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Exos sympas

Armand Perrin
October 13, 2023

Exercice : Soit (E,d) un espace métrique compact et f : E → E continue telle que :

∀x, y ∈ E d(f (x), f (y)) ≥ d(x, y) (∗)


Démontrer que f est bijective puis que f est une isométrie.

Solution : Soient x, y ∈ E tels que f (x) = f (y) alors 0 = d(f (x), f (y)) ≥ d(x, y) ≥ 0 donc x = y,
ainsi f est injective.
Pour la surjectivité fixons y ∈ E et remarquons que pour x ∈ E et n ∈ N

d(f n+1 (x), f n (y)) ≥ d(f (x), y)

On cherche donc x tel que d(f n+1 (x), f n (y)) → 0. Comme E est compact on peut trouver une
extractrice ϕ et l ∈ E telle que :
f ϕ(n) (y) → l
Posons xn = f ϕ(n+1)−ϕ(n)−1 (y) et an = f ϕ(n)+1 (xn ) Alors

an = f ϕ(n)+1 (f ϕ(n+1)−ϕ(n)−1 (y)) = f ϕ(n+1) (y) → l

Extrayons une deuxième fois : il existe une extractrice ψ et x ∈ E tels que :

xψ(n) → x

Comme
f ϕ(ψ(n))+1 (xψ(n) ) → l,
(c’est une suite extraite de an ), on aimerait en conclure que :

f ϕ(ψ(n))+1 (x) → l

Attention ici à ne pas essayer d’utiliser la continuité de f ϕ(ψ(n))+1 , la dépendance en n nous en


empèche. Nous allons pour cela montrer le résultat suivant :

Lemme Soient un ∈ NN tendant vers +∞, bn ∈ E N tendant vers b ∈ E et l, l′ dans E tels que :

f un (bn ) → l et f un (b) → l′

Alors l = l′

Preuve Soit ϵ > 0 :

∀k, n ∈ N d(f un (b), l) ≤ d(f un (b), l′ ) + d(l′ , f uk (b)) + d(f uk (b), f uk (bn )) + d(f uk (bn ), l) (1)

De plus, en appliquant (*), si un ≥ uk :

d(f uk (bn ), l) ≤ d(f un (bn ), f un −uk (l)) ≤ d(f un (bn ), l)+d(l, f un −uk (l)) ≤ d(f un (bn ), l)+d(f uk (l), f un (l))

Par compacité, on dispose d’une extractrice ϕ et de l1 ∈ E telle que f uϕ(p) (l) → l1


Finalement, en injectant dans (1) :

d(f un (b), l) ≤ d(f un (b), l′ )+d(l′ , f uk (b))+d(f uk (b), f uk (bn ))+d(f un (bn ), l)+d(f uk (l), l1 )+d(l1 , f un (l))

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On peut donc trouver N1 ∈ N tel que ∀p ≥ N1 d(f uϕ(p) (l), l1 ) ≤ ϵ Il existe aussi N2 ∈ N tel que
∀p ≥ N2 d(l′ , f up (b)) ≤ ϵ. Fixons donc p1 ≥ max(N 1, N 2) et posons k = ϕ(p1 ) Ainsi k ≥ p1 ≥ N2 et
k ≥ N1 Donc

∀n ∈ N d(f un (b), l) ≤ 2ϵ + d(f un (b), l′ ) + d(f uk (b), f uk (bn )) + d(f un (bn ), l) + d(l1 , f un (l))

Maintenant que k est fixé, on peut utiliser la continuité de f uk :


∃N3 ∈ N ∀p ≥ N3 d(f uk (b), f uk (bn )) ≤ ϵ (N3 dépend de k)
∃N4 ∈ N ∀p ≥ N4 d(f up (bp ), l) ≤ ϵ

Soit donc p2 ≥ max(N1 , N2 , N3 , N4 ) et n := ϕ(p2 ) vérifiant un ≥ uk (possible car u tends vers +∞)
donc n ≥ max(N1 , N2 , N3 , N4 )
On peut conclure :
d(f un (b), l) ≤ 6ϵ
Ainsi l est une valeur d’adhérence de (f un (b))n et comme elle converge vers l′ on a bien l = l′ □

Pour utiliser notre lemme, on a donc besoin que f ϕ(ψ(n))+1 (x) converge, ce n’est pas forcément le
cas, extrayons : il existe γ une extractrice et l′ ∈ E tels que

f ϕ(ψ(γ(n)))+1 (x) → l′

Notons un = ϕ(ψ(γ(n))). On a :

f un +1 (xψ(γ(n)) ) → l et xψ(γ(n)) → x

Donc par le lemme :


f un +1 (x) → l
On obtient donc
d(f un +1 (x), f un (y)) ≥ d(f (x), y)
En passant a la limite :
d(f (x), y) ≤ d(l, l) = 0
Ainsi f (x) = y, ce qui démontre la surjectivité de f.

Démontrons maintenant que f est une isométrie :


Comme f est bijective on peut maintenant écrire :

∀x, y ∈ E d(x, y) ≥ d(f −1 (x), f −1 (y)) (∗∗)

Pour x, y ∈ E posons ∀n ∈ N dn = d(f −n (x), f −n (y)). D’après (**), (dn ) est décroissante, de plus
elle est minorée par 0, elle est donc convergente, notons l sa limite. Comme E est compact il existe
γ, ψ des extractrices et a, b ∈ E tels que

f −γ(n) (x) → a, f −γ(ψ(n)) (y) → b

Notons ϕ = γ ◦ ψ. Alors comme dϕ(n) → l on a : d(a, b) = l, de plus par continuité de f :

f −ϕ(n)+1 (x) → f (a), f −ϕ(n)+1 (y) → f (b)

Donc
d(f −ϕ(n)+1 (x), f −ϕ(n)+1 (y)) → d(f (a), f (b))
Mais dϕ(n)−1 tends aussi vers l donc

d(f (a), f (b)) = d(a, b) = l

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Ce qui ressemble pas mal a ce q’on cherche, on le veut pour tout a, b ∈ E. Fixons donc a, b ∈ E. On
aimerait donc avoir l’ existence de x, y ∈ E ainsi que de γ et ψ des extractrices telles que

f −γ(n) (x) → a, f −γ(ψ(n)) (y) → b

Commençons avec a, ce n’est pas évident... On peut essayer d’exprimer x en fonction de a et naivement
écrire “x = f γ(n) (a)” ce qui n’a pas de sens, mais (f n (a))n est bien une suite de E dont on peut donc
extraire une suite convergente notons justement, pour voir γ l’extractrice et x la limite :

f γ(n) (a) → x

Notons xn = f γ(n) (a). Alors comme f −γ(n) (xn ) = a on a :

f −γ(n) (xn ) → a et xn → x

Cela nous rappelle notre lemme, il nous manque l’hypothèse : “f −γ(n) (x) converge ”, mais quitte a
extraire et a remplacer γ par γ ◦ γ ′ par exemple, on peut la supposer vraie. Autre problème : la suite
(−γ(n))n ne tends pas vers +∞

Adaptons notre lemme aux suites de ZN qui tendent vers −∞. En regardant la preuve on voit que
l’hypothèse “un ∈ NN ” n’est utilisé que pour avoir la continuité de f uk car f −1 n’est a priori pas
continue, sauf qu’en fait si car elle est directement 1-lipschitzienne par (**) on peut donc prendre
u ∈ ZN . L’hypothèse “un → +∞” par contre est nécessaire pour trouver n vérifiant un ≥ uk et
appliquer la majoration d(f uk (bn ), l) ≤ d(f un (bn ), f un −uk (l)). Bon... reprenons les mêmes notations
et changeons la première ligne en :

∀n ∈ N d(f un (b), l) ≤ d(f un (b), f un (bn )) + d(f un (bn ), l)

Dès que un est négative, d(f un (b), f un (bn )) ≤ d(b, bn ) en itérant (**). Mais comme bn → b et
f un (bn ) → l on a directement f un (b) → l puis l = l′ . Donc c’est bon, c’était plus simple comme ça !

On peut donc utiliser le lemme et conclure que f −γ(n) (x) → a. Tout se passe exactement pareil pour
trouver y et ψ si on commence par extraire de la suite (f γ(n) (b))n . Cela conclut la preuve.

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