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Chapitre 4

Fonctions numériques de la variable

réelle

4.1 Dénitions et premières propriétés


4.1.1 Qu'est-ce qu'une fonction ?
Dénition 4.1.1. Soient E et F deux ensembles. On appelle fonction de E dans F ,
un procédé qui, à chaque élément d'une partie de E, associe un et un seul élément de F.
On note

f : E −→ F

x 7→ f (x).

Dans ce cas E est appelé l'ensemble de départ de f ,F est appelé l'ensemble


d'arrivée de f et f (x) et est appelé l'image de x par f .
Certains éléments de E peuvent ne pas avoir d'image par f. L'ensemble des x∈E
qui ont une image est appelé le domaine de dénition de f . On le note Df .
Lorsque Df = E on dit que f est une application de E dans F .
L'ensemble de toutes les fonctions de E dans F est noté F E.

On parle de fonction réelle d'une variable réelle lorsque E = F = R. Dans ce cas la


dénir une fonction f revient à donner l'expression de f (x) en fonction de x, et on a

Df = {x ∈ R | f (x) ∈ R}.

Exemple : La fonction g : R → R, x 7→ ln(4 − x) + x 2
a pour domaine de
dénition l'intervalle Dg =]0; 4[.

4.1.2 Opérations sur les fonctions


Théorème 4.1.2. Soient E et F deux ensembles et soient f :E→F et g:E→F deux
fonctions. Alors
• si a ∈ R, alors a f : E → F, x 7→ a · f (x) est une fonction,
• f + g : E → F, x 7→ f (x) + g(x) est une fonction,
• f · g : E → F, x 7→ f (x) · g(x) est une fonction,
• f1 : E → F, x 7→ f (x)
1
est une fonction,

65
f f (x)
• g
: E → F, x 7→ g(x)
est une fonction.
Pour les domaines de dénition on a Df +g = Df ·g = Df ∩ Dg , D 1 = {x ∈ Df | f (x) 6= 0}
f
et D f = {x ∈ Df ∩ Dg | g(x) 6= 0}
g

Dénition 4.1.3. Soient E, F et G trois ensembles, et soient f :E→F et g:F →G


deux fonctions. On dénit la composée de f et g par :

g ◦ f : E −→ G

x 7→ (g ◦ f )(x) = g(f (x)).

Son domaine de dénition est Dg◦f = {x ∈ Df | f (x) ∈ Dg }.

Exemples : • Si E = F = G = R, en prenant f : x 7→ x2 − 6 et g : x 7→
ln(2x) + 2, alors
g ◦ f : x 7→ ln 2 x2 − 6 + 2, alors que pour f ◦ g

(ici c'est possible car les
ensembles sont les mêmes) :
f ◦ g : x 7→ (ln(2x) + 2)2 − 6. √
• Si E = F = G =√R, f : x 7→ x − 3 + 1 et g : x 7→ x2 − 3,
g ◦ f : x 7→ x − 5 + 2 x − 3.
En eet, (si x > 3),

√ 2
g(f (x)) = f (x)2 − 3 = x−3+1 −3

=x−3+2 x−3+1−3

= x − 5 + 2 x − 3.

4.1.3 Fonctions monotones, minorées, majorées


Dénition 4.1.4. Soit f :R→R une fonction (réelle d'une variable réelle).
• On dit que f est croissante si pour tous x, y ∈ Df , x 6 y ⇒ f (x) 6 f (y),
• on dit que f est décroissante si pour tous x, y ∈ Df , x 6 y ⇒ f (x) > f (y),

• on dit que f est monotone si elle est croissante ou décroissante,


• on dit que f est strictement croissante si pour tous x, y ∈ Df , x < y ⇒
f (x) < f (y) ,
• on dit que f est strictement décroissante si pour tous x, y ∈ Df , x < y ⇒
f (x) > f (y) ,
• on dit que f est strictement monotone si elle est strictement croissante ou
strictement décroissante,
• on dit que f est constante si pour tous x, y ∈ Df , f (x) = f (y) .

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Remarque : Pour les fonctions il n'y a pas de rang comme pour les suites.
Pour exprimer le fait qu'un prédicat P (x) est vrai pour tout x supérieur à
un certain réel x0 ∈ R on dit que P (x) est vrai au voisinage de +∞ . De
même s'il existe un réel x0 ∈ R tel que ∀x 6 x0 , P (x) on dit que P (x) est vrai
au voisinage de −∞ .

On peut bien sûr généraliser cela à des prédicats dépendant de plusieurs va-
riables. Ainsi lorsque

∃x0 ∈ R, ∀x, y > x0 , x 6 y ⇒ f (x) 6 f (y)


on dit que f est croissante au voisinage de +∞.
Exemple : Tout polynôme dont le coecient dominant est positif est croissant au voi-
sinage de +∞.

Dénition 4.1.5. Soit f :R→R une fonction.


• On dit que f est majorée s'il existe M ∈R tel que

∀x ∈ Df , f (x) 6 M.
M est alors un majorant de f.
• On dit que f est minorée s'il existe m∈R tel que

∀x ∈ Df , f (x) > m.
m est alors un minorant de f.
• On dit que f est bornée si elle est à la fois majorée et minorée.

Exemples :
- La fonction exponentielle est minorée (par 0) mais n'est pas majorée.
2
3x
- La fonction f : x 7→ x2 +2 est majorée par 3 et minorée par 0, elle est
bornée.
3x2
- La fonction g : x 7→ n'est ni majorée, ni minorée : il y a un
x2 −2 √ √
problème au voisinage de − 2 et 2 (cf. limites plus bas).

4.1.4 Fonctions injectives, surjectives, bijectives


Dénition 4.1.6. Soient E et F deux ensembles et f : E −→ F une fonction.

Si A ⊂ E, alors on peut dénir l'ensemble image de A par f :

f (A) = {y ∈ F ; ∃x ∈ A, f (x) = y} = {f (x) ; x ∈ A} ⊂ F.


C'est l'ensemble des images par f des éléments de A. L'image f (E) de E par F est
appelée l'image de f.
Si x ∈ Df et y = f (x) est l'image de x par f alors on dit que x est un antécédent
de y par f.
Si B ⊂ F, alors on peut dénir l'ensemble préimage de B par f :

f −1 (B) = {x ∈ E ; f (x) ∈ B} = {x ∈ E ; ∃y ∈ B, f (x) = y} ⊂ E.


C'est l'ensemble des antécédents par f des éléments de B.

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Remarques : • L'ensemble des antécédents de y ∈ F par f est f −1 ({y}).
• L'ensemble f (A) est aussi appelé image directe de A par f et f −1 (B)
est aussi appelé image réciproque de B par f.
• Lorsque f : E → F un élément x∈E peut ne pas avoir d'image (si x∈
/ Df )
mais s'il en a une celle-ci est toujours unique. Un élément y∈F peut ne pas
avoir d'antécédents (si y∈
/ f (E)) et s'il en a ce peut être un ou plusieurs (et
même une innité).

• Déterminer l'ensemble des antécédents de y ∈ F par f revient à trouver


l'ensemble des solutions de l'équation f (x) = y . Et réciproquement, trou-
ver l'ensemble des solutions de l'équation f (x) = g(x) revient à déterminer
l'ensemble des antécédents de 0 par f − g.
• Si B = [a; b] ⊂ F , déterminer sa préimage
 par f revient à trouver l'ensemble


 f (x) > a

des solutions du système d'inéquations Trouver l'ensemble


 f (x) 6 b

des solutions de l'inéquation f (x) > g(x) revient à déterminer la préimage


de R+ par f −g .

Exemples : • f : R → R, x 7→ x2 √
Soit la fonction carré. On a Df = R.
√ On a
aussi
−1 −1
f ({0}) = {0}, f ({2}) = {− 2, 2} et f −1 ({−2}) = ∅.
On a f (R) = f (R+ ) = f (R− ), f ([2; 3]) = [4; 9], f ([−4; −3]) = [9; 16] et
f (] − 2; 5]) = [0; 25]. √ √
−1
Et aussi f (]4; 9[) =] − 3; −2[∪]2; 3[, f −1 ([−5; 3]) = [− 3; 3].
1
g([0, 1]) = [1, +∞[, g [−1; 12 ] =

• Avec g : R −→ R, x 7→ , on a
x
R\] − 1; 2[, g({0}) = ∅.
Et g −1 ([0, 1]) = [1, +∞[, g −1 (R+ ) = R, g −1 ({0}) = ∅.
• Avec h : R −→ R, x 7→ x − E(x) on a h−1 ({0}) = Z
Lemme 4.1.7. Soitf : E −→ F ,
• Soient A, A ⊂ E , si A ⊂ A0 ,
0
alors f (A) ⊂ f (A0 ).

• Soient B, B 0 ⊂ F , si B ⊂ B0, alors f −1 (B) ⊂ f −1 (B 0 ).

Dénition 4.1.8. Soient E et F deux ensembles et f : E −→ F une fonction. La fonc-

tion f est dite injective si tout élément y de F a au plus un antécédent par f.


De façon équivalente, f est injective si deux éléments diérents de son domaine de dé-

nition n'ont jamais la même image :

∀(x, x0 ) ∈ Df × Df , (x 6= x0 ⇒ f (x) 6= f (x0 )) ,


ce qui équivaut (par contraposée) à :

∀(x, x0 ) ∈ Df × Df , (f (x) = f (x0 ) ⇒ x = x0 ) .

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Exemples :
 R −→ Rx 7→ 2x est injective,
 R −→ Rx 7→ x2 n'est pas injective,
 R −→ Rx 7→ x3 est injective,
 R −→ Rx 7→ x3 − x n'est pas injective.
Théorème 4.1.9. Soient E et F des parties de R et soit f : E → F.
Si f est strictement monotone alors f est injective.

Dénition 4.1.10. Soient E et F des parties de R et soit f : E → F.


Si E0 ⊂ E on appelle restriction de f à E0 la fonction

f|E 0 : E 0 −→ F

x 7→ f (x).

Proposition 4.1.11. : Soient E F des parties de R et


et soit f : E → F.
0
Il existe E ⊂E tel que la restriction f|E 0 soit injective.

Exemple : Si f : R → R, x 7→ x2 est la fonction carré, la restriction f|R+ est injective,


de même que f|R− .

Dénition 4.1.12. Soient E et F deux ensembles et f : E −→ F une fonction. La

fonction f est dite surjective si tout élément y de F a au moins un antécédent par

f :

∀y ∈ F ∃x ∈ E, f (x) = y.
De façon équivalente, f est surjective si f (Df ) = F .

Exemples :
 R −→ Rx 7→ 2x est surjective,
 R −→ Rx 7→ x2 n'est pas surjective,
 R −→ Rx 7→ x3 est surjective,
 R −→ Rx 7→ x3 − x est surjective.
Remarque : Pour rendre une fonction surjective, on peut la restreindre à
l'arrivée : changer son ensemble d'arrivée, et prendre son ensemble image,
f (E), comme nouvel ensemble d'arrivée.

Par exemple la fonction f : R → R+ , x 7→ x2 est surjective.

Dénition 4.1.13. Soient E et F deux ensembles et f : E −→ F une fonction. La


fonction f est dite bijective si Df = E et f est à la fois injective et surjective, c'est
à dire :

69
- tout élément x de E admet une et une seule image par f (dans F ),
- tout élément y de F admet un et un seul antécédent par f (dans E ).
On dit que f est une bijection de E sur F

Exemples : • La fonction carré est bijective de R− sur R+ et aussi de R+ sur


R+ .
• Deux ensembles nis sont en bijection si et seulement si ils ont le même
cardinal. (En fait c'est la dénition de cardinal et ça reste vrai pour les
cardinaux innis).

Théorème-Dénition 4.1.14. Si f est bijective de E sur F , alors il existe une unique


fonction g : F −→ E telle que, pour tout x ∈ E , g(f (x)) = x, et, pour tout y ∈ F ,
f (g(y)) = y .
La fonction g est appelée fonction réciproque de f, et est notée f −1 . Elle est bijective
de F sur E , de réciproque f .
On a

f ◦ f −1 : F → F f −1 ◦ f : E → E
et

y 7→ y. x 7→ x.

−1
De plus pour tout A ⊂ E, on a f −1 (A) = f (A), et pour tout B ⊂ F, on a
−1 −1
(f )(B) = f (B) .

Exemples : • La fonction racine carrée est la réciproque de la fonction carré



de R+ dans R+ . La fonction x 7→ − x est la réciproque de la fonction carré
de R− dans R+ .

• La fonction exponentielle et la fonction logarithme népérien sont réci-


proques l'une de l'autre.

• Pour b > 0 les fonction logb et x 7→ bx sont réciproques l'une de l'autre.

f : R −→ R
• Pour a 6= 0 la fonction ane est une bijection (de

x 7→ ax + b
R dans R),

f −1 : R −→ R
et .

1 b
x 7→ ax − a

• La fonction g : R → R, x 7→ 3e x+1 induit une bijectionde R+ dans
2
[3 e, +∞[, dont la réciproque est g −1 : R → R, x 7→ ln x3 − 1 .

70
4.2 Limites
4.2.1 Limites en l'inni
Lorsqu'une fonction est dénie au voisinage de +∞, c'est à dire lorsque Df contient un
intervalle de la forme [x0 , +∞[ on peut se demander si f converge en +∞. Cette notion
est quasiment identique à celle de la convergence des suites.

Dénition 4.2.1. Soit f : R → R, une fonction (réelle d'une variable réelle) dénie au

voisinage de +∞ et soit ` ∈ R. On dit que f converge vers ` en +∞ si

∀ε > 0, ∃x0 ∈ R, ∀x > x0 , |f (x) − `| < ε

On note

lim f (x) = ` ou f (x) −→ `.


x→+∞ x→+∞

1
Exemple : Soit u la suite de terme général un = pour tout n ∈ N.
  n+1
1 1 1
Soit ε > 0. Soit N0 = E . On a donc N0 + 1 > , donc <ε
ε ε N0 + 1
et pour tout n > N0 ,

1 1
un = 6 < ε.
n+1 N0 + 1
Ce qui montre que u converge vers 0.
On dénit de manière symétrique la convergence en −∞. Il faut alors que la fonction
soit dénie au voisinage de −∞, c'est à dire que Df contienne un intervalle de la forme
] − ∞, x0 ].

Dénition 4.2.2. Soit f : R → R, une fonction (réelle d'une variable réelle) dénie au

voisinage de −∞ et soit ` ∈ R. On dit que f converge vers ` en −∞ si

∀ε > 0, ∃x0 ∈ R, ∀x 6 x0 , |f (x) − `| < ε

On note

lim f (x) = ` ou f (x) −→ `.


x→−∞ x→−∞

Exemple : La fonction exponentielle converge vers 0 en −∞.

On dénit de manière similaire les limites innies en ±∞.

Dénition 4.2.3. f : R → R, une fonction (réelle d'une variable réelle).


Soit
Si f +∞ on dit que :
est dénie au voisinage de
• f tend vers +∞ en +∞ si ∀m ∈ R ∃x0 ∈ R ∀x > x0 , f (x) > m.
• f tend vers −∞ en +∞ si ∀m ∈ R ∃x0 ∈ R ∀x > x0 , f (x) 6 m.
Si f est dénie au voisinage de −∞ on dit que :

71
• f tend vers +∞ en −∞ si ∀m ∈ R ∃x0 ∈ R ∀x 6 x0 , f (x) > m.
• f tend vers −∞ en −∞ si ∀m ∈ R ∃x0 ∈ R ∀x 6 x0 , f (x) 6 m.
Remarque : Une fonction peut bien sûr n'avoir aucune limite (nie ou in-
nie) en +∞ ou −∞.
Par exemple la fonction partie fractionnaire f : x 7→ x (x − E(x)). En fait,
comme pour tout x∈R on a f (x + 1) = f (x) on dit que f est périodique
de période 1 .

Notation 4.2.4. Pour résumer le fait que lim f (x) = +∞ et lim f (x) = −∞ on note
x→+∞ x→−∞
parfois lim f (x) = ±∞ ou f (x) −→ ±∞.
x→±∞ x→±∞
Dans le cas où lim f (x) = −∞ et lim f (x) = +∞ on notera lim f (x) = ∓∞
x→+∞ x→−∞ x→±∞
ou f (x) −→ ∓∞.
x→±∞

Les limites en l'inni des fonctions de référence sont à connaître :


n
1) Soit P : x 7→ an x + · · · + a1 x + a0 un polynôme non constant (avec n > 1 et
an 6= 0). Si an > 0 on a
• P (x) −→ +∞,
x→+∞
• si n est pair, P (x) −→ +∞,
x→−∞
- si n est impair, P (x) −→ −∞,
x→−∞
Et si an < 0 on a
• P (x) −→ −∞,
x→+∞
• si n est pair, P (x) −→ −∞,
x→−∞
• si n est impair, P (x) −→ +∞,
x→−∞
P (x)
2) Soit R : x 7→ , une fraction rationnelle avec P et Q des fonctions polynômes.
Q(x)
p q
Soient ap x et bq x les termes dominants respectifs de P et Q. Alors

• si p > q la fraction rationnelle a les mêmes limites en l'inni que le polynôme


ap x p ap
q
= xp−q :
bq x bq
ap p−q
lim R(x) = lim x
x→±∞ x→±∞ bq
a
• si p = q , R(x) −→ b p ,
x→±∞ p
• si p < q , R(x) −→ 0.
x→±∞
3) |x| −→ +∞.
x→±∞
4) E(x) −→ ±∞.
x→±∞
5) ln(x) −→ +∞,
x→+∞
x
6) e −→ +∞ et ex −→ 0,
x→+∞ x→−∞
7) Pour la fonction x 7→ xr (avec r 6= 0) on a
r
- si r > 0, x −→ +∞,
alors
x→+∞
r
- si r < 0, alors x −→ 0.
x→+∞

72
4.2.2 Limites en un point
Pour une fonction f : R → R, si a∈R est un réel appartenant à Df ou au bord" de
Df alors on peut se demander quelle est la limite de f ena. Dans le cas où f est continue
en a (cf leçon suivante) il s'agit simplement de l'image de a par f , dans les autres cas on
utilise une dénition proche de celle des limites à l'inni.

Dénition 4.2.5. Soit A⊂R une partie de R. On dit que le réel a∈R est adhérent à

A s'il existe une suite (un )n∈N de réels telle que

∀n ∈ N, un ∈ A et lim un = a.
n→+∞

Exemple : Le point 0 est adhérent à R∗+ car tous les éléments de la suite
1
( n+1 )n∈N sont

dans R+ et lim un = 0.
n→+∞

Dénition 4.2.6. Soit f :R→R une fonction et a∈R un réel adhérent à Df . On dit

que f a pour limite `∈R en a si

∀ε > 0 ∃δ > 0 ∀x ∈ Df \ {a}, |x − a| < δ ⇒ |f (x) − `| < ε.

On note f (x) −→ ` , ou lim f (x) = `.


x→a x→a

Remarques :
• |x − a| < δ ⇔ x ∈ ]a − δ, a + δ[,
• |f (x) − `| < ε ⇔ f (x) ∈ ]` − ε, ` + ε[,
• si f admet une limite en a, alors elle est unique.

Exemples : • Si f est une fonction dénie en combinant sans quotient des


fonctions polynômiales, l'exponentielle et le logarithme népérien, alors pour
2
tout a ∈ Df on a lim f (x) = f (a). Par exemple pour tout a ∈ R, lim ex +1
+
x→a x→a
a2 +1
ln (1 + |x|) = e + ln (1 + |a|).
x3 + 1
• Soit f : R → R, x 7→ . On a Df = R \ {−1} et −1 est un point
x+1
1
adhérent à Df puisque tout les termes de la suite
n+1 − 1 appartiennent à
Df . Comme pour tout x ∈ Df on a f (x) = x2 − x + 1 on a

lim f (x) = lim x2 − x + 1 = (−1)2 − (−1) + 1 = 3.


x→−1 x→−1

La notion de limite innie en un point se dénit de manière similaire.

Dénition 4.2.7. Soit f :R→R une fonction et a∈R un réel adhérent à Df . On dit

que f a pour limite +∞ en a si

∀M ∈ R ∃δ > 0 ∀x ∈ Df \ {a}, |x − a| < δ ⇒ f (x) > M.

73
On note f (x) −→ +∞ , ou lim f (x) = +∞.
x→a x→a
On dit que f a pour limite −∞ en a si

∀A ∈ R ∃δ > 0 ∀x ∈ Df \ {a}, |x − a| < δ ⇒ f (x) < A.


On note f (x) −→ −∞, ou lim f (x) = −∞.
x→a x→a

Exemples : • lim ln(x) = −∞ .


x→0
• lim x12 = +∞ .
x→0

Pour résumer les diérentes notions de limites on introduit les dénitions suivantes :

Dénition 4.2.8. On appelle droite réelle achevée l'ensemble R = R ∪ {−∞, +∞}.


On appelle

• voisinage du réel b∈R ]b − ε, b + ε[


tout intervalle de la forme pour ε > 0,
• voisinage de +∞ tout intervalle de la forme ]M, +∞[, et
• voisinage de −∞ tout intervalle de la forme ] − ∞, m[.

Résumé : Pour a∈R et `∈R on dit que lim f (x) = ` si pour tout voisinage V de ` il
x→a
existe un voisinage U de a tel que

x ∈ U ∩ Df =⇒ f (x) ∈ V.

Remarques : • Pour a∈R on dit qu'une propriété est vraie au voisinage


de a s'il existe un voisinage de a sur lequel la propriété est vraie. Par exemple
on a −x5 > 1000x4 au voisinage de −∞ et 100 + ln(x) < 0 au voisinage de 0.
• La notion de voisinage introduite ici est une simplication de la notion
classique de voisinage dans laquelle tout intervalle de la forme..." est remplacé
par tout sous-ensemble de R qui contient un intervalle de la forme..." dans
la plupart des utilisations (comme le résumé ci-dessus) cette simplication ne
change rien.

Lorsqu'une fonction est discontinue en un point il arrive que les calculs de limites
dièrent selon qu'on situe à gauche ou à droite du point. C'est pourquoi on parle de
limite à gauche et de la limite à droite.

Dénition 4.2.9. Soit f :R→R une fonction, a∈R un réel adhérent à Df et ` ∈ R.


On dit que f a pour limite à gauche ` en a si

∀ε > 0 ∃δ > 0 ∀x ∈ I \ {a}, a − δ < x < a ⇒ |f (x) − `| < ε.

On note f (x) −→− `,


ou lim f (x) = `.
x→a x→a−
On dit que f a pour limite à droite ` en a si

∀ε > 0 ∃δ > 0 ∀x ∈ I \ {a}, a < x < a + δ ⇒ |f (x) − `| < ε.

On note f (x) −→+ `, ou lim f (x) = `.


x→a x→a+

74
Remarque : On peut dénir de la même manière des limites innies à gauche
ou à droite en remplaçant ε>0 par m∈R et |f (x) − `| < ε par f (x) > m ou
f (x) < m.

Exemples : • Pour tout a∈Z on a

lim E(x) = a et lim E(x) = a − 1.


x→a+ x→a−

x
• Soit f : R∗ → R, x 7→ . On a
|x|

lim f (x) = 1 et lim f (x) = −1.


x→0+ x→0−

1
• Soit g : R∗ → R, x 7→ . On a
x
lim f (x) = +∞ et lim f (x) = −∞.
x→0+ x→0−

Théorème 4.2.10. Soit f :R→R et soit a un point adhérent à Df . Supposons que f


admet une limite à gauche et une limite à droite en a.
Si lim+ f (x) = lim− f (x), alors f admet une limite en a (égale à la limite à gauche
x→a x→a
et à droite).
Si lim f (x)6= lim− f (x), alors f n'admet pas de limite en a.
x→a+ x→a

Remarque : Si f est dénie uniquement à gauche de a, alors f admet une


limite en a si et seulement si f admet une limite à gauche en a.
Si f est dénie uniquement à droite de a, alors f admet une limite en a si et
seulement si f admet une limite à droite en a.

Notation 4.2.11. Pour a ∈ R et b ∈ R, si lim f (x) = b et si on a f (x) > b (resp.


x→a
f (x) < b) au voisinage de a, alors on note lim f (x) = b+ (resp. lim f (x) = b− ).
x→a x→a

Exemples : • lim ex = 0+
x→−∞
• lim 1
= 0−
x→−∞ x

4.2.3 Opérations sur les limites


Les opérations sur les limites de fonctions suivent les mêmes règles que celles des
limites de suites. Elles sont donc résumées par les tableaux à la n de la section 2.4, il
sut de remplacer les limites des suites u et v lorsque n tend vers +∞ par les limites des
fonctions u et v lorsque x tend vers a ∈ R où a est soit un réel adhérent à Du ∩ Dv ou une
borne innie au voisinage de laquelle u et v sont dénies. Bien sûr s'il s'agit de limites
latérales il faut qu'elles soient du même côté.

75
ex − e−x
Exemples : • lim = +∞
x→±∞ 2
x3 + 2
• Soit f : x 7→ . On a Df = R \ {−1}. Et −1 est adhérent à Df .
x3 + 1
lim f (x) = 1 lim + f (x) = +∞ et lim − f (x) = −∞
x→±∞ x→−1 x→−1
x−1
• Soit g : x 7→ . On a Dg = R \ {3, 7}. Et 1 et 2 sont des
(x − 3)(x − 7)
points adhérents à Dg .
lim g(x) = 0
x→±∞
lim g(x) = +∞ et lim g(x) = −∞
x→3− x→3+
lim g(x) = −∞ et lim g(x) = +∞
x→7− x→7+

x2 − 1
• Soit h : x 7→ . On a Dh = R \ {1} (et 1 est adhérent à Dh ).
|x − 1| (
(x + 1)(x − 1) x+1 si x>1
Pour tout x ∈ Dh on a h(x) = = .
|x − 1| −x − 1 si x<1
lim h(x) = +∞ lim+ h(x) = 2 et lim− h(x) = −2
x→±∞ x→1 x→1
Théorème 4.2.12. Composition de limites Soient a, b et ` trois éléments de R. Soient

f et g deux fonctions telles que lim f (x) = b et limg(x) = `. Alors


x→a x→b

(g ◦ f )(x) = g(f (x)) −→ `


x→a

x2 + 1
 
Exemples : • Soit h : x 7→ ln . On a lim h(x) = −∞.
x4 + 1 x→±∞
2
x +1
En eet on a h=g◦f avec g = ln et f : x 7→ . Or f (x) −−−−→ 0
x4 + 1 x→±∞
et g(y) −−→ −∞ d'où h(x) −−−−→ −∞.
y→0 x→±∞
r
2x2 − 3x − 1 √
• Soit h : x 7→ . On a lim h(x) = 2.
x2 + 1 x→±∞
2x2 − 3x − 1 √
En eet on a h = g ◦ f avec g : y 7→ y et f : x →
7 . Or
√ √ x2 + 1
f (x) −−−−→ 2 et g(y) −−→ 2 donc h(x) −−−−→ 2.
x→±∞ y→2 x→±∞
− x1
• Soit h : x 7→ e . On a lim h(x) = 0
lim h(x) = +∞ et
x→0+ x→0−
1
En eet on a h = exp ◦g ◦ f avec g : y 7→ −y et f : x 7→ .
x
Or f (x) −−−→ ±∞ et g(y) −−−−→ ∓∞. Comme exp(z) −−−−→ +∞ et
±
x→0 y→±∞ x→+∞
exp(z) −−−−→ 0 on a donc h(x) −−−−→ +∞ et h(x) −−−−→ 0.
x→−∞ x→−∞ x→+∞

76
4.2.4 Théorèmes de convergence
Théorème 4.2.13 (Caractérisation séquentielle) . Soient a ∈ R, ` ∈ R et soit f une
fonction réelle telle que a est adhérent à Df . Alors lim f (x) = ` si et seulement si pour
x→a
toute suite réelle u telle que un −−−−→ a on a f (un ) −−−−→ `.
n→+∞ n→+∞

Exemple : La fonctionf : x 7→ (−1)E(x) n'admet aucune limite en +∞


puisque pour un = 2n on a un −−−−→ +∞ et f (un ) −−−−→ 1 alors que pour
n→+∞ n→+∞
vn = 2n + 1 on a aussi vn −−−−→ +∞ mais f (vn ) −−−−→ −1.
n→+∞ n→+∞

Théorème 4.2.14 (Fonctions ordinaires") . a∈R


f une fonction obtenue à
Soit et soit
l'aide des opérations +, −, ×, / et ◦ à partir des fonctions exp, ln et polynômiales. Alors
les limites latérales lim f (x) et lim f (x) existent dans R dès que a est adhérent à Df .
−x→a + x→a

Remarque : La fonction identité x 7→ x fait bien sûr partie des fonctions


ordinaires puisque x = ln(exp(x)). Par conséquent les fonctions puissances
x 7→ xn pour n ∈ N en font partie aussi (par produit) ainsi que les fonctions po-
lynômiales (par somme et produit) et les fractions rationnelles (par quotient).
Les puissances rationnelles et irrationnelles ainsi que les fonctions exponen-
x
tielles (x 7→ b ) et logarithmes (logb ) s'obtiennent également par diérentes
combinaisons de exp et ln.
x2 − 4 2x ∗
Exemple : La fonction f : x 7→ + est dénie sur R+ \{2, e}.
|x − 2| ln(x) − 1
On a lim f (x) = f (a) pour tout a ∈ Df . Et f admet des limites nies
x→a
(diérentes) en 2− et 2+ et des limites innies en 0 et en e± .
Théorème 4.2.15 (Passage à la limite). a ∈ R et soient f
Soit et g deux fonctions telles
0 0
que f (x) −−→ ` et g(x) −−→ ` (avec `, ` ∈ R). S'il existe un voisinage U de a tel que
x→a x→a
0
∀x ∈ U \ {a}, f (x) 6 g(x) , alors `6` .

(x − 2)(x7 − 1)2 1 1 3
Exemple : Soit g : x 7→ 5 2
+ 2
. Pour tout x ∈] , [
2 2 on
(x − 3)(x − 1) (x − 1)
(x − 2)(x7 − 1)2 1
a x − 2 < 0 et x − 3 < 0 donc > 0 et g(x) > .
(x − 3)(x5 − 1)2 (x − 1)2
1
Comme −−→ +∞ on en déduit que g(x) −−→ +∞.
(x − 1)2 x→1 x→1

Remarques : • Dans le théorème précédent on peut remplacer les limites


par des limites à gauche ou à droite.

• En pratique on utilise souvent ce résultat avec l'une des fonctions f ou g


constante.

Théorème 4.2.16 (Encadrement) . Soit a∈R


f , g et h trois fonctions telles
et soient
que f (x) −−→ ` et h(x) −−→ ` ∈ R S'il existe un voisinage U de a tel que ∀x ∈ U \ {a},
x→a x→a
f (x) 6 g(x) 6 h(x) , alors g(x) −−→ `.
x→a

77
Théorème 4.2.17 (Encadrement, version innie) . Soient a ∈ R et soient f et g deux

fonctions et U un voisinage de a tel que pour tout x ∈ U \ {a}, f (x) 6 g(x). Alors

lim f (x) = +∞ =⇒ lim g(x) = +∞ et lim g(x) = −∞ =⇒ lim f (x) = −∞


x→a x→a x→a x→a

Exemple : g : x 7→ x − x1 + (−1)E(x) . Pour tout x ∈]2, +∞[ on


Soit a
1
x < 1
2
et (−1)E(x) 6 1 donc g(x) > x − 23 .
3
Comme x −
2 −−−−→ +∞ on en déduit que g(x) −−−−→ +∞.
x→+∞ x→+∞

4.2.5 Formes indéterminées


Pour lever les formes indéterminées on utilise les mêmes méthodes qu'avec les suites :
factorisation par les termes les plus forts, multiplication par les quantités conjuguées et
mise sous forme exponentielle, le tout associé aux croissances comparées.

Théorème 4.2.18 (Croissances comparées) . Soit a, b, c > 0. On a


(ex )a
• −→ +∞,
xb x→+∞
xb
• −→ +∞,
ln(x)c x→+∞

• xb (ex )a −→ 0+ ,
x→−∞
• x ln(x) −→ 0− .
b c
x→0

x5 + x x x + x x x2 + x1 3 x
   5 
Exemples : • lim e = 0. En eet on a e = 2 xe .
x→−∞ x2 + 1 x2 + 1 x +1
2 1
x + x
Or
2
−−−−→ 1 et par croissances comparées on a x3 ex −−−−→ 0.
x + 1 x→−∞ x→−∞
1
• lim = +∞. En eet par croissance comparée on a
x→0 x ln(x)2 − x2 ln(x)
x ln(x)2 −−−→+
0+ et x2 ln(x) −−−→+
0− donc x ln(x)2 − x2 ln(x) −−−→
+
0+ .
x→0 x→0 x→0
• lim ex −x ln(x)
= +∞. En eet on a
x→+∞

ln(x)2
    
2 2
−x x −1
ex − xln(x) = ex − eln(x) = ex 1 − eln(x) = ex 1 − e x .
 
ln(x)2 ln(x)2
Par croissance comparée
x −−−−→ 0 donc x x −1 −−−−→ −∞.
x→+∞ x→+∞
 2 
x ln(x)
x −1
D'où 1−e −−−−→ 1.
√ x x→+∞

• lim e + x − ex − x = 0. En eet en multipliant par la quantité
x→+∞
conjuguée on a

√ √ (ex + x) − (ex − x) 2x
ex + x − ex − x = √ x √ x =√ x p
1 + exx + 1 − x
p 
e +x+ e −x e ex

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