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Analyse hilbertienne, compléments d’analyse - 2019/20 UPEM

Polynômes de Tchebychev et autres polynômes orthogonaux.

A) Première partie. Les polynômes de Tchebychev


1) Soit n ∈ N un entier naturel. On cherche un polynôme Tn tel que

∀θ ∈ R, Tn (cos θ) = cos(nθ). (1)

a) Déterminer T0 , T1 et T2 .
b) Montrer qu’il existe un unique polynôme Tn vérifiant (1)
Indications. Pour l’existence, vous penserez à utiliser la formule de Moivre. Et pour l’unicité, vous
n’oublierez pas que vous travaillez avec des polynômes.
2) Montrer que pour tout n ∈ N, deg(Tn ) = n et que (Tn )n∈N vérifie la relation de récurrence

∀n ∈ N, Tn+2 − 2XTn+1 + Tn = 0. (2)

Indication : vous penserez à la formule trigonométrique


   
u+v u−v
cos(u) + cos(v) = 2 cos cos
2 2
pour calculer cos(nθ) + cos((n + 2)θ).
3) Montrer par récurrence que pour tout n ≥ 1, le coefficient dominant de Tn est égal à 2n−1 .
4) À l’aide de (1), montrer que Tn admet n zéros distincts dans ] − 1, 1[. On pourra même les déterminer
explicitement.
B) Deuxième partie. Orthogonalité
On définit pour tout (P, Q) ∈ R[X] × R[X] la fonctionnelle

2 1 P (t)Q(t)
Z
ϕ(P, Q) = √ dt.
π −1 1 − t2
Montrer que ϕ est bien défini.
Remarque : je ne devrais pas avoir à poser cette question. La question est naturelle et il faudrait que vous
vous la posiez vous-mêmes ! C’est donc la première chose à rédiger sur sa copie, même si ce n’est pas
demandé.
1) Montrer ϕ est un produit scalaire sur R[X].
2) Montrer que la famille des (Ti )i∈N est orthogonale pour ce produit scalaire.
On pose
1
P0 = T0 et ∀n ≥ 1, Pn = n−1 Tn .
2
Alors (Pn )n∈N∗ est une base orthogonale de l’espace préhilbertien (R[X], ϕ(·, ·)). Montrer que la suite de
polynômes (Pn )n∈N∗ est définie par

P1 = X, P2 = X 2 − 12


∀n ≥ 1, Pn+2 − XPn+1 + 14 Pn = 0.
On remarquera qu’ici, on a choisi notre base de telle que sorte que les coefficients dominants de chaque
polynôme sont égaux à 1.
C) Troisième partie. Un cas plus général.
Soit ω :] − 1, 1[→ R∗+ une fonction continue sur ] − 1, 1[ et intégrable sur [−1, 1] (remarquez bien qu’elle est
à valeurs strictement positives). Soit L2 (ω) l’espace de fonctions défini par
 Z 1 
L2 (ω) = f : [−1, 1] → R telle que f 2 (x)ω(x)dx < +∞ .
−1

1) Vérifier que L2 (ω) est un R-espace vectoriel et que


Z 1
hf, gi = f (x)g(x)ω(x)dx
−1
définit un produit scalaire sur L2 (ω).
On construit alors (P̃n )n∈N la famille orthonormale de polynômes associée à la famille (X n )n∈N par le
procédé d’orthonormalisation de Gram-Schmidt. Puis on définit Pn comme étant le multiple de P̃n tel que
le coefficient dominant de Pn soit égal à 1.
Remarque. Cela veut juste dire que dans le procédé de construction de Gram-Schmidt, au lieu de normaliser
le polynôme de telle sorte que sa norme vaille 1, on le normalise de telle sorte que son coefficient dominant
soit égal à 1.
On notera En = Vect{P0 , . . . , Pn }.
2) Rappeler pourquoi En = Rn [X].
3) Soit n un entier naturel supérieur ou égal à 1.
a) Montrer que XPn+1 ∈ En−1 ⊥ . En déduire que P ⊥
n+2 − XPn+1 ∈ En−1 .
b) Montrer que Pn+2 − XPn+1 ∈ En+1 . On pourra étudier le coefficient dominant de Pn+2 et de XPn+1 .
c) Montrer qu’il existe an et bn tels que

Pn+2 − XPn+1 = an Pn+1 − bn Pn

4) Démontrer que pour tout n ≥ 1,

bn kPn k2 = hPn+1 , XPn i = kPn+1 k2 .

En déduire que ∀n ≥ 1, bn > 0.


5) L’objectif de cette question est de démontrer que pour tout n ≥ 1, Pn admet n racines distinctes
appartenant à ] − 1, 1[. On va le faire par l’absurde. Fixons n ≥ 1.
a) Notons S = {x ∈ ] − 1, 1[, P (x) = 0}. Rappeler pourquoi S est de cardinal fini et #S ≤ n.
b) Supposons que #S = s ≤ n − 1, c’est à dire que Pn admet s zéros distincts dans l’intervalle ouvert ] − 1, 1[
avec 0 ≤ s ≤ n − 1. Déterminer un polynôme R tel que

 degR ≤ n − 1

∀x ∈ [−1, 1], R(x)Pn (x) ≥ 0
RPn n0 est pas le polynome nul

En déduire que : hPn , Ri = 0 puis que ∀x ∈ [−1, 1], R(x)Pn (x) = 0


c) En conclure que pour tout n ≥ 1, Pn admet exactement n zéros distincts dans l’intervalle ] − 1, 1[.
6) A l’aide du théorème de Weierstrass, démontrer que le système (Pn )n∈N est un système total de L2 (ω).

Remarque. Dans la seconde partie, on avait commencé à traiter le cas particulier ω(t) = √2 .
π 1−t2

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