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Définition.
Soit I un intervalle et f : I → K une fonction.
On dit que f est de classe C 1 si f est dérivable de dérivée f 0 continue.
Plus généralement si f est n fois dérivable sur I et si f (n) est continue sur I, on dira que f est de
classe C n .
La fonction f est de classe C ∞ si f est de classe C n pour tout n ∈ N.
Définition.
Soient I un intervalle et f : I 7→ K une fonction continue. On appelle primitive de f sur I toute fonction
F de classe C 1 sur I et dont la dérivée est f .
Exemple.
Une primitive de x 7→ xα sur R∗+ est x 7→ 1
α+1 x
α+1
si α 6= −1, ln si α = −1.
Deux primitives d’une même fonction sur un intervalle différent d’une constante.
Preuve. Si F1 et F2 sont deux primitives de la fonction F sur I, alors (F1 − F2 )0 = F10 − F20 = f − f = 0 donc
la fonction F1 − F2 est constante sur I.
On admet ce théorème pour le moment, il sera démontré plus tard dans l’année.
Notations.
Le sympbole f (x)dx (introduit par Leibniz) désigne une primitive quelconque de f . Elle est donc définie
R
Remarque.
La fonction ln a été définie ∗
Z xcomme l’unique primitive sur R+ de la fonction x 7→
1
x qui s’annule en 1. En
1
d’autres termes, ln(x) = dt pour tout x ∈ R.
1 t
Soit f : [a, b] → C continue. Si F1 est une primitive de Re(f ) sur [a, b] et F2 une primitive de Im(f ) sur
[a, b], une primitive de f sur [a, b] est F =F1 + iF2 . Ainsi, une primitive sur R de la fonction x 7→ 1 + ix
2
est x 7→ x + i x2 .
I Pour déterminer une primitive faisant intervenir x 7→ eax cos(bx) ou x 7→ eax sin(bx); il sera souvent plus
simple de passer par l’intégrale de x 7→ e(a+ib)x , dont on connaı̂t une primitive, et d’en prendre sa partie réelle
ou imaginaire.
Z
Exemple. Calculons une primitive F : x 7→ e2t cos tdt de x 7→ e2x cos x.
Z Z
2t it (2+i)t 1 (2+i)x
F (x) = Re e e dt = Re e dt = Re e +C
2+i
e2x
(2 − i) 2x
= Re e (cos x + i sin x) + C = Re (2 cos(x) + 2i sin(x) − i cos(x) + sin(x)) + C
5 5
e2x
= (2 cos x + sin x) + C (C ∈ R).
5
I Pour déterminer des primitives de fonctions de la forme x 7→ cosp (x) sinq (x) avec p, q ≥ 0, on pensera à
linéariser l’expression, l’obtention de primitives se faisant ensuite aisément.
Propriété 3
Preuve. Soit h : x 7→ F (x) − F (a). Alors h est dérivable sur I comme combinaison linéaire de fonctions qui le
sont, et pour x ∈ I, h0 (x) = F 0 (x) = f (x). De plus h(a) = 0, donc h est Z xune primitive de f s’annulant en a.
D’après l’unicité du théorème précédent, on a pour tout x ∈ I, h(x) = f (t)dt. En prenant la valeur en b,
a
on a le résultat voulu.
Z b
b
Remarque. On écrit généralement ceci sous la forme f (t)dt = [F (t)]a . Le résultat précédent montre
a
pourquoi le calcul d’une intégrale se ramène souvent au calcul d’une primitive.
Z 1 h tn+1 i1 1
Remarque. Pour n ∈ N, on a tn dt = = .
0 n + 1 0 n + 1
1.3 Primitives usuelles
cf. Formulaire.
Preuve. On a
Z b Z b Z b Z b b
f 0 (t)g(t)dt + 0
f (t)g (t)dt = 0
(f (t)g(t) + f (t)g (t))dt = 0 0
(f g) (t)dt = f (t)g(t)
a a a a a
Notation. En pratique, on procèdera à une intégration par partie en utilisant le tableau suivant :
+ g f0
&
R
- g0 ←− f
+ ln(x) 1
&
R
1
- x ←− x
1
R fonctions x 7→ ln(x)
Les R et x 7→ x sont bien de classe C , l’intégration par parties est donc valide. Et on a
ln(x)dx = x ln(x) − dx = x ln(x) − x + C.
Pour la fonction arctan, on a :
+ arctan(x) 1
&
R
1
- 1+x2 ←− x
Les fonctions x 7→ arctan(x) et x 7→ x sont bien de classe C 1 , on peut donc faire une intégration par
x
dx = x arctan(x) − 12 ln(x2 + 1) + C.
R R
parties. D’où arctan(x)dx = x arctan(x) −
1 + x2
Z π
Exemple. Calculons I = (t2 − t + 1) cos tdt. On va faire ici trois intégrations par parties.
0
+ t2 − t + 1 cos(t)
&
- 2t − 1 sin(t)
&
+ 2 − cos(t)
&
R
- 0 ←− − sin(t)
Ces trois intégrations par parties sont bien licites, puisque t 7→ t2 − t + 1 et sin sont de classe C 3 . On obtient
donc :
π Z π
2
I = (t − t + 1) sin t − (2t − 1)(− cos(t)) + 2(− sin(t)) − 0 × (− sin t)dt
0 0
= (2π − 1) cos(π) − (−1) cos(0) = 1 − (2π − 1) = 2 − 2π.
Former pour n ≥ 2 une relation de récurrence entre Wn et Wn−2 , et en déduire que la suite n 7→ nWn Wn−1 est
constante.
L’intégration par parties est bien licite puisque x 7→ cosn−1 (x) et cos sont de classe C ∞ , et on a :
Z π
π 2
Wn = cosn−1 (x) sin(x) 02 − (n − 1) sin2 (x) cosn−2 (x)dx
0
= (n − 1)(Wn−2 − Wn ).
Z b
f ◦ ϕ(t)ϕ0 (t)dt = [F ◦ ϕ(t)]ba = F (ϕ(b)) − F (ϕ(a)).
a
I Dans la pratique, on veillera en effectuant un changement de variables à modifier les trois éléments :
la variable x = φ(t),
l’élément différentiel dx = φ0 (t)dt,
les bornes de l’intégrale : si t varie entre a et b, x = φ(t) doit varier entre φ(a) et φ(b).
Z 1 p
Exemple. Soit I = 1 − t2 dt. On pose t = cos u (la fonction cos étant C 1 ) qui donne dt = − sin udu pour
0
avoir
π π
0
1 − cos(2u) π h sin(2u) i π2
Z Z Z
p 2 2 π
I= 1 − cos2 u(− sin u)du = sin2 udu = du = − = .
π
2 0 0 2 4 4 0 4
√
On utilise ici que sin2 u = sin x, sin étant positif sur [0, π2 ].
1
e2t dt
Z
Exemple. Soit I = t
. Posons le changement de variable u = et (la fonction t 7→ et étant C 1 ), qui
0 1+e
donne du = et dt ou dt = duu , il vient
Z e e Z e
u2
Z
u 1
I= du = du = 1− du = e − 1 − (ln(1 + e) − ln(2)) = ln(2) + e − 1 − ln(1 + e).
1 u(1 + u) 1 1+u 1 1+u
I Comme dans l’exemple précédent, pour calculer une primitive d’une fraction rationnelle en et , on posera
toujours le changement de variable u = et .
1 1
Exemple. Primitives de x 7→ 2 2
et x 7→ √ (a ∈ R et b > 0).
(x − a) + b b − x2
2
Supposons que Q soit de la forme Q(x) = (x − a1 )m1 . . . (x − an )mn avec a1 , . . . , an des réels deux
à deux distincts, m1 , . . . , mn ∈ N∗ , et P une fonction polynomiale de degré < n. Alors il existe des
(1) (1) (n) (n)
scalaires λ1 , . . . , λm1 , . . . , λ1 , · · · , λmn ∈ R tels que pour tout x ∈ R\{a1 , . . . , an },
(1) (1) (1) (n) (n)
λ1 λ2 λm1 λ λmn
F (x) = + + ··· + + ··· + 1 + ··· + . (E)
x − a1 (x − a1 )2 (x − a1 )m1 x − an (x − an )mn
P
I Pour déterminer une primitive de F = lorsque Q est de la forme Q(x) = (x − a1 )m1 . . . (x − an )mn avec
Q
les ai des réels deux à deux distincts, et P de degré < n, on procèdera comme suit :
P
on décompose en éléments simples la fraction rationnelle ;
Q
on met tout au même dénominateur et on calcule les scalaires λi par identification ;
(j)
λi
on est alors ramené à déterminer des primitives de chacun des termes (x−aj )i , ce qu’on sait faire.
Remarque. On verra qu’on peut toujours se ramener au cas où deg(P ) < deg(Q), quitte à faire la division
euclidienne de la fonction polynomiale P par Q.
1 1
Exemple. Décomposer en éléments simples la fraction rationnelle f : x 7→ 1−x2 = (1−x)(1+x) , et en déduire
une primitive de f .
1
x 7→ − ln(|x + 1|) − + ln(|x|).
x+1
Z 3
dt
Exemple. Calculer .
1 t(t + 1)(t + 2)
1
La décomposition en éléments simples de est de la forme
t(t + 1)(t + 2)
1 a b c
= + + ,
t(t + 1)(t + 2) t t+1 t+2
avec a, b, c ∈ R. On obtient a = 12 , b = −1, c = 12 . On obtient alors :
Z 3
dt 1 5
= ln .
1 t(t + 1)(t + 2) 2 4
2x + 1
Exemple. Calculer une primitive de F (x) = .
x3 − 1
On a P (x) = 2x + 1, Q(x) = x3 − 1 = (x − 1)(x2 + x + 1). En particulier deg(P ) < deg(Q). Cependant, Q n’est
pas de la forme proposée précédemment, il n’est pas scindé et possède des racines complexes. On procèdera
alors de la manière suivante.
I Lorsque le polynôme Q au dénominateur possède un facteur dans sa décomposition du type (x2 + bx + c)m
avec m ∈ N∗ et b, c ∈ R tels que b2 − 4c < 0, on ajoutera dans la décomposition en éléments simples (E) de Q
la composante suivante qui correspond à ce facteur :
λ1 x + µ1 λ2 x + µ2 λm x + µm
2
+ 2 2
+ ··· + 2 ,
x + bx + c (x + bx + c) (x + bx + c)m
où les λi , µi sont des réels à déterminer par identification.
2x + 1
La décomposition en éléments simples de est donc de la forme
x3 − 1
2x + 1 a bx + c
3
= + 2
x −1 x−1 x +x+1
avec a, b, c ∈ R. On obtient a = 1, b = −1, c = 0. On obtient alors :
Z Z Z Z
2x + 1 1 x x
dx = dx − dx = ln(|x − 1|) − dx + C,
x3 − 1 x−1 x2 + x + 1 x2 + x + 1
x
avec C ∈ R. Reste alors à déterminer une primitive de x 7→ . On explique cela dans la section
x2 + x + 1
suivante.
Si ∆ < 0, Q a deux racines complexes conjuguées α±iβ. Alors Q(x) = (x−α−iβ)(x−α+iβ) = (x−α)2 +β 2
et on a : Z Z
x+µ
F (x)dx = dx.
(x − α)2 + β 2
u0
On fait alors apparaı̂tre la dérivée d’un logarithme :
u
x−α
Z Z Z
x+µ 1
2 2
dx = 2 2
dx + (α + µ) dx
(x − α) + β (x − α) + β (x − α)2 + β 2
1 α+µ x−α
= ln(x − α)2 + β 2 ) + arctan + C.
2 β β
x+1
Exemple. Calculer une primitive de F (x) =
x2 − 5x + 6
Le discriminant du polynôme x2 − 5x + 6 est strictement positif. On a donc deux racines réelles distinctes qui
sont 2 et 3. On cherche alors a et b tels que
x+1 a b
= + .
x2 − 5x + 6 x−2 x−3
On montre que a = −3 et b = 4. On en déduit :
Z Z Z
x+1 1 1
dx = −3 dx + 4 = −3 ln |x − 2| + 4 ln |x − 3| + C.
x2 − 5x + 6 x−2 x−3
2x + 1
Exemple. Calculer une primitive de F (x) = .
x3 − 1
On avait obtenu :
Z Z Z Z
2x + 1 1 x x
3
dx = dx − 2
dx = ln(|x − 1|) − 2
dx + C,
x −1 x−1 x +x+1 x +x+1
x
avec C ∈ R. Reste alors à déterminer une primitive de x 7→ :
x2 +x+1
2x + 1 − 1
Z Z Z Z
x 1 1 2x + 1 1 1
2
dx = 2
dx = 2
dx − 2
dx
x +x+1 2 x +x+1 2 x +x+1 2 x +x+1
Z
1 1 1
= ln(x2 + x + 1) − dx + C
2 2 (x + 1/2)2 + 3/4
1 1 2 2
= ln(x2 + x + 1) − × √ arctan √ (x + 1/2) + C.
2 2 3 3
2x + 1 2x + 1
Finalement, une primitive de F (x) = est donnée par x 7→ ln(|x−1|)− 12 ln(x2 +x+1)+ √13 arctan √ +
x3 − 1 3
C.
x2 − x + 1
Exemple. Calculer une primitive de F (x) = .
x2 + x + 1
Tout d’abord, on se ramène au cas traité plus haut en écrivant :
(x2 + x + 1) − 2x 2x
F (x) = =1− 2 .
x2 + x + 1 x +x+1
Le discriminant du polynôme au dénominateur est strictement négatif. On fait apparaı̂tre la dérivée d’un
logarithme puis on intègre :
(2x + 1) − 1
Z Z Z Z
2x + 1 1
F (x)dx = x − dx = x − dx + dx
x2 + x + 1 x2 + x + 1 (x − 1/2)2 + 3/4
2 2x + 1
= x − ln(x2 + x + 1) + √ arctan √ + C.
3 3