Vous êtes sur la page 1sur 5

Résolution numérique

Soit I un intervalle de ℝ et f une application de I dans ℝ . On va s’intéresser à la recherche des solutions ou


racines de l’équation f (x ) = 0 . Il n’est pas toujours possible d’expliciter ces racines directement à partir de la
connaissance de f , on essaye alors de les encadrer puis de construire un suite qui converge vers une racine de
l’équation. Pour cela on introduit une fonction auxiliaire Φ : I ⊂ ℝ → I appelée fonction d’itération on fonction
auxiliaire associée à f . On remplace alors le problème initiale par l’équation Φ(x ) = x et on calcule la suite
x n +1 = Φ(x n ) après un choix judicieux de x 0 . On dira que ξ est un point fixe de Φ lorsque Φ(ξ ) = ξ .

Partie I

Soit a < b deux réels donnés et g une application continue de [a ,b ] dans lui-même c'est-à-dire telle que
g ([a ,b ]) ⊂ [a ,b ] .

1. Montrer que l’équation g (x ) = x possède au moins une solution dans [a ,b ] .

2. On suppose qu’il existe une constante K ∈ [0,1[ telle que pour tout couple (x , y ) d’éléments de [a ,b ] on
ait
g (x ) − g (y ) ≤ K x − y .
2.a Montrer que la solution de l’équation g (x ) = x est unique. Nous la noterons ξ .
2.b Soit u ∈ [a ,b ] , on considère la suite (x n )n ∈ℕ définie par x 0 = u et x n +1 = g (x n ) pour n ≥ 0 . Etablir que
pour tout n ∈ ℕ , x n − ξ ≤ K n x 0 − ξ . En déduire que la suite (x n ) définie ci-dessus converge vers ξ et
ce quel que soit u ∈ [a ,b ] .
2.c Démonter que pour tout n , p ∈ ℕ on a :
1− K p
x n +p − x n ≤ x n +1 − x n .
1− K
En déduire
Kn
xn − ξ ≤ x1 − x 0 .
1− K
3. On suppose ici que g est une fonction de classe C 1 sur [a ,b ] vérifiant toujours g ([a ,b ]) ⊂ [a ,b ] et que
pour tout x ∈ [a ,b ] g ′(x ) < 1 .

3.a Justifier l’existence d’un réel K ∈ [0,1[ tel que pour tout x , y ∈ [a ,b ] on ait
g (x ) − g (y ) ≤ K x − y
3.b La suite (x n ) étant définie comme à la question I.2, prouver que si pour tout n ∈ ℕ , x n ≠ ξ alors
x n +1 − ξ
lim = g ′(ξ ) .
n →+∞ xn − ξ

On cherche à affaiblir la condition g ([a ,b ]) ⊂ [a ,b ] .

4. Soit g une application de classe C 1 définie sur un intervalle ouvert J de ℝ à valeurs dans ℝ . On
suppose qu’il existe un point ξ ∈ J tel que g (ξ ) = ξ et qu’en outre g ′(ξ ) < 1 . Démontrer qu’il existe un
intervalle I = [ ξ − ε, ξ + ε ] inclus dans J (avec ε > 0 ) tel que

∀x ∈ I , g ′(x ) < 1 et g (I ) ⊂ I .

5. Soit f une application de classe C 2 définie sur un intervalle ouvert J de ℝ à valeurs dans ℝ . On
suppose qu’il existe un point ξ ∈ J tel que f (ξ ) = 0 et qu’en outre f ′(x ) ≠ 0 pour tout x ∈ J . On
considère ensuite l’application g définie sur J par
f (x )
g (x ) = x −
f ′(x )
5.a Montrer que ξ est point fixe de g et que g ′(ξ ) = 0 .

5.b Justifier qu’il existe un segment I contenant ξ tel que ∀x ∈ I , g ′(x ) < 1 et g (I ) ⊂ I .
5.c Soit alors u ∈ I et la suite définie par x 0 = u et x n +1 = g (x n ) pour n ≥ 0 . Montrer qu’il existe une
constante C telle que pour tout n ≥ 0 :
2
x n +1 − ξ ≤ C x n − ξ .

Partie II

Soit p : ℝ → ℝ la fonction polynomiale définie


n
p (x ) = x n + ∑ ai x n −i avec n ≥ 2 .
i =1

On rappelle (ou on informe) qu’une fonction polynomiale de degré n admet au plus n racines. On suppose ici
que p (x ) admet exactement n racines deux à deux distinctes que l’on classe par ordre croissant :
ξ1 < ξ2 < ⋯ < ξn .
On pose ξ = ξn et on va approcher cette racine.
1. Montrer que p ′(x ) s’annule exactement n −1 fois et classer ces annulations par rapport à celle de p (x ) .
2. Etablir que pour tout x ≥ ξ , p (x ) ≥ 0 , p ′(x ) > 0 et p ′′(x ) > 0 .
p (x )
3. Soit g la fonction définie sur [ξ , +∞[ par : g (x ) = x − .
p ′(x )
3.a Montrer que la suite (x n ) déterminée par x 0 ∈ ]ξ , +∞[ et x n +1 = g (x n ) pour tout n ∈ ℕ est bien définie
et minorée par ξ .
3.b Montrer que cette suite est décroissante et déterminer sa limite.

Partie III

Soit f une application à valeurs réelles définie et dérivable sur un intervalle ouvert J de ℝ . On suppose qu’il
existe un point ξ ∈ J tel que f (ξ ) = 0 et qu’en outre f ′(ξ ) ≠ 0 . Pour chaque entier q ≥ 2 et chaque ( q −1 )-
uplet de réels (a1 ,…,aq −1 ) , on considère la fonction d’itération définie sur J par :
q −1
i
Φq (x ) = x − ∑ ai ( f (x )) .
i =1

1
1.a On suppose f de classe C et on fixe q = 2 . Montrer que la condition Φ′2 (ξ ) = 0 détermine a1 de
manière unique.
1.b On suppose f de classe C 2 et on fixe q = 3 . Montrer que les conditions Φ′3 (ξ ) = Φ3′′(ξ ) = 0 déterminent
a1 et a 2 de manière unique.
Plus généralement, on admet que si f est de classe C q (avec q ≥ 2 ). il existe d’unique coefficients a j de
telle sorte que toutes les dérivées de Φq jusqu’à l’ordre q −1 soient nulles en ξ .

2. Soit ϕ est une fonction de classe C q (avec q ≥ 1 ) sur un intervalle I telle que ϕ ′,…, ϕ (q −1) s’annulent en
ξ ∈ J . On désire établir que pour tout u ∈ J tel que u ≠ ξ , il existe η strictement compris entre u et ξ
tel que :
(u − ξ )q (q )
ϕ (u ) − ϕ (ξ ) = ϕ (η )
q!
2.a Soit u ∈ J tel que u ≠ ξ et K la constante réelle telle que
(u − ξ )q
ϕ (u ) − ϕ (ξ ) = K
q!
On introduit l’application ψ : J → ℝ définie par
(x − ξ )q
ψ (x ) = ϕ (x ) − ϕ (ξ ) − K
q!
Calculer ψ (u ) et ψ (k ) (ξ ) pour tout k ∈  0,q −1 .

2.b En déduire qu’il existe η strictement compris entre u et ξ tel que ψ (q ) (η ) = 0 .


2.c Conclure.
3. On reprend les notations de la question III.1, Montrer qu’on peut trouver un ε > 0 tel que si
u ∈ [ ξ − ε, ξ + ε ] la suite définie par x 0 = u et x n +1 = Φq (x n ) converge vers ξ et si pour tout n ∈ ℕ ,
x n ≠ ξ alors

x n +1 − ξ Φq(q ) (ξ )
lim = .
n →+∞ (x − ξ )q q!
n

Correction
d’après CCP PC 1997

Partie I

1. La fonction x ֏ g (x ) − x est continue, prend une valeur négative en a et un valeur positive en b donc
par le TVI, elle s’annule, ce qui résout notre problème.
2.a Si ξ et ξ ′ sont points fixes de g alors ξ − ξ ′ = g (ξ ) − g (ξ ′) ≤ K ξ − ξ ′ implique ξ = ξ ′ car K ∈ [0,1[ .

2.b On observe x n +1 − ξ = g (x n ) − g (ξ ) ≤ K x n − ξ . La relation demandée s’obtient alors en raisonnant par


récurrence sur n . Puisque K ∈ [0,1[ , on a K n → 0 et donc x n → ξ .
p−1 p−1
2.c Par l’inégalité triangulaire x n +p − x n ≤ ∑ x n +k +1 − x n +k d’où l’on tire x n +p − x n ≤ ∑ K k x n +1 − x n car
k =0 k =0

x n +k +1 − x n +k ≤ K k x n +1 − x n via la lipschitzianité de la fonction g. Il vient enfin


p
1− K
x n +p − x n ≤ x n +1 − x n puis la relation voulue. Enfin, puisque x n +1 − x n ≤ K n x1 − x 0 , on a
1− K
1 Kn
x n +p − x n ≤ x n +1 − x n ≤ x1 − x 0 et la relation demandée en faisant tendre p vers +∞ .
1− K 1− K
3.a x ֏ g ′(x ) est définie et continue sur le segment [a ,b ] , elle y admet donc un maximum en un certain
c ∈ [a ,b ] . Pour K = g ′(c ) , on a K ∈ [0,1[ et pour tout x ∈ [a ,b ] , g ′(x ) ≤ K ce qui par l’inégalité des
accroissements finis permet de conclure.
x n +1 − ξ
3.b Par le TAF, il existe cn compris entre x n et ξ tel que = g ′(cn ) . Quand n → +∞ , x n → ξ et
xn − ξ
donc par encadrement cn → ξ puis g ′(cn ) → g ′(ξ ) par continuité de g ′ .

4. Soit ρ ∈  g ′(ξ ),1 . Par continuité, g ′(x ) 


x →ξ
→ g ′(ξ ) < ρ donc il existe un voisinage de ξ tel que sur
celui-ci g ′(x ) < ρ . Ainsi il existe ε > 0 tel que pour tout x ∈ [ξ − ε, ξ + ε ] ∩ J , g ′(x ) < 1 . Quitte à
prendre ε assez petit, on peut supposer I = [ξ − ε, ξ + ε ] ⊂ J car ξ ∈ J et n’est pas une extrémité de J
puisque J est un intervalle ouvert. De plus par l’IAF on a , pour tout x ∈ I , g (x ) − g (ξ ) ≤ ρ x − ξ donc
g (x ) − ξ ≤ x − ξ ≤ ε d’où l’on tire g (x ) ∈ I . Ainsi g (I ) ⊂ I .
f ′(ξ ) 2 − f (ξ ) f ′′(ξ )
5.a g (ξ ) = ξ − 0 = ξ . g ′(ξ ) = 1− =0 .
f ′ (ξ ) 2
5.b Il suffit d’appliquer la question I.4.
5.c Posons C = max g ′′(x ) . Ce max existe car g ′′ est continue et I est un segment. Par le TAF, il existe cn
x ∈I

compris entre x n +1 et ξ tel que (x n +1 − ξ ) = g ′(cn )(x n − ξ ) . Or


2
g ′(cn ) = g ′(cn ) − g ′(ξ ) ≤ C cn − ξ ≤C x n − ξ donc x n +1 − ξ ≤ C x n − ξ .

Partie II

1. En appliquant le théorème de Rolle à p entre ξk et ξk +1 , nous obtenons l’existence de ζk ∈  ξk , ξk +1  tel


que p ′(ζk ) = 0 . Cela fournit au moins n −1 annulations à la fonction p ′ et il ne peut y en avoir d’autres
car p ′ est une fonction polynomiale de degré n −1 . On peut alors conclure que p ′ s’annule exactement
n −1 fois en les ζ1 ,…, ζn −1 et on observe
ξ1 < ζ1 < ξ2 < ζ 2 < ⋯ < ζn −1 < ξn .
2. p (ξ ) = 0 , p (x ) 
x →+∞
→+∞ et p ne s’annule pas sur ]ξ , +∞[ donc par continuité p (x ) ≥ 0 sur
[ξ , +∞[ . p ′(ζn−1 ) = 0 , p ′(x ) 
x →+∞
→ et p ′ ne s’annule pas sur ]ζn−1 , +∞[ donc par continuité
p ′(x ) > 0 sur ]ζn−1 , +∞[ . Enfin, comme pour p ′ , p ′′ s’annule exactement n − 2 fois et sa plus grande
racine est strictement inférieure à ξ , donc comme ci-dessus p ′′(x ) > 0 sur [ξ , +∞[ .
p (x )p ′′(x )
3.a g ′(x ) = ≥ 0 donc g est croissante or g (ξ ) = ξ donc ∀x ∈ [ξ , +∞[ , g (x ) ∈ [ξ , +∞[ . Par
p ′(x ) 2
conséquent la suite (x n ) est bien définie et c’est une suite d’éléments de [ξ , +∞[ .
p (x )
3.b g (x ) − x = − ≤ 0 donc x n +1 − x n ≤ 0 . La suite (x n ) est donc décroissante, étant minorée elle
p ′(x )
converge et si on appelle ℓ sa limite, on obtient en passant la relation x n +1 = g (x n ) à la limite p (ℓ ) = 0
ce qui implique ℓ = ξ .

Partie III

1.a Φ 2 (x ) = x −a1 f (x ) , Φ′2 (x ) = 1−a1 f ′(x ) . La condition Φ′2 (ξ ) = 0 équivaut alors à a1 = 1 f ′(ξ ) .
1.b Φ3 (x ) = x −a1 f (x ) −a 2 f (x )2 , Φ′3 (x ) = 1−a1 f ′(x ) − 2a 2 f ′(x ) f (x ) et
2
Φ′3 (x ) = −a1 f ′′(x ) − 2a 2 ( f ′′(x ) f (x ) + f ′(x ) ) . Les conditions Φ′3 (ξ ) = Φ3′′(ξ ) = 0 équivalent à
2
a1 = 1 f ′(ξ ) , a 2 = −a1 f ′′(ξ ) 2 f ′(ξ ) .
2.a ψ (u ) = 0 et ψ (k ) (ξ ) = 0 pour tout k ∈  0,q −1 .
2.b En appliquant le théorème de Rolle à ψ entre u et ξ , on obtient u1 intermédiaire annulant ψ ′ . En
appliquant alors le théorème de Rolle à ψ ′ entre u1 et ξ , on obtient u 2 intermédiaire annulant ψ ′′ . On
procède ainsi de suite q fois et on obtient au final un η compris entre u et ξ tel que ψ (q ) (η ) = 0 .
2.c ψ (q ) (x ) = ϕ (q ) (x ) − K donc K = ϕ (q ) (η ) et le résultat cherché est démontré.

3. Φq (ξ ) = ξ et Φq′ (ξ ) = 0 donc Φq′ (ξ ) < 1 , il suffit d’appliquer I.4. pour conclure à l’existence de ε > 0
(x n − ξ )q (q )
tel que voulu. Par III.2., il existe ηn compris entre x n et ξ tel que x n +1 − ξ = Φq (x n ) − ξ = Φq (ηn ) .
q!
Quand n → +∞ , x n → ξ donc par encadrement ηn → ξ puis par continuité Φq(q ) (ηn ) → Φq(q ) (ξ ) . On peut alors
x n +1 − ξ Φq(q ) (ξ )
conclure lim = .
n →+∞ (x − ξ )q q!
n

Vous aimerez peut-être aussi