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Polynômes de Legendre

Notions abordées : Polynômes, espaces vectoriels euclidiens, distance à un sous-espace vectoriel.

Notations

Dans tout le problème, n désigne un entier naturel.


On note ℝ [X ] l’espace vectoriel réel des polynômes réel en l’indéterminée X et ℝ n [X ] le sous-espace
vectoriel formé des polynômes de degré inférieur ou égal n .
On identifiera polynôme et fonctions polynomiales associées définies sur [−1,1] .
d kP
Pour k ∈ ℕ , on note la dérivée k ème
d’un polynôme P .
dx k
On considère, pour n ∈ ℕ , les fonctions polynomiales définies sur I par :
1 d nU n
U n (x ) = (x 2 −1)n et Pn (x ) = (x )
2n.n ! dx n
En particulier, avec les conventions usuelles : U 0 (x ) = P0 (x ) = 1 .
A toute fonction polynomiale P , on associe le polynôme L (P ) définie sur I par :
d  2 dP 
L (P )(x ) = (x −1) (x )
dx  dx 

Partie I

1
Pour P ,Q ∈ ℝ [X ] , on pose (P | Q ) = ∫ P (x )Q (x )dx .
−1

1. Montrer que (. | .) définit un produit scalaire sur ℝ [X ] .


Dans tout le problème, on suppose ℝ [X ] muni de ce produit scalaire et on note . la norme euclidienne
associée.
2. Montrer que L est un endomorphisme de ℝ [X ] .

3. On note Ln la restriction de l’endomorphisme L au départ de ℝ n [X ] .

3.a Montrer que Ln est un endomorphisme de ℝ n [X ] .

3.b Calculer Ln (1) , Ln (X ) et Ln (X k ) pour tout 2 ≤ k ≤ n .


3.c Former la matrice de Ln relativement à la base canonique (1, X , X 2 ,…, X n ) de ℝ n [X ] .

4. Soit P ,Q ∈ ℝ [X ] . Observer que (L (P ) | Q ) = (P | L (Q )) .

Partie II

1.a Calculer directement P1 , P2 et P3 .


1.b Montrer que Pn est exactement de degré n et calculer le coefficient an de x n dans Pn .
1.c Justifier que P0 , P1 ,…, Pn forment une base de Pn .
dn
2. En utilisant la formule de Leibniz pour calculer :
dx n
((x −1)n (x +1)n ) , établir que :
n 
n 2
1
Pn (x ) =
2n
∑   (x −1)n−k (x + 1)k
k 
k =0  

et en déduire les valeurs de Pn (1) et Pn (−1) .


3.a Vérifier les relations :
(1) : U n′+1 (x ) − 2(n + 1)xU n (x ) = 0 ,
(2) : (x 2 −1)U n′ (x ) − 2nxU n (x ) = 0 .
3.b En dérivant n + 1 fois (1) et (2), montrer que la suite (Pn ) vérifie :
(3) : Pn′+1 (x ) = xPn′(x ) + (n + 1)Pn (x ) ,
(4) : L (Pn ) = n (n + 1)Pn .
3.c En exploitant la relation (4) et le résultat de la question I.4, établir que si m ≠ n , (Pn | Pm ) = 0 .
4.a Montrer que pour tout Q ∈ ℝ n [X ] , (Pn +1 | Q ) = 0 .
p
4.b En introduisant un polynôme Q de la forme ∏ (X −a )
i =1
i montrer que le polynôme Pn +1 possède

exactement n + 1 racines distinctes, toute dans l’intervalle ]−1,1[ .


an +1
Montrer que (Pn′+1 | Pn ) = (n + 1)
2
5.a Pn .
an
1
= 2 − 2∫ xPn (x )Pn′(x )dx .
2
5.b A l’aide d’une intégration par parties, établir que : Pn
−1

2 2
5.c En déduire que Pn = .
2n + 1
6. Etant donné un polynôme P ∈ ℝ [X ] et F un sous-espace vectoriel de ℝ [X ] , on note d (P , F ) la
distance de P au sous-espace vectoriel F .
Calculer d (X n +1 , ℝ n [X ]) .

Correction
d’après ESIEE Amiens 1997

Partie I

1. (. | .) est clairement un forme bilinéaire symétrique.


1
Pour tout P ∈ ℝ [X ] , (P | P ) = ∫ P (t )2 dt ≥ 0 et si (P | P ) = 0 alors la fonction t ֏ P (t ) 2 est nulle car
−1

continue, positive et d’intégrale nulle sur [−1,1] . Par suite P est le polynôme nul car il possède une
infinité de racines.
2. Soit λ , µ ∈ ℝ et P ,Q ∈ ℝ [X ] . L (λP + µQ ) = λL (P ) + µL (Q ) notamment par linéarité de la dérivation.
De plus L : ℝ [X ] → ℝ [X ] donc L est un endomorphisme de ℝ [X ] .

3.a La linéarité de Ln provient de celle de L . Le problème est de justifier que Ln est à valeurs dans ℝ n [X ] .
dP  dP 
Soit P ∈ ℝ n [X ] . On a deg ≤ deg P −1 ≤ n −1 donc deg (x 2 −1) (x ) ≤ 2 + n −1 = n + 1 puis
dx  dx 
deg Ln (P ) ≤ n . Ainsi Ln (P ) ∈ ℝ n [X ] .

3.b Ln (1) = 0 , Ln (X ) = (X 2 −1)′ = 2X , Ln (X p ) = (p (X 2 −1)X p−1 )′ = p (p + 1)X p − p (p −1)X p−2 .


0 0 2


0 
2 0 ⋱ 
 
3.c Mat (1,X ,…,X n ) Ln =  6 ⋱ n (n −1)  .

 ⋱ 0 
 
0 n (n + 1)
d  2 dP   
1
1 dP 1 dP dQ
4. (L (P ) | Q ) = ∫ (x −1) (x )Q (x )dx =  (x 2 −1) (x )Q (x ) − ∫ (x 2 −1) (x ) (x )dx
−1 dx  dx  ipp  dx  −1 dx dx
  −1
1 dP dQ
donc (L (P ) | Q ) = −∫ (x 2 −1) (x ) (x )dx
−1 dx dx
or la symétrie de cette formule en P et Q permet de conclure (L (P ) | Q ) = (P | L (Q )) .

Partie II

1 5 3
1.a P1 = X , P2 = (3x 2 −1) , P3 = x 3 − x .
2 2 2
1.b degU n = 2n donc deg Pn = degU n − n = n .
1 2n 1 (2n )!
Le terme en x n de Pn provient de la dérivation à l’ordre n du terme x donc an = n × .
2n n ! 2 (n !) 2
1.c La famille (P0 , P1 ,…, Pn ) est de degrés étagés (i.e. deg Pi = i ) c’est donc une base de ℝ n [X ] .
1 n n  1 n n  n ! n!
∑ k ((x −1) ) ((x + 1)) = n ∑  
n (k ) (n −k )
2. Pn = (x −1)n−k (x + 1)k
n
2 n ! k =0 2 n ! k =0 k  (n − k )! k!
n 
n 2
1
donc Pn =
2n
∑   (x −1)n−k (x + 1)k .
k 
k =0  

1 n  n 1 n 
2 2

Pn (1) =  2 = 1 et Pn (−1) = n 0  (−2) = (−1) .


n n
n 

2  
n 2  

3.a ((x 2 −1)n +1 )′ = (n +1)× 2x ×(x 2 −1)n = 2(n + 1)xU n (x ) .


(x 2 −1)((x 2 −1)n )′ = n × 2x × (x 2 −1)n = 2nxU n (x ) .
3.b En dérivant n + 1 fois la relation (1), via la formule de Leibniz, on obtient :
d  d n +1  d n +1 n + 1 d n +1 n + 1 dn
 n +1 (U n +1 (x )) = n +1 ( 2(n + 1)xU n (x )) = 2(n + 1)   x (U (x ) ) + 2 
 1  (n + 1) (U n (x ))
dx  dx  dx  0  dx n +1 n dx n
donc 2n +1 (n + 1)!Pn′+1 (x ) = 2(n + 1)x 2n n !Pn′(x ) + 2(n + 1)2 2n n !Pn (x )
puis Pn′+1 (x ) = xPn′(x ) + (n + 1)Pn (x ) .
En dérivant n + 1 fois la relation (2), via la formule de Leibniz, on obtient :
n (n + 1) (n )
(x 2 −1)U n(n +2) (x ) + (n + 1)2xU n(n +1) (x ) + 2U n (x ) − 2nxU n(n +1) (x ) − 2n (n + 1)U n(n ) (x ) = 0
2
donc (x 2 −1)U (n +2) (x ) + 2xU (n +1) (x ) = n (n + 1)U (n ) (x ) i.e. (x 2 −1)U (n +1) (x ) ′ = n (n + 1)U (n ) (x )
n n n ( n ) n

et donc L (Pn ) = n (n + 1)Pn .


3.c n (n + 1)(Pn | Pm ) = (L (Pn ) | Pm ) = (Pn | L (Pm )) = m (m + 1)(Pn | Pm )
donc (n (n + 1) − m (m + 1)) (Pn | Pm ) = 0 .
Or n ֏ n (n + 1) est injective et n ≠ m donc n (n + 1) ≠ m (m + 1) puis (Pn | Pm ) = 0 .
4.a (P0 ,…, Pn ) est base de ℝ n [X ] donc on peut écrire Q = λ0P0 + ⋯ + λn Pn .
n
Par suite (Pn +1 | Q ) = ∑ λk (Pn +1 | Pk ) = 0 .
k =0

4.b Notons a1 ,…,a p les racines de multiplicités impaire du polynôme Pn +1 appartenant à ]−1,1[ .
p
Posons Q = ∏ (X −ai ) .
i =1

Le polynôme QPn +1 n’a que des racines de multiplicité paire dans ]−1,1[ , il est donc de signe constant sur
1
[−1,1] et par suite ∫
−1
Q (x )Pn +1 (x )dx ≠ 0 (par non nullité de l’intégrale d’une fonction continue, non
nulle, et de signe constant). Par suite p = degQ > n .
Or Pn +1 est de degré n + 1 donc nécessairement p ≤ n + 1 et donc finalement p = n + 1 .
Par suite Pn +1 possède n + 1 racines distinctes dans ]−1,1[ .
De plus, puisque deg Pn +1 = n + 1 , on peut assurer qu’il n’y en a pas d’autres et que celles-ci sont
simples.
an +1
5.a Pn′+1 = (n + 1)an +1X n +Q avec degQ < n ou encore Pn′+1 = (n + 1) Pn +Qˆ avec degQˆ < n .
an
an +1 a
Par suite (Pn′+1 | Pn ) = (n + 1)
2
(Pn | Pn ) + (Qˆ | Pn ) = (n + 1) n +1 Pn car (Qˆ | Pn ) = 0 .
an an
1 1 1
= ∫ Pn (x ) 2 dx = xPn (x )2  − 2∫ xPn (x )Pn′(x )dx = 2 − 2∫ xPn (x )Pn′(x )dx .
2 1
5.b Pn
−1 −1 −1 −1

an +1 1 (2n + 2)(2n + 1) 2n + 1
donc (Pn′+1 | Pn ) = (2n + 1) Pn .
2
5.c = =
an 2 (n + 1) 2
n +1
De plus Pn′+1 (x ) = xPn′(x ) + (n + 1)Pn (x ) donc (Pn′+1 | Pn ) = (XPn′ | Pn ) + (n + 1)(Pn | Pn )
1 1
or (XPn′ | Pn ) = ∫ xPn′(x )Pn (x )dx = 1−
2
Pn
−1 2
2 1 2 2 2 2
donc (2n + 1) Pn = 1− Pn + (n + 1) Pn puis Pn = .
2 2n + 1
6. Pn +1 est un vecteur normal à l’hyperplan ℝ n [X ] de l’espace ℝ n +1 [X ] .

(X n +1 | Pn +1 ) (X n +1 | Pn +1 )
Par suite d (X n +1 , ℝ n [X ]) = 2
Pn +1 = .
Pn +1 Pn +1
1 1 2
or X n +1 = Pn +1 +Q avec degQ < n + 1 donc (X n +1 | Pn +1 ) = Pn +1
an +1 an +1
n +1
1 2 ((n + 1)!) 2
2
Par suite d (X n +1 , ℝ n [X ]) = Pn +1 = .
an +1 (2n + 2)! 2n + 1

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