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Transformée de Laplace
Les transformations de Laplace et de Fourier appartiennent à une famille très vaste de transforma-
tions intégrales : Z
f 7→ T ( f ) : s 7→ f (t)K (s, t) dt.
I
La transformation de Laplace se caractérise par le choix de I = R+ et K (s, t) = e−st . Elle joue un rôle
prépondérant dans de nombreux domaines tels que la physique, les probabilités et l’ingénierie. En
particulier, elle est largement exploitée pour la résolution d’équations différentielles. Elle est nommée
d’après le mathématicien français Pierre-Simon Laplace (1749-1827), dont les travaux ont eu une
influence majeure dans ce domaine.
I Rappels
1 Limite d’une fonction à valeur complexe
D ÉFINITION 1. Soit f : D ⊂ R → C une fonction définie au voisinage de a ∈ R. On dit que f tend vers
l ∈ C en a si
lim | f (t) − l | = 0
t→ a
eit − 1 t+i
E XEMPLES 1. lim = 0, lim = 1.
t→+∞ t t→+∞ t−i
it
E XEMPLE 1. lim = i.
t→+∞ t − i
1
Théorème 1. Soit f : D −→ C une fonction définie au voisinage de a ∈ R. Alors,
lim Re( f (t)) = Re(l ),
lim f (t) = l ⇐⇒ t→a
t→ a lim Im( f (t)) = Im(l ).
t→ a
eit − 1
E XEMPLE 2. lim = i.
t →0 t
1 αx
Z
∗
2. Soit α ∈ C . On a eαx dx = e + C.
α
P ROPOSITION 2. Soient I in intervalle de R et f : I −→ C une fonction.
1. La fonction f est dérivable sur I si et seulement si Re( f ) et Im( f ) le sont. Dans ce cas :
f ′ = (Re( f ))′ + i (Im( f ))′ .
2. La fonction f est intégrable sur [ a, b] ⊂ I si et seulement si Re( f ) et Im( f ) le sont. Dans ce cas :
Z b Z b Z b
f ( x ) dx = Re( f ( x )) dx + i Im( f ( x )) dx.
a a a
3 Intégrale généralisé
Z R
D ÉFINITION 2. Soient a ∈ R et f : [ a, +∞[ −→ C. Si lim f ( x ) dx existe, on dit que l’intégrale
R→+∞ a
Z +∞
f ( x ) dx converge.
a
R EMARQUES 1.
Z +∞ Z +∞
1. Si | f ( x )| dx converge, alors on dit que l’intégrale f ( x ) dx converge absolument.
a a
Z +∞
2. Si l’intégrale f ( x ) dx converge absolument, alors il est convergent.
a
Z +∞
E XEMPLE 3. L’intégrale e−st dt converge absolument si et seulement si Re(s) > 0.
0
2
II Définition et conditions d’existence de la transformée de Laplace
1 Définition et exemple
D ÉFINITION 3. Soit f : R → C une fonction telle que f (t) = 0, pour tout t < 0. La transformée de
Laplace de la fonction f , notée L ( f ), est la fonction à variable complexe s définie par
Z +∞
L ( f ) (s) := f (t)e−st dt,
0
pour tout s ∈ C tel que l’intégral ci dessous existe.
L’application L : f → L( f ) s’appelle la transformation de Laplace.
(
0 si t < 0
E XEMPLE 4. Considérons la fonction d’Heaviside H définie sur R par H(t) = . Soit s ∈ C
1 si t ≥ 0
tel que Re(s) > 0. Pour R > 0, on a
Z R
1 −st R
e−st dt = e 0
0 s
−1 −sR
= e −1 .
s
Z R
1
D’autre part e−sR = e− Re(s) R −→ 0. Par suite, lim e−st dt = . En résumé,
R→+∞ R→+∞ 0 s
1
L (H) (s) = , pour tout s ∈ C tel que Re(s) > 0.
s
R EMARQUE 1. La transformée de Laplace est utilisée souvent pour résoudre des problèmes avec conditions
initiales, c’est pourquoi on travaille en générale avec des fonctions définies sur R+ . Dans la cas où f : R → C,
la transformée de Laplace de f est définie par
Z +∞
L ( f ) (s) := f (t) · H (t)e−st dt.
0
Démonstration. Soit s ∈ C tel que Re(s) > β, et considérons un réel positif R tel que R > t0 , alors on a
Z R Z t0 Z R
f (t)e−st dt = | f (t)| e− Re(s)t dt + | f (t)| e− Re(s)t dt.
0 0 t0
De plus,
Z R Z R
f (t)e−st dt = | f (t)| e− Re(s)t dt
t0 t0
Z R
≤M e( β−Re(s))t dt
t0
M h iR
= e( β−Re(s))t
β − Re(s) t0
M
≤ .
Re(s) − β
3
Par suite,
Z R
f (t)e−st dt ≤ C,
0
Z t0
M
où C := | f (t)| e− Re(s)t dt + . D’où l’existence de L ( f ) (s).
0 Re(s) − β
E XEMPLES 3.
1. La fonction d’Heaviside est une fonction objet.
2. La fonction t 7→ sin(t) · H (t) est une fonction objet.
2
3. La fonction t 7→ et · H (t) n’est pas une fonction objet.
R EMARQUES 2.
1. La transformée de Laplace d’une fonction f est définie sur le demi-plan
{s ∈ C : Re(s) > a( f )} .
Z +∞
2. Si | f (t)| e−αt dt converge pour tout α ∈ R, on écrit a( f ) = −∞. Par contre, si cet intégrale ne
0
converge jamais, on écrit a( f ) = +∞.
3. Il est claire que si f ∈ O , alors a( f ) ̸= +∞.
4
Conclusion : a( f ) = inf ]0, +∞[ = 0.
Déterminons maintenant la transformée de Laplace de f . Soit s ∈ C tel que Re(s) > 0. On a
Z +∞
1 +∞ 1
L ( f ) (s) = − cos(t)e−st 0 − sin(t)e−st dt
s| {z } s 0
−1
1 1 −st +∞ 1 +∞
Z
cos(t)e−st dt
= + 2 sin(t)e −
s s | {z 0 } s2 0
0
1 1
= − 2 L ( f ) (s) .
s s
s
Par conséquent, L ( f ) (s) = .
s2 +1
1
E XEMPLE 6. De même, pour g(t) = sin(t) · H(t), on montre que L ( g) (s) = pour tout s ∈ C tel que
s2 +1
Re(s) > 0.
α
α Re(s) > 0 (C si α = 0)
s
s
cos(ωt) Re(s) > 0
s2 + ω2
α
sin(ωt) Re(s) > 0
s2 + ω 2
1
eαt Re(s) > Re(α)
s−α
s
cosh(ωt) Re(s) > 0
s2 − ω2
α
sinh( at) Re(s) > 0
s2 − ω2
n!
tn Re(s) > 0
s n +1
2 Linéarité
Soient α, β, α ∈ C.
P ROPOSITION 6. Supposons que L ( f ) (s) et L ( g) (s) existent pour un élément s ∈ C, alors L (α f + βg) (s)
existe et on a :
L (α f + βg) (s) = αL ( f ) (s) + βL ( g) (s).
5
R EMARQUES 3.
• Si f + g = 0, alors a( f + g) = −∞. Sinon, a( f + g) ≤ max { a( f ); a( g)}.
• Si α = 0, alors a(α f ) = −∞. Sinon a(α f ) = a( f ).
E XEMPLE 7. Considérons la fonction f (t) = eit . Pour s ∈ C tel que Re(s) > 0, on a
L eit (s) = L (cos(t) + i sin(t)) (s)
= L (cos(t)) (s) + i L (sin(t)) (s)
s i
= 2 + 2
s +1 s +1
1
= .
s−i
E XEMPLE 8. Soit la fonction g(t) = t2 − 3t + 2e−3t . Pour s ∈ C tel que Re(s) > 0, on a
L ( g(t)) (s) = L t2 (s) − 3L (t) (s) + 2L e−3t (s)
2! 1! 2
= 3 −3 2 +
s s s+3
2 3 2
= 3− 2+ .
s s s+3
s
E XEMPLE 9. Soit f : R → C une fonction admettant la transformé de Laplace L ( f (t)) (s) = . Alors,
s2 +3
pour tout s ∈ C tel que Re(s) > 3a( f ), on a
s
1 s
L ( f (3t)) (s) = 32 = 2 .
3 s s + 27
+3
3
4 Translation
P ROPOSITION 8. Soit a > 0 et f : R → C une fonction. Alors, pour tout s ∈ C tel que Re(s) > a( f )
L ( f (t − a)H(t − a)) (s) = e−as L ( f (t)H(t)) (s).
E XEMPLES 4.
cos t − 2π , si t ≥ 2π
2π
L ( f (t)) (s) = e− 3 s L (cos(t)) (s)
− 2π s
=e 3 s .
2
s +1
2.
L (t − 1)2 H(t − 1) (s) = e−s L t2 H(t) (s)
2e−s
= 3 .
s
6
5 Multiplication par eαt
P ROPOSITION 9. Soient α ∈ C et f : R → C une fonction. Alors, pour tout s ∈ C tel que Re(s) >
Re(α) + a( f ), on a :
L eαt f (t) (s) = L ( f (t)) (s − α).
E XEMPLES 5.
1.
L e−4t t2 (s) = L t2 (s + 4)
2
= .
( s + 4)3
2.
3
= .
( s − 2)2 + 9
6 Fonctions périodiques
P ROPOSITION 10. Soit f : R → C une fonction T −périodique. Alors, pour tout s ∈ C tel que Re(s) >
max{0, a( f )}, on a
Z T
1
L ( f (t)) (s) = f (t)e−st dt.
1 − e−sT 0
E XEMPLE 10. Considérons la fonction f (t) = |sin(t)|. Pour s ∈ C tel que Re(s) > 0, on a
1
Z π
L ( f (t)) (s) = sin(t)e−st dt.
1 − e−sπ 0
Or
−1
Z π Z π
−st −st π −st
sin(t)e dt = sin(t)e 0
− cos(t)e dt
0 s 0
−1
π Z π
= 2 cos(t)e−st 0 + sin(t)e−st dt ,
s 0
e−πs + 1
Z π
donc sin(t)e−st dt = et par conséquent
0 s2 + 1
e−πs + 1
L ( f (t)) (s) = .
(1 − e−sπ )(s2 + 1)
7 Conjugué
P ROPOSITION 11. Soit f : R → C une fonction admettant une transformée de Laplace. Alors, f admet une
transformée de Laplace, de plus
L f (t) (s) = L ( f (t)) (s).
7
8 Produit de Convolution
D ÉFINITION 6. Soient f et g deux fonctions objets. Le produit de convolution de f et g est la fonction définie
par
Z t
( f ⋆ g)(t) := f (t − u) g(u) du, t ∈ R+ .
0
P ROPOSITION 12. Soient f , g : R → C deux fonctions objets. Alors, pour tout s ∈ C tel que Re(s) >
max{ a( f ); a( g)}
L ( f ⋆ g ) ( s ) = L ( f ) ( s ) × L ( g ) ( s ).
Démonstration.
• Soit R > 0. Supposons que α > a( f ) ≥ a( g). On a
Z R Z RZ t
−αt
|( f ⋆ g)(t)| e dt ≤ | f (t − x ) g( x )| dx e−αt dt
0 0 0
Z R Z R
= | g( x )| | f (t − x )| e−αt dt dx
0 x
Z R Z R
= | g( x )| e−αx | f (t − x )| e−α(t−x) dt dx
0 x
Z R Z R− x
′
= | g( x )| e−αx f (t′ ) e−αt dt′ dx
0 0
Z R Z R
′
≤ | g( x )| e−αx f (t′ ) e−αt dt′ dx.
0 0
Z +∞
Par suite, α > a( f ⋆ g). De plus, |( f ⋆ g)(t)| e−αt dt < +∞.
0
•
Z +∞ Z t Z +∞ Z t
f (t − u) g(u) du e−st dt = f (t − u) g(u)e−s(t−u) × e−us du dt
0 0 0 0
Z +∞ Z +∞
= f (t − u) g(u)e−s(t−u) e−us dt du
0 u
Z +∞ Z +∞
= g(u)e−us × f (t − u)e−s(t−u) dt du
0 u
Z +∞ Z +∞
−us ′ −st′ ′
= g(u)e × f (t )e dt du
0 0
= L ( f (t)) (s) × L ( g(t)) (s) .
E XEMPLE 11.
t
Z
et−u sin(u) du (s) = L et (s) × L (sin(t)) (s)
L
0
1
= .
(s − 1)(s2 + 1)
8
9 Dérivation
P ROPOSITION 13. Soit f : R → C une fonction dérivable telle que f ∈ O et d’ordre exponentiel β. Si f ′ est
continue par morceaux, alors :
Puisque f ∈ O , alors
f ( R)e−sR ≤ Me( β− R(s)) R ,
C OROLAIRE 1. Soit n ∈ N∗ et soit f : R → C une fonction n fois dérivable telle que f (k) ∈ O et d’ordre
exponentiel β k , pour chaque k = 0, · · · , n − 1. Si f (n) est continue par morceaux, alors :
L f (n) (t) (s) = sn L ( f (t)) (s) − sn−1 f (0) − sn−2 f ′ (0) − sn−3 f ′′ (0) − · · · − s f (n−2) (0) − f (n−1) (0),
E XEMPLE 12.
1
L (cos(2t)) (s) = L sin′ (2t) (s)
2
1
= × s × L (sin(2t)) (s) − sin(0)
2
s 2
= × 2
2 s +4
s
= 2 .
s +4
R EMARQUE 2. Si f est une fonction objet qui est dérivable sur R+∗ , alors
9
10 Primitive
P ROPOSITION 14. Soit f : R → C une fonction continue. Alors, pour tout s ∈ C tel que Re(s) >
max {0, a( f )} on a Z t
1
L f ( x ) dx (s) = L ( f (t)) (s).
0 s
E XEMPLE 13.
t
Z
L (sin(t)) (s) = L cos( x ) dx (s)
0
1
= × L (cos(t)) (s)
s
1 s
= × 2
s s +1
s
= 2 .
s +1
11 Comportement asymptotique
Théorème 3 (Comportement à l’infini de la transformée de Laplace). Soit f : R → C une fonction.
Alors,
lim L ( f ) (s) = 0.
|s|→+∞
Re(s)> a( f )
Théorème 4 (Valeur initiale d’une fonction). Soit f : R → C une fonction dérivable sur R+∗ telle que
f ∈ O . Alors,
f (0+ ) = lim sL ( f (t)) (s).
|s|→+∞
Re(s)> a( f )
Théorème 5 (Valeur finale d’une fonction). Soit f : R → C une fonction dérivable sur R+∗ telle que
f ∈ O . De plus, supposons que lim f (t) existe. Alors,
t→+∞
10
IV Transformée de Laplace inverse
1 Définition et exemples
D ÉFINITION 7. Soit f une fonction objet, et considérons la fonction F sa transformée de Laplace :
L −1 ( F ) ( t ) = f ( t ).
E XEMPLES 6.
1 1
1. Puisque L eit (s) = , alors L−1 (t) = eit H(t).
s−i s−i
s2
−1
2. L (t) = t2 H(t).
6
s
√
3. L−1 2 (t) = cosh( 2t)H(t).
s −2
−1 1 1 1 1
E XEMPLE 14. Déterminons L . On a = − , par suite
s ( s + 1) s ( s + 1) s s+1
−1 1 −1 1 −1 1
L (t) = L (t) − L (t)
s ( s + 1) s s+1
= H(t) − e−t H(t)
= 1 − e−t H(t).
−1 1
E XEMPLE 15. Déterminons L . On a
( s − 1)2 + 4
−1 1 t −1 1
L (t) = e L (t)
( s − 1)2 + 4 s2 + 4
e t −1
2
= L (t)
2 s2 + 4
et
= sin(2t)H(t).
2
11
P ROPOSITION 17 (Multiplication par e−as ). Soit a > 0. Si L−1 ( F (s)) (t) = f (t), alors
E XEMPLE 16.
se−πs
−1
L (t) = cos (t − π ) H(t − π )
s2 + 1
E XEMPLE 17.
−1 3s 3 −1 2s
L 2
(t) = L (t)
4s + 1 2 (2s2 ) + 1
3 −1 s
= L ( F (2s)) (t) , avec F (s) = 2
2 s +1
3 −1 t
= L ( F (s))
4 2
3 t
= cos H(t).
4 2
E XEMPLE 18.
′ !
3s 3 1
L −1 ( t ) = − L −1 (t)
( s + 1)2
2 2 s2 + 1
3 −1 1
= ×t×L (t)
2 s2 + 1
3t
= sin(t)H(t).
2
E XEMPLE 19.
−1 2 −1 F (s) 2
L (t) = L (t) , avec F (s) =
s ( s2 + 4) s s2 + 4
Z t
= sin(2x ) dx
0
cos(2t) 1
=− + .
2 2
12
C OROLAIRE 2. Si L−1 ( F (s)) (t) = f (t) et f (0) = 0, alors
L−1 (sF (s)) (t) = f ′ (t).
E XEMPLE 20.
−1 s 1
L 2
(t) = sin′ (2t)H(t)
s +4 2
= cos(2t)H(t).
P ROPOSITION 21 (Produit).
L−1 ( F (s) × G (s)) (t) = L−1 ( F (s)) ⋆ L−1 ( G (s)) (t).
E XEMPLE 21.
−1 1 1 1
−1 −1 1
L × (t) = L ⋆L (t)
s−1 s−2 s−1 s−2
= et ⋆ e2t (t)H(t)
Z t
= et− x × e2x dx · H(t)
0
Z t
= et e x dx · H(t)
0
= et (e − 1)H(t).
t
Le corollaire 1, qui établit un lien entre les transformées de Laplace des dérivées et celle de la fonction,
nous permet de résoudre des équations différentielles ordinaires en les transformant en équations
algébriques simples.
Exemples
E XEMPLE 22. Soit y ∈ C1 (R+ ) une fonction objet. Résolvons l’équation différentielle suivante :
(
y′ (t) + y(t) = 1, t ≥ 0
(ED1)
y(0) = 0.
On a
1
y′ (t) + y(t) = 1 ⇐⇒ L y′ (t) + y(t) (s) =
s
1
⇐⇒ L y′ (t) (s) + L (y(t)) (s) =
s
1
⇐⇒ sL (y(t)) (s) − y(0) + L (y(t)) (s) =
s
1
⇐⇒ L (y(t)) (s) = .
s ( s + 1)
Par conséquent,
−1 1
y(t) = L (t)
s ( s + 1)
= 1 − e−t H(t).
13
E XEMPLE 23. Soit y ∈ C2 (R+ ). Résolvons l’équation différentielle suivante :
(
y′′ (t) + y(t) = 3 sin(2t), t ≥ 0
(ED2)
y(0) = 1 et y′ (0) = 2.
On a
6
y′′ (t) + y(t) = 3 sin(2t) ⇐⇒ L y′′ (t) (s) + L (y(t)) (s) =
s2 +4
6
⇐⇒ sL (y(t)) (s) − s2 y(0) − y′ (0) + L (y(t)) (s) =
s2 +4
6 s 2
⇐⇒ L (y(t)) (s) = + + .
(s2 + 1)(s2 + 4) s2 + 1 s2 + 1
Par conséquent,
−1 6 s 2
y(t) = L + + (t)
(s2 + 1)(s2 + 4) s2 + 1 s2 + 1
−1 6 −1 s −1 2
= L (t) + L (t) + L (t)
(s2 + 1)(s2 + 4) s2 + 1 s2 + 1
−1 2 −1 1 −1 s −1 1
= −L ( t ) + 2L (t) + L ( t ) + 2L (t)
s2 + 4 s2 + 1 s2 + 1 s2 + 1
= (− sin(2t) + 4 sin(t) + cos(t)) H(t).
14
Chapitre 5
Transformée de Fourier
I Préliminaires
1 Fonctions intégrables (sommables)
D ÉFINITION 8. Soit f : R −→ C une fonction continue par morceaux. f est dite intégrable (ou sommable) sur
Z +∞
R si l’intégrale | f (t)| dt existe. L’ensemble de ces fonctions est noté L1 (R). De plus, L1 (R), +, ×
−∞
est un espace vectoriel.
E XEMPLES 7.
1
1. f : t 7→ ∈ L1 (R).
2t2 +2
2
2. g : t 7→ e−t ∈ L1 (R).
/ L1 (R).
3. h : t 7→ t2 ∈
R EMARQUE 3. Soient α, β ∈ C. Il faut noter que si f , g ∈ L1 (R), alors α f + βg ∈ L1 (R), mais on a pas
forcement f × g ∈ L1 (R).
E XERCICE 1.
Z +∞
sin( x )
1. Montrer que l’intégrale dx converge.
−∞ x
sin( x )
2. Montrer que x 7→ / L1 (R).
∈
x
P ROPOSITION 22. Soit f : R −→ C une fonction telle que lim f ( x ) existe. Si f ∈ L1 (R), alors
| x |→+∞
lim f ( x ) = 0.
| x |→+∞
|l |
Démonstration. Supposons que lim f ( x ) = l ̸= 0, alors pour ϵ = , il existe A ≥ 0 tel que
x →+∞ 2
|l |
, pour tous x ≥ A.
| f ( x )| >
2
D’autre part, soit R > 0 suffisamment grand. On a
Z R Z A Z R
| f ( x )| dx = | f ( x )| dx + | f ( x )| dx
0 0 A
Z A
|l |
> | f ( x )| dx + ( R − A) −−−−−→ +∞,
0 2 R−→+∞
Z +∞
c’est-à-dire que / L1 (R).
| f ( x )| dx diverge, par suite f ∈
0
15
II Transformée de Fourier d’une fonction dans L1 (R)
1 Définition et exemples
D ÉFINITION 9. Soit f ∈ L1 (R). La fonction F ( f ) : R → C définie par
Z +∞
F ( f ) ( x ) := f (t)e−ixt dt
−∞
R EMARQUES 5.
1. La transformée de Fourier est notée encore TF ( f ) ou fb.
2. Il existe d’autre définitions de la transformée de Fourier, par exemple
Z +∞
F ( f ) (x) = f (t)e−2iπxt dt,
−∞
Z +∞
1
F ( f ) (x) = √ f (t)e−ixt dt, ...
2π −∞
et supposons qu’elles sont des fonctions objets. Alors, nous avons le théorème suivant.
Théorème 7. Soit f ∈ L1 (R). Pour tout x ∈ R, on a
F ( f ) ( x ) = L f + (ix ) + L f − (−ix ).
16
E XEMPLE 25. Considérons la fonction f (t) = e−a|t| , avec a > 0. On a
De plus
1 1
= +
ix + a −ix + a
2a
= 2 .
a + x2
Démonstration.
• La continuité de x 7→ F ( f ) ( x ) est une application directe du “théorème de la convergence
dominée”.
• Soit f ∈ L1 (R), alors pour tous x ∈ R
Z +∞
|F ( f ) ( x )| ≤ | f ( x )| dx
−∞
:= M.
Comme pour la transformée de Laplace, on peut facilement vérifier les propriétés suivantes.
Théorème 8 (Transformée de Fourier de la dérivée). Supposons que f (k) est intégrable sur R, pour tout
k = 0, 1, · · · , n ∈ N. Alors,
F f (n) (t) ( x ) = (ix )n F ( f (t)) ( x ).
En particulier
F f ′ (t) ( x ) = ix F ( f (t)) ( x ).
17
Pour démontrer ce théorème, nous avons besoin du lemme suivant.
L EMME 1. Soit f une fonction dérivable sur R telle que f , f ′ ∈ L1 (R). Alors
lim f ( x ) = 0.
| x |→+∞
Z x
Démonstration (du lemme). Soit x ∈ R, alors f ( x ) = f (0) + f ′ (t) dt. Puisque f ′ ∈ L1 (R), la limite
Z x 0
lim f ′ (t) dt existe et par conséquent lim f ( x ) existe. Le résultat découle par la proposition 22.
| x |→+∞ 0 | x |→+∞
C OROLAIRE 3 (La transformée de Fourier d’une primitive). Soit f : R → C une fonction continue telle
Z t
que f ∈ L1 (R). Si t 7→ f (t) dt ∈ L1 (R), alors pour tout x ̸= 0 on a
0
t F ( f (t)) ( x )
Z
F f (t) dt ( x ) = .
0 ix
d
F ( f (t)) ( x ) = −i F (t f (t)) ( x ).
dx
Nous avons précédemment défini le produit de convolution de deux fonctions objets ; nous allons
maintenant le définir pour des fonctions quelconques.
R EMARQUE 4. Diverses conditions peuvent être imposées sur f et g pour assurer l’existence de l’intégrale
(⋆), par exemple : si f ∈ L1 (R) et g est bornée, alors f ⋆ g est bien définie.
Dans les propriétés suivantes, nous supposons que toutes les intégrales citées sont absolument conver-
gentes.
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Démonstration. Soit t ∈ R et R > 0.
1. Découle de la linéarité de l’intégrale.
2.
Z R
( f ⋆ g)(t) = lim f (t − x ) g( x ) dx
R→+∞ − R
Z t+ R
= lim f ( x ′ ) g(t − x ′ ) dx ′
R→+∞ t− R
= ( g ⋆ f )(t).
3.
Z +∞
(( f ⋆ g) ⋆ h) (t) = ( g ⋆ f )(t − x ) h( x ) dx
−∞
Z +∞ Z +∞
= f (y) g(t − x − y)h( x ) dy dx
−∞ −∞
Z +∞ Z +∞
= f (y) g(t − y − x )h( x ) dx dy
−∞ −∞
Z +∞
= f (y)( g ⋆ h)(t − y) dy
−∞
= ( f ⋆ ( g ⋆ h)) (t).
Théorème 10 (La transformée de Fourier d’une convolution). Si f , g ∈ L1 (R) telles que f ⋆ g existe,
alors f ⋆ g ∈ L1 (R). De plus
F ( f ⋆ g ) ( x ) = F ( f ) ( x ) × F ( g ) ( x ).
Démonstration.
• D’abord, montrons que f ⋆ g ∈ L1 (R). En effet :
Z +∞ Z +∞ Z +∞ Z +∞
| f ( x )| | g(t − x )| dt dx = | f ( x )| | g(t − x )| dt dx
−∞ −∞ −∞ −∞
Z +∞ Z +∞
= | f ( x )| | g(y)| dy dx
−∞ −∞
≤ ∥ f ∥ × ∥ g∥ < +∞.
D’après le théorème de Fubini,
Z +∞ Z +∞ Z +∞ Z +∞
| f ( x )| | g(t − x )| dt dx = | f ( x )| | g(t − x )| dx dt
−∞ −∞ −∞ −∞
Z +∞ Z +∞
≥ f ( x ) g(t − x ) dx dt
−∞ −∞
Z +∞
= |( f ⋆ g)(t)| dt.
−∞
19
Théorème 11 (Comportement asymptotique : lemme de Riemann-Lebesgue). Soit f ∈ L1 (R). Alors,
lim F ( f ) ( x ) = 0.
| x |→+∞
R EMARQUE 5. On a montrer que F ∈ L L1 (R); C0 , où C0 est l’ensemble des fonctions f : R −→ C
continues qui tendent vers 0 à l’infini.
C OROLAIRE 4. Soit f une fonction classe C1 par morceaux sur R et telle que f , fb ∈ L1 (R). Alors, pour tout
t∈R:
F fb (t) = f (t).
1 +∞ Z
f (−t) = fb( x )e−ixt dx
2π −∞
1
= F fb (t) .
2π
20
2
E XEMPLE 27. Considérons la fonction f (t) = e−|t| . Pour tout x ∈ R, fb( x ) = . D’après la formule
1 + x2
d’inversion de Fourier, pour tout t ∈ R
Z +∞
1 2
f (t) = eixt dx
2π −∞ 1 + x2
Pour t = 0, on a Z +∞
1
dx = π.
−∞ 1 + x2
C OROLAIRE 5. Soient f , g : R −→ C deux fonctions de classe C1 par morceaux sur R et telles que f , g ∈
L1 (R). On a l’implication suivante
F ( f ) = F ( g) =⇒ f = g.
1 Egalité de Plancherel
D ÉFINITION 12 (Fonctions de carré intégrable).
L’espace Z +∞
L2 (R) = f : R → C continue par morceaux et | f (t)|2 dt existe
−∞
s’appelle l’espace des fonctions de carré intégrable (ou de carré sommable).
E XEMPLE 28. La fonction exponentielle f (t) = e−t et la fonction porte Π sont des fonctions de carré inté-
grable.
R EMARQUES 6.
1. On peut vérifier facilement que L2 (R) ̸⊂ L1 (R) et L1 (R) ̸⊂ L2 (R). En effet, considérons les deux
fonctions f et g définies par :
( −2
x 3 , si 0 < x < 1,
f (x) =
0, sinon,
−2
(
x 3 , si x > 1,
g( x ) =
0, sinon.
21
E XEMPLE 29. On a
Z +∞ 1
1 2
Z
2
Π
b (x) dx = dt
2π −∞ − 12
donc
x
Z +∞ sin2
1 2
x 2 dx = 1.
2π −∞
2
Enfin
Z +∞
sin2 ( X )
dX = π.
−∞ X2
22