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Chapter 21 Pr.

Driss Sbibih (FSO)

Séries numériques ou complexes


Dans ce chapitre, nous dénissons la notion de série. Comme nous allons voir, la dénition d'une
série repose sur la notion de suite. Les deux sont donc extrêmement liées, et il ne faudra jamais
perdre cet aspect de vue.

2.1 Dénitions et propriétés


Dénition 37.

Soit (un ) une P


suite de nombres réels ou complexes. On appelle série de terme général un
et on la note un , la suite (Sn )n∈IN dénie par :
n
X
Sn = uk , ∀ n ∈ IN.
k=0

• On dit que la série un converge (resp. diverge) si et seulement si la suite (Sn )n∈IN
P
converge (resp. diverge).
+∞
• Si la série converge alors sa limite lim Sn , notée uk s'appele la somme de la série.
X
n→∞
k=0

I Exemple 1. (Série géométrique) : Soit z ∈ C tel que |z| < 1.


n +∞
1 − z n+1 1
Alors Sn = z k = . Comme lim z n+1 = 0, on déduit que .
X X
zn =
1−z n→∞ 1−z
k=0 k=0
Donc la série z n converge et sa somme est 1−z .
X
1

n
n
n(n + 1)
I Exemple 2. (Série arithmétrique) : Pour tout n ∈ IN, on pose Sn = .
X
k =
2
k=0
n(n + 1)
Comme lim = +∞, on déduit que la série k diverge et sa somme est +∞.
X
n→∞ 2
k
I Exemple 3. Soit n ∈ IN∗ et soit la série de terme général un = 1
n(n+1) , n ≥ 1. Comme 1
n(n+1) =

11
n
1
alors le calcul de la somme partielle associée à cette suite donne :
X
1 1
n − n+1 uk = 1 − → 1.
n+1
k=1
+∞ (somme télescopique)
1
Par conséquent, la série converge et sa somme est égale à 1.
X
k(k + 1)
k=1
I Exemple 4. Soit la série de terme général un = 1
n , n ≥ 1. Montrons que cette série diverge.
En eet, on a
2n
X 1 1 1
S2n − Sn = ≥ n. = . (1)
k 2n 2
k=n+1
(car sous suite)
Alors, si Sn convergeait vers une limite S , on aurait : S2n − Sn → 0, ce qui contredit l'inégalité
(1). D'où cette série, appelée série harmonique, diverge. (car sous suite)

Propriété 38.

Soient un et vn deux séries numériques ou complexes, et soient α et β ∈ C. Alors


P P
on a :
i)- si un et vn convergent, alors (αun + βvn ) converge et
P P P

+∞
X +∞
X +∞
X
(αun + βvn ) = α un + β vn ,
n=0 n=0 n=0

ii)- supposons α 6= 0 et β 6= 0, si un diverge et vn converge alors


P P
(αun + βvn ) diverge.
P

• Si un et
vn divergent, on peut avoir quand même (un + vn ) qui converge, il sut de
P P P
prendre par exemple un = −vn .

2.2 Premiers critères de convergence d'une série


• Nous commençons par donner le critère de Cauchy pour les séries.

Proposition 39.

Une série réelle ou complexe un converge si et seulement pour tout ε > 0, il existe Nε
P
∈ IN tel que :
m
X
∀m > n ≥ Nε ⇒ | uk | ≤ ε.
k=n+1

Preuve. n
La suite (Sn )n∈IN où Sn = uk est une suite réelle ou complexe. Donc elle converge si et seulement
X

k=0
si elle est de Cauchy. Et (Sn ) est de Cauchy si et seulement si pour tout ε > 0, il existe Nε ∈ IN
tel que (n ≥ Nε et m ≥ Nε ) ⇒ |Sn − Sm | ≤ ε. Ou encore si et seulement si pour tout ε > 0, il
existe Nε ∈ IN tel que (m > n ≥ Nε ) ⇒ |Sn − Sm | ≤ ε.

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• Le résultat suivant nous donne une condition nécessaire mais non susante de convergence.

Corollaire 40.

Si la série converge alors on a lim un = 0.


X
> un
n=0
n→∞
n≤0

Preuve.
D'après la proposition précédente en prenant m = n + 1, on déduit que
lim |Sn − Sn+1 | = lim |un+1 | = 0.
n→∞ n→∞
(ou sous suite)
D'où on déduit que lim un = 0.
n→∞

N Attention! La réciproque du corollaire ci dessus n'est pas vraie en général. Voici deux exemples
qui prouvent le contraire.
1. La série harmonique décrite ci dessus a son terme général un = 1
n qui tend vers 0, mais la
série est divergente.
2. Soit la série
+∞
X n+1
log( ).
n=1
n

Il est clair que le terme général de cette série converge vers 0, mais la série diverge. En eet :
n n
X k+1 X
Sn = log( )= (log(k + 1) − log(k)) = log(n + 1) → +∞.
k
k=1 k=1 (somme télescopique)

Proposition 41 (Séries de Riemann).

Soit n ∈ IN∗ . On appelle série de Riemann toute série de terme général un = 1


nα , où
α ∈ IR.
La série de Riemann converge si et seulement si α > 1.

Preuve.
On distingue trois cas suivant la valeur de α :
1. Si α < 0 : dans ce cas, le terme général un tend vers +∞, donc la condition nécessaire de
convergence n'est pas satisfaite et par conséquent la série diverge.
2. Si α = 0, alors un = 1 et la série diverge car son terme général ne tend pas vers 0.
n
1
3. Si α > 0, nous observons d'abord que la suite (Sn = ) est croissante.
X

k=1
Soient maintenant f : x → f (x) = 1
et l'intégrale 1t f (x)dx. Nous allons encadrer cette
R

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intégrale par Sn et Sn − 1.
La décroissance de f sur l'intervalle [1, +∞[ implique que :
n Z n+1
X 1 1 1 1 1
Sn = = 1 + · · · + ≥ dx = [1 − ] (2)
kα nα 1 xα 1−α (1 + n)α−1
k=1

De la même manière on a :
n Z n
X 1 1 1 1 1
Sn = = 1 + · · · + ≤ 1 + dx = 1 + [1 − ] (3)
kα nα 1 x α α − 1 (n)α−1
k=1

Ainsi, on déduit les résultats suivants :


• - Si 0 < α < 1. La minoration (2) implique que
Z n+1
1 1 1
Sn =≥ α
dx = [1 − ] → +∞
1 x 1 − α (1 + n)α−1
(Sn ) étant minorée par une suite divergente vers +∞, donc elle tend vers +∞ et la série
diverge.
• - Si α > 1. La majoration (3) implique que :
Z n
1 1 1 1
Sn =≤ 1 + dx = 1 + [1 − ]≤1+ .
1 xα α−1 (n)α−1 α−1
La suite (Sn ) croissante et ainsi majorée, donc elle converge.
Conclusion : la série de Riemann converge si et seulement si α > 1.

Dénition 42 (Convergence absolue).

On dit qu'une série (réelle ou complexe) un est absolument convergente si et seulement


X

n
si la série (réelle) |un | est convergente.
X

n
Si une série converge mais sans converger absolument, elle est dite semi-convergente.

Proposition 43.

Toute série réelle ou complexe absolument convergente est convergente.

Preuve.
Si un est absolument convergente alors |un | est convergente et donc vérie le critère de
X X

n n
Cauchy :
m m
pour tout ε > 0, il existe Nε ∈ IN tel que pour m > n ≥ Nε ⇒
X X
|uk | = |uk | ≤ ε.
k=n+1 k=n+1
m m
Or |uk |. Donc un vérie le critère de Cauchy. Elle est donc convergente.
X X X
uk ≤
k=n+1 k=n+1 n

N Attention! La réciproque du résultat ci dessus est fausse. On donnera plus loin des exemples
qui le prouvent.

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2.3 Séries réelles à termes positifs
Dans cette section on va établir des régles qui permettent d'armer si une série à termes positifs
est convergente ou divergente sans avoir à calculer ses sommes partielles. L'étude est fondée sur
les deux propriétés essentielles suivantes :
1. Les sommes partielles d'une série à termes positifs forment une suite croissante.
2. Toute suite croissante de nombres réels converge si et seulement si elle est majorée.
Remarque 44.

Lorsque une série est à termes négatifs, on écritque un = −(−un ) et on se ramène à une
série à termes positifs.

2.3.1 Régles de comparaisons des séries à termes positifs


Proposition 45 (Comparaison par inégalité).

Soient un et vn deux séries réelles à termes positifs telles que pour tout n ≥ N ,
X X

n n
on a un ≤ vn . Alors on a
i)- Si la série vn converge, la série un converge aussi.
X X

n n

ii)- Si la série un diverge, la série vn diverge aussi.


X X

n n

Autrement dit, pour une série à termes positifs, plus son terme général est petit et plus
la série a de chances de converger.

Preuve. n n
i)− Notons Sn = uk et Tn = vk . D'après l'hypothèse on a pour tout n ∈ IN, Sn ≤ Tn .
X X

k=0 k=0
Si vn converge, notons T = lim Tn . Comme vn est à termes positifs, on a pour tout n ∈ IN :
X X
n→∞
n n
Sn ≤ T. D'autre part, comme un est à termes positifs, on déduit que la suite (Sn ) est croissante.
X

n
CommeX elle est majorée par T , elle est convergente.
ii)− Si un diverge, comme elle est à termes positifs, alors lim Sn = +∞. Par suite, lim Tn =
n→∞ n→∞
n
+∞.
I Exemple.
2 + sin n
Soit la série de terme général un = .
n
Puisque sin n ∈ [−1, +1], on déduit pour tout n ∈ IN∗ que 0 ≤ 1
n ≤ 2+sin n
n .
X 2 + sin n
Comme la série de terme général 1
n diverge (série harmonique), on conclut que la série
n
n≥1
diverge aussi.

15
Proposition 46 (Comparaison par équivalence).

Soient un et vn deux séries réelles à termes positifs telles que un ≈+∞ vn . Alors les
X X

n n
deux séries sont de même nature. (Elles sont toutes deux convergentes ou toutes deux
divergentes).

Preuve.
Supposons que un ≈ vn , avec un ≥ 0 et vn ≥ 0. La dénition d'équivalence de deux suites implique
que :
un = vn .(1 + εn ) où lim εn = 0.
n→∞

Comme limn→∞ εn = 0, on obtient l'encadrement suivant pour n assez grand :


1 3
≤ 1 + εn ≤ .
2 2

Puisque vn ≥ 0, on peut écrire pour n assez grand : 21 .vn ≤ un ≤ 32 .vn . Donc :


X3
1. Si la série vn , il en est de même de la série vn .
X

n n
2
D'après la régle de comparaison précédente, on déduit que la série un converge.
X

X1
2. Si la série vn diverge, il en est de même de la série vn , et donc, d'après toujours la
X

n n
2
X1
régle de comparaison, vn diverge, et par suite vn diverge aussi.
X

n
2 n

Ainsi, dans tous les cas, les deux séries sont de même nature.
I Exemple.
Soit α ∈ IR et la série de terme général un = log(1 + 1
nα ) . Il est clair que ∀n ∈ IN∗ , un ≥ 0. On a
trois cas à distinguer :

1. Si α < 0, alors un = log(1 + 1


nα ) → +∞ : la condition nécessaire de convergence n'est pas
satisfaite et la série diverge.

2. Si α = 0, alors un = log(2) et la série diverge car son terme général ne tend pas vers 0.

3. Si α > 0, dans ce cas n1α → 0.


De l'équivalence log(1 + x) ≈ x au voisinage de 0, on en déduit que un = log(1 +
1 1
α ) ≈ nα
X 1 X n
au voisinage de +∞. Comme converge si et seulement si α > 1, alors un converge

n≥1 n≥1
si et seulement si α > 1.

• Les régles de comparaison suivantes se basent sur les séries de Riemann.

16
Proposition 47 (Régles de Riemann).

Soit un une série à termes positifs. Alors on a :


X

n≥0

1. S'il existe M ≥ 0 et α > 1 tels que pour n assez grand on ait un ≤ M


nα , alors la
série un converge.
X

2. S'il existe M > 0 et α ≤ 1 tels que pour n assez grand on ait un ≥ M


nα , alors la
série un diverge.
X

3. Si un ≈ , M > 0, au voisinage de +∞, alors la série un converge si et


X
M

n
seulement si α > 1.
En particulier, on déduit les régles suivantes appelées régles de Riemann :
4. S'il existe α > 1 tel nα .un → l ∈ [0, +∞[, alors la série un converge.
X

5. S'il existe α ≤ 1 tel nα .un → l ∈]0, +∞[, alors la série un diverge.


X

Preuve.
Les points 1), 2) et 3) découlent immédiatement des régles de comparaison par inégalités.
4)− Supposons l'existence de α > 1 tel nα .un → l ∈ [0, +∞[ et montrons que la série de terme
général un converge.
Soit ε > 0, il existe un entier N tel que ∀n > N , |nα .un − l| ≤ ε. On en déduit que nα .un ≤ (l + ε),
ou que 0 ≤ un ≤ (l + ε). n1α , et on applique l'assertion 1) pour déduire que la série de terme général
un converge.
5)− Supposons l'existence de α ≤ 1 tel nα .un → l 6= 0 et montrons que la série de terme général
un diverge.
Soit ε = 2l > 0, il existe un entier N tel que ∀n > N , |nα .un − l| ≤ 2l . On en déduit que 2l ≤ nα .un ,
ou que 2l . n1α ≤ un , et on applique l'assertion 2) pour déduire que la série de terme général un
diverge.
I Exemple.√ √
Soit un = e− n , n ∈ IN. On un > 0αet nous savons que e n tend vers +∞ plus vite que n'importe
quel monôme du type nα . Donc en√n → 0 lorsque n → +∞. Par conséquent, il existe N ∈ IN tel
que :

∀n > N, on a √ < 1.
e n

Donc à partir d'un certain rang N , e√1n < n1α . En particulier, pour α = 2, on déduit que e√1n < n12
à partir d'un certain rang. Comme la série de Riemann de terme général n12 converge, on déduit
X 1
que la série √ converge.
n≥0
e n
• Les deux propriétés suivantes (règle de Cauchy et règle de D'Alembert) consistent à comparer
une série à termes positifs avec une série géométrique.

17
Proposition 48 (Régle de Cauchy).

Soit un une série réelle à termes positifs. Notons l = lim sup un . Alors :
X
n

n→+∞
n

i)- Si l < 1, un converge.


X

ii)- Si l > 1, un diverge.


X

iii)- Si l = 1, on ne peut pas conclure. C'est le cas douteux de la règle de Cauchy.

Preuve.
i)− Supposons l < 1. On choisit r ∈]l, 1[.√D'après la dénition de la limite sup, il existe N ∈ IN tel

que n ≥ N ⇒ n un < r ou encore un < n r. On peut donc appliquer le théorème de comparaison
avec une série géométrique : on déduit alors dans ce cas que la série de terme général un converge.
ii)− Supposons l > 1. On choisit r ∈]1, l[. √ D'après la dénition de la limite sup, il existe N ∈ IN

tel que n ≥ N ⇒ n un > r ou encore un > n r. Ceci implique que le terme général un ne tend pas
vers 0 et par suite la série associée diverge.
iii)− Supposons l = 1. Les deux séries de termes généraux respectifs n1 et n12 vérient cette
condition. Or la première diverge (série harmonique), en revanche la seconde converge (série de
Riemann avec α = 2).

Proposition 49 (Régle de D'Alembert).


un+1 u
Soit un une série réelle à termes positifs. Notons L = lim sup et l = lim inf n+1
X
n→+∞ un n→+∞ un
n
Alors :
i)- Si L < 1, un converge.
X

ii)- Si l > 1, un diverge.


X

iii)- Si l ≤ 1 ≤ L, on ne peut pas conclure. C'est le cas douteux de la règle de


D'Alembert.

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Remarque 50.
u
Lorsque lim n+1 existe, alors L = l, et dans ce cas la régle de D'Alembert est très
n→+∞ un
similaire à celle de Cauchy :
i)- Si l < 1, un converge.
X

ii)- Si l > 1, un diverge.


X

iii)- Si l = 1, on ne peut rien conclure.

Remarque 51 (Lien entre les deux régles).


un+1 √ u √
• Si lim existe, alors lim sup n un existe et lim n+1 = lim sup n un . Donc
n→+∞ un n→+∞ n→+∞ un n→+∞
il est inutile d'essayer la règle de Cauchy si la règle de D'Alembert a donné
un+1
lim = 1.
n→+∞ un
un+1 √
• Si lim n'existe pas, alors lim sup n un peut exister quand même, et il est
n→+∞ un n→+∞
possible qu'on ne soit pas dans le cas douteux de la règle de Cauchy, même si on
est dans le cas douteux de celle de D'Alembert.

2.3.2 Comparaison d'une série et d'une intégrale impropre


Rapellons d'abord la dénition d'une intégrale impropre.

Dénition 52.

Soient a ∈Z IR et f : [a, +∞[→ IR intégrable sur tout intervalle borné inclus dans [a, +∞[.
x Z +∞
Si lim f (t)dt existe et est nie, on dit que l'intégrale impropre f (t)dt et on
x→+∞ a a
Z x Z +∞
note lim f (t)dt = f (t)dt. Sinon, on dit que l'intégrale impropre diverge.
x→+∞ a a

Proposition 53 (Comparaison de la série avec l'intégrale).

Soit f : [1, +∞[→ IR intégrable sur tout intervalle borné inclus dans [1, +∞[, décroissante
Z +∞
et positive. Alors l'intégrale impropre f (t)dt et la série f (n) sont de même
X
a n≥1
nature (convergentes ou divergentes).

19
Preuve.
Comme f est décroissante, on a pour tout k ∈ IN, pour tout t ∈ [k, k + 1], f (k + 1) ≤ f (x) ≤ f (k).
Donc Z k+1
Z Z k+1 k+1
f (k + 1)dt ≤ f (t)dt ≤ f (n)dt
k k k

c'est à dire Z k+1


f (k + 1) ≤ f (t)dt ≤ f (k)
k

et en sommant, on obtient :
n
X n Z
X k+1 Z n+1 n
X
f (k + 1) ≤ f (t)dt = f (t)dt ≤ f (k).
k=1 k=1 k 1 k=1

n
Si la série à termes positifs f (k) converge alors f (k) est majorée par sa somme S et donc
X

k=1
Z n+1
f (t)dt est aussi majorée par S .
1 Z x Z +∞
Donc, ∀x > 1, f (t)dt ≤ S. D'où f (t)dt converge.
1 1
Z +∞ n
Réciproquement, f (t)dt converge, f (k + 1) est majorée et donc convergente.
X
1 k=1

I Exemple.
Le résultat ci dessus peut être utilisé pour étudier la nature des séries de Riemann dénies
précédement (il sut de prendre f (x) = x1α ), et aussi celle des séries de Bertrand dénies par

1
, où β ∈ IR.
X

n=2
n(log n)β
Alors la série de Bertrand converge si et seulement si β > 1. En eet :


1
i)- Si β ≤ 0, alors ∀n ≥ 2, on a . Comme la série diverge, on en déduit que
X
1 1
n(log n)β
≥ n
n=2
n

1
diverge aussi.
X

n=2
n(log n)β

ii)- Si β > 0. Soit f : [2, +∞[→ IR dénie par f (x) = x(log1 x)β .
Il est clair que la fonction f est décroissante et continue sur [2, +∞[
• a)- Si β = 1, alors pour tout x > 2, on a :
Z x
1
dt = [log(log t)]2 = log(log x) − log(log 2) → +∞ quand x → +∞.
x

2 t(log t)

Z +∞ ∞
1 1
Ainsi, comme dt diverge, on en déduit que
X
2 t log t n=2
n log n
• b)- Si β 6= 1, alors pour tout x > 2, on a :
Z x  x
1 1 1−β 1 
(log x)1−β − (log 2)1−β

β
dt = (log t) =
2 t(log t) 1−β 2 1−β

20
Z +∞
1
 - Si 0 < β < 1, (log x)1−β → +∞ lorsque x → +∞, et par conséquent dt
2 t(log t)β

1
diverge, donc la série diverge.
X

n=2
n(log n)β
Z +∞
1
 - Si β > 1, (log x) 1−β
→ 0 lorsque x → +∞, et par conséquent dt
2 t(log t)β

1
converge, donc la série converge.
X

n=2
n(log n)β

2.4 Séries à termes quelconques


On a déjà vu la notion de série absolument convergente , et on a démontré qu'une série absolument
convergente est convergente. On va maintenant étudier dans cette section quelques cas particuliers
de séries non absolument convergentes, qui cependant sont convergentes.
Proposition 54 (Régle d'Abel).

Soit une série de terme général un telle que pour tout n ∈ IN : un = an bn avec :
i)- La suite (bn ) est décroissante et tend vers 0,
n
ii)- il existe M ∈ IR tel que pour tout n ∈ IN on a ak ≤ M .
X

k=0


Alors la série un converge.
X

n=0

Preuve.
On applique le critère de Cauchy à la série de terme général un , en écrivant, si q ≥ p :
q
X q
X q
X
Sq − Sp−1 = un = an bn = (Sn − Sn−1 )bn
n=p n=p n=p
Xq Xq
= Sn bn − Sn−1 bn
n=p n=p
q−1
X
= Sq bq − Sp−1 bp + Sn (bn − bn+1 )
n=p

D'où
q
X q−1
X
|Sq − Sp−1 | = un ≤ |Sq |bq + |Sp−1 |bp + |Sn |(bn − bn+1 )
n=p n=p

Or par hypothèse, il existe M > 0 tel que pour tout k ∈ IN, |Sk | ≤ M.
Donc q X
|Sq − Sp−1 | = un ≤ M (bq + bp ) + M (bp − bq ) = 2M bp .
n=p

Ce dernier terme tend vers 0 par hypothèse. La suite (Sn )n∈IN est de Cauchy, donc elle converge
et par suite, la série de terme général un est convergente.

21
Dénition 55.

Une série réelle un est dite alternée si et seulement si (−1)n un garde un signe con-
X

n
stant
X pour tout n ∈ IN. Autrement dit, une série alternée peut s'écrire sous la forme :
(−1)n xn où xn est positif pour tout n ∈ IN.
n

• Le résultat suivant est une conséquence de la régle d'Abel.

Proposition 56.

Soit (−1)n un une série alternée. Alors, si la suite (un ) est décroissante et tend vers
X

n
0, la série alternée converge.

I Exemple.
n
D'après le résultat ci dessus, la série de terme général (−1)
n est convergente. Mais elle n'est pas ab-
solument convergente, on dit qu'elle et semi-convergente. Cette série est appelée série harmonique
alternée. On peut montrer en appliquant Taylor-Lagrange à − log(1 + x) sur [0, 1] que :
+∞
X (−1)n
= − log 2.
n=1
n

2.5 Plan d'étude des séries


On suivra les étapes suivantes dans l'étude de la nature d'une série un :
X

1. Le terme général de la série tend-il vers 0?


2. La série est elle à termes positifs? (ne pas oublier qu'un équivalent peut donner le signe de
un asymptotiquement.

3. Appliquer les régles de comparaison pour les séries à termes positifs (penser, en particulier à
la régle "nα un ").
4. Si la série n'est pas à termes positifs, étudier avec les mêmes critères la série |un | (l'absolue
X

n
convergence entraine la convergence).
5. Ensuite, essayer des méthodes plus particulières :
• Comparaison série-intégrale lorsque un = f (n) avec f décroissante, continue et positive.
• Calcul des sommes partielles et passage à la limite, en particulier lorsque un = an+1 −an .
• Reconnaitre la série de Taylor d'une fonction usuelle et prouver que le reste intégral
tend vers 0.

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