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DL3

1 Polynômes de Legendre
On définit pour n ∈ N, les polynômes à coefficients réels suivants :

P0 = 1 Pn = (X + 1)n (X − 1)n

Ln = Pn(n)
Les polynômes Ln sont les polynômes de Legendre.

Q 1 Déterminer L0 , L1 et L2 .

Q 2 Montrer que pour tout entier n ∈ N, le polynôme Ln est de degré n. On précisera son coefficient dominant.

Q 3 Comparer les polynômes Ln (−X) et Ln (X).

(k) (k)
Q 4 Déterminer pour un entier n ∈ N? et un entier k ∈ [0,n − 1], les valeurs Pn (−1) et Pn (1).

Q 5 Montrer que pour tout entier n ∈ N? , le polynôme Ln est scindé, que toutes ses racines sont distinctes et
qu’elles appartiennent toutes à l’intervalle ] − 1,1[.

Q 6 En utilisant la formule de Leibnitz, expliciter pour n ∈ N, le polynôme Ln sous forme d’une somme de polynômes
dans laquelle on fera apparaı̂tre des coefficients binômiaux. En déduire la valeur de Ln (1) et de Ln (−1).

Q 7 Vérifier que
0
∀n ∈ N, Pn+1 = 2(n + 1)XPn (1)
∀n ∈ N? , 00
Pn+1 = 2(n + 1)(2n + 1)Pn + 4n(n + 1)Pn−1 (2)

Q 8 Soit un entier n ≥ 1. En dérivant n fois la relation (1) et n − 1 fois la relation (2), trouver une relation simple
liant Ln+1 , Ln et Ln−1 .

Q 9 En appliquant la formule du binôme de Newton au polynôme Pn = (X 2 − 1)n , puis en dérivant n fois la formule
obtenue, trouver la décomposition du polynôme Ln sur la base canonique. On exprimera les coefficients à l’aide
de coefficients binômiaux.

1
2 Calcul de ζ(2)

sin(2n + 1)a
Q 10 Soit un réel a ∈ R tel que a 6∈ πZ, et un entier n ∈ N∗ . Exprimer sous la forme d’un polynôme
sin2n+1 a
en cotan a.

Q 11 Pour n ∈ N∗ , trouver à l’aide de la question précédente les racines réelles du polynôme

n
X  
k 2n + 1
P (X) = (−1) X n−k
2k + 1
k=0

Q 12 Calculer la somme des racines du polynôme P (X).

π 1
Q 13 Soit θ ∈]0, [. On rappelle que sin θ < θ < tan θ. En déduire que cotan2 θ < 2 < 1 + cotan2 θ.
2 θ
On définit la suite de terme général
Xn
1
Sn =
k2
k=1

π2
Q 14 En utilisant l’inégalité précédente avec les racines de P , montrer que la suite (Sn ) converge vers .
6

3 Polynômes de Tchebychev

Q 15 Montrer qu’il existe un polynôme Tn à coefficients entiers vérifiant :

∀θ ∈ R, Tn (cos θ) = cos(nθ) (3)

Q 16 Expliciter les polynômes T0 , T1 , T2 , T3 et T4 .

Q 17 Montrer que ∀n ∈ N,
Tn+2 = 2XTn+1 − Tn (4)

Q 18 En déduire le degré et le coefficient dominant du polynôme Tn .

Q 19 Écrire une procédure Maple tchebychev : n : int, x : float qui retourne le réel Tn (x) pour n ≥ 2.

Q 20 Montrer que ∀n ∈ N, les polynômes Tn et Tn+1 sont premiers entre eux.


Corrigé.

Q 1 On trouve L0 = 1, L1 = 2X et L2 = 12X 2 − 4.
(k) (n)
Q 2 puisque deg Pn = 2n, on montre que pour k ∈ [0,2n], deg Pn = 2n− k, et par conséquent, deg Ln = deg Pn =
n. Puisque
Pn = X 2n + · · ·
(k)
on obtient que Pn = (2n) . . . (2n − k + 1)X 2n−k + · · · pour k ∈ [0,2n] et en particulier,

Ln = (2n)(2n − 1) . . . (n + 1)X n + · · ·

(2n)!
donc le coefficient dominant de Ln vaut an = = An2n .
n!
(k) (k)
Q 3 On a Pn (X) = Pn (−X). On montre par récurrence sur k que ∀k ∈ N, Pn (X) = (−1)k Pn (−X) et donc

Ln (X) = (−1)n Ln (−X)

Q 4 Puisque le polynôme (X − 1)n divise le polynôme Pn , 1 est racine d’ordre n du polynôme Pn . D’après le cours,
(k) (k)
∀k ∈ [0,n − 1], Pn (1) = 0. Pour la même raison, Pn (−1) = 0.
Q 5 Montrons par récurrence la propriété suivante :
(k)
P(k) : si 0 ≤ k ≤ n, alors Pn admet au moins k racines distinctes dans l’intervalle ] − 1,1[.
P(0) est vérifiée trivialement.
(k)
P(k) ⇒ P(k + 1) On suppose que k + 1 ≤ n. D’après P(k), le polynôme Pn admet au moins k racines distinctes

−1 < x1 < · · · < xk < 1


(k)
Or k ≤ n − 1 donc d’après la question 4, 1 et −1 sont également racines de Pn . En définitive, le polynôme
(k)
Pn possède au moins (k + 2) racines distinctes dans l’intervalle [−1,1]. En appliquant le théorème de Rolle sur
(k+1)
les segments [−1,x1 ], [xi ,xi+1 ] et [xk ,1], on montre que la fonction Pn s’annule au moins (k + 1) fois dans
l’intervalle ] − 1,1[.
(n)
D’après P(n), le polynôme Ln = Pn admet donc au moins n racines dans l’intervalle ] − 1,1[. Comme son
degré vaut n > 0, il admet au plus n racines. On a donc montré que toutes les racines de Ln étaient distinctes,
et qu’elles étaient toutes situées dans l’intervalle ] − 1,1[.
Q 6 Puisque Ln = [(X + 1)n (X − 1)n ](n) , en utilisant la formule de Leibnitz,

n  
X n (k) (n−k)
Ln = [(X + 1)n ] [(X − 1)n ]
k
k=0

(p)
Or si a ∈ R et p ∈ [0,n], on montre que [(X + a)n ] = n(n − 1) . . . (n − p + 1)(X + a)n−p = Apn (X + a)n−p .
Alors,
X n  
n k n−k
Ln = An An (X + 1)n−k (X − 1)k
k
k=0

et en simplifiant le coefficient, on trouve finalement que


n  2
X n
Ln = n! (X + 1)n−k (X − 1)k
k
k=0

En faisant x = 1 dans cette formule, puisque pour k ≥ 1, (1−1)k = 0k = 0, il ne reste que le terme correspondant
à k = 0 dans la somme et donc Ln (1) = n!2n On trouve également que Ln (−1) = (−1)n 2n n! .

Q 7 Soit n ∈ N. Puisque Pn+1 = (X + 1)n+1 (X − 1)n+1 , en dérivant ce produit,

0
 
Pn+1 = (n + 1) (X + 1)n (X − 1)n+1 + (X + 1)n+1 (X − 1)n = 2(n + 1)XPn

Soit n ≥ 1. En dérivant la relation (1),


00
Pn+1 = 2(n + 1) [Pn + XPn0 ]
Mais d’après la relation (1), Pn = 2nXPn−1 . Donc
00
 
Pn+1 = 2(n + 1) Pn + 2nX 2Pn−1

Mais
X 2 Pn−1 = (X 2 − 1)Pn−1 + Pn−1 = (X + 1)n (X − 1)n + Pn−1 = Pn + Pn−1
Donc finalement,
00
Pn+1 = 2(n + 1) [(1 + 2n)Pn + 2nPn−1 ] = 2(n + 1)(2n + 1)Pn + 4n(n + 1)Pn−1

Q 8 Soit n ≥ 1. Dérivons la relation (1) n fois en utilisant la formule de Leibnitz :

n  
X
0 n
Ln+1 = [Pn+1 ](n) = 2(n + 1) X (k) Pn(n−k)
k
k=0

Mais pour k ≥ 2, X (k) = 0. Il ne reste donc que deux termes dans la somme :
h i
Ln+1 = 2(n + 1) XLn + nPn(n−1)

Dérivons ensuite (n − 1) fois la relation (2) :


00 (n−1)
Ln+1 = [Pn+1 ](n−1) = 2(n + 1)(2n + 1)Pn(n−1) + 4n(n + 1)Pn−1
= 2(n + 1)(2n + 1)Pn(n−1) + 4n(n + 1)Ln−1
(n−1)
En éliminant Pn des deux relations ci-dessus, on trouve que

Ln+1 = 2(2n + 1)XLn − 4n2 Ln−1

Q 9 Utilisons la formule du binôme :

n  
X n
Pn = (X 2 − 1)n = (−1)k X 2n−2k
k
k=0

 (n)
Dérivons n fois chacun des termes de la somme. Lorsque 2n − 2k < n, X 2n−2k = 0. Par conséquent, il suffit
de garder les termes de la somme correspondant à un indice k tel que 2n − 2k ≥ n, c’est à dire k ≤ n/2. Donc
l’entier k varie entre 0 et E(n/2). D’autre part, les dérivées successives de X 2n−2k s’expriment facilement :
 (n)
X 2n−2k = (2n − 2k)(2n − 2k − 1) . . . (2n − 2k − n + 1)X 2n−2k−n
(2n − 2k)! n−2k
= X
(n − 2k)!
(2n − 2k)! n−2k
= n! X
(n − 2k)!n!
 
2n − 2k
= n! X n−2k
n

Et donc
E(n/2)
X   
k n 2n − 2k
Ln = n! (−1) X n−2k
k n
k=0
Q 10 Écrivons :

  ei(2n+1)a − e−i(2n+1)a
sin (2n + 1)a =
2i
1h i
= (cos a + i sin a)2n+1 − (cos a − i sin a)2n+1
2i
2n+1  
1 h X 2n + 1 k  i
= i 1 − (−1)k sink a cos2n+1−k a
2i k
k=0
2n+1  
1 X 2n + 1 k k
= i sin a cos2n+1−k a
i k
k=0
k impair

n  
1 X 2n + 1 2p+1 2p+1
= i sin a cos2(n−p) a
i p=0 2p + 1
Xn  
2n + 1
= (−1)p sin2p+1 a cos2(n−p) a
p=0
2p + 1

Donc
n  
sin(2n + 1)a X 2n + 1 k cos
2(n−k)
a
2n+1 = (−1)
sin a 2k + 1 sin2(n−k)
a
k=0
n 
X 2n + 1 
= (−1)k cotan2(n−k) a
2k + 1
k=0

Il suffit donc de poser


n 
X 
2n + 1
Q(X) = (−1)k X 2(n−k)
2k + 1
k=0

sin(2n + 1)a 
et on a bien 2n+1 = Q cotan(a) .
sin a
Q 11 Si a 6∈ πZ,
sin(2n + 1)a kπ
= 0 ⇐⇒ (2n + 1)a = kπ (k ∈ Z) ⇐⇒ a = , (k ∈ Z)
sin2n+1 a 2n + 1
Si l’on pose

αk = cotan2 , k ∈ [[1,n]]
2n + 1
D’après la question 10, P (αk ) = 0. On a donc trouvé n racines distinctes du polynôme P qui est de degré n.
Par conséquent, les racines de P sont les réels αk , pour k ∈ [[1,n]]. Ce polynôme est scindé à racines simples.
Q 12 En utilisant les relations coefficients-racines d’un polynôme,
n
X an−1
αk = −
an
k=1
   
2n + 1 2n + 1
où an = = 2n + 1 et an−1 = − . Par conséquent,
1 3

an−1 n(2n − 1)
− =
an 3

1 1
Q 13 Il suffit de remarquer que 1 + cotan2 θ = > 2.
sin2 θ θ

Q 14 Avec θk = , (k ∈ [[1,n]]), On trouve que
2n + 1
n
X n
X n
X
(2n + 1)2
αk < <n+ αk
k2 π2
k=1 k=1 k=1
d’où l’on tire
X 1n
n(2n − 1) π2 n n(2n − 1)
π2 2
< 2
< 2
+ π2
3(2n + 1) k (n + 1) 3(2n − 1)2
k=1

π2
Comme les deux suites encadrantes convergent vers , d’après le théorème des gendarmes, on en déduit que
6
π2
la suite (Sn ) converge vers .
6
Q 15 C’est un calcul trigonométrique fait en cours. On trouve que

E(n/2)  
X n
Tn = (−1)k X n−k (1 − X 2 )k
2k
k=0

Q 16 On trouve que T0 = 1 , T1 = X , T2 = 2X 2 − 1 , T3 = 4X 3 − 3X et T4 = 8X 4 − 8X 2 + 1 .
Q 17 Posons H = Tn+2 − 2XTn+1 + Tn ∈ E. Soit x ∈ [−1,1], ∃θ ∈ [0,π] tel que x = cos θ. Alors

H(x) = Tn+2 (cos θ) − 2 cos θTn+2 (cos θ) + Tn (cos θ)


= cos[(n + 2)θ] − 2 cos θ cos[(n + 1)θ] + cos(nθ)
 
Mais puisque cos p + cos q = 2 cos p+q 2 cos p−q
2 , il vient que H(x) = 0, ce qui montre que le polynôme H
possède une infinité de racines. Il est donc nul d’après un théorème.
Q 18 Par récurrence, on montre en utilisant la relation 4 que deg Tn = n et que son coefficient dominant vaut 2n−1 .
Q 19 On utilise la relation 4, et l’invariant de boucle placé en commentaire :
tchebychev := proc(n, x)
local P, PP;
P := 1;
PP := x;
for i from 2 to n do
temp := PP;
PP := 2 * x * PP - P;
P := temp;
# INV : P = T_{i-1}(x), PP = T_i(x)
od;
PP;
end;
Q 20 Par récurrence, P(n) : Tn ∧ Tn+1 = 1. Puisque T0 = 1, la propriété est vérifiée pour n = 0. Montrons que
P(n) ⇒ P(n + 1). D’après P(n) et le théorème de Bezout, il existe deux polynômes (U,V ) ∈ E 2 tels que
U Tn + V Tn+1 = 1. En multipliant la relation 4 par U on obtient alors

U Tn+2 = 2XU Tn+1 − U Tn = 2XU Tn+1 − (1 − V Tn+1 )

ce qui donne
(2XU + V )Tn+1 − U Tn+2 = 1
et d’après Bezout, on en déduit que Tn+1 et Tn+2 sont premiers entre eux.

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