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Chapitre 3

Fonctions réelles d’une variable réelle


Dans ce chapitre, les fonctions considérées sont toutes définies sur une partie non vide E
de R et à valeurs dans R
Le cas des suites à valeurs dans R s’obtient lorsque E est égal à N ou plus généralement à
une partie de N
On note F(E, R) l’ensemble des fonctions définie de E à valeurs dans R

3.1 Fonctions réelles


Définition 3.1 Soient f et g deux éléments de F(E, R) ainsi que λ et β deux réels. On
définit les fonctions λ.f + β.g et f × g en posant pour tout x ∈ E :

(λ.f + β.g)(x) = λf (x) + βg(x) et (f × g)(x) = f (x)g(x)

Exemple 3.2 : Considérons les foncrions suivantes f (x) = x2 + 1 et g(x) = x3 + x


Calculer alors : (3.f + 2.g)(x) et (f × g)(x)

Remarque 3.3
• On écrit couramment λf + βg et f g respectivement à la place de λ.f + β.g et f × g
• L’ensemble des suites réelles est plutôt notée RN
• La relation d’ordre sur R s’étend naturellement à F(E, R) en posant, pour (f, g) ∈
F(E, R)2 : f ≤ g ⇐⇒ ∀ x ∈ E, f (x) ≤ g(x)
• Si E possède au moins deux éléments, il existe des fonctions f et g non comparables
c’est-à-dire ne vérifiant ni f ≤ g ni g ≤ f , en effet : si f prend au moins les valeurs
0 et 1 alors f et g = 1 − f ne sont pas comparables
Notation 3.4 : Soient f et g deux applications définies sur E
• On désigne par |f | l’application définie sur E par :

∀ x ∈ E, |f |(x) = |f (x)|

• On désigne par sup(f, g) et inf(f, g) les applications définies sur E par :

∀ x ∈ E, sup(f, g)(x) = max(f (x), g(x))

∀ x ∈ E, inf(f, g)(x) = min(f (x), g(x))

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Propriété 3.5 On voit immédiatement que :


• |f | = sup(f, −f )
f + g + |f − g| f + g − |f − g|
• sup(f, g) = et inf(f, g) =
2 2
Notation 3.6
• On désigne par f + et f − les applications :
|f | + f |f | − f
f+ = et f − =
2 2

Proposition 3.7
• On a les résultats suivants :
• f + et f − sont positives
• f + = sup(f, 0) et f − = sup(−f, 0),
• f = f + − f − et |f | = f + + f −
Définition 3.8 Soit f une fonction de E dans E. On dit que f est :
• majorée si : ∃M ∈ R ∀x ∈ E f (x) ≤ M
• minorée si : la fonction −f est majorée
• bornée si elle est majorée et minorée : ∃M ∈ R ∀x ∈ E |f (x)| ≤ M
Remarque 3.9
• L’ensemble des fonctions bornées sur E est stable par combinaisons linéaires et par
produit
• Si f est majorée, on note supE f ou sup f (x) la borne supérieure de l’ensemble
x∈E
{f (x) , x ∈ E}
• Si f est minorée, on note inf E f ou inf f (x) la borne inférieure de l’ensemble
x∈E
{f (x) , x ∈ E}
Exemple 3.10
Si f et g sont majorées sur E, alors f + g est majorée sur E et on a :

sup(f + g) ≤ sup f + sup g


E E E

Considérons par exemple les fonctions suivantes f (x) = sin(x) et g(x) = cos(x) sur R, on a

sup(f + g) = 2 et sup f = sup g = 1
R R R

√ π
la première égalité pouvant se justifier à l’aide de la relation : cos(x)+sin(x) = 2 sin(x+ )
4
Définition 3.11
• On dit que f admet un maximum en a ∈ E si : ∀x ∈ E f (x) ≤ f (a)
• On dit que f admet un maximum local en a ∈ E si :

∃h > 0, ∀x ∈ E, |x − h| ≤ h ⇒ f (x) ≤ f (a)

• On définit de manière analogue les notions de minimum et de minimum local


• On dit que f admet un extremum (respectivement un extremum local) si f admet
un maximum (respectivement un maximum local) ou un minimum (respectivement
un minimum local)

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Exemple 3.12
1
1. La fonction définie par f (x) = est majorée et possède un maximum en 0
1 + x2
qui vaut 1, elle est minorée et ne possède pas de minimum
2. La fonction définie par f (x) = cos(x) est bornée et possède un maximum et un
minimum
Définition 3.13 Soit f définie de E à valeurs dans R
• On dit que f est croissante si : ∀x, y ∈ E x ≤ y ⇒ f (x) ≤ f (y)
• On dit que f est strictement croissante si : ∀x, y ∈ E x < y ⇒ f (x) < f (y)
• On dit que f est décroissante si −f est croissante
• On dit que f est strictement croissante si −f est strictement croissante
• On dit que f est (strictement) monotone si elle est (strictement) croissante ou
(strictement) décroissante.
Proposition 3.14 Soit f une application d’une partie E de R dans une partie F de R et g
une application de F dans R.
Si f et g sont monotones (respectivement strictement monotones), alors gof est monotone
(respectivement strictement monotone)
Preuve : soient f : E −→ F et g : F −→ R deux applications monotones, et soit x, y deux
éléments de E tels que x ≤ y
• si f est croissante, donc f (x) ≤ f (y)
• si g est croissante, donc g(f (x)) ≤ g(f (y)) donc gof est monotone
• si g est décroissante, donc g(f (x)) ≥ g(f (y)) donc gof est monotone
• si f est décroissante, donc f (x) ≥ f (y)
• si g est croissante, donc g(f (x)) ≥ g(f (y)) donc gof est monotone
• si g est décroissante, donc g(f (x)) ≤ g(f (y)) donc gof est monotone
De même pour la stricte monotonie avec des inégalités strictes, lorsque les fonctions f et g
sont strictement monotones.
Exemple 3.15
1) Une fonction monotone est strictement monotone si, et seulement si, elle est injective.
2) La somme de deux fonctions croissantes est une fonction croissante
3) La somme de deux fonctions monotones n’est pas nécessairement monotone, par exemple
la fonction x → ex + e−x sur R
4) Si f et g sont des fonctions positives et croissantes, la fonction f g est croissante
1
5) Si f est monotone et garde un signe constant, alors est monotone
f n o
̸ 0. La fonction f : R\ − dc →
6) Soient a, b, c et d quatre réels vérifiants ad−bc ̸= 0 et c =
R définie par
ax + b
f (x) =
cx + d
est appelée homographie (ou fonction homographique). La fonction f est strictement
monotone sur ] − ∞, − dc [ et sur ] − dc , +∞[, en effet :
f (x) − f (y) (ad − bc)
∀x, y ∈ Df x ̸= y ⇒ =
x−y (cx + d)(cy + d)
n o
Attention : la fonction f n’est pas monotone sur R \ − dc
7) La fonction définie par : !
e2x − 1
f (x) = ln 2x
e +1

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définie sur R et est monotone comme composée de trois fonctions monotones : exp, ln et
une fonction homographique définie sur l’intervalle R+ donc monotone sur cet intervalle.
Comme f (0) = 0 et f (ln 2) = ln(5/4) > 0, on en déduit que f est croissante
8) La fonction définie sur R par :

ex − e−x
f (x) =
ex + e−x
est croissante sur R. En effet, ∀x ∈ R on a

e2x − 1
f (x) =
e2x + 1
et comme dans l’exemple précédent, f est la composée d’une fonction homographique
croissante sur R+ et d’une fonction croissante à valeurs dans R+
Définitions 3.16 (parité)
Soit f : E −→ R une application
• On dit que f est paire si
1. la partie E est symètrique : ∀ x ∈ E on a −x ∈ E
2. ∀ x ∈ E on a f (−x) = f (x)
• On dit que f est impaire si
1. la partie E est symètrique : ∀ x ∈ E on a −x ∈ E
2. ∀ x ∈ E on a f (−x) = −f (x)
Exemple 3.17
1) La fonction f : R −→ R définie par f (x) = x2 est paire
2) La fonction f : R −→ R définie par f (x) = x3 est impaire
3) La fonction f : R −→ R définie par f (x) = x3 + 1 ni paire ni impaire
2ex + 1

4) La fonction f : R −→ R définie par f (x) = ln est impaire
ex + 2
Propriété 3.18
• Le graphe d’une fonction paire est symétrique par rapport à Oy
• Le graphe d’une fonction impaire est symétrique par rapport à l’origine O
• L’ensemble des fonctions paires (respectivement impaires) définies sur R est stable
par combinaisons linéaires
• L’ensemble des fonctions paire est stable par produit
• L’ensemble des fonctions impaire n’est pas stable par produit
proposition 3.19 Soient f : E −→ R une application et a ∈ R+
• Si f est une fonction paire alors :
Z a Z a
f (x) dx = 2 f (x) dx
−a 0

• Si f est une fonction impaire alors :


Z a
f (x) dx = 0
−a

Preuve : en exercice

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Définitions 3.20 (périodicité) Soit f une fonction définie sur R et à valeurs réelles ou
complexes. Un nombre T > 0 est une période de f si :

∀t∈R f (x + T ) = f (x)

Le plus petit nombre T vérifiant la propriété est la période de f


On dit aussi que f est T -périodique
Remarque 3.21 Une fonction T -périodique est entièrement déterminée par sa restriction à
un intervalle de longueur T .
Exemple 3.22
1) La fonction f (x) = sin(x) définie sur R est une fonction périodique avec : T1 = 2π ,
T2 = 4π, T3 = 6π, . . . La période de f est T = 2π

2) La fonction g(x) = sin(nx) définie sur R est une fonction périodique avec : T1 = ,
n
4π 6π 2π
T2 = , T3 = , . . . La période de g est T =
n n n
3) La fonction h(x) = tan(x) définie sur R est une fonction périodique avec : T1 = π,
T2 = 2π, T3 = 3π, . . . La période de h est T = π
Proposition 3.23 Soient f une fonction continue de période T et α ∈ R, on a
Z α+T Z T Z T
2
f (t) dt = f (t) dt = f (t) dt
α 0 − T2

Exemple 3.24 π
Z +2π Z 2π Z π
3

π
sin(t) dt = sin(t) dt = sin(t) dt
3
0 −π

Définition 3.25 : (Fonctions lipschitziennes)Une application f définie sur un intervalle


I est lipschitzienne sur I s’il existe un réel k tel que :

∀(x, y) ∈ I 2 , |f (x) − f (y)| ≤ k|x − y|

On dit alors aussi que f est k-lipschitzienne ou lipschitzienne de rapport k


Exemple 3.26
1) Toute fonction affine f (x) = ax + b est lipschitzienne de rapport |a|.
2) La fonction racine √ n’est pas lipschitzienne sur R+ , puisque pour k ∈ R, on ne peut
pas avoir : ∀x ∈ R+ , x ≤ kx
3) Une combinaison linéaire de fonctions lipschitziennes est une fonction lipschitzienne,
en effet si f et g sont lipschitziennes de rapports respectivement k1 et k2 , alors pour λ, µIR
et x, y ∈ I, on a :

|(λf + µg)(x) − (λf + µg)(y)| ≤ |λ||f (x) − f (y)| + |µ||g(x) − g(y)|


= (|λ|k1 + |µ|k2 )|x − y|

Comme la fonction nulle est lipschitzienne, on en déduit que l’ensemble des fonctions
lipschitziennes sur I est un sous-espace vectoriel de F(I, R)

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4) Le produit de fonctions lipschitziennes n’est pas nécessairement lipschitzienne comme


le prouve l’exemple de la fonction IdR dont le carré n’est pas lipschitzien
5) Soient f une fonction k1 -lipschitzienne sur I et g une fonction à valeurs dans I,
lipschitzienne de rapport k2 sur un intervalle J. On a, pour x, y ∈ J :

|f og(x) − f og(y)| ≤ k1 |g(x) − g(y)| ≤ k1 k2 |x − y|

ce qui prouve que la fonction f og est lipschitzienne de rapport k1 k2 .


6) Soient a, b et c trois réels tels que a < b < c et f une fonction définie sur [a, c]. Si f
est k -lipschitzienne sur [a, b] et sur [b, c], alors f est k-lipschitzienne sur [a, c]
En effet, montrons pour x, y ∈ [a, c] on a : |f (x) − f (y)| ≤ k|x − y|
* Si a ≤ x ≤ y ≤ b ou b ≤ x ≤ y ≤ c, c’est vrai par hypothèse
* Si x ≤ b ≤ y, alors :

|f (x) − f (y)| ≤ |f (x) − f (b)| + |f (b) − f (y)| ≤ k|b − x| + k|y − b|

puisque x, b ∈ [a, b] et b, y ∈ [b, c]. Donc :

|f (x) − f (y)| ≤ k(b − x) + k(y − b) = k(y − x) = k|y − x|

3.2 Fonctions définies au voisinage d’un point

Définition 3.27 Étant donné un réel a, on dit qu’une fonction f est définie au voisinage de
a s’il existe un réel h > 0 tel que l’on soit dans l’un des trois cas suivants :
* (Df ∩ [a − h, a + h]) \ {a} = [a − h, a[
* (Df ∩ [a − h, a + h]) \ {a} =]a, a + h]
* (Df ∩ [a − h, a + h]) \ {a} = [a − h, a + h] \ {a}
Exemple 3.28
Les fonctions suivantes sont définies au voisinage de 0 :
f1 : [−1, 1] −→ √ R f2 : R∗ −→ R f3 : R + −→
sin x √R
x 7−→ 1 − x2 x 7−→ x 7−→ x
x
Les fonctions suivantes ne sontpas définies au voisinage de 0 :
√ 1

f4 (x) = x − 1 f5 (x) = ln sin
x
Remarque 3.29
Une fonction définie au voisinage de a n’est pas forcément définie en a
On pourrait donner la condition suivante, moins restrictive, pour la notion de fonction
définie au voisinage de a

∀ε > 0, [a − ε, a + ε] ∩ Df ̸= ∅

Définition 3.30
— Une fonction f est définie au voisinage de +∞, s’il existe un réel A tel que
[A, +∞[⊂ Df
— Une fonction f est définie au voisinage de −∞, s’il existe un réel A tel que
] + ∞, A] ⊂ Df

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Définition 3.31 (Fonctions tendant vers 0) Une fonction f tend vers 0 en a ∈ R si elle est
définie au voisinage de a et si l’on a :

∀ε > 0, ∃η > 0 : ∀x ∈ Df , |x − a| ≤ η ⇒ |f (x) − f (a)| ≤ ε

Exemple 3.32 1. La fonction définie par√ f (x) = x − a tend vers 0 en a


2. La fonction définie par g(x) = x tend vers 0 en a = 0, en effet :
elle est bien définie au voisinage
√ de 0, et pour ε > 0 il suffit de prendre η = ε2 pour
avoir : ∀x ≥ 0 : |x| ≤ η ⇒ | x| ≤ ε
Définition 3.33
Une fonction f tend vers 0 en +∞ si elle est définie au voisinage de +∞, et si l’on a :

∀ε > 0, ∃A ∈ R : ∀x ∈ Df , x ≥ A ⇒ |f (x)|ε

Une fonction f tend vers 0 en −∞ si elle est définie au voisinage de −∞, et si l’on a :

∀ε > 0, ∃A ∈ R : ∀x ∈ Df , x ≤ A ⇒ |f (x)|ε

3.3 Limites finies

Définition 3.34 Une fonction f admet le réel l pour limite en a ∈ R si la fonction (f − l)


tend vers 0 en a
Le réel l est alors unique, on l’appelle limite de la fonction f en a
Remarque 3.35 La convergence de f vers l en a s’écrit
— dans le cas où a ∈ R :

∀ε > 0, ∃η > 0 : ∀x ∈ Df , |x − a| ≤ η ⇒ |f (x) − l| ≤ ε

— dans le cas où a = +∞ :

∀ε > 0, ∃A ∈ R : ∀x ∈ Df , x ≥ A ⇒ |f (x) − l| ≤ ε

— dans le cas où a = −∞ :

∀ε > 0, ∃A ∈ R : ∀x ∈ Df , x ≤ A ⇒ |f (x) − l| ≤ ε

Définition 3.36 Soit f une fonction définie en a, on dit que f est continue en a si f admet
une limite finie en a égale à f (a)
Proposition 3.37 Une fonction f admet l pour limite en a ∈ R s’il existe une fonction g
définie sur Df , tendant vers 0 en a et telle que |f ¯l| ≤ g, c’est-à-dire telle que :

∀x ∈ Df , |f (x) − l| ≤ g(x)

Exemple 3.38
x
1. Soit f une fonction définie sur R+ par f (x) =
x+1

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Montrer que f est continue en a = 1, c-à-d montrer que f (x) − f (1) tend vers 0 quand
x tend vers 1
Pour x ∈ R+ on a
x 1 x−1 |x − 1|
|f (x) − f (1)| = − = ≤ ≤ε
x+1 2 2(x + 1) 2
x2 + 1
2. Soit g une fonction définie sur R∗+ par g(x) =
x2 + x + 1
Montrer que : limx→+∞ g(x) = 1, on a :
x2 + 1 x x 1
2
−1 = 2 ≤ 2 =
x +x+1 x +x+1 x x
1
avec lim =1
x→+∞ x

Proposition 3.39 Si une fonction f tend vers l en a ∈ R, alors la fonction |f | tend vers |l|
en a.
Corollaire 3.40 Si une fonction f est continue en a ∈ R, alors |f | est continue en a
Définition 3.41 On dit que f : I → R est continue sur I si elle est continue en tout point
de I
Exemple 3.42
1. Une application constante est continue
2. L’identité de R est continue sur R
Définition 3.43 (Prolongement par continuité)
Si f est une application non définie en a ∈ R qui admet une limite finie en a, alors la
fonction g définie sur Df ∪ {a} par :
(
f (x) si x ̸= a,
g(x)
l si x = a.
est continue en a
Cette fonction g est appelée prolongement par continuité en a de la fonction f
Exemple 3.44
sin x
1. La fonction f (x) = est prolongeable par continuité en 0
x
car, la fonction f (x) n’est pas définie en 0 et limx→0 f (x) = 1
Le prolongement par continuité en 0 de la fonction f est
 sin x
 x si x ̸= 0,
g(x)
1 si x = 0.

2. La fonction f (x) = e−1/x définie sur R∗+ est prolongeable par continuité en 0
car, la fonction f (x) n’est pas définie en 0 et limx→0 f (x) = 0
Le prolongement par continuité en 0 de la fonction f est
e−1/x x ̸= 0,

 si
g(x)
0 si x = 0.

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Définition 3.45 (Limites infinies)


Une fonction f tend vers +∞ en a ∈ R si elle est définie au voisinage de a et si l’on a :
* pour a ∈ R ∀A ∈ R ∃η > 0 : ∀x ∈ Df |x − a| ≤ η ⇒ f (x) ≥ A
* pour a = +∞ ∀A ∈ R ∃B ∈ R : ∀x ∈ Df x ≥ B ⇒ f (x) ≥ A
* pour a = −∞ ∀A ∈ R ∃B ∈ R : ∀x ∈ Df x ≤ B ⇒ f (x) ≥ A
On dit aussi que f admet +∞ pour limite en a et on écrit :

lim f (x) = +∞
a→+∞

Remarque 3.46 Dans le cas a ∈ R, les assertions suivantes sont équivalentes


* ∀A ∈ R ∃η > 0 : ∀x ∈ Df |x − a| ≤ η ⇒ f (x) ≥ A
* ∀A ∈ R+ ∃η > 0 : ∀x ∈ Df |x − a| ≤ η ⇒ f (x) ≥ A
Théorème 3.47 (application et suite)
Soit f une application admettant une limite l ∈ R en a ∈ R
Si (un )n est une suite d’éléments de Df admettant a pour limite
alors la suite (f (un ))n tend vers l
Preuve : Soit par exemple l ∈ R et a = +∞
l’application f tend vers l en a, donc
Soit ε > 0 quelconque, on peut trouver A ∈ R tel que :

∀x ∈ Df x ≥ A ⇒ |f (x) − l| ≤ ε

comme un tend vers +∞, on peut trouver un entier n0 tel que :

∀n ≥ n0 un ≥ A

On en déduit alors :
∀n ≥ n0 |f (un ) − l| ≤ ε
Donc la suite (f (un ))n converge vers l
sin(x) sin(x)
Exemple 3.48 Soit f (x) = , donc : lim =1
x x→0 x
Soit un = n1 , on a alors : lim un = 0 donc d’après le théorème précédent on a :
lim f (un ) = 1
sin(un ) sin(1/n)
En fait, f (un ) = = →1
un 1/n
Proposition 3.49 Une fonction f définie au voisinage de a admet une limite l ∈ R en a
si, et seulement si, l’image par f de toute suite de Df qui converge vers a est une suite
convergeant vers l
Preuve :
⇒] D’après le théorème 3.47, si f admet l pour limite en a, alors l’image par f de
toute suite de Df qui converge vers a est une suite qui converge vers l
⇐] Montrons que si : l’image par f de toute suite de Df qui converge vers a est une
suite qui converge vers l
alors : la fonction f tend vers l en a
Par la contraposition : supposons que f ne tend pas vers l en a, c’est-à-dire :

∃ε > 0 : ∀η > 0, ∃x ∈ Df : |x − a| ≤ η et |f (x) − l| > ε

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Soit ε fixé, pour tout entier n, on peut donc trouver un élément xn ∈ Df tel que

|xn − a| ≤ 2−n et |f (xn) − l| > ε

donc, d’une part, on a : |f (xn) − l| > ε c-à-d (f (xn ))n ne peut pas converger vers l
d’autre part, on a : |xn − a| ≤ 2−n donc la suite (xn )n construite tend vers a
et par hypothèse on a : l’image par f de toute suite de Df qui converge vers a est une
suite qui converge vers l c-à-d |f (xn) − l| ≤ ε
Contradiction
Remarque 3.50 Ce résultat est souvent utilisé pour montrer qu’une fonction f n’admet
pas de limite en a, il suffit soit :
* d’exhiber une suite qui convege vers a dont l’image ne converge pas
* trouver deux suites qui convergent vers a dont les images par f ont des limites
différentes
De même, pour montrer la discontinuité d’une fonction f en a, il suffit de trouver une
suite qui converge vers a et dont l’image par f ne converge pas vers f (a)
Exemple 3.51 La fonction f définie sur R∗ par f (x) = cos(l/x) ne peut pas être prolongée
1
par continuité en 0, puisque la suite définie par xn = nπ tend vers 0 alors que f (xn ) = (−l)n
ne converge pas
Proposition 3.52 (fonction lipschitzienne et continuité)
Une fonction lipschitzienne sur I est continue sur I
Preuve : Soit f une fonction lipschitzienne, donc
pour k ∈ R+ tel que ∀(x, y) ∈ I 2 , |f (x) − f (y)| ≤ k|x − y|
1
pour ε > 0, on prend η = k+1 > 0 on a :

∀(x, y) ∈ I 2 |x − y| ≤ η ⇒ |f (x) − f (y)| ≤ kη ≤ ε

Notation 3.53 On note C(I) ou C 0 (I), l’ensemble des fonctions réelles continues sur I
Proposition 3.54 (Opérations sur les fonctions continues)
* Une combinaison linéaire (respectivement un produit) de fonctions continues sur I
est une fonction continue sur I
* Si f et g sont continues sur I et que g ne s’annule pas sur I, alors f /g est continue
sur I
Proposition 3.55
* Soient I et J deux intervalles de R. Si f est une application continue de I dans J
et g une application continue sur J, alors la fonction gof est continue sur I
* Si f est continue sur I, alors |f | est continue sur I
* Si f et g sont continues sur I, alors sup(f, g) et inf(f, g) sont continues sur I
f + g + |f − g| f + g − |f − g|
Les relations sup(f, g) = et inf(f, g) = donnent la
2 2
continuité de sup(f, g) et inf(f, g)
Théorème 3.56 (Théorème des valeurs intermédiaires 1)
Soit f une application continue sur un intervalle I. Si a et b sont deux points de I tels
que f (a)f (b) ≤ 0, alors :
∃c ∈ [a, b] f (c) = 0

CHAPITRE 3. FONCTIONS RÉELLES D’UNE VARIABLE RÉELLE 10


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Théorème 3.57 (Théorème des valeurs intermédiaires 2)


Soit f une application continue sur un intervalle [a, b]. Toute valeur comprise entre
f (a) et f (b) est atteinte par la fonction f sur [a, b]
Définition 3.58 (continuité uniforme)
Soit f une application définie sur un intervalle I de R, On dit que f est uniformément
continue sur I si :

∀ε > 0, ∃η > 0 : ∀(x, y) ∈ I 2 , |x − y| ≤ η ⇒ |f (x) − f (y)| ≤ ε

Remarque 3.59
* La continuité de f sur I s’écrit :

∀x ∈ I, ∀ε > 0, ∃η > 0 : ∀y ∈ I, |x − y| < η ⇒ |f (x) − f (y)| ≤ ε

* La différence entre les deux notions réside dans le fait que le η de l’uniforme
continuité ne dépend que de ε, alors que pour la continuité il peut dépendre aussi
de x
Remarque 3.60
f lipschitzienne ⇒ f uniformément continue
f uniformément continue ⇒ f continue
Exemple 3.61
1. La fonction f : x 7→ x2 est uniformément continue sur [0, 1] puisque elle est
lipschitzienne sur [0, 1]. En effet, on a :

∀(x, y) ∈ [0, 1]2 , |x2 − y 2 | = |x + y||x − y| ≤ 2|x − y|

2. La fonction f : x 7→ x2 n’est pas uniformément continue sur R. En effet,


Montrons que

∃ε > 0 : ∀η > 0, ∃(x, y) ∈ I 2 : |x − y| ≤ η et |f (x) − f (y)| > ε

Prenons ε = 2 > 0 et η > 0 quelconque.


1
Les réels x = et y = x + η vérifient
η

|x − y| ≤ η et |x2 − y 2 | = 2 + η 2 > ε

3. La fonction sinus est uniformément continue sur R car elle est lipschitzienne :
x−y x+y
   
∀x, y ∈ R | sin x − sin y| = 2 sin cos ≤ |x − y|
2 2
car : ∀t ∈ R | sin t| ≤ |t| et | cos t| ≤ 1

4. L’application f (x) = x définie sur R+ est uniformément continue sur R+ , mais
n’est pas lipschitzienne sur R+ :

CHAPITRE 3. FONCTIONS RÉELLES D’UNE VARIABLE RÉELLE 11


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* Pour l’uniforme continuité de f sur R+ , on commence par remarquer que :


√ √ √
∀ a, b ∈ R+ , a + b ≤ a + b
On en déduit √ √

∀ x, y ∈ R+ , x ≤ y ⇒ y− x≤ y−x
Soit ε > 0 quelconque ; en prenant η = ε2 > 0, on a :
√ √ q
∀ x, y ∈ R+ , |x − y| ≤ η ⇒ | x − y| ≤ |x − y| ≤ ε
√ 1
* L’égalité |f (x) − f (0)| = x = √ |x − 0| prouve que l’on ne peut pas trouver de
x
+
réel k tel que ∀ x, y ∈ R , |f (x) − f (y)| ≤ k|x − y|

Théorème 3.62 : (Théorème de Heine) Soit I un segment de R. Toute application


continue sur I est uniformément continue sur I.
Preuve : Soit f une application continue sur le segment I. Supposons que f ne soit pas
uniformément continue sur I, c’est-à-dire :
∃e > 0 : ∀η > 0, ∃ x, y ∈ I 2 : |x − y| ≤ η et |f (x) − f (y)| > ε
Prenons un tel ε > 0 ; pour η = l/2n , on peut donc choisir (xn , yn ) ∈ I 2 tel que :
1
|xn − yn | ≤ et |f (xn ) − f (yn )| > ε
2n
Les suites (xn )n et (yn )n ainsi construites vérifient :
lim(xn − yn ) = 0 et ∀ n ∈ N, |f (xn ) − f (yn )| ≥ ε (∗)
L’intervalle I étant borné, la suite (xn )n est bornée et on peut donc en extraire une
sous-suite (xn )ϖ(n) qui converge vers un élément α, et ce dernier apprtient à I puisque I
est un intervalle fermé.
Comme yφ(n) = xφ(n) + (yφ(n) − xφ(n) ) on a lim yφ(n) = α
L’application f étant continue en a, on en déduit :

lim(f (xφ(n) ) − f (yφ(n) )) = f (α) − f (α) = 0


ce qui contredit (∗)
Théorème 3.63 : (Théorème de bijection) Si f est une fonction continue, strictement
monotone
alors f (I) est un intervalle et la fonction
f : I −→ f (I)
est une fonction bijective
Proposition 3.64: (La fonction réciproque de sinus) La restriction de la fonction
π π

sinus à l’intervalle − , est strictement croissante et on a
2 2
π π
 
sin − , = [−1, 1]
2 2
elle admet donc une fonction réciproque définie sur [−1, 1] qui est appelée arcsinus et
notée arcsin

CHAPITRE 3. FONCTIONS RÉELLES D’UNE VARIABLE RÉELLE 12


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Proposition 3.65 : (La fonction arcsinus) La fonction arcsinus est impaire, continue
sur [−1, 1] et strictement croissante, elle est dérivable sur ] − 1, 1[ et sa dérivée est :
1
arcsin′ (x) = √
1 − x2
elle est de classe C ∞ sur ] − 1, 1[
Proposition 3.66 : (La fonction réciproque de cosinus) La restriction de la fonction
cosinus à l’intervalle [0, π] est strictement décroissante et on a

cos ([0, π]) = [−1, 1]

elle admet donc une fonction réciproque définie sur [−1, 1] qui est appelée arccosinus et
notée arccos

Proposition 3.67 : (La fonction arccosinus) La fonction arccosinus continue sur


[−1, 1] et strictement décroissante, elle est dérivable sur ] − 1, 1[ et sa dérivée est :
−1
arccos′ (x) = √
1 − x2
elle est de classe C ∞ sur ] − 1, 1[
Corollaire 3.68 Pour tout x ∈ [−1, 1] on a
π
arcsin(x) + arccos(x) =
2

CHAPITRE 3. FONCTIONS RÉELLES D’UNE VARIABLE RÉELLE 13


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Proposition 3.69 : (La  fonction réciproque de tangente) La restriction de la fonction


π π

tangente à l’intervalle − , est strictement croissante et on a
2 2
π π
 
tan − , =R
2 2
elle admet donc une fonction réciproque définie sur R qui est appelée arctangente et
notée arctan

Proposition 3.70 : (La fonction arctangente) La fonction arctangente est impaire,


continue sur R et strictement croissante, elle est dérivable sur R et sa dérivée est :
1
arctan′ (x) =
1 + x2
elle est de classe C ∞ sur R
Définition 3.71 : (Les fonctions hyperboliques) On définit les fonctions
ex − e−x
— sinus hyperbolique : sh(x) =
2
ex + e−x
— cosinus hyperbolique : ch(x) =
2
sh(x) ex − e−x
— tangente hyperbolique : th(x) = = x
ch(x) e + e−x
Les fonctions hyperboliques sont définies sur R.
Remarque 3.72 Les fonctions hyperboliques vérifient des formules algébriques similaires
à celles des fonctions trigonométriques.
Proposition 3.73
— la fonction sh(x) est impaire, de classe C ∞ sur R et on a sh′ (x) = ch(x)
— la fonction ch(x) est paire, de classe C ∞ sur R et on a ch′ (x) = sh(x)
1
— la fonction th(x) est impaire, de classe C ∞ sur R et on a th′ (x) = 1 − th2 (x) =
th2 (x)
— Les fonctions hyperboliques sont définies sur R et on a

sh2 (x) − ch2 (x) = 1

CHAPITRE 3. FONCTIONS RÉELLES D’UNE VARIABLE RÉELLE 14


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Proposition 3.74 : (La fonction réciproque de sinus hyperbolique) La fonction


sinus hyperbolique est strictement croissante sur R et on a

sh(R) = R

elle admet donc une fonction réciproque définie sur R qui est appelée argument sinus
hyperbolique et notée argsh
Proposition 3.75 La fonction argument sinus hyperbolique est impaire, continue sur R
et strictement croissante et dérivable sur R de dérivée
1
argsh′ (x) = √
x2 + 1
elle est de classe C ∞ sur R
Proposition 3.76 : (La fonction réciproque de cosinus hyperbolique) La restriction
de la fonction cosinus hyperbolique à R+ est strictement croissante et on a

ch([0, +∞]) = [1, +∞]

elle admet donc une fonction réciproque définie sur [1, +∞] qui est appelée argument
cosinus hyperbolique et notée argch
Proposition 3.77 La fonction argument cosinus hyperbolique est continue sur [1, +∞]
et strictement croissante et dérivable sur ]1, +∞] de dérivée
1
argch′ (x) = √ 2
x −1
elle est de classe C ∞ sur R
Proposition 3.78 : (La fonction réciproque de tangente hyperbolique) La fonction
sinus hyperbolique est strictement croissante sur R et on a

th(R) =] − 1, 1[

elle admet donc une fonction réciproque définie sur R qui est appelée argument tangente
hyperbolique et notée argth
Proposition 3.79 La fonction argument tangente hyperbolique est impaire, continue sur
] − 1, 1[ et strictement croissante et dérivable sur ] − 1, 1[ de dérivée
1
argth′ (x) =
1 − x2
elle est de classe C ∞ sur R
Définition 3.80 : (fonction convexe) Soit f : I −→ R. On dit que f est convexe
sur I si ∀ x, y ∈ I, ∀ λ, β ∈ R+ avec λ + β = 1 on a

f (λx + βy) ≤ λf (x) + βf (y)

ou aussi
f (λx + (1 − λ)y) ≤ λf (x) + (1 − λ)f (y)

CHAPITRE 3. FONCTIONS RÉELLES D’UNE VARIABLE RÉELLE 15

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