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THÉORIE DES FONCTIONS

ÉTUDE SPÉCIALISÉE

Prof. Grigorie Dan Lucian – Lycée Spécial "Saint Vasile" Craiova

1. L’image d’un ensemble à travers une fonction

Définition : Soit f : E → F et A ⊆ E . Appelons l'image par f de l'ensemble A


l'ensemble : f ( A )={ f ( x ) ∨x ∈ A } ⊆F .

Si A = E, l'ensemble f(E) sera appelé l'ensemble effectif des valeurs de la fonction f.


Exemple : Soit la fonction
1
f : R−{ 0 } → R , f ( x )=x + . Montrons que f ( R−{ 0 }) =(−∞ ,−2 ] ∪ ¿
x

Nous allons montrer cette égalité des ensembles par double inclusion.
1
Soit y ∈ f (R− { 0 } ), y=x + avec x ∈ R− { 0 }
x

Si

x >0, alors x +1/ x−2=(x 2+1−2 x )/ x=( x−1 )2 / x> 0 avec l’égalité pour x=1

Si
x <0, alors x +1/ x+ 2=( x 2 +1+2 x)/ x=( x +1 )2 / x< 0 avec l’égalité pour x=−1

On en déduit que y ∈ (−∞ ,−2 ] ∪ ¿, alors f ( R−{ 0 }) ⊂ (−∞,−2 ] ∪¿

Soit maintenant y ∈ (−∞ ,−2 ] ∪ ¿, alors | y|> 2

Montrons que ∃ x ∈ R−{ 0 } tel que y=x +1/ x ⇔ x 2 +1= yx ⇔ x 2− yx +1=0

Comment ∆= y 2−4 ≥ 0, on en déduit l’existence d’un x avec la propriété recherchée

Donc (−∞ ,−2 ] ∪¿ ⊂f ( R−{ 0 })

Théorème : Soit f : E → F et A , B ⊆ E . Les affirmations suivantes sont vraies :

1) A ⊆ B⇒ f ( A ) ⊆ f ( B )
2) f ( A ∪ B )=f ( A ) ∪ f ( B )
3) f ( A ∩ B ) ⊆ f ( A ) ∩ f ( B )

Manifestation:
1) Évident.
2) Soit y ∈ f ( A ∪ B ) , alors ( ∃ ) x ∈ A ∪ B, tel que y=f ( x ) As x ∈ A ou x ∈ B

on en déduit que

f ( x ) ∈ f ( A ) ou f ( x ) ∈ f ( B ) , c’est-à-dire y ∈ f ( A ) ∪ f ( B ). Alors f ( A ∪ B ) ⊆ f ( A ) ∪ f ( B )

Comment A ⊆ A ∪ B et B⊆ A ∪ B selon 1 ¿ f ( A ) ⊆ f ( A ∪ B ) et f ( B ) ⊆ f ( A ∪ B )

d'où il s'ensuit que f ( A ) ∪ f ( B ) ⊆ f ( A ) ∩ f ( B )

3) Comment
A ∩ B⊆ A et A ∩ B⊆ B , selon 1 ¿, on en déduit que f ( A ∩ B ) ⊆ f ( A ) et f ( A ∩ B ) ⊆ f ( B ) d'où il
s'ensuit que f ( A ∩ B ) ⊆ f ( A ) ∩ f ( B )

2. Composition des fonctions

Soit f : E → F et g :G→ H deux fonctions pour lesquelles f ( E ) ⊂ G

Nous définirons une autre fonction h : E → H ,comme suit : ∀ x ∈ E, h ( x )=g(f ( x ))

La fonction h définie ci-dessus est appelée le composé de la fonction g avec f et sera


notée h=gof

Pour un ensemble E nous désignerons 1 E : E → E la fonction définie comme suit :


∀ x ∈ E nous avons 1 E ( x )= x

Théorème : Soit f : E → F , g :G→ H , h : I → J pour quoi f ( E ) ⊂ G , g ( G ) ⊂ I . Alors

1) ( hog ) of =ho ( gof )


2) 1 F of =f , fo1 E=f

3. Fonctions injectives

Définition : Soit f : E → F une fonction. On dira que f est injective si ∀ x , y ∈ E ,


x≠ y ⇒ f (x)≠f ( y)

Théorème Soit f : E → F . Les affirmations suivantes sont équivalentes:


1) f est injectif ;
2) si pour ∀ x , y ∈ E nous avons f ( x )=f ( y ) ⇒ x= y

3) ∀ A , B ⊂ E , f ( A ∩ B ) =f ( A ) ∩f ( B )

Manifestation:
1) ⇒ 2) Soit x , y ∈ E tel que f ( x )=f ( y ). Si par absurdité, comme f est injectif, il en
résulterait f ( x ) ≠ f ( y ) une contradiction. De manière analogue on en déduit que 2) ⇒ 1)

2)⇒ 3) d'après le théorème précédent f ( A ∩ B ) ⊆ f ( A ) ∩ f ( B )

Prouvons que f ( A ) ∩ f ( B ) ⊆ f ( A ∩ B )

Soit
y ∈ f ( A ) ∩ f ( B ) ⇒ y ∈ f ( A ) et y ∈ f ( B ) . Alors ( ∃ ) x ∈ A , z ∈ B tel que y=f ( x )=f ( z ), c'est-à-dire
x=z . Comme x ∈ A , z ∈ B , x=z . On en déduit que x ∈ A ∩B

donc y=f ( x ) ∈ f ( A ∩ B ) c'est-à-dire f ( A ) ∩ f ( B ) ⊆ f ( A ∩ B )

3)⇒ 2) Soient x , y tels que f ( x )=f ( y ) et A={ x }, B= { y }. D'après 3)


f ( A ∩ B ) =f ( A ) ∩f ( B )

⇔ f ( A ∩ B )= { f ( x ) } c'est-à-dire A=B={ x }, donc { x }= { y }, c'est-à-dire x = y.

Théorème Soit f : E → F une fonction. Alors f est injective si et seulement si


∃g:F→ E

telle que gof =1 E

Remarque : Si nous composons deux fonctions injectives, nous obtenons toujours


une fonction injective.

4. Fonctions surjectives

Définition : Une fonction f : E → F est dite surjective si : ( ∀ ) y ∈ F , ( ∃ ) x ∈ E telle que


f ( x )= y .

Remarque : Une fonction f est surjective si et seulement si f ( E )=F .

Théorème : Soit f : E → F une fonction. Alors f est surjectif si et seulement si


( ∃ ) g : F → E tel que g=1 F .

Manifestation:
⇒: Soit y ∈ F , alors ( ∃ ) x ∈ E tel que f ( x )= y . Parmi ces x nous en choisissons un x y . Nous
définissons g ( y )=x y on vérifie immédiatement que fog=1F .

⇐: Soit y ∈ F ; alors f (g ( y ))= y et si nous notons x=g ( y ) nous avons que f ( x )= y , c'est-à-
dire que f est surjectif.
Remarque : Si nous composons deux fonctions surjectives, nous obtenons toujours une
fonction surjective.

5. Fonctions bijectives

Définition : Une fonction f : E → F est dite bijective si elle est à la fois injective et
surjective.

Remarque : Une fonction f : E → F est bijective si et seulement si pour chaque y ∈ F , il n'en


existe qu'une x ∈ E telle que y=f ( x ); la fonction g : F → E définie par g ( y )=x est appelée
l'inverse de la fonction f et est notée g=f −1

Donc, si f : E → F est bijectif, alors nous avons une fonction f −1 : F → E définie comme suit :
−1
f ( y )=x ⇔ f ( x )= y ( x ∈ E , y ∈ F ) .

On vérifie immédiatement que f −1 of =1 E et fo f −1=1 F.

Une fonction f : E → F est bijective ⇔ ∃ g : F → E , donc gof =1 E et fog=1F .

Théorème : Soit f : A → B et g :B → C deux fonctions bijectives. Alors gof : A → C est bijectif


et ( gof )−1=f −1 og−1

Manifestation:

Le fait que gof soit bijective résulte du fait que si l'on compose deux fonctions
bijectives on obtient toujours une fonction bijective.

Soit h=f −1 og−1; nous avons

( gof ) oh= ( gof ) o ( f −1 og−1 )=fo ( fo f −1 ) o g−1 =go 1 F og−1=go g−1=1C , et


ho ( gof )=( f −1 o g−1 ) o ( gof )=f −1 o ( g−1 og ) of =f −1 o 1 E of =f −1 of =1 A

5. Fonctions paires

Définition : Soita ∈ R , a> 0. Une fonction f : [−a , a ] → R est appelée paire si


f (−x ) =f ( x ), ∀ x ∈ [−a , a ] .

Exemples : La fonction cos : R → [ −1 ,1 ] est une fonction paire

La fonction f : R → R, f ( x )=x 2 k , ( k ∈ N ) est paire.

Remarque : Un produit fini de fonctions paires est une fonction paire ; une somme
finie de fonctions paires est une fonction paire. Si nous composons deux fonctions paires,
nous obtenons toujours une fonction paire.
6. Fonctions impaires

Définition : Soit a ∈ R , a> 0.Une fonction f : [−a , a ] → R est dite impaire si


f (−x ) =−f ( x ), ∀ x ∈ [−a , a ]

Exemples : sin : R → [−1 , 1 ] est une fonction impaire ;

La fonction f : R → R, f ( x )=x 2 k +1, ( k ∈ N ) est impaire

Remarque : Un produit pair de fonctions impaires est une fonction paire, et un produit impair
de fonctions impaires est une fonction impaire. Une somme finie de fonctions impaires est
une fonction impaire. Si nous composons deux fonctions impaires, nous obtenons toujours
une fonction impaire.

Théorème : Soit f : R → R une fonction impaire et bijective. Alors la fonction


−1
f : R → R est impaire.

Manifestation:

Soit y ∈ R ; pour prouver f −1 ( y )=−f −1 ( y )

Nous avons :
−1
f (f (− y ))=− y et f (−f −1 ( y ))=−f (f −1 ( y ))=− y c’est-à-dire f (f −1 (− y ))=f (−f −1 ( y ))

et donc f −1 (− y )=−f −1 ( y ).

7. Fonctions périodiques

Définition : Une fonction f : R → R est périodique s'il existe un nombre T ≠ 0 pour lequel
f ( x +T )=f ( x ) , ( ∀ ) x ∈ R

Un tel nombre T est appelé période de la fonction f. La plus petite période strictement
positive de la fonction f, si elle existe, est appelée période principale de la fonction f.

Exemples : Les fonctions trigonométriques sont des fonctions périodiques (les fonctions sinus
et cosinus ont une période principale 2 π , et les fonctions tangentes et cotangentes ont une
période principale π ).

Remarques : Si T est la période pour f alors –T est la période pour f.

Si T est la période pour f alors kT est la période pour f, ( k ∈ Z )


Si g est une fonction périodique et f est une fonction alors gof c'est une fonction périodique,
en particulier si nous composons deux fonctions périodiques, nous obtenons toujours une
fonction périodique.

8. Problèmes

1. Soit f : A → B , g :B → C deux fonctions.

i) Si gof est injectif sur A, alors f est injectif sur A.

ii) Si gof est surjectif sur A, alors g est surjectif sur B.

i) Soit x 1 , x 2 ∈ A tel que f ( x 1 ) =f ( x 2 ) ; alors g ( f ( x1 ) ) =g(f ( x 2 )) ⇒ ( gof ) ( x 1 )=( gof ) ( x 2) ⇒ x 1=x 2

ii) Soit y ∈C , comme gof est surjectif ∃ x ∈ A tel que ( gof ) ( x ) = y g ( f ( x ) )= y ⇒ g

surjectif.

2. Soit f , g : A → B deux fonctions et h : B→ C une fonction bijective. Si hof =hog


alors f =g.

Comme h est bijectif


−1
⇒ ∃ h :C → B . De
hof =hog ⇒ h−1 o ( hof )=h−1 o ( hog ) ⇒ ( h−1 oh ) of =( h−1 oh ) og ⇒ 1 B of =1B og ⇒ f =g

1 1
3. Soit f : R → R, et f 1 , f 2 : R → R , f 1 ( x )=
2
[ f ( x ) + f (−x ) ], f 2 ( x )= [ f ( x ) −f (−x ) ]. Alors
2
est pair, f 1 et f 2est impair et f = f 1+ f 2 .

1 1
Soit f 1 (−x )=
2
[ f (−x )+ f ( x ) ] =f ( x ) et f 2 (−x )= [ f (−x )−f ( x ) ] =−f ( x ) .
2

4. Soit f : R → R une fonction périodique et monotone. Alors f est constante.

Comme f est périodique ∃T >0 tel que f ( x +T )=f ( x ) . ( ∀ ) x ∈ R . Supposons que f augmente de
manière monotone. Alors f ( 0 ) ≤ f ( x ) ≤ f ( T ) , ( ∀ ) x ∈ [ 0 , T ] . Comme f ( 0 )=f ( T ) on en déduit
f ( x )=f ( T ), ( ∀ ) x ∈ [ 0 ,T ]

c'est-à-dire que f est constant sur [ 0 , T ] et donc aussi sur R.

Bibliographie:

1) http://matepedia.ro/functii-injective-functii-surjective-functii-bijective/
2) http://meditatioline.ro/44100-24-277-0-0-
Formule_Matematica_Functii_Functii_injective.html#l_24

3) Radu Gheorghe, "Cours d'Algèbre", Université "Al.I. Cuza", Iasi, 2001

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