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Équations différentielles ordinaires

Ousmane SEYDI

Version 1.2
Copyright © 2021 Ousmane SEYDI

xxxx

xxxxxxx

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Table des matières

1 Généralités sur les équations différentielles ordinaires . . . . . . . . . . . . . . . . . 4


1.1 Généralités 4
1.2 Généralités sur les équations différentielles linéaires 5

2 Équations différentielles résolues d’ordre 1 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9


2.1 Equations différentielles linéaires résolues d’ordre 1 9
2.2 Equations à variables séparées 12
2.3 Equations homogènes 13
2.4 Equations de Bernoulli 15
2.5 Equations aux différentielles totales 16
2.6 Théorèmes de Picard, Cauchy-Lipschitz et Cauchy-Péano 22

3 Equations différentielles linéaires d’ordre supérieur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26


3.1 Indépendance linéaire des fonctions, wronskien 26
3.2 Equations linéaires à coefficients constants 27
3.3 Equations différentielles d’ordre 2 à coefficients non constants homogène 28

4 Introduction à la transformation de Laplace . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32


4.1 Généralités 32
4.2 Transformation de Laplace 33
4.2.1 La fonction de Heaviside . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35
4.2.2 Inverse de la transformée de Laplace . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36
1. Généralités sur les équations différentielles ordinaires

1.1 Généralités 4

1.2 Généralités sur les équations différentielles


linéaires 5

1.1 Généralités
Soit I un intervalle de R et n ∈ N∗ .

Définition 1.1 On appelle équation différentielle d’ordre n, toute équation de la forme

F(t, y, y 0 , y (2) , . . . , y (n) ) = 0, t ∈ I. (1.1)

Si F ne dépend pas explicitement de t alors l’équation (1.1) est dite autonome. Dans le
cas contraire elle est dite non autonome.

Dans tout le chapitre, y et y 0 désignent des fonctions de la variable t et 0 signifie la dérivée par rapport à t.
De même y (k) désigne la dérivée d’ordre k par rapport à t. Par convention on pose y (0) = y.

Définition 1.2 L’équation (1.1) est dite résolue en y (n) si et seulement s’il existe une
fonction G des variables t, y, y 0 , y (2) , . . . , y (n−1) telle que

y (n) = G(t, y, y 0 , y (2) , . . . , y (n−1) ), t ∈ I,

c’est-à-dire que

F(t, y, y 0 , y (2) , . . . , y (n) ) = y (n) − G(t, y, y 0 , y (2) , . . . , y (n−1) ) = 0, t ∈ I.

Définition 1.3 On dit que t → y(t) est solution de (1.1) sur un intervalle J ⊂ I si y est n
fois dérivable sur J et vérifie (1.1) sur J. L’ensemble C = {(t, y(t)) : t ∈ J} est alors appelé
courbe intégrale de (1.1) sur J.

Définition 1.4 Une solution y de (1.1) sur un intervalle J ⊂ I est dite maximale s’il

4
Chapitre 1. Généralités sur les équations différentielles ordinaires 5

n’existe pas d’intervalle K ⊂ I avec J K et une solution ȳ de (1.1) sur K tels que

ȳ(t) = y(t), ∀t ∈ J.

Définition 1.5 Une solution y de (1.1) sur I est dite globale.

Toute solution globale est maximale.

Exemple 1.1 Considérons l’équation

y 0 (t) − y 2 (t) = 0, t ∈ R.

L’intervalle est ici I = R. Les fonctions


1 1
y1 (t) = , t > 1, y2 (t) = , t < 0, y3 (t) = 0, ∀t ∈ R
1−t 1−t
son des solutions de l’équation différentielle respectivement sur J1 = (1, +∞), J2 =
(−∞, 0) et J3 = R. La solution y1 ne peut être étendue sur un intervalle K contenant
strictement J1 . Elle est donc maximale. La solution y2 peut être étendue de manière
maximale sur K = (−∞, 1) en posant

1
ȳ(t) = y2 (t), t < 0, et ȳ(t) = , t ∈ [0, 1).
1−t
La fonction ȳ est dérivable et satisfait l’équation sur K qui contient strictement J2 . La
solution y2 n’est pas maximale. Enfin la solution y3 est elle globale car définie sur tout
l’intervalle où est posé le problème c’est-à-dire I = R.

1.2 Généralités sur les équations différentielles linéaires


Soit I un intervalle de R et n ∈ N∗ . Une forme particulière de l’équation (1.1) est l’équation
suivante :
an (t)y (n) (t) + an−1 (t)y (n−1) (t) + · · · + a0 (t)y(t) = f (t), t ∈ I, (E)

avec a0 , . . . , an , f des fonctions définies sur I à valeurs dans R et an non nul.

Définition 1.6

i) L’équation (E) est appelée équation différentielle linéaire d’ordre n sur I avec
second membre.

ii) Si les fonctions a0 , . . . , an sont toutes des fonctions constantes alors (E) est dite
équation différentielle linéaire à coefficients constants avec second membre.

iii) L’équation (E) est dite linéaire homogène si f est une fonction nulle et linéaire
non homogène si f n’est pas identiquement nulle.
6 1.2. Généralités sur les équations différentielles linéaires

iv) On appelle équation linéaire homogène associée à (E), l’équation

an (t)y (n) (t) + an−1 (t)y (n−1) (t) + · · · + a0 (t)y(t) = 0, t ∈ I. (E0 )

Proposition 1.1 Si y1 et y2 sont deux solutions de l’équation linéaire homogène (E0 )


alors pour tout λ1 , λ2 ∈ R, la fonction λ1 y1 + λ2 y2 est solution de (E0 ).

Preuve. Soient y1 et y2 deux solutions de l’équation linéaire homogène (E0 ). Alors on a


n n
(k) (k)
X X
ak (t)y1 (t) = 0, ∀t ∈ I et ak (t)y2 (t) = 0, ∀t ∈ I.
k=0 k=0

Donc si λ1 , λ2 ∈ R on obtient
n n
(k) (k)
X X
ak (t)λ1 y1 (t) = 0, ∀t ∈ I et ak (t)λ2 y2 (t) = 0, ∀t ∈ I.
k=0 k=0

d’où
n
(k) (k)
X
ak (t)[λ1 y1 (t) + λ2 y2 (t)] = 0, ∀t ∈ I
k=0

ce qui entraı̂ne que λ1 y1 + λ2 y2 est une solution de (E0 ).

Proposition 1.2 Si yh est solution de (E0 ) et yp une solution de (E) alors yh + yp est une
solution de (E).

Preuve. yh est une solution de (E0 ) signifie que


n
(k)
X
ak (t)yh (t) = 0, ∀t ∈ I
k=0

et yp solution de (E) se traduit par

n
(k)
X
ak (t)yp (t) = f (t), ∀t ∈ I.
k=0

Par conséquent
n n
(k) (k)
X X
ak (t)yh (t) + ak (t)yp (t) = 0 + f (t), ∀t ∈ I
k=0 k=0

d’où
n
(k) (k)
X
ak (t)[yh (t) + yp (t)] = f (t), ∀t ∈ I.
k=0

On en déduit que yh + yp est une solution de (E).


Chapitre 1. Généralités sur les équations différentielles ordinaires 7

Proposition 1.3 Soit yp une solution particulière quelconque de (E). Alors y est solu-
tion de (E) si et seulement s’il existe une solution yh de (E0 ) telle que y = yh + yp .

Preuve. La proposition 1.2 nous assure que la somme d’une solution particulière de (E) et
d’une solution de l’équation linéaire homogène (E0 ) est une solution de (E). Soit maintenant
y une solution quelconque de (E). Puisque

y = y − yp + yp ,

il suffit de montrer que y − yp est une solution de l’équation linéaire homogène (E0 ). En effet
on a
n n
(k)
X X
(k)
ak (t)y (t) = f (t), ∀t ∈ I et ak (t)yp (t) = f (t), ∀t ∈ I,
k=0 k=0
d’où
n n
(k)
X X
ak (t)y (k) (t) − ak (t)yp (t) = f (t) − f (t) = 0, ∀t ∈ I,
k=0 k=0
et on obtient
n
(k)
X
ak (t)[y (k) (t) − yp (t)] = 0.
k=0
Par conséquent y − yp est bien une solution de l’équation linéaire homogène (E0 ).

Comme conséquence de la proposition 1.3 nous avons que si S0 est l’ensemble des solutions de l’équation
linéaire homogène (E0 ) alors pour toute solution particulière yp de (E)

S = {yp + yh : yh ∈ S0 },

est l’ensemble des solutions de (E). Concrètement pour trouver l’ensemble des solution de (E) il suffit de
procéder en deux étapes indépendamment de l’ordre :
1) trouver l’ensemble des solutions de l’équation linéaire homogène S0 ,
2) trouver une solution de l’équation linéaire non homogène yp .

Proposition 1.4 Supposons que f se décompose en une somme de deux fonctions f1


et f2 c’est-à-dire
f (t) = f1 (t) + f2 (t), ∀t ∈ I.
Si y1 est solution de l’équation

an (t)y (n) (t) + an−1 (t)y (n−1) (t) + · · · + a0 (t)y(t) = f1 (t), t ∈ I

sur I et y2 solution de l’équation

an (t)y (n) (t) + an−1 (t)y (n−1) (t) + · · · + a0 (t)y(t) = f2 (t), t ∈ I

sur I alors y = y1 + y2 est solution de (E) sur I. C’est le principe de superposition des
seconds membres.
8 1.2. Généralités sur les équations différentielles linéaires

Preuve. Faire la preuve en exercice.

Définition 1.7 S’il existe t0 ∈ I tel que an (t0 ) = 0 alors on dit que (E) est singulière
en t0 . L’équation (E) est dite résolue en y (n) sur I si et seulement si an est la fonction
constante égale à 1 sur I.

Lorsque (E) n’admet pas de point singulier sur I on peut la rendre résolue en y (n) en divisant tous les
coefficients par an . Par exemple l’équation

(1 + t 2 )y 0 (t) + ty(t) = 2t, t ∈ R,

n’admet pas de point singulier dans R et peut être réécrite comme une équation résolue en y 0 de la manière
suivante :
t 2t
y 0 (t) + y(t) = , t ∈ R.
1 + t2 1 + t2

Lorsque (E) admet des points singuliers sur I on peut la rendre résolue sur des sous-intervalles de I. Il
faudra dans ce cas résoudre l’équation sur chacun des sous-intervalles. Considérons par example l’équation

ty 0 (t) + y(t) = 0, t ∈ R.

Ici l’intervalle où est posé la question est R. La singularité est t0 = 0. On pose alors J1 = (−∞, 0) et
J2 = (0, +∞). On obtient alors deux équations à résoudre sur chacun des intervalles. En pratique on résout de
manière informelle l’équation sur R∗ tout en ayant en tête qu’une solution s’exprime sur un intervalle. Nous
verrons plus loin comment résoudre l’équation. Ici les solutions sur J1 et J2 sont données respectivement par

C1 C
y1 (t) = , ∀t > 0 et y2 (t) = 2 , ∀t < 0
t t
avec C1 et C2 des constantes réelles. Pour avoir une solution sur I = R il faut vérifier si on peut ”recoller” les
solutions y1 et y2 en 0 de manière à ce que la fonction obtenue soit dérivable en 0 et satisfasse l’équation sur
R. Il est facile de voir que c’est impossible sauf si C1 = C2 = 0. Par conséquent la seule solution de l’équation
sur R est la fonction y(t) = 0 pour tout t ∈ R. Les solutions y1 et y2 sont des solutions maximales.

Il peut être parfois très fastidieux de préciser l’intervalle dans lequel la solution est définie surtout si la
solution n’est pas définie de manière explicite. Lorsque l’intervalle n’est pas demandé explicitement dans un
exercice, nous nous contenterons d’exprimer les solutions en précisant des conditions nécessaires d’existence.
Nous verrons dans la suite comment exprimer ces conditions.
2. Équations différentielles résolues d’ordre 1

2.1 Equations différentielles linéaires résolues d’ordre


1 9

2.2 Equations à variables séparées 12

2.3 Equations homogènes 13

2.4 Equations de Bernoulli 15

2.5 Equations aux différentielles totales 16

2.6 Théorèmes de Picard, Cauchy-Lipschitz et Cauchy-


Péano 22

Soit I un intervalle de R. On s’intéresse dans cette partie aux équations différentielles


données par la relation
F(t, y, y 0 ) = 0, t ∈ I.
On rappelle que si elle est résolues cela signifie qu’il existe une fonction G telle que
y 0 (t) = G(t, y(t)), t ∈ I. (2.1)

2.1 Equations différentielles linéaires résolues d’ordre 1


Soient a et b des fonctions continues sur I à valeurs dans R. Considérons l’équation différentielle
linéaire d’ordre 1
y 0 (t) = a(t)y(t) + b(t), t ∈ I, (L)
et son équation linéaire homogène associée
y 0 (t) = a(t)y(t), t ∈ I. (L0 )

Remarque 2.1 Les équations (L) et (L0 ) sont des équations linéaires d’ordre 1 résolues
en y 0 .

Proposition 2.1 Soit t 7→ A(t) une primitive quelconque de t 7→ a(t) sur I. Une fonc-
tion t ∈ I 7→ yh (t) est une solution de (L0 ) si et seulement s’il existe une constante C ∈ R
telle que
yh (t) = eA(t) C, ∀t ∈ I.
La fonction yh ainsi définie avec C variant dans R est appelée solution générale
de l’équation linéaire homogène (L0 ). En particulier l’ensemble des solution de
l’équation linéaire homogène (L0 ) est donné par
S0 = {eA(t) C, t ∈ I : C ∈ R}.

9
10 2.1. Equations différentielles linéaires résolues d’ordre 1

Preuve. Soit t 7→ yh (t) une solution de l’équation homogène sur I. On a alors

yh0 (t) = a(t)yh (t), ∀t ∈ I.

En multipliant l’équation précédente par e−A(t) on obtient

e−A(t) yh0 (t) − a(t)e−A(t) yh (t) = 0, ∀t ∈ I =⇒ (e−A(t) yh (t))0 = 0, ∀t ∈ I.

Par conséquent il existe une constante C ∈ R telle que

e−A(t) yh (t) = C, ∀t ∈ I ⇐⇒ yh (t) = eA(t) C, ∀t ∈ I.

Soit yh (t) = eA(t) C pour tout t ∈ I. Montrons que yh est une solution de l’équation différentielle
linéaire homogène sur I. Il suffit de remarquer que

yh0 (t) = A0 (t)eA(t) C = a(t)eA(t) C = a(t)yh (t), ∀t ∈ I.

Proposition 2.2 Soit t 7→ A(t) une primitive quelconque de t 7→ a(t) sur I. Soit t 7→ B(t)
une primitive quelconque de t 7→ e−A(t) b(t) sur I. Alors la fonction t ∈ I 7→ yp (t) avec

yp (t) = eA(t) B(t), ∀t ∈ I

est une solution particulière de (L).

Preuve. Il suffit de montrer que la fonction définie par yp (t) = eA(t) B(t) pour tout t ∈ I satisfait
(L). Il est claire que yp est dérivable sur I et on a pour tout t ∈ I

yp0 (t) = (eA(t) B(t))0


= A0 (t)eA(t) B(t) + eA(t) B0 (t)
= a(t)yp (t) + eA(t) e−A(t) b(t)
= a(t)yp (t) + b(t), t ∈ I.

On sait que l’ensemble des solutions de l’équation (L) est donné par

S = {yp + yh : yh ∈ S0 },

d’où en utilisant les propositions 2.1 et 2.2 on obtient que l’ensemble des solutions de (L) est

S = {eA(t) C + eA(t) B(t), t ∈ I : C ∈ R}.

On peut donc résoudre l’équation (L) en suivant les étapes suivantes :

1) on détermine une primitive A quelconque de la fonction t 7→ a(t) sur I,

2) on détermine une primitive F quelconque de t 7→ e−A(t) b(t) sur I,


Chapitre 2. Équations différentielles résolues d’ordre 1 11

3) on conclut que l’ensemble des solutions de l’équation (L) est donnée par

S = {eA(t) C + eA(t) B(t), t ∈ I : C ∈ R}.

La fonction paramétrée par C ∈ R définie par

y(t) = eA(t) C + eA(t) B(t), t ∈ I

est appelée solution générale de l’équation (L).

Exemple 2.1 Résoudre les équations différentielles suivantes

y 0 (t) = 2y(t) + t 2 , t ∈ R,

et
ty 0 (t) + y(t) = t, t ∈ R.

L’équation différentielle (L) peut-être accompagnée d’une condition initiale. Dans ce cas
elle est écrite sous la forme
( 0
y (t) = a(t)y(t) + b(t), t ∈ I,
y(t0 ) = y0 ,

avec t0 ∈ I. On parle de problème de Cauchy. Comment résoudre cette équation ?

1) On résout l’équation
y 0 (t) = a(t)y(t) + b(t), t ∈ I
pour trouver que
y(t) = eA(t) C + eA(t) B(t), ∀t ∈ I
avec A une primitive quelconque de a sur I et B une primitive quelconque de t 7→
e−A(t) b(t) sur I. Il est plus commode de choisir les primitives A et B telles que A(t0 ) = 0
et B(t0 ) = 0. On rappelle que la primitive de a qui s’annule en t0 est
Zt
A(t) = a(s)ds, t ∈ I
t0

et la primitive de t 7→ e−A(t) b(t) qui s’annule en t0 est


Zt Z t Rs
− a(l)dl
B(t) = e−A(s) b(s)ds = e t0 b(s)ds, t ∈ I.
t0 t0

2) On détermine la constante C en résolvant l’équation

y0 = eA(t0 ) C + eA(t0 ) B(t0 ).

Théorème 2.1 Le problème de Cauchy

y 0 (t) = a(t)y(t) + b(t), t ∈ I,


(

y(t0 ) = y0 ,
12 2.2. Equations à variables séparées

admet une unique solution donnée par


Rt Rt Z t Rs
a(l)dl a(l)dl − a(l)dl
y(t) = e t0
y0 + e t0
e t0
b(s)ds, t ∈ I.
t0

Exercice 2.1 Résoudre les équations différentielles suivantes

y 0 (t) = 2y(t) + t 2 , t ∈ R, y(0) = 1

et
ty 0 (t) + y(t) = t, t > 0, y(1) = −1.

2.2 Equations à variables séparées


Soient I, J et K des intervalles de R. Soient f , g, h des fonctions réelles d’une variable réelle
continues respectivement sur I, J et K.

Définition 2.1 On appelle équation à variables séparées, toute équation de la forme

g(y(t))y 0 (t) = f (t), t ∈ I.

Proposition 2.3 Si G est une primitive de g sur J c’est-à-dire

dG(y)
= g(y), ∀y ∈ J,
dy

et F une primitive de f sur I alors la fonction t ∈ I 7→ y(t) est une solution de

g(y(t))y 0 (t) = f (t), t ∈ I.

sur I si et seulement si

y(t) ∈ J, ∀t ∈ I et G(y(t)) = F(t) + C, ∀t ∈ I.

Si g ne s’annule par sur J alors G est une fonction bijective de J à valeurs dans G(J). Par conséquent pour
tout t ∈ I tel que F(t) + C ∈ G(J) on a
y(t) = G−1 (F(t) + C).
S’il n’y a aucune demande spécifique dans les exercices, nous nous contenterons d’exprimer les solutions de
manière implicite.

Exercice 2.2 Résoudre les équations suivantes

y(t)y 0 (t) = t, t ∈ R

et  
cos(y(t)) + ey(t) y 0 (t) = et , t ∈ R.
Chapitre 2. Équations différentielles résolues d’ordre 1 13

Définition 2.2 On appelle équation à variables séparables, toute équation qui peut se
réécrire comme une équation à variable séparées sur un ou des sous-intervalles de I.

L’équation
y 0 (t) = h(y(t))f (t), t ∈ I
est à variables séparables. Pour résoudre cette équation à variables séparables, il faut la
réécrire comme une équation à variables séparées en faisant bien attention aux cas où h
s’annule.
Méthode de résolution :

1) On détermine l’ensemble Ω0 = {λ ∈ R : h(λ) = 0}.

2) On note que si λ ∈ Ω0 alors la fonction constante y(t) = λ est solution de l’équation


différentielle à variables séparables.

3) On se place maintenant sur J × U = {(t, y(t)) : t ∈ I, h(y(t)) , 0} pour réécrire l’équation


comme une équation à variables séparées c’est-à-dire sous la forme

1
y 0 (t) = f (t), t ∈ J.
h(y(t))

Exercice 2.3 Résoudre l’équation suivante

y 0 (t) = y(t)(y(t) − 1), t ∈ R.

Exercice 2.4 Soient a, b ∈ R. Mettre l’équation différentielle suivante

z0 (t) = F(at + bz(t)), t ∈ I.

sous forme d’une équation à variables séparables à l’aide d’un changement de vari-
ables. Écrire l’équation suivante

z0 = z2 + 2z(t + 1) + (t + 1)2

sous forme d’une équation à variables séparables.

2.3 Equations homogènes


Nous nous intéressons ici à un autre cas particulier de l’équation

y 0 (t) = G(t, y(t)), t ∈ I.

La fonction G est dite homogène de degré k ∈ R si pour tout α ∈ R∗ tel que G est définie en
(αt, αy) on a
G(αt, αy) = α k G(t, y).
14 2.3. Equations homogènes

Exemple 2.2 1) Fonction homogène de degré 0


y
G(t, y) =
y +t

2) Fonction homogène de degré 1

G(t, y) = 2y + 3t

2) Fonction homogène de degré 2

G(t, y) = y 2 + t 2 .

Définition 2.3 On dit que l’équation différentielle

y 0 (t) = G(t, y(t)), t ∈ I

est homogène de degré 0 (ou homogène) si la fonction G est homogène de degré 0.

Si I ne contient pas 0 alors l’étude d’une équation homogène peut être ramenée à l’étude
d’une équation à variables séparables. En effet si on pose

tu(t) = y(t), ∀t ∈ I

alors on a
tu 0 (t) + u(t) = y 0 (t) = G(t, y(t)) = G(t, tu(t))
et comme G est homogène de degré 0 on en déduit que

tu 0 (t) + u(t) = G(1, u(t)), ∀t ∈ I ⇐⇒ tu 0 (t) = [G(1, u(t)) − u(t)] , ∀t ∈ I

qui est une équation à variables séparables.

Exercice 2.5 Résoudre l’équation suivante

t 2 y 0 (t) = ty(t) + y(t)2 + t 2 , t > 0, y(1) = 0

Exercice 2.6 Soient ai , bi , ci ∈ R, i = 1, 2 tels que a1 b2 − a2 b1 , 0. Montrer qu’il existe


un changement de variables par translation permettant d’écrire
!
0 a1 t + b1 y + c1
y =f
a2 t + b2 y + c2

comme une équation homogène.

Exercice 2.7 On considère l’équation différentielle suivante

y 0 = t k−1 f (yt −k ).
Montrer que u = yt −k satisfait une équation différentielle à variables séparables.
Chapitre 2. Équations différentielles résolues d’ordre 1 15

Résoudre les équations différentielles suivantes :

• y 0 = t2y 4 + y 2
y y
• y 0 = t cos2 t 2 + 2 t , t > 0, y(1) = 1

y2 y
• y0 = t + t3
+ 2 t , t > 0, y(1) = 0.

Exercice 2.8 On considère l’équation différentielle suivante

y 0 = yf (eλx y).

Montrer que u = yeλx satisfait une équation différentielle à variables séparables.


Résoudre l’équation différentielle

y 0 = ex y 3 + y.

2.4 Equations de Bernoulli

Définition 2.4 Soit I un intervalle de R. Soient a et b des fonctions continues sur I à


valeurs dans R. On appelle équation de Bernoulli, toute équation de la forme

y 0 (t) + a(t)y(t) + b(t)y m (t) = 0, t ∈ I, (B)

avec m ∈ R∗ .

En pratique pour résoudre l’équation de Bernoulli (B) on étudie le domaine de définition


de
y → ym

pour identifier la nature de la solution à chercher puis effectuer le changement de variables


informel suivant :

z(t) = y(t)1−m , t ∈ I ⇒ z0 (t) = (1 − m)y 0 (t)y −m (t), t ∈ I.

D’où en multipliant l’équation (B) par (1 − m)y −m (t) on se ramène à l’étude de l’équation
différentielle linéaire

z0 (t) + a(t)(1 − m)z(t) + (1 − m)b(t) = 0, t ∈ I,

qu’on sait résoudre. Les solutions maximales de l’équation différentielle de Bernoulli sont
obtenues en posant
1
y(t) = (z(t)) 1−m , t ∈ Jmax ,
1
avec Jmax l’intervalle maximal sur lequel la fonction t → (z(t)) 1−m est définie.
16 2.5. Equations aux différentielles totales

Exercice 2.9 Résoudre les équations différentielles suivantes

y 0 (t) = y(t) + 2y(t)5 , t ∈ R,

et
1
y 0 (t) = y(t) + p , t ∈ R.
y(t)

Exercice 2.10 Déterminer la solution générale des équations suivantes :

• 2xy 0 = y + 3x3 y 5

• t2y 0 − y + y = 0

Déterminer les solutions des équations différentielles

• 2y 0 = y 2 − 3xy, y(0) = 0

• 2y 0 = xy 2 − 3xy, y(0) = 1

• ty 0 − 3y + y = 0, y(1) = 2.

2.5 Equations aux différentielles totales

Soient M et N des fonctions de deux variables définies sur un ouvert D de R2 . Considérons


l’équation différentielle
M(t, y(t)) + N (t, y(t))y 0 (t) = 0, t ∈ I. (DT )

Rappelons que dy(t) = y 0 (t)dt. Par conséquent l’équation (DT ) est équivalente à

M(t, y(t))dt + N (t, y(t))dy(t) = 0, t ∈ I (2.2)

d’où le définition suivante

Définition 2.5 On dit que l’équation différentielle (DT ) est une équation aux
différentielles totales s’il existe une fonction F différentiable sur D telle que

dF(t, x) = M(t, x)dt + N (t, x)dx, ∀(t, x) ∈ D

c’est-à-dire
M(t, x) = ∂1 F(t, x) et N (t, x) = ∂2 F(t, x).

Remarquons que si (DT ) est une équation aux différentielles totales alors les solutions
sont données de manière implicite par

F(t, y(t)) = C, C ∈ R

avec t parcourant un intervalle de définition de y.


Chapitre 2. Équations différentielles résolues d’ordre 1 17

Théorème 2.2 Supposons que les dérivées partielles de M et N existent et sont con-
tinues sur D. Alors (DT ) est une équation aux différentielles totales si et seulement
si
∂M(t, x) ∂N (t, x)
= , ∀(t, x) ∈ D.
∂x ∂t

Preuve. Supposons que (DT ) est une équation aux différentielles totales. Alors il existe une
fonction F différentiable sur D telle que

dF(t, x) = M(t, x)dt + N (t, x)dx.

avec
∂1 F(t, x) = M(t, x) et ∂2 F(t, x) = N (t, x)
d’où par le théorème de Schwarz on a

∂2 F(t, x) ∂2 F(t, x) ∂M(t, x) ∂N (t, x)


= =⇒ = .
∂x∂t ∂t∂x ∂x ∂t
Supposons maintenant que

∂M(t, x) ∂N (t, x)
= , ∀(t, x) ∈ D.
∂x ∂t
Soient (a, b) ∈ D. On a alors
Zx Zx
M(t, x) = ∂2 M(t, l)dl + M(t, b) = ∂1 N (t, l)dl + M(t, b), ∀(t, x) ∈ D.
b b

Posons Z t Z x
F(t, x) = M(s, x)ds + N (a, l)dl, ∀(t, x) ∈ D
a b
et observons que pour tout (t, x) ∈ D
Z t "Z x # Zx
F(t, x) = ∂1 N (s, l)dl + M(s, b) ds + N (a, l)dl
Zat Z xb Zt b Z
x
= ∂1 N (s, l)dlds + M(s, b)ds + N (a, l)dl
Zax Zb t Zat Zbx
= ∂1 N (s, l)dsdl + M(s, b)ds + N (a, l)dl
Zbx a aZ
t
bZ
x
= [N (t, l) − N (a, l)]dl + M(s, b)ds + N (a, l)dl
Zbx Zt a b

= N (t, l)dl + M(s, b)ds.


b a

Par conséquent
∂1 F(t, x) = M(t, x) et ∂2 F(t, x) = N (t, x)
pour tout (t, x) ∈ D.

Si M(t, y(t))dt + N (t, y(t))dy(t) = 0, t ∈ I est une équation aux différentielles totales, alors on peut trouver
18 2.5. Equations aux différentielles totales

la fonction F(t, y) à l’aide des formules suivantes


Zt Zy
F(t, y) = M(s, y)ds + N (a, l)dl
a b

et Z y Z t
F(t, y) = N (t, l)dl + M(s, b)ds.
b a
Les constantes a et b doivent être choisies pour que les précédentes expressions soient définies.

Exercice 2.11 Résoudre les équations différentielles suivantes :

• 2tey dt + (t 2 ey + cos y)dy = 0


y
• −2 x3 dx + x12 dy = 0

• (y 2 + 2x)dx = −(2xy − 1)dy

Lorsque
∂M ∂N
,
∂x ∂t
alors il est peut être possible de trouver une fonction µ des variables t, x définie sur D telle
que
µ(t, x) , 0, ∀(t, x) ∈ D,
et
∂[µ(t, x)M(t, x)] ∂[µ(t, x)N (t, x)]
= , ∀(t, x) ∈ D.
∂x ∂t
Dans ce cas l’équation (DT ) multipliée par µ(t, x) devient une équation aux différentielles
totales. Une telle fonction est appelée facteur intégrant.
∂µ ∂µ
En pratique pour trouver un facteur intégrant non trivial, on peut supposer que et
∂x ∂t
existent, ce qui permet d’avoir l’équation suivante
∂µ ∂M ∂µ ∂N
M +µ = N +µ ,
∂x ∂x ∂t ∂t
appelée équation des facteurs intégrants.

Facteur intégrant ne dépendant que de t : Supposons que la quantité


" #
∂M(t, x) ∂N (t, x) 1

∂x ∂t N (t, x)
ne dépend que de t et posons
" #
∂M(t, x) ∂N (t, x) 1
γ(t) = − .
∂x ∂t N (t, x)
Soit t → δ(t) un facteur intégrant indépendant de x. Alors d’après l’équation des facteurs
intégrant il doit satisfaire
∂M(t, x) ∂N (t, x)
δ(t) = δ0 (t)N (t, x) + δ(t) ⇔ δ0 (t) = γ(t)δ(t)
∂x ∂t
Chapitre 2. Équations différentielles résolues d’ordre 1 19

D’où on peut choisir comme facteur intégrant de la forme

δ(t) = CeΓ (t)

avec C une constante réelle non nulle et t → Γ (t) une primitive de t → γ(t).

Exercice 2.12 Résoudre l’équation différentielle suivante

3y 2 + 8t + 2tyy 0 = 0

Facteur intégrant ne dépendant que de x : Supposons que la quantité


" #
∂N (t, x) ∂M(t, x) 1

∂t ∂x M(t, x)

ne dépend que de x et posons


" #
∂N (t, x) ∂M(t, x) 1
γ(x) = − .
∂t ∂x M(t, x)

Soit x → λ(x) un facteur intégrant indépendant de t. Alors d’après l’équation des facteurs
intégrant il doit satisfaire

∂M(t, x) ∂N (t, x)
λ(x)0 M(t, x) + λ(x) = λ(x) ⇔ λ0 (x) = γ(x)λ(x)
∂x ∂t
D’où on peut choisir comme facteur intégrant de la forme

λ(x) = CeΓ (x)

avec C une constante réelle non nulle et x → Γ (x) une primitive de x → γ(x).

Exercice 2.13 Résoudre l’équation différentielle suivante

3(t 2 + y 2 )dt + t(t 2 + 3y 2 + 6y)dy = 0.

Differentielles classiques
1. d(xy) = ydx + xdy 2. d(x2 + y 2 ) = 2xdx + 2ydy
!
y −ydx + xdy x ydx − xdy
 
3. d = 4. d =
x x2 y y2
!!
y −ydx + xdy x ydx − xdy
  
5. d arctan = 6. d arctan =
x x2 + y 2 y x2 + y 2

1  2  xdx + ydy q 
xdx ± ydy
7. d ln x + y 2 = 8. d x2 ± y 2 = p
2 x2 + y 2 x2 ± y 2
20 2.5. Equations aux différentielles totales

De manière générale nous avons les formules suivantes pour deux fonctions différentiables
(x, y) 7→ f (x, y) ∈ R et (x, y) 7→ g(x, y) ∈ R

1. d(f g) = d(f )g + f d(g)


2. d(f +!g) = d(f ) + d(g)
f d(f )g − d(g)f f
3. d = 2
si est différentiable
g g g
4. d (λf ) = λd(f ) pour tout λ ∈ R
5. Si h est une fonction réelle d’une variable réelle telle que
h ◦ f est différentiable alors d(h ◦ f ) = h0 ◦ f × d(f ).

Exercice 2.14 Trouver les solutions générales des équations différentielles suivantes :

a) ydx − xdy = 0.
2y(x − 1)
b) ln(y 2 + 1)dx + dy = 0
y2 + 1
p p
c) (xy 2 + y x2 + y 2 )dx + (y 3 − x x2 + y 2 )dy = 0.

d) y 0 (t)(y(t) + t 3 + ty(t)2 − t 2 y(t)2 − y(t)4 ) = −(t + t 2 y(t) + y(t)3 )

Dans le tableau ci-dessous, nous listons des facteurs intégrants pour quelques classes
d’équations différentielles de la forme M(t, y)dt + N (t, y)dy = 0. Les fonctions ϕ et ψ sont des
fonctions réelles d’une variable réelle. L’écriture des fractions est assujettie aux domaines de
définitions.
Chapitre 2. Équations différentielles résolues d’ordre 1 21

Condition Facteur intégrant

1
M = yϕ(ty), N = tψ(ty) µ= tM−yN

1
∂t M = ∂y N µ= M 2 +N 2
∂y M = −∂t N

∂y M−∂t N
R
ϕ(z)
N −M = ϕ(t + y) µ = γ(t + y), avec γ(z) = e

∂y M−∂t N
R
ϕ(z)
yN −tM = ϕ(ty) µ = γ(ty), avec γ(z) = e

t 2 (∂t N −∂y M) y  y  R
ϕ(z)
yN +tM =ϕ t µ=γ t , avec γ(z) = e

∂y M−∂t N
R
1
ϕ(z)
tN −yM = ϕ(t 2 + y 2 ) µ = γ(t 2 + y 2 ), avec γ(z) = e 2

R R
ϕ(t)dt+ ψ(y)dy
∂y M − ∂t N = ϕ(t)N − ψ(y)M µ=e

∂y M−∂t N
R
ϕ(z)
N ∂t W −M∂y W
= ϕ◦W µ = γ ◦ W , avec γ(z) = e et W = W (t, y)

Tableau 2.1: Facteurs intégrants

Exercice 2.15 On considère l’équation différentielle suivante

M(t, y)dt + N (t, y)dy = 0.

1) On suppose que M = yϕ(ty), N = tψ(ty) avec ψ et ϕ dérivable. Montrer que


1
µ = tM−yN est un facteur intégrant.
1 1
2) On suppose que ∂t M = ∂y N et µ = M 2 +N 2
. Montrer que µ = M 2 +N 2
est un facteur
intégrant.
∂ M−∂ N
R
ϕ(z)
3) Montrer que si y N −Mt ne dépend que de t +y alors µ = γ(t +y), avec γ(z) = e
est un facteur intégrant.
22 2.6. Théorèmes de Picard, Cauchy-Lipschitz et Cauchy-Péano

Exercice 2.16 Déterminer la solution générale de chacune des équations


différentielles suivantes

1) y(1 + t 2 y 2 )dt + tdy = 0

2) (x2 − y 2 )dx + 2xydy = 0

3) (3y + 12 xy 2 )dx + (2x + 5y + 12 xy 2 )dy = 0.

2.6 Théorèmes de Picard, Cauchy-Lipschitz et Cauchy-Péano


Dans cette partie nous allons donner une condition suffisante pour l’existence et l’unicité de
solutions pour les problèmes de Cauchy d’ordre 1.

Théorème 2.3 (Picard) Soit G une fonction continue sur R = [a, b]×[c, d] telle que ∂y G
existe et est continue sur R. Soient t0 ∈ (a, b) et y0 ∈ (c, d). Alors il existe une unique
solution maximale (J, ym ), J ⊆ [a, b] contenant t0 , du problème de Cauchy
( 0
y (t) = G(t, y(t)), ∀t ∈ [a, b]
(P C)
y(t0 ) = y0 .

Exemple 2.3 Considérons le problème de Cauchy suivant

y 0 (t) = sin(ty(t)), ∀t ∈ R
(

y(0) = 1.

Nous allons montrer que ce problème admet une unique solution maximale. Pour cela
il suffit de montrer qu’il admet une unique solution maximale sur [a, b] avec a < b
quelconques et 0 ∈ (a, b). Soient a < b quelconques avec 0 ∈ (a, b). Posons G(t, y) =
sin(ty). Il est claire que G et ∂y G sont continues sur [a, b] × R. Par conséquent d’après
le théorème de Picard, il existe une unique solution maximale (J, ym ) avec J ⊂ [a, b].

Notons que le théorème précédent ne nous donne aucune information sur la taille de
l’intervalle maximal d’existence et d’unicité. Nous allons à présent donner le théorème suiv-
ant qui présente plus de précisions.

Théorème 2.4 (Cauchy-Lipschitz) Soit G une fonction continue sur S = [a, b] × R et il


existe une constante C > 0 telle que

|G(t, y1 ) − G(t, y2 | ≤ C|y1 − y2 |, ∀y1 , y2 ∈ R, ∀t ∈ [a, b].

Soient t0 ∈ (a, b) et y0 ∈ R. Alors il existe une unique solution globale ([a, b], ym ) du
problème de Cauchy ( 0
y (t) = G(t, y(t)), ∀t ∈ [a, b]
y(t0 ) = y0 .
Chapitre 2. Équations différentielles résolues d’ordre 1 23

Exemple 2.4 Reconsidérons le problème de Cauchy suivant

y 0 (t) = sin(ty(t)), ∀t ∈ R
(

y(0) = 1.

Nous allons montrer que ce problème admet une unique solution globale (i.e définie
sur tout R). Pour cela il suffit de montrer qu’il admet une unique solution globale sur
[a, b] avec a < b quelconques et 0 ∈ (a, b). Soient a < b quelconques avec 0 ∈ (a, b). Posons
G(t, y) = sin(ty). Il est claire que G est continue sur [a, b] × R. Soient t ∈ [a, b], y1 , y2 ∈ R.
On a alors
Z1
G(t, y1 ) − G(t, y2 ) = sin(ty1 ) − sin(ty2 ) = (y1 − y2 ) cos(y1 + s(y1 − y2 ))ds
0

d’où
|G(t, y1 ) − G(t, y2 )| ≤ |y1 − y2 |.
Par conséquent d’après le théorème de Cauchy-Lipschitz, il existe une unique solution
globale ym définie sur [a, b].

Exercice 2.17 Montrer que le problème de Cauchy suivant

y 0 (t) = t|y(t)|, ∀t ∈ R
(

y(1) = 0.

admet une solution globale.

Tandis que les théorèmes de Picard et de Cauchy-Lipschitz donnent une condition suff-
isante d’existence et d’unicité, le théorème suivant ne donne qu’une condition suffisante
d’existence.

Théorème 2.5 (Cauchy-Péano) Soit G une fonction continue sur R = [a, b] × [c, d].
Soient t0 ∈ (a, b) et y0 ∈ (c, d). Alors il existe une solution (J, ym ), J ⊂ [a, b] contenant
t0 , du problème de Cauchy
( 0
y (t) = G(t, y(t)), ∀t ∈ [a, b]
y(t0 ) = y0 .

Exemple 2.5 Considérons de le problème de Cauchy suivant


( 2
y 0 (t) = 3y(t) 3 , ∀t ∈ R
y(0) = 0.
3
La fonction G(t, y) = y 2 est une fonction continue sur R. Donc d’après le théorème de
Cauchy-Peano on sait qu’il existe une solution maximale du problème de Cauchy. La
fonction nulle
y(t) = 0, ∀t ∈ R
24 2.6. Théorèmes de Picard, Cauchy-Lipschitz et Cauchy-Péano

est solution mais elle n’est pas la seule. En effet pour tout α < β la fonction définie par

(t − α)3 si t < α




y(t) =  0 si α ≤ t ≤ β


 (t − β)3 si t > β

est encore une solution du problème de Cauchy. Ceci indique qu’on a une infinité de
solutions qui passent par 0.
Est ce que cet exemple contredit les théorèmes de Picard et de Cauchy-Lipschitz ?
Justifier votre réponse.

Exercices

Exercice 2.18 Résoudre les équations différentielles suivantes en déterminant la so-


lution maximale correspondante :
x
a) y 0 = y, x > −1, y(0) = 1
(x2 + 1)(x + 1)2
b) y 0 + 2xy = x, x ∈ R, y(0) = 2
c) y 0 = 2t(y 2 + 1), t ∈ R, y(−1) = −2
d) y 0 = (1 − y 2 ) sin2 x, x ∈ R, y(π) = 1
e) y 0 = (1 − y 3 ) sin2 x, x ∈ R, y(1) = 0
f ) y 0 = y(2 + y), x ∈ R, y(−1) = −2
g) y 0 = y(4 + y), x ∈ R, y(−1) = 1
1 2y
h) y 0 − = x cos x, x > 0, y(1) = 1.
x x

Exercice 2.19 On considère le problème de Cauchy suivant :

y 0 = −a(t)y + b(t)y 2 , t ≥ 0, y(0) = α > 0.

On suppose que b > 0 et on pose


Z t Rs
a(l)dl
B(t) = e− 0 b(s)ds, ∀t > 0.
0

1) Montrer que si lim B(t) ≤ 1/α alors il existe une solution définie sur R+ .
t→+∞

2) Montrer que si lim B(t) > 1/α alors il existe une solution maximale définie sur
t→+∞
[0, t ∗ ) avec t ∗ > 0. Donner l’expression de t ∗ si a et b sont constantes.

Exercice 2.20 Soit I un intervalle de R. On considère l’équation différentielle

y 0 = a(t)eλy + b(t), t ∈ I, λ , 0.

1) Montrer que le changement de variable z = e−λy conduit à une équation


différentielle linéaire.
Chapitre 2. Équations différentielles résolues d’ordre 1 25

2) Résoudre le problème de Cauchy suivant

y 0 = te2y + 1, t ∈ R, y(0) = 1.

Exercice 2.21 Soit I un intervalle ne contenant pas 0. On considère l’équation


différentielle suivante
ty 0 = y + a(t)b(t, y), t ∈ I.

1) Montrer que si b est homogène de degré 0 alors il existe un changement de vari-


ables pour se ramener à une équation à variables séparables.

2) Résoudre le problème de Cauchy


y +t
ty 0 = y + 2 , t < 0, y(−1) = 0.
y −t

en précisant l’intervalle maximal d’existence de la solution. On ne demande pas


la solution explicite.

Exercice 2.22 (Equation de Riccati) Soit I un intervalle de R. On considère l’équation


différentielle
y 0 = a2 (t)y 2 + a1 (t)y + a0 (t), t ∈ I.

1) Soit u une solution connue de l’équation de Riccati. Montrer que si on pose


y = u + v1 alors v satisfait une équation linéaire.
y
2) Déterminer la solution générale de y 0 = t 3 (y − t)2 + t sachant que u(t) = t est
solution.
y 1 1
3) Déterminer la solution générale de y 0 = − t + y 2 − t2
sachant que u(t) = t est
solution.
β
4) On suppose que l’équation de Riccati a la forme y 0 = αt n y 2 + t y + γt −n−2 . Mon-
trer que le changement de variables z = t n+1 y induit une équation à variables
séparables. Résoudre 3) par cette approche.

5) On suppose que l’équation de Riccati a la forme y 0 = αt 2n y 2 + m−n 2m


t y + γt . Mon-
trer que le changement de variables y = t m−n z induit une équation à variables
séparables. Résoudre le problème de Cauchy suivant
y
y 0 = t2y 2 + + t 4 , t > 0, y(1) = 0.
t
On précisera l’intervalle maximal d’existence.
3. Equations différentielles linéaires d’ordre supérieur

3.1 Indépendance linéaire des fonctions, wronskien 26

3.2 Equations linéaires à coefficients constants 27

3.3 Equations différentielles d’ordre 2 à coefficients


non constants homogène 28

Soit I un intervalle de R. Dans cette partie nous nous intéressons à l’équation différentielle

an (t)y (n) (t) + an−1 (t)y (n−1) (t) + · · · + a0 (t)y(t) = f (t), t ∈ I, (E)

et à son équation homogène associée

an (t)y (n) (t) + an−1 (t)y (n−1) (t) + · · · + a0 (t)y(t) = 0, t ∈ I, (E0 )

avec n ≥ 2.

3.1 Indépendance linéaire des fonctions, wronskien

Définition 3.1 Une famille de fonctions ϕi : I → R, i = 1, . . . , n est dite linéairement


indépendante sur I si pour tout α1 , . . . , αn
n
X
αk ϕk (t) = 0, ∀t ∈ I =⇒ α1 = · · · = αn = 0.
k=1

Définition 3.2 Si ϕi : I → R, i = 1, . . . , n est une famille de fonctions dérivables (n − 1)


fois et à dérivées continues sur I alors la fonction
 
 ϕ1 (t) ... ϕn (t) 
 ϕ10 (t) ... ϕn0 (t)
 

W (ϕ1 , . . . , ϕn )(t) = det  .. .. ..  , t ∈ I,
 

 . . . 

 (n−1) (n−1)
ϕ1 (t) . . . ϕn (t)

est appellée wronskien de ϕi : I → R, i = 1, . . . , n.

26
Chapitre 3. Equations différentielles linéaires d’ordre supérieur 27

Théorème 3.1 Soit ϕi : I → R, i = 1, . . . , n une famille de fonctions dérivables (n − 1)


fois et à dérivées continues sur I. Si la famille {ϕi }i=1,...,n est linéairement dépendante
alors W (ϕ1 , . . . , ϕn )(t) = 0, pour tout t ∈ I.

En pratique pour montrer qu’une famille de fonctions ϕi : I → R, i = 1, . . . , n est linéairement indépendante,


il suffit de trouver t0 ∈ I tel que
W (ϕ1 , . . . , ϕn )(t0 ) , 0.

La réciproque du théorème 3.1 n’est pas vraie en général. En effet les fonctions ϕ1 (t) = t 2 et ϕ2 (t) = t|t|
définies sur (−1, 1) sont linéairement indépendantes et W (ϕ1 , ϕ2 )(t) = 0, pour tout t ∈ (−1, 1). Faire la
preuve en exercice.

Dans la suite nous admettrons proposition suivante. Elle pourra être justifiée ultérieurement.

Proposition 3.1 Les solutions yh de l’équation homogène (E0 ), avec n ≥ 2, sont


données par une combinaison linéaire de n solutions linéairement indépendantes.
Autrement dit si {ϕi }i=1,...,n sont des solutions de (E0 ) linéairement indépendantes
alors on a  
 n 
X
 
S0 =  α ϕ (t), t ∈ I : α , . . . , α ∈ .

 k k 1 n R

 
k=1

3.2 Equations linéaires à coefficients constants


Soit I un intervalle de R. On considère l’équation différentielle linéaire d’ordre n ≥ 2 à
coefficients constants

y (n) (t) + bn−1 y (n−1) (t) + · · · + b0 y(t) = f (t), t ∈ I, (EC)

et son équation homogène associée

y (n) (t) + bn−1 y (n−1) (t) + · · · + b0 y(t) = 0, t ∈ I. (EC0 )

Rappelons que les solutions de (EC) sont données par la somme d’une solution particulière
de (EC) est des solutions de l’équation homogène associée (EC0 ).
Posons ϕ(t) = eλt avec λ ∈ C. Si ϕ est solution de (EC0 ) alors
 
eλt λn + bn−1 λn−1 + · · · + b0 = 0, t ∈ I.

Le polynôme
Pn (λ) = λn + bn−1 λn−1 + · · · + b0 , (3.1)
ainsi obtenu sera appelé polynôme caractéristique et

Pn (λ) = 0, (3.2)

l’équation caractéristique.
Cas n = 2 :
28 3.3. Equations différentielles d’ordre 2 à coefficients non constants homogène

• Si P2 admet deux racines réelles distinctes λ1 , λ2 alors l’ensemble des solutions de


l’équation homogène est donné par

S0 = {α1 eλ1 t + α2 eλ2 t , t ∈ I : α1 , α2 ∈ R}.

• Si P2 admet une racine double λ alors l’ensemble des solutions de l’équation homogène
est donné par
S0 = {α1 eλt + α2 teλt , t ∈ I : α1 , α2 ∈ R}.

• Si P2 (λ) admet deux racines complexes conjuguées ρ + iω et ρ − iω alors l’ensemble des


solutions de l’équation homogène est donné par

S0 = {α1 eρt cos(ωt) + α2 eρt sin(ωt), t ∈ I : α1 , α2 ∈ R}.

Cas n quelconque :
• Si λ est une racine réelle de Pn de multiplicité m ≥ 2 alors les fonctions

eλt , teλt , . . . , t m−1 eλt

sont des solutions linéairement indépendantes de l’équation homogène.

• Si ρ + iω est une racine complexe de Pn de multiplicité m ≥ 2 alors ρ − iω l’est aussi et

eρt cos(ωt), teρt cos(ωt), . . . , t m−1 eρt cos(ωt),


eρt sin(ωt), teρt sin(ωt), . . . , t m−1 eρt sin(ωt)

sont des solutions linéairement indépendantes de l’équation homogène.

3.3 Equations différentielles d’ordre 2 à coefficients non constants


homogène
On considère l’équation différentielle suivante

y 00 (t) + b1 (t)y 0 (t) + b0 (t)y(t) = 0, t ∈ I. (EN C0 )

Dans le cas des équations différentielles d’ordre 2 à coefficients non constants, il n’y pas
une méthode générale pour déterminer les solutions. Il existe cependant des cas où on peut
utiliser les séries pour trouver la solution générale de l’équation homogène.
Rappelons que l’ensemble des solutions de l’équation homogène s’obtient par combi-
naisons linéaires de deux solutions linéairement indépendantes. Ainsi, il convient de pou-
voir déterminer une solution linéairement indépendante y2 lorsqu’une solution y1 . 0 est
connue.

Proposition 3.2 Soient y1 et y2 deux solutions de l’équation (EN C0 ). Si W est le


wronskien de y1 , y1 alors on a

W 0 (t) = −b1 (t)W (t), t ∈ I

Preuve. Sur I on
W = y1 y20 − y10 y2
Chapitre 3. Equations différentielles linéaires d’ordre supérieur 29

d’où

W 0 = y1 y200 − y100 y2
= −y1 [b1 (t)y20 + b0 (t)y2 ] + y2 [b1 (t)y10 + b0 (t)y1 ]
= −b1 (t)[y1 y20 − y10 y2 ]
= −b1 (t)W (t).

Le résultat s’ensuit en résolvant l’équation.

La précédente proposition nous permet de déterminer une solution y2 connaissant y1 . 0.


En effet, si y1 . 0 est connue alors y2 est solution de l’équation différentielle

y1 y20 − y10 y2 = W

avec W comme dans la Proposition 3.2.

Exercice 3.1 Déterminer l’ensemble des solution de l’équation homogène t 2 y 00 −2ty 0 +


2y = 0 sachant que y1 = t est solution.

Méthode de factorisation
Soit y1 . 0 une solution connue de (EN C0 ). On définie l’application linéaire L1 : C 1 (I) → C(I)
par
dy
L1 [y] = y1 − y10 y, ∀y ∈ C 1 (I)
dt
et l’application linéaire L1 : C 1 (I) → C(I) par
!
1 dy
L2 [y] = + b1 y , ∀y ∈ C 1 (I).
y1 dt

Soit y une solution de (EN C0 ). Comme y ∈ C 2 (I) on a L1 [y] ∈ C 1 (I). Ce qui nous permet de
calculer (L2 ◦ L1 )[y]. Plus précisément on a
!
1 dL1 [y]
(L2 ◦ L1 )[y] = L2 [L1 [y]] = + b1 L1 [y]
y1 dt
et comme
!
dL1 [y] d dy
= y − y100 y − y10 y 0 = y10 y 0 + y1 y 00 − y100 y − y10 y 0 = y1 y 00 − y100 y
dt dt 1 dt

on en déduit que

dL1 [y]
+ b1 L1 [y] = y1 y 00 − y100 y + b1 y1 y 0 + b1 y10 y
dt
= y1 y 00 + b1 y1 y 0 − (y100 + b1 y10 )y
= y1 y 00 + b1 y1 y 0 + b0 y1 y

d’où
(L2 ◦ L1 )[y] = L2 [L1 [y]] = y 00 + b1 y 0 + b0 y.
30 3.3. Equations différentielles d’ordre 2 à coefficients non constants homogène

L’avantage de la méthode de factorisation est qui permet de résoudre une équation différentielle
linéaire d’ordre 2 non homogène. Considérons l’équation
y 00 (t) + b1 (t)y 0 (t) + b0 (t)y(t) = f (t), t ∈ I. (EN C)
Supposons que y1 est une solution connue. Dans ce cas l’équation (EN C) se réécrit sous la
forme
(L2 ◦ L1 )[y] = f , sur I.
Pour résoudre l’équation, on résout le système suivant
(
L1 [y] = z
L2 [z] = f .
Chacune des équations du système étant une équation linéaire non homogène d’ordre 1,
nous pouvons utiliser les techniques déjà apprises.

Exercice 3.2 Déterminer l’ensemble des solution de l’équation homogène t 2 y 00 −2ty 0 +


2y = t 4 sachant que y1 = t est solution.

Exercice 3.3 Soient λi , i = 1, . . . , n des nombres réelles. Montrer que la famille de


fonctions t → eλi t est linéairement indépendante si et seulement si les αi sont deux à
deux distincts. Soit fi , i = 1, . . . , n une famille de fonctions définies sur un intervalle I de
carrés intégrables. Montrer que la famille de fonctions est linéairement indépendante
si et seulement si le déterminant de la matrice M = (mij )1≤i,j≤n avec
Z
mij = fi (x)fj (x)dx
I

est non nul. Utiliser l’idée de Gram.

Exercice 3.4 Résoudre les équations différentielles suivantes

y 00 + 2y 0 − y = 0, y(0) = 0, y 0 (0) = 1
y 00 + 8y 0 + 25y = 48 cos x − 16 sin x
y 000 − y 0 = ex + e−x

Exercice 3.5 On considère l’équation différentielle d’ordre 2 à coefficients non con-


stants
a2 (x)y 00 + a1 (x)y 0 + a0 (x)y = 0.
On suppose connue une solution y1 . On pose
Z
y2 (x) = y1 (x) u(x)dx.

Trouver u pour que y2 soit solution. Montrer que y1 et y2 sont linéairement


indépendantes. Résoudre l’équation différentielle
x2 y 00 + xy 0 − 4y = x4 .
sachant que y1 = x2 est une solution de l’équation homogène.
Chapitre 3. Equations différentielles linéaires d’ordre supérieur 31

Exercice 3.6 Résoudre l’équation différentielle suivante


2
y 00 − 2y 0 + y = (4x2 − 4x + 3)ex , y(0) = 1, y 0 (0) = 0.
4. Introduction à la transformation de Laplace
Nous allons présenter ici quelques résultats sur la transformation de Laplace. Certaines

4.1 Généralités 32

4.2 Transformation de Laplace 33


4.2.1 La fonction de Heaviside
4.2.2 Inverse de la transformée de Laplace

démonstrations seront faites durant le cours.


4.1 Généralités
Soit t 7→ f (t) une fonction réelle d’une variable réelle et (t, s) 7→ N (t, s) une fonction complexe
des variables réelle t et complexe s. Soient a, b ∈ R ∪ {±∞}. Lorsque
Z b
f (t)N (t, s)ds
a

est convergente le résultat est fonction de s et on pose


Z b
F(s) = f (t)N (t, s)ds.
a

À l’aide de N (t, s) on a transformé t 7→ f (t) en une fonction s 7→ F(s). On dit qu’on a fait une
transformation intégrale de la fonction f . L’application (t, s) 7→ N (t, s) est appelée noyau
de la transformation intégrale. Lorsque l’on parvient à retrouver f à partir de F on dit qu’on
a effectué une transformation inverse. Dans toute la suite les transformées intégrales des
fonctions f , g, h . . . seront notées respectivement F, G, H . . .
Suivant le noyau et les valeurs de a et b nous avons les transformations intégrales suivantes
Z +∞
Transformation de Laplace F(s) = f (t)e−st dt
Z0 +∞
Transformation de Fourier G(ω) = g(t)e−iωt dt
Z −∞
+∞
Transformation de Mellin H(s) = h(t)t s−1 dt
0 Z +∞
1 k(t)
Transformation de Hilbert K(ω) = v.p dt.
π −∞ ω − t

avec s un nombre complexe et ω un nombre réel.

32
Chapitre 4. Introduction à la transformation de Laplace 33

4.2 Transformation de Laplace


Soit t 7→ f (t) une fonction continue par morceaux sur (−∞, +∞). On appelle transformation
de Laplace la transformation intégrale
Z +∞ Z R
−st
F(s) = f (t)e dt := lim f (t)e−st dt
0 R→+∞ 0

lorsqu’elle est convergente.


La fonction complexe F est appelée la transformée de Laplace de f . On note aussi
Z +∞
F(s) = L[f ](s) = f (t)e−st dt.
0

Cette dernière intégrale est convergente pour certains s ∈ C lorsque f est exponentiellement
bornée c’est-à-dire qu’il existe M > 0, T ≥ 0 et c ∈ R tels que

|f (t)| ≤ Mect , ∀t ≥ T .

Pour résumé la précédente propriété de f nous dirons que f exponentiellement bornée avec
une constante M et un exposant c.

Théorème 4.1 (Condition suffisante d’existence)


Soit f une fonction continue par morceaux sur [0, +∞) et exponentiellement bornée
telle que
|f (t)| ≤ Mect , ∀t ≥ T .
Alors l’intégrale Z +∞
f (t)e−st dt
0
est convergente pour tout s ∈ C tel que Re(s) > c et F est indéfiniment dérivable sur
Ω = {s ∈ C : Re(s) > c}.

D’après le théorème précédent si f est continue par morceaux et satisfait

|f (t)| ≤ Mect , ∀t ≥ T ,

alors on peut définir sa transformée de Laplace F comme une fonction définie de {s ∈ C :


Re(s) > c} à valeurs dans C.
Dans toute la suite nous ne considérerons que des fonctions exponentiellement bornées.

Proposition 4.1 Soient f , g des fonctions continues par morceaux sur [0, +∞) et expo-
nentiellement bornées. Alors on a

L[αf + βg](s) = αL[f ](s) + βL[g](s) = αF(s) + βG(s)

pour tout α, β ∈ C.
34 4.2. Transformation de Laplace

Exercice 4.1 Calculer la transformée de Laplace des fonctions suivantes

f (t) = 1, t ∈ R+ , g(t) = cos(ωt), t ∈ R+ , h(t) = sin(ωt), t ∈ R+ , k(t) = eat , t ∈ R+ .

Proposition 4.2 Soit f une fonction dérivable sur [0, +∞) telle que f 0 est continue par
morceaux sur [0, +∞). Alors on a

L[f 0 ](s) = sL[f ](s) − f (0+ ).

Exercice 4.2 En supposant que f et f 0 vérifient les conditions de la proposition 4.2,


déterminer L[f 00 ](s) En déduire une formule pour L[f (n) ](s).

Proposition 4.3 Soit f une fonction continue par morceaux sur [0, +∞), nulle pour
t < 0. Alors on a les propriétés suivantes

i) pour tout a > 0


1 s
 
L[f (at)](s) = L[f (t)]
a a
ii) pour tout a ≥ 0
L[f (t − a)](s) = e−as L[f (t)] (s)

iii) pour tout a ≥ 0


L[eat f (t)](s) = L[f (t)] (s − a) .

Théorème 4.2 Soit f une fonction continue par morceaux sur [0, +∞) et exponen-
tiellement bornée avec une constante M > 0 et un exposant c ∈ R. Alors la transformée
de Laplace F de f est indéfiniment dérivable sur Ω = {s ∈ C : Re(s) > c} avec

d n F(s)
(−1)n = L(t n f (t)), ∀s ∈ Ω, n = 1, 2, 3, . . .
dsn

Exercice 4.3 Calculer la transformée de Laplace de f (t) = t n pour n ∈ N. Calculer la


transformée de Laplace des fonctions eat cos(ωt), eat sin(ωt), teat cos(ωt).

Théorème 4.3 (de la valeur initiale) Soit f une fonction continue par morceaux sur
[0, +∞) et bornée. Alors on a

lim f (t) = lim sL[f ](s).


t→0+ s→+∞

Théorème 4.4 (de la valeur finale) Soit f une fonction continue par morceaux sur
[0, +∞) et bornée. Alors on a

lim f (t) = lim sL[f ](s).


t→+∞ s→0
Chapitre 4. Introduction à la transformation de Laplace 35

4.2.1 La fonction de Heaviside


On appelle fonction de Heaviside la fonction H : R → R définie par
(
0 si t<0
H(t) =
1 si t ≥ 0.

En particulier pour tout a ∈ R on a


(
0 si t<a
H(t − a) =
1 si t ≥ a.

Pour tout a1 < a2 nous avons aussi la propriété suivante





 0 si t < a1
H(t − a1 ) − H(t − a2 ) =  1 si a1 ≤ t < a2


 0

si t ≥ a2 .

En utilisant la propriété de translation on obtient que la transformée de Laplace de H(t − a)


est donnée par
1
L[H(t − a)](s) = e−as , Re(s) > 0.
s
Réécrire les fonctions suivantes à l’aide de la fonction de Heaviside
(
0 si t < 1
f (t) =
t 2 si t ≥ 1

et
t2
(
si t<1
g(t) =
0 si t ≥ 1.

On suppose maintenant que f est définie par


(
f1 (t) si t < t0 .
f (t) =
f2 (t) si t ≥ t0

Écrire f à l’aide de la fonction de Heaviside. De manière générale si f est sous la forme

0 si t < a1






 f1 (t) si a1 ≤ t < a2
..


f (t) = 


 .
fn (t) si tn ≤ t < tn+1





 0 si t ≥ tn+1

alors on a
n
X
f (t) = fk (t)[H(t − ak ) − H(t − ak+1 ].
k=1
36 4.2. Transformation de Laplace

Exemple 4.1 Exprimer les fonctions suivantes à l’aide de la fonction de Heaviside



 0 si t<0  2
 t si t < −1
1 − t2
 
 si 0≤t<2 
1 − t2
 
f (t) =  et g(t) =  si −1 ≤ t < 2
 
 t si 2≤t<3 
 t si t ≥ 2.

 

 0 si t ≥ 3.

Calculer la transformée de Laplace de f .

Remarque 4.1 Il convient de noter que dans tout ce qui précède on peut remplacer les
inégalités larges par des inégalités strictes. En effet le fait de remplacer une inégalité
large par une inégalité stricte n’aura aucun impact sur le calcul intégral qui intervient
dans la transformée de Laplace.

4.2.2 Inverse de la transformée de Laplace


Etant donnée une transformée de Laplace F(s), il existe une unique fonction f (t) correspon-
dante. La fonction f est appelée transformée de Laplace inverse de F. On note

f (t) = L−1 [F(s)](t)

ou simplement
f (t) = L−1 [F(s)]

s’il n’y pas une possible confusion. En particulier nous avons les propriétés suivantes

• Pour tout α, β ∈ R, L−1 [αF(s) + βG(s)] = αL−1 [F(s)](t) + βL−1 [G(s)]

• pour tout a ≥ 0
L−1 [F(s − a)] = eat f (t) = eat L−1 [F(s)]

• pour tout n ≥ 1
L−1 [F (n) (s)] = (−1)n t n f (t)

• pour tout a ≥ 0
L−1 [eas F(s)] = f (t − a)H(t − a).

• Si f (t) = L−1 [F(s)] et g(t) = L−1 [G(s)] alors on a


Z t Z t
−1
L [F(s)G(s)] = f (t − l)g(l)dl = f (l)g(t − l)dl.
0 0

Les tableaux suivant donnent quelques transformées de Laplace usuelles.


Chapitre 4. Introduction à la transformation de Laplace 37

1
1
s
n!
tn
sn+1
1
eat

−a sin(ωt) ω
 
sin(ωt) arctan
s2 +s ω2 t s
cos(ωt) 2ω2 s
s2 + 2 sin(ωt) sinh(ωt)
ωω s4 + (2ω2 )2
sinh(ωt) s3
s2 −s ω2 cos(ωt) cosh(ωt)
cosh(ωt) s4 + (2ω2 )2
s2 − ω2

1 π
√ √
t s
eat − ebt s−a
 
− ln
t s−b

s
Exercice 4.4 Calculer les inverses des transformées de Laplace suivantes ,
(s − 2)5
2 + e−2s s 1
3
, 2 ,
s (s + 4) (s − 1)(s2 + s + 1)
2
38 4.2. Transformation de Laplace

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