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IUT de Nı̂mes Outils Mathématiques et Logiciels (OML3)

GEII BUT2/S3 2022/23

PARTIE 3
Séries numériques et entières. Transformation en Z

1 Préambule

Les notions de suite et série sont très présentes dans l’analyse et le traitement des signaux. La
notion de suite intervient par exemple dans le contexte de la discrétisation ou échantillonage d’un
signal continu (analogique) (voir Fig. 1a): le signal continu f (t) est remplacé par une suite de
valeurs prises à des instants régulièrement espacés fe (n) = f (nTe ) (voir Fig. 1b). La somme des
termes d’une suite conduit à la notion de série, comme par exemple les séries de Fourier qu’on a
déjà étudiées.

y y
a) b)
f(t) f(nTe)
f(2Te)

f(Te)

0 0
t Te 2Te 3Te nTe t

Figure 1: a) A une fonction définie sur R+ , on associe la suite de terme général: fe (n) = f (nTe ).
b) La suite (f (nTe ))n∈N définit la fonction échantillonnée avec la période d’échantillonnage Te .

2 Suites numériques
Définition:
Une suite numérique est une fonction de N vers R :

u :N→R
n → u(n) = un

1
Exemples La suite des entiers naturels: 0, 1, 2, . . . , n, . . .; ou encore la suite des impairs:
1, 3, 5, . . . , 2n + 1, . . . ou celle des pairs : 0, 2, 4, . . . , 2n, . . ..
a) Deux notations sont possibles :

- notation fonctionnelle : u(n)

- notation indicielle : un

b) Deux types de définition sont possibles:

1
• définition directe; e.g. un =
n
1
• définition récurrente; e.g. u0 = 1, un+1 = 1 +
un

Exercice 1 :
On appelle suite arithmétique, de raison r toute suite telle que :

un+1 = un + r ∀n ∈ N et r ∈ R�

a) A partir de la relation de récurrence exprimez un en fonction de n, du terme initial u0 et


la raison r.

b) Exprimez
N
� −1
SN = un
n=0

en fonction de u0 et la raison r

Exercice 2 :
On appelle suite géométrique, de raison q toute suite telle que :

un+1 = qun ∀n ∈ N et q ∈ R�

a) A partir de la relation de récurrence exprimez un en fonction de n, du terme initial u0 et


la raison q

b) Exprimez
N
� −1
SN = un
n=0

en fonction de u0 et la raison q

2
2.1 Limite d’une suite

a) Si lim un existe et a une valeur finie l, alors on dit que la suite (un ) converge vers l.
n→+∞
Sinon on dit que (un ) diverge.

b) Le calcul de la limite d’une suite revient souvent à calculer la limite d’une fonction.

– Soit (un ) une suite numérique définie par un = f (n) avec f : R+ → R. Si


lim f (x) existe, alors
x→+∞
lim un = lim f (x)
n→+∞ x→+∞

– Soit (un ) une suite numérique définie par un = g(1/n) avec g : [0, a] → R. Si
lim g(x) existe, alors
x→0+
lim un = lim g(x)
n→+∞ x→0+

Exercice 3 :
Etudier la convergence des suites numériques suivantes :
3n2 − 5n √ √
a) un = b) un = n+1− n
5n2 + 2n − 6
3n2 + 4n 1 + 2 × 10n
c) un = d) un =
2n − 1 5 + 3 × 10n
� �
1 n
e) un = 1 +
n

2.2 Propriétés d’une suite

• Une suite est :

1. croissante si un ≤ un+1 ∀n ≥ n0 , n ∈ N
2. décroissante si un ≥ un+1 ∀n ≥ n0 , n ∈ N
3. strictement croissante si un < un+1 ∀n ≥ n0 , n ∈ N
4. strictement décroissante si un > un+1 ∀n ≥ n0 , n ∈ N
5. bornée supérieurement ou MAJORÉE s’il existe M ∈ R tel que un ≤ M ∀n ≥ n0 ,
n∈N
6. bornée inférieurement ou MINORÉE s’il existe m ∈ R tel que un ≥ m ∀n ≥ n0 ,
n∈N
7. BORNÉE s’il existe m, M ∈ R avec m ≤ M tels que m ≤ un ≤ M ∀n ≥ n0 ,
n∈N

3
Théorème fondamental:
Toute suite croissante majorée ou décroissante minorée est convergente.
Théorème des gendarmes
Si, pour ∀n, un ≤ vn ≤ wn et si lim un = lim wn = l, alors lim vn = l.
n→+∞ n→+∞ n→+∞

REMARQUE: Toute suite convergente est bornée.

3 Séries numériques

3.1 Définitions, exemples


Définition:
Si (un ) est une suite numérique, on construit une nouvelle suite, celle des sommes partielles
(Sn ) définie par :
n

Sn = uk
k=1

On appelle série de terme général (un ) la suite des sommes partielles (Sn ).

• Si la suite (Sn ) converge vers S, alors on dit que la série de terme général (un ) est
convergente et a pour somme S. On écrit :
n
� +∞

S = u1 + u2 + u3 + . . . + un + . . . ou S = lim uk ≡ un
n→+∞
k=1 n=1

• Si la suite (Sn ) n’est pas convergente, alors on dit que la série de terme général (un )
est divergente.

Convergence d’une série : condition nécessaire:


Pour qu’une série converge, il est nécessaire mais pas suffisant que la suite correspondante
converge vers 0.
REMARQUES

• La condition nécessaire nous dit également que si Sn converge, alors lim un = 0.


n→+∞
• Contre-exemple pour suffisant

Exemples : série géométrique, série télescopique

4
Série géométrique
Si un est une suite géométrique un+1 = qun = q n u0 ∀n ∈ N et q ∈ R� on sait que la
somme partielle SN

N
� −1
SN = un = u0 + u1 + u2 + · · · uN −2 + uN −1 =
n=0

1 − qN
= u0 (1 + q + q 2 + · · · + q N −2 + q N −1 ) = u0 ×
1−q
Ce qui entraı̂ne
u0
lim SN = pour − 1 < q < 1 car lim q N = 0
N →+∞ 1−q N →+∞

et
lim SN = lim u0 q N −1 = ±∞ pour |q| ≥ 1 car lim q N −1 = ±∞
N →+∞ N →+∞ N →+∞

A RETENIR
Une série géométrique de terme général (un ) suite géométrique de raison q

u0
• CONVERGE si |q| < 1 et sa somme est
1−q
• DIVERGE si |q| ≥ 1

Exercice 4 : 
 u un + 9
n+1 =
Soit la suite définie par : 4 . On pose vn = un − 3.
 u =8;
0

(a) Montrer que la suite vn est géométrique.

[b) Exprimer un en fonction de n et calculer sa limite.


� �
(c) Etudier les séries : n vn et n un

Exercice 5 :
On considère la série téléscopique

� 1
n=1
n(n + 1)
dont le terme général � �
1 1 1 1
un = = × −
n(n + 1) 2 n (n + 1)

5
Calculer la limite de la somme partielle SN
N
� +1
SN = un = u1 + u2 + u3 + · · · uN =
n=1
N �
� �
1 1 1
× − = ...
2 n=1
n (n + 1)
Est-ce que la série télescopique converge? Si oui, quelle est sa limite?

3.2 Séries à termes positifs (STP)


Définition:
La série de terme général (un ) est une série à termes positifs (STP) si un ≥ 0 à partir d’un
certain rang up .

Comparaison avec une intégrale impropre Si f = f (x) est une fonction positive, continue
+∞
� � +∞
et décroissante vers 0 sur [a, +∞], alors la série f (n) et l’intégrale f (x)dx ont la
n=1 a
même nature. (résultat admis)

3.2.1 Série de Riemann


Définition:
On appelle série de Riemann la série de terme général
1
un =

avec α ∈ R.

Rappel Intégrale impropre


L’intégrale impropre:

� +∞  convergente si
1 α>1
dx(a > 0) est
a xα  divergente si α≤1

A RETENIR
1
La série de Riemann de terme général un = ( α ∈ R):


+∞
� 1  convergente si α>1
est
n
nα  divergente si α≤1

6
3.2.2 Suites équivalentes et théorème de l’équivalent
un
Deux suites (un ) et (vn ) sont équivalentes si et seulement si lim = 1 et on écrit un ∼ vn .
n→+∞ vn
REMARQUES
1. La relation ”∼” est une relation d’équivalence.
2. Si un ∼ vn alors les deux suites sont de la même nature et ont éventuellement la même limite.
Théorème de l’équivalent
+∞
� +∞

Si un ≥ 0 et vn ≥ 0 telles que un ∼ vn , alors les séries un et vn ont la même nature.
n=1 n=1

3.2.3 Théorème de comparaison

Soient les suites un ≥ 0 et vn ≥ 0 telles que un ≤ vn .

+∞
� +∞

• si vn converge, alors un converge aussi.
n=1 n=1

+∞
� +∞

• si un diverge, alors vn diverge aussi.
n=1 n=1

Exercice 5 : 6
Précisez la nature (divergence ou convergence) des séries numériques suivantes, en justifiant votre
réponse : √
� n � � 2 �n � 4n2 − n + 3 � n+ n
(a) ; (b) ; (c) ; (d) .
n≥1
(n + 1) n≥1
3 n≥1
(n3 + 2n) n≥1
2n3 − 1

3.2.4 Règles de D’Alembert et de Cauchy

Soit une STP de terme général un .

un+1 un+1
• D’ALEMBERT : Si lim existe et si lim = ld ,
n→+∞ un n→+∞ un
ou
√ √
• CAUCHY : si lim n
un existe et si lim n
un = lc ,
n→+∞ n→+∞

alors

+∞

– si ld < 1 ou lc < 1, alors un converge ;
n=1

7
+∞

– si ld > 1 ou lc > 1, alors un diverge ;
n=1
– si ld = 1 ou lc = 1 on ne peut pas conclure, et d’autres théorèmes devront être
employés pour déterminer si la série est convergente ou non.

Exercice 6 : 7
Précisez la nature (divergence ou convergence) des séries numériques suivantes, en justifiant votre
réponse :
� 2
� n3 �� n
�n
(a) e−n ; (b) n
; (c) .
n≥0 n≥1
3 n≥0
2n + 1

3.3 Séries à termes quelconques


Définition: Séries absolument convergentes
+∞
� +∞

On dit que la série un est absolument convergente si la série |un | est convergente.
n=1 n=1

Théorème:
+∞
� +∞

Si la série un est absolument convergente, alors la série un est convergente.
n=1 n=1
REMARQUES
1. La réciproque est fausse.
+∞

2. Si la série un converge sans être absolument convergente, on dit qu’elle est
n=1
semi-convergente.

3.3.1 Séries alternées


Définition:
+∞

On dit que la série un est alternée si les termes un sont alternativement positifs et négatifs.
n=1

Théorème:
+∞
� +∞

La série un = (−1)n an converge si an ≥ 0, si an est une suite décroissante et
n=1 n=1
lim an = 0.
n→+∞

8
Exercice 7 : 8
Etudier la convergence absolue, ainsi que simple des séries :
� 1 � (−1)n ln n
n−1
(a) (−1) ; (b) .
n≥1
n2 + 2n + 3 n≥1
n

4 Séries entières
Définition:
On appelle série entière (SE) de la variable x, une série dont le terme général est an xn , avec
n = 0, 1, 2, . . . et an ∈ R :
+∞

a n xn
n=0

La variable x est, selon le cas, réelle ou complexe. La convergence ou non d’une série dépend
des valeurs de x. x ∈ R

• Un pôlynome de degré n est un cas très particulier de SE.


• On peut également dire qu’une SE représente une généralisation du pôlynome.
• Quand on a une série entière, on doit résoudre 2 problèmes:

1. trouver l’ensemble des valeurs de x ∈ C pour lesquelles la série entière converge.

2. une fois ces valeurs de x trouvées, on définit, point par point, une fonction de variable x,
+∞

par f (x) = an xn
n=0

4.1 Domaine ou intervalle de convergence. Rayon de convergence

Domaine de convergence = l’ensemble des valeurs de x ∈ C tels que la série converge. Si la


série converge seulement pour des valeurs de x ∈ R, on parlera d’intervalle de convergence.
On admettra l’existence d’un réel R ∈ R+ , éventuellement infini, appelé rayon de convergence.
Si x ∈ C, alors |x| < R définit le disque (domaine) de convergence (voir Fig. 2). Dans le
cas x ∈ R, ] − R, R[⊂ R est appelé intervalle de convergence (voir Fig. 3). Le cas |x| = R
nécessite une étude particulière.

9
Théorème de convergence pour les SE

Soit an xn une série entière, et R son rayon de convergence, alors :
n


• si |x| < R, la série an xn converge absolument ;
n

• si |x| > R, la série an xn diverge ;
n

• si |x| = R, il est nécessaire d’étudier spécifiquement la convergence en ±R.

Im(x)

R
DIVERGENCE

convergence absolue

−R R
0 Re(x)

DIVERGENCE

−R

Figure 2: Domaine ou disque de convergence quand x ∈ C.

soit convergence soit convergence


soit divergence soit divergence

DIVERGENCE 0 DIVERGENCE
−R +R

convergence absolue

Figure 3: Intervalle de convergence quand x ∈ R.



• Si la SE an xn converge, alors on a nécessairement que
n

lim an xn = 0
n→+∞

• Si R = 0, on a convergence uniquement en 0.
• Si R = +∞, alors on a convergence sur tout C ou R.

10
4.2 Recherche pratique du rayon de convergence

La recherche pratique du rayon de convergence se fait en utilisant le critère de D’Alembert ou



celui de Cauchy pour établir la convergence ou la divergence de la série |an xn |
n

En utilisant le critère de D’Alembert :


un+1
• On pose un = |an xn |, et on considère .
un
� �
� an+1 �
• Si lim �� � = l, alors lim un+1 = l|x|.
n→+∞ an � n→+∞ un

• D’après le critère de D’Alembert . . .


� �
1 � an �
CONCLUSION : �
R = = lim � �
l n→+∞ an+1 �

En utilisant le critère de Cauchy

1 1
CONCLUSION : R= = lim �
l n→+∞ n |a |
n

Exercice 8 : 9
Déterminer le rayon de convergence des séries entières :
� � x �n � � xn
(a) ; (b) n(n + 1)xn ; (c) .
n≥1
n n≥1 n≥1
(2n)2
N.B. On donnera le domaine de convergence après l’étude aux bornes.

4.3 Propriétés des SE

NB : Les propriétés suivantes sont admises.

P1 La somme ou la fonction vers laquelle converge une SE est une fonction continue sur ]−R, R[.

P2 On peut dériver terme à terme une SE sur ] − R, R[, et la série dérivée a le même rayon de
convergence :  �
� �
 a n xn  = nan xn−1 , ∀x ∈] − R, R[
n≥0 n≥1

P3 On peut intégrer terme à terme une SE sur ] − R, R[, et la série obtenue a le même rayon
de convergence
 
� � � an
 an xn  dx = xn+1 + C, ∀x ∈] − R, R[
n≥0 n≥0
n+1

11
Exercice 9 : 10

Calculer nxn sur son intervalle de convergence que l’on précisera.
n≥1

4.4 Développement d’une fonction en SE (DSE)


Définition:
Soit la fonction f définie sur I intervalle centré en 0. On dit que f admet un
développement en série entiére (DSE) sur I s’il existe une série entière convergente vers
f sur I.
+∞

∀x ∈ I : f (x) = a n xn
n=0

REMARQUE :
Toute SE est indéfiniment dérivable sur I, et donc pour qu’une fonction f soit développable en
SE, il est NECESSAIRE qu’elle soit à son tour indéfiniment dérivable sur I.

4.5 Séries de Mac Laurin


Théorème:
Si f est une fonction indéfiniment dérivable sur ] − R, R[ et si toutes ses dérivées sont bornées
sur ] − R, R[, alors f admet un développement en série de Mac Laurin sur ] − R, R[ et on
a:
+∞
� f (n) (0)
∀x ∈] − R, R[ : f (x) = xn
n=0
n!

Les DSE des fonctions usuelles :


+∞
� xn
x
x2 x3
e = =1+x+ + + . . ., R = +∞
n=0
n! 2! 3!
+∞

n
x2n+1 x3 x5
sin x = (−1) =x− + + . . ., R = +∞
n=0
(2n + 1)! 3! 5!
+∞
� x2n x2 x4
cos x = (−1)n =1− + + . . ., R = +∞
n=0
(2n)! 2! 4!
+∞

1
= (−1)n xn = 1 − x + x2 − x3 + . . ., R=1
1+x n=0

12
+∞

1
= xn = 1 + x + x2 + x3 + . . ., R=1
1−x n=0

+∞

n−1
xn x2 x3
ln(1 + x) = (−1) =x− + − . . ., R=1
n=1
n 2 3
+∞
� xn x2 x3
ln(1 − x) = − = −x − − − . . ., R=1
n=1
n 2 3
+∞

√ x n−1
1 × 3 × · · · × (2n − 3) n
x x2
1+x=1+ + (−1) x =1+ − + . . ., R=1
2 n=2
2 × 4 × · · · × (2n) 2 8
+∞

1 1 × 3 × · · · × (2n − 1) x 3x2
√ =1+ (−1)n xn = 1 − + + . . ., R=1
1+x n=1
2 × 4 × · · · × (2n) 2 8

Exercice 10 :
1 �
A partir de = (−1)n xn sur ] − 1, 1[, donner le développement en série entière (DSE)
1+x n≥0
de :
1
(a)
1 + x2
(b) arctan x en précisant sur quel intervalle.

APPLICATIONS :

• calcul d’intégrales quand on ne connaı̂t pas de primitive

• résolution d’équations différentielles :


PRINCIPE : chercher la solution de l’équation différentielle y = f (x) sous la forme d’une
SE, trouver les coefficients an par identification et utilisant les conditions initiales, et puis
déterminer le rayon de convergence.

Exercice 11 : 12 � t
sin x
A l’aide d’un DSE expliciter : f (t) = dx.
0 x
Exercice 12 :
13 �
y �� + 2xy � + 2y = 0
Trouver sous forme de série entière la solution de : .
y(0) = 1, y � (0) = 0

13
5 Transformée en Z
Définition:
Soit f une fonction continue supposée nulle sur R− , càd une fonction ou un signal causal.
On appelle fonction échantillonnée de f (t) la fonction fe (t) définie seulement pour les
instants d´échantillonnage 0, Te , 2Te , 3Te , . . . , nTe , . . ., avec Te la période d’échantillonnage.
La fonction échantillonnée fe (t) est le produit de la fonction f (t) par la distribution peigne
+∞

de Dirac δ(t − kTe ):
k=0

+∞
� +∞

fe (t) = f (t) δ(t − kTe ) = δ(t − kTe )f (kTe )
k=0 k=0

En échantillonnant la fonction continue f (t), on la remplace par la suite définie par:

{fe (n)}n∈N = {f (nTe )}n∈N

et on appelle fe (n) = f (nTe ) l’échantillon de rang n (voir Fig. 1b).


On définit aussi:

- la suite retardée de mTe (m ∈ N∗ ): {f (nTe − mTe )}

- la suite avancée de mTe (m ∈ N∗ ): {f (nTe + mTe )}

REMARQUE:

• En temps discret, la distribution δ(t − kTe ) est nulle partout sauf en t = kTe où elle est
égale à l’unité. Ceci entraı̂ne f (t) × δ(t − kTe ) = f (kTe ).

Exemples:

- La fonction échelon unité échantillonnée définie par la suite:

U (nTe ) = 1, n∈N

- La suite de Dirac, δ définie par:



δ(0) = 1
δ(nT ) = 0, n ∈ N∗
e

14
y

0 Te 2Te 3Te nTe t

Figure 4: Echelon unité échantillonnée.

y
1

0 Te 2Te 3Te
t
nTe

Figure 5: Suite de Dirac.

De manière plus générale on peut définir la suite de Dirac retardée de kTe , notée δk :

1 si n = k
δk (nTe ) =
0, si n = � k

Définition:
On appelle transformée en Z de la fonction échantillonnée fe la fonction F définie par
+∞

F (z) = f (nTe )z −n , z ∈ C∗
n=0

Z
{f (nTe )} −→ F (z)

On appelle F l’image de fe , et fe est l’original de F .


+∞

Si R est le rayon de convergence de la série entière an tn avec an = f (nTe ), alors la
n=0
+∞ � �n � �
� 1 �1� 1
fonction F (z) somme de la série an est définie pour �� �� < . Ce qui entraı̂ne
n=0
z z R
1
|z| > , si R > 0
R

REMARQUES:

• Intéressons-nous à la transformée de Fourier de la fonction échantillonnée:


� +∞ +∞

F [fe ](ν) = fe (t)e−i2πνt dt = f (kTe )e−i2πνkTe
−∞ k=0

15
Im(z)

−1/R 1/R
0 Re(z)

Figure 6: Le domaine de définition pour la transformée en Z correspond à l’extérieur du cercle


centré en 0 et de rayon 1/R.

Si on pose z = ei2πνTe , nombre complexe de module unité et donc sur le cercle unité centré
en 0 et de rayon 1, alors la transformée de Fourier de la fonction échantillonnée devient:
+∞

F [fe ](ν) = f (kTe )z −k = F (z) pour z = ei2πνTe
k=0

Donc la transformée en Z peut être donc vue comme une généralisation de la transformée
de Fourier à temps discrets. Cette correspondance n’est valable que si le cercle unité |z| = 1
est bien dans le domaine de convergence de la transformée en Z.

• Intéressons-nous à la transformée de Laplace de la fonction échantillonnée:


� +∞ +∞
� +∞

−pt −pkTe
Fe (p) = fe (t)e dt = f (kTe )e = f (kTe )(e−pTe )k
0 k=0 k=0

Si on pose z = epTe , alors la transformée de Laplace de la fonction échantillonnée devient:


+∞
� +∞

Fe (p) = f (kTe )(e−pTe )k = f (kTe )z −k
k=0 k=0

Donc pour les signaux discrets, l’outil équivalent à la transformation de Laplace utilisée pour
les signaux analogiques est la transformation en Z.

• On note que l’on peut passer de z = ei2πνTe à z = epTe en posant p = i2πν = iω,
avec ω = 2πν, la pulsation. En ce sens, la variable z qui apparaı̂t dans la définition de la
transformée en Z est également considérée comme une fréquence complexe.

16
5.1 Quelques transformées en Z usuelles

5.1.1 Echelon unité


+∞
� 1
On a U (nTe ) = 1, n ∈ N et donc F (z) = z −n . Or ceci est une série géométrique en
n=0
z

+∞
� � �
1 �1� z
F (z) = z −n
= = , si �� �� < 1, soit |z| > 1
1 z−1 z
n=0 1−
z

Z z
U (nTe ) −→ pour |z| > 1
z−1

5.1.2 Suite de Dirac


+∞

F (z) = δ(nTe )z −n = z 0 = 1
n=0

Z
δ −→ 1 pour z ∈ C

Pour la suite de Dirac retardée δk :


+∞

F (z) = δk (nTe )z −n = z −k
n=0

Z
δk −→ z −k pour z ∈ C∗

5.1.3 Suite exponentielle

On considère la fonction f (x) = ax U (x) avec la fonction échantillonnée: f (nTe ) = anTe ,


n ∈ N. Ceci entraı̂ne:
+∞ +∞ � �n � Te �
� � a Te 1 z �a �
F (z) = a nTe
z −n
= = = pour �� �<1
n=0 n=0
z 1− aTe
z
z − a Te z �

Z z
{an }( pour Te = 1) −→ pour |z| > |a|
z−a

17
5.2 Propriétés de la transformation en Z
Linéarité:
Soient f et g deux fonctions qui sont échantillonnées avec la même période Te , et soient F et
G leurs transformées respectives, alors on a:

Z(f + λg)(z) = F (z) + λG(z)


+∞

1 1
pour |z| > et |z| > �
où R et R sont les rayons de convergence des séries f (nTe )z −n
R R� n=0
+∞

et g(nTe )z −n , respectivement.
n=0

Exemple: En utilisant la linéarité, l’expression de la transformée en Z de la fonction exponentielle


et la relation d’Euler ( cos(ωx) = (ejωx + e−jωx )/2), on va trouver:

z 2 − z cos ω
Z({cos ωn}) =
z 2 − 2z cos ω + 1
De même on peut montrer que:
z sin ω
Z({sin ωn}) =
z 2 − 2z cos ω + 1

Soit la fonction g(t) = at f (t), a > 0, et soit F la transformée en Z de f . On a alors:


� �
z
Z(g)(z) = F
a

14
Exercice 13 : (dans cet exercice on prendra Te = 1)

a) Soit la fonction f (t) = (t + 3t )U (t). Déterminer Z(f ).

b) Soit la fonction g(t) = t 3t U (t). Déterminer Z(g).

Transformée de tf (t)
Si la fonction tf (t) est échantillonnée avec la période Te et F est sa transformée en Z, on a
alors:
Z(f )(z) = −zTe × F � (z)

18
Exemple: Comme
z
Z(U )(z) = , pour |z| > 1
z−1
on en déduit que
zTe
Z(tU (t))(z) =
(z − 1)2

Fonctions décalées
Retard Soit la fonction retardée (voir Fig. 7 a)):

f (t − mTe ) si t ≥ mTe
fret (t) = = f (t − mTe )U (t − mTe )
0 si t < mT
e

On a alors:
Z(fret )(z) = z −m × F (z), m ∈ N∗
1
Donc la multiplication partraduit un retard de mTe .
zm
Avancement Soit fonction avancée: favc (t) = f (t + mTe ), m ∈ N∗
On a alors: � �
m−1

Z(favc )(z) = z m F (z) − f (pTe )z −p
n=0

a) b)
y y
retard (translation) mise a zero
f(t−mTe)U(t−mTe) f(t)U(t−mTe)
f(t) f(t)

0 0
mTe t mTe t

Figure 7: a) Fonction translatée: f (t − mTe )U (t − mTe ). b) Fonction mise à zéro: f (t)U (t −


mTe )

REMARQUES:

• Cas particuliers (Te = 1)


� �
1
Z({f (n + 1)}) = z [F (z) − f (0)] ET Z({f (n + 2)}) = z F (z) − f (0) − f (1)
z

19
• Les propriétés précédentes correspondent à des translations de la fonction initiale (voir Fig. 7
a)). Les relations obtenues ne s’appliquent pas à une fonction mise à zéro (voir Fig. 7 b)).
Pour le cas d’une fonction mise à zéro:

f (t) si t ≥ mTe
g(t) = = f (t)U (t − mTe )
0 si t < mT
e

on a
m−1

Z(ge ) = F (z) − f (pTe )z −p
n=0

Exercice 14 : (dans cet exercice on prendra Te = 1)


Soit la fonction porte
P (t) = U (t) − U (t − 3)

Tracer son graphique. Déterminer ensuite sa transformée en Z

Théorèmes de la valeur initiale et de la valeur finale


Soit F la transformée en Z de f . On peut démontrer que:

lim F (z) = f (0) - théorème de la valeur initiale


z→+∞
� �
1
lim 1 − F (z) = f (+∞) - théorème de la valeur finale
z→1 z
où f (+∞) = lim f (nTe )
n→+∞

5.3 Produit de convolution

Pour 2 fonctions continues f et g, supposées nulles sur R, le produit de convolution est donné
par: �
(f � g)(x) = f (t)g(x − t)dt
0
Pat analogie, on peut définir le produit de convolution pour 2 fonctions échantillonnées avec la
même période Te :
n

(f � g)(nTe ) = f (kTe )g(nTe − kTe )
k=0

et qui vérifie f � g = g � f

20
Transformée en Z d’un produit de convolution Si F et G sont les transformées en
Z de f et g respectivement, alors on a

Z(f � g)(z) = F (z) × G(z)

Cas particulier: convolution par Dirac


1
Z(f � δk )(z) = F (z) × ≡ F (z) × z −k
zk
Or pour un signal retardé de kTe on a Z(f (t − kTe ))(z) = F (z) × z −k . Et donc on en
déduit que:
f � δk = fretardée de kTe

5.4 Recherche des originaux: transformée en Z inverse ou réciproque


Définition
Calculer la transformée en Z inverse ou réciproque d’une fonction F (z) signifie chercher
une fonction f , appelée l’original de F , telle que Z(f )(z) = F (z).
On écrit aussi:
Z −1
F −→ fe

où fe = {f (nTe )} est la suite issue de l’échantillonnage de la fonction f avec la période Te

Méthodes pratiques pour obtenir l’original de F :


z
• Décomposer F (z) en fractions rationnelles du type , puis utiliser la table de trans-
z−a
formées usuelles ainsi que les propriétés (linéarité, décalaga, etc . . . )
1
• Déterminer le développement en série entière de F (z) selon la variable
z
Exemple:
1
Trouver l’original de: F (z) = , (Te = 1).
(z − 1)(z − 2)
On a � �
1 1 1 1 z z
= − = −
(z − 1)(z − 2) (z − 2) (z − 1) z (z − 2) (z − 1)
Or
z Z −1
−→ 2n U (n)
(z − 2)
z Z −1
−→ U (n)
(z − 1)

21
1
D’où, en tenant compte du ’facteur retard’ , l’original sera:
z
f (n) = (2n−1 − 1)U (n − 1)

5.5 Applications. Equations aux différences

Un filtre du 1er ordre analogique obéit à l’équation différentielle:


ds
τ + s(t) = e(t), avec s(0) donné
dt

Si ce filtre est maintenant réalisé numériquement, le signal d’entrée e(t) est échantillonné avec
la période Te . Ainsi les échantillons e(kTe ) sont traités dans un processeur et les échantillons
de sortie s(kTe ) sont envoyés vers un bloc de reconstruction analogique. A cette fin, l’équation
différentielle ci-dessus est remplacée par équation différentielle précédente par une équation aux
différences finies.
On obtient ainsi l’équation suivante:

s(nTe ) − s((n − 1)Te )


τ + s(nTe ) = e(nTe )
Te
à laquelle on applique la transformation en Z:
τ � �
S(z) − z −1 S(z) + S(z) = E(z)
Te
avec S(z) et E(z) les transformées en Z de {s(nTe )} et {e(nTe )}, respectivement.
Le système numérique peut être caractérisé par sa transformée en Z:

S(z) 1
H(z) = = τ τ −1
E(z) (1 + Te
) − Te
z

5.5.1 Equation aux différences du premier ordre (à coefficients constants)

Définition
Une équation aux différences est une équation de la forme:

as(n + 1) + bs(n) = e(n)

où a, b ∈ R, e(n) donnés et s(n) est l’inconnue.

22
Résolution d’une équation aux différences Comme Z(s(t + 1))(z) = z[S(z) − s(0)],
l’équation aux différences devient après l’application de la transformation en Z:

E(z) + as(0) z
az[S(z) − s(0)] + bS(z) = E(z) =⇒ S(z) =
az + b

Exercice 15 :
Résoudre 2s(n + 1) + s(n) = 1, s(0) = 0.
REMARQUE:
L’approche vue ici pour une équation du 1er ordre s’applique aussi lors de la discrétisation d’une
équation différentielle du 2ème ordre, et même d’un ordre plus élevé.

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