limite ` vérifie
` > m. Si une suite décroissante n’est pas convergente, alors limn→+∞ un = −∞.

b)Suites adjacentes
Définition 4.1.2 Les deux suites (un )n∈N et (vn )n∈N sont dites adjacentes ssi une des suites
est croissante, l’autre décroissante, et

lim (un − vn ) = 0
n→+∞

Théorème 4.1.3 Si deux suites sont adjacentes, alors elles sont convergentes et elles ont même
limite.

Soient (un ) et (vn ) deux suites adjacentes, de limite commune `, la suite (un ) étant croissante
et la suite (vn ) décroissante. On a alors

u0 6 · · · 6 un 6 ` 6 vn 6 · · · 6 v0

un est donc une valeur approchée par défaut, et vn une valeur approchée par excès, de ` à moins
de vn − un près. Soit (un ) et (vn ) les suites définies par (n ∈ N∗ ) :
1 1 1 1
un = 1 + + · · · + − ln(n); vn = 1 + + · · · + − ln(n + 1)
2 n 2 n
Les suites (un ) et (vn ) sont adjacentes. En effet, la suite (un ) est décroissante, car pour tout
n > 1,
1
un+1 − un = − ln(n + 1) + ln(n) 6 0
n+1
d’après la formule des accroissements finis, appliquée à la fonction ln sur l’intervalle [n, n + 1].
On démontre de même que la suite (vn ) est croissante. La différence (un − vn ) converge vers 0
, en effet
n+1 1
   
un − vn = ln(n + 1) − ln(n) = ln = ln 1 +
n n
La limite commune aux suites (un ) et (vn ) est notée γ (constante d’Euler). Pour tout n, on a
n
un 6 γ 6 vn ; un est donc une valeur approchée par défaut de γ à moins de vn − un = ln n+1
près. D’autre part, en posant εn = un − γ, on obtient :
1 1
1+ + · · · + = ln(n) + γ + εn
2 n
avec (εn ) qui converge vers 0 . Cela montre en particulier que la suite de terme général 1 + 12 +
· · · + n1 tend vers +∞.

4.1.3 Opérations sur les limites


Une suite est cas particulier de fonction numérique : l’ensemble de définition de la suite est
N, ou une partie de N. On peut donc utiliser toutes les connaissances et techniques du chapitre
sur les fonctions numériques, grâce à la proposition suivante :
Soit f une application définie sur [0, +∞[.
Si limx→+∞ f (x) = `, alors limn→+∞ f (n) = `. On reprend les points essentiels :
4.1. GÉNÉRALITÉS 31

- Limites classiques
1
Avec r > 0 : limn→+∞ nr = +∞; limn→+∞ nr
= 0;

lim ln(n) = +∞
n→+∞

Avec x > 1 : limn→+∞ xn = +∞


Avec −1 < x < 1 : limn→+∞ xn = 0
- Négligeabilités classiques
xn
Avec α > 0, x > 1 : limn→+∞ ln(n) nα
= 0; limn→+∞ nα
= +∞ Avec α > 0, −1 < x < 1 :
α n
limn→+∞ n x = 0
On reprend les points essentiels :
- Limites classiques
Avec r > 0 : limn→+∞ nr = +∞; limn→+∞ n1r = 0 ;

lim ln(n) = +∞
n→+∞

Avec x > 1 : limn→+∞ xn = +∞ Avec −1 < x < 1 : limn→+∞ xn = 0.


- Négligeabilités classiques
n
Avec α > 0, x > 1 : limn→+∞ ln(n)

= 0; limn→+∞ nxα = +∞ Avec α > 0, −1 < x < 1 :
limn→+∞ nα xn = 0 Si limn→+∞ un = ` ∈ R et si f est continue en `, alors

lim f (un ) = f (`)


n→+∞

- Passage à la limite dans les inégalités

∀n > n0 , un 6 vn ; lim un = `; lim vn = `0 ⇒ ` 6 `0


n→+∞ n→+∞
∀n > n0 , un 6 vn 6 wn ; lim un = lim wn = ` ⇒ lim vn = `
n→+∞ n→+∞ n→+∞
∀n > n0 |un − `| 6 vn ; lim vn = 0 ⇒ lim un = `
n→+∞ n→+∞

- Équivalents.
En adaptant la définition générale, on dit que (un ) et (vn ) sont équivalentes ssi limn→+∞ uvnn = 1.
On a les mêmes propriétés, et la même utilisation pour la recherche de limite.
Quand un tend vers 0, +∞ ou −∞, l’obtention d’un équivalent pour un permet d’apprécier
qualitativement le comportement de un :
On a obtenu dans l’exemple donné pour les suites adjacentes :

1 1
1+ + · · · + = ln(n) + γ + εn
2 n

avec γ une constante et (εn ) qui converge vers 0 . En divisant cette égalité par ln(n), on obtient

1 1
1+ + ··· + ∼ ln(n)
2 n n→+∞

- Négligeabilité.
En adaptant ici aussi la définition générale, on dit que un est négligeable devant vn , et on note
un = o (vn ), ssi
un
lim =0
n→+∞ vn
32 CHAPITRE 4. SUITES NUMÉRIQUES

4.2 Suites numériques calculables


4.2.1 Suites arithmétiques
Définition 4.2.1 Soit r ∈ R. La suite (un )n∈N est dite arithmétique de raison r ssi

∀n ∈ N, un+1 = un + r.

On démontre alors par récurrence la

Proposition 4.2.2 La suite (un )n∈N est arithmétique de raison r ssi

∀n ∈ N, un = u0 + nr

On parle également de suite arithmétique définie sur N∗ :

∀n ∈ N∗ , un+1 = un + r. On a alors : ∀n ∈ N∗ , un = u1 + (n − 1)r.

De façon générale, pour tout n, p tels que un et up soient définis :

un = up + (n − p)r

Proposition 4.2.3 Pour une suite arithmétique (un ), on a

n
X u1 + un
uk = n ×
k=1 2

En effet,
Sn = u1 + u2 + · · · + un
= un + un−1 + · · · + u1 ,

et donc 2Sn = (u1 + un ) + (u1 + r + un − r) + · · · + (un + u1 )

= n (u1 + un )

Avec uk = k, on obtient le cas particulier important, à retenir :


n
X n(n + 1)
k=
k=1 2

De façon générale, la somme de termes successifs d’une suite arithmétique est égale au nombre
de termes multiplié par la moyenne arithmétique des termes extrêmes.

Le sens de variations et la limite d’une suite arithmétique de raison r ne pose aucun pro-
blème : Si r > 0, la suite est strictement croissante, tend vers +∞ ; Si r < 0, la suite est
strictement décroissante, tend vers −∞. La suite est constante si r = 0 ;
4.2. SUITES NUMÉRIQUES CALCULABLES 33

4.2.2 Suites géométriques


Définition 4.2.4 Soit r un nombre réel non nul. La suite (un )n∈N est dite géométrique de
raison r ssi :
∀n ∈ N, un+1 = run

Théorème 4.2.5 La suite (un )n∈N est géométrique de raison r ssi

∀n ∈ N, un = u0 rn

Dans le cas particulier où un = xn , avec x 6= 1, on a le très important

Théorème 4.2.6 Pour tout n ∈ N, et pour tout x 6= 1 :


n
X
k 1 − xn+1
n
x = 1 + x + ··· + x =
k=0 1−x

Pour le sens de variations et les limites, on a :

Théorème 4.2.7 - Si x > 1, limn→+∞ xn = +∞.


Si −1 < x < 1, limn→+∞ xn = 0.
Si x 6 −1, la suite (xn ) n’a pas de limite.
- Si x > 1, la suite (xn ) est strictement croissante.
Si 0 < x < 1, la suite (xn ) est strictement décroissante.
Si x < 0, la suite (xn ) n’est ni croissante ni décroissante.

Le théorème 1 est tout à fait fondamental et d’usage constant, voir les paragraphes suivants
par exemple. De façon typique, sa démonstration se fait par récurrence : la propriété à éta-
blir est vraie pour n = 0, car u0 r0 = u0 , et si il existe n ∈ N tel que un = u0 rn , alors
un+1 = run = ru0 rn = u0 rn+1 , d’où la conclusion. On parle également de suite géométrique
définie sur N∗ : ∀n ∈ N∗ , un+1 = run . On a alors : ∀n ∈ N∗ , un = u1 rn−1 . De façon générale,
pour tout n, p tels que un et up soient définis :

un = up rn−p
La formule du théorème 2 est connue sous le nom d’identité géométrique. Elle est valable pour
tout x 6= 1. Avec x = 1, on obtient bien sûr une somme égale à n + 1, car les n + 1 termes de
la somme sont tous égaux à 1 .
En mettant en facteur le premier terme, vous pouvez calculer grâce au théorème 2 la somme
de termes successifs d’une suite géométrique, et vous pouvez retenir la formule (valable si la
raison est 6= 1 ) :
Somme de termes successifs d’une suite géométrique

1 − raison nb de termes
= premier terme ×
1 − raison

Voici quelques usages typiques de l’identité géométrique. n est un entier naturel, non nul dans
la première et la dernière formule, x un nombre réel différent de 1 et -1 :
n n  k  n+1 !
X
k n
X 1 1
- 2 = 2 − 1; =2 1−
k=1 k=0 2 2
34 CHAPITRE 4. SUITES NUMÉRIQUES
  n+1 
1
n n  k
1 1− e e 1
 n+1 !
e−k =
X X
- = 1 = 1−
k=0 k=0 e 1− e
e−1 e
n n  2 n+1
k 1 − (x ) 1 − x2n+2
x2k = x2
X X
- = =
k=0 k=0 1 − x2 1 − x2
n n  n
X
2k+1
X
2 k

21 − (x2 ) 31 − x
2n
- x =x x = xx = x
k=1 k=1 1 − x2 1 − x2
Veillez à ne pas confondre par exemple les sommes nk=1 4k (susceptible d’être calculée avec
P

l’identité géométrique), et nk=1 k 4 (qui ne se calcule pas de manière simple).


P

On mémorise les résultats du théorème 3 en prenant des cas particuliers :


1 1
x = 2, x= , x=− , x = −2.
2 2
Dans le théorème 3 , vous retiendrez particulièrement les deux premiers résultats. Ils se dé-
montrent en utilisant les logarithmes ; par exemple :
Si 0 < |x| < 1, |xn | = |x|n = en ln |x| −→ 0 car ln |x| < 0.
x→+∞

4.2.3 Suites arithmético-géométriques


Théorème 4.2.8 Soit a 6= 1, b ∈ R, (un )n∈N telles que
∀n ∈ N, un+1 = aun + b.
Alors, pour tout n ∈ N :
un − ` = an (u0 − `) ,
avec ` tel que
` = a` + b

En effet, ` existe car on a supposé a 6= 1. En soustrayant membre à membre les deux égalités
un+1 = aun + b, ` = a` + b, il vient un+1 − ` = a (un − `), ce qui prouve que la suite (un − `) est
géométrique de raison a, d’où le résultat, en utilisant le théorème 1 du paragraphe précédent.
Si la suite arithmético-géométrique est définie sur N∗ , le théorème s’adapte facilement, et on
trouve un − ` = an−1 (u1 − `).

4.2.4 Suites linéaires récurrentes à deux termes


Théorème 4.2.9 Soit a, b ∈ R, (un )n∈N telles que
∀n ∈ N, un+2 = aun+1 + bun
On considère l’équation caractéristique (1) r2 = ar + b.
- Si l’équation (1) a deux racines r1 , r2 , alors il existe α, β ∈ N tels que :
∀n ∈ N, un = αr1n + βr2 n
- Si l’équation (1) a une racine double r1 , alors il existe α, β ∈ N tels que :
∀n ∈ N, un = αr1 n + βnr1 n

Pour déterminer α et β, on a besoin d’informations supplémentaires sur la suite (un ), par


exemple la donnée de u0 et u1 . La démonstration de ce théorème est un bon exemple de
l’utilisation des outils de l’algèbre linéaire.
4.3. SUITES UN +1 = F (UN ) 35

4.3 Suites un+1 = f (un)


4.3.1 Généralités
Définition 4.3.1 Dans tout le paragraphe, (un ) désigne une suite telle que :

∀n ∈ N, un+1 = f (un )

où f est une fonction de R dans R.

Attention, les résultats donnés ne sont valables que pour les suites de ce type ! On adaptera
sans peine ces résultats au cas où la suite est définie sur N∗ .

En général, l’énoncé admet implicitement que la suite (un ) est bien définie (c’est évident si
f est définie sur R ). Si la question est posée, on répondra au moyen d’un raisonnement par
récurrence.
Soit (un ) définie par :
1
u0 = 1; ∀n ∈ N, un+1 = un +
un
On montre par récurrence : ∀n ∈ N, un existe et un > 0; u0 = 1 existe et u0 > 0, et si un existe
et un > 0, alors un+1 = un + u1n existe et un+1 > 0. Ce qui montre que la suite (un ) est bien
définie.

Sens de variation
Théorème 4.3.2 Soit I un intervalle de R. Si ∀n ∈ N, un ∈ I, et f est croissante sur I, alors
(un )n∈N est monotone.

On démontre ce théorème par récurrence, en distinguant les cas u0 6 u1 , u0 > u1 . Si u0 6 u1 ,


on démontre : ∀n ∈ N, un 6 un+1 . La propriété est vraie pour n = 0 par hypothèse, et si elle
vraie pour n fixé dans N, alors un 6 un+1 , donc f (un ) 6 f (un+1 ) car f est croissante, donc
un+1 6 un+2 , et la propriété est vraie pour n + 1. On en conclut qu’elle est vraie pour tout n,
ce qui montre que la suite (un ) est croissante. On procède de même si u0 > u1 . Ce théorème est
à connaître, mais il existe d’autres moyens pour prouver la monotonie de (un ). Par exemple, si
on sait que :
∀x ∈ I, f (x) > x; ∀n ∈ N, un ∈ I
on obtient, sans utiliser le théorème, que (un ) est croissante, puisqu’on a alors :

∀n ∈ N, un+1 = f (un ) > un

Remarque 4.3.3 Si f est décroissante sur I, avec un ∈ I pour tout n, la suite (un ) n’est
ni croissante ni décroissante, mais les suites (u2n ) et (u2n+1 ) sont monotones, car f ◦ f est
croissante, et
u2(n+1) = f ◦ f (u2n ) , u2(n+1)+1 = f ◦ f (u2n+1 )
Si f n’est ni croissante ni décroissante, le comportement de (un ) peut s’avérer très complexe.
On peut en faire une approche numérique.
36 CHAPITRE 4. SUITES NUMÉRIQUES

Notion de point fixe


Définition 4.3.4 On dit que a ∈ R est un point fixe de f ssi f (a) = a.

Théorème 4.3.5 Si (un ) converge vers ` et f est continue en `, alors ` est un point fixe de f ,
c’est-à-dire que ` = f (`).

On obtient ce résultat par passage à la limite dans un+1 = f (un ). En effet, si limn→+∞ un = `,
alors limn→+∞ un+1 = `, et limn→+∞ f (un ) = f (`) car f est continue en `
Remarque 4.3.6 Ce théorème donne une condition nécessaire, mais non suffisante, pour que
(un ) converge vers `. Le problème est que ` est inconnue, donc on ne sait pas a priori si f est
continue en ` ! On a néanmoins dans cette direction :
- On suppose que f continue sur R. Alors, si (un ) converge vers `, ` est un point fixe de f .
- On suppose que f continue sur l’intervalle I = [a, b], et que tous les termes de la suite (un )
appartiennent à I. Alors, si (un ) converge vers `, ` est un point fixe de f .
En effet, a 6 un 6 b pour tout n, donc si (un ) converge vers `, alors a 6 ` 6 b (passage à la
limite dans les inégalités). ` appartient donc à I, f est continue en `, et ` est un point fixe de
f . On peut faire le même raisonnement avec tout intervalle I fermé.

4.3.2 Utilisation de la formule des accroissements finis


R
On rappelle la formule des accroissements, sous ses deux versions (voir 1.3.2) :
Première version : Si m 6 f 0 6 M sur [a, b], alors

m(b − a) 6 f (b) − f (a) 6 M (b − a)

Deuxième version : Si |f 0 | 6 k sur l’intervalle I, alors,

∀x1 , x2 ∈ I, |f (x1 ) − f (x2 )| 6 k |x1 − x2 |

Pour montrer que la suite (un ) converge vers ` en utilisant la formule des accroissements finis,
la démarche en général suivie par l’énoncé est la suivante :
- On établit
- Pour tout n ∈ N, un appartient à l’intervalle I.
- Il existe ` appartenant à I tel que f (`) = `. − |f 0 | 6 k < 1 sur I.
- La formule des accroissements finis fournit alors :
∀n ∈ N, |f (un ) − f (`)| 6 k |un − `| , c’est-à-dire
∀n ∈ N, |un+1 − `| 6 k |un − `|

- On montre alors par récurrence :

∀n ∈ N, |un − `| 6 k n |u0 − `|

En effet : |u0 − `| 6 k 0 |u0 − `| car k 0 = 1, et si |un − `| 6 k n |u0 − `| pour quelque n ∈ N, alors

|un+1 − `| 6 k |un − `| 6 kk n |u0 − `| = k n+1 |u0 − `|

D’où la conclusion.
- 0 < k < 1, donc limn→+∞ k n = 0, donc par passage à la limite :

lim un = `
n→+∞
Deuxième partie

Algèbre Linéaire

37

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