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Lycée Marceau MPSI 2014/2015 Pour le mercredi 17 juin 2015

Devoir en temps libre no 20

PROBLEME : Polynômes de Legendre

On note E le R−espace vectoriel R[X], et, pour tout entier n, En = Rn [X] l'espace des polynomes de
degré inférieur ou égal à n.
On note D l'application linéaire de E
E , qui à tout polynome P associe son polynome
vers dérivé P 0.
1 0 k+1
Les puissances de D sont dénies par : D = IdE , D = D et D = Dk ◦ D.
k
La valeur en t de la dérivée k−ième de la fonction polynome P sera donc notée D (P )(t).
Z 1 D E
On dénit ϕ : E × E −→ R par : ∀(P, Q) ∈ E × E, ϕ(P, Q) = P (t)Q(t)dt = P Q .

−1

1. Montrer que ϕ est un produit scalaire sur E. On notera kP k la norme euclidienne de P associée à
ϕ.
2. (a) Etablir qu'il existe une et une seule famille (Pn )n∈N d'éléments de E telle que :
* ∀n ∈ N, deg
D (P n ) =
En
n
** ∀n ∈ N, Pn X >0
*** ∀n ∈ N, (Pk )06k6n est une base orthonormale de En .
(b) Déterminer explicitement Pk pour 06k64
(c) Montrer que, pour tout n ∈ N, Pn est de la parité de n
1 n 
3. On considère la famille (Qn )n∈N ∈ E N dénie par : ∀n ∈ N, Qn = Dn X2 − 1 (Formule de
2n n!
Rodrigues)
n 
(a) En appliquant la formule de Leibniz à Dn X2 − 1 = Dn ((X − 1)n (X + 1)n ), montrer que
n  2
X 1 n
∀n ∈ N, Qn = (X − 1)n−k (X + 1)k
2n k
k=0
n  n 
(b) Calculer, pour k ∈ {1, · · · , n} , Dk X2 − 1 (1) et Dk X2 − 1 (−1).
(c) Déterminer la parité de Qn
(d) Quel est le degré de Qn ? En calculant le coecient dominant de Qn de deux manières dié-
n  2
X n
rentes, donner une espression simple de .
k
k=0
(e) En utilisant plusieurs fois le théorème de Rolle, montrer que toutes les racines de Qn sont
]−1, 1[.
réelles, distinctes et appartiennent à l'intervalle
D E (−1)n 1 Z
n n
2
(f ) Soit S ∈ E . Montrer que Qn S = t − 1 D (S)(t)dt

2n n! −1
D E
(g) Soit S ∈ E de degré strictement inférieur à n. Que dire de Qn S ? En déduire la valeur de

D E
Qn Qm lorsque m 6= n.

Z 1
n
(h) Soit In = t2 − 1 dt.
−1
Trouver, en intégrant In par parties, une relation liant
D E In et In−1 . En déduire l'expression de

In en fonction de n. En déduire Qn Qn .

Calculer d'autre part Qn (1).

1
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(i) Prouver qu'il existe λn ∈ R tel que Qn = λn Pn . Calculer λn .


4. Soit n > 2.
D E
(a) Soit i 6 n − 3. Calculer XQn−1 Qi

(b) En déduire qu'il existe (an , bn , cn ) ∈ R3 tel que : XQn−1 = an Qn + bn Qn−1 + cn Qn−2 .
(c) Etablir que nQn = αn XQn−1 + βn Qn−2 où (αn , βn ) ∈ R2 à déterminer.

5. (a) Etablir que Pn est solution d'une équation diérentielle du second ordre de la forme :
∀t ∈ R, t − 1 Pn00 (t) + µn tPn0 (t) + νn Pn (t) = 0 où (µn , νn ) ∈ R2 à déterminer.
2

Z 1
(b) Calculer Pn (t)dt
0

2
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CORRECTION : Polynômes de Legendre

On note E = R[X], et En = Rn [X] .


0
On note D la dérivation formelle, et le P sera
polynome dérivé de
Z 1 noté P ou D(P ).
D E
On dénit ϕ : E × E −→ R par : ∀(P, Q) ∈ E × E, ϕ(P, Q) = P (t)Q(t)dt = P Q .

−1
1. La bilinéarité, la symétrie et la positivité ne posent pas de problème.


Z 1
Pour la non dégénérescence : Soit P ∈E tel que P P = 0 . On a P 2 (t) dt = 0. P 2 est une
−1
fonction continue positive sur [−1, 1] dont l'intégrale sur cet intervalle est nulle, ainsi P2 est la
fonction nulle sur [−1, 1]. Ainsi P s'annule une innité de fois sur [−1, 1], donc, comme il s'agit

d'un polynôme, P = 0E . Ainsi




ϕ= . . est bien un produit scalaire .

2. (a) Pour établir l'existence et l'unicité d'une famille (Pn )n∈N de E vériant les conditions (*), (**)
et (***), il sut de montrer, pour tout n ∈ N, l'existence et l'unicité d'une famille (Pk )06k6n
de E vériant les conditions (*'), (**') et (***') suivantes :
*' ∀k ∈ [[0, n]] , deg (Pk ) = k
D E
k
**' ∀k ∈ [[0, n]] , Pk X >0
***' (Pk )06k6n est une base orthonormale de En .
n
Soit n ∈ N. La famille (I, X, . . . , X ) est une base de En . D'après le théorême d'orthonorma-
lisation de Schmidt, il existe une unique famille orthonormale de polynômes (P0 , . . . , Pn ) telle
D E
k k

que ∀k ∈ [[0, n]] , vect (P0 , . . . , Pk ) = vect I, . . . , X et Pk X > 0. Or la première de ces
conditions entraine ∀k ∈ [[0, n]] , deg (Pk ) = k . Ainsi, on a bien

l'existence et l'unicité d'une famille orthonormale (Pn )n∈N E de telle que :


* (**)
D E
∀n ∈ N, deg (Pn ) = n ∀n ∈ N, Pn X n > 0

2 3 4

(b) L'algorithme de Schmidt à partir de la famille libre I, X, X , X , X donne :
r r r !
I 3 5 7 3
3X 2 − 1 , 5X 3 − 3X , √ 35X 4 − 30X 2 + 3
  
(P0 , P1 , P2 , P3 , P4 ) = √ , X,
2 2 8 8 8 2
(c) Soit Pn la propriété de récurrence  ∀k
∈ [[0, n]] , Pk est de la parité de k .
I
+ P0 est vraie car P0 = √
2
+ Supposons que Pn est vraie pour un certain entier n. Montrons Pn+1 .
On sait déjà que ∀k ∈ [[0, n]] , Pk est de la parité de k .
n
X
n+2 n+1
Pour Pn+1 . (α, λ0 , λ1 , . . . , λn ) ∈ R | Pn+1 = αX
Il existe des scalaires + λk Pk .
D E D E D k=0 E
Soit k ∈ [[0, n]]. Pn+1 Pk = α X n+1 Pk + λk . Or si n + 1 + k est impair, X n+1 Pk = 0

car X n+1 Pk
est alors un polynôme impair. Ainsi, si n+1+k est impair, λk = 0. Ainsi

est vraie
Xn
Pn+1 = αX n+1
+ λk Pk . Ainsi Pn+1
k=0
k+n+1 pair
+ On a montré P0 n ∈ N, Pn vraie entraine Pn+1 vraie. Ainsi
vraie et, pour tout par le
théorême de récurrence, on a, pour tout n ∈ N, Pn vraie.
En particulier ∀n ∈ N, Pn est de la parité de
n
1 n 
3. Soit (Qn )n∈N ∈ E N dénie par : ∀n ∈ N, Qn = n Dn X 2 − 1 (Formule de Rodrigues)
2 n!
n n n
(a) Soit f = (X − 1) et g = (X + 1) . En appliquant la formule de Leibniz à D (f × g), on a :
n  
n  X n
Dn X 2 − 1 = Dk (f )Dn−k (g).
k
k=0

3
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n! n!
Or Dk (f ) = (X − 1)n−k et Dn−k (g) = (X + 1)k . Ainsi :
(n − k)! k!
n  
1 X n n! n!
Qn = n (X − 1)n−k (X + 1)k i.e.
2 n! k=0 k (n − k)! k!
n  2
1 X n
Qn = n (X − 1)n−k (X + 1)k
2 k
k=0
n
(b) Calculer, pour p ∈ {1, · · · , n − 1} , 1 et −1 étant des zéros d'ordre n de X 2 − 1 ,
n  n 
Dp X 2 − 1 (1) = Dp X 2 − 1 (−1) = 0 .
n
n 
Pour p = n. Dans la somme donnant D X 2 − 1 , seul le terme en k = n a une contribution
non nulle en 1 (et en −1).

Dn X 2 − 1
n 
(1) = 2n n! et
Dn X 2 − 1
n 
(−1) = (−1)n 2n n!
(c) En remarquant que le polynôme dérivé d'un polynôme pair est un polynôme impair, que le
2
n
polynôme dérivé d'un polynôme impair est un polynôme pair, et que le polynôme X − 1

est pair, on montre que Qn est de la parité de n .

(d) Si P est un polynôme de degré p et de coecient dominant λ


k 6 p, la dérivée
et si
p!
k−ième de P est un polynôme de degré p − k et de coecient dominant λ . Ainsi
(p − k)!

est de degré et de coecient dominant


 
(2n)! 1 2n
Qn n = n .
2n (n!)2 2 n
n  2 n  2
n 1 X n n−k k 1 X n
Le coecient en X de Qn = (X − 1) (X + 1) est n . Ce
n
2 k=0 k 2 k=0 k
coecient étant le coecient dominant de Qn , on a en identiant les deux expressions de ce
n  2  
X n 2n
coecient dominant, = .
k n
k=0
n
Soit hn la fonction polynomiale, donc de classe C dénie par hn (t) = t − 1 . Soit Pp la
∞ 2
(e)
(p)
propriété de récurrence  hn s'annule en p points diérents dans ]−1, 1[.

+ P1 est-elle vraie ? hn s'annule en 1 et en −1 donc, d'après le théorême de Rolle, (possible car


hn est C ∞ ), on en déduit que h0n possède au moins un zéro dans ]−1, 1[. Ainsi P1 est vraie
+ Supposons que Pp est vraie pour un certain entier p ∈ [[1, n − 1]]. Montrons Pp+1 vraie.
(p)
On sait que hn s'annule en p points diérents de ]−1, 1[. On note ces points a1 , a2 , . . . , ap
avec −1 < a1 < · · · < ap < 1. Or 1 et −1 sont des racines de hn d'ordre n > p donc 1 = a0 et
−1 = ap+1 sont également des zéros de h(p) n . En appliquant le théorême de Rolle sur chaque
(p+1)
intervalle [ak , ak+1 ], on trouve que hn possède p + 1 racines distinctes dans ]−1, 1[. Ainsi

Pp+1 est vraie


+ On a montré P1 vraie et, pour tout p ∈ [[1, n − 1]], Pp vraie entraine Pp+1 vraie. Ainsi
par le théorême de récurrence nie, on a, pour tout
p ∈ [[1, n]] , Pp . vraie
En particulier h(n)
n possède n racines distinctes dans ]−1, 1[ .
(n) n
Ainsi Qn = 2 n!hn possède n racines distinctes dans ]−1, 1[. Or Qn est un polynôme de degré
n : on a trouvé toutes ses racines et elles sont toutes d'ordre 1. Ainsi
toutes les racines de Q sont simples, réelles et appartiennent à l'intervalle ]−1, 1[.
n

deux fonctions de classe C , on peut montrer par récurrence que



(f ) Pour f et g
(n−1)
" #1
Z 1 X Z 1
k n
f (n) (t)g(t)dt = (n−1−k)
(−1) f (k)
(t)g (t) (n)
+ (−1) f (t) g (t)dt.
−1 k=0 −1
−1
1 2
n
En appliquant cette relation aux polynômes P = X − 1 et S, et en rappelant que les
2n n!
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dérivées k−ièmes P s'annulent en 1 et −1 pour tout k < n, on en déduit :


de
1
(−1)n 1 2 D E (−1)n Z 1
Z Z
n (n) n
Qn (t)S(t)dt = n t − 1 S (t)dt i.e. Qn S = n t2 − 1 Dn (S)(t)dt

−1 2 n! −1 2 n! −1
(g) Soit S ∈ E de degré strictement inférieur à n. D'après la formule précédente, on a
D E (−1)n Z 1 n D E
Q n S = n t2 − 1 Dn (S)(t)dt = 0 donc Qn S = 0 .

2 n! −1
2
Soit (m, n) ∈ N avec m 6= n. Quitte à échanger n et m, on peut supposer m < n. D'après le

si ,
D E
résultat précédent, on a alors : m 6= n Qn Qm = 0 .

Z 1n
(h) Soit In = t2 − 1 dt. Pour n > 1, on a, en intégrant In par parties :
−1
" #1 Z 1
2 n n−1
t2 t2 − 1

In = t t − 1 − 2n dt = −2n (In + In−1 ). Donc
−1
−1
−2n
∀n ∈ N∗ , In = In−1 .
2n + 1
n 2n 2

Y −2k n 2 (n!)
Ainsi on en déduit ∀n ∈ N , In = I0 = (−1) I0 . Cette expression est
k=1
2k + 1 (2n + 1)!
22n+1 (n!)2
également valable pour n = 0, donc, comme I0 = 2, on a : ∀n ∈ N, In = (−1)n
(2n + 1)!
D E (2n)!
A l'aide de l'expression de Qn(n) = n , on trouve donc :
Q n S , comme

2 n!
n (2n)! 2
D E D E
Qn Qn = (−1) 2 In . Donc Qn Qn = .

n
2 (n!) 2n + 1
Par ailleurs, d'après la question 3b, Qn (1) = 1 .
r !
2n + 1
(i) D'après les questions précédentes, la famille Qn est une famille orthonormale
2
n∈N
de polynômes vériant ∀n ∈ N, deg (Qn ) = n.
(−1)n 1 2
Z Z 1
D E
n n n n 1 n
Comme Qn X = n t − 1 D (X )(t)dt = n 1 − t2 dt > 0, on a par
2 n! −1 2 −1
r
2
unicité de la famille (Pn )n∈N : Qn = Pn .
2n + 1
4. Soit n > 2.
D E D E
(a) Soit i 6 n − 3. On a clairement : XQn−1 Qi = Qn−1 XQi . Or le degré de XQi est

D E
strictement inférieur à n − 1. Donc XQn−1 Qi = 0

r !
2p + 1
(b) La famille Qp est une base orthonormale de En et XQn−1 ∈ En donc XQn−1
2
06p6n
est combinaison linéaire des vecteurs de cette famille, les coordonnées étant données par les pro-
duits scalaires de XQn−1 par les vecteurs de la bases orthonormales. Comme les produits sca-
laires avec les Qi pour i 6 n − 3 sont nuls, il ne reste que des composantes selon les vecteurs Qi

pour n − 2 6 i 6 n. Ainsi ∃ (an , bn , cn ) ∈ R3 tel que :


XQn−1 = an Qn + bn Qn−1 + cn Qn−2 .
2n + 1 D E
(c) Pour être plus précis, les coordonnées précédentes vérient : an = XQn−1 Qn ,

2
2n + 1 D E 2n + 1 D E
bn = XQn−1 Qn−1 et cn = XQn−1 Qn−2 .

2 2

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2n + 1 D E
Comme XQn−1 et Qn−1 sont des polynômes de parité diérente, bn = XQn−1 Qn−1 = 0 .

2
Ainsi XQn−1 = an Qn + cn Qn−2 . En prenant la valeur en 1, on en déduit an + cn = 1.

n 1 (2n − 2)! 1 (2n)! n


En considérant le coecient en X , on a : 2 = an n 2 . Ainsi an =
2 n−1 2 (n!) 2n − 1
((n − 1)!)
n−1 n n−1
et cn = . Ainsi XQn−1 = Qn + Qn−2 et donc
2n − 1 2n − 1 2n − 1
n Qn = (2n − 1)XQn−1 + (1 − n)Qn−2
2
n
5. (a) On reprend la fonction hn dénit sur R par hn (t) = t − 1 . On a :
∀t ∈ R, t2 − 1 h0n (t) − 2nt hn (t) = 0. En dérivant cette relation n + 1 fois, on obtient :


∀t ∈ R, t2 − 1 h(n+2) (t) + 2th(n+1) (t) − n(n + 1)h(n)



n n n (t) = 0.
∗ (n)
Or il existe γn ∈ R tel que ∀t ∈ R, hn (t) = γn Pn (t) et on a alors aussi
∀t ∈ R, h(n+1)
n (t) = γn Pn0 (t) et h(n+2)
n (t) = γn Pn00 (t).
∀t ∈ R, t2 − 1 Pn00 (t) + 2tPn0 (t) − n(n + 1)Pn (t) = 0

Ainsi :

2
 0 0 2
 00 0
(b) On pose fn la fonction dénie par : fn (t) = t − 1 Pn (t). On a fn (t) = t − 1 Pn (t)+2tPn (t).
1
Ainsi, d'après l'équation diérentielle vériée par Pn , on a : ∀t ∈ R, Pn (t) = fn0 (t).
Z 1 n(n + 1)
1 Pn0 (0)
En particulier : Pn (t)dt = (fn (1) − fn (0)) = .
r 0 n(n + 1) n(n + 1)
2n + 1 n+1 n
Or Pn = Qn et Q0n (0) vaut fois le coecient en X
n+1 2
de X − 1 .. Or ce
2 2n  
(n−1)/2 n
coecient est nul si n est pair et vaut (−1) n+1 si n est impair. Ainsi :
2

si n impair, et 0 si n pair
Z 1 (n−1)/2  
(−1) 4n + 2 n
Pn (t)dt = n+1
0 n 2n+1 2

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