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Troisième partie

Calcul différentiel

Chapitre 8

Fonctions dérivables à valeurs


dans un espace de Banach

On considère que E est un espace de Banach sur R.

1 Définition
Soit U µ R un ouvert et f : U æ E.

Définition 1.1
On dit que f est dérivable en x0 œ U si le quotient

f (x) ≠ f (x0 )
x ≠ x0
possède une limite (forte, c’est-à-dire au sens de la norme) dans E, quand |x≠x0 | æ 0.

d
Notation. On note le nombre dérivé f Õ (x0 ) ou dx f (x0 ).

Remarques.

• La dérivée à droite de f en x0 est

f (x) ≠ f (x0 )
fdÕ (x0 ) = xæx
lim .
0
x>x0
x ≠ x0

• La dérivée à gauche de f en x0 est :

f (x) ≠ f (x0 )
fgÕ (x0 ) = xæx
lim .
0
x<x0
x ≠ x0
CHAPITRE 8. FONCTIONS DÉRIVABLES À VALEURS DANS UN ESPACE DE
BANACH 64

Proposition 1.2
• Si f est dérivable en x0 alors f est continue ne x0 .
• Si f est localement constante, alors f est localement dérivable et de dérivée
nulle.
• Si f est affine alors f est dérivable et de dérivée constante.
• Si f : U æ E et ⁄ : U æ R sont dérivables en x0 alors ⁄f est dérivable en x0 et
(⁄f )Õ (x0 ) = ⁄Õ (x0 )f (x0 ) + ⁄(x0 )f Õ (x0 ).
• Si U, V sont des ouverts de R, f : U æ R et g : V æ E avec f (U ) µ V et si
f est dérivable en x0 et g en f (x0 ) alors g ¶ f : U æ E est dérivable en x0 et
(g ¶ f )Õ (x0 ) = g Õ (f (x0 ))f Õ (x0 ).

Remarque. Si dim E < Œ et si (e1 , . . . , en ) est une base de E. Alors on peut écrire
f : U æ E de façon unique comme :
n
ÿ
f (x) = fi (x)ei
i=1

avec fi : U æ R. Dans ce cas, f est dérivable en x0 si, et seulement si, fi est dérivable en
x0 pour chacune des coordonnées et
n
ÿ
f Õ (x0 ) = fiÕ (x0 )ei .
i=1

2 Inégalité des accroissements finis


Remarque. En dimension supérieure à 1, il n’existe pas de théorème des accroissements
finis, mais uniquement une inégalité.

Théorème 2.1
Soient a < b, f : [a, b] æ E et h : [a, b] æ R continues alors si f et h sont
dérivables à droite en tout point de ]a, b[ et ÎfdÕ (x)Î Æ hÕd (x) pour tout x œ]a, b[, alors

Îf (b) ≠ f (a)Î Æ h(b) ≠ h(a).

Preuve
Pour Á > 0, on pose

TÁ := {x œ [a, b] | Îf (x) ≠ f (a)Î Æ h(x) ≠ h(Á) + Á(x ≠ a) + Á} .

On va montrer que b œ TÁ pour tout Á > 0. On remarque que TÁ est fermé, donc compact et de
plus, a œ int[a,b] (TÁ ) et donc il existe aÕ œ]a, b[ tel que [a, aÕ [µ TÁ . Soit c le plus grand élément
de TÁ , alors
Îf (c) ≠ f (a)Î Æ h(c) ≠ h(a) + Á(c ≠ a) + Á.
Supposons que c < b alors pour c < x < b,

Îf (x) ≠ f (c)Î > ≠Îf (c) ≠ f (a)Î + h(x) ≠ h(c) + h(c) + Á(x ≠ c) + Á + Á(c ≠ a)
> h(x) ≠ h(c) + Á(x ≠ c)

et donc ÎfdÕ (c)Î Ø hÕd (c) + Á > hÕd (c), ce qui est impossible par hypothèse.

Corollaire 2.2
Soient U µ R un intervalle ouvert et f : U æ E dérivable. Si Îf Õ (x)Î Æ M pour
tout x œ U , alors f est M -lipschitzienne. En particulier, si f Õ = 0 alors f est constante.
65 3. PRIMITIVES

3 Primitives
Définition 3.1
Soient U µ R un ouvert, f : U æ E continue. On dit que Ï : U æ E est une
primitive de f sur U , si Ï est dérivable et de dérivée égale à f .

Remarque.
• Si Ï1 , Ï2 sont deux primitives de f alors Ï1 ≠ Ï2 est localement constante.
• Si de plus U est un intervalle ouvert, Ï1 ≠ Ï2 est constante (il y a donc unicité de la
primitive à constante près).
Théorème 3.2
Soient U µ R un ouvert, f : U æ E continue. Alors f possède une primitive.
Preuve
Il s’agit de déterminer une primitive sur chaque composante connexe de U , il suffit donc
de considérer le cas où U est un intervalle.
Soit a œ U . Par unicité de la primitive s’annulant en a, il suffit de montrer l’existence
d’une primitive sur [–, —] avec – < a < — et qui s’annule en a.
Soit n Ø 2 un entier, on pose
k
xk,n = – + (— ≠ –)
n
pour k entre 0 et n. On considère l’application continue affine par morceaux fn : [–, —] æ E
qui vérifie fn (xk,n ) = f (xk,n ). Comme f est continue, elle l’est uniformément sur [–, —]. Pour
x œ [xk,n , xk+1,n ],

Îfn (x) ≠ f (x)Î Æ Îfn (x) ≠ fn (xk,n )Î + Îf (xk,n ) ≠ f (x)Î Æ 2 sup Îf (x) ≠ f (y)Î.
|x≠y|Æ —≠–
n

Donc
Îfn ≠ f ÎŒ Æ 2 sup Îf (x) ≠ f (y)Î ≠æ 0 .
næ+Œ
|x≠y|Æ —≠–
n

C’est-à-dire (fn )nœN converge uniformément vers f sur [–, —].


On observe que fn est à valeurs dans le sous-espace de dimension inférieure à n+1 engendré
par les {f (xk,n ) | 0 Æ k Æ n}.
Soit Ïn la primitive de fn sur [–, —] s’annulant en a. D’après l’inégalité des accroissements
finis,

ÎÏn (x) ≠ Ïp (x)Î = Î(Ïn (x) ≠ Ïp (x)) ≠ (Ïn (a) ≠ Ïp (a))Î


Æ |x ≠ a|Îfn ≠ fp ÎŒ

D’où
ÎÏn ≠ Ïp ÎŒ Æ (— ≠ –)Îfn ≠ fp ÎŒ
et donc (Ïn )nœN est de Cauchy dans C([–, —], E). Donc (Ïn )nœN converge dans C([–, —], E)
vers Ï.
Il reste à montrer que Ï est une primitive de f . Soit :
-
- [–, —]2 æ E
-
- Y
-
n: -
] Ïn (x) ≠ Ïn (y)
- (x, y) ‘æ x≠y .
- [
- fn (x) si x = y

Puisque Ïn est C 1 et de dérivée fn , n est continue. De plus,

Î n ≠ p ÎŒ Æ Îfn ≠ fp ÎŒ ≠æ 0
næ+Œ
CHAPITRE 8. FONCTIONS DÉRIVABLES À VALEURS DANS UN ESPACE DE
BANACH 66

et donc ( n )nœN est de Cauchy dans C([–, —]2 , E) et donc converge vers œ C([–, —]2 , E).
Or Ïn æ Ï et fn æ f (simplement). Et donc
Y
] Ï(x) ≠ Ï(y)
(x, y) = x≠y
[
f (x) si x = y

et étant continue, Ï est dérivable de dérivée f .

4 Formules de Taylor
Soit U un ouvert de R. Soit f : U æ E, elle est dite C k sur U si f (k≠1) : U æ E est
dérivable et de dérivée continue.
Théorème 4.1 (Inégalité de Taylor-Lagrange)
Si f est de classe C k sur U et si [a, b] µ U alors
. .
. ÿ (b ≠ a)j
k≠1 . k
. .
.f (b) ≠ f (j)
(a). Æ |b ≠ a| sup Îf (k) Î.
. j! . k!
. j=0 . [a,b]

Théorème 4.2 (Taylor-Young)


Soit f de classe C k sur U . Alors pour tout point a œ U ,
k
ÿ (x ≠ a)j (j)
f (x) = f (a) + (x ≠ a)k Ák (x)
j=0
j!

avec ÎÁk (x)Î æ 0 quand x æ a.

Théorème 4.3 (Taylor-Laplace)


Soit f de classe C k+1 sur U . Pour tout a œ U ,
⁄ x (k+1)
k
ÿ (x ≠ a)j (j) f (t)
f (x) = f (a) + (x ≠ t)k dt.
j=0
j! a k!

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