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Chapitre 33

Séries numériques et familles sommables

Dans ce chapitre, K désigne R ou C.

1 Définitions

1.1 Série

Définition 1.1 (Série)


X
Soit (un )n∈N une suite d’éléments de K. La série de terme général un , notée un , est la suite (Sn )n définie
par :
Xn
∀ n ∈ N, Sn = uk
k=0

Pour n ∈ N, le réel un est le terme général de la série et Sn est la somme partielle d’indice n de la série.

Remarques.
1. Connaissant la suite (Sn )n , on peut étudier la suite (un )n car un = Sn − Sn−1 pour n > 1.
Xn
2. Plus généralement, toute suite (un ) peut être étudiée comme une série, car un − u0 = (uk − uk−1 ) :
k=1
on étudie la série de terme général un − un−1 .
3. On peut également considérer des suites et des séries définies à partir d’un rang n0 . Dans ce cas, Sn =
n
X X
uk et on note par exemple la série up .
k=n0 p>n0
4. Une série n’est rien d’autre qu’une suite. Tous les résultats sur les suites s’appliquent donc aux séries.
Mais ce qui nous intéresse, c’est l’étude de la série, non pas à l’aide des sommes partielles, mais seulement à
partir de son terme général.

1.2 Convergence et divergence

Définition 1.2 (Série convergente/divergente)


X
Une série un est convergente si la suite (Sn )n des sommes partielles est convergente. Elle est divergente
dans le cas contraire.

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H. Thys, MPSI 2 du lycée Victor Hugo de Besançon

Définition 1.3 (Somme d’une série convergente)


X
Soit un une série convergente. La limite de la suite des sommes partielles (Sn )n est appelée somme de la
+∞
X
série et est notée un .
n=0

Remarques.
X +∞
X
1. Ne pas confondre un et un .
n=0
X
2. Si un est une série convergente, et n0 ∈ N∗ , alors un est aussi une série convergente, dont la
P
n>n0
+∞
X
somme vaut un , et on a la relation
n=n0

+∞
X nX
0 −1 +∞
X
un = un + un ,
n=0 n=0 n=n0

cf. les restes d’une série convergente.

Exemples.
X1 n
X 1
1. La série harmonique diverge. En effet, si n > 1, notons hn = . Supposons (hn ) convergente
n k
n>1 k=1
vers ℓ ∈ R. Alors h2n −→ ℓ, donc h2n − hn −→ 0. Or,
n→+∞ n→+∞

2n
X 1 1
h2n − hn = >n× = ,
2n 2
k=n+1

ce qui est une contradiction. La série diverge.

2. Cns de convergence d’une série de terme général constant ? Trouvez-là !

Proposition 1.4 (Convergence d’une série à terme général complexe)


Soit une suite complexe. La série est convergente si et seulement si les séries Re(un ) et
P P
(u n ) n∈N u n
Im(un ) convergent, et dans ce cas
P

+∞
X +∞
X +∞
X
un = Re(un ) + i Im(un ).
n=0 n=0 n=0

Démonstration.

Une suite complexe est convergente si et seulement si ses parties réelles et imaginaires sont convergentes.

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Définition 1.5 (Nature d’une série)


X
La nature d’une série un est son caractère convergent ou divergent. Étudiez la nature d’une série, c’est
déterminer si elle converge ou diverge.

Exemple. X
On pose un = (−1)n . Nature de la série un ? Écrivez ce que valent les sommes partielles, et regardez ce
qui se passe (réponse : divergente).

2 Propriétés

2.1 Propriétés des séries convergentes

Proposition 2.1 (Combinaisons linéaires de séries convergentes)


Les combinaisons linéaires de séries convergentes sont convergentes, et
Pla somme d’une combinaison linéaire
est la combinaison
P linéaire des sommes. Autrement dit, si un et vn sont deux séries convergentes, et
P
λ, µ ∈ K, alors (λun + µvn ) est convergente et
+∞
X +∞
X +∞
X
(λun + µvn ) = λ un + µ vn .
n=0 n=0 n=0

Démonstration.

On raisonne avec les sommes partielles : les combinaisons linéaires de suites convergentes sont convergentes,
et la limite d’une combinaison linéaire est la combinaison linéaire des limites. Cela s’applique aussi aux
sommes partielles des séries :
n
X n
X n
X +∞
X +∞
X
(λun + µvn ) = λ un + µ vn −→ λ un + µ vn .
n→+∞
k=0 k=0 k=0 n=0 n=0

d’où la proposition.

Remarques.
1. On ne peut rien dire en général sur la somme de séries divergentes. Elles peuvent être convergentes ou
X X
divergentes. Par exemple, les éries (−1)n et (−1)n+1 sont divergentes, et la série ((−1)n + (−1)n ) =
P

2 (−1)n diverge et ((−1)n + (−1)n+1 ) = 0 converge.


P P P
2. La somme d’une série divergente et d’une série convergente est une série divergente. En effet, la somme des
sommes partielles est la somme d’une suite convergente
P et d’une suite divergente, donc une suite divergente.
3. Le résultat est faux pour le produit : si un et vn sont des séries convergentes, en général,
P

+∞ +∞
! +∞ !
X X X
un vn 6= un vn ,
n=0 n=0 n=0

comme le prouve l’exemple (un ) = (vn ) = (1, 1, 0, . . . , 0, . . . ).


4. D’ailleurs, le produit des termes généraux de deux séries convergentes n’est pas convergent en général :

prnez un = vn = (−1)n / n.

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5. Par contre, si un et vn convergent et sont à termes positifs, alors un vn converge : à partir d’un
P P P
certain rang, on a 0 6 vn 6 1 (le terme général tend vers 0, donc 0 6 un vn 6 un .
+∞
X +∞
X +∞
X
6. ATTENTION : si (un + vn ) est convergente, on n’écrit JAMAIS vn avant
P
(un + vn ) = un +
n=0 n=0 n=0
d’avoir vérifié que un et vn sont convergentes.
P P

Proposition 2.2 (Terme général d’une série convergente)


Soit un une série convergente. Alors un −→ 0.
P
n→+∞

Démonstration.

Soit (Sn )n la suite des sommes partielles. Alors la sous-suite (Sn−1 )n∈N a la même limite que (Sn )n∈N , donc
la différence converge vers 0, i.e. un −→ 0.
n→∞

Remarque.
Attention, la réciproque est fausse comme le prouve l’exemple de la série harmonique. Son terme général 1/n
tend vers 0, mais la série est divergente.

Définition 2.3 (Divergence grossière)


Une série un diverge grossièrement si la suite (un )n∈N ne tend pas vers 0.
P

Proposition 2.4
Une série grossièrement divergente est divergente.

Démonstration.

On a vu qu’une série convergente a un terme général qui tend vers 0.

2.2 Restes d’une série convergente

Définition 2.5 (Reste d’ordre n)


Soit un unePsérie convergente de somme S, et (Sn )n∈N la suite des sommes partielles. Soit n ∈ N. Le reste
P
d’ordre n de un est le scalaire
+∞
X X n
Rn = S − Sn = up − up .
p=0 p=0

Proposition 2.6 (Écriture Sn + Rn )


X
Soit un une série convergente. Soit n ∈ N et Rn le reste d’ordre n. La série up est convergente et
P
p>n+1

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+∞
X
Rn = up , et de plus,
p=n+1
+∞
X n
X +∞
X
S= un = Sn + Rn = up + up .
n=0 p=0 p=n+1

Démonstration.

Comme toujours, il faut regarder les sommes partielles. Si p ∈ N, p > n + 1, on a


p
X
uk = Sp − Sn −→ S − Sn = Rn ,
p→+∞
k=n+1

+∞
X p
X
et par définition de la notation, uk = lim uk .
p→+∞
k=n+1 k=n+1

Proposition 2.7 (Convergence de la suite des restes)


Soit un une série convergente, et (Rn )n∈N la suite des restes. Alors Rn −→ 0, ou encore
P
n→+∞

+∞
X
up −→ 0.
n→+∞
p=n+1

Démonstration.

Par définition, on a Sn −→ S, donc Rn = S − Sn −→ 0.


n→+∞ n→+∞

2.3 Lien série-suite

Proposition 2.8 (Lien série-suite)


Soit (un )n∈N une suite. La série (un+1 − un ) et la suite (un )n∈N ont même nature.
P

Démonstration.

Soit (Sn ) la suite des sommes partielles. Pour n ∈ N, on a par télescopage, Sn = un − u0 , donc (Sn ) converge
si et seulement si (un ) converge.

Remarque.
On peut donc étudier une suite grâce à une série.

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3 Exemples

Proposition 3.1 (Série géométrique) +∞


X 1
an =
P n
Soit a ∈ K. La série a converge si et seulement si |a| < 1, et dans ce cas , .
1−a
n=0

Démonstration.

On peut remarquer que si |a| > 1, alors la série diverge grossièrement.

Si |a| < 1, on a
n
X 1 − an+1 1
ak = −→ ,
1 − a n→+∞ 1 − a
k=0
car an −→ 0.
n→+∞

Proposition 3.2 (Série exponentielle) +∞ n


P an X a
Pour tout a ∈ R, la série n! converge et = ea .
n!
n=0

Démonstration.

On a déjà démontré ce résultat grâce à l’inégalité de Taylor-Lagrange.

Corollaire 3.3 (Séries spéciales alternées)


X
Soit (un ) une suite décroissante telle que un −→ 0. La série (−1)n un est convergente.
n→+∞
n>0

Démonstration.

Remarquons déjà que pour tout n, on a un > 0 (suite décroissante qui tend vers 0). Soit alors (Sn )
la suite des sommes partielles. Montrons que (S2n ) et (S2n+1 ) sont des suites adjacentes. Cela prouvera
qu’elles convergent, et qu’elles ont même limite. Et cela prouvera aussi que (Sn ) converge, donc que la série
X
(−1)n un converge (proposition 3.19 du chapitre 12).

Soit n ∈ N. Alors
2n
X 2n+2
X
k
S2n = (−1) uk et S2n+2 = (−1)ku = S2n + (−1)2n+1 u2n+1 + (−1)2n+2 u2n+2 ,
k=0 k=0

donc S2n+2 − S2n = u2n+2 − u2n+1 6 0 car (un ) est décroissante. Donc (S2n ) est décroissante.

De même,
2n−1
X 2n+1
X
k
S2n−1 = (−1) uk et S2n+1 = (−1)ku = S2n−1 + (−1)2n u2n + (−1)2n+1 u2n+1 ,
k=0 k=0

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donc S2n+1 − S2n−1 = u2n − u2n+1 > 0 car (un ) est décroissante. Donc (S2n+1 ) est croissante.

Enfin,
S2n − S2n+1 = (−1)2n+1 u2n+1 −→ 0,
n→+∞

donc (S2n ) et (S2n+1 ) sont adjacentes.

4 Séries de nombres réels positifs

Définition 4.1 (Série à termes positifs)


Une série un est à termes positifs si un > 0 pour tout n ∈ N.
P

Théorème 4.2
Soit un une série à termes positifs. Alors la série converge si et seulement si la suite des sommes partielles
P
Xn
est majorée. Dans le cas contraire, on a up −→ +∞.
n→+∞
p=0

Démonstration.

Soit (Sn ) la suite des sommes partielles. Alors Sn+1 − Sn = un > 0 donc (Sn ) est croissante. Elle est donc
convergente si et seulement si elle est majorée.

Théorème 4.3
X X
Soit un et vn deux séries telles que, pour tout n ∈ N, 0 6 un 6 vn . Alors

X X +∞
X +∞
X
1. Si vn converge alors un converge aussi et dans ce cas, un 6 vn .
n=0 n=0
X X
2. Si un diverge, alors vn diverge aussi (vers +∞).

Démonstration.

Soient (Sn ) et (Sn′ ) les sommes partielles respectives de un et vn . Par hypothèse, on a pour tout n ∈ N,
P P
Sn 6 Sn′ . On en déduit que :

Si vn converge, (Sn′ ) converge, donc est majorée, doncP (Sn ) est majorée. Or, c’est une suite croissante
P
carPun > pour tout n, donc elle est convergente, i.e. un converge.
—Si diverge, aussi, et comme est croissante, elle diverge vers donc vn également, et
P
u n (S n ) (Sn ) +∞,
vn diverge.
P
Ceci prouve la proposition.

Remarque.

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+∞
X +∞
X
On peut se contenter de un 6 vn à partir d’un rang n0 . Mais alors on n’aura que un 6 vn .
n=n0 n=n0

Exemples.
1. √1 diverge car 1
diverge.
P P
n n

1 1 1
2. converge (prouvez-le avec une DES de et un télescopage), donc converge.
P P
n(n−1) X(X−1) n2

Corollaire 4.4 (Termes positifs dominés, négligeables)


X X
Soient un et vn deux séries à termes positifs telles que un = o(vn ) ou un = O(vn ).
1. Si vn converge, la série un converge également.
P P

2. Si un diverge, la série vn diverge également.


P P

Démonstration.

Dans les deux cas, à partir d’un certain rang unP6 Kvn , où K est une constanteP> 0. On applique alors
le théorème 7.3 en remplaçant vn par Kvn , car vn converge si et seulement si Kvn converge puisque
K 6= 0.

Exemple. √ P − √n
On a e− n = O 1/n2 , donc la série converge.

e

Corollaire 4.5 (Séries à termes positifs équivalents)


X X X X
Soient un et vn deux séries à termes positifs telles que un ∼ vn . Alors les séries un et vn sont
de même nature (i.e. elles sont simultanément convergentes ou divergentes).

Démonstration.

À partir d’un certain rang, on a 21 un 6 vn 6 32 un , ou encore un = O(vn ) et vn = 0(un ). On conclut alors soit
avec le théorème 7.3, soit le corollaire 4.4.

Remarques.
1. Si les termes généraux sont équivalents, et l’une des séries est à termes positifs, l’autre l’est aussi à partir
d’un certain rang.
2. On a bien entendu le même résultat avec des suites négatives : ce qui est important, c’est que le signe
reste constant.

Exemple.
X 1 1 1 1
La série converge car , et est une série à termes positifs convergente.
P
n2 +(−1)n n
∼ n2 n2
n2 + (−1)n n

Remarque.

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On va beaucoup utiliser ce corollaire avec les séries absolument convergentes (théorème 5.2) et les dévelop-
pements asymptotiques, cf. la méthode 5.4

5 Absolue convergence

Définition 5.1 (Absolue convergence)


X
Soit (un )n∈N une suite de nombres réels ou complexes. La série un est absolument convergente lorsque la
X
série |un | converge.

Exemple.
(−1)n 1
La série est absolument convergente, car converge.
P P
n2 n2

Théorème 5.2 (Convergence absolue implique la convergence) +∞ +∞


X X X X
Soit un une série absolument convergente. Alors un converge. De plus, on a un 6 |un |.



n=0 n=0

Démonstration.

Considérons d’abord le cas d’un terme général réel. On pose


|un | + un |un | − un
u+
n = , u−
n = .
2 2
Pour tout +
P on− a donc 0 6 un 6 |un |, 0 6 un 6 |u+n |. Par comparaison de séries à termes positifs,
P les

P +n ∈ N,
séries un et un sont convergentes. Comme un = un − un , par différence de séries convergentes,
− un
converge.

Enfin, en appliquant l’inégalité triangulaire aux sommes partielles



n n
X X


up 6
|up | ,
p=0 p=0

la conservation des inégalités larges par passage à la limite donne l’inégalité sur les sommes.

Si (un )n∈N est à termes complexes, on a pour tout n ∈ N, |Re(un )| 6 |un | et |Im(un )| 6 |un |. Les parties
réelle et imaginaire sont donc
P absolument convergentes (par comparaison de séries à termes positifs), donc
convergentes, donc la série un est convergente.

Remarque.
La réciproque est fausse : il existe des séries convergentes non absolument convergentes, comme par exemple
P (−1)n P1
. C’est une série spéciale alternée, donc elle converge, mais n diverge.
n

Exemple. in
P ein e |ein | 1 P 1
La série n 2 est convergente. En effet, =
n2 2
6 2 . Or, n2
converge, donc par comparaisons de
n n
P ein P ein
séries à termes positifs, n2 converge, donc n2
est absolument convergente, donc convergente.

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Corollaire 5.3 (Séries à termes dominés)


X X
Soient un une série complexe, et vn une série à termes positifs, avec vn convergente. Si un = O(vn )
P
X
ou si un = o(vn ), la série un converge absolument.

Démonstration.

À partir d’un certain rang, |un | 6 Avn où A est une constante. On conclut avec le théorème 7.3 en remplaçant
un par |un | et vn par Avn .

Méthode 5.4 (Utilisation de développements asymptotiques)


Voici un exemple d’utilisation de la convergence abolue et de séries à termes positifs équivalents/dominés.
(−1)n
 
2 3
Soit un = ln 1 + √ . Comme ln(1 + t) = t − t2 + t3 + t3 ε(t) avec ε(t) −→ 0, alors
n t→0

(−1)n 1
un = √ − + vn ,
n 2n

où vn = − 3n13/2 − 1
3n3/2
ε ((−1)n / n).
1P 1
On en déduit que |vn | ∼ n3/2 . Or,
P n3/2 converge (cf. plus loin les séries de Riemann), donc par
équivalence de séries à termes constants, vn converge absolument, donc converge.
P (−1)n 1
Mais converge (c’est une série spéciale alternée), et ) diverge (série harmonique), donc
P

n
(− 2n
un diverge car c’est la somme de deux séries convergentes et d’une série divergente.
P

Remarque.
Attention : cette méthode illustre aussi qu’il ne faut pas utiliser les équivalents lorsque les séries ne sont
√ √
pasPà termes de signe constant. En effet, un ∼ (−1)n / n, et (−1)/ n converge (série spéciale alternée),
P
or un diverge !

6 Comparaison série-intégrale

6.1 Comparaison des natures

Proposition 6.1 (Comparaison série-intégrale)


X
Soit n0 ∈ N et f une fonction continue par morceaux sur [n0 , +∞[, positive et décroissante. La série f (n)
n>n0
Z n 
et la suite f (t)dt sont de même nature. Plus précisément, pour tout n ∈ N, n > n0 , on a
n0 n>n0
Z n n
X Z n
f (t)dt + f (n) 6 f (k) 6 f (t)dt + f (n0 ).
n0 k=n0 n0

Démonstration.

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On traite le cas n0 = 0. On va démontrer la double-inégalité. Fixons donc n ∈ N et k ∈ [ 0, n]]. Comme f est


décroissante, si x ∈ [k, k + 1], on a f (k + 1) 6 f (x) 6 f (k). Par croissance de l’intégrale, on obtient
Z k+1 Z k+1 Z k+1
f (k + 1) = f (k + 1)dt 6 f (t)dt 6 f (k)dt = f (k).
k k k

On somme alors la première inégalité de k = 0 à k = n − 1, et la deuxième de k = 1 à k = n. Cela donne les


deux inégalités.

Puis, si la série f (n) converge, Rles sommes partielles sont majorées car convergente, donc la suite
P
Rn n
( n0 f (t)dt + f (n)) est majorée, donc ( n0 f (t)dt) aussi car f (n) > 0. Or, c’est une suite croissante car f est
Rn
positive, donc ( n0 f (t)dt) converge.
Rn Rn
Réciproquement, si ( Pn0 f (t)dt) converge, c’est une suite majorée, donc ( n0 f (t)dt + f (n0 )) aussi, donc
les sommes partielles de f (n) sont majorées, donc convergentes (car croissantes), et la série converge.

Remarques.
1. On applique en général cette proposition quand on connait une primitive de f , et qu’on sait calculer la
limite de l’intégrale, pour en déduire la nature de la série.
2. Attention : en cas de convergence, les limites ne sont pas les mêmes en général.
3. Écrire les cas particuliers n0 = 0 et n0 = 1. Ils sont fréquents !

Exemple. P 1 1
La série n ln(n) diverge. On prend f (x) = x ln(x) , et n0 = 2. La fonction f est bien continue, positive et
décroissante, et Z n
1
dx = [ln(ln(x))]n2 = ln(ln(n)) − ln(ln(2)) −→ +∞,
1 x ln(x) n→+∞

donc la série diverge.

Remarque.
Lorsque la fonction f est croissante (et positive) non décroissante, la série et la suite des intégrales sont
divergente vers +∞ dans tous les cas.

6.2 Application aux séries de Riemann

Théorème 6.2 (Séries de Riemann)


P 1
Soit α ∈ R. La série nα converge si et seulement si α > 1

Démonstration.

1
Si α 6 0, la série diverge grossièrement. Fixons alors α > 0. La fonction x 7−→ xα est donc positive et
décroissante sur [1, +∞[. Or, si α 6= 1,

1−α n
Z n    
1 1
α
dx = = (1 − α) −1 ,
1 x xα−1 1 nα−1

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qui admet une limite finie si et seulement si α > 1. Le cas α = 1 donne un logarithme et une limite infinie.

Exemple.
X 1 X 1 X1 X 1
Les séries et convergent, et les séries et √ divergent.
n2 n(3/2) n n

Proposition 6.3 (Règle de Riemann ou règle nα un )


Soit un une série.
P

1. S’il existe α > 1 tel que nα un −→ 0, alors un converge absolument.


P
n→+∞

2. Si un est à termes positifs et s’il existe α 6 1 tel que nα un −→ +∞, alors un diverge.
P P
n→+∞

Démonstration.

C’est une conséquence du corollaire 4.4 et du théorème 6.2. Dans le premier cas, onPa un = o (1/nα ), et la
série de terme général 1/nα converge, et les deux séries sont à termes positifs, donc un converge.

De même dans le deuxième cas.

Remarque.
Souvent, plutôt que d’invoquer cette règle, on la "redémontre" systématiquement. Si nα un −→ 0, alors
n→+∞
|un | = o(1/nα , donc un converge absolument.
P

Exemple. P ln(n)
La série nβ
est convergente si β > 1. En effet, dans ce cas on a

ln(n) ln(n)
nα β
= β−α −→ 0
n n n→+∞

dès que β > α (croissances comparées). Si on veut en plus α > 1, on veut β > α > 1, ce qui est par exemple
possible avec α = β+1
2 car β > 1. La règle de Riemann permet de conclure.

7 Familles sommables

Lors de l’étude des séries, les termes sont rangés dans un ordre précis. Or, si on change cet ordre, la nature
de la série peut changer, et en cas de convergence, la somme n’est plus nécessairement la même, comme le
X (−1)n
montre l’exemple de la série harmonique alternée . Cette série est une série spéciale alternée, donc
n+1
n>0
+∞
X (−1)n
convergente. On verra en exercice que = ln(2). Pourtant, en remarquant que pour tout entier
n+1
n=0
k > 1, on a
1 1 1
− = ,
2k − 1 2(2k − 1) 2(2k − 1)
+∞ +∞  +∞ +∞ +∞ +∞ +∞ +∞
!
(−1)k−1 1 X (−1)k−1
 X
X X 1 1 1 X 1 X 1 1 X 1 X 1
= − − = − = − = ,
k 2k − 1 2(2k − 1) 4k 2(2k − 1) 4k 2 2k − 1 2k 2 k
k=1 k=1 k=1 k=1 k=1 k=1 k=1 k=1

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+∞
X (−1)n
ce qui prouve que = 0 : contradiction. On ne peut pas ranger les termes comme on veut.
n+1
n=0
+∞
X
Puis on remarque que pour les séries à termes positifs, en notant an = +∞ si la série diverge, on a
n=0
le résultat suivant :
Théorème 7.1
Soit (an )n∈N une série à termes positifs. Alors
+∞
( )
X X
an = sup ai | F partie finie de N .
n=0 i∈F

Ce théorème nous pousse aux définitions du paragraphe suivant.

Notation : dans toute le suite, on note Pf (I) l’ensemble des parties finies d’un ensemble I.

7.1 Familles sommables de réels positifs

Définition 7.2 (Famille sommable de réels positifs)


Soit (ai )i∈I une famille de réels positifs indéxée par un ensemble I.
( )
X X
1. On note ai = sup ak | F partie finie de I .
i∈I k∈F

X
2. La famille (ai )i∈I est sommable si ai < +∞.
i∈I

Remarque.
On montrera en exercice que si la famille (ai )i∈I est sommable, au plus un nombre dénombrable d’éléments
de la famille sont non nuls, i.e. la famille est à support dénombrable.

Proposition 7.3 (Comparaison)


Soient (ai )i∈I et (bi )i∈I des familles de réels positifs telles que, pour tout i ∈ I, ai 6 bi . Alors
X X
ai 6 bi .
i∈I i∈I

En particulier, si (bi )i∈I est sommable, (ai )i∈I l’est également.

Démonstration.

Soit F une partie finie non vide de N. On a


X X X
ak 6 bk 6 bi ,
k∈F k∈F i∈I

d’où l’inégalité.

621
H. Thys, MPSI 2 du lycée Victor Hugo de Besançon

Proposition 7.4 (Sous-fammile d’une famille sommable)


Toute sous-famille d’une famille sommable de réels positifs est sommable.

Démonstration.

Il suffit de compléter la sous-famille par des 0, et appliquer 7.3.

Proposition 7.5 (Invariance par permutation)


Soit (ai )i∈I une famille de réels positifs indéxée par un ensemble I, et σ une permutation de I. Alors
X X
ai = aσ(i) .
i∈I i∈I

En particulier, la famille (ai )i∈I est sommable si et seulement si la famille (aσ(i) )i∈I l’est.

Démonstration.

Notons M et Mσ les deux sommes, éventuellement +∞. Soit F une partie finie non vide de N. Alors
X X
aσ(k) = ak ′ 6 M
k∈F k′ ∈σ(F )

car σ(F ′ ) est une partie finie de N. On en déduit que Mσ 6 M . Puis de même (ou en considérant σ −1 ), on
a M 6 Mσ .

Remarque.
Par exemple dans le cas d’une série à termes positifs, on peut ranger les termes dans l’ordre que l’on souahite
pour calculer sa somme.

Proposition 7.6 (Lien familles finies/séries)


1. Une famille finie de réels positifs est sommable, et sa somme est la somme usuelle.

2. Une suite à termes positifs est sommable si et seulement si la série correspondante est convergente, et
dans ce cas, la somme de la série est la somme de la famille.

Démonstration.

On traite le cas d’une suite (an )n∈N .

Supposons la famille sommable, et soit S sa somme. Comme [ 0, n]] est une partie finie de N, on a
n
X
ak 6 S,
k=0

622
H. Thys, MPSI 2 du lycée Victor Hugo de Besançon

donc la série (à termes positifs) est convergente. De plus, pour tout ε > 0, par caractérisation d’une borne
supérieure, il existe une finie F de N telle que
X
S−ε6 ak 6 S,
k∈F

et il existe n ∈ N tel que F ⊂ [ 0, n]], et donc


X n
X
S−ε6 ak 6 ak 6 S,
k∈F k=0

ce qui prouve que la somme de la série est S.


—Supposons que la série converge, et soit S sa somme. Soit F une partie finie de N, et n ∈ N tel que
F ⊂ [ 0, n]]. Alors
X n
X
ak 6 ak 6 S,
k∈F k=0
ce qui prouve que la famille est sommable, et donc par le 1er cas, que la somme de la famille est la somme
de la série.
m

Proposition 7.7 (Opérations algébriques)


Soient (ai )i∈I et (bi )i∈I des familles de réels positifs, et λ, µ ∈ R+ . Alors
X X X
(λai + µbi ) = λ ai + µ bi .
i∈I i∈I i∈I

En particulier, une combinaison linéaire à coefficients positifs de familles sommables est une famille sommable.

Démonstration.

Supposons par exemple les deux familles sommables, et soient S, S ′ leur somme respective. Soit ε > 0 fixé.
Il existe deux parties finies F et F ′ de N telles que
X X
S−ε6 ak 6 S, S′ − ε 6 bk 6 S ′ .
k∈F k∈F ′

Soit alors G = F ∪ F ′ . On a donc


X X X X
S−ε6 ak 6 ak 6 S, S′ − ε 6 bk 6 bk 6 S ′ ,
k∈F k∈G k∈F ′ k∈G

et donc X
λS + µS ′ − (λ + µ)ε 6 (λak + µbk ) 6 λS + µS ′ ,
k∈G
ce qui prouve la sommabilité et donne la valeur de la somme.

Théorème 7.8 (Sommation par paquets)


Soit (ai )i∈I une famille de réels positifs, et (Ij )j∈J un recouvrement de I (où J est un ensemble d’indexation).
Alors XX X
ui = ui .
j∈J i∈Ij i∈I

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H. Thys, MPSI 2 du lycée Victor Hugo de Besançon

Démonstration.

On traite le cas où la famille est sommable, et on note S sa somme.

On remarque tout d’abord que pour tout j ∈ J, la famille (ai )i∈Ij est sommable d’après la proposition
7.3 (il suffit de poser bi = ai si i ∈ Ij , et bi = 0 sinon, et bi 6 ai pour tout i ∈ I). On note Sj sa somme.

Montrons que la famille (Sj )j∈J est sommable, et que sa somme S̃ est inférieure à S. Soit F une partie
finie de J. La famille des (Ij )j∈F est une famille d’ensembles deux à deux disjoints, inclus dans I, et donc
en posant, pour tout j ∈ F ,
aij = ai si i ∈ Ij , 0 sinon,
 
X X
par la proposition 7.7, la famille  aij  est sommable, et sa somme est Sj . Mais la somme de cette
j∈F j∈F
i∈I
famille est inférieure à S (les Ij sont deux à deux disjoints), et donc pour tout famille finie F de J, on a
X
Sj 6 S. Cela prouve que la famille (Sj )j∈J est sommable, et que S̃ 6 S.
j∈F

Enfin, soit F une partie finie de N. On considère pour j ∈ J l’ensemble Fj = F ∩ Ij . Ce sont des parties
finies de Ij qui forment un recouvrement de F , et seul un nombre fini des Fj sont non vides. En notant
J ′ = {j ∈ J | Fj 6= ∅}, on a
X X X X
ak = ak 6 Sj 6 S̃,
k∈F j∈J ′ k∈Fj j∈J ′

ce qui prouve que S 6 S̃.

Remarque.
En particulier, si la famille est sommable, on peut regrouper les termes comme on le souhaite pour calculer
la somme.

Théorème 7.9 (Théorème de Fubini positif )


Soit (ai,j )(i,j)∈I×J une famille de réels positifs, où I, J sont des ensembles d’indéxation. Alors
XX XX X
ai,j = ai,j = ai,j .
i∈I j∈J j∈J i∈I (i,j)∈I×J

Démonstration.

La famille (I × {j})j∈J est un recouvrement de I, et on applique la sommation par paquets.

7.2 Familles sommables de nombres complexes

Définition 7.10 (Famille sommable de nombres complexes)


Soit (ai )i∈I une famille de nombres complexes indéxée par un ensemble I. La famille (ai )i∈I est sommable si
la famille (|ai |)i∈I est sommable.

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H. Thys, MPSI 2 du lycée Victor Hugo de Besançon

On note ℓ1 (I) l’ensemble des familles sommables indéxées par I.

Remarque.
Comme pour les réels positifs, si la famille (ai )i∈I est sommable, au plus un nombre dénombrable d’éléments
de la famille sont non nuls, i.e. la famille est à support dénombrable.

Proposition 7.11 (Comparaison)


Soient (ai )i∈I une famille de nombres complexes, et (bi )i∈I une famille de réels positifs sommables, telles que,
pour tout i ∈ I, |ai | 6 bi . Alors (ai )i∈I est sommable.

Démonstration.

C’est une conséquence de 7.3.

Proposition 7.12 (Sous-fammile d’une famille sommable)


Toute sous-famille d’une famille sommable est sommable.

Démonstration.

On complète la sous-famille par des 0, et on applique 7.11.

Proposition 7.13 (Invariance par permutation)


Soit (ai )i∈I une famille de nombres complexes indéxée par un ensemble I, et σ une permutation de I. La
famille (ai )i∈I est sommable si et seulement si la famille (aσ(i) )i∈I l’est.

Démonstration.

La famille (|ai |)i∈I est sommable, donc (|aσ(i) |)i∈I également par 7.5.

Proposition 7.14 (Caractérisation des familles sommables)


1. Une famille de réels (ai )i∈I est sommable si et seulement si les familles de réels positifs (a+
i )i∈I et (ai )i∈I

sont sommables.

2. Une famille de nombres complexes (ai )i∈I est sommable si et seulement si les familles (Re(ai ))i∈I et
Im((ai ))i∈I sont sommables.

Démonstration.

Cas d’une famille de réels :

Si (ai )i∈I est sommable, comme |a+ +


i | 6 |ai | et |ai | 6 |ai |, les familles (ai )i∈I et (ai )i∈I sont sommables.
− −

625
H. Thys, MPSI 2 du lycée Victor Hugo de Besançon

Réciproquement, si les familles (a+


i )i∈I et (ai )i∈I sont sommables, comme elles sont à termes positifs,

donc leur somme est sommable (7.7), i.e. (|ai |)i∈I est sommable.

Cas d’une famille de nombres complexes : pour tout i ∈ I, on a


max(|Re(ai )|, |Im(ai )|) 6 |ai | 6 |Re(ai )| + |Im(ai )|,
ce qui prouve l’équivalence.

Définition 7.15 (Somme d’une famille sommable)


1. Soit (ai )i∈I une famille de réels sommable. Sa somme est le réel
X X X
ai = a+
i − a−i .
i∈I i∈I i∈I

2. Soit (ai )i∈I une famille de nombres complexes sommable. Sa somme est le nombre complexe
X X X
ak = Re(ak ) + i Im(ak ).
k∈I k∈I k∈I

Théorème 7.16 X
Soit (ai )i∈I une famille de nombres complexes sommable et S = ak . Pour tout ε > 0, il existe une partie
k∈I

X
finie Jε ⊂ I telle que, pour toute partie finie F de I telle que Jε ⊂ F , on ait S − aj 6 ε.
j∈F

Démonstration.

Cas d’une famille de réels : Notons S + et S − les sommes respectives des familles (a+
i )i∈I et (ai )i∈I , et fixons

+
ε > 0. Il existe des parties finies J et J de I telles que

X X
S+ − ε 6 a+i 6S ,
+
S− − ε 6 a−
i 6S ,

i∈J + i∈J −

et en prenant Jε = J + ∪ J − , on a donc
X X
S+ − ε 6 a+ +
i 6S , S− − ε 6 a− −
i 6S ,
i∈Jε i∈Jε

et donc, si F ∈ Pf (I) et Jε ⊂ F , on a (car on somme des réels positifs)


X X X X
S+ − ε 6 a+
i 6 a +
i 6 S +
, S −
− ε 6 a −
i 6 a− −
i 6S ,
i∈Jε i∈F i∈Jε i∈F

et donc X X
S+ − S− − ε 6 a+
i − a− + −
i 6 S − S + ε,
i∈F i∈F
d’où l’implication dans le cas réel. Dans le cas complexe, on recommence avec les parties réelles et imaginaires.

Remarque.

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H. Thys, MPSI 2 du lycée Victor Hugo de Besançon

On a en fait le théorème suivant, plus précis, mais hors programme : une famille de nombres complexes
(ai )i∈I est sommable si et seulement s’il
existe S ∈ C tel que, pour tout ε > 0, il existe Jε ∈ Pf (I) telle que,
X
pour tout F ∈ P f (I), si Jε ⊂ F , alors S − ai 6 ε.


i∈F

Proposition 7.17 (Inégalité triangulaire)


X X
Soit (ai )i∈I une famille de nombres complexes sommable. Alors ai 6 |ai |.


i∈I i∈I

Démonstration.

Soit
S la somme
de la famille. On remarque que, pour tout n ∈ N∗ , il existe une partie finie Jn ⊂ I telle que
X X
S − ai , et donc ai −→ S. On en déduit que

n→+∞
i∈Jn i∈Jn

X X X
6 |ai | 6 |ai |.



i∈Jn i∈Jn i∈I

En passant à la limite quand n −→ +∞, on obtient l’inégalité triangulaire.

Proposition 7.18 (Opérations algébriques)


Soient (ai )i∈I et (bi )i∈I des familles de nombres complexes sommables, et λ, µ ∈ C. Alors (λai + µbi )i∈I est
sommable et
X X X
(λai + µbi ) = λ ai + µ bi .
i∈I i∈I i∈I

Démonstration.

Pour tout i ∈ I, on a |λai + µbi | 6 |λ||ai | + |µ||bi |, donc par 7.11, la famille (λai + µbi )i∈I est sommable.

On montre alors l’égalité des sommes grâce à 7.16.

Proposition 7.19 (Lien familles finies/séries)


1. Une famille finie de nombres complexes est sommable, et sa somme est la somme usuelle.

2. Une suite de nombres complexes est sommable si et seulement si la série associée est absolument conver-
gente, et dans ce cas, la somme de la série est la somme de la famille.

Démonstration.

On traite le cas des séries : la suite (an )n∈N est sommable si et seulement si (|an |)n∈N l’est, donc si et
X
seulement si la série an est absolument convergente (proposition 7.6).
n>0

627
H. Thys, MPSI 2 du lycée Victor Hugo de Besançon

Pour l’égalité des sommes : si (un ) est une suite réelle, alors

X X X +∞
X +∞
X +∞
X +∞
réels pos  X
u+ u+ u+
somme
un = n − u−
n = n − u−
n = n − u −
n = un .
séries conv
n∈N n∈N n∈N n=0 n=0 n=0 n=0

Lorsque (un ) est une suite à termes complexes, alors

X X X +∞
X +∞
X +∞
X +∞
réels somme  X
un = Re(un ) + i Im(un ) = Re(un ) + i Im(un ) = Re(un ) + iIm(un ) = un .
séries conv
n∈N n∈N n∈N n=0 n=0 n=0 n=0

Théorème 7.20 (Sommation par paquets)


Soit (ui )i∈I une famille de nombres complexes sommable, et (Ij )j∈J un recouvrement de I (où J est un
 
X
ensemble d’indexation). Pour tout j ∈ J, la famille (ui )i∈Ij est sommable, et la famille  ui  est
i∈Ij
j∈J
sommable, et
XX X
ui = ui .
j∈J i∈Ij i∈I

Démonstration.

Hors programme.

Remarque.
En particulier, si la famille est sommable, on peut ranger les termes comme on le souhaite pour calculer la
somme.

Théorème 7.21 (Théorème de Fubini)


Soit (ai,j )(i,j)∈I×J une famille sommable de nombres complexes, où I, J sont des ensembles d’indéxation.
Alors :
 
X
1. ∀ i ∈ I, la famille (aij )j∈J est sommable, et la famille des sommes  aij  est sommable.
j∈J
i∈I
!
X
2. ∀ j ∈ J, la famille (aij )i∈I est sommable, et la famille des sommes aij est sommable.
i∈I j∈J

XX XX X
3. On a : ai,j = ai,j = ai,j .
i∈I j∈J j∈J i∈I (i,j)∈I×J

Démonstration.

628
H. Thys, MPSI 2 du lycée Victor Hugo de Besançon

La famille (I × {j})j∈J est un recouvrement de I, et on applique la sommation par paquets.

Proposition 7.22 (Produit de familles sommables)


Soient (ai )i∈I et (bj )j∈J des familles sommables de nombres complexes. Alors la famille (ai bj )(i,j)∈I×J est
! 
X X X
sommable et a i bj = ai  bj .
(i,j)∈I×J i∈I j∈J

Démonstration.

Il suffit de prouver que la famille (ai bj )(i,j)∈I×J est sommable, l’égalité des sommes s’obtenant alors par le
théorème de Fubini.

Mais si I ′ × J ′ est un sous-ensemble fini de I × J, on a


!  ! 
X X X X X
|ai bj | = |ai |  |bj | 6 |ai |  |bj |
(i,j)∈I ′ ×J ′ i∈I ′ j∈J ′ i∈I j∈J

donc la famille (|ai bj |)(i,j)∈I×J est sommable, donc par définition la famille (ai bj )(i,j)∈I×J est sommable.

Remarque.
Le résultat reste vrai pour le produit d’un nombre fini de familles sommables.

Théorème 7.23 (Produit de Cauchy de séries absolument convergentes)


Soient (an )n∈N , (bn )n∈N des séries de nombres complexes absolument convergentes. La série de terme général
n
!
X
ak bn−k est absolument convergente, et
k=0 n∈N
+∞ +∞ n
+∞ X
! ! !
X X X
an bn = ak bn−k .
n=0 n=0 n=0 k=0

Démonstration.

Par 7.22, la famille (ai bj )(i,j)∈N2 est sommable et


+∞ +∞
! !
X X X
a i bj = an bn .
(i,j)∈N2 n=0 n=0
[
Mais N2 = {(k, n − k) | k ∈ [ 0, n]]}, qui constitue un recouvrement de N2 . Par le théorème 7.20, on a
n∈N
n
+∞ X
!
X X
a i bj = ak bn−k .
(i,j)∈N2 n=0 k=0

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7.3 Fonction exponentielle

Proposition 7.24 +∞ n
X z
Pour tout z ∈ C, la série est absolument convergente.
n!
n=0

Démonstration.
X xn
xn
Il suffit de montrer que pour tout x ∈ R+ , la série converge, ce qui découle de n! = O(2−n ).
n!

Définition 7.25 +∞ n
X z
La fonction exponentielle est la fonction définie sur C par exp(z) = .
n!
n=0

Proposition 7.26
Pour tout z, z ′ ∈ C, on a exp(z + z ′ ) = exp(z) exp(z ′ ).

Démonstration.

On a, en effectuant un produit de Cauchy,


n
+∞ X +∞ n   +∞
X z k z ′n−k X 1 X n k ′n−k X (z + z ′ )n
exp(z)exp(z ) =

= z z = = exp(z + z ′ ).
k! (n − k)! n! k n!
n=0 k=0 n=0 k=0 n=0

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