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2022

CPGE M.P. Meknès


Mathématiques 1
Notes de cours n◦ 7
Fonctions vectorielles : Dérivabilité

Plan de cours
I Généralités sur les fonctions vectorielles . . . . . . . . . . . . 1
II Dérivées successives . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
III Quelques rappels indispensables du cours de Sup . . . . . . 11
IV Accroissements finis . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16
V Développements limités . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18
VI Courbe paramétrée plane de classe C ∞ . . . . . . . . . . . . 20
VII Etude locale d’une courbe paramétrée . . . . . . . . . . . . . 22
VIII Tracé d’une courbe paramétrée plane . . . . . . . . . . . . . 25
IX Courbe paramétrée en coordonnées polaires . . . . . . . . . 27

On considère dans ce chapitre des applications définies sur un intervalle I de R, à valeurs dans un espace
vectoriel normé ( E, k.k).

I Généralités sur les fonctions vectorielles

Définition .1. Dérivabilité en un point


Soit f une application de I dans E, et t0 ∈ I.
1 
◦ On dit que f est dérivable en t0 si lim · f (t) − f (t0 ) existe.
t→t0 t − t0
t6=t0

df
◦ Cette limite se note f 0 (t0 ) ou D f (t0 ) ou (t0 ) et s’appelle le vecteur dérivé de f en t0 .
dt

Ainsi, dire que f est dérivable en t0 s’écrit :



1 
∃` ∈ E, ∀ε > 0, ∃α > 0 tq ∀t ∈ I, t 6= t0 et |t − t0 | < α =⇒
t − t0 · f (t) − f (t0 ) − ` < ε

ou encore :

∃` ∈ E, ∀ε > 0, ∃α > 0 tq ∀t ∈ I, t 6= t0 et |t − t0 | < α =⇒ k f (t) − f (t0 ) − (t − t0 ) · `k < ε |t − t0 |

ou encore :
∃` ∈ E tq f (t) = f (t0 ) + (t − t0 ) · ` + o(t − t0 )
Cette dernière expression s’appelle un développement limité de f au voisinage de t0 .
1
En posant h = t − t0 , on peut écrire aussi (sous réserve d’existence) : f 0 (t0 ) = lim · f (t0 + h) − f (t0 ) , et

h→0 h
h6=0
le développent limité de f au voisinage de t0 peut s’écrire : f (t0 + h) = f (t0 ) + h · f 0 (t0 ) + o(h).
M.P Chap. 7 - Fonctions vectorielles 2

Définition .2. Dérivabilité à droite et à gauche


Soit f une application de I dans E, et t0 ∈ I.
1 
◦ On dit que f est dérivable à droite en t0 6= sup( I ) si lim · f (t) − f (t0 ) existe. Dans ce cas, cette
t→t0 t − t0
t>t0
limite se note f d0 (t0 ), et se nomme le vecteur dérivé à droite de f en t0 .
1 
◦ On dit que f est dérivable à gauche en t0 6= inf( I ) si lim · f (t) − f (t0 ) existe. Dans ce cas, cette
t→t0 t − t 0
t<t0
limite se note f g0 (t0 ), et se nomme le vecteur dérivé à gauche de f en t0 .

Proposition .1. Caractérisation de dérivabilité



Une application f de I dans E est dérivable en t0 ∈ I si et seulement si elle est dérivable à droite et à
gauche en ce point, et que f g0 (t0 ) = f d0 (t0 ) . Dans ce cas, f 0 (t0 ) = f g0 (t0 ) = f d0 (t0 ) .

Proposition .2. Dérivable entraîne continue


Si f est dérivable (resp. dérivable à gauche, resp. dérivable à droite) en t0 , alors f est continue (resp.
continue à gauche, resp. continue à droite) en t0 .

 Preuve :
En effet, si f est dérivable en t0 , elle y admet le développement limité

f (t) = f (t0 ) + (t − t0 ) f 0 (t0 ) + o(t − t0 )

On en déduit immédiatement lim f (t) = f (t0 ), i.e la continuité de f en t0 . 


t→t0
t6=t0

Remarque : La réciproque de cette propriété est FAUSSE !


Il suffit par exemple de considérer l’application f : R −→ R . f est évidemment continue
x 7−→ | x|
sur R (elle est lipschitzienne de rapport 1), mais elle n’est pas dérivable en 0 (car f g0 (0) = −1 et
f d0 (0) = 1).
A titre de curiosité, on peut même construire des applications continues partout, mais déri-
vables nulle part !

Théorème .1. Cas de la dimension finie


Soit f une application de I dans E de dimension finie, rapporté à une base (e1 , . . . , en ).
n
Pour tout t ∈ I, on peut écrire f (t) = ∑ fi (t)ei où les fi : I → K sont les applications coordonnées de f .
i =1
Alors, f est dérivable en t0 si et seulement si , pour tout i ∈ [ 1, n] , f i est dérivable en t0 , et on a alors :
n
f 0 (t0 ) = ∑ fi0 (t0 )ei
i =1

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3 Chap. 7 - Fonctions vectorielles M.P

 Preuve :
Cela découle immédiatement d’un théorème similaire sur les limites, puisque, pour tout t 6= t0 ,
m
1 f (t) − f i (t0 )
· f (t) − f (t0 ) = ∑ i

ei
t − t0 i =1
t − t0

Exemples :
1. Une fonction f : I −→ C est dérivable en t0 ∈ I si et seulement si les fonctions Re ( f ) et
Im ( f ) le sont, et on a alors f 0 (t0 ) = (Re ( f ))0 (t0 ) + i(Im ( f ))0 (t0 ).
2. Une application f : I −→ M p,q (K) est dérivable en t0 si et seulement si pour tout
t 7−→ ( f i, j (t))16i6 p
16 j6q
couple (i, j) de [ 1, p] × [ 1, q] les fonctions coefficients t 7→ f i, j (t) le sont, et dans ce cas la
matrice f 0 (t0 ) est la matrice dont les coefficients sont les f i,0 j (t0 )
3. Soit A une matrice carrée d’ordre n à coéfficients réels. L’application ψ : t 7−→ etA est déri-
vable et ψ0 (t) = Aψ(t).

Définition .3. Dérivabilité sur un intervalle


Une application f : I −→ E est dite dérivable sur I si pour tout t0 ∈ I, f est dérivable en t0 .
Si tel est le cas, on peut définir l’application dérivée de f , notée f 0 ou D f : f 0 : I −→ E
t 7−→ f 0 (t)
L’ensemble des applications dérivables sur I à valeurs dans E sera noté D ( I, E).

Définition .4. Fonction de classe C 1


Une application f : I −→ E est dite de classe C 1 sur I si f est dérivable sur I et si f 0 est en plus continue
sur I. On notera C 1 ( I, E) l’ensembles des applications de classe C 1 sur I à valeurs dans E.

Remarque : Il existe des fonctions dérivables qui ne sont pas de classe C 1 ! (autrement dit, l’inclusion
C 1 ( I, E) ⊂ D ( I, E) est stricte).
Exemple : Soit f : R −→ R  
1

 x2 sin si x 6= 0
x 7−→ x
0 si x = 0

   
∗ 0 1 1
— f est dérivable sur R , et, ∀ x 6= 0, f ( x) = 2x sin − cos .
x x
— f est continue en 0, puisque | f ( x)| 6 x2 pour x 6= 0, donc lim f ( x) = 0 = f (0).
x→0

f ( x) − f (0) f ( x) − f (0)
6 | x| d’où lim f ( x) − f (0) =
 
1
— Pour x 6= 0, = x sin , donc
x−0 x x−0 x→0 x−0
0
0 : f est donc dérivable en 0, et f (0) = 0.
— Cependant, f 0 n’est pas continue en 0 puisque lim f 0 ( x) n’existe pas (pour s’en
x→0
x6=0
1
convaincre, on peut par exemple considérer les valeurs prises par f 0 en et en
2nπ
1
π pour n ∈ N∗ ).
2 + 2nπ

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Proposition .3. Opérations algébriques


Soient f et g deux applications de I dans E et λ une application de I dans K, dérivables en t0 , alors :
→ L’application f + g est dérivable en t0 , et ( f + g)0 (t0 ) = f 0 (t0 ) + g0 (t0 ).
→ L’application λ. f est dérivable en t0 et (λ. f )0 (t0 ) = λ 0 (t0 ). f (t0 ) + λ (t0 ). f 0 (t0 ).
→ En particulier, si α ∈ K est constant, α f est dérivable en t0 et (α f )0 (t0 ) = α f 0 (t0 ).

 Preuve :

1. Par hypothèse, on a les développements limités d’ordre 1 au voisinage de t0 :

f (t) = f (t0 ) + (t − t0 ). f 0 (t0 ) + (t − t0 ).ε1 (t) et g(t) = g(t0 ) + (t − t0 ).g0 (t0 ) + (t − t0 ).ε2 (t)

avec lim εi (t) = 0, d’où en additionnant :


t→t0

( f + g)(t) = ( f + g)(t0 ) + (t − t0 ).[ f 0 (t0 ) + g0 (t0 )] + (t − t0 ).ε(t)

avec ε = ε1 + ε2 qui tend vers 0 quand t −→ t0 ,


2. Par hypothèse, on a les développements limités d’ordre 1 au voisinage de t0 :

f (t) = f (t0 ) + (t − t0 ). f 0 (t0 ) + (t − t0 ).ε1 (t) et λ (t) = λ (t0 ) + (t − t0 )λ 0 (t0 ) + (t − t0 )ε2 (t)

où ε1 (resp.ε2 ) est une application à valeurs dans E (resp. dans K) qui tend vers 0 E (resp.0K ) quand t
tend vers t0 .
D’où, en effectuant la multiplication externe :

λ (t). f (t) = λ (t0 ). f (t0 ) + (t − t0 )[λ (t0 ). f 0 (t0 ) + λ 0 (t0 ). f (t0 )] + (t − t0 ).ε3 (t)

où ε3 (t) = ... tend vers 0 quand t −→ t0 , ce qui démontre la proposition.




Proposition .4.

L’ensemble D ( I, E) est un sous-espace vectoriel de C 0 ( I, E), et l’application f 7→ f 0 est linéaire de D I, E)


dans A ( I, E).

Théorème .2. Dérivée d’une composée


Soit E et F deux espaces vectoriels normés , f une application d’un intervalle I de R à valeurs dans E, et
u une application linéaire continue de E dans F.
Si f est dérivable en t0 , u ◦ f l’est aussi et : (u ◦ f )0 (t0 ) = u[ f 0 (t0 )]

 Preuve :
f (t) − f (t0 )
 
1
−→ u[ f 0 (t0 )] car u continue.

Pour t ∈ I, t 6= t0 , on a u[ f (t)] − u[ f (t0 )] = u
t − t0 u linéaire t − t0 t→t0


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Théorème .3. Une autre composée


Soient E, F, G trois espaces vectoriels normés , et B : E × F −→ G une application bilinéaire continue.
Soient f : I −→ E et g : I −→ F deux applications dérivables en t0 ∈ I.
Alors l’application ϕ : I −→ G est dérivable en t0 et
t 7−→ B( f (t), g(t))

ϕ0 (t0 ) = B( f 0 (t0 ), g(t0 )) + B( f (t0 ), g0 (t0 ))

 Preuve :
Pour t ∈ I, B étant bilinéaire, on a

B( f (t), g(t)) − B( f (t0 ), g(t0 )) = B( f (t) − f (t0 ), g(t)) + B( f (t0 ), g(t) − g(t0 ))

d’où,toujours en utilisant la bilinéarité de B :

ϕ(t) − ϕ(t0 ) f (t) − f (t0 ) g(t) − g(t0 )


   
=B ( , g(t) + B f (t0 ),
t − t0 t − t0 t − t0

Puisque f est dérivable en t0 , que g est continue (car dérivable) en t0 et que B est continue, on a :

f (t) − f (t0 )
 
lim B , g(t) = B( f 0 (t0 ), g(t0 ))
t→t0 t − t0
t6=t0

et de même
g(t) − g(t0 )
 
lim B f (t0 ), = B( f (t0 ), g0 (t0 )
t→t0 t − t0
t6=t0

d’où le résultat. 

Applications :

1/ Soit E un espace préhilbertien réel, muni d’un produit scalaire ( x, y) ∈ E2 7→ h x|yi ∈ R.


Ce produit scalaire est une forme bilinéaire continue, car, ∀( x, y) ∈ E2 , |h x|yi| 6 k xk k yk d’après l’in-
égalité de Cauchy-Schwarz (cf. la caractérisation de la continuité d’une application bilinéaire dans le
chapitre précédent).
Donc, si f et g sont deux applications définies sur I, à valeurs
E et dérivables, alors l’application :

dans
ϕ : I −→ R est dérivable, et l’on a :h f |gi0 = f 0 g + f g0 .
t 7−→ h f (t)|g(t)i
On en déduit ensuite que, si f
: I −→ 0 E est dérivable en t0 et si f (t0 ) 6= 0, l’application t 7→ k f (t)k est
f ( t 0 f (t0 )
)
dérivable en t0 , et k f k0 (t0 ) =

.
k f (t0 )k
2/ Soit E un espace vectoriel euclidien orienté de dimension 3 ; l’application ( x, y) ∈ E2 7→ x ∧ y ∈ E est
continue, puisqu’il s’agit d’une application bilinéaire sur un espace vectoriel de dimension finie.
Donc, si f et g sont deux applications définies sur I, à valeurs dans E et dérivables, alors l’application :
ϕ : I −→ R est dérivable, et l’on a :( f ∧ g)0 = f 0 ∧ g + f ∧ g0 .
t 7−→ f (t) ∧ g(t)

En adaptant légèrement la démonstration, le théorème précédent est facilement généralisable :

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Théorème .4. Cas général


Soient E1 , . . . , En et F des espaces vectoriels normés , et g : E1 × E2 × · · · × En −→ F une application
n-linéaire continue. Pour i ∈ [ 1, n] , soit f i : I −→ Ei une application dérivable sur I.
Alors l’application ϕ : I −→ F  est dérivables sur I , et, pour tout t ∈ I :
t 7−→ g f 1 (t), f 2 (t), . . . , f n (t)
n
ϕ0 (t) = f 1 (t), . . . , f i−1 (t), f i0 (t), f i+1 (t), . . . , f n (t)

∑g
i =1

Applications :
1/ Si f 1 , . . . , f n sont n applications dérivables sur I et à valeurs dans K, leur produit g : t 7→ f 1 (t) f 2 (t) · · · f n (t)
est dérivable sur I et
∀t ∈ I, g0 (t) = f 10 (t) f 2 (t) · · · f n (t) + f 1 (t) f 20 (t) f 3 (t) · · · f n (t) + · · · + f 1 (t) f 2 (t) · · · f n−1 (t) f n0 (t)
2/ Si E est un K-espace vectoriel de dimension finie n et si B est une base de E, alors l’application det
définie par : ( x1 , . . . , xn ) 7→ det( x1 , . . . , xn ) est n-linéaire, donc continue (car E est de dimension finie).
B
Soit M : I −→ M n (K) une application dérivable sur I. Si on note C1 (t), . . . , Cn (t) les colonnes de
t 7−→ M(t)
la matrice M(t), alors les applications t 7→ Ci (t) sont dérivables sur I (car leurs fonctions coordonnées
le sont). Par suite, l’application ϕ : t 7→ det( M(t)) est dérivable sur I et
n
ϕ0 (t) = C1 (t), . . . , Ci−1 (t), Ci0 (t), Ci+1 (t), . . . , Cn (t)

∑ det
i =1

(on avait déjà établi cette formule de façon moins sophistiquée dans le chapitre sur les déterminants...)

Théorème .5. Fonction composée


Soit ϕ : I −→ J et f : J −→ E, où I et J sont des intervalles de R et E un espace vectoriel normé .
Soit t0 ∈ I. Si ϕ est dérivable en t0 et si f est dérivable en ϕ(t0 ), alors f ◦ ϕ est dérivable en t0 et

( f ◦ ϕ)0 (t0 ) = ϕ0 (t0 ). f 0 [ϕ(t0 )]

 Preuve :
Par hypothèse, on a le développement limité d’ordre 1 au voisinage de t0 :

ϕ(t) = ϕ(t0 ) + (t − t0 )ϕ0 (t0 ) + (t − t0 )ε1 (t) avec lim ε1 (t) = 0K


t→t0

et le développement limité d’ordre 1 au voisinage de ϕ(t0 ) :

f ( y) = f (ϕ(t0 )) + ( y − ϕ(t0 )). f 0 [ϕ(t0 )] + ( y − ϕ(t0 )).ε2 ( y) avec lim ε2 ( y) = 0 E


y→ϕ(t0 )

On en déduit, en remplaçant y dans la 2ème équation par ϕ(t) obtenue dans la 1ère :

f ◦ ϕ(t) = f ◦ ϕ(t0 ) + (t − t0 )ϕ0 (t0 ). f 0 [ϕ(t0 )] + (t − t0 )ε1 (t). f 0 [ϕ(t0 )] + [(t − t0 )ϕ0 (t0 ) + (t − t0 )ε1 (t)].ε2 (ϕ(t))

soit une expression de la forme

f ◦ ϕ(t) = f ◦ ϕ(t0 ) + (t − t0 )ϕ0 (t0 ). f 0 [ϕ(t0 )] + (t − t0 )ε3 (t) avec lim ε3 (t) = 0 E
t→t0

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ce qui est bien un développement limité d’ordre 1 de f ◦ ϕ au voisinage de t0 , et donne le résultat annoncé.


II Dérivées successives

Définition .5.
Soit f une application de I dans E. On peut définir par récurrence, si elles existent, les dérivées successives
de f de la façon suivante :
◦ On pose f (0) = f (dérivée d’ordre zéro) et pour k ∈ N∗ , on dira que f est k-fois dérivable sur I si
0
f (k−1) est dérivable sur I et on pose alors f (k) = f (k−1) dite dérivée d’ordre k .
◦ On notera D n ( I, E) l’ensemble des applications n fois dérivables sur I à valeurs dans E.
◦ On dira que f est de classe C n sur I si f est n fois dérivable sur I et si f (n) est continue sur I ; on note
C n ( I, E) l’ensemble des applications de classe C n sur I à valeurs dans E.
◦ Enfin on dira que f est de classe C ∞ sur I si elle est de classe C n pour tout n ∈ N, et on notera
C ∞ ( I, E) l’ensemble des applications de classe C ∞ sur I à valeurs dans E.

Proposition .5.

→ D n ( I, E), C n ( I, E) et C ∞ ( I, E) sont des sous-espaces vectoriels de A ( I, E).


→ Si f , g ∈ D n ( I, E) et si λ, µ ∈ K, on a : (λ f + µg)(n) = λ f (n) + µg(n) .

Proposition .6. Cas de la dimension finie


On suppose E de dimension finie, rapporté à une base (e1 , . . . , en ).
n
Soit f une application de I dans E. Pour tout t ∈ I, on peut écrire f (t) = ∑ fi (t)ei . où les fi : I → K sont
i =1
les applications coordonnées de f .
Alors, f est k-fois dérivable (resp. de classe C k ) sur I si et seulement si , pour tout i ∈ [ 1, n] , f i est k fois
n
dérivable (resp. de classe C k ) sur I, et on a alors : ∀t ∈ I, f (k) (t) = ∑ f i (k ) ( t ) ei .
i =1

Théorème .6. Formule de Leibniz


Soient E, F, G trois espaces vectoriels normés , et B : E × F −→ G une application bilinéaire continue.
Soient f : I −→ E et g : I −→ F deux applications n fois dérivables (resp. de classe C n ) sur I .Alors
l’application ϕ : I −→ G est n fois dérivable (resp. de classe C n ) sur I, et on a :
t 7−→ B( f (t), g(t))
n 
n
(n)
B f (k) ( t ) , g(n−k) ( t )

∀t ∈ I, ϕ (t) = ∑
k=0
k

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 Preuve :
 
n
(n)
B f (k) , g(n−k) .

Avec les conventions précédentes, la formule de Leibniz peut aussi s’écrire : ϕ = ∑
k ∈Z
k
Procédons par récurrence sur n :
— Le résultat est immédiat si n = 0, et, si n = 1, il s’agit du théorème 2
— Supposons le résultat acquis à l’ordre n − 1, et soient f , g n fois dérivables. Elles sont alors n − 1 fois
dérivables, et l’hypothèse de récurrence donne :

n−1
 
(n−1)
B f (k) , g(n−1−k)

ϕ = ∑
k ∈Z
k

Toutes les fonctions qui interviennent dans la somme (de f (0) à f (n−1) et de g(0) à g(n−1) ) sont déri-
vables, donc ϕ(n−1) est dérivable (i.e ϕ est n fois dérivable), et, en utilisant la linéarité de la dérivation
ainsi que le théorème 2, on obtient :

n−1 h
 
i
ϕ(n) = ∑ B f (k+1) , g(n−1−k) + B f (k) , g(n−k)

k ∈Z
k

soit
n−1 n−1
   
(k+1) (n−1−k)
(n)
B f (k) , g(n−k)
 
ϕ = ∑ B f ,g +∑
k ∈Z
k k ∈Z
k
n−1 n−1
   
B f (k) , g(n−k) + ∑ B f (k) , g(n−k)
 
= ∑
k ∈Z
k−1 k ∈Z
k
changement d’indice k = k0 − 1 dans la 1ère somme
n−1 n−1
   
B f (k) , g(n−k)

= ∑ k−1 +
k ∈Z
k
 
n
B f (k) , g(n−k) d’après la formule du triangle de Pascal

= ∑
k ∈Z
k

ce qui donne le résultat voulu à l’ordre n.




Proposition .7.
Les ensembles D n ( I, K) et C n ( I, K) sont des sous-algèbres de A ( I, K)

Proposition .8.
Soit ϕ : I −→ J et f : J −→ E, où I et J sont des intervalles de R et E un espace vectoriel normé .
Si ϕ ∈ C n ( I, J ) et f ∈ C n ( J, E), alors f ◦ ϕ ∈ C n ( I, E)

 Preuve :
On raisonne par récurrence sur n.
— Pour n = 0, le résultat est connu (composée de fonctions continues).
— Supposons le résultat acquis à l’ordre n, et soient f , ϕ comme dans l’énoncé et de classe C n+1 . Alors
f et ϕ sont dérivables, donc, d’après le théorème 2, il en est de même de f ◦ ϕ et ( f ◦ ϕ)0 = ϕ0 . f 0 ◦ ϕ.

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f 0 et ϕ étant de classe C n , f 0 ◦ ϕ est aussi de classe C n d’après l’hypothèse de récurrence.


Puis ϕ0 et f 0 ◦ ϕ étant de classe C n , leur produit externe ϕ0 . f 0 ◦ ϕ est aussi de classe C n d’après la
formule de Leibniz utilisé avec l’application bilinéaire continue B : K × E −→ E .
(λ, x) 7−→ λ.x
Ainsi ( f ◦ ϕ)0 est de classe C n , i.e f ◦ ϕ est de classe C n+1 , ce qui achève la récurrence.


Définition .6. Applications de classe C k par morceaux

◦ Soit [ a, b] ( a < b) un segment de R, k ∈ N ∪ {∞} et f une application de [ a, b] dans un espace vectoriel


normé E. On dira que f est de classe C k par morceaux sur [ a, b] s’il existe une subdivision a = x0 <
x1 < . . . < xn−1 < xn = b telle que la restriction de f à chaque intervalle ] xi−1 , xi [ pour 1 6 i 6 n se
prolonge en une application de classe C k sur [ xi−1 , xi ]. Une telle subdivision est dite adaptée à f .
◦ Soit I un intervalle quelconque de R, et f une application de I dans un espace vectoriel normé E. On
dira que f est de classe C k par morceaux sur I si sa restriction à tout segment [ a, b] inclus dans I est de
classe C k par morceaux.
◦ On notera C M k ( I, E) l’ensemble des applications de classe C k par morceaux de I dans E ; dans le cas
k = 0, on parle simplement d’application continue par morceaux et on notera C M ( I, E) l’ensemble des
applications continues par morceaux de I dans E.

Exemples :
1. La fonction «partie entière» est continue par morceaux sur R.
2. La fonction tan n’est pas continue par morceaux sur R !

3. La fonction x 7→ x est C 1 par morceaux sur R∗+ mais pas sur R+ !

Proposition .9.

L’ensemble C M k ( I, E) l’ensemble des applications de classe C k par morceaux de I dans E est un sous-
espace vectoriel de A ( I, E).

 Preuve :
Compte tenu de la définition, il suffit de le démontrer lorsque I = [ a, b] est un segment.
Notons déjà que C M k ([ a, b], E) est une partie non vide de A ([ a, b], E) !
Soient alors f , g ∈ C M k ([ a, b], E), et λ ∈ K. En considérant la subdivision obtenue en faisant la réunion
des points d’une subdivision adaptée à f et de ceux d’une subdivision adaptée à g, et en les réordonnant,
on peut trouver une subdivision a = x0 < x1 < . . . < xn−1 < xn = b de [ a, b] qui est adaptée à la fois à f
et à g.
Alors, pour tout i ∈ [ 1, n] , les restrictions de f et de g se prolongent en des fonctions de classe C k sur
[ xi−1 , xi ] ; il en est donc de même de λ f + g, et, par suite, λ f + g appartient bien à C M k ([ a, b], E). 

Proposition .10. Cas de dimension finie


On suppose E de dimension finie, rapporté à une base (e1 , . . . , en ).
n
Soit f une application de I dans E. Pour tout t ∈ I, on peut écrire f (t) = ∑ fi (t)ei . où les fi : I → K sont
i =1
les applications coordonnées de f .
Alors, f est de classe C k par morceaux sur I si et seulement si , pour tout i ∈ [ 1, n] , f i est de classe C k par
morceaux sur I.

Mr. FARESS Moussa Année 2022/2023


M.P Chap. 7 - Fonctions vectorielles 10

Remarque : Tous les intervalle de R considérés dans la suite, sont supposés d’intérieur non vide, i.e non
réduits à un point !

Définition .7. C k -difféomorphismes

Soient I et J deux intervalles de R, et k ∈ N ∪ {∞}. Une application f : I −→ J s’appelle un C k -


difféomorphisme de I sur J si :
 f est bijective de I sur J.
 f est de classe C k sur I.
 f −1 est de classe C k sur J.

Théorème .7.
Soit f une application continue définie sur un intervalle I de R, à valeurs dans R.
Alors f est injective si et seulement si f est strictement monotone sur I.

 Preuve :

• Si f est strictement monotone, elle est injective : en effet, soient x 6= y dans I ; on peut supposer x < y
par exemple. Si f est strictement croissante, on a f ( x) < f ( y) et si f est strictement décroissante, on
a f ( y) < f ( x) ; dans les deux cas, f ( x) 6= f ( y), ce qui prouve que f est injective.
• Supposons maintenant f continue et injective. Si f n’était pas strictement monotone, on pourrait
trouver ( a, b, c) ∈ I 3 tels que a < b < c et tels que f (b) ne soit pas compris entre f ( a) et f (c)
(raisonner par l’absurde).
Ces points étant ainsi choisis, supposons par exemple f ( a) < f (c) ; alors f (b) < f ( a) ou f (b) > f (c) ;
si par exemple f (b) > f (c), soit y ∈] f (c), f (b)[ ; d’après le th. des valeurs intermédiaires, il existe
β ∈]b, c[ tel que y = f (β). Mais on a aussi y ∈] f ( a), f (b)[ ; donc, d’après le même théorème, il existe
α ∈] a, b[ tel que y = f (α ). On aurait donc f (α ) = f (β) avec α 6= β, ce qui contredit l’injectivité de f .


Théorème .8.
Soit f : I −→ R une application continue et strictement monotone sur un intervalle I de R.
Alors J = f ( I ) est un intervalle de R, f est un C 0 -difféomorphisme de I sur J, et f −1 : J −→ I est
strictement monotone, de même sens de variation que f .

 Preuve :

• f étant strictement monotone sur I, elle est injective, donc elle est bijective de I sur J = f ( I ). Le fait
que J est un intervalle est exactement le th. des valeurs intermédiaires.
• f −1 strictement monotone et de même sens de variation que f est pratiquement immédiat.
• La continuité étant une notion locale, pour montrer que f −1 est continue, il suffit de montrer que
sa restriction à tout segment [c, d] inclus dans J l’est. f −1 étant strictement monotone, si y ∈ [c, d],
f −1 ( y) est compris entre f −1 (c) et f −1 (d). Notons g : [c, d] −→ I 0 la restriction de f −1 à [c, d], I 0
étant un segment qui contient f −1 (c) et f −1 (d). Pour montrer que g est continue, il suffit de montrer
que l’image réciproque par g de tout fermé de I 0 est un fermé de [c, d] ; mais cela est immédiat, car
l’image réciproque par g d’une partie est en fait son image directe par f , que tout fermé de I 0 est

Année 2022/2023 C.P.G.E. Meknès


11 Chap. 7 - Fonctions vectorielles M.P

compact, et que l’image d’un compact par f continue est un compact donc est fermé !
P.S : à me relire, je ne sais pas si j’ai été très clair...


Proposition .11.
Soit f : I −→ J une bijection continue de I sur J.
Si f est dérivable en a ∈ I et si f 0 ( a) 6= 0, alors f −1 est dérivable en b = f ( a) et on a :
0 1 1
f −1 ( b ) = =
f 0 ( a) f0 ◦ f −1 ( b )

 Preuve :
cf. Sup 

Théorème .9. Caractérisation des C k -difféomorphismes pour k > 1

Soit k ∈ N∗ ∪ {∞}. Soit f une application de classe C k d’un intervalle I sur l’intervalle J = f ( I ).
Alors f est un C k -difféomorphisme de I sur J si et seulement si f 0 ne s’annule pas sur I.

 Preuve :

• Si f est un C k -difféomorphisme de I sur J avec k > 1, en particulier, f et f −1 sont de classe C 1 . En


dérivant l’égalité f −1 ◦ f = Id I on obtient f 0 .( f −1 )0 ◦ f = 1, ce qui implique en particulier que f 0 ne
s’annule pas.
• Réciproquement, supposons f de classe C k (k > 1) de I sur J, telle que f 0 ne s’annule pas. Comme
f 0 est continue, le th. des valeurs intermédiaires implique que f 0 garde un signe constant sur I, donc
f est strictement monotone. Elle est donc injective, donc bijective de I sur f ( I ) = J. La proposition
1
précédente montre alors que f −1 est dérivable sur J, de dérivée ( f −1 )0 = 0 . f 0 et f −1 étant
f ◦ f −1
continues, on en déduit que ( f −1 )0 est continue, donc que f −1 est de classe C 1 , puis (si k > 2), f 0 de
classe C 1 et f −1 de classe C 1 impliquent f 0 ◦ f −1 de classe C 1 donc ( f −1 )0 de classe C 1 donc f −1 de
classe C 2 etc... (je vous laisse le soin de rédiger la récurrence).


III Quelques rappels indispensables du cours de Sup


On vient ici d’étudier (brièvement) la dérivabilité d’applications définies sur un intervalle I de R, à valeurs
dans un espace vectoriel normé quelconque.
Dans le cas d’applications définies sur un intervalle I de R, à valeurs dans R (une telle application s’appelle
une fonction numérique de la variable réelle), il y a des résultats supplémentaires, vus en 1ère année, mais qu’il
est important de rappeler....

Théorème .10.
Soit f une fonction numérique définie sur un intervalle I, et admettant en un point t0 intérieur à I un
extremum relatif. Si f est dérivable en t0 , alors f 0 (t0 ) = 0.

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M.P Chap. 7 - Fonctions vectorielles 12

 Preuve :
◦ f (t) − f (t0 )
Supposons que f admette en t0 ∈ I un maximum relatif. Alors le taux d’accroissement est
t − t0
positif pour t 6 t0 et négatif pour t > t0 (t0 étant intérieur à I, ces deux cas sont possibles). En passant à
la limite quand t → t0 (à gauche puis à droite), on obtient f g0 (t0 ) > 0 et f d0 (t0 ) 6 0. f étant dérivable en t0 ,
f 0 (t0 ) = f g0 (t0 ) = f d0 (t0 ), on en déduit f 0 (t0 ) = 0. 

Remarque : Le fait que t0 est un point intérieur est indispensable ! !


Par exemple, la fonction f : [0, 1] −→ [0, 1] admet un minimum en 0 et un maximum en
t 7−→ t
1, mais sa dérivée ne s’annule jamais !

Théorème .11. Théorème de Rolle


Soit f une fonction numérique continue sur l’intervalle fermé [ a, b] (a < b), dérivable sur l’intervalle
ouvert ] a, b[, et telle que f ( a) = f (b). Alors, il existe c ∈] a, b[ tel que f 0 (c) = 0.

 Preuve :
f , continue sur le compact [ a, b], est bornée et atteint ses bornes. Notons m son minimum et M son
maximum.
— Si m = M, alors f est constante sur [ a, b] donc f 0 (t) = 0 pour tout t ∈] a, b[.
— Sinon, l’un de ces extremas, par exemple M, est forcément distinct de f ( a) = f (b). Il est donc atteint
en un point c de ] a, b[, et l’on a f 0 (c) = 0 d’après le théorème précédent.


Théorème .12. Théorème des accroissements finis


Soit f une fonction numérique continue sur l’intervalle fermé [ a, b] (a < b) et dérivable sur l’intervalle
ouvert ] a, b[.
Alors, il existe c appartenant à ] a, b[ tel que : f (b) − f ( a) = (b − a) f 0 (c).

 Preuve :
f (b) − f ( a)
Soit ϕ définie sur a, b] par ϕ(t) = (t − a) + f ( a) (ϕ est l’équation de la droite passant par les
 b−a 
points A de coordonnées a, f ( a) et B de coordonnées b, f (b) ), et soit g définie par g(t) = f (t) − ϕ(t).
Alors g vérifie les hypothèses du théorème de Rolle ; il existe donc c ∈] a, b[ tel que g0 (c) = 0, ce qui donne
f (b) − f ( a)
f 0 (c) = ϕ0 (c) = ( t − a ). 
b−a

Le théorème des accroissements finis peut se traduire géométriquement par :


si f est une fonction numérique continue sur [ a, b] et dérivables sur ] a, b[, il existe (au moins) un point
du graphe de f où la tangente est parallèle à la corde qui joint les points A de coordonnées a, f ( a)

et B de coordonnées b, f (b)

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13 Chap. 7 - Fonctions vectorielles M.P

Théorème .13. Variations d’une fonction


Soit f une fonction numérique continue sur un intervalle I quelconque de R, et dérivable en tout point

de I. Pour que f soit croissante (resp. décroissante) sur I, il faut et il suffit que sa dérivée soit positive
◦ ◦
(resp. négative) sur I ; et, pour que f soit constante, il faut et il suffit que sa dérivée soit nulle sur I.

 Preuve :
◦ f (t) − f (t0 )
— Supposons f croissante, et soit t0 ∈ I. Pour tout t 6= t0 , le rapport est positif donc, en
t − t0
faisant t → t0 , on obtient f 0 (t0 ) > 0 d’après le principe de prolongement des inégalités.

— Supposons maintenant f 0 > 0 sur I. Soient a, b ∈ I tels que a < b. D’après le th. des accroissements

finis, il existe c ∈] a, b[ (donc c ∈ I) tel que f (b) − f ( a) = (b − a) f 0 (c) ; puisque f 0 (c) > 0, on en
déduit f (b) > f ( a), donc f est croissante sur I.



Si, dans la démonstration qui précède, on suppose f 0 (t) > 0 sur I, on obtient f (b) > f ( a) ; on peut donc
énoncer :

Proposition .12.
Soit f une fonction numérique continue sur un intervalle I quelconque de R, et dérivable en tout point

de I. Pour que f soit strictement croissante (resp. strictement décroissante) sur I, il suffit que f 0 (t) > 0
◦ ◦
pour tout t ∈ I (resp. f 0 (t) < 0 pour tout t ∈ I).

Remarque : On notera que cette condition suffisante n’est pas nécessaire !


Par exemple, la fonction t 7→ t3 de R dans R est strictement croissante, bien que sa dérivée
s’annule !
On a cependant le résultat suivant, que je laisse à titre d’exercice :

Théorème .14.
Soit f une fonction numérique continue sur un intervalle I quelconque de R, et dérivable en tout point

de I. Pour que f soit strictement croissante (resp. strictement décroissante) sur I, il faut et il suffit que sa
◦ ◦
dérivée soit positive (resp. négative) sur I et que l’ensemble Z = { x ∈ I tq f 0 ( x) = 0} des zéros de f 0 soit
d’intérieur vide.

Définition .8. Fonction convexe


Une fonction numérique f définie sur un intervalle I de R est dite convexe si :

∀( x, y) ∈ I 2 , ∀λ ∈ [0, 1], f λx + (1 − λ ) y 6 λ f ( x) + (1 − λ ) f ( y)


f est dite concave si − f est convexe.

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M.P Chap. 7 - Fonctions vectorielles 14

Interprétation géométrique :
f est convexe sur I si et seulement si le graphe de sa restriction à un sous-intervalle quelconque [ x, y] de I est
situé au-dessous de la corde joignant les points A de coordonnées ( x, f ( x)) et B de coordonnées ( y, f ( y)) :
En posant z = λx + (1 − λ  ) y, pour x < y et λ ∈]0, 1[ (ainsi x < z < y), un calcul élémentaire montre que
l’inégalité f λx + (1 − λ ) y 6 λ f ( x) + (1 − λ ) f ( y) est équivalente à l’une ou l’autre des inégalités suivantes :
f ( z) − f ( x) f ( y) − f ( x) f ( y) − f ( x) f ( y) − f ( z)
6 ; 6
z−x y−x y−x y−z
ces inégalités ne faisant que traduire les inégalités entre les pentes des droites ( AM), ( AB) et ( MB).
On en déduit donc :
Proposition .13.
Pour qu’une fonction numérique f définie sur un intervalle I de R soit convexe, il faut et il suffit que,
pour tout a ∈ I, la fonction Fa : I \ { a} −→ R soit croissante sur I \ { a}.
f (t) − f ( a)
t 7−→
t−a

Cette proposition permet de démontrer (en utilisant le théorème de la limite monotone) :

Théorème .15.
Une fonction convexe sur un intervalle ouvert I est continue sur I et admet en tout point de I une dérivée
à droite et une dérivée à gauche, qui sont des fonctions croissantes.

On se contentera, conformément au programme, du théorème suivant :

Théorème .16.
Pour une fonction f dérivable sur un intervalle I, les propriétés suivantes sont équivalentes :
 f est convexe sur I.
 f 0 est croissante sur I.
 Le graphe de f est situé au-dessus de toutes ses tangentes.

 Preuve :

(i) ⇒ (ii) Supposons f convexe, et soient x, y ∈ I, avec x < y. Pour tout z ∈] x, y[, on a :

f ( z) − f ( x) f ( y) − f ( x) f ( y) − f ( z)
6 6
z−x y−x y−z

En faisant tendre z vers x+ dans l’inégalité de gauche et z vers y− dans celle de droite, on obtient
f ( y) − f ( x)
f 0 ( x) 6 6 f 0 ( y), et, en particulier, f 0 est croissante.
y−x
(ii) ⇒ (iii) Supposons f 0 croissante sur I, et soit a ∈ I. L’équation de la tangente en a est y = f 0 ( a)( x −
a) + f ( a). On étudie donc la différence ϕ( x) = f ( x) − [ f 0 ( a)( x − a) + f ( a)]. ϕ est dérivable sur I,
et ϕ0 ( x) = f 0 ( x) − f 0 ( a). Ainsi ϕ0 ( x) est négative pour x 6 a et positive pour x > a ; ϕ est donc
décroissante puis croissante ; puisque ϕ( a) = 0, on en déduit que ϕ est toujours positive, ce qui est le
résultat voulu.
(iii) ⇒ (i) Supposons que le graphe de f est situé au-dessus de toutes ses tangentes, et montrons que
f est convexe. Soit donc x, y ∈ I, x < y et λ ∈ [0, 1]. Soit a = λx + (1 − λ ) y. En écrivant que la courbe

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15 Chap. 7 - Fonctions vectorielles M.P

de f est au-dessus de sa tangente en a, on obtient, en reprenant les calculs précédents : ∀t ∈ I, f (t) >
f 0 ( a)(t − a) + f ( a). Donc :

λ f ( x) + (1 − λ ) f ( y) > λ f 0 ( a)( x − a) + f ( a) + (1 − λ ) f 0 ( a)( y − a) + f ( a)


   

> f 0 ( a) λ ( x − a) + (1 − λ )( y − a) + f ( a)
 
| {z }
=0

> f ( a) = f λx + (1 − λ ) y

Proposition .14.
Pour qu’une fonction f définie et deux fois dérivable sur un intervalle I soit convexe sur I, il faut et il
suffit que l’on ait f 00 (t) > 0 pour tout t ∈ I.

 π
Application : La fonction sin est concave sur 0, (sa dérivée seconde y est négative). Sa courbe est donc
2
π
située sous sa tangente à l’origine et au-dessus de la corde joignant les points d’abscisse 0 et ,
2
ce qui donne l’inégalité importante :
h πi 2
∀ x ∈ 0, , x 6 sin x 6 x
2 π

Théorème .17. Inégalité de convexité généralisée


Soit f une fonction numérique convexe sur un intervalle
! I. Soient x1 , . . . , xn des points de I et λ1 , . . . , λn
n n n
des réels positifs tels que ∑ λi = 1. Alors : f ∑ λi xi 6 ∑ λi f (xi ) dite inégalité de Jensen.
i =1 i =1 i =1

Application : Soient x1 , . . . , xn des réels strictement positifs. On définit :


x1 + x2 + · · · + xn
– leur moyenne arithmétique a par : a =
n

n
– leur moyenne géométrique g par g = x1 x2 . . . xn
 
1 1 1 1 1
– leur moyenne harmonique h par : = + +···+
h n x1 x2 xn
Alors : h 6 g 6 a

 Preuve :
La fonction ln étant concave sur R∗+ (sa dérivée seconde étant négative), le théorème précédent permet
d’écrire : !
1 n 1 n √
ln ∑ > ∑ ln xi = ln n x1 x2 . . . xn
n i =1 n i =1
et en prenant l’exponentielle des deux membres, on obtient a > g.
1
L’autre inégalité s’obtient alors en remplaçant dans celle-ci les xi par . 
xi

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M.P Chap. 7 - Fonctions vectorielles 16

IV Accroissements finis

Théorème .18. Inégalité des accroissements finis


Soit f définie sur un intervalle [ a, b] (a < b) de R, à valeurs dans un espace vectoriel normé E. On
0
0 et de classe C par morceaux sur [ a, b]. Alors f est bornée sur [ a, b], et en notant
1
suppose
0 f continue
f = sup f (t) , on a :
∞ E
t∈[ a,b]
k f (b) − f ( a)k 6 f 0 ∞ (b − a)

 Preuve :

• Il existe une subdivision ( x0 , . . . , xn ) de [ a, b] telle que f 0 ]x



se prolonge en une fonction de classe
i −1 ,xi [
0
C sur chaque intervalle compact [ xi−1 , xi ]. f (ainsi prolongée) est continue donc bornée sur chaque
1

segment [ xi−1 , xi ], et par suite, elle est bornée sur [ a, b].


Z b
• f étant continue et C par morceaux sur [ a, b], on a f (b) − f ( a) =
1
f 0 (t) dt.
a
Donc Z b Z b
0
0
f (t) dt 6 f 0 (b − a)

k f (b) − f ( a)k E =
f (t) dt 6 ∞
a a

Proposition .15.

On suppose ici f continue sur [ a, b] et de classe C 1 par morceaux sur ] a, b[ ; on suppose de plus qu’il
0

existe un réel λ tel que : ∀t ∈] a, b[ , f (t) 6 λ Alors :

k f (b) − f ( a)k 6 λ (b − a)

 Preuve :
On applique le théorème précédent sur tout intervalle fermé [α, β] inclus dans [ a, b].
On a donc : k f (β) − f (α )k 6 λ (β − α ). Le résultat en découle en faisant tendre α vers a et β vers b (compte
tenu de la continuité de f ). 

Théorème .19.
Soit f : [ a, b] −→ K une application continue sur [ a, b] dérivable sur ] a, b]. Si f 0 possède une limite ` finie
en a alors f est dérivable en a et que f 0 ( a) = `.

1 1 π
Exemple : Montrer que la fonction f : x 7→ − pour x ∈]0, ] se prolonge en une fonction de classe
x sin x 2
π
C 1 sur [0, ].
2

Théorème .20.
Soit f : [ a, b] −→ K une application continue sur [ a, b] dérivable sur [ a, b[. Si f 0 possède une limite ` finie
en b alors f est dérivable en b et que f 0 (b) = `.

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17 Chap. 7 - Fonctions vectorielles M.P

Théorème .21.
Soit f : I −→ K et x0 ∈ I. On suppose que f est continue sur I, dérivable sur I \{ x0 } et que f 0 possède
une limite ` finie en x0 , alors f est dérivable en x0 et que f 0 ( x0 ) = `.

Théorème .22.
Soit f : I −→ K et x0 ∈ I. On suppose que f est continue sur I, de classe C 1 sur I \{ x0 } et que f 0 possède
une limite ` finie en x0 , alors f est dérivable en x0 et f 0 ( x0 ) = `, de plus f est de classe C 1 sur I.

Remarque : Si lim f 0 ( x) = ±∞ alors f n’est pas dérivable en x0 et C f possède une tangente verticale en
x→ x0
M0 ( x0 , f ( x0 )).

Théorème .23. Théorème de classe C k par prolongement


Soit f : I −→ K et x0 ∈ I. On suppose que :
 f est continue sur I.
 f est de classe C k sur I \{ x0 }.
 ∀ p ∈ {0, 1, . . . , k}, la fonction f ( p) possède une limite ` p finie en x0 .
Alors f est de classe C k sur I et que ∀ p ∈ {0, 1, . . . , k} : f ( p) ( x0 ) = ` p .

Théorème .24. Prolongement de la dérivée

Soit f une application de [ a, b] dans E, continue sur [ a, b] et de classe C 1 sur ] a, b]. Si f 0 admet une limite
` en a+ , alors f 0 est de classe C 1 sur [ a, b] et f 0 ( a) = `.

 Preuve :
Notons ` = lim f 0 (t), et soit g : t 7→ f (t) − `t. Soit ε > 0. Par définition de la limite :
t→ a+

∃α > 0 tq ∀t ∈] a, a + α ], f 0 (t) − ` 6 ε i.e g0 (t) 6 ε


D’après le corollaire précédent, on a donc

∀t ∈] a, a + α ], k g(t) − g( a)k 6 ε(t − a)

Ainsi, on a montré que :

∀ε > 0, ∃α > 0 tq ∀t ∈] a, a + α ], k f (t) − f ( a) − `(t − a)k 6 ε(t − a)

ou encore
f (t) − f ( a)
∀ε > 0, ∃α > 0 tq ∀t ∈] a, a + α ], − `

t−a
ce qui signifie que f est dérivable en a, et que f 0 ( a) = `.
Puisque f 0 ( a) = lim f 0 (t), f 0 est continue en a et, par suite, f est de classe C 1 sur [ a, b]. 
x→ a+

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M.P Chap. 7 - Fonctions vectorielles 18

Il est facile de déduire du théorème précédent (par récurrence) le résultat suivant :

Proposition .16.
Soit f : [ a, b] −→ E, continue sur [ a, b] et de classe C n sur ] a, b] (n ∈ N∗ ).
Si, pour tout k ∈ [ 1, n] , f (k) a une limite en a+ , alors f est de classe C n sur [ a, b].

2
(
e−1/ x si x 6= 0
Exemple : Soit f : x 7→ .
0 si x = 0
Montrer que f est de classe C ∞ sur R et calculer ses dérivées successives en 0.

V Développements limités

Théorème .25. Formule de Taylor avec reste intégrale

Soit f : I −→ E, de classe C n (n ∈ N) sur I et de classe C n+1 par morceaux sur I. Alors, pour tous a, b ∈ I :
n
( b − a )k (k) ( b − t )n (n+1)
Z b
f (b) = ∑ f ( a) + f (t) dt .
k=0
k! a n!

 Preuve :
( b − t )n (n+1)
Z b
Par récurrence sur n, en faisant une intégration par parties de f (t) dt. 
a n!

Proposition .17. Inégalité de Taylor-Lagrange

Soit f : I −→ E, de classe C n (n ∈ N) sur I et de classe C n+1 par morceaux sur I.


Alors, pour tous a, b ∈ I :

n n+1
( b − a )k (k) |b − a| (n+1) [a,b]

f (b) − ∑ f ( a) 6 f

k! (n + 1)! ∞

k=0

Théorème .26. Formule de Taylor-Young


Soit f : I −→ E, de classe C n (n ∈ N) sur I. Alors, pour tous a, x ∈ I :
n
( x − a )k (k)
f ( a) + o ( x − a)n

f ( x) = ∑
k=0
k!

 Preuve :
On écrit la formule de Taylor avec reste intégrale à l’ordre n − 1 :
n−1
( x − a )k (k) ( x − t )n−1 (n)
Z x
f ( x) = ∑ f ( a) + f (t) dt
k=0
k! a (n − 1)!

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19 Chap. 7 - Fonctions vectorielles M.P

Or
( x − t )n−1 (n) ( x − a )n (n)
Z x
f ( a) dt = f ( a)
a (n − 1)! n!
donc
n
( x − a )k (k) ( x − t )n−1  (n)
Z x
f (t) − f (n) ( a) dt

f ( x) = ∑ k! f ( a ) + r n ( x ) avec r n ( x ) =
k=0 a (n − 1)!
( x − t)n−1 | x − a|n
Z x
dt sup f (n) (t) − f (n) ( a) = sup f (n) (t) − f (n) ( a) .

On a alors : krn ( x)k 6

a (n − 1)! t∈[ a,x] n! t∈[ a,x]

Puisque lim sup f (n) (t) − f (n) ( a) = 0, on a rn ( x) = o ( x − a)n au voisinage de a, ce qui est la formule

x→ a
t∈[ a,x]
voulue. 
Remarque : La formule de Taylor-Young donne donc l’existence d’un développement limité d’ordre n en a
lorsque f est de classe C n .
Cependant, une fonction peut admettre un développement limité d’ordre n en un point a sans
y être n fois dérivable.
Exemple : Soit f : R −→ R   .
 x3 sin 1

si x 6= 0
x 7−→ x
0 si x = 0

Alors f admet en 0 le développement limité  d’ordre


 ) = o ( x 2 ).
2 : f ( x
1 1
Cependant, pour x 6= 0, f 0 ( x) = 3x2 sin − x cos et f 0 (0) = 0 (par le théorème de
x x
f 0 ( x) − f 0 (0)
prolongement de la dérivée), donc le rapport n’a pas de limite quand x tend vers
x−0
0, c-à-d que f n’est pas deux fois dérivable en 0.

Théorème .27. Intégration d’un développement limité


Soit f : I −→ E, continue par morceaux, et a ∈ I. Si f admet en a le développement limité d’ordre
n Z x
k n
n : f ( a + h) = ∑ ak h + o(h ), alors la fonction F : x 7→ f (t) dt admet en a le développement limité
k=0 a
d’ordre n + 1 :
n
ak k+1
F ( a + h) = ∑ h + o ( hn+1 )
k=0
k + 1

 Preuve :
n
ak k+1
Soit g : h 7→ F ( a + h) − ∑ h . F étant une primitive de f , la fonction g est dérivable au voisinage
k=0
k+1
n
de 0, et g0 (h) = f ( a + h) − ∑ a k h k = o ( h n ).
k=0
Cela signifie que, si on se donne ε > 0 :

∃α > 0 tq ∀h ∈] − α, α [ , g0 (h) 6 ε |h|n .


On a alors, pour |h| < α :

| h |n+1
Z h Z h
0
6 ε | h |n+1
0
| g(h) − g(0)| =
g (t) dt 6
g (t) dt 6 ε

0 0 n + 1

Or g(0) = 0 donc la propriété ci-dessus signifie que g(h) = o(hn+1 ), ce qu’il fallait démontrer.

Mr. FARESS Moussa Année 2022/2023


M.P Chap. 7 - Fonctions vectorielles 20

Théorème .28. Dérivation d’un développement limité

Soit f : I −→ E, continue par morceaux, et a ∈ I. Si f est de classe C 1 et si f 0 admet en a un développe-


ment limité d’ordre n, alors f admet en a un développement limité d’ordre n + 1.
n+1
Si ce développement limité s’écrit f ( a + h) = ∑ ak hk + o(hn+1 ), alors le développement limité de f 0 sera
k=0

n
f 0 ( a + h) = ∑ ( k + 1 ) ak+1 hk + o ( hn ) .
k=0

 Preuve :
Conséquence immédiate du résultat précédent. 

VI Courbe paramétrée plane de classe C ∞

Définition .9. Courbe paramétrée

◦ On appelle courbe paramétrée plane toute application f : I −→ R2 où I est un


t 7−→ f (t) = ( x(t), y(t))
intervalle de R. n o
◦ L’ensemble Γ = M(t) = ( x(t), y(t)) ∈ R2 / t ∈ I est appelé le support de la courbe.
◦ Le couple ( I, f ) est dit un paramétrage de Γ .
◦ La courbe est dite de classe Cn (resp. C∞ ) si f est de classe Cn (resp. C∞ ) sur I.

Remarque : Dans la suite , on identifiera M(t) et f (t).

A - Exemples classiques.

1/ Paramétrage(d’une droite :
x(t) = 1 − t
Le système , t ∈ R est un paramétrage de la droite passant par le point (1, −2) et de
y(t) = −2 + 3t
vecteur directeur (−1, 3).
2/ Paramétrage trigonométrique
( du cercle trigonométrique :
x(t) = cos t
On considère , t ∈ R. Pour tout t ∈ R, M(t) appartient au cercle trigonométrique.
y(t) = sin t
Réciproquement, quelque soit M un point du cercle trigonométrique, il existe t ∈ R (il en existe même une
( coordonnées ( x(t), y(t)).
infinité !) tel que M ait pour
x(t) = cos t
On peut donc dire que , t ∈ R est un paramétrage du cercle trigonométrique ou que le
y(t) = sin t
(
x(t) = cos t
cercle trigonométrique est paramétré par , t ∈ R.
y(t) = sin t

Année 2022/2023 C.P.G.E. Meknès


21 Chap. 7 - Fonctions vectorielles M.P

Remarques :
2/1. Ici le paramètre t a une interprétation géométrique puisque c’est une mesure de l’angle
−→\ −−−−→
i , OM(t) .
2/2. Une même courbe peut être paramétrée de plusieurs façons.
(
x(t) = cos t
2/2.1. , t ∈ [0, 2π [ est aussi un paramétrage du cercle trigonomé-
y(t) = sin t
trique.
(
x(t) = cos(ωt + φ)
2/2.2. Si ω 6= 0, , t ∈ R est encore un autre paramétrage du
y(t) = sin(ωt + φ)
cercle trigonométrique.
3/ Paramétrage rationnel du cercle trigonométrique :
2
 x(t) = 1 − t


1 + t2 , t ∈ R. Comme tan est bijective de − π , π , il existe θ ∈] − π , π [ tel que
i h
On considère
 y(t) = 2t
 2 2
1 + t2
θ
t = tan . On a alors x(t) = cos θ et y(t) = sin θ. Par conséquent, M(t) appartient au cercle trigonomé-
2
trique privé du point A(−1, 0).
Réciproquement, soit M un point du cercle trigonométrique distinct du point A. Il existe donc θ ∈] − π, π [
θ
tel que M ait pour coordonnées (cos θ, sin θ ). On pose alors t = tan . Ainsi M a pour coordonnées
2
( x(t), y(t)).
2
 x(t) = 1 − t


On peut donc dire que 1 + t2 , t ∈ R est un paramétrage du cercle trigonométrique privé de A
 y(t) = 2t

1 + t2
2
 x(t) = 1 − t


ou que le cercle trigonométrique privé de A est paramétré par 1 + t2 , t ∈ R.
 y(t) = 2t

1 + t2
Remarque : Là encore, le paramètre t a une interprétation géométrique puisqu’il s’agit de l’ordonnée de
l’intersection de (OM(t)) avec l’axe des ordonnées.
4/ Paramétrage de
( l’hyperbole :
x(t) = cosh t
On considère , t ∈ R. Soit H la courbe d’équation cartésienne x2 − y2 = 1. Il s’agit d’une
y(t) = sinh t
hyperbole. Pour tout t ∈ R, M(t) ∈ H.
Réciproquement, quelque soit M un point de l’hyperbole d’abscisse positive, il existe t ∈ R tel que M ait
pour coordonnées ( x(t), y(t)).

Exercice .1.
Donner un paramétrage d’une ellipse, d’une parabole, et d’une hyperbole.

B - Interprétation cinématique.

Ici le paramètre t désigne le temps. On considère un point mobile M(t) de coordonnées ( x(t), y(t)). La courbe
paramétrée par t 7→ (( x(t), y(t)) s’appelle la trajectoire du point mobile. Le vecteur ~f 0 (t) est le vecteur vitesse
en t et le vecteur ~f 00 (t) est le vecteur accélération en t.

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M.P Chap. 7 - Fonctions vectorielles 22

Exemple : On lance un mobile à une vitesse −



v . On suppose que le mobile est soumis à la seule pesanteur.
On sait exprimer ses coordonnées en fonction du temps dans un repère adapté :

 x(t) = v x t
(∗)
 y(t) = v y t − 1 gt2
2
La trajectoire du mobile est une parabole paramétrée par les relations (∗).

Définition .10. Changement de paramétrage

◦ On dit que deux courbes paramétrées ( I, f ) et ( J, g) sont C ∞ -équivalentes s’il existe un C ∞ -


difféomorphisme ϕ de I sur J , appelé changement de paramétrage, tel que : f = goϕ.
◦ Dans ce cas, les supports de f et de g sont les mêmes. On dit que g est un paramétrage admissible du
support de f .
◦ Si ϕ est croissant, on dit que ( I, f ) et ( J, g) sont C ∞ -équivalentes et de même orientation.

Exemples :  
x(t) = 2 + 3t x(t) = 2 + 3(2t + 1)
1. , t ∈ R et , t ∈ R sont C ∞ -équivalentes et de même
y(t) = 1 + 4t y(t) = 1 + 4(2t + 1)
orientation.
 
x(t) = 2 + 3t x(t) = 2 + 3(−2t + 1)
2. , t ∈ R et , t ∈ R sont C ∞ -équivalentes et
y(t) = 1 + 4t y(t) = 1 + 4(−2t + 1)
d’orientation opposée.

Définition .11. Points multiples


Soit Γ = ( I, f ) une courbe paramétrée plane et M ∈ Γ .
◦ M est dit multiple s’il existe t1 , t2 , . . . , tn de I deux à deux distincts tels que :
M = f ( t 1 ) = f ( t 2 ) = . . . = f ( t n ).
n = 2 on parle de point double, n = 3 on parle de point triple....
◦ Un point qui n’est pas multiple est dit simple.
◦ Γ est dite simple si tous ses points sont simples.

Exercice .2.
Trouver les points multiples de la courbe paramétrée dans les cas suivants :
t2
 
 x(t) = 2t + t2  x(t) =
 
t − 1 x(t) = cos 3t
Γ1 : 1 Γ2 : Γ3 :
 y(t) = 2t − 2  y(t) =
 t y(t) = sin 2t
t t2 − 1

VII Etude locale d’une courbe paramétrée

Soit Γ = ( I, f ) une courbe paramétrée plane de classe C ∞ et t0 ∈ I.

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23 Chap. 7 - Fonctions vectorielles M.P

Définition .12. Points réguliers, points singuliers

◦ Le point M(t0 ) = f (t0 ) est dit régulier si f 0 (t0 ) 6= (0, 0). Sinon il est dit singulier (ou stationnaire).
◦ Γ est dite régulière si tous ses points sont réguliers.
◦ Le point M(t0 ) = f (t0 ) est dit birégulier si ( f 0 (t0 ), f ”(t0 )) est libre dans R2 .

Remarque : M(t0 ) = f (t0 ) est dit birégulier si et seulement si det( f 0 (t0 ), f ”(t0 )) 6= 0.

Exercice .3.
Dire si le point f (t0 ) est régulier, singulier ou birégulier dans les cas suivants :

x(t) = t2
 
x(t) = cos(t)
Γ1 : t0 ∈ R ; Γ2 : t0 = 0 .
y(t) = sin(t) y(t) = t3
x(t) = t2
 
x(t) = cosh(t) − 1
Γ3 : 3 t0 ∈ R ; Γ3 : t0 = 0
y(t) = t + 1 y(t) = sinh(t)

Définition .13. Tangente en un point


S’il existe une application λ : I − {t0 } → R qui ne s’annule pas au voisinage de t0 et que f (t) 6= f (t0 ) au
voisinage de t0 telle que :
−−−−−−−→ →
lim λ (t).( f (t) − f (t )) = lim λ (t). M(t ) M(t) = −
0 0 u 6= (0, 0)
0
t→t0 t→t0
On dit que Γ admet une tangente en t0 (ne pas dire au point M(t0 )) dirigée par le vecteur −

u0 .

x(t) = t2

Exemple : Soit Γ la courbe plane de paramétrage , t ∈ R.
y(t) = t3
1
On a : f (t) − f (0) = (t2 , t3 ) et λ (t) =
, alors lim λ (t).( f (t) − f (0)) = (1, 0).
t2 t→0

Remarques : On suppose que f (t) 6= f (t0 ) au voisinage de t0 et − →u (t) un vecteur directeur de ( Dt ) la droite
passant par M(t0 ) et M(t) .
• Γ admet une tangente en t ⇐⇒ lim − 0
→u (t) = −

u 6= (0, 0). 0
t→t0
• Γ admet une tangente en t0 ⇐⇒ la droite ( Dt ) admet une position limite quand t tend vers
t0 .(Écrire une équation cartésienne de ( Dt ) et déduire celle de la tangente).
• On définit de même les demi-tangentes à droite (à gauche) en t0 .

Théorème .29. Tangente en un point régulier

Si M(t0 ) est un point régulier, alors −



u0 = f 0 (t0 ) est un vecteur directeur de la tangente en t0 .

Exercice .4.
x(t) = 3.t2

Déterminer la tangente à Γ en t0 = 1 et la tracer avec : Γ : ,t ∈ R
y(t) = 2.t3

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M.P Chap. 7 - Fonctions vectorielles 24

Théorème .30. Tangente en un point singulier

Si M(t0 ) est un point singulier ( f 0 (t0 ) = (0, 0)),On a alors :


y(t) − y(t0 ) y0 (t)
• Si lim = m0 ∈ R (resp.lim 0 = m0 ∈ R ), alors Γ admet une tangente en t0 de
t→t0 x ( t ) − x ( t 0 ) t→t0 x ( t )
−→
coefficient directeur m0 et u 0 = (1, m0 ) est un vecteur directeur .
y(t) − y(t0 ) y0 (t)
• Si lim = ±∞ (resp.lim 0 = ±∞ ), alors Γ admet une tangente verticale en t0 .
t→t0 x ( t ) − x ( t 0 ) t→t0 x ( t )

Exercice .5.
Donner une équation cartésienne de la tangente à Γ en t0 = 0 et la tracer où :
x(t) = 3.t2

Γ: ,t ∈ R
y(t) = 2.t3

Proposition .18. Formule de Taylor


n
( t − t0 )k (k)
∑ k! f (t0 ) + (t − t0 )n .ε(t) où t 7→ ε(t) est définie au
Pour tout n de N, on a : f (t) = f (t0 ) +
k=1
voisinage de t0 à valeurs dans R2 et telle que : lim kε(t)k = 0.
t→t0

Exercice .6.

1. Donner le DL5 (0) de f (t) = (cos(t), sin(t)).


 
t
2. Donner le DL4 (0) de f (t) = , ln(1 + t) .
1+t
3. En déduire, dans les deux cas, la tangente en f (0).

Définition .14. Entiers caractéristiques


n o n o
On pose : p = min k ∈ N∗ / f (k) (t0 ) 6= (0, 0) et q = min k ∈ N∗ / ( f ( p) (t0 ), f (k) (t0 )) est libre .
L’entier p est dit le premier invariant et l’entier q est dit le second invariant, ils sont appelés les entiers
caractéristiques de Γ .

Théorème .31. Tangente en un point


 
• f (t0 ), f ( p) (t0 ), f (q) (t0 ) est un repère de R2 .
p q

 f (t) = f (t0 ) + (t − t0 ) (1 + ε1 (t)) f ( p) (t0 ) + (t − t0 ) (1 + ε2 (t)) f (q) (t0 ).

• p! p!
 lim ε1 (t) = lim ε2 (t) = 0.

t→t0 t→t0

• Γ admet une tangente en t0 dirigée par le vecteur f ( p) (t0 ). Une équation cartésienne de cette tangente
est donnée par : y( p) (t0 )( x − x(t0 )) = x( p) (t0 )( y − y(t0 )).

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25 Chap. 7 - Fonctions vectorielles M.P

Définition .15. Nature d’un point M(t0 )

On pose : − →u = f ( p) ( t0 ) , −

v = f (q) (t0 ), le repère ( M(t0 ), −

u ,−

v ) est appelé repère mobil ou local en
M(t0 ) et on a :
◦ Si p est impair et q est pair, on dit que M(t) est un point ordinaire.
◦ Si p est impair et q est impair, on dit que M(t) est un point d’inflexion.
◦ Si p est pair et q est pair, on dit que M(t) est un point de rebroussement de 2nd espèce.
◦ Si p est pair et q est impair, on dit que M(t) est un point de rebroussement de 1ier espèce.

Exercice .7.

1. Illustrer les situations précédentes sur des schémas.


2. Déterminer le(s) point(s) singulier(s) et donner sa nature dans les cas suivants2:
 x(t) = t + 1
x(t) = et − t − 1
 
Γ1 : Γ2 : 2t .
y(t) = (t + 1)(t2 + 2t − 2)  y(t) = 2t − 1

t2

 x(t) = sin t
x(t) = t2 + t3

Γ3 : 2
cos t Γ :
4
 y(t) = y(t) = t4 + t5
2 − cos t

VIII Tracé d’une courbe paramétrée plane

Soit Γ = ( I, f ) une courbe paramétrée plane de classe C ∞ et t0 ∈ I.

Définition .16. Branches infinies


On dit que la courbe Γ = ( I, f ) admet une branche infinie en t0 si lim k f (t)k = +∞.
t→t0

Remarque : La courbe paramétrée Γ admet une branche infinie en t0 si l’une au moins des deux fonctions
| x| ou | y| tend vers +∞ en t0 .

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M.P Chap. 7 - Fonctions vectorielles 26

Classification des branches infinies


→ Si lim x(t) = m ∈ R et lim y(t) = ±∞, alors Γ admet une asymptote verticale d’équation carté-
t→t0 t→t0
sienne : x = m.
→ Si lim y(t) = m ∈ R et lim x(t) = ±∞, alors Γ admet une asymptote horizontale d’équation
t→t0 t→t0
cartésienne : y = m.
y(t)
→ Si lim x(t) = ±∞ et lim y(t) = ±∞, on calcule a = lim .
t→t0 t→t0 t→t0 x(t)
• Si a = ±∞, alors Γ admet une branche parabolique de direction (Oy).
• Si a = 0, alors Γ admet une branche parabolique de direction (Ox).
• Si a ∈ R∗ , Alors :
∗ Si lim ( y(t) − a.x(t)) = ±∞, alors Γ admet une branche parabolique de direction la
t→t0
droite d’équation y = a.x.
∗ Si lim ( y(t) − a.x(t)) = b, alors Γ admet une asymptote, c’est la droite d’équation y =
t→t0
a.x + b.
→ Si lim f (t) = ( a, b), alors Γ admet le point A( a, b) comme point limite.
t→±∞

Exercice .8.
Étudier les branches infinies de
 la courbe paramétrée dans les cas suivants :
t 2
x(t) = tet
(
 x(t) =

Γ1 : t − 1 Γ2 : 1 t .
 y(t) =
 t y(t) = e
t2 − 1 t

 1 
 x(t) =
  x(t) = t − 1

ln(t) t
Γ3 : Γ4 : 1
 y(t) =
 t2  y(t) = t +

t−1 t2

A - Réduction du domaine de définition (Domaine d’étude).

→ S’il existe T > 0 telque : ∀t∈ I : t + T ∈ I et f (t + T ) = f (t) , alors Γ est entièrement obtenue en étudiant
T T
f sur I ∩ [0, T [ ou I ∩ − , .
2 2
→ On suppose que I est symétrique par rapport à 0.

t 7→ x(t) est paire t 7→ x(t) est impaire


t 7→ y(t) Etude sur I ∩ [0, +∞[ Etude sur I ∩ [0, +∞[
est paire Γ entièrement obtenue sur I ∩ [0, +∞[ Γ est symétrique par rapport à (Oy)
t 7→ y(t) Etude sur I ∩ [0, +∞[ Etude sur I ∩ [0, +∞[
est impaire Γ est symétrique par rapport à (Oy) Γ est symétrique par rapport à l’origine

→ On suppose que I est symétrique par rapport à 0.


• Si x(−t) = y(t) et y(−t) = x(t) alors Γ est symétrique par rapport à la droite ( D ) : y = x et on étudie f
sur I ∩ [0, +∞[.
• Si x(−t) = − y(t) et y(−t) = − x(t) alors Γ est symétrique par rapport à la droite ( D0 ) : y = − x et on
étudie f sur I ∩ [0, +∞[.
hα h
→ S’il existe α ∈ R tel que : f (α − t) = f (t), on étudie f sur I ∩ , +∞ .
2
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27 Chap. 7 - Fonctions vectorielles M.P

B - Etude d’exemples.
Plan d’etude
Pour étudier une courbe Γ = ( I, f ), on suit, généralement, le plan suivant :
7→ Déterminer Dx ,D y et D f = Dx ∩ D y et le réduire
7→ Étudier les variations de x et y et les représenter dans un tableau à deux entrées.
7→ Déterminer les tangentes aux points remarquables.
7→ Étudier les branches infinies
7→ Tracer Γ .
7→ Déterminer les points multiples si le tracé les faits apparaître.

 x(t) = t + 1

On considère la courbe Γ donné par M(t) t
1.
2 1 . Préciser une équation cartésienne du support
 y(t) = t +

t2
de Γ . Étudier les points stationnaires.

1
 x(t) =

2. Étudier les branches infinies de Γ : t . Étudier avec précision leur position par rapport à Γ .
1
 y(t) =

 et − 1
 x(t) = sin t
3. Construire Γ : cos2 t . Étudier avec précision les points de rebroussement.
 y(t) =
2 −cos t
x(t) = 3 cos t − cos 3t
4. Construire la néphroïde Γ : . En donner une interprétation géométrique (on pourra
y(t) = 3 sin t − sin 3t
remarquer que M(t) = 3eit − e3it ).
t

 x(t) =

5. Construire Γ : t − 1 . Étudier avec précision les asymptotes.
t 2
 y(t) =

t−1
2

 x(t) = t

6. Construire Γ : t − 1 . Étudier avec précision les points doubles, la nature des branches infinies
 y(t) = t

t2 − 1
et les asymptotes.
x(t) = tet
(
7. Construire Γ : 1 . Étudier avec précision les branches infinies et les points d’inflexion.
y(t) = et
t

IX Courbe paramétrée en coordonnées polaires



→ −
→ → −
→ −

Pour θ de R. On pose : −

uθ = cos(θ ) i + sin(θ ) j et −
vθ = − sin(θ ) i + cos(θ ) j

Définition .17. Coordonnées polaires

On appelle système de coordonnées polaires d’un point M de R2 tout couple (r, θ ) de R × R tel que :
−−→ −

OM = r.−

uθ , On écrit M(r, θ ). L’axe (O, i ) est appelé l’axe polaire.

Exercice .9.
Représenter les points suivants dansle plan R2 :
π π  π  π
A(1, 0); B(3, π ); C 2, ; D 2, − ; E −3, ; F −5, − .
4 3 6 3

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M.P Chap. 7 - Fonctions vectorielles 28

Remarques :
1. Tout point M de R2 admet au moins un système de coordonnées polaires (r, θ ) donné par :
• Si M = O alors (r, θ ) = (0, θ ) pour tout θ de R.
 
 r = OM  r=−OM

→ −−→ −
→ −−→
  
• Si M 6= O alors ou
 θ ≡ i , OM [2π ]  θ ≡ i , OM + π [2π ]

2. Soit M de R2 de coordonnées cartésiennes ( x, y), de coordonnés polaires (r, θ ) on a :


x = r cos θ et y = r sin θ.
3. Les applications θ 7−→ uθ , θ 7−→ −

→ →
vθ sont de classe C ∞ et on a : −

uθ = − →u θ+k π2 , −

(k) (k)
vθ =

→v π
θ +k 2

Proposition .19. Théorème de relèvement


Soit Γ = ( I, f ) une courbe paramétrée plane de classe C ∞ . Il existe deux fonctions réelles r : t 7→ r(t) et
θ : t 7→ θ (t) de classe C ∞ sur I telles que : f (t) = r(t).−

u θ (t) .

Remarque : L’étude générale des applications θ : t 7−→ θ (t) sort du cadre du nouveau programme de
M.P.S.I. On se limite dans la suite au cas particulier θ (t) = t = θ, et on pose : r(t) = r(θ ).

Définition .18.
Soit Γ = ( I, f ) une courbe paramétrée de classe C ∞ telle que : ∀θ ∈ I, f (θ ) = r(θ ).−

uθ .
On dit que r = r(θ ) est une équation polaire de Γ . Ainsi (r(θ ), θ ) est un système de coordonnées polaires
du point M(θ ) = f (θ ).

Théorème .32. Equation polaire d’une droite de R2


Soit ( D ) la droite d’équation cartésienne : ( D ) : ax + by = c.
• Si ( D ) passe par l’origine alors, on a ( D ) : θ = α [π ] où α est l’angle polaire de ( D )
γ
• Si ( D ) est parallèle à (Ox) alors, on a ( D ) : r =
sin θ
δ
• Si ( D ) est parallèle à (Oy) alors, on a ( D ) : r =
cos θ
p
• Sinon , on a ( D ) : r = où p est la distance de O à ( D ) et β est l’angle polaire de ( D )
cos(θ − β)

Exercice .10.

−2 2
1. Tracer les ensembles de points M(r, θ ) suivants : r = ; r= .
cos θ − π4 sin (θ )

2. Déterminer une équation polaire de la droite : x − 3y = 1.

Proposition .20. Equation polaire d’un cercle

Soit C un cercle de centre Ω( a, b) et de rayon R > 0, et M = (r, θ ) ∈ R2


→ Si Ω = O alors : M ∈ C ⇐⇒ r = R.

→ −→
→ Si C passe par O alors : M ∈ C ⇐⇒ r = 2R cos(θ − α ) avec ( i , OΩ) ≡ α [2π ]

Année 2022/2023 C.P.G.E. Meknès


29 Chap. 7 - Fonctions vectorielles M.P

Exercice .11.
Reconnaître et dessiner les ensembles suivants :  
 π 2π
E : r = 3 cos θ − F : r = 3 cos θ +
 3 π 3
G : r = −2 cos θ − H : r = −1
3

Théorème .33. Equation polaire d’une conique de R2


p
Une équation polaire de (Γ) dans le repère focal est : r = .
1 − e cos θ

Exercice .12.
Construire les courbes d’équations polaires respectives :
1 1 1
1) r = ; 2) r = ; 3) r = .
2 − cos θ 1 + sin θ 2 + sin θ + cos θ

Exercice .13.
Déterminer l’image du cercle unité par l’application :
1
f : M( z) 7−→ M0 ( z0 ) telle que : z0 = .
1 + z + z2

A - Réduction de l’ensemble de définition (domaine d’étude).


Soit Γ une courbe paramétrée de classe C ∞ d’équation polaire : r = r(θ ), θ ∈ I.
a) Périodicité :
→ On suppose qu’il existe α > 0 tel que : ∀θ ∈ I : θ + α ∈ I et r(θ + α ) = r(θ ) , alors :
• Le point M(θ + α ) est l’image de M(θ ) par la rotation de centre O et d’angle α.
i α αi
• On se limite, pour étudier Γ , à I ∩ [0, α [ ou I ∩ − , .
2 2
• On complète ensuite la représentation obtenue en lui appliquant les rotations de centre O et d’angles
α, 2α, 3α, . . . , −α, −2α, −3α, . . .
→ En particulier :
• α = 2π,alors
i α αlai courbe n’a pas besoin d’être complétée, elle est entièrement obtenue sur I ∩ [0, α [
ou I ∩ − , .
2 2
• α = 2kπ , (k ∈ Zi),alors la courbe n’a pas besoin d’être complétée, elle est entièrement obtenue sur
α αi
I ∩ [0, α [ ou I ∩ − , .
2 2
• α = π,Etude sur I ∩ [0, π [ et on complète la courbe en lui appliquant seulement la symétrie de
centre O.
2kπ
• α= , (k ∈ Z),alors on complète la courbe en lui appliquant seulement les rotations de centre
n
O et d’angles α, 2α, 3α, . . . , (n − 1)α.

→ Anti-périodicité :On suppose qu’il existe α > 0 tel que : ∀θ ∈ I : θ + α ∈ I et r(θ + α ) = −r(θ ) , alors :
• Le point M(θ + α ) est l’image de M(θ ) par la rotation de centre O et d’angle α + π.

Mr. FARESS Moussa Année 2022/2023


M.P Chap. 7 - Fonctions vectorielles 30

i α αi
• On se limite, pour étudier Γ , à I ∩ [0, α [ ou I ∩ − , .
2 2
• On complète ensuite la représentation obtenue en lui appliquant les rotations de centre O et d’angles
α + π , 2α + π, 3α + π, . . . , −α + π , −2α + π , −3α + π , . . .
b) Symétrie : On suppose que I est symétrique par rapport à θ0 ∈ R.
• Si r(θ0 + θ ) = r(θ0 − θ ), le point M(θ0 + θ ) est le symétrique de M(θ0 − θ ) par rapport a la droite
d’équation polaire θ = θ0 .
• Si r(θ0 + θ ) = −r(θ0 − θ ), le point M(θ0 + θ ) est le symétrique de M(θ0 − θ ) par rapport a la droite
π
d’équation polaire θ = θ0 + .
2

En particulier :(θ0 = 0)
• Si r est paire alors la courbe est symétrique par rapport à l’axe (Ox) .
• Si r est paire alors la courbe est symétrique par rapport à l’axe (Oy).

c) Cas fréquents : • Si r(θ + π ) = r(θ ), on étudie sur un intervalle de longueur π puis on complète par la
rotation de centre l’origine et d’angle π (c-à-d par la symétrie de centre O.)
• Si r(θ + π ) = −r(θ ), la courbe est complètement parcourue sur un intervalle de longeur π.
• Si r(−θ ) = r(θ ), il y a symétrie par rapport à (Ox).
• Si r(π − θ ) = r(θ ), il y a symétrie par rapport à (Oy).
π 
• Si r − θ = r(θ ), il y a symétrie par rapport à y = x.
2 

• Si r − θ = r(θ ), il y a symétrie par rapport à y = − x.
2
• Si r(−θ ) = −r(θ ), il y a symétrie par rapport à (Oy).
• Si r(π − θ ) = −r(θ ), il y a symétrie par rapport à (Ox).
π 
• Si r − θ = −r(θ ), il y a symétrie par rapport à y = − x.
2 

• Si r − θ = −r(θ ), il y a symétrie par rapport à y = x.
2
B - Tangente en un point.
Soit Γ = ( I, f ) une courbe paramétrée de classe C ∞ d’équation polaire : r = r(θ ), θ ∈ I.
Pour tout θ de I : f (θ ) = r(θ ).−

uθ et f 0 (θ ) = r0 (θ ).−

uθ + r(θ ).−

vθ .

Proposition .21.

Le point d’angle polaire θ0 est un point singulier si et seulement si r(θ0 ) = r0 (θ0 ) = 0.

Proposition .22. Tangente


r(θ )
Pour θ ∈ I, on définit l’angle V (θ ) modulo π par : tan V (θ ) = .
r0 (θ )
→ Si r(θ0 ) 6= 0, alors la courbe admet une tangente en M(θ0 ) faisant un angle V (θ0 ) avec −
u→θ0 .
→ Si r(θ0 ) = 0 et r (θ0 ) 6= 0, alors la courbe admet une tangente en M(θ0 ) = O dirigée par le vecteur −
0 →
u θ0 .
On parle de tangente au pôle.
r
→ Si r(θ0 ) = r0 (θ0 ), on peut étudier les limites lim 0 qui donne tan V (θ0 ).
θ0 r

Remarque : En particulier, si r0 (θ0 ) = 0, la tangente est dirigée par −


v→
θ0 , On dit que la tangente est orthora-
diale.

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31 Chap. 7 - Fonctions vectorielles M.P

Méthode Pour déterminer

→ la tangente en un point distinct de l’origine :


Si f (θ0 ) 6= (0, 0)(origine), alors r(θ0 ) 6= 0 d’où f 0 (θ0 ) 6= (0, 0) et donc M(θ0 ) est un point régulier et la
tangente en θ0 est dirigée par f 0 (θ0 ).
(r0 (θ0 ), r(θ0 )) sont les coordonnées du point M(θ0 ) dans le repère ( M(θ0 ), − u→ −

θ0 , vθ0 ).
→ la tangente à l’origine.
Si f (θ ) 6= (0, 0) pour θ 6= θ0 alors la droite ( M(θ0 ) M(θ )) est dirigée par le vecteur − →
uθ . On a : lim −→
uθ = −
u→
θ0 .
θ →θ0
Alors Γ admet une tangente en θ dirigée par −
0 u→. c-à-d la droite d’équation polaire θ = θ .
θ0 0

Exercice .14.
Tracer l’allure de Γ autour du point M(θ0 ) = (0, 0).

Proposition .23. Points d’inflexion


Soit θ0 ∈ I. On suppose que M(θ0 ) est un point régulier. Alors le support de la courbe paramétrée admet
un point d’inflexion en M(θ0 ) si et seulement si r2 + 2r02 − rr00 s’annule en θ0 en changeant de signe.

Remarque : Les points d’inflexion sont également les points où θ 7→ V (θ ) + θ change de sens de variation
 00
1 1
ou encore les points où + s’annule en changeant de signe.
r r
C - Branches infinies.
Soit Γ une courbe paramétrée de classe C ∞ d’équation polaire r = r(θ ) et θ0 ∈ I.
• Cas θ0 = ±∞ :
→ Si lim r(θ ) = ±∞, on dit que Γ admet une branche en spirale sortante (Faire un dessin).
θ →θ0
→ Si lim r(θ ) = r0 ∈ R∗ , on dit que Γ admet un cercle asymptote C (O, |r0 |) (Faire un dessin).
θ →θ0
→ Si lim r(θ ) = 0, on dit que Γ admet une branche en spirale entrante (ou possède O(0, 0) comme point
θ →θ0
limite) (Faire un dessin).
• Cas θ0 ∈ R : On se place dans le repère (O, − u→ −

θ0 , vθ0 ). Dans ce repère, les coordonnées du point M sont
(r(θ ) cos(θ − θ0 ), r(θ ) sin(θ − θ0 )). On en déduit donc :
→ Si lim r(θ ) = ±∞, on dit que la droite ( D ) : θ = θ0 est une direction asymptotique de Γ .
θ →θ0
→ Si lim r(θ ) sin(θ − θ0 ) = ±∞, alors la courbe admet une branche parabolique de direction la droite
θ →θ0
d’équation polaire θ = θ0 .
→ Si lim r(θ ) sin(θ − θ0 ) = l ∈ R, alors la courbe admet comme asymptote la droite d’équation Y = l dans
θ →θ0
le repère (O, −u→, −
θ0v→).
θ0

D - Points multiples.
Soit Γ une courbe paramétrée de classe C ∞ d’équation polaire r = r(θ ) et M ∈ Γ .
M est un point multiple ⇐⇒ ∃θ 6= θ 0 / M = f (θ ) = f (θ 0 )
r(θ 0 ) = r(θ ) r(θ 0 ) = −r(θ )
 
⇐⇒ 0 ou
θ = θ + 2kπ θ 0 = θ + π + 2kπ
 
r(θ + 2kπ ) = r(θ ) r(θ + π + 2kπ ) = −r(θ )
⇐⇒ ou
k ∈ Z∗ k ∈ Z∗

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E - Etude d’exemples.

Plan d’étude
Pour étudier une courbe définie par un équation polaire r = r(θ ) .
1. On cherche l’intervalle (ou les intervalles) de définition de r on precise la régularité la fonction r.
2. On cherche d’éventuelles symétries et/ou périodicité afin de réduire le domaine d’étude.
3. On dresse le tableau de variation de r.
4. On précise les passages par l’origine ( r(θ ) = 0 ) avec allure du point.
5. On précise les points de tangente orthoradiale avec allure.
6. On étudie les éventuelles branches infinies avec allure
7. On représente la courbe après avoir éventuellement dresser une ébauche et complete l’étude par
la précision d’autres points,

Exercice .15.
Étudier et tracer la courbe Γ dans les cas suivants :
1. Γ : r = 1 + cos θ 2. Γ : r = sin 3θ 
θ
3. Γ : r = sin 2θ 4. Γ : r = sin
2

F ii n
n

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