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Lycée Louis-Le-Grand, Paris Samedi 07/02/2015

MPSI 4 – Mathématiques
A. Troesch

Devoir Surveillé 5 – Continuité, dérivabilité

La présentation, la lisibilité, l’orthographe, la qualité de la rédaction, la clarté, la précision et la concision des raisonnements
entreront pour une part importante dans l’appréciation des copies.
Les candidats sont invités à encadrer dans la mesure du possible les résultats de leurs calculs.
L’usage de tout document et de tout matériel électronique est interdit. Notamment, les téléphones portables doivent être éteints
et rangés.

Problème 1 – Polynômes de Bernoulli, nombres de Bernoulli et fonction tangente.

Partie I – Polynômes de Bernoulli


On définit dans cette partie les polynômes de Bernoulli.
1. Établir que, pour tout polynôme Q ∈ R[X], il existe un unique polynôme P ∈ R[X] tel que P ′ = Q et
Z 1
P (t) dt = 0.
0
2. En déduire l’existence d’une unique suite (Bp )p∈N de polynômes de R[X] vérifiant :

 B0 = 1,
1 (1)
Z
 ∀p ∈ N∗ , Bp′ = pBp−1 et Bp (t) dt = 0.
0

3. Déterminer B1 , B2 et B3 .

Partie II – Étude des racines dans [0, 1] des polynômes de Bernoulli


On étudie dans cette partie les racines des polynômes de Bernoulli situées dans l’intervalle [0, 1].
Z 1
1. En considérant Bp (t) dt, montrer que Bp admet au moins une racine dans ]0, 1[.
0
2. Soit f une fonction continue de [0, 1] dans R telle que la fonction t 7→ f t + 21 − f 21 définie sur − 12 , 12 soit
   
Z 1  
1
impaire. Montrer qu’alors f (t) dt = f .
0 2
3. Soit f une fonction de R dans R de classe C 1 sur R. Montrer que si f ′ est impaire, alors f est paire, et que si f ′
est paire et si f (0) = 0, alors f est impaire.
 
1
4. Montrer que le polynôme Bp X + est pair si p est pair, et est impair si p est impair.
2
 
1
5. En déduire que si p est un entier impair supérieur ou égal à 3, alors Bp (0) = Bp = Bp (1) = 0.
2
6. Montrer que si p est un entier pair supérieur ou égal à 2, Bp s’annule au moins deux fois sur ]0, 1[.
7. Montrer que pour tout p ∈ N \ {0, 1} :
• si p est pair, Bp admet exactement deux racines distinctes dans [0, 1], situées l’une dans 0, 12 , l’autre dans
 
1 
2,1
1
• si p est impair, les seules racines de Bp dans [0, 1] sont 0, et 1.
2

Partie III – Majorations de Bp


Dans cette partie, on trouve un majorant de Bp sur [0, 1].
1. On note Mp = max |Bp (x)|. Justifier l’existence de ce maximum.
x∈[0,1]

1
   
1 1 3
2. Soit p un entier impair au moins égal à 3. En distinguant trois cas, selon que x ∈ 0, , x ∈ , ou
  4 4 4
3 p
x∈ , 1 , montrer que pour tout x ∈ [0, 1], |Bp (x)| 6 · Mp−1 .
4 4
p
3. Démontrer de même que si p est un entier pair au moins égal à 2, alors Mp 6 · Mp−1 .
2
4. Déterminer M0 , M1 et M2 .
p!
5. Montrer que pour tout p ∈ N \ {0, 1}, Mp 6 .

6 · 2 2 · 4⌊ 2 ⌋−1

p p+1

Partie IV – Nombres de Bernoulli


On définit la suite (bn )n∈N des nombres de Bernoulli par bn = Bn (0). On pourra admettre pour la fin du problème les
trois résultats suivants, valables pour des séries à termes complexes :
+∞
X +∞
X P
• Si |an | converge, alors an converge. On dit dans ce cas que an converge absolument.
n=0 n=0 P
• Théorème de comparaison des séries à termes positifs : si pour tout n ∈ N, 0 6 un 6 vn et si vn converge, alors
P
un converge.
P P
• Théorème du produit de Cauchy : si un et vn sont deux séries absolument convergentes, et si on pose pour tout
n ∈ N,
Xn
cn = uk vn−k ,
k=0
P
alors la série cn est convergente, et
+∞ +∞ +∞
! !
X X X
cn = un vn .
n=0 n=0 n=0

(k)
1. (a) Exprimer pour tout m ∈ N et k ∈ [[0, m]], une relation entre Bm et Bm−k .
(b) En déduire que pour tout n ∈ N,
n  
X n
Bn (X) = bk X n−k .
k
k=0

(c) Montrer que pour tout n ∈ N \ {1} :


n−1
X 
n
bk = 0.
k
k=0

+∞
√ X bn n
2. (a) Soit z ∈ B(0, 2 2), dans C. Montrer, en utilisant la partie III, que la série z est absolument
n=0
n!
convergente. (Le résultat est en fait valable sur B(0, 2π), mais cela nécessite une analyse un peu plus fine).

(b) À l’aide d’un produit de Cauchy, montrer que pour tout z ∈ B(0, 2 2),
+∞
X bn n
(ez − 1) z =z
n=0
n!

(c) Montrer que pour tout z ∈ B(0, 2 2) \ {0},
+∞
z z X b2n 2n
z
=1− + z .
e −1 2 n=1 (2n)!

Partie V – Développement limité de la tangente

1. Montrer que pour tout x ∈ E = R \ Z π2 , on a

tan(x) = cotan(x) − 2cotan(2x).

2
√ √
2 2
2. Montrer que pour tout x ∈] − 2 , 2 [,

+∞
X b2n 22n (22n − 1) 2n−1
tan(x) = (−1)n+1 x .
n=1
(2n)!

Ce résultat est en fait valable sur tout l’intervalle ] − π2 , π2 [.


3. Justifier que lorsque x est au voisinage de 0 :
+∞
X b2k 22k (22k − 1) 2k−1
(−1)k+1 x = o(x2n ).
(2n)!
k=n+1

En déduire le développement limité en 0 à l’ordre 2n de la tangente, exprimé à l’aide des nombres de Bernoulli.

Problème 2 – (Théorème de Sunyer y Balaguer)


L’objet de ce problème est de montrer le théorème suivant (Sunyer y Balaguer) : si f est une fonction de classe C ∞
sur R telle que pour tout x ∈ R, il existe nx tel que f (nx ) (x) = 0, alors f est une fonction polynomiale.

Pour montrer ce résultat, on passe par un théorème de Baire affimant qu’une intersection dénombrable d’ouverts denses
dans R est encore dense dans R, résultat que nous démontrons et utilisons dans une situation légèrement plus générale,
en considérant des intersections avec un fermé donné de R.

Partie I – Théorème de Baire


Soit F un sous-ensemble fermé de R. On dit qu’un sous-ensemble E de R est dense dans F si pour tout ouvert V de
R tel que F ∩ V 6= ∅, on a aussi E ∩ F ∩ V 6= ∅.
1. Montrer que lorsque F = R, la définition donnée ci-dessus correspond à la notion usuelle de densité dans R.
2. On se donne (Un )n∈N∗ une suite d’ouverts denses dans F , et V un ouvert de R rencontrant F .
(a) Justifier l’existence de deux réels a1 < b1 tels que

[a1 , b1 ] ∩ F ⊂ U1 ∩ V ∩ F et ]a1 , b1 [∩F 6= ∅.

(b) Justifier l’existence de deux suites (an )n∈N∗ , croissant, et (bn )n∈N∗ , décroissante, telles que pour tout n ∈ N∗ ,
an < bn et !
n
\
[an , bn ] ∩ F ⊂ Ui ∩ V ∩ F et ]an , bn [∩F 6= ∅.
i=1

(c) Justifier l’existence de réels a et b tels que a 6 b et


+∞
!
\
[a, b] ∩ F ⊂ Ui ∩ V ∩ F et [a, b] ∩ F 6= ∅.
i=1

+∞
\
(d) En déduire que Ui est dense dans F .
i=1

Partie II – Théorème de Sunyer y Balaguer


Soit f une fonction de classe C ∞ sur R telle que pour tout x ∈ R, il existe nx ∈ N tel que f (nx ) (x) = 0.
1. On note, pour n ∈ N, Un = {x ∈ R | f (n) (x) 6= 0}.
+∞
\
Montrer que pour tout n ∈ N, Un est un ouvert, et que Un = ∅.
i=0
2. On note
Ω = {x ∈ R | ∃η > 0, ∃P ∈ R[X], ∀y ∈ B(x, η), f (y) = P (y)}.

Ainsi, Ω est l’ensemble des points x tels que f coïncide avec un polynôme P sur un voisinage de x.
Montrer que Ω est un sous-ensemble ouvert de R. On note F son complémentaire dans R.

3
3. Soit f une fonction coïncidant avec un polynôme P sur un ouvert U et avec un polynôme Q sur un ouvert V .
Montrer que si U ∩ V 6= ∅, alors P = Q
4. Soit x ∈ Ω, et η > 0 et P ∈ R[X] tels que f coïncide avec P sur B(x, η). On considère

Ix = {y ∈ R | f = P sur [y, x](ou [x, y]).}.

(a) Montrer que Ix est un intervalle fermé. On note α et β ses bornes inférieure et supérieure, dans R).
(b) Montrer que ]α, β[⊂ Ω, et que si α et β ne sont pas infinis, ils sont des éléments de F .
(c) En déduire que pour tout intervalle I tel que I ⊂ Ω, il existe un polynôme P ∈ R[X] tel que f coïncide
avec P sur I.
5. On montre dans cette question que F n’a pas de points isolés.
On suppose qu’il existe x ∈ F et η > 0 tel que B(x, η) ∩ F = {x}. En remarquant que ]x − η, x[ et ]x, x + η[ sont
inclus dans Ω, et en utilisant une formule de Taylor, montrer que x ∈ Ω et conclure
6. On suppose F non vide.
(a) En appliquant le théorème de Baire, montrer qu’il existe x ∈ F (qu’on pose), k ∈ N et η > 0 tel que pour
tout y ∈ B(x, η) ∩ F , f (k) (y) = 0.
(b) Soit y ∈ B(x, η) ∩ F . Montrer l’existence d’une suite strictement monotone (xn )n∈N d’éléments de F
convergeant vers y. On supposera par la suite sans perte de généralité que (xn ) est strictement croissante.
(c) Montrer qu’il existe une suite (yn )n∈N strictement croissante et convergeant vers y telle que pour tout n ∈ N,
f (k+1) (yn ) = 0.
(d) Montrer que pour tout ℓ > k, f (ℓ) (y) = 0.
(e) Soit y ∈ B(x, η) ∩ Ω, et Iy =]α, β[ l’intervalle maximal inclus dans Ω contenant y. On note P le polynôme
coïncidant avec f sur Iy . Montrer que soit α ∈ B(x, η) ∩ F , soit β ∈ B(x, η) ∩ F , et en déduire que
deg(P ) < k.
(f) En déduire que x ∈ Ω et conclure que F = ∅.
7. Terminer la preuve du théorème de Sunyer y Balaguer.

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