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Les familles sommables

EL AMDAOUI Mustapha,
Lycée IBN TIMIYA,
site web: www.elamdaoui.com,
email: elamdaoui@gmail.com

Niveau: MP

Table des matières


I Ensembles dénombrables 2

II Familles sommables 4
II.1 Familles positives sommables . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
II.2 Familles numériques sommables . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
II.3 Sommation par paquets . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10

III Applications aux suites doubles 12


III.1 Suites doubles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12
III.2 Produit de Cauchy de deux séies . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13
Ensembles dénombrables 2

I Ensembles dénombrables

Soient E et F deux ensembles.


Définition 1

On dit que :
 E est dénombrable s’il existe une bijection entre E et N.
 E est au plus dénombrable si E est fini ou dénombrable.

Remarque :

Supposons que E est dénombrable et soit ϕ : N → E une bijection. Notons ∀ n ∈ N, ϕ( n) = xn alors

E = { xn / n ∈ N}

Autrement dit, E est dénombrable si on peut numéroter ou indexer tous ses éléments.

Remarque :

1. Si E est dénombrable alors E est infini.


2. Si E est dénombrable alors tout ensemble en bijection avec E est dénombrable.

Exemple
L’application identité sur N est bijective donc N est dénombrable.

Exemple
L’ensemble Z est dénombrable.

En effet, l’application 

 N −→ Z
 (
ϕ: p si n = 2 p

 n 7−→
 −p si n = 2 p − 1
est bijective de N sur Z.

0 1 2 3 4 5 6 7 N
• • • • • • • •

Z
• • • • • • • •
−4 −3 −2 −1 0 1 2 3

Propriété 1

1. Toute partie infinie de N est dénombrable.


2. Toute partie de N est au plus dénombrable

Démonstration. On prouve la première assertion.


Soit A une partie infinie de N et l’application ϕ : N → A définie par :
 ϕ(0) = min A ,
 ∀n Ê 1, ϕ(n) = min( A \ {ϕ(0), . . . , ϕ(n − 1)}).
Montrons que ϕ est bijective.
 ϕ est strictement croissante donc injective.
 Soit a ∈ A . Supposons que ∀n ∈ N, ϕ(n) 6= a donc

∀ n ∈ N, a ∈ A \ {ϕ(0), . . . , ϕ( n)}

En particulier,
∀ n ∈ N, ϕ( n) < a
Ensembles dénombrables 3

L’application ϕ est strictement croissante donc ∀ n ∈ N, n É ϕ( n). On déduit que

∀ n ∈ N, n < a.

Ce qui est absurde car N n’est pas borné. Donc ϕ est surjective.
ϕ est bijective et A est dénombrable.

Corollaire 1
Soit E un ensemble dénombrable et A ⊂ E , alors A est au plus dénombrable.

Corollaire 2
Soit ϕ : E −→ F une application
1. Si F est dénombrable et ϕ injective, alors E est au plus dénombrable.
2. Si E est dénombrable et ϕ surjective, alors F est au plus dénombrable.

Démonstration.
1. Si ϕ est injective, alors E et ϕ (E ) sont en bijection. Mais ϕ (E ) est une partie d’un ensemble dénom-
brable, donc elle est au plus dénombrable, ainsi E est au plus dénombrable.
2. Si ϕ : E −→ F est une application surjective, alors il existe une application injective de F dans E . On
fait appel au résultat de la première assertion.

Propriété 2

Soit m Ê 2. L’ensemble Nm est dénombrable

Démonstration. Si p 1 , . . . p m sont les m premiers nombres premiers alors l’application ϕ : Nm → N définie


n n
par ϕ( n 1 , . . . , n m ) = p 1 1 · · · p mm est injective. Donc Nm est au plus dénombrable et puisqu’il est infini, donc
Nm est dénombrable.

Corollaire 3
Un produit fini d’ensembles dénombrables est dénombrable.

Démonstration. Soient E 1 , . . . , E m des ensembles dénombrables. Il existe des bijections ϕ i : E i → N. Donc


ϕ = (ϕ1 , . . . , ϕm ) est une bijection de E 1 × . . . × E m vers Nm . On a déjà montré que Nm est dénombrable. D’où
le résultat.

Conséquence 1
Q est dénombrable

m
Démonstration. L’application ϕ : Z × N∗ → Q définie par ϕ( m, n) = n est surjective. Or Z × N∗ est dénom-
brable donc Q est dénombrable.

Exemple
Les ensembles N p et Z p et Q p avec p ∈ N∗ sont dénombrables
Familles sommables 4

Propriété 3

Une union au plus dénombrable de parties au plus dénombrables est au plus dénombrable.

[
Démonstration. Soit (E n )n∈N est une famille de parties au plus dénombrables et montrons que E n est
n∈N
au plus dénombrable. Pour tout n ∈ N, on considère ϕn : E n → N une injection.
 On pose F0 = E 0 .
 ∀n ∈ N∗ , F n = E n \ (E 0 ∪ · · · ∪ E n−1 ).
E n et les F n sont deux à deux disjoints. Pour x ∈ F n on pose ϕ( x) = ( n, ϕn ( x)). L’application
[ [
On a Fn =
n∈N n∈N
ϕ est une injection de F n dans N2 . En effet si ϕ( x) = ϕ( y), alors n x = n y = n et ϕn ( x) = ϕn ( y) et, par suite,
[
n∈N
x = y. Comme N2 est dénombrable donc
[ [
F n est dénombrable. D’où E n est dénombrable.
n∈N n∈N

Exemple

1. Z =
[
[[− n, n]] est dénombrable
n∈N
p
½ ¾
2. Q = tel que ( p, q) ∈ Z × N∗ , | p| + q É n
[
n∈N q

Théorème 1

R n’est pas dénombrable

Démonstration. Non exigible.


 On montre que l’intervalle [0, 1[ n’est pas dénombrable.
a nk +∞
On suppose qu’il existe une bijection ϕ : N → [0, 1[. Pour tout n ∈ N on pose ϕ( n) =
X
k
l’écriture
k=0 10
décimale propre de ϕ( n). Soit alors x = 0, x1 x2 · · · ∈ [0, 1[ tel que ∀ n ∈ N, xn = 0 si a nn 6= 0 et xn = 1 si
a nn = 0.
Si ∃ n ∈ N, ϕ( n) = x alors a nn = xn . Ce qui est absurde. D’où [0, 1[ n’est pas dénombrable.
 R n’est pas dénombrable car il contient un ensemble non dénombrable

II Familles sommables

Soit I un ensemble au plus dénombrable et ( x i ) i∈ I une famille numérique et ( I n )n∈N une famille de parties de I
telle que
 Pour tous m, n ∈ N tels que m 6= n, on a I m ∩ I n = ; ;
[
 In = I.
n∈N

II.1 Familles positives sommables

Définition 2

Soit ( x i ) i∈ I une famille de réels positifs. ( )


X
On dit que la famille ( x i ) i∈ I est sommable si l’ensemble x i , J partie finie de I est majoré.
i∈ J

( )
X X
Dans ce cas, sup x i , J partie finie de I s’appelle la somme de la famille ( x i ) i∈ I et on la note xi .
i∈ J i∈ I
II.1 Familles positives sommables 5

Convention :
X
 xi = 0
i ∈;
 Si I est fini la famille X
( x i ) i∈ I est sommable. On suppose désormais que I est dénombrable
 On convient de noter x i = +∞ si la famille ( x i ) i∈ I n’est pas sommable
i∈ I

Propriété 4: Retour aux séries

Soit ( x i ) i∈ I une famille de réels positifs et σ : N −→ I une bijection, alors, les deux assertions suivantes sont
équivalentes
1. La famille ( x i ) i∈ I est sommable.
X
2. La série xσ(n) est convergente.
nÊ0
Si l’une de ces assertions est vérifiée, on a
+∞
X X
xσ(n) = xi
n=0 i∈ I

Démonstration.
1 ⇒ 2) Soit n ∈ N, on pose N = max (σ( k)), on a
0É kÉ n

n
X N
X X
xσ(k) É xk É xi
k=0 k=0 i∈ I

X +∞
X X
D’où la convergence de la série xσ(n) et l’inégalité xσ ( n ) É xi
nÊ0 ¡ n−=10 ¢ i∈ I
1 ⇐ 2) Soit J une partie finie de I . On pose n = max σ ( J ) , on a J ⊂ σ ([[0, n]]) et

X X n
X +∞
X
xi É xi = xσ(k) É u σ( n )
i∈ J i ∈σ([[0,n]]) k=0 n=0

X +∞
X
Par définition la famille ( x i ) i∈ I est sommable et xi É xσ(n)
i∈ I n=0
+∞
X X
Dans le cas de convergence, on a l’égalité u σ( n ) = ui
n=0 i∈ I

Propriété 5: Cas I = N

Soit ( xn )n∈N une suite à termes positifs.


X
La famille ( xn )n∈N est sommable si, et seulement si, la série xn converge .
nÊ0
X +∞
X
Auquel cas xn = xn .
n∈N n=0

Démonstration. Prendre σ = IdN

Exemple
X 1
La suite (2−n )n∈N est sommable car il s’agit d’une suite de réels positif et la série n
converge
nÊ0 2
II.1 Familles positives sommables 6

Propriété 6: Convergence commutative

xn une suite à termes positifs convergente, alors pour toute bijection σ : N −→ N la série
X X
Soit xσ(n)
nÊ0 nÊ0
converge et
X +∞
X
xn = xσ ( n )
n∈N n=0

Exemple
1 1
Soit σ : N∗ −→ N∗ une application bijective. Déterminer la nature des séries
X X
et
nÊ1 σ2 ( n ) nÊ1 σ( n)

σ : N∗ −→ N∗ est supposée bijective


X 1 1
µ ¶
 La série 2
converge absolument donc la famille est sommable. Il en est de même de la
nÊ1 n n2 nÊ1
1 X 1 π2
µ ¶
famille permuteée et donc la série converge et est de somme égale
σ( n)2 nÊ1 nÊ1 σ( n) µ ¶
2 6
X 1 1
 La série à termes positifs diverge donc la famille n’est pas sommable. Il en est de même
nÊ1 n n nÊ1
1 X 1
µ ¶
de la famille permuteée et donc la série diverge
σ( n) nÊ1 nÊ1 σ( n)

Propriété 7: Critère de comparaison

Soit ( x i ) i∈ I , ( yi ) i∈ I deux familles de réels positifs telles que ∀ i ∈ I, x i É yi


X X
1. Si la famille ( yi ) i∈ I est sommable alors ( x i ) i∈ I est sommable et xi É yi
i∈ I i∈ I
2. Si la famille ( x i ) i∈ I n’est pas sommable alors ( yi ) i∈ I n’est pas sommable.

Démonstration.
1. Soit J une partie finie de I . On a ∀ i ∈ I , x i É yi donc
X X X
xi É yi É yi
i∈ J i∈ J i∈ I

X X
donc la famille ( x i ) i∈ I est sommable et xi É yi
i∈ I i∈ I
2. Par contraposée.

Propriété 8: Sous-famille d’une famille sommable

Soit ( x i ) i∈ I une famille de réels positifs.


Si ( x i ) i∈ I est sommable et J une partie dénombrable de I . Alors ( x i ) i∈ J est sommable et
X X
xi É xi
i∈ J i∈ I

Démonstration. Soit K une partie finie de J , alors K est une partie de I et


X X
xi É xi
i ∈K i∈ I

X X
Donc ( x i ) i∈ J est sommable et xi É xi
i∈ J i∈ I
II.1 Familles positives sommables 7

Corollaire 4
Soit ( x i ) i∈ I une famille de réels positifs.
S’il existe une sous-famille de ( x i ) i∈ I qui n’est pas sommable, alors ( x i ) i∈ I n’est pas sommable

Propriété 9: Sommation par paquets

La famille ( x i ) i∈ I de réels positifs est sommable si, et seulement si, l’on a les deux propriétés suivantes :
 Pour tout n ∈ N, la famille ( x i ) i∈ I n est sommable de somme S n =
X
ai.
i∈ I n
X
 La série S n est convergente.
nÊ0
à !
+∞
X X X
Auquel cas : xi = xi
n=0 i ∈ I n i∈ I

Exemple
¢ ¡
Étudions la sommabilité de la suite double a p,q ( p,q)∈N2 définie par :

1
a p,q =
( p + q + 1)α

Prendre la famille ( I n )n∈N définie par I n = ( p, q) ∈ N2 , p + q = n


© ª

Pour tout n ∈ N, on a :
1X 1
σn = α =
p+ q= n ( p + q + 1) ( n + 1)α−1
X
La famille est donc sommable si, et seulement si, la série σn converge, c’est-à-dire si, et seulement si,
nÊ0
α > 2. On a alors :
X 1 +∞
X 1
α = α−1
( p,q)∈N2
( p + q + 1) n=1 n

Remarque :

On peut appliquer le résultat précédent même si la partition est finie

X 1
Exemple: Somme de la série
nÊ0 (2 n + 1)2
+∞
X 1 π2 X 1
Sachant que 2
= , calculer la somme de la série 2
.
n=1 n 6 nÊ0 (2 n + 1)

X 1 1
µ ¶
La série à termes positifs 2
est convergente, la famille 2
est sommable, et l’on peut calculer
nÊ1 n n n∈N∗
sa somme en séparant les termes d’indices pairs et les termes d’indices impairs , ce qui donne
+∞
X 1 +∞
X 1 +∞
X 1 +∞
X 1 1 +∞
X 1
2
= 2
+ 2
= 2
+
n=1 n p=0 (2 p + 1) p=1 (2 p) p=0 (2 p + 1) 4 p=1 p2

+∞
X 1 π2
Sachant que 2
= , alors
n=1 n 6
+∞
X 1 3 +∞
X 1 π2
2
= 2
=
n=0 (2 n + 1) 4 n=1 n 8
II.2 Familles numériques sommables 8

Exemple: Étude d’une série


X
Étude de la série a n définie par :
nÊ1
 1

 si ∃ p ∈ N∗ , n = p2
 n

an =
 1


sinon

n2

On pose I = { n ∈ N∗ /∃ p ∈ N∗ , n = p2 } et J = N∗ \ I . Il est clair que{ I, J } est une partition de N∗ . La série est


à termes positifs donc il suffit de vérifierµla sommabilité des familles (a n )n∈ I et (a n )n∈ J .
X 1 1

La série 2
converge donc la famille est sommable.
nÊ1 n n2 n∈N∗
1 1
µ ¶ µ ¶
2 2
On a I = { n ∈ N /∃ p ∈ N , n = p } = { n / n ∈ N } donc (a n )n∈ I = 2
∗ ∗ ∗
. Or la famille est sommable
n nÊ1 n2 nÊ1
donc la famille (a n )n∈ I est sommable
µ ¶ .
1 1
µ ¶
Puisque J ⊂ N et la famille

est sommable donc la famille est sommable d’où la som-
n2 nÊ1 n2 n∈ J
mabilité de la famille (a n )n∈ J . Les familles (a n )n∈ I et (a n )n∈ J sont sommables donc la famille (a n )n∈N est
X
sommable d’où la convergence de la série an.
nÊ1

II.2 Familles numériques sommables

Définition 3: Famille numérique sommable

La famille numérique ( u k )k∈ I est dite sommable si la famille (| u k |)k∈ I est sommable.

Notation :
Soit ( u k )k∈ I une famille de réels. Pour tout k ∈ I , on pose

u+
k = max ( u k , 0) et u−
k = max (− u k , 0)

Pour tout k ∈ i , on a bien :


 u+k , u−k ∈ R+ ,
 u+k + u−k = | u k |,
 u+k − u−k = u k .

Propriété 10: Somme d’une famille sommable

Soit ( u k )k∈ I une famille numérique sommable.


1. Si la famille ( u k )k∈ I est de réels , alors ( u+ )
k k∈ I
et ( u− ) sont sommables.
k ∈I
On définit la somme de la famille ( u k )k∈ I comme suit :

u+ u−
X X X
u k := k− k
k∈ I k∈ I k∈ I

2. Si la famille ( u k )k∈ I est de complexes, alors les deux familles réelles (R e ( u k ))k∈ I et (Im ( u k ))k∈ I sont
sommables. On définit la somme par

R e (u k ) + i
X X X
u k := Im ( u k )
k∈ I k∈ I k∈ I

En outre ¯ ¯
¯X ¯ X
¯ uk¯ É |u |
¯ ¯
¯ k∈ I ¯ k∈ I k

Démonstration.
II.2 Familles numériques sommables 9

1. Les familles ( u+ )
k k∈ I
et ( u− )
k k∈ I
sont à termes positifs et pour tout k ∈ I

u+
k É |u k | et u−
k É |u k |

Par le critère de comparaison les deux familles ( u+ )


k k∈ I
et ( u− )
k k∈ I
sont sommables, ce qui justifie la
X
définition de ui
i∈ I
2. Les familles (R e( u k ))k∈ I et (Im( u k ))k∈ I sont réelles et pour tout k ∈ I

|R e( u k )| É | u k | et Im u k É | u k |

Par le critère de comparaison les deux familles (R e( u k ))k∈ I et (Im( u k ))k∈ I sont sommables, ce qui
X
justifie la définition de ui
i∈ I

Notation :
`1 ( I, K) désigne l’ensemble des familles sommables

Propriété 11

Soit ( u k )k∈ I , (vk )k∈ I deux familles sommables et λ ∈ K. Alors la famille (λ u k + vk )k∈ I est sommable et
X X X
(λ u k + vk ) = λ uk + vk
k∈ I k∈ I k∈ I

Autrement-dit `1 ( I, K) est un K-espace vectoriel

Propriété 12: Sous-famille d’une famille sommable

Soit ( u k )k∈ I une famille sommable et J une partie dénombrable de I . Alors ( u k )k∈ J est sommable

Propriété 13: Retour aux séries

Soit σ : N −→ I une bijection, alors, la famille ( u k )k∈ I est sommable si, et seulement si, la série
X
u σ(n) est
nÊ0
absolument convergente. Auquel cas
+∞
X X
u σ( n ) = uk
n=0 k∈ I

Démonstration. On distingue deux cas


 Le cas réel
⇒) Si la famille ( u k )k∈ I est sommable, alors les deux familles réelles positives ( u+ )
k k∈ I
et ( u− )
k k∈ I
sont
sommables, et on a
+∞
X + +∞
u σ(n) = u+i
X −
u σ(n) = u−i
X X
et
n=0 i∈ I n=0 i∈ I
X
est absolument convergente, car ¯ u σ(n) ¯ = u+
+ u−
¯ ¯
Donc, la série u σ( n ) σ( n ) σ( n )
X n Ê0
⇐) Si la série u σ(n) est absolument convergente, alors la famille ( u k )k∈ I est sommable
nÊ0
Dans le cas de convergence, on a :

u+i − u−i
X X X
ui =
i∈ I i∈ I i∈ I
+∞ +∞
u+ u−
X X
= σ( n ) − σ( n )
n=0 n=0
+∞
X
= u σ( n )
n=0

 Le cas complexe.
( u k )k∈ I est sommable si, et seulement si, (R e( u k ))k∈ I et (Im( u k ))k∈ I sont sommables si, et seulement
II.3 Sommation par paquets 10

R e u σ(n) et
X ¡ ¢ X ¡ ¢
si, les deux séries Im u σ(n) sont absolument convergentes si, et seulement si, la
nÊ0 nÊ0
X
série u σ(n) est absolument convergente.
nÊ0
Dans le cas de convergence, on a :

R e( u k ) − i
X X X
uk = Im( u k )
k∈ I k∈ I k∈ I
+∞ +∞
R e ( u σ( n ) ) − i
X X
= Im( u σ(n) )
n=0 n=0
+∞
X
= u σ( n )
n=0

Propriété 14: Cas de I = N

Soit ( u n )n∈N une suite numérique.


X
( u n )n∈N est sommable si, et seulement si, la série u n est absolument convergente.
nÊ0

X +∞
X
Auquel cas un = un.
n∈N n=0

Démonstration. Prendre σ = IdN

II.3 Sommation par paquets

Propriété 15: Sommation par paquets

Soit ( u k )k∈ I est une famille de complexes sommable, alors


1. Pour tout n ∈ N, la famille ( u i ) i∈ I n est sommable. On note S n =
X
uk ;
k∈ I n
X
2. La série S n est absolument convergente ;
nÊ0
à !
+∞
X X +∞
X X X
3. Sn = u k . Autrement dit : ui = uk
n=0 k∈ I n=0 i ∈ I n k∈ I

Exemple
Soit z ∈ C tel que | z| < 1. Montrons que
n
+∞
X z2 z
n+1
=
n=0 1 − z2 1− z

1 +∞ n+1
z k2
X
Puisque | z| < 1, on peut écrire par sommation géométrique = et donc
1− z 2n+1
k=0
n
+∞ z2 +∞ n
+∞ n+1
+∞
X +∞ n (2 k+1)
z2 z k2 z2
X X X X
n+1
= =
n=0 1 − z2 n=0 k=0 n=0 k=0

Tout entier naturel non nul p s’écrit de facçon unique sous la forme p = 2n (2 k + 1) avec n, k ∈ N. On peut
donc affirmer que N∗ est la réunion des ensembles deux à deux disjoints suivants

A n = 2n (2 k + 1) , k ∈ N
© ª

Puisque la famille ( z p ) p∈N∗ est sommable, on peut sommer par paquets et écrire
+∞ +∞ +∞
X +∞ n (2 k+1)
zp = zm = z2
X X X X
p=1 n=0 m∈ A n n=0 k=0
II.3 Sommation par paquets 11

Ainsi n
+∞ z2 +∞ z
zp =
X X
=
1− z 2n+1 1− z
n=0 p=1

Remarque :

On peut appliquer le résultat précédent même si la partition est finie

X (−1)n−1
Exemple: Somme de la série
nÊ1 n2
+∞
X 1 π2 X (−1)n−1
Sachant que 2
= , calculer la somme de la série .
n=1 n 6 nÊ1 n2

X (−1)n−1 (−1)n−1
µ ¶
La série est absolument convergente, la famille est sommable, et l’on peut cal-
nÊ1 n2 n2 n∈N∗
culer sa somme en séparant les termes d’indices pairs et les termes d’indices impairs , ce qui donne
+∞
X (−1)n−1 +∞
X 1 +∞
X 1 +∞
X 1 1 +∞
X 1
2
= 2
− 2
= 2
− 2
n=1 n p=0 (2 p + 1) p=1 (2 p ) p=0 (2 p + 1) 4 p=1 p

De la même façon
+∞
X 1 +∞
X 1 +∞
X 1 +∞
X 1 1 +∞
X 1
2
= 2
+ 2
= 2
+
n=1 n p=0 (2 p + 1) p=1 (2 p) p=0 (2 p + 1) 4 p=1 p2
+∞
X 1 π2
Sachant que 2
= , alors
n=1 n 6

+∞
X 1 π2 +∞
X (−1)n−1 π2
2
= et =
n=0 (2 n + 1) 8 n=1 n2 12

Corollaire 5
Soit ( I k )k∈N une partition de N et on suppose que la série
X
xn est absolument convergente. Alors :
nÊ0
1. Pour tout n ∈ N, la famille ( x i ) i∈ I n est sommable de somme S n .
2. La famille (S n )n∈N est sommable.
X X X +∞
X
3. On a Sn = xi = xn .
n∈N n∈N i ∈ I n n=0

Attention
Le résultat est faux lorsque la série n’est pas supposée absolument convergente. En effet, on sait que la
X (−1)n−1
série est semi-convergente de somme ln 2.
nÊ1 n
(−1) p−1
µ ¶
Soit le regroupement Jn = {2 n − 1, 4 n − 2, 4 n} pour n Ê 1 on a est sommable de somme
p p ∈ Jn

1 1 1 1 1 1
µ ¶ µ ¶
Sn = − − = −
2n − 1 4n − 2 4n 2 2n − 1 2n
Avec
n
X 1 X n 1 1 Xn 1
Sk = −
k=1 2 k=1 2 k − 1 4 k=1 k
à !
1 X n 1 Xn 1 1 Xn 1
= + −
2 k=1 2 k − 1 k=1 2 k 2 k=1 k
1 X2n 1 1 Xn 1
= −
2 k=1 k 2 k=1 k
1¡ ln 2
ln(2 n) + γ − ln( n) − γ + ◦(1) =
¢
= + ◦(1)
2 2
Applications aux suites doubles 12

P ln 2
Cette fois la série S n est convergente de somme 2 6= ln 2.

Propriété 16: Critère suffisant de sommabilité

On suppose que la famille ( u k )k∈ I vérifie :


 Pour tout n ∈ N la famille (u k )k∈ I n est sommable et on pose T n =
X
| u k |.
k∈ I n
X
 La série T n converge
nÊ0 Ã !
X +∞
X X
Alors ( u k )k∈ I est sommable et uk = uk
k∈ I n=0 k∈ I n

Propriété 17: Cas I = Z

Soit ( u n )n∈Z une famille numérique, alors les assertions suivantes sont équivalentes
1. ( u n )n∈Z est sommable ;
X X
2. Les deux séries u n et u −n sont absolument convergentes ;
nÊ1 nÊ1
X
3. La série (| u −n | + | u n |) converge
nÊ1
Si l’une de ces assertions est vérifiée, alors

X +∞
X +∞
X +∞
X
u n = u0 + ( u n + u −n ) = un + u −n
n∈Z n=1 n=0 n=1

Exemple
P |n| inθ
Soit r ∈ [0, 1[ et θ ∈ R. Justifier l’existence et calculer r e
n∈Z

Étudions la sommabilité de r |n| e inθ n∈Z


¡ ¢

 La famille r |n| e inθ n∈N∗ est sommable car la série géométrique


¡ ¢ X n
r converge
¡ |n| − inθ ¢ nÊ0
 La famille r e est sommable
¢ n∈N∗
Donc la famille r |n| e inθ n∈Z est sommable, donc en sommant par paquets
¡

+∞ +∞
r |n| e inθ r n e inθ + r n e− inθ
X X X
=
n∈Z n=0 n=1
− iθ
1 re
= +
1 − re iθ 1 − re− iθ
1 − r2
=
1 − 2 r cos(θ ) + r 2

III Applications aux suites doubles

III.1 Suites doubles

Propriété 18: Suites doubles

Soit (a m,n )(m,n)∈N2 une famille numérique. Les assertions suivantes sont équivalentes :
1. La famille (a m,n )(m,n)∈N2 est sommable.
X +∞
2. Pour tout n ∈ N, la série
X¯ ¯ X¯ ¯
¯a m,n ¯ converge et ¯a m,n ¯ converge.
mÊ0 nÊ0 m=0
X +∞
3. Pour tout m ∈ N, la série
X¯ ¯ X¯ ¯
¯a m,n ¯ converge et ¯a m,n ¯ converge.
nÊ0 mÊ0 n=0
III.2 Produit de Cauchy de deux séies 13

X X ¯ ¯
4. La série ¯a p,q ¯ converge.
nÊ0 p+ q= n
Si l’une de ces assertions est vérifiée, alors

X X +∞
+∞ X X +∞
+∞ X +∞
X X
a m,n = a m,n = a m,n = a p,q .
( m,n)∈N2 n=0 m=0 m=0 n=0 n=0 p+ q= n

Démonstration. On utilise les partitions suivantes de N2 :

N2 = { m} × N = N × { n} = {( p, q) ∈ N2 | p + q = n}
[ [ [
m∈N n∈N n∈N

Exemple
Existence et valeur de
X 1
( p,q)∈N×N? ( p + q2 )( p + q2 + 1)

Notons que les termes sommés sont positifs.


1 1 1
 Pour chaque q ∈ N∗ , la série
X
2 )( p + q2 + 1)
converge car ( p+ q2 )( p+ q2 +1)
∼ . Par télescopage
pÊ0 ( p + q p2

+∞
X 1 +∞
X 1 1 1
2 2
= 2
− 2
= 2
p=0 ( p + q )( p + q + 1) p=0 p + q p+ q +1 q

X +∞
X 1 X 1
 La série = converge
qÊ1 p=0 ( p + q2 )( p + q2 + 1) qÊ1 q
2
³ ´
1
Donc la famille ( p+ q2 )( p+ q2 +1) ( p,q)∈N×N∗
est sommable et sa somme

X 1 +∞
X +∞X 1 +∞
X 1 π2
2 2
= 2 2
= 2
=
( p,q)∈N×N? ( p + q )( p + q + 1) q=1 p=0 ( p + q )( p + q + 1) q=1 q 6

III.2 Produit de Cauchy de deux séies


X X
Soit u n et vn deux séries numériques.
nÊ0 nÊ0

Définition 4
X X X
On appelle produit de Cauchy de u n et vn la série wn dont le terme général est défini par
nÊ0 nÊ0 nÊ0

n
∀ n ∈ N,
X X
wn = u p v n− p = u p vq
p=0 p+ q= n

Propriété 19
X X X
Si u n et vn sont absolument convergentes alors leur produit de Cauchy wn est absolument
nÊ0 nÊ0 nÊ0
convergent et on a à !à !
+∞
X +∞
X +∞
X
wn = un vn .
n=0 n=0 n=0

Démonstration. Pour m, n ∈ N, on pose a m,n = u m .vn .


III.2 Produit de Cauchy de deux séies 14

+∞
 Pour tout m ∈ N, la série
X¯ ¯ X X
¯a m,n ¯ converge de somme | u m | |vn |, car la série vn est absolument
nÊ0 n=0 nÊ0
convergente.
X
 | u m | converge.
mÊ0
Donc la suite (a m,n )(m,n)∈N2 est sommable et on a

+∞
X X +∞
X +∞
X
a p,q = a m,n
n=0 p+ q= n m=0 n=0

Qui se traduit à Ã !Ã !
+∞
X +∞
X +∞
X
wn = un vn
n=0 n=0 n=0

Exemple

1 X n
Soit ( u n )n∈N une famille sommable. Pour tout n ∈ N, on pose vn = 2k u k .
2n k=0
Montrons que (vn )n∈N est sommable et exprimer sa somme en fonction de celle de la famille ( u n )n∈N

n
X 1 X X X 1
On peut écrire vn = u . La série
n− k k
vn est donc la série produit de Cauchy de u n et n
.
k=0 2 nÊ0 nÊ0 nÊ0 2
X
Puisqu’elles sont toutes deux absolument convergentes, la série vn est absolument convergente et
nÊ0
à !à !
+∞
X +∞
X +∞
X 1 +∞
X
vn = un n
= 2 un
n=0 n=0 n=0 2 n=0

Exemple
X a n
X b n
Soit a, b ∈ C. Les séries et sont absolument convergentes et ont pour sommes respectives e a
nÉ0 n ! nÉ0 n!
et e b . La série produit est absolument convergente et a pour somme e a .e b . Or, cette série-produit
X
wn a
nÊ0
pour terme général

Xn a p b n− p
wn =
p=0 p! ( n − p)!
1 X n
p
= C n a p b n− p
n! p=0
1
= (a + b)n
n!
+∞
wn = e a+b , ce qui prouve que e a+b = e a .e b
X
Donc
n=0

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