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2022

CPGE M.P. Meknès


Mathématiques 1
Notes de cours n◦ 6
Topologie des espaces vectoriels normés

Plan de cours
I Boules dans un espace vectoriel normé . . . . . . . . . . . . 1
II Ouverts, voisinages, fermés dans un e.v.n . . . . . . . . . . . 3
III Intérieur, adhérence et partie dense . . . . . . . . . . . . . . . 5
IV Liens avec les suites d’un espace vectoriel normé . . . . . . 8
V Compacité dans un espace vectoriel normé . . . . . . . . . . 10
VI Limites d’une application . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12
VII Opérations sur les limites . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13
VIII Continuité d’une application . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14
IX Continuité et topologie des evns . . . . . . . . . . . . . . . . 15
X Continuité des applications multilinéaires . . . . . . . . . . . 17

Dans tout le chapitre, K désigne R ou C .

I Boules dans un espace vectoriel normé

Définition .1. Boules


Soit ( E, k k) un espace vectoriel normé , a un vecteur de E et r un réel positif. On appelle :
I boule ouverte de centre a et de rayon r l’ensemble :

B( a, r) = { x ∈ E , d( a, x) < r} = { x ∈ E , k x − ak < r}

I boule fermée de centre a et de rayon r l’ensemble :

B f ( a, r) = { x ∈ E , d( a, x) 6 r} = { x ∈ E , k x − ak 6 r}

I sphère de centre a et de rayon r l’ensemble :

S( a, r) = { x ∈ E , d( a, x) = r} = { x ∈ E , k x − ak = r}

I On parle de boule unité ou de sphère unité dans le cas a = 0 E et r = 1.

Exercice .1.

1. Donner, dans R muni de la valeur absolue : B( a, r) , B f ( a, r) , et S( a, r).


2. Dessiner les boules unités pour les trois normes usuelles de R2 :
M.P Chap. 6 - E.V.N (Partie 2) 2

Proposition .1.

Soit ( E, k k) un espace vectoriel normé , a, a0 ∈ E et r, r0 ∈ R+ . Alors :


→ B f ( a, r) ⊆ B f ( a0 , r0 ) ⇐⇒ a0 − a 6 r0 − r.

→ B( a, r) ⊆ B( a0 , r0 ) ⇐⇒ a0 − a 6 r0 − r

 Preuve :
Faisons la démonstration pour les boules fermées.
r
⇒ Supposons B f ( a, r) ⊆ B f ( a0 , r0 ). Soit alors b = a + ( a − a0 ). On a kb − ak = r,
k a − a0 k  
0 0
0
0 0 r
donc b ∈ B f ( a, r) et par suite b ∈ B f ( a , r ). On a donc b − a 6 r . Or b − a = 1 +
(a −
  k a − a0 k
r
a0 ) donc 1 + a − a0 6 r0 ce qui donne bien a0 − a 6 r0 − r.

k a − a0 k
Remarque : faire un dessin pour interpréter géométriquement le choix de b... .
⇐ Supposons a0 − a 6 r 0 − r. Soit alors x ∈ B f ( a, r), i.e k x − a k 6 r.

On a alors x − a0 = x − a + a − a0 6 k x − ak + a − a0 6 r + r0 − r = r0 , ce qui prouve que


x ∈ B f ( a0 , r0 ). On a donc bien l’inclusion voulue.


Définition .2. Partie convexe


Une partie A d’un espace vectoriel est dite convexe si, pour tout ( x, y) ∈ A2 , le segment

[ x, y] = {tx + (1 − t) y / t ∈ [0, 1]}

est inclus dans A.

Proposition .2.
Une boule (ouverte ou fermée) dans un espace vectoriel normé est une partie convexe.

 Preuve :
Faisons la démonstration pour une boule ouverte B( a, r). Soient x, y ∈ B( a, r) et t ∈ [0, 1]. Il s’agit de
démontrer que z = tx + (1 − t) y appartient à B( a, r). Cela découle simplement de la suite d’inégalités :

ktx + (1 − t) y − ak = kt( x − a) + (1 − t)( y − a)k 6 t k x − ak + (1 − t) k y − ak < tr + (1 − t)r = r

Proposition .3.
Soit E un K-espace vectoriel muni de deux normes N1 et N2 . Alors Les deux normes N1 et N2 sont
équivalentes si et seulement si toute boule ouverte pour l’une de ces deux normes contient une boule
ouverte de même centre pour l’autre norme.

Année 2022/2023 C.P.G.E. Meknès


3 Chap. 6 - E.V.N (Partie 2) M.P

 Preuve :
Par translation, on ne change pas le résultat si on se limite à des boules de centre 0 E .
On vérifie alors facilement, à l’aide de la proposition I, que, si ( N1 , N2 ) sont deux normes sur E et si α et β
sont deux réels strictement positifs, on a l’équivalence :
r
αN1 6 N2 6 βN1 ⇐⇒ B1 (0, r) ⊆ B2 (0, βr) et B2 (0, r) ⊂ B1 (0, )
α
en notant bien sûr Bi (0, r) la boule ouverte de centre 0 et de rayon r pour la norme Ni . 

Définition .3. Parties bornées d’un e.v.n


Soit ( E, k k) un espace vectoriel normé . Une partie A de E est dite bornée si

∃ M ∈ R , ∀ x ∈ A , k xk 6 M

Cela équivaut à : A ⊆ B f (0, M) .

Proposition .4.
Soit E un K-espace vectoriel muni de deux normes N1 et N2 . Alors Les deux normes N1 et N2 sont
équivalentes si et seulement si toute partie bornée pour l’une est bornée pour l’autre .

 Preuve :
En effet, il est facile de voir que la propriété «toute partie bornée pour une norme est bornée pour
l’autre» est équivalente à «toute boule ouverte de centre 0 E pour une norme est incluse dans une boule
ouverte de centre 0 E pour l’autre», et on utilise alors la proposition I. 

Remarque : Lorsque E est de dimension infinie, une partie peut être bornée pour une norme et non bornée
pour une autre !
Considérer pour cela : E = C([0, 1], R), et A = { f n , n ∈ N} avec f n : t 7→ ntn . Alors A est
bornée pour la norme N1 , mais ne l’est pas pour la norme N∞ .

II Ouverts, voisinages, fermés dans un e.v.n

Définition .4. Notion d’ouvert


Soit ( E, k k) un espace vectoriel normé . Une partie Ω de E est dite un ouvert si :
– soit : Ω = ∅
– soit : pour tout x ∈ Ω, il existe r > 0 tel que B( x, r) ⊂ Ω .

Proposition .5. Propriétés des ouverts

→ ∅ et E sont des ouverts .


→ Une boule ouverte est un ouvert.
→ La réunion d’une famille quelconque d’ouverts est un ouvert.
→ L’intersection d’une famille finie d’ouverts est un ouvert.

Mr. FARESS Moussa Année 2022/2023


M.P Chap. 6 - E.V.N (Partie 2) 4

 Preuve :

2. Soit B( a, r) une boule ouverte, et x ∈ B( a, r) . Soit ρ = r − k x − ak. Alors B( x, ρ) ⊆ B( a, r) car, si


y ∈ B( x, ρ) on a

k y − ak = k( y − x) + ( x − a)k 6 k y − xk + k x − ak < ρ + k x − ak = r

On a donc bien trouvé, pour tout x ∈ B( a, r) une boule ouverte B( x, ρ) incluse dans B( a, r) ; cela signifie
que B( a, r) est un ouvert.
3. et 4. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . A faire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .


 
1 1 \
Remarque : Pour n ∈ N, In = − , est un ouvert de (R, | |) mais In = {0} ne l’est pas.
n+1 n+1 n ∈N

Proposition .6.
Soit E un K-espace vectoriel muni de deux normes N1 et N2 . Alors les deux normes N1 et N2 sont
équivalentes si et seulement si toute partie ouverte pour l’une est ouverte pour l’autre .

 Preuve :
Utiliser la définition et la proposition I. 

Définition .5. Notion de voisinage


Soit E un espace vectoriel normé , et a ∈ E.
I On dit qu’une partie V de E est un voisinage de a s’il existe r > 0 tel que B( a, r) ⊆ V.
I On note V ( a) l’ensemble de voisinages de a ou un voisinage de a.

Théorème .1.

• Une partie Ω d’un espace vectoriel normé E est un ouvert si et seulement si elle est voisinage de tous
ses points.
• Une intersection finie de voisinage de a est un voisinage de a.
• Si V est un voisinage de a et W une partie contenant V alors W est un voisinage de a

 Preuve :
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . A faire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 

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5 Chap. 6 - E.V.N (Partie 2) M.P

Remarque : Dans le cas particulier E = R, on définit les voisinages de +∞ (resp. −∞) comme les parties
de R contenant un intervalle de la forme [ a, +∞[ (resp ]−∞, a]).

Définition .6. Notion de fermé


On dit qu’une partie F d’un espace vectoriel normé est un fermé si son complémentaire est un ouvert.

Proposition .7.

→ ∅ et E sont des fermés. Ce sont les seules parties à la fois ouvertes et fermées de E .
→ Une boule fermée est un fermé.
→ L’intersection d’une famille quelconque de fermés est un fermé.
→ La réunion d’une famille finie de fermés est un fermé.
→ Toute partie finie de E est un fermé.
→ Tout sous-espace vectoriel de dimension finie d’un espace vectoriel normé est fermé.

 Preuve :

2. Soit B f ( a, r) une boule fermée ; il s’agit de montrer que son complémentaire C dans E est un ouvert.
Soit donc x ∈ C donc k x − ak > r . Soit ρ = k x − ak − r . Montrons que B( x, ρ) ⊂ C. Soit y ∈ B( x, ρ) .
Alors

k y − ak = k( y − x) − ( a − x)k > | k y − xk − k a − xk | = k a − xk − k y − xk > k a − xk − ρ = r

Donc k y − ak > r ; donc y ∈ C .


3. et 4. Se déduisent des propriétés similaires pour les ouverts en passant au complémentaire.


III Intérieur, adhérence et partie dense

Définition .7. Intérieur d’une partie


Soit A une partie non vide d’un espace vectoriel normé E.
I On dit que a ∈ A est un point intérieur à A si et seulement si il existe r > 0 tel que B( a, r) ⊂ A.

I L’ensemble des points intérieurs à A s’appelle l’intérieur de A , et se note A.

Proposition .8.


1. a ∈ A si et seulement si A est un voisinage de a.
◦ ◦
2. A ⊆ A et A est le plus grand ouvert inclus dans A.

3. A = A ⇐⇒ A est un ouvert.
◦ ◦
4. A ⊆ B =⇒ A ⊆ B.
5. L’intérieur d’une boule fermée est la boule ouverte de même centre et de même rayon.

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M.P Chap. 6 - E.V.N (Partie 2) 6

 Preuve :
◦ ◦
3. Si A est un ouvert, pour tout a ∈ A il existe r > 0 tel que B( a, r) ⊂ A donc a ∈ A . On a donc A ⊂ A
et comme l’inclusion réciproque est immédiate par définition, on a égalité. La réciproque est similaire.
5. En effet, si x ∈ B( a, r) , puisque B( a, r) est un ouvert, il existe ρ > 0 tel que B( x, ρ) ⊂ B( a, r) donc
B( x, ρ) ⊂ B f ( a, r) donc x est intérieur à B f ( a, r) . Réciproquement, si x est intérieur à B f ( a, r), il existe
ρ
ρ > 0 tel que B( x, ρ) ⊂ B f ( a, r). On a donc B( x, ) ⊂ B f ( a, r) et en utilisant la proposition 3 on obtient
2
ρ
k x − ak 6 r − < r,d’où x ∈ B( a, r)
2


Exemple : Dans R, puisque tout intervalle d’intérieur non vide contient une infinité de rationnels et une
◦ ◦
infinité d’irrationnels, on a : Q = ∅ et R
\ −Q = ∅

Définition .8. Adhérence d’une partie


Soit A une partie non vide d’un espace vectoriel normé E.
I On dit que a ∈ E est un point adhérent à A si et seulement si pour tout r > 0, B( a, r) ∩ A 6= ∅.
I L’ensemble des points adhérents à A s’appelle l’adhérence de A et se note A.

Remarque : Par extension, si A ⊂ R, on dit que +∞ (resp. −∞) est adhérent à A si et seulement si ∀ a ∈ R,
[ a, +∞[ ∩ A 6= ∅ (resp ]−∞, a] ∩ A 6= ∅). Ainsi, ±∞ sont adhérents à R.
On note alors R = R ∪ {±∞}

Proposition .9.

→ a ∈ A ⇐⇒ ∀r > 0 ∃ x ∈ A : k x − ak < r.
→ A ⊆ A et A est le plus petit fermé contenant A.
→ A = A ⇐⇒ A est un fermé.
→ A ⊆ B =⇒ A ⊆ B.
→ L’adhérence d’une boule ouverte est la boule fermée de même centre et de même rayon.


→ E \ A = (\
E \ A) et E \ A = E \ A.
→ Pour tout x ∈ E , d( x, A) = 0 ⇐⇒ x ∈ A

 Preuve :

3. Supposons A = A. Alors si x ∈ {E A, x n’est pas adhérent à A donc il existe r > 0 tel que B( x, r) ∩ A =
∅. c’est-à-dire B( x, r) ⊂ {E A. Ainsi {E A est un ouvert, donc A est un fermé. On montre de la même façon
que, si A est un fermé ,ie {E A est un ouvert, alors tout x ∈ {E A n’est pas adhérent à A. Donc A ⊂ A et
puisque l’inclusion réciproque est immédiate par définition, on a l’égalité.
5. Par définition, tous les points de B( a, r) font partie de B( a, r) .
Aucun point de {E B f ( a, r) ne peut faire partie de B( a, r) puisque, ce complémentaire étant un ouvert,
pour tout x ∈/ B f ( a, r), il existe ρ > 0 tel que B( x, ρ) ⊂ {E B f ( a, r) c’est-à-dire B( x, ρ) ∩ B( a, r) = ∅.
Enfin, si x ∈ S( a, r) , pour tout ρ > 0 on a B( a, r) ∩ B( x, ρ) 6= ∅. puisque cette intersection contient
1 a−x
des éléments de la forme x + pour n assez grand (à vérifier proprement). Les éléments de
n k x − ak
l’adhérence de B( a, r) sont donc exactement ceux de B( a, r) ∪ S( a, r) = B f ( a, r) .

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7 Chap. 6 - E.V.N (Partie 2) M.P

7. On rappelle que : On a d( x, A) = inf{k x − ak / a ∈ A}, donc

∀ε > 0 , ∃ a ∈ A tels que d( x, A) 6 k x − ak < d( x, A) + ε

Définition .9. Partie dense


Soit E un espace vectoriel normé , et A ⊆ E. On dit que A est dense dans E si et seulement si A = E.

Plus généralement, si A ⊆ B ⊆ E, on dit que A est dense dans B si et seulement si B ⊆ A.


Exemple : Q et R \ Q sont denses dans R

Proposition .10.
Soit E un espace vectoriel normé et A une partie non vide de E. Alors :
A est dense dans E ⇐⇒ ∀ x ∈ E : d( x, A) = 0

 Preuve :
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . A faire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 

Définition .10. Frontière d’une partie



On appelle frontière d’une partie A dans un espace vectoriel normé l’ensemble notée : ∂A = A \ A

Exemple : La frontière d’une boule de centre a et de rayon r est la sphère de centre a et de rayon r.
Remarques :
1. a ∈ ∂A ⇐⇒ tout voisinage de a rencontre à la fois A et {E A.
2. On a vu que, si N1 et N2 sont deux normes équivalentes sur un espace vectoriel normé E ,
les ouverts pour les deux normes sont les mêmes. Il en résulte qu’il en est de même pour les
notions de voisinage, de fermé, d’intérieur et d’adhérence.

Définition .11. Ouvert/fermé relatif


A une partie de E et a ∈ A :
I Une partie V de A est voisinage relatif à A du point a s’il existe un voisinage W de a tel que V = W ∩ A.
I Un ouvert relatif à la partie A est de la forme U ∩ A avec U ouvert de E.
I Un fermé relatif à la partie A est de la forme F ∩ A avec F fermé de E.

Exemple : [0, 1[ est un ouvert de R+

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M.P Chap. 6 - E.V.N (Partie 2) 8

IV Liens avec les suites d’un espace vectoriel normé

Théorème .2.
Soit E un K-espace vectoriel muni de deux normes N1 et N2 . Alors les deux normes N1 et N2 sont
équivalentes si et seulement si toute suite (un )n d’éléments de E qui converge au sens de l’une des normes
est aussi convergente au sens de l’autre (et dans ce cas, la limite au sens de chaque norme est la même).

 Preuve :

— Si N1 et N2 sont équivalentes, il existe des réels α, β strictement positifs tels que

∀ x ∈ E , αN1 ( x) 6 N2 ( x) 6 βN1 ( x)

Si (un ) converge vers ` au sens de N1 (par exemple), alors N1 (un − `) tend vers 0 et, puisque N2 (un −
`) 6 βN1 (un − `), on a aussi lim N2 (un − `) = 0 donc (un ) converge aussi vers ` au sens de N2 .
n→∞

— Réciproquement, supposons que toute suite (un ) d’éléments de E qui converge au sens N1 est aussi
N2
convergente au sens de N2 , et montrons qu’il existe β > 0 tel que N2 6 βN1 , i.e que le rapport est
N1
N2 ( x)
borné sur E \ {0}. Par l’absurde, on a : ∀ M ∈ R+ , ∃ x ∈ E \ {0} tq > M. En particulier, pour
N1 ( x)
1
tout entier n, on pourrait trouver xn ∈ E tel que N2 ( xn ) > nN1 ( xn ). Posons alors yn = √ xn .
nN1 ( xn )
1
Puisque N1 ( yn ) = √ , la suite ( yn ) converge vers 0 au sens de N1 . Elle devrait donc être conver-
n
1 √
gente au sens de N2 . Mais N2 ( yn ) = √ N2 ( xn ) > n montre que la suite ( yn ) n’est pas
nN1 ( xn )
même pas bornée au sens de N2 , d’où la contradiction.


Remarque : Lorsque les normes ne sont pas équivalentes, une suite peut être convergente au sens de l’une
mais pas au sens de l’autre. Considérer E = C([0, 1], R), et f n : t 7→ tn . ( f n ) converge vers 0 au
sens de k k1 , mais diverge au sens de k k∞

Théorème .3. Caractérisation séquentielle de l’adhérence


Soit A une partie d’un espace vectoriel normé E. Alors

a ∈ A ⇐⇒il existe une suite d’éléments de A qui converge vers a.

 Preuve :

— Soit a ∈ A. Par définition, tout voisinage de a rencontre A. Donc, pour tout n ∈ N∗ , l’intersection de
1 1
la boule ouverte de centre a et de rayon est non vide, i.e qu’il existe an ∈ A tel que k an − ak < .
n n
La suite ( an ) est donc bien une suite d’éléments de A qui converge vers a.
— Réciproquement, supposons qu’il existe une suite ( an ) d’éléments de A qui converge vers a. Alors,
pour tout voisinage V de a, il existe un entier n0 ∈ N tel que an appartienne à V pour n > n0 . En
particulier, V ∩ A est non vide. Ainsi, tout voisinage de a rencontre A, ce qui signifie que a ∈ A.

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9 Chap. 6 - E.V.N (Partie 2) M.P

Théorème .4. Caractérisation séquentielle des fermés


Une partie A d’un espace vectoriel normé est un fermé si et seulement si toute suite d’éléments de A qui
converge dans E converge dans A.

 Preuve :

— Supposons A fermé, et soit ( an )n∈N une suite d’éléments de A qui converge vers ` ∈ E.
D’après le théorème précédent, on a ` ∈ A. Mais puisque A est fermé, A = A donc ` ∈ A.
— Réciproquement, supposons que toute suite d’éléments de A qui converge dans E converge dans A.
En utilisant le th. précédent, on en déduit que, si a ∈ A alors a ∈ A ; ainsi A ⊂ A donc A = A et A
est fermée.


Applications :
1. Soit A une partie fermée bornée non vide de R. Alors sup A et inf A appartiennent à A.
2. Le groupe orthogonal On (R), le groupe spécial SLn (R) sont des fermés de Mn (R).
3. Le groupe linéaire GLn (K) est un ouvert de Mn (R).
4. Soit f une fonction réelle définie sur un fermé de R. Le graphe de f est un fermé de R2 .

 Preuve :

1. Soit M = sup A. Par définition ∀ε > 0, ∃ a ∈ A tel que M − ε < a 6 M. En appliquant cette définition
1 1
avec ε = et n ∈ N∗ , on obtient l’existence de an ∈ A tel que | M − an | < . La suite ( an ) converge
n n
donc vers M dans R. A étant fermé, M ∈ A d’après le résultat précédent.
2. Les autres utiliser seulement le résultat précédent et la définition de chaque ensemble.


Proposition .11. Caractérisation séquentielle d’une partie dense


Soit A une partie d’un espace vectoriel normé E. Alors A est une partie dense dans E si et seulement si
tout élément de E est limite d’une suite d’éléments de A.

 Preuve :
En effet, dire que A est une partie dense de E signifie que A = E, et il suffit d’utiliser la caractérisation
séquentielle de l’adhérence. 

Exemple : Le groupe linéaire GL p (K) est dense dans M p (K) :


En effet, soit A ∈ M p (K). A possède un nombre fini de valeurs propres ; notons r le module
minimum des valeurs propres non nulles de A (s’il en existe, sinon on peut choisir r = 1). Pour
r r
tout n ∈ N∗ , les matrices A − I p sont inversibles (car ne peut être une valeur propre
n+1 n+1
de A), et forment une suite de matrices de GL p (K) qui converge vers A.

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M.P Chap. 6 - E.V.N (Partie 2) 10

V Compacité dans un espace vectoriel normé

Définition .12. Partie compacte


Une partie K d’un espace vectoriel normé est dite compacte (ou un compact) si elle vérifie la propriété
,dite de Bolzano-Weierstrass :
De toute suite d’éléments de K on peut extraire une sous-suite convergente vers un élément de K.

Exemples :
1. Toute partie finie d’un espace vectoriel normé est compacte.
2. Tout segment [ a, b] de R est un compact.
3. R n’est pas compact.

Proposition .12.
Soit K une partie d’un espace vectoriel normé .
→ K compact =⇒ K bornée.
→ K compact =⇒ K fermé.
→ Si K est un compact, et si F est un fermé inclus dans K, alors F est compact.

 Preuve :

1. Supposons K compact. Si, par l’absurde, K n’était pas bornée, on aurait

∀ M ∈ R+ , ∃ x ∈ K tq k xk > M

En particulier, on pourrait construire une suite ( xn ) d’éléments de K telle que k xn k > n pour tout n. Il
est clair qu’on ne peut alors extraire de ( xn ) aucune suite convergente, d’où la contradiction.
2. Supposons K compact. Pour montrer que K est une partie fermée, utilisons la caractérisation séquen-
tielle des fermés : si ( xn ) est une suite d’éléments de K qui converge vers ` ∈ E, puisqu’il existe une
suite extraite qui converge dans K et que toute suite extraite converge vers `, on a bien ` ∈ K !
3. De toute suite d’éléments de F on peut extraire une suite qui converge dans K (puisque F ⊂ K et K
compact) ; mais puisque F est fermé, cette suite extraite converge en fait dans F, ce qui montre que F est
compact.


Remarque : Une partie fermée et bornée n’est pas nécessairement compacte.


Exemple : Dans E = C([0, 2π ], C), muni de la norme k k∞ , la sphère unité n’est pas compacte.
En effet, considérons la suite ( f n ) définie par : ∀n ∈ N, ∀t ∈ [0, 2π ], f n (t) = eint . Pour tout n,
k f n k∞ = 1, donc les f n forment bien une suite de la sphère unite de E.
De plus, si (n, m) ∈ N2 , on a ∀t ∈ [0, 2π ],
n+m 
n − m
 
n − m

int imt i 2 t

| f n (t) − f m (t)| = e − e = e 2i sin t = 2 sin
t
2 2

donc pour n 6= m, k f n − f m k∞ = 2.
Aucune suite extraite de ( f n ) ne peut donc vérifier le critère de Cauchy et, a fortiori, ne peut
être convergente.

On a d’ailleurs le théorème suivant, plus général :

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11 Chap. 6 - E.V.N (Partie 2) M.P

Théorème .5. Théorème de Riesz (H.P)


La boule unité d’un espace vectoriel normé E est compacte si et seulement si E est de dimension finie.

Cependant :

Théorème .6. Compacité en dimension finie


Soit K une partie d’un espace vectoriel normé E de dimension finie, alors K est compact si et seulement
si K est un fermé borné.

 Preuve :
L’implication de gauche à droite a déjà été faite.
Soit donc K une partie fermée bornée d’un espace vectoriel E de dimension finie, et ( xn ) une suite d’élé-
ments de K. D’après le th. de Bolzano-Weierstrass, ( xn ) étant bornée dans un espace vectoriel normé de
dimension finie, on peut en extraire une suite convergente dans E. K étant fermée, cette suite converge
dans K.
Ainsi, de toute suite d’éléments de K on peut extraire une suite convergente vers un élément de K : K est
compact. 

Proposition .13.

→ Tout espace vectoriel de dimension finie est complet.


→ Tout sous-espace vectoriel de dimension finie d’un e.v.n est fermé.

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M.P Chap. 6 - E.V.N (Partie 2) 12

VI Limites d’une application


Dans toute la suite, ( E, k k E ) et ( F, k k F ) deux espaces vectoriels normés sur K = R ou C.
Soit D une partie de E et f une application de D dans F.

Définition .13. Notion de limite


On dit que f admet une limite en a ∈ D s’il existe ` ∈ F tel que :

∀ε > 0 , ∃α > 0 ; ∀ x ∈ D : k x − ak E < α =⇒ k f ( x) − `k F < ε

Remarque : La définition ci-dessus peut aussi s’écrire

∀ε > 0 , ∃α > 0 ; ∀ x ∈ D : x ∈ B( a, α ) =⇒ f ( x) ∈ B(`, ε)

ou encore, puisque toute boule ouverte de centre x est un voisinage de x et que tout voisinage
de x contient une boule ouverte de centre x :

∀V ∈ V (`) , ∃U ∈ V ( a) ; f (U ∩ D ) ⊂ V

L’avantage de cette écriture est qu’elle peut s’adapter aux cas a = +∞ lorsque E = R et D = N
(cas des suites), a = ±∞ lorsque E = R et ` = ±∞ lorsque F = R.

Théorème .7. Premières propriétés

• Si f admet une limite ` en a , le vecteur ` de la définition est unique.


on note alors ` = lim f ( x) ou bien ` = lim f ( x) ou bien ` = lim f .
x→ a x→ a a
x∈ D
• Si f admet une limite en a alors f est bornée au voisinage de a ;
• Si f admet une limite en a ∈ D alors lim f ( x) = f ( a).
x→ a

 Preuve :
Elles sont analogues aux cas des fonctions numériques vues en MPSI. 

Théorème .8. Caractérisation séquentielle de la limite


Les propriétés suivantes sont équivalentes :
• f admet la limite ` en a ∈ D ;

• Pour toute suite ( xn )n∈N d’éléments de D qui converge vers a, la suite f ( xn ) n∈N converge vers `.

 Preuve :
Elle est analogue à celle des fonctions numériques. 

Proposition .14. Limite par encadrement


Si k f ( x) − `k 6 ϕ( x); ∀ x ∈ D et lim ϕ( x) = 0 alors lim f ( x) = `.
x→ a x→ a

Année 2022/2023 C.P.G.E. Meknès


13 Chap. 6 - E.V.N (Partie 2) M.P

 Preuve :
Voir cours le cas numérique cours MPSI. 

Définition .14. Applications coordonnées


On note B = (e1 , . . . , en ) une base de F. Pour tout x ∈ D, on note ( f 1 ( x), . . . , f n ( x)) les coordonnées de
f ( x) dans la base B :
 
n
f 1 ( x )
∀ x ∈ A : f ( x) = ∑ f k ( x)ek ou encore MatB ( f ( x)) =  ... 
 
k=1
f n ( x)

Pour tout k ∈ {1, . . . , n}, on appelle kème application coordonnée de f dans la base B l’application f k , qui
va de D dans K.

Proposition .15. Caractérisation par coordonnées


n
Avec les notations précédentes ; la fonction f admet pour limite ` = ∑ `k ek en a si, et seulement si, pour
k=1
tout k ∈ {1, . . . , n}, l’application coordonnée f k admet pour limite `k en a.

 Preuve :
Procéder par la caractérisation séquentielle puis appliquer le résultat des suites dans un e.v.n en dimen-
sion finie. 

VII Opérations sur les limites

Théorème .9. Limite d’une somme


Si lim f ( x) = ` et lim g( x) = `0 existent, alors lim( f + g)( x) existe et est égale à ` + `0 .
x→ a x→ a x→ a

 Preuve :
Utiliser la caractérisation séquentielle puis appliquer le résultat des suites dans un e.v.n. 

Théorème .10. Multiplication par un scalaire


Soit ϕ une application de D dans K. Si lim f ( x) = ` ∈ E et lim ϕ( x) = λ ∈ K existent, alors lim(ϕ · f )( x)
x→ a x→ a x→ a
existe et est égale à λ · `.

 Preuve :
Utiliser la caractérisation séquentielle puis appliquer le résultat des suites dans un e.v.n. 

Mr. FARESS Moussa Année 2022/2023


M.P Chap. 6 - E.V.N (Partie 2) 14

Théorème .11. Composition des limites

Soient G un espace vectoriel normé et g : f ( D ) −→ G . Si lim f ( x) = b ∈ f ( D ) et lim g( x) = c alors


x→ a x→b
lim go f ( x) = c.
x→ a

 Preuve :
Utiliser la caractérisation séquentielle puis appliquer le résultat des suites dans un e.v.n. 

VIII Continuité d’une application

Définition .15. Continuité, prolongement par continuité

I Si a ∈ D et lim f = ` alors ` = f ( a), on dit que f est continue en a.


a
I Si a ∈ D \ D et lim f = ` alors f est prolongeable par continuité sur D ∪ { a} par :
a

f ( x) si x ∈ D
fe( x) =
` si x = a

I Une application est continue sur D lorsqu’elle est continue en tout point de D. On note C( D, F ) ou
C 0 ( D, F ) l’ensemble des fonctions continues sur D à valeurs dans F.

Exemple : Les normes sont des applications continues.

Définition .16. Continuité uniforme


On dira que f est uniformément continue sur D si et seulement si :

∀ε > 0, ∃α > 0 tq ∀( x, y) ∈ A2 , k x − yk < α =⇒ k f ( x) − f ( y)k < ε

Définition .17. Application lipschitzienne


Soit k ∈ R+ . f est dite k-lipschitzienne si et seulement si :

∀( x, y) ∈ D2 , k f ( x) − f ( y)k F 6 k k x − yk E

Elle est dite contractante si elle est k-lipschitzienne avec k < 1.

Proposition .16.

→ Si f est uniformément continue sur D, alors f est continue sur D.


→ Si f est lipschitzienne sur D, alors f est uniformément continue sur D.

Année 2022/2023 C.P.G.E. Meknès


15 Chap. 6 - E.V.N (Partie 2) M.P

 Preuve :
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . A faire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 

Théorème .12. Caractérisation de la continuité

→ f est continue en a si et seulement si pour toute suite ( xn )n d’éléments de D qui converge vers a, la
suite image ( f ( xn ))n converge vers f ( a).
→ Si F est de dimension finie, alors f est continue en a ∈ D (resp.sur D) si, et seulement si, ses applications
coordonnées le sont aussi.

 Preuve :
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . A faire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 

Proposition .17. Continuité et opérations algébriques

→ Si f est continue sur D, et si ∆ ⊆ D, alors la restriction f ∆ de f à ∆ est continue sur ∆.


→ Si f est continue sur D, si g est continue sur une partie ∆ de F contenant f ( D ), alors go f est continue
sur D.
→ Une combinaison linéaire d’applications continues sur D est encore une application continue sur D.
→ Si ϕ est à valeurs dans K, continue sur D, et si f est continue sur D, alors ϕ. f est continue sur D.

 Preuve :
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . A faire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 

Exemples :
1. On rappelle que l’application norme est une application continue.
2. On rappelle que toute application lipschitzienne est continue.
3. Les fonctions monômes de plusieurs variables ( x1 , . . . , xn ) 7−→ λ.xk11 · · · xknn sont continues
sur Kn .
4. Les fonctions polynômes de plusieurs variables, sont continues sur Kn .
5. En particulier, le déterminant est une application continue sur Mn (K).
6. Si f est continue, alors k f k est continue.

IX Continuité et topologie des evns

Théorème .13. Un grand résultat


Les propositions suivantes sont équivalentes :
(a) f est continue sur E.
(b) l’image réciproque par f de tout ouvert de F est un ouvert de E.
(c) l’image réciproque par f de tout fermé de F est un fermé de E.

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M.P Chap. 6 - E.V.N (Partie 2) 16

 Preuve :

— (b) ⇐⇒ (c) car, si A est une partie de F, f − ( F \ A) = E \ f −1 ( A).


— (a) =⇒ (b) : supposons donc f continue sur E, soit V un ouvert de F, et U = f −1 (V ).
— Si U = ∅, U est bien un ouvert !
— Sinon, pour prouver que U est ouvert, montrons qu’il est voisinage de tous ses points.
Soit donc a ∈ U, i.e f ( a) ∈ V. V étant un ouvert, c’est un voisinage de f ( a) et la définition de la
continuité de f en a donne : ∃W ∈ V ( a) tq f (W ) ⊂ V
On a alors f −1 ( f (W )) ⊂ f −1 (V ) = U d’où W ⊂ U (l’inclusion W ⊂ f −1 ( f (W )) est bien
connue... il y a égalité lorsque f est injective). Ainsi U contient W qui est un voisinage de a,
donc est bien un voisinage de a.
— (b) =⇒ (a) : Supposons donc que l’image réciproque par f de tout ouvert de F soit un ouvert de E. On
veut démontrer que f est continue sur E, i.e en tout point de E. Soit donc a ∈ E et V un voisinage de
f ( a). Par définition d’un voisinage, il existe une boule ouverte B de centre f ( a) qui est incluse dans
V. Par hypothèse, U = f −1 ( B) est un ouvert, et cet ouvert contient a. De plus, f (U ) = f ( f −1 ( B) ⊂ B
(là encore, c’est une propriété connue...et ici, il y a égalité lorsque f est surjective).
Ainsi, on a obtenu : ∀V ∈ V ( f ( a)), ∃U ∈ V ( a) tq f (U ) ⊂ V
ce qui est exactement la définition de la continuité de f en a.


Exemples : Soit g : E −→ R une application continue sur un e.v.n E et a ∈ R,


1. Les ensembles O1 = { x ∈ E / g( x) < a}; O2 = { x ∈ E / g( x) > a}
et O3 = { x ∈ E / g( x) 6= a} sont des ouverts de E.
2. Les ensembles F1 = { x ∈ E / g( x) 6 a}; F2 = { x ∈ E / g( x) > a} et F3 = { x ∈ E / g( x) = a}
sont des fermés de E.

Théorème .14. Le théorème des bornes atteintes

• L’image d’un compact par une application continue est un compact.


• Si f est continue sur E et K un compact de E alors il existe α et β de K tels que

k f (α )k F = min k f ( x)k F , k f (β)k F = max k f ( x)k F


x∈K x∈K

 Preuve :

1. Conformément à la définition, il s’agit de montrer que, de toute suite d’éléments de f (K ), on peut


extraire une suite convergente dans f (K ).
Soit donc ( yn ) une suite d’éléments de f (K ) ; il existe donc ( xn ) ∈ KN tq yn = f ( xn ) pour tout n.
( xn ) étant une suite d’éléments de K compact, on peut en extraire une suite ( xϕ(n)) qui converge vers
` ∈ K. Alors la suite ( yϕ(n) ) est extraite de ( yn ) et converge vers f (`) ∈ f (K ) puisque f est continue.
2. Si K est un compact de E et si f est continue sur K,alors f (K ) est un compact de F.
L’application k k F étant une application continue, l’ensemble {k f ( x)k , x ∈ K } est donc aussi une par-
tie compacte de R, c’est-à-dire une partie fermée bornée de R. Elle contient donc ses borne supérieure
et inférieure.
Ainsi M = max k f ( x)k et m = min k f ( x)k existent, et il existe x0 et x1 dans K tels que k f ( x0 )k = M et
x∈K x∈K
k f ( x1 )k = m.


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17 Chap. 6 - E.V.N (Partie 2) M.P

Exemple : Mn,1 (K) est muni d’une norme k k. Soit A une matrice de Mn (K).
N ( A) := sup{k AX k / X ∈ Mn,1 (K) et k X k = 1} est bien définie et elle est atteinte. De plus
cette quantité définie une norme d’algèbre unitaire sur Mn (K).

Définition .18. Partie connexe par arcs

I Un arc joignant les points x et y dans une partie A ⊂ E est une application γ continue de [0, 1] dans A
telle que γ (0) = x et γ (1) = y.
I On appelle chemin de E une application continue γ de [0, 1] dans E.
I Une partie A est dite connexe par arcs si et seulement si : ∀ x, y ∈ A il existe un arc joignant x et y.

Théorème .15. Tout sur la connexité

• Les parties connexes par arcs dans R sont les intervalles.


• L’image d’une partie connexe par arcs par une application continue est aussi connexe par arcs.
• Si f : A −→ R une application continue avec A connexe par arcs,alors :

∀ x, y ∈ A, ∀µ ∈ [ f ( x), f ( y)] ∃c ∈ A tel que f (c) = µ

• Si f : A −→ Z une application continue avec A connexe par arcs,alors f est constante.

 Preuve :

1. Les intervalles de R sont des convexes , donc des connexes par arcs.
Inversement , soit A une partie connexes par arcs de R .Soit x et y de A
donc il existe un chemin continue f : [0, 1] −→ A tel que f (0) = x et f (1) = y.
donc x ∈ f ([0, 1]) et y ∈ f ([0, 1]) , or f ([0, 1]) est intervalle car f est continue , par suite [ x, y] ⊂
f ([0, 1]) ⊂ A , donc A c’est un intervalle.
2. Soit f ( x) et f ( y) deux éléments de f ( A) .
x et y de A , donc il existe un chemin σ continue reliant x et y , par suite f ◦ σ est un chemin continue
reliant f ( x) et f ( y).
3. D’après ce qui précède f ( A) est un connexe par arcs de R , donc c’est un intervalle.
donc pour x, y ∈ A on a [ f ( x), f ( y)] ⊂ f ( A) , par suite pour µ ∈ [ f ( x), f ( y)] on a µ ∈ f ( A).


X Continuité des applications multilinéaires

Théorème .16. Continuité d’une application linéaire


Soient E et F deux espaces vectoriels normés et u ∈ L( E, F ). Les propriétés suivantes sont équivalentes :
(a) L’application u est continue.
(b) L’application u est continue en 0 E .
(c) L’application u est bornée sur la boule unité B f (0, 1) = { x ∈ E, k xk 6 1}.
(d) L’application u est bornée sur la sphère unité S(0, 1) = { x ∈ E, k xk = 1}.
(e) Il existe un réel C te > 0 tel que, pour tout x ∈ E, ku( x)k 6 C te k xk.
(f) L’application u est lipschitzienne.
(g) L’application u est uniformément continue sur E.

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M.P Chap. 6 - E.V.N (Partie 2) 18

 Preuve :

( a) ⇒ (b) Si est continue sur E alors en particulier en 0 E .


(b) ⇒ (c) Supposons u continue en 0. La définition de la continuité en un point donne en particulier
∃α > 0 tq k xk 6 α =⇒ ku( x)k 6 1
1
Pour tout x ∈ B f (0, 1), on a kαxk = α k xk 6 α, donc ku(αx)k = kαu( x)k 6 1 puis ku( x)k 6 , donc u
α
est bornée sur B f (0, 1).
(c) ⇒ (d) Car la sphère unité est incluse dans la boule unité fermé.
(d) ⇒ (e) u bornée sur la sphère unité s’écrit
∃ M ∈ R+ tq k xk = 1 =⇒ ku( x)k 6 M.
 
x x
Pour tout x ∈ E \ {0}, est de norme 1, donc u 6 M puis par linéarité, ku( xk 6 M k xk.
k xk k xk
Cette égalité étant également vraie pour x = 0, on obtient le résultat voulu.
(e) ⇒ ( f ) Si ku( x)k 6 k k xk pour tout x, on a alors, pour tout ( x, y) ∈ E2
ku( x) − u( y)k = ku( x − y)k 6 k k x − yk
donc u est k-lipschitzienne.
( f ) ⇒ ( a) Propriété vérifiée dans le cas general.


Remarques :
1. Une application linéaire n’est pas nécessairement continue !
Exemple : On munit l’espace vectoriel R[ X ] de la norme k k∞ définie par :
Si P = ∑ ai X i , k Pk∞ = max | ai |.
i i

Soit ϕ la forme linéaire définie sur R[ X ] par ϕ( P) = P(1). Alors, pour Pn = 1 + X + . . . + X n


(n ∈ N), on a k Pn k∞ = 1 (i.e les Pn appartiennent à la sphère unité), et ϕ( Pn ) = n + 1. n étant
aussi grand que l’on veut, ϕ n’est pas bornée sur la sphère unité, donc n’est pas continue.
2. Une application linéaire peut être continue pour une norme, mais pas pour une autre ! (si
elles ne sont pas équivalentes).


Exemple : Lorsqu’on munit R[ X ]) de la norme k k1 définie par ∑ ai X i = ∑ | ai |, alors ϕ

i i
1

est continue ! En effet, |ϕ( P) = | P(1)| = ∑ ai 6 ∑ | ai | = k Pk1 , donc ϕ est continue en

i i
vertu de la propriété (e).

Théorème .17. Cas de la dimension finie


Si E est de dimension finie, toute application linéaire u ∈ L( E, F ) est continue.

 Preuve :
E étant de dimension finie, toutes les normes y sont équivalentes. Soit B = (e1 , . . . , en ) une base de E,
que l’on munit de la norme k k1 associée.

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19 Chap. 6 - E.V.N (Partie 2) M.P

n
On a alors, si u ∈ L( E, F ) et x = ∑ xi ei
i =1

n n
ku( x)k F = ∑ xi u(ei ) 6 ∑ | xi | ku(ei )k F

i =1 i =1
F
n
6 M ∑ | xi | avec M = max ku(ei )k F
i =1 1 6i 6 n

Ainsi, ku( x)k F 6 M k xk1 , ce qui prouve que u est continue. 

Exemples :
1. L’application trace de Mn (K) dans K est continue sur Mn (K).
2. Pour toute matrice A ∈ Mn (K), l’application X 7−→ AX de Mn,1 (K) dans Mn,1 (K), est
continue sur Mn,1 (K).
3. Si P ∈ GLn (K), alors M 7−→ P−1 MP est continue sur Mn (K).

Théorème .18. Applications multilinéaires continues


Soient ( Ek )16k6 p des p-espaces vectoriels normés , muni chacun d’une norme notée k kk . On munit
p
l’espace vectoriel produit E = ∏ Ek de la norme (produit) k k∞ définie par :
k=1

∀ x = ( x1 , . . . , xn ) ∈ E, k xk∞ = max k xk kk
16k 6 p

Soit F un espace vectoriel normé , et u : E −→ F une application p-linéaire. Alors, les propriétés suivantes
sont équivalentes :
(a) u est continue.
(b) u est continue en 0 E .
(c) u est bornée sur le produit B1 × . . . × B p , où Bk est la boule unité fermé de Ek .
(d) u est bornée sur le produit S1 × . . . × S p , où Sk est la sphère unité de Ek .
(e) Il existe un réel C te > 0 tel que, pour tout x = ( x1 , . . . , x p ) ∈ E, on ait
u( x1 , . . . , x p ) 6 C te k x1 k · k x2 k · · · x p

F 1 2 p

 Preuve :

( a) ⇒ (b) Si est continue sur E alors en particulier en 0 E .


(b) ⇒ (c) Supposons u continue en 0. La définition de la continuité en un point donne en particulier
∃α > 0 tq k xk E 6 α =⇒ ku( x)k F 6 1
Pour tout x = ( x1 , . . . , x p ) ∈ B1 × · · · B p , on a k xi ki 6 1
donc k xk∞ 6 1 et kαxk = α p k xk 6 α,
donc ku(αx)k = kαu( x)k = α p ku( x)k 6 1
1
puis ku( x)k 6 p , donc u est bornée sur B1 × · · · B p .
α
(c) ⇒ (d) Le produit S1 × . . . × S p est inclus dans le produit B1 × . . . × B p .
(d) ⇒ (e) u bornée sur S1 × · · · × S p s’écrit
∃ M ∈ R+ tq k xi k = 1 pour tout i =⇒ u( x1 , . . . , x p ) 6 M.
!
p
x1 xp
Pour tout x = ( x1 , . . . , x p ) ∈ ∏ Ei \ {0}, ,..., appartient à S1 × · · · × S p ,
i =1 k x1 k1 x p
p

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M.P Chap. 6 - E.V.N (Partie 2) 20

!
x1 xp
donc u ,..., 6 M puis par multilinéarité,

k x1 k1 xp p

ku( xk 6 M · k x1 k1 · k x2 k2 · · · x p p x.

Cette égalité étant également vraie lorsque l’un des xi est nul, on obtient le résultat voulu.
(e) ⇒ ( a) Supposons (e) vérifiée, et soit a ∈ E. Montrons que u est continue en a.
Pour simplifier l’écriture, on supposera ici p = 2. Soit donc x = ( x1 , x2 ) et a = ( a1 , a2 ) dans E. On a

u( x) − u( a) = u( x1 , x2 ) − u( a1 , a2 )
= u( x1 , x2 ) − u( a1 , x2 ) + u( a1 , x2 ) − u( a1 , a2 )
= u( x1 − a1 , x2 ) + u( a1 , x2 − a2 )

donc

ku( x) − u( a)k 6 ku( x1 − a1 , x2 )k + ku( a1 , x2 − a2 )k


6 k k x1 − a1 k k x2 k + k k a1 k k x2 − a2 k

6 k k x2 k + k a1 k k x − ak∞

ce qui montre que lim u( x) = u( a).


x→ a


Théorème .19. Cas de la dimension finie


Si E1 , . . . , E p sont des espaces vectoriels de dimension finie, alors toute application p-linéaire sur l’espace
produit E1 × · · · × E p est continue.

 Preuve :
Là encore, pour simplifier l’écriture, on supposera ici p = 2.
Soit (e1 , . . . , en ) une base de E1 et (e01 , . . . , e0m ) une base de E2 . Toutes les normes sur un espace vectoriel de
dimension finie étant équivalentes ; on supposera E1 et E2 munis chacun de la norme k k∞ .
n m
Soient x = ∑ xi ei ∈ E1 et y = ∑ y j e0j ∈ E2 . On a
i =1 j=1
!
n m
u( x, y) = u ∑ xi ei , ∑ y j e0j = ∑ xi y j u(ei , e0j )
i =1 j=1 i, j
d’où, d’après l’inégalité triangulaire :
0

k u ( x, y )k 6 ∑ | i| j i j .
x y u ( e , e )

F
F
i, j

0

Si on note alors k = ∑ u(ei , e j ) , puisque | xi | 6 k xk∞ et y j 6 k yk∞ , on aura ku( x, y)k F 6 k k xk∞ ·

F
i, j
k yk∞ .


Exemples :
1. On retrouve la continuité du déterminant d’une famille de vecteurs dans une base, qui est
linéaire par rapport à chaque vecteur.
2. Dans un espace préhilbertien, le produit scalaire est une application continue.
3. Le produit matriciel ( A, B) 7−→ A × B, et la composition (u, v) 7−→ uov sont continues
respectivement sur Mn (K)2 et L( E, F ) × L( F, G ).
4. Le produit externe (λ, x) 7−→ λ.x de K × E dans E est continu.

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 Preuve :
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . A faire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 

F ii n
n

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