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© Adrien Fontaine ECT2 – Lycée Salvador Allende – Hérouville-Saint-Clair

3 | Séries numériques
I – Convergence

1 – Définitions

Définition 3.1 – Soit (u n )n∈N une suite réelle. On appelle série de terme général u n la suite (S n )n∈N
définie par
n
∀n ∈ N, S n = u 0 + u 1 + · · · + u n =
X
uk .
k=0
X X
La série de terme général u n est notée u n ou parfois simplement un .
n ⩾0
n
X X
Le réel S n = u k est appelé somme partielle d’indice n de la série un .
k=0 n ⩾0

d’un certain rang n 0 , la série de terme général u n


Remarque 3.2 – Si la suite (u n )n ⩾n0 n’est définie qu’à partir X
n’est également définie qu’à partir de n 0 , ce que l’on note un .
n ⩾n 0
n
X
La suite des sommes partielles est alors notée (S n )n ⩾n0 , avec S n = uk .
k=n 0

Exemple 3.3 –
X
1. On considère la série n. Son terme général est donné par u n = n.
n ⩾0
Les premières sommes partielles sont données par

S 0 = 0, S 1 = 0 + 1 = 1, S 2 = 0 + 1 + 2 = 3, S 3 = 0 + 1 + 2 + 3 = 6, etc.

De manière générale, je peux montrer par récurrence sur n ∈ N que


n n(n + 1)
∀n ∈ N,
X
Sn = k= .
k=0 2

X 1 1
2. La série est appelée la série harmonique. Son terme général est donné par u n = .
n ⩾1 n n
Les premières sommes partielles sont données par

1 3 1 1 11 1 1 1 25
S 1 = 1, S2 = 1 + = , S3 = 1 + + = , S4 = 1 + + + = , etc.
2 2 2 3 6 2 3 4 12
Il n’existe pas de formule simple pour exprimer la somme partielle S n d’indice n.

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2 – Séries convergentes
X
La série u n est en réalité une suite. On peut donc s’intéresser à sa convergence.
n ⩾0

X
Définition 3.4 – Soient u n une série numérique et S n sa somme partielle d’indice n.
n ⩾0
X
• Si la suite (S n )n∈N converge, on dit que la série u n est convergente.
n ⩾0
X
La limite S de la suite (S n )n∈N est alors appelée somme de la série u n et on note
n ⩾0
à !
n
X +∞
X
S = lim S n = lim uk = uk .
n→+∞ n→+∞
k=0 k=0

X
• Si la suite (S n )n∈N diverge, on dit que la série u n est divergente.
n ⩾0
• Déterminer la nature d’une série consiste à déterminer si celle-ci est convergente
ou divergente.

Remarque 3.5 –
+∞
X X
• L’écriture u k n’a de sens que si la série converge ! Alors que l’écriture u n a toujours un sens,
k=0 n ⩾0
puisque celle-ci désigne une suite.
• Tout comme on ne confond pas la suite (u n )n∈N , le terme u n d’indice n de cette suite et sa limite
n
éventuelle ℓ, il convient de ne pas confondre la série
X X
u n , la somme partielle S n = u k d’indice n
n ⩾0 k=0
+∞
X
et la somme éventuelle S = u k de la série.
k=0
• Les sommes infinies ne se manipulent pas comme les sommes finies (puisqu’en réalité ce sont des
limites, il faut donc toujours s’assurer de la convergence). C’est pourquoi on calcule (presque) toujours
les sommes partielles, qui sont des sommes finies, avant de passer à la limite.

Exemple 3.6 –
• Soit (u n )n∈N la suite définie pour tout n ∈ N par u n = 0. Alors la somme partielle d’indice n est
donnée par
Xn
Sn = 0 = 0.
k=0

La suite (S n )n∈N est donc clairement convergente et sa limite vaut 0.


X +∞
X
Donc la série 0 converge et 0 = 0.
n ⩾0 k=0
• Soit (u n )n∈N la suite définie pour tout n ∈ N par u n = 1. Alors la somme partielle d’indice n est
donnée par
Xn
Sn = 1 = n + 1.
k=0
X
La suite (S n )n∈N diverge, donc la série 1 diverge.
n ⩾0

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3 – Premiers exemples
X 1 n
µ ¶ µ ¶n
1
1. On considère la série . Son terme général est donné par u n = .
n ⩾0 2 2

La somme partielle d’indice n est


¡ ¢n+1
n µ 1 ¶k 1 − 21
µ µ ¶n+1 ¶ µ ¶n µ ¶n
X 1 1 1 1
Sn = = 1
= 2× 1− = 2−2× × = 2− .
k=0 2 1− 2 2 2 2 2

X 1 n
µ ¶
La série est donc la suite (S n )n∈N définie par
n ⩾0 2 µ ¶n
1 1
∀n ∈ N, S n = 2 − = 2− n .
2 2
µ ¶n
1 ¤ £ 1
Or ∈ − 1, 1 donc lim = 0 et lim S n = 2.
2 n→+∞ 2 n→+∞
µ ¶n
X 1 k
+∞ µ ¶
X 1
La série est donc convergente et = 2.
n ⩾0 2 k=0 2
X 1
2. On considère la série .
n ⩾1 n(n + 1)
1
Son terme général est donné par u n = . Pour la somme partielle d’indice n, je commence
n(n + 1)
1 (k + 1) − k (k + 1) k 1 1
par remarquer que = = − = − . Alors par télescopage,
k(k + 1) k(k + 1) k(k + 1) k(k + 1) k k + 1
Xn 1 Xn µ1 1

1 1 1 1 1 1 1 1
Sn = = − = 1−  +  −  +  −  + ··· +  − = 1− .
k=1 k(k + 1) k=1 k k +1 2 2 3 3 4 n
 n −1 n +1

X 1
La série est donc la suite (S n )n ⩾1 définie par
n ⩾1 n(n + 1)
1
∀n ∈ N∗ , Sn = 1 − .
n +1
1
Or lim = 0 donc lim S n = 1.
n→+∞ n + 1 n→+∞
X 1 +∞
X
µ
1

La série est donc convergente et = 1.
n ⩾1 n(n + 1) k=1 k(k + 1)
X 1
3. La série harmonique diverge.
n ⩾1 n
Il s’agit d’une preuve élégante publiée par Nicole Oresme en 1360. L’idée est de minorer la série har-
1
monique par une série qui diverge vers +∞, en remplaçant tous les termes de la somme par la
n
1
puissance de qui lui est immédiatement inférieure. Alors
2
Xn 1 1 1 1 1 1 1 1 1
lim = 1+ + + + + + + + +···
k=1 n 2 3 4 5 6 7 8 9
n→+∞

1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1
⩾ 1+ + + + + + + + +··· ⩾ 1+ + + +···
2 |4 {z 4} |8 8 {z 8 8} 16 2 2 2
= 21 = 21
1 1 1 1 1 1
En effet il y a 2 termes égaux à , qui additionnés donnent , 4 × = , 8 × = , et ainsi de suite.
4 2 8 2 16 2
1
En ajoutant une infinité de fois le terme , la divergence de la somme est évidente.
2
Et puisque la série harmonique est plus grande, alors elle diverge.

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II – Sommes de séries

1 – Opérations sur les séries


Les opérations sur les sommes finies se transposent, sous certaines conditions, aux séries.
Théorème 3.7
Soient (u n )n∈N et (v n )n∈N deux suites réelles et λ un réel non nul.
λu n sont de même nature (c’est-à-dire qu’elles sont ou bien toutes les
X X
• Les séries u n et
n ⩾0 n ⩾0
deux convergentes, ou bien toutes les deux divergentes). Si elles sont convergentes, alors
à !
+∞ +∞
λ × uk = λ ×
X¡ ¢ X
uk .
k=0 k=0

X X X
• Si les séries u n et v n sont toutes les deux convergentes, alors la série (u n + v n )
n ⩾0 n ⩾0 n ⩾0
est également convergente et
+∞
X¡ ¢ +∞
X +∞
X
uk + v k = uk + vk .
k=0 k=0 k=0

X ¡ATTENTION ! La réciproque du second point n’estXpas vraie


X! La convergence de la série
¢
u n + v n n’assure pas du tout la convergence des séries u n et vn .
n ⩾0 n ⩾0 n ⩾0

1 1 X¡ ¢
Exemple 3.8 – Si l’on pose pour tout n ⩾ 1, u n = et v n = − , alors la série u n + v n converge
n n n ⩾0
X X
alors que ni u n ni v n ne convergent (voir les exemples précédents).
n ⩾0 n ⩾0

2 – Suites et séries
Théorème 3.9
X¡ ¢
Soit (u n )n∈N une suite réelle. Alors la suite (u n )n∈N converge si et seulement si la série u n+1 − u n
n ⩾0
converge. Dès lors, si (u n )n∈N converge, en notant ℓ sa limite, alors
+∞
u k+1 − u k = ℓ − u 0 .
X¡ ¢
k=0

Théorème 3.10 – Condition nécessaire de convergence


X
Soit (u n )n∈N une suite réelle. Si la série u n converge, alors lim u n = 0.
n→+∞
n ⩾0

X
ATTENTION ! On peut très bien avoir lim u n = 0 sans que u n ne converge !
n→+∞
n ⩾0
1 X 1
Par exemple, lim = 0 et la série harmonique diverge.
n→+∞ n
n ⩾1 n

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Corollaire 3.11
X
Soit (u n )n∈N une suite réelle. Si la suite (u n )n∈N ne converge pas vers 0, alors la série u n diverge.
n ⩾0

X n2 3n
(−1)n ,
X X
Exemple 3.12 – Les séries et n n
sont divergentes.
n ⩾0 n ⩾0 n + 1 n ⩾0 2 − 3

3 – Séries géométriques

q n s’appelle la série géométrique de raison q.


X
Définition 3.13 – Pour tout réel q, la série
n ⩾0

1
On a montré précédemment que la série géométrique de raison converge et que sa somme vaut 2.
2
Plus généralement, on a le résultat suivant :

Théorème 3.14
Soit q ∈ R un réel. La série q n est convergente si et seulement si |q| < 1, i.e. q ∈ − 1, 1 .
X ¤ £
n ⩾0
Dans ce cas,
+∞ 1
qk =
X
.
k=0 1−q

X 4 n X 4 n
µ ¶ µ ¶
Exemple 3.15 – Déterminer si les séries et convergent et le cas échéant, donner la
n ⩾0 4 n ⩾0 5
somme de la série.
X 5 n
µ ¶ µ ¶n
5 5 5
• Pour , il s’agit d’une série géométrique de raison q = . Or > 1 donc lim = +∞
n ⩾0 4 4 4 n→+∞ 4
X 5 n
µ ¶
et comme le terme général diverge, alors nécessairement, la série est divergente.
n ⩾0 4
X 4 n
µ ¶ ¯ ¯
4 ¯4¯
• Pour , il s’agit d’une série géométrique de raison q = . Or ¯¯ ¯¯ < 1 donc la série
n ⩾0 5 5 5
X 4 n X 4 n
+∞
µ ¶ µ ¶
1 1
est convergente sa somme est donnée par = = 1 = 5.
n ⩾0 5 n=0 5 1 − 45 5

X
Méthode 3.16 – Étudier la nature d’une série u n et/ou calculer sa somme éventuelle
n ⩾0

1. On regarde si le terme général tend vers 0 :


• Si la réponse est non, la série est divergente.
• Si la réponse est oui, on ne peut pas conclure, il faut poursuivre l’étude.
2. On essaie d’exprimer la série à l’aide d’une série géométrique.
n
X
3. Si ce n’est pas possible, on poursuit l’étude en écrivant la somme partielle S n = uk .
k=0
On regarde si on peut simplifier S n , en utilisant un changement d’indice, une mise en facteur ou
un "télescopage des termes". Puis on conclut à l’aide des résultats de convergence des suites.

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