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Chapitre 4

Transformée de Laplace

Les transformations de Laplace et de Fourier appartiennent à une famille très vaste de transforma-
tions intégrales : Z
f 7→ T ( f ) : s 7→ f (t)K (s, t) dt.
I

La transformation de Laplace se caractérise par le choix de I = R+ et K (s, t) = e−st . Elle joue un rôle
prépondérant dans de nombreux domaines tels que la physique, les probabilités et l’ingénierie. En
particulier, elle est largement exploitée pour la résolution d’équations différentielles. Elle est nommée
d’après le mathématicien français Pierre-Simon Laplace (1749-1827), dont les travaux ont eu une
influence majeure dans ce domaine.

I Rappels
1 Limite d’une fonction à valeur complexe
D ÉFINITION 1. Soit f : D ⊂ R → C une fonction définie au voisinage de a ∈ R. On dit que f tend vers
l ∈ C en a si
lim | f (t) − l | = 0
t→ a

On écrit lim f (t) = l ou f (t) −→ l.


t→ a t→ a

eit − 1 t+i
E XEMPLES 1. lim = 0, lim = 1.
t→+∞ t t→+∞ t−i

P ROPOSITION 1. Soit f : D −→ C une fonction définie au voisinage de a ∈ R.


1. Si lim f (t) existe, alors elle est unique.
t→ a
2. Si lim f (t) = l et lim g(t) = l ′ , alors
t→ a t→ a

(a) lim f (t) + g(t) = l + l ′ , (d) lim | f (t)| = |l |.


t→ a t→ a
(b) lim f (t) × g(t) = l × l ′ , ¯
(e) lim f (t) = l.
t→ a t→ a
f (t) l
(c) lim = ′ ( l ′ ̸ = 0),
t→ a g ( t ) l

it
E XEMPLE 1. lim = i.
t→+∞ t − i

1
Théorème 1. Soit f : D −→ C une fonction définie au voisinage de a ∈ R. Alors,

lim Re( f (t)) = Re(l ),
lim f (t) = l ⇐⇒ t→a
t→ a lim Im( f (t)) = Im(l ).
t→ a

eit − 1
E XEMPLE 2. lim = i.
t →0 t

2 Dérivation et intégration d’une fonction à valeur complexe


On définit la dérivée (respectivement la primitive ou l’intégrale sur un segment) d’une fonction à
valeur complexe de la même manière qu’on a défini la dérivée d’une fonction à valeur réelle. Les
opérations sur les fonctions dérivables (respectivement primitives ou intégrables) restent les mêmes.
E XEMPLES 2.
1. Soit I in intervalle de R. Si f : I −→ C est dérivable, alors x 7→ e f (x) est dérivable et
 ′
e f (x) = f ′ ( x )e f (x) .

1 αx
Z

2. Soit α ∈ C . On a eαx dx = e + C.
α
P ROPOSITION 2. Soient I in intervalle de R et f : I −→ C une fonction.
1. La fonction f est dérivable sur I si et seulement si Re( f ) et Im( f ) le sont. Dans ce cas :
f ′ = (Re( f ))′ + i (Im( f ))′ .
2. La fonction f est intégrable sur [ a, b] ⊂ I si et seulement si Re( f ) et Im( f ) le sont. Dans ce cas :
Z b Z b Z b
f ( x ) dx = Re( f ( x )) dx + i Im( f ( x )) dx.
a a a

3 Intégrale généralisé
Z R
D ÉFINITION 2. Soient a ∈ R et f : [ a, +∞[ −→ C. Si lim f ( x ) dx existe, on dit que l’intégrale
R→+∞ a
Z +∞
f ( x ) dx converge.
a

R EMARQUES 1.
Z +∞ Z +∞
1. Si | f ( x )| dx converge, alors on dit que l’intégrale f ( x ) dx converge absolument.
a a
Z +∞
2. Si l’intégrale f ( x ) dx converge absolument, alors il est convergent.
a
Z +∞
E XEMPLE 3. L’intégrale e−st dt converge absolument si et seulement si Re(s) > 0.
0

Théorème 2. Soit f : [ a, +∞[ −→ R+ . On a


Z +∞ Z R
f ( x ) dx converge ⇐⇒ (∃C ≥ 0)(∀ R > a); f ( x ) dx ≤ C.
a a

P ROPOSITION 3. Soient f , g : [ a, +∞[ −→ R+ telles que f ≤ g. On a


Z +∞ Z +∞
g( x ) dx converge =⇒ f ( x ) dx converge .
a a
Z +∞ Z +∞
f ( x ) dx diverge =⇒ g( x ) dx diverge .
a a

2
II Définition et conditions d’existence de la transformée de Laplace
1 Définition et exemple
D ÉFINITION 3. Soit f : R → C une fonction telle que f (t) = 0, pour tout t < 0. La transformée de
Laplace de la fonction f , notée L ( f ), est la fonction à variable complexe s définie par
Z +∞
L ( f ) (s) := f (t)e−st dt,
0
pour tout s ∈ C tel que l’intégral ci dessous existe.
L’application L : f → L( f ) s’appelle la transformation de Laplace.
(
0 si t < 0
E XEMPLE 4. Considérons la fonction d’Heaviside H définie sur R par H(t) = . Soit s ∈ C
1 si t ≥ 0
tel que Re(s) > 0. Pour R > 0, on a
Z R
1  −st  R
e−st dt = e 0
0 s
−1 −sR 
= e −1 .
s
Z R
1
D’autre part e−sR = e− Re(s) R −→ 0. Par suite, lim e−st dt = . En résumé,
R→+∞ R→+∞ 0 s
1
L (H) (s) = , pour tout s ∈ C tel que Re(s) > 0.
s

R EMARQUE 1. La transformée de Laplace est utilisée souvent pour résoudre des problèmes avec conditions
initiales, c’est pourquoi on travaille en générale avec des fonctions définies sur R+ . Dans la cas où f : R → C,
la transformée de Laplace de f est définie par
Z +∞
L ( f ) (s) := f (t) · H (t)e−st dt.
0

2 Une condition suffisante d’existence de la transformée de Laplace


P ROPOSITION 4. Soit f : R+ → C une fonction continue par morceaux vérifiant

| f (t)| ≤ Me βt ; pour tout t ≥ t0 ,


où M, t0 ≥ 0 et β ∈ R. Alors, L ( f ) (s) existe pour tout s ∈ C tel que Re(s) > β.

Démonstration. Soit s ∈ C tel que Re(s) > β, et considérons un réel positif R tel que R > t0 , alors on a
Z R Z t0 Z R
f (t)e−st dt = | f (t)| e− Re(s)t dt + | f (t)| e− Re(s)t dt.
0 0 t0

De plus,
Z R Z R
f (t)e−st dt = | f (t)| e− Re(s)t dt
t0 t0
Z R
≤M e( β−Re(s))t dt
t0
M h iR
= e( β−Re(s))t
β − Re(s) t0
M
≤ .
Re(s) − β

3
Par suite,
Z R
f (t)e−st dt ≤ C,
0
Z t0
M
où C := | f (t)| e− Re(s)t dt + . D’où l’existence de L ( f ) (s).
0 Re(s) − β

D ÉFINITION 4. Une fonction f : R → C est dite fonction objet si


1. f est continue par morceaux,
2. f est causale : f (t) = 0 pour tout t < 0,
3. f est exponentiellement bornée : il existe M, t0 ≥ 0 et β ∈ R tels que

| f (t)| ≤ Me βt ; pour tout t ≥ t0 .

Le réel β s’appelle un ordre exponentiel de la fonction f .


L’ensemble des fonctions objets est noté O .

E XEMPLES 3.
1. La fonction d’Heaviside est une fonction objet.
2. La fonction t 7→ sin(t) · H (t) est une fonction objet.
2
3. La fonction t 7→ et · H (t) n’est pas une fonction objet.

3 Abscisse de convergence absolue


D ÉFINITION 5. Soit f : R −→ C une fonction On appelle abscisse de convergence absolue de la transfor-
mée de Laplace de f , l’élément
 Z +∞ 
−αt
a( f ) := inf α ∈ R : | f (t)| e dt converge ∈ R.
0

R EMARQUES 2.
1. La transformée de Laplace d’une fonction f est définie sur le demi-plan

{s ∈ C : Re(s) > a( f )} .
Z +∞
2. Si | f (t)| e−αt dt converge pour tout α ∈ R, on écrit a( f ) = −∞. Par contre, si cet intégrale ne
0
converge jamais, on écrit a( f ) = +∞.
3. Il est claire que si f ∈ O , alors a( f ) ̸= +∞.

E XEMPLE 5. Calculons l’abscisse de la convergence absolue de la fonction t 7→ ( f (t) = cos(t) · H (t)) ∈ O .


Soient R > 0 et α ∈ R. On a
Z R Z R
| f (t)| e−αt dt ≤ e−αt dt
0 0
Z R Z +∞
1
• Si α > 0, alors e−αt dt −→ . Par suite, | f (t)| e−αt dt existe.
0 R→+∞ α 0
Z R Z R Z +∞
−αt −αt
• Si α ≤ 0, alors e ≥ 1. Par suite, | f (t)| e dt ≥ |cos(t)| dt. Comme |cos(t)| dt
Z +∞ 0 0 0

diverge, alors | f (t)| e−αt dt diverge.


0

4
Conclusion : a( f ) = inf ]0, +∞[ = 0.
Déterminons maintenant la transformée de Laplace de f . Soit s ∈ C tel que Re(s) > 0. On a
Z +∞
1 +∞ 1
L ( f ) (s) = − cos(t)e−st 0 − sin(t)e−st dt
s| {z } s 0
−1
1 1  −st +∞ 1 +∞
Z
cos(t)e−st dt

= + 2 sin(t)e −
s s | {z 0 } s2 0
0
1 1
= − 2 L ( f ) (s) .
s s
s
Par conséquent, L ( f ) (s) = .
s2 +1

1
E XEMPLE 6. De même, pour g(t) = sin(t) · H(t), on montre que L ( g) (s) = pour tout s ∈ C tel que
s2 +1
Re(s) > 0.

III Propriétés de la transformée de Laplace


Dans le reste du chapitre, s’il n’y a pas de confusion, on va écrire f (t) au lieu de f (t) · H(t).

1 Transformée de Laplace des fonctions usuelles


P ROPOSITION 5. Soient α ∈ C, ω ∈ R et n ∈ N∗

f (t) L( f )(s) Domaine de Cv. absolue

α
α Re(s) > 0 (C si α = 0)
s
s
cos(ωt) Re(s) > 0
s2 + ω2
α
sin(ωt) Re(s) > 0
s2 + ω 2
1
eαt Re(s) > Re(α)
s−α
s
cosh(ωt) Re(s) > 0
s2 − ω2
α
sinh( at) Re(s) > 0
s2 − ω2
n!
tn Re(s) > 0
s n +1

2 Linéarité
Soient α, β, α ∈ C.
P ROPOSITION 6. Supposons que L ( f ) (s) et L ( g) (s) existent pour un élément s ∈ C, alors L (α f + βg) (s)
existe et on a :
L (α f + βg) (s) = αL ( f ) (s) + βL ( g) (s).

5
R EMARQUES 3.
• Si f + g = 0, alors a( f + g) = −∞. Sinon, a( f + g) ≤ max { a( f ); a( g)}.
• Si α = 0, alors a(α f ) = −∞. Sinon a(α f ) = a( f ).

E XEMPLE 7. Considérons la fonction f (t) = eit . Pour s ∈ C tel que Re(s) > 0, on a
 
L eit (s) = L (cos(t) + i sin(t)) (s)
= L (cos(t)) (s) + i L (sin(t)) (s)
s i
= 2 + 2
s +1 s +1
1
= .
s−i

E XEMPLE 8. Soit la fonction g(t) = t2 − 3t + 2e−3t . Pour s ∈ C tel que Re(s) > 0, on a
L ( g(t)) (s) = L t2 (s) − 3L (t) (s) + 2L e−3t (s)
 

2! 1! 2
= 3 −3 2 +
s s s+3
2 3 2
= 3− 2+ .
s s s+3

3 Homothétie (Changement d’échelle)


P ROPOSITION 7. Soit λ > 0 et f : R → C. Alors, pour tout s ∈ C tel que Re(s) > λa( f ),
1 s
L ( f (λt)) (s) = L ( f (t))
λ λ

Démonstration. Il suffit de faire le chargement de variable t′ = λt.

s
E XEMPLE 9. Soit f : R → C une fonction admettant la transformé de Laplace L ( f (t)) (s) = . Alors,
s2 +3
pour tout s ∈ C tel que Re(s) > 3a( f ), on a
s
1 s
L ( f (3t)) (s) =  32 = 2 .
3 s s + 27
+3
3

4 Translation
P ROPOSITION 8. Soit a > 0 et f : R → C une fonction. Alors, pour tout s ∈ C tel que Re(s) > a( f )
L ( f (t − a)H(t − a)) (s) = e−as L ( f (t)H(t)) (s).

E XEMPLES 4.  
cos t − 2π , si t ≥ 2π

1. Considérons la fonction f définie par f (t) = 3 3 . Alors,


0 sinon


L ( f (t)) (s) = e− 3 s L (cos(t)) (s)
− 2π s
=e 3 s .
2
s +1
2.
L (t − 1)2 H(t − 1) (s) = e−s L t2 H(t) (s)
 

2e−s
= 3 .
s

6
5 Multiplication par eαt
P ROPOSITION 9. Soient α ∈ C et f : R → C une fonction. Alors, pour tout s ∈ C tel que Re(s) >
Re(α) + a( f ), on a : 
L eαt f (t) (s) = L ( f (t)) (s − α).

E XEMPLES 5.
1.
 
L e−4t t2 (s) = L t2 (s + 4)


2
= .
( s + 4)3

2.

L e2t sin(3t) (s) = L (sin(3t)) (s − 2)




3
= .
( s − 2)2 + 9

6 Fonctions périodiques
P ROPOSITION 10. Soit f : R → C une fonction T −périodique. Alors, pour tout s ∈ C tel que Re(s) >
max{0, a( f )}, on a
Z T
1
L ( f (t)) (s) = f (t)e−st dt.
1 − e−sT 0

E XEMPLE 10. Considérons la fonction f (t) = |sin(t)|. Pour s ∈ C tel que Re(s) > 0, on a

1
Z π
L ( f (t)) (s) = sin(t)e−st dt.
1 − e−sπ 0

Or
−1 
Z π  Z π 
−st −st π −st

sin(t)e dt = sin(t)e 0
− cos(t)e dt
0 s 0
−1 
 
π Z π
= 2 cos(t)e−st 0 + sin(t)e−st dt ,
s 0

e−πs + 1
Z π
donc sin(t)e−st dt = et par conséquent
0 s2 + 1

e−πs + 1
L ( f (t)) (s) = .
(1 − e−sπ )(s2 + 1)

7 Conjugué
P ROPOSITION 11. Soit f : R → C une fonction admettant une transformée de Laplace. Alors, f admet une
transformée de Laplace, de plus  
L f (t) (s) = L ( f (t)) (s).

7
8 Produit de Convolution
D ÉFINITION 6. Soient f et g deux fonctions objets. Le produit de convolution de f et g est la fonction définie
par
Z t
( f ⋆ g)(t) := f (t − u) g(u) du, t ∈ R+ .
0

P ROPOSITION 12. Soient f , g : R → C deux fonctions objets. Alors, pour tout s ∈ C tel que Re(s) >
max{ a( f ); a( g)}
L ( f ⋆ g ) ( s ) = L ( f ) ( s ) × L ( g ) ( s ).

Démonstration.
• Soit R > 0. Supposons que α > a( f ) ≥ a( g). On a
Z R Z RZ t
−αt
|( f ⋆ g)(t)| e dt ≤ | f (t − x ) g( x )| dx e−αt dt
0 0 0
Z R Z R
= | g( x )| | f (t − x )| e−αt dt dx
0 x
Z R Z R
= | g( x )| e−αx | f (t − x )| e−α(t−x) dt dx
0 x
Z R Z R− x

= | g( x )| e−αx f (t′ ) e−αt dt′ dx
0 0
Z R Z R

≤ | g( x )| e−αx f (t′ ) e−αt dt′ dx.
0 0
Z +∞
Par suite, α > a( f ⋆ g). De plus, |( f ⋆ g)(t)| e−αt dt < +∞.
0

Z +∞ Z t Z +∞ Z t
f (t − u) g(u) du e−st dt = f (t − u) g(u)e−s(t−u) × e−us du dt
0 0 0 0
Z +∞ Z +∞
= f (t − u) g(u)e−s(t−u) e−us dt du
0 u
Z +∞  Z +∞ 
= g(u)e−us × f (t − u)e−s(t−u) dt du
0 u
Z +∞  Z +∞ 
−us ′ −st′ ′
= g(u)e × f (t )e dt du
0 0
= L ( f (t)) (s) × L ( g(t)) (s) .

E XEMPLE 11.
t
Z 
et−u sin(u) du (s) = L et (s) × L (sin(t)) (s)

L
0
1
= .
(s − 1)(s2 + 1)

8
9 Dérivation
P ROPOSITION 13. Soit f : R → C une fonction dérivable telle que f ∈ O et d’ordre exponentiel β. Si f ′ est
continue par morceaux, alors :

L f ′ (t) (s)= sL ( f (t)) (s) − f (0),




pour tout s ∈ C tel que R(s) > β.

Démonstration. Soit R > 0 suffisamment grand. On a


Z R R Z R
f ′ (t)e−st dt = f (t)e−st 0 + s f (t)e−st dt

0 0
Z R
= f ( R)e−sR − f (0) + s f (t)e−st dt.
0

Puisque f ∈ O , alors
f ( R)e−sR ≤ Me( β− R(s)) R ,

donc lim f ( R)e−sR = 0, et par conséquent


R→+∞
Z +∞ Z +∞
′ −st
f (t)e dt = − f (0) + s f (t)e−st dt.
0 0

C OROLAIRE 1. Soit n ∈ N∗ et soit f : R → C une fonction n fois dérivable telle que f (k) ∈ O et d’ordre
exponentiel β k , pour chaque k = 0, · · · , n − 1. Si f (n) est continue par morceaux, alors :
 
L f (n) (t) (s) = sn L ( f (t)) (s) − sn−1 f (0) − sn−2 f ′ (0) − sn−3 f ′′ (0) − · · · − s f (n−2) (0) − f (n−1) (0),

pour tout s ∈ C tel que R(s) > max {bk }. En particulier,


0≤ k ≤ n −1

L f ′′ (t) (s)= s2 L ( f (t)) (s) − s f (0) − f ′ (0).




Démonstration. Par récurrence.

E XEMPLE 12.
1
L (cos(2t)) (s) = L sin′ (2t) (s)

2
1
= × s × L (sin(2t)) (s) − sin(0)
2
s 2
= × 2
2 s +4
s
= 2 .
s +4

R EMARQUE 2. Si f est une fonction objet qui est dérivable sur R+∗ , alors

L f ′ (t) (s) = sL ( f (t)) (s) − f (0+ ).




9
10 Primitive
P ROPOSITION 14. Soit f : R → C une fonction continue. Alors, pour tout s ∈ C tel que Re(s) >
max {0, a( f )} on a Z t 
1
L f ( x ) dx (s) = L ( f (t)) (s).
0 s

E XEMPLE 13.
t
Z 
L (sin(t)) (s) = L cos( x ) dx (s)
0
1
= × L (cos(t)) (s)
s
1 s
= × 2
s s +1
s
= 2 .
s +1

11 Comportement asymptotique
Théorème 3 (Comportement à l’infini de la transformée de Laplace). Soit f : R → C une fonction.
Alors,
lim L ( f ) (s) = 0.
|s|→+∞
Re(s)> a( f )

Théorème 4 (Valeur initiale d’une fonction). Soit f : R → C une fonction dérivable sur R+∗ telle que
f ∈ O . Alors,
f (0+ ) = lim sL ( f (t)) (s).
|s|→+∞
Re(s)> a( f )

Démonstration. D’après la remarque 2, L f ′ (t) (s) existe et




L f ′ (t) (s) = sL ( f (t)) (s) − f (0+ ).




D’après le théorème 3, L f ′ (t) (s) −−−−→ 0, par suite



|s|→+∞

sL ( f (t)) (s) −−−−→ f (0+ ).


|s|→+∞

Théorème 5 (Valeur finale d’une fonction). Soit f : R → C une fonction dérivable sur R+∗ telle que
f ∈ O . De plus, supposons que lim f (t) existe. Alors,
t→+∞

lim f (t) = lim sL ( f (t)) (s).


t→+∞ |s|→0+
Re(s)> a( f )

12 Dérivée de la transformée de Laplace


Théorème 6 (admis). Soit F (s) := L ( f (t)) (s) la transformée de Laplace d’une fonction objet f . Alors, la
fonction F est holomorphe sur le demi-plan {s ∈ C : Re(s) > a( f )}, et on a
F ′ (s) = −L (t f (t)) (s).
Plus généralement,
F (n) (s) = (−1)n L (tn f (t)) (s).

10
IV Transformée de Laplace inverse
1 Définition et exemples
D ÉFINITION 7. Soit f une fonction objet, et considérons la fonction F sa transformée de Laplace :

F (s) := L ( f (t)) (s) , pour tout Re(s) > a( f ).

La fonction f s’appelle la transformée de Laplace inverse (ou l’originale) de la fonction F. On écrit

L −1 ( F ) ( t ) = f ( t ).

R EMARQUES 4 (unicité de la transformation de Laplace inverse (admis)). Soient f et g deux fonctions


objets. Si L ( f ) (s) = L ( g) (s), alors f = g sauf peut-être en leurs points de discontinuité.

E XEMPLES 6.
 
  1 1
1. Puisque L eit (s) = , alors L−1 (t) = eit H(t).
s−i s−i
s2
 
−1
2. L (t) = t2 H(t).
6

s
 √
3. L−1 2 (t) = cosh( 2t)H(t).
s −2

2 Propriétés de la transformé de Laplace inverse


P ROPOSITION 15 (linéarité). Pour tout α, β ∈ R, on a

L−1 (αF + βG ) = αL−1 ( F ) + βL−1 ( G ).

 
−1 1 1 1 1
E XEMPLE 14. Déterminons L . On a = − , par suite
s ( s + 1) s ( s + 1) s s+1
     
−1 1 −1 1 −1 1
L (t) = L (t) − L (t)
s ( s + 1) s s+1
= H(t) − e−t H(t)
= 1 − e−t H(t).


P ROPOSITION 16 (Translation). Soit α ∈ C. On a

L−1 ( F (s − α)) = eα L−1 ( F (s)).

 
−1 1
E XEMPLE 15. Déterminons L . On a
( s − 1)2 + 4
   
−1 1 t −1 1
L (t) = e L (t)
( s − 1)2 + 4 s2 + 4
e t −1
 
2
= L (t)
2 s2 + 4
et
= sin(2t)H(t).
2

11
P ROPOSITION 17 (Multiplication par e−as ). Soit a > 0. Si L−1 ( F (s)) (t) = f (t), alors

L−1 e−as F (s) = f (t − a)H(t − a).




E XEMPLE 16.
se−πs
 
−1
L (t) = cos (t − π ) H(t − π )
s2 + 1

P ROPOSITION 18 (Homothétie). Soit λ > 0. On a


 
−1 1 t
L ( F (λs)) (t) = L−1 ( F (s)) .
λ λ

E XEMPLE 17.
   
−1 3s 3 −1 2s
L 2
(t) = L (t)
4s + 1 2 (2s2 ) + 1
3 −1 s
= L ( F (2s)) (t) , avec F (s) = 2
2   s +1
3 −1 t
= L ( F (s))
4 2
 
3 t
= cos H(t).
4 2

P ROPOSITION 19 (Dérivée). Soit n ∈ N∗ . On a


 
L−1 F (n) (s) (t) = (−1)n tn L−1 ( F (s)) (t) .

E XEMPLE 18.
  ′ !

3s 3 1
L −1 ( t ) = − L −1 (t)
( s + 1)2
2 2 s2 + 1
 
3 −1 1
= ×t×L (t)
2 s2 + 1
3t
= sin(t)H(t).
2

P ROPOSITION 20 (Primitive). Si L−1 ( F (s)) (t) = f (t), alors


  Z t
−1 F ( s )
L (t) = f ( x ) dx, ( s ̸ = 0).
s 0

E XEMPLE 19.
   
−1 2 −1 F (s) 2
L (t) = L (t) , avec F (s) =
s ( s2 + 4) s s2 + 4
Z t
= sin(2x ) dx
0
cos(2t) 1
=− + .
2 2

12
C OROLAIRE 2. Si L−1 ( F (s)) (t) = f (t) et f (0) = 0, alors
L−1 (sF (s)) (t) = f ′ (t).

E XEMPLE 20.
 
−1 s 1
L 2
(t) = sin′ (2t)H(t)
s +4 2
= cos(2t)H(t).

P ROPOSITION 21 (Produit).
 
L−1 ( F (s) × G (s)) (t) = L−1 ( F (s)) ⋆ L−1 ( G (s)) (t).

E XEMPLE 21.
      
−1 1 1 1
−1 −1 1
L × (t) = L ⋆L (t)
s−1 s−2 s−1 s−2
= et ⋆ e2t (t)H(t)

Z t
= et− x × e2x dx · H(t)
0
Z t
= et e x dx · H(t)
0
= et (e − 1)H(t).
t

V Application : résolution des équations différentielles

Le corollaire 1, qui établit un lien entre les transformées de Laplace des dérivées et celle de la fonction,
nous permet de résoudre des équations différentielles ordinaires en les transformant en équations
algébriques simples.

Exemples
E XEMPLE 22. Soit y ∈ C1 (R+ ) une fonction objet. Résolvons l’équation différentielle suivante :
(
y′ (t) + y(t) = 1, t ≥ 0
(ED1)
y(0) = 0.
On a
1
y′ (t) + y(t) = 1 ⇐⇒ L y′ (t) + y(t) (s) =

s
1
⇐⇒ L y′ (t) (s) + L (y(t)) (s) =

s
1
⇐⇒ sL (y(t)) (s) − y(0) + L (y(t)) (s) =
s
1
⇐⇒ L (y(t)) (s) = .
s ( s + 1)
Par conséquent,
 
−1 1
y(t) = L (t)
s ( s + 1)
= 1 − e−t H(t).


13
E XEMPLE 23. Soit y ∈ C2 (R+ ). Résolvons l’équation différentielle suivante :
(
y′′ (t) + y(t) = 3 sin(2t), t ≥ 0
(ED2)
y(0) = 1 et y′ (0) = 2.

On a
6
y′′ (t) + y(t) = 3 sin(2t) ⇐⇒ L y′′ (t) (s) + L (y(t)) (s) =

s2 +4
6
⇐⇒ sL (y(t)) (s) − s2 y(0) − y′ (0) + L (y(t)) (s) =
s2 +4
6 s 2
⇐⇒ L (y(t)) (s) = + + .
(s2 + 1)(s2 + 4) s2 + 1 s2 + 1
Par conséquent,
 
−1 6 s 2
y(t) = L + + (t)
(s2 + 1)(s2 + 4) s2 + 1 s2 + 1
     
−1 6 −1 s −1 2
= L (t) + L (t) + L (t)
(s2 + 1)(s2 + 4) s2 + 1 s2 + 1
       
−1 2 −1 1 −1 s −1 1
= −L ( t ) + 2L (t) + L ( t ) + 2L (t)
s2 + 4 s2 + 1 s2 + 1 s2 + 1
= (− sin(2t) + 4 sin(t) + cos(t)) H(t).

14
Chapitre 5

Transformée de Fourier

I Préliminaires
1 Fonctions intégrables (sommables)
D ÉFINITION 8. Soit f : R −→ C une fonction continue par morceaux. f est dite intégrable (ou sommable) sur
Z +∞  
R si l’intégrale | f (t)| dt existe. L’ensemble de ces fonctions est noté L1 (R). De plus, L1 (R), +, ×
−∞
est un espace vectoriel.

E XEMPLES 7.
1
1. f : t 7→ ∈ L1 (R).
2t2 +2
2
2. g : t 7→ e−t ∈ L1 (R).
/ L1 (R).
3. h : t 7→ t2 ∈

R EMARQUE 3. Soient α, β ∈ C. Il faut noter que si f , g ∈ L1 (R), alors α f + βg ∈ L1 (R), mais on a pas
forcement f × g ∈ L1 (R).

E XERCICE 1.
Z +∞
sin( x )
1. Montrer que l’intégrale dx converge.
−∞ x
sin( x )
2. Montrer que x 7→ / L1 (R).

x

P ROPOSITION 22. Soit f : R −→ C une fonction telle que lim f ( x ) existe. Si f ∈ L1 (R), alors
| x |→+∞

lim f ( x ) = 0.
| x |→+∞

|l |
Démonstration. Supposons que lim f ( x ) = l ̸= 0, alors pour ϵ = , il existe A ≥ 0 tel que
x →+∞ 2
|l |
, pour tous x ≥ A.
| f ( x )| >
2
D’autre part, soit R > 0 suffisamment grand. On a
Z R Z A Z R
| f ( x )| dx = | f ( x )| dx + | f ( x )| dx
0 0 A
Z A
|l |
> | f ( x )| dx + ( R − A) −−−−−→ +∞,
0 2 R−→+∞
Z +∞
c’est-à-dire que / L1 (R).
| f ( x )| dx diverge, par suite f ∈
0

15
II Transformée de Fourier d’une fonction dans L1 (R)
1 Définition et exemples
D ÉFINITION 9. Soit f ∈ L1 (R). La fonction F ( f ) : R → C définie par
Z +∞
F ( f ) ( x ) := f (t)e−ixt dt
−∞

s’appelle la transformée de Fourier de la fonction f . L’application F : f 7→ F ( f ) s’appelle la transforma-


tion de Fourier.

E XEMPLE 24 (Fonction porte). Considérons la fonction porte Π définie par



1, si t ≤ 1 ,
||
Π(t) = 2
0 sinon .

Il est claire que Π ∈ L1 (R). De plus, pour tout x ∈ R on a :



2 x x


x sin = : sinc , si x ̸= 0,
2 2
F (Π) ( x ) = (5.1)


1 si x = 0.

R EMARQUES 5.
1. La transformée de Fourier est notée encore TF ( f ) ou fb.
2. Il existe d’autre définitions de la transformée de Fourier, par exemple
Z +∞
F ( f ) (x) = f (t)e−2iπxt dt,
−∞
Z +∞
1
F ( f ) (x) = √ f (t)e−ixt dt, ...
2π −∞

Il faut toujours vérifier la définition utilisé !

2 Lien avec la transformée de Laplace


Soit f ∈ L1 (R). Alors, pour tout x ∈ R, on a
Z +∞ Z 0
−ixt
F ( f (t)) ( x ) = f (t)e dt + f (t)e−ixt dt
0 −∞
Z +∞ Z 0
= f (t)e−ixt dt − f (−t)eixt dt
0 +∞
Z +∞ Z +∞
= f (t)e−ixt dt + f (−t)eixt dt.
0 0

Définissons les fonction f + et f − par

f + (t) := f (t) · H(t), pour tout t ∈ R,



f (t) := f (−t) · H(t), pour tout t ∈ R,

et supposons qu’elles sont des fonctions objets. Alors, nous avons le théorème suivant.
Théorème 7. Soit f ∈ L1 (R). Pour tout x ∈ R, on a

F ( f ) ( x ) = L f + (ix ) + L f − (−ix ).
 

16
E XEMPLE 25. Considérons la fonction f (t) = e−a|t| , avec a > 0. On a

f − (t) = f + (t) = e−at · H(t) ∈ O .

De plus

F ( f (t)) ( x ) = L e−at (ix ) + L e−at (−ix )


 

1 1
= +
ix + a −ix + a
2a
= 2 .
a + x2

3 Propriétés de la transformée de Fourier


P ROPOSITION 23. Soit f ∈ L1 (R). Alors, la fonction x 7→ F ( f ) ( x ) est continue et bornée sur R.

Démonstration.
• La continuité de x 7→ F ( f ) ( x ) est une application directe du “théorème de la convergence
dominée”.
• Soit f ∈ L1 (R), alors pour tous x ∈ R
Z +∞
|F ( f ) ( x )| ≤ | f ( x )| dx
−∞
:= M.

P ROPOSITION 24 (Transformée de Fourier et parité). Soit f ∈ L1 (R).


Z +∞
1. Si f est paire, alors F ( f ) ( x ) = 2 cos( xt) f (t) dt.
0
Z +∞
2. Si f est impaire, alors F ( f ) ( x ) = −2i sin( xt) f (t) dt.
0

Comme pour la transformée de Laplace, on peut facilement vérifier les propriétés suivantes.

P ROPOSITION 25. Soient f et g deux fonctions de L1 (R), α et β des réels. On a


1.
F (α f + βg) = αF ( f ) + βF ( g) .
2.
F ( f (t − α)) ( x ) = e−iα F ( f (t)) ( x ) .
3.
eiαt F ( f (t)) ( x ) = F ( f (t)) ( x − α) .
4. x
1
F ( f (αt)) ( x ) = F ( f (t)) , α ̸= 0.
|α| α

Théorème 8 (Transformée de Fourier de la dérivée). Supposons que f (k) est intégrable sur R, pour tout
k = 0, 1, · · · , n ∈ N. Alors,  
F f (n) (t) ( x ) = (ix )n F ( f (t)) ( x ).
En particulier
F f ′ (t) ( x ) = ix F ( f (t)) ( x ).


17
Pour démontrer ce théorème, nous avons besoin du lemme suivant.

L EMME 1. Soit f une fonction dérivable sur R telle que f , f ′ ∈ L1 (R). Alors

lim f ( x ) = 0.
| x |→+∞

Z x
Démonstration (du lemme). Soit x ∈ R, alors f ( x ) = f (0) + f ′ (t) dt. Puisque f ′ ∈ L1 (R), la limite
Z x 0
lim f ′ (t) dt existe et par conséquent lim f ( x ) existe. Le résultat découle par la proposition 22.
| x |→+∞ 0 | x |→+∞

Démonstration (du théorème). On a


Z +∞

f ′ (t)e−ixt dt

F f (x) =
−∞
h i+∞
= f (t)e−ixt +ix F ( f ) ( x ) .
| {z −∞}
=0

C OROLAIRE 3 (La transformée de Fourier d’une primitive). Soit f : R → C une fonction continue telle
Z t
que f ∈ L1 (R). Si t 7→ f (t) dt ∈ L1 (R), alors pour tout x ̸= 0 on a
0

t F ( f (t)) ( x )
Z 
F f (t) dt ( x ) = .
0 ix

Démonstration. Découle du théorème précédent.

Théorème 9 (Dérivation de la transformée de Fourier(admis)). Soit f ∈ L1 (R). Si la fonction t 7→ t f (t)


appartient aussi à L1 (R), alors

d
F ( f (t)) ( x ) = −i F (t f (t)) ( x ).
dx
Nous avons précédemment défini le produit de convolution de deux fonctions objets ; nous allons
maintenant le définir pour des fonctions quelconques.

D ÉFINITION 10 (Produit de convolution). Soient f , g : R → C. Le produit de convolution f ⋆ g est


défini par
Z +∞
( f ⋆ g) (t) = f (t − x ) g( x ) dx (⋆)
−∞
pour tout t ∈ R tel que cet intégrale converge.

R EMARQUE 4. Diverses conditions peuvent être imposées sur f et g pour assurer l’existence de l’intégrale
(⋆), par exemple : si f ∈ L1 (R) et g est bornée, alors f ⋆ g est bien définie.

Dans les propriétés suivantes, nous supposons que toutes les intégrales citées sont absolument conver-
gentes.

P ROPRIÉTÉS 1. Soient f , g et h des fonctions.


1. f ⋆ ( g + h) = f ⋆ g + f ⋆ h.
2. f ⋆ g = g ⋆ f .
3. ( f ⋆ g) ⋆ h = f ⋆ ( g ⋆ h).

18
Démonstration. Soit t ∈ R et R > 0.
1. Découle de la linéarité de l’intégrale.
2.
Z R
( f ⋆ g)(t) = lim f (t − x ) g( x ) dx
R→+∞ − R
Z t+ R
= lim f ( x ′ ) g(t − x ′ ) dx ′
R→+∞ t− R
= ( g ⋆ f )(t).
3.
Z +∞
(( f ⋆ g) ⋆ h) (t) = ( g ⋆ f )(t − x ) h( x ) dx
−∞
Z +∞ Z +∞
= f (y) g(t − x − y)h( x ) dy dx
−∞ −∞
Z +∞ Z +∞
= f (y) g(t − y − x )h( x ) dx dy
−∞ −∞
Z +∞
= f (y)( g ⋆ h)(t − y) dy
−∞
= ( f ⋆ ( g ⋆ h)) (t).

Théorème 10 (La transformée de Fourier d’une convolution). Si f , g ∈ L1 (R) telles que f ⋆ g existe,
alors f ⋆ g ∈ L1 (R). De plus
F ( f ⋆ g ) ( x ) = F ( f ) ( x ) × F ( g ) ( x ).

Démonstration.
• D’abord, montrons que f ⋆ g ∈ L1 (R). En effet :
Z +∞ Z +∞ Z +∞ Z +∞
| f ( x )| | g(t − x )| dt dx = | f ( x )| | g(t − x )| dt dx
−∞ −∞ −∞ −∞
Z +∞ Z +∞
= | f ( x )| | g(y)| dy dx
−∞ −∞
≤ ∥ f ∥ × ∥ g∥ < +∞.
D’après le théorème de Fubini,
Z +∞ Z +∞ Z +∞ Z +∞
| f ( x )| | g(t − x )| dt dx = | f ( x )| | g(t − x )| dx dt
−∞ −∞ −∞ −∞
Z +∞ Z +∞
≥ f ( x ) g(t − x ) dx dt
−∞ −∞
Z +∞
= |( f ⋆ g)(t)| dt.
−∞

• On déduit l’égalité par application de Fubini. En effet,


Z +∞
F ( f ⋆ g) ( x ) = ( f ⋆ g)(t)e−ixt dt
−∞
Z +∞ Z +∞
= f (y) g(t − y)e−ixt dy dt
−∞ −∞
Z +∞ Z +∞
= f (y)e− xy g(t − y)e−ix(t−y) dt dy
−∞ −∞
= F ( f ) ( x ) × F ( g) ( x ) .

19
Théorème 11 (Comportement asymptotique : lemme de Riemann-Lebesgue). Soit f ∈ L1 (R). Alors,

lim F ( f ) ( x ) = 0.
| x |→+∞

 
R EMARQUE 5. On a montrer que F ∈ L L1 (R); C0 , où C0 est l’ensemble des fonctions f : R −→ C
continues qui tendent vers 0 à l’infini.

III Transformée de Fourier conjuguée


D ÉFINITION 11. Soit f ∈ L1 (R). On appelle transformée de Fourier conjugué (ou inverse) de f , la fonc-
tion F ( f ) définie par :
Z +∞
1
F ( f ) ( x ) := f (t)eixt dt.
2π −∞
Le théorème suivant, connue sous le nom de la formule d’inversion de Fourier, nous permet de
retrouver une fonction f à partir de sa transformée de Fourier F ( f ).
Théorème 12. Soit f une fonction classe C1 par morceaux sur R et telle que f ∈ L1 (R). Alors, pour tout
t∈R:
f (t+ ) + f (t− )
Z R
1
lim fb( x )eixt dx = .
R→+∞ 2π − R 2
Z +∞
sin ( x )
E XEMPLE 26. Calculons dx. On a montrer que
−∞ x
 x
 sin
2 si x ̸= 0

Π
 b (x) =
x .

 2
Π

b (0) = 1

D’après le théorème d’inversion :


x
Z R Z R sin
1 b ( x )e−i0x dx = Π(0) 2 dx = 2π
lim Π donc lim x
R→+∞ 2π −R R→+∞ − R
2
Z R
sin ( X )
donc lim dX = π
R→+∞ − R X
Z +∞
sin ( X )
par suite dX = π.
−∞ X

C OROLAIRE 4. Soit f une fonction classe C1 par morceaux sur R et telle que f , fb ∈ L1 (R). Alors, pour tout
t∈R:  
F fb (t) = f (t).

  classe C par morceaux sur R et telle que f , f ∈ L (R). D’après le


1 1
R EMARQUE 6. Soit f une fonction b
corollaire 4, pour tout t ∈ R : F fb (−t) = f (−t), c’est-à-dire que

1 +∞ Z
f (−t) = fb( x )e−ixt dx
2π −∞
1  
= F fb (t) .

20
2
E XEMPLE 27. Considérons la fonction f (t) = e−|t| . Pour tout x ∈ R, fb( x ) = . D’après la formule
1 + x2
d’inversion de Fourier, pour tout t ∈ R
Z +∞
1 2
f (t) = eixt dx
2π −∞ 1 + x2
Pour t = 0, on a Z +∞
1
dx = π.
−∞ 1 + x2

C OROLAIRE 5. Soient f , g : R −→ C deux fonctions de classe C1 par morceaux sur R et telles que f , g ∈
L1 (R). On a l’implication suivante
F ( f ) = F ( g) =⇒ f = g.

Démonstration. Soit h = f − g ∈ L1 (R). Si F ( f ) = F ( g), alors F (h) = 0 ∈ L1 (R). D’après le


corollaire 4, h = 0.

1 Egalité de Plancherel
D ÉFINITION 12 (Fonctions de carré intégrable).
L’espace  Z +∞ 
L2 (R) = f : R → C continue par morceaux et | f (t)|2 dt existe
−∞
s’appelle l’espace des fonctions de carré intégrable (ou de carré sommable).

E XEMPLE 28. La fonction exponentielle f (t) = e−t et la fonction porte Π sont des fonctions de carré inté-
grable.

R EMARQUES 6.
1. On peut vérifier facilement que L2 (R) ̸⊂ L1 (R) et L1 (R) ̸⊂ L2 (R). En effet, considérons les deux
fonctions f et g définies par :
( −2
x 3 , si 0 < x < 1,
f (x) =
0, sinon,

−2
(
x 3 , si x > 1,
g( x ) =
0, sinon.

Alors, f ∈ L1 (R) mais f ∈


/ L2 (R), tandis que g ∈ L2 (R) mais g ∈
/ L1 (R).
2. Si f , g ∈ L2 (R), alors f × g ∈ L1 (R). En effet l’inégalité de Cauchy Schawrtz nous donne
s s
Z +∞ Z +∞ Z +∞
| f ( x ) g( x )| dx ≤ | f ( x )|2 dx × | g( x )|2 dx.
−∞ −∞ −∞

En conséquence, si f , g ∈ L2 (R) alors f ⋆ g est bien définie.

Théorème 13 (Théorème de Plancherel(admis)). Soient f et g deux fonctions de classe C1 par morceaux


sur R et telles que f , g ∈ L1 (R) ∩ L2 (R), alors
Z +∞ Z +∞
1
f (t) g(t) dt = fb( x ) gb( x ) dx.
−∞ 2π −∞

En particulier, si on prend f = g, on trouve l’égalité de Plancherel-Parseval


Z +∞ Z +∞
2 1 2
| f (t)| dt = fb( x ) dx.
−∞ 2π −∞

21
E XEMPLE 29. On a
Z +∞ 1
1 2
Z
2
Π
b (x) dx = dt
2π −∞ − 12

donc
x
Z +∞ sin2
1 2
 x 2 dx = 1.
2π −∞
2
Enfin
Z +∞
sin2 ( X )
dX = π.
−∞ X2

22

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