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les polynômes de chebychev

LMAT2420 - Complex analysis II

NAJI BOUCHRA

May 5, 2023
Les polynômes de chebychev

1 Introduction
Les polynômes de Tchebychev, nommés d’après le mathématicien russe Paf-
nouti Tchebychev, sont une famille de polynômes qui apparaissent dans de
nombreux domaines des mathématiques et des sciences.

P. L. Tchebychev (1821-1894) fut, après Lo-


batchevski, le mathématicien russe le plus
remarquable au XIXe siècle. Il a apporté
une contribution importante à la théorie des
nombres et au calcul des probabilités et il a
créé un nouveau domaine de recherches en
analyse, que S. Bernstein a appelé la théorie
constructive des fonctions. Tchebychev a
fondé, à Saint-Pétersbourg, la première école
de mathématiques russe ; il a eu de nom-
breux et brillants élèves, qui ont travaillé
dans les mêmes domaines que lui : A. N.
Korkine, E. I. Zolotarëv, A.A. Markov, G.
F. Voronoi, A. M. L’apunov, V. A. Stekolv.
Tchebychev fait ses études à Moscou de 1837 à 1846 ; il y a été très influencé
par les cours du mathématicien tchèque N. D. Brachman, qui s’intéressait
surtout aux probabilités. Le mémoire de maîtrise de Tchebychev (1846)
est consacré à ce sujet. Tchebychev a obtenu un poste à Saint-Pétersbourg
(1847) et c’est là qu’il a soutenu sa thèse, sur l’intégration par les loga-
rithmes (1849). V. Y. Bounakovsky l’avait recruté pour travailler à l’édition
des mémoires d’Euler sur la théorie des nombres, deux volumes parus en 1849

Les polynômes de Tchebychev ont plusieurs propriétés remarquables qui les


rendent importants en mathématiques et dans d’autres domaines scientifiques
:

• Orthogonalité : Les polynômes de Tchebychev sont orthogonaux sur


l’intervalle [-1, 1]

• Approximation : Les polynômes de Tchebychev sont utilisés pour ap-


proximer des fonctions sur l’intervalle [-1, 1]

• Transformée de Fourier : Les polynômes de Tchebychev sont également

1
Les polynômes de chebychev

utilisés dans la transformée de Fourier discrète, où ils servent de base


pour représenter des signaux.

• Analyse numérique : Les polynômes de Tchebychev sont utilisés dans


des algorithmes de calcul numérique, notamment pour la résolution
numérique d’équations différentielles et d’équations intégrales.

2 Définitions et propriétés
Les trigonomètres ont observé depuis longtemps les formules :

cos 0θ = 1 sin 0θ =0
cos(1θ) = cos(θ) sin 1θ = sin θ
cos(2θ) = 2 cos2 (θ) − 1 sin 2θ = 2 sin θ cos θ
cos(3θ) = 4 cos3 (θ) − 3 cos(θ) sin 3θ = sin θ(4. cos2 θ − 1)
cos(4θ) = 8 cos4 (θ) − 8 cos2 (θ) + 1 sin 4θ = sin θ(8cos3 θ − 4cosθ)
cos(5θ) = 16 cos5 (θ) − 20 cos3 (θ) + 5 cos(θ) sin 5θ = sin θ(16 cos4 θ − 12 cos2 θ + 1)

Ces formules suggèrent que :


cos(nθ) = Tn (cos θ) et sin(nθ) = sin θUn−1 (cos θ)
où Tn et Un sont des fonctions polynomiales.
Les Tn et Un , étudiés par François Viète vers 1593 pour les premières
valeurs de n, puis par Jakob Bernoulli vers 1702 pour n quelconque,
s’appellent respectivement polynômes de Tchebychev de 1ère et de 2ème
espèce, car il fut sans doute le premier à leur trouver des applications loin
du cadre étroit de la trigonométrie.

2.1 Les polynômes de Tchebychev de la première et de


la deuxième espèce.
Proposition 1 : Les polynômes de Tchebychev de la première espèce
Tn .
Soit n un entier naturel. Il existe un polynôme noté Tn tel que :

∀θ ∈ R, Tn (cos θ) = cos(nθ).

2
Les polynômes de chebychev

Proposition 2 : les polynômes de Tchebychev de seconde espèce.


Les polynômes de Tchebychev de seconde espèce sont une famille de
polynômes vérifiant la relation :

∀t ∈ R, sin nt = sin t.Un (cos t)

Un tel polynôme existe et est unique

Preuve : Pour l’existence, on procède par le calcul suivant :


∀t ∈ R, ∀n ∈ N\{0}, on a la formule de Moivre :

cos nt + i sin nt = (eit )n = (cos(t) + i sin(t))n

Par la formule du binôme de Newton :


n
cosn−p (t)(i sin t)p
P
=
p=0

⌊n ⌋   ⌊ n−1 ⌋ 
2 n 2 n
(cos t)n−2k (i sin t)2k + (cos t)n−2k−1 (i sin t)2k+1
P P
=
k=0 2k k=0 2k + 1
⌊n
2
⌋ ⌊ n−1
2

n n
k
 n−2k 2 k

(−1)k (cos t)n−2k−1 (1−
P P
= (−1) 2k
(cos t) (1−cos t) +i sin t 2k+1
k=0 k=0
cos2 t)k
= Tn (cos t) + i(sin t.Un (cos t))
⌊n
2

Avec Tn (x) = n
 n−2k
(−1)k (1 − x2 )k
P
2k
x
k=0
⌊n
2

Et Un (x) = n

(−1)k xn−2k−1 (1 − x2 )k
P
2k+1
k=0

Pour l’unicité, il suffit de se rendre compte que deux polynômes qui con-
viendraient coïncideraient sur [−1; 1] qui est une partie infinie de R. Ainsi,
les deux polynômes seraient égaux.

3
Les polynômes de chebychev

Proposition 3 :Relation de récurrence vérifiée par les polynômes de


Tchebychev de première espèce
Soit ∀n ∈ N\{0}; on a :

Tn+1 (x) + Tn−1 (x) = 2Tn (x)

Preuve :

On a : Tn+1 (cos t) + Tn+1 (cos t) = cos(n + 1)t + cos(n − 1)t (*)


p+q p−q
Or, selon l’une des formules de Simpson : cos p+cos q = 2 cos . cos
2 2
(*) devient : = 2. cos n+1+n−1 n+1−n+1
 
2
t. cos 2
t = 2. cos nt. cos t = 2.Tn (cos t). cos t

Proposition 4 :Relation de récurrence vérifiée par les polynômes de


Tchebychev de seconde espèce
Soit ∀n ∈ N\{0}; on a :

Un+1 (x) + Un−1 (x) = 2xUn (x)

Soit n ∈ N ; supposons que Un et Un−1 sont définis. Alors :


sin(n+1)t sin(n−1)t
∀t ∈ R, Un+1 (cos t) + Un−1 (cos t) = sin t
+ sin t
sin(n + 1)t + sin(n − 1)t
=
sin t
n+1+n−1 n+1−n−1
2 sin( t) cos( t)
= 2 2
sin t
2 sin nt cos t
=
sin t
sin nt
= 2 cos t
sin t
= 2 cos t Un (cos t)

Ce qui donne la relation.


Ainsi, par récurrence, on peut définir la suite (Un )n∈N de polynômes de

4
Les polynômes de chebychev

Tchebychev de seconde espèce, l’unicité étant assurée par le fait que deux
polynômes qui conviendraient seraient égaux sur ] − 1; 1[ qui est une partie
infinie de R.

Proposition 5 : Relation avec les polynômes les Tn

Pour tout ∈ R : Tn′ = nUn

Remarque :
on aurait donc aussi pu définir les polynômes de Tchebychev de seconde es-
1
pèce de la manière suivante : Tn′ = Un
n

Preuve :
D’une part : ∀t ∈ R : (Tn (cos t))′ = (cos nt)′ = −n sin nt = −n sin t·Un (cos t)
D’autre part : ∀t ∈ R : (Tn (cos t))′ = − sin t · Tn′ (cos t)
On a alors : − sin t · Tn′ (cos t) = −n sin t · Un (cos t)
En supposant que : sin t ̸= 0 : Tn′ (cos t) = n · Un (cos t)
Les fonctions Tn′ et Un coïncident sur un ensemble infini, en l’occurrence
l’ensemble des cos t; t ∈ R\πZ , ces deux polynômes sont donc égaux.

Proposition 6 :
∀n ∈ N\{0}, Tn admet n racines réelles distinctes, toutes dans ] − 1; 1[, de
plus :
n−1 π kπ
Tn = 2n−1
Q
(x − cos( + ))
k=0 2n n

Preuve :
On a Tn (cos t) = cosnt
π
Et cos nt = 0 pour nt = + kπ; k ∈ Z
2
π kπ
Pour t = + ;k∈Z
2n n

5
Les polynômes de chebychev

     
π kπ π kπ π
Et Tn + = cos n + = cos + kπ =0
2n n 2n n 2
 
π kπ
Les réels cos + , k ∈ [0; n − 1] sont n réels distincts deux à deux,
2n n
et sont donc tous racines de Tn .
Comme deg Tn = n, ce sont les seuls racines.
Il reste à montrer que le coefficient du terme de degré de n est 22−1
On procède par récurrence : le coefficient de T1 (x) = x est : 1 = 21−1 = 20 .
Supposons que le coefficient du terme de degré n de Tn soit 2n−1 , alors on
voit d’après la relation de récurrence :

Tn+1 (x) + Tn−1 (x) = 2Tn (x)

que le coefficient du terme de degré (n + 1) est deux fois plus grand que celui
de Tn donc 2.2n−1 = 2n .
On peut alors déduire que Tn se factorise de la manière suivante :
n−1 π π
Tn = 2n−1
Q
(x − cos( + k ))
k=0 2n n

Proposition 7 : max |Tn | = 1


[−1,1]

Preuve : [−1; 1] est un compact et Tn définit une fonction polynomiale donc


continue, on peut déduire alors que Tn est bornée et atteint ses bornes sur
[−1; 1].
Soit x ∈ [−1; 1] et posons t = arccos x :

|Tn (x)| = |Tn (cos t)| = | cos nt| ≤ 1



On a l’équivalence : Tn (x) = 1 ⇔ x = cos pour un certain k ∈ [0; n]
n

Le max est alors atteint en 1 en chacun des nombres cos , k ∈ [0; n] ∩ 2N
n

Le min est atteint en -1 en chacun des nombres cos , k ∈ [0; n] ∩ 2N + 1
n

6
Les polynômes de chebychev

la figure ci-dessus représente le tracé de T6 et T7

Proposition 8 : max |Un | = n


[−1,1]

Preuve : Tout d’abord on note que :


∀n ∈ N\{0}, ∀θ ∈ R, | sin nθ| ≤ n| sin θ|
Montrons le résultat par récurrence. Soit θ ∈ R.
Si n = 1, le résultat est trivial : | sin 1θ| ≤ 1| sin θ|
Soit n ≥ 1. Supposons | sin(nθ)| ≤ n| sin θ| alors :
| sin(n+1)θ| = | sin(nθ) cos θ+cos(nθ) sin θ| ≤ | sin(nθ)|| cos θ|+| cos(nθ)|| sin θ| ≤
| sin nθ| + | sin θ| ≤ n| sin θ| + | sin θ| = (n + 1)| sin θ|,
Ce qui démontre par récurrence l’inégalité proposée.
Par suite, pour n entier naturel non nul et θ non dans πZ, |Un (cos θ)| =
sin(nθ)
≤ n ou encore (l’inégalité restant valable pour x = −1 ou x = 1
sin θ
par continuité) :
∀n ∈ N\{0}, ∀x ∈ [−1; 1] , |Un (x)| ≤ n
Soit n ≥ 2. En reprenant le raisonnement par récurrence ci-dessus, si on a :
|sin nθ| = n |sin θ|
Alors toutes les inégalités écrites sont des égalités et on a nécessairement :
| sin nθ| = | sin(n − 1)θ|| cos θ| + | cos(n − 1)θ|| sin θ| = | sin(n − 1)θ| + | sin θ| =

7
Les polynômes de chebychev

n |sin θ|
Ceci impose : |sin(n − 1)θ| = 0 car si |sin(n − 1)θ| =
̸ 0 alors θ ∈
/ πZ, pui
|cos θ| < 1 et on n’a pas l’égalité. En résumé, si θ ∈ / πZ, |Un (cos θ)| =
sin nθ
<n
sin θ
Maintenant, quand θ tend vers 0 ou vers π dans l’égalité |Un (cos θ)| =
sin nθ
, on obtient |Un (1)| = |Un (−1)| = n.
sin θ
Finalement, : max |Un | = n
[−1,1]

2.2 L’orthogonalité des polynômes de Tchebychev


Les polynômes de Tchebychev, quelle que soit l’espèce, constituent des familles
de polynômes orthogonaux.

Rappels : nous rappellerons des résultats abordés au cours d’analyse


fonctionnelle (LMAT1321)

Lemme 1 : Soit E un espace vectoriel euclidien de dimension n, soit a ∈ E.


Il existe une unique forme linéaire ϕa sur E telle que : ∀x ∈ E, ϕa (x) = ⟨a|x⟩

Définition : Produit scalaire pour des polynômes orthogonaux


On pose le produit scalaire qui suit sur E = R[x](qui s’applique aussi aux
fonctions continues de carré intégrable) : soient w ∈ C 0 (I, RR+ ) une fonction
non nulle, I = [−1; 1], on définit le produit scalaire ⟨f |g⟩ = I f.g.w

Remarque :
Il s’agit bien d’un produit scalaire :

• Il est symétrique I f.g.w = I g.f.w


R R

• Il est défini positif si f ̸= 0, ⟨f |f ⟩ = f 2 .x > 0 (cf cours analyse


R
I
intégration)

• Il est bilinéaire : (comme il est symétrique , nous ne prouverons que


pour un seul côté) si g est fixé, f, h ∈ E, λ ∈ R,

8
Les polynômes de chebychev

R1 R1 R1 R1 R1
−1
(λf + h).g.w = −1
λf.g.w + −1
h.g.w = λ −1
f.g.w + −1
h.g.w

On peut construire, par récurrence sur k, une base orthonormée sur Ek =


Rk [x] à base de polynômes orthogonaux (w fixée) .
Sachant que Ek−1 est un hyperplan de Ek , on pose Dk tel que Ek = Dk Ek−1 .
L

On a X k ∈ Dk ; on peut dire alors que Dk = vect(X k ). On pose alors


Pk de degrék

Pk :
||Pk || = 1et⟨Pk |X k ⟩ = 1
Un tel Pk existe et est unique (cf lemme 1). C’est en quelques sortes, une
forme d’orthogonalisation de Gram-shmidt. . .
Pk est de degré k ( la famille (Pj )j∈N est à degrés échelonnés donc libre) ; le
1
coefficient dominant de Pk est . Il est aisé de vérifier que si i ̸= j,
⟨Pk |X k ⟩
⟨Pi |Pj ⟩ = 0, et que par conséquent, pour tout P ∈ Rk−1 [X]⟨Pk |P ⟩ = 0

Proposition 8 : Application aux polynômes de Tchebychev de première


espèce.
Les polynômes de Tchebychev de première espèce est uneRfamille orthogonale
1
pour le produit scalaire défini sur R[X] par ⟨P |Q⟩ = −1 P (t).Q(t).w(t)dt
1
avec w(t) = √
1 − t2

Preuve : Soient m et n deux entiers naturels,


R1 R1
On a, ⟨Tm |Tn ⟩ = −1 Tm (t)Tn (t)w(t)dt = −1 Tm√(t)Tn (t)
1−t2
dt posons t = cos θ
R π Tm (cos θ)Tn (cos θ)
⟨Tm |Tn ⟩ = − 0
√ (− sin θ)dθ
1 − cos2 θ
R π cos(mθ) cos(nθ)
=− 0 √ (− sin θ)dθ
Rπ sin2 θ
= 0 cos(mθ) cos(nθ) dθ
1 Rπ
= cos(m + n)θ + cos(m − n)θdθ
2 0
 0 si m ̸= n


= π si m = n = 0
 π sim = n ≥ 1

2
9
Les polynômes de chebychev

Nous venons de prouver l’orthogonalité, mais on peut remarquer que la


famille des polynômes de Tchebychev de première espèce n’est pas de norme
1.

Proposition 9 : Application aux polynômes de Tchebychev de seconde


espèce.
Les polynômes de Tchebychev de première espèce est uneRfamille orthogonale
1
pour le produit scalaire défini sur R[X] par ⟨P |Q⟩ = −1 P (t).Q(t).w(t)dt

avec w(t) = 1 − t2

Preuve : Soient m et n deux entiers naturels :


R1 R1 √
On a ⟨Um |Un ⟩ = −1 Um (t)Un (t)w(t)dt = −1 Um (t)Un (t) 1 − t2 dt posons
t = cos θ
Rπ √
⟨Tm |Tn ⟩ = − 0 Um (cos θ)Un (cos θ) 1 − cos2 θ(− sin θ)dθ
R π sin(m + 1)θ sin(n + 1)θ
=− 0 | sin θ| (− sin θ) dθ
Rπ sin2 θ
= 0 sin(m + 1)θ sin(n + 1)θ dθ
1 Rπ
= [cos(m + n + 2)θ − cos(m − n)θ]dθ
2 0
0 si m ̸= n
(
= π
si m = n
2
Nous venons de prouver l’orthogonalité, mais on peut remarquer que la
famille des polynômes de Tchebychev de seconde espèce n’est pas de norme 1.

Proposition 10 :
1
Tn est le polynôme unitaire de degré n réalisant la meilleure approxima-
2n−1
tion uniforme de la fonction nulle.
1
Preuve : Soit n ∈ N \{0}. Soit tn = n−1 Tn et P un polynôme unitaire de
2
degré n ≥ 1. Il s’agit de montrer que :

1
||tn ||∞ = ≤ ||P ||∞
2n−1

10
Les polynômes de chebychev

Où ||P ||∞ = max |P (x)|.


x∈[−1,1]

1
Supposons par l’absurde que ||P ||∞ ≤ n−1 = ||tn ||∞
2
 

Considérons les nombres xk = cos , 0 ≤ k ≤ n.
n
1 1
Alors tn (x0 ) = − n−1 > P (x0 ) puis tn (x1 ) = n−1 < P (x1 ) puis tn (x2 ) =
2 2
1
> P (x2 )
2n−1

3 Exemples d’utilisations
3.1 Intervention des polynômes de Tchebychev dans l’interpolation
de Lagrange
C’est l’un des intérêts principaux des polynômes de Tchebychev.
En effet, considérons une fonction f définie sur l’intervalle [−1, 1] et x1 , . . . , xn
des points distincts de l’intervalle [−1, 1].
Le polynôme d’interpolation de Lagrange associé est l’unique polynôme de
degré n − 1 qui vérifie P (xi ) = f (xi ) pour tout i ∈ {1, . . . , n}.
La façon la plus naturelle de choisir les points xi est de les choisir uni-
formément répartis dans l’intervalle [−1, 1]. On obtient alors une suite de
polynômes (Pn ) qui interpolent f en de plus en plus de points.
On pourrait s’attendre à ce que la suite (Pn ) converge uniformément vers
f lorsque le nombre de points d’interpolation augmente. Malheureusement,
ce n’est pas le cas, ce phénomène est connu sous le nom de phénomène de
Runge.
Une solution est, étonnamment, de ne pas choisir les points uniformément
répartis dans l’intervalle [−1, 1]. Une raison pour cela est l’inégalité suivante :
si f est de classe C n sur l’intervalle [−1, 1], et si L est le polynôme d’interpolation
de Lagrange en les points x1 , . . . , xn , alors on a :
f (N ) ∞
∀x ∈ [−1, 1], |f (x) − L(x)| ≤ sup |(x − x1 )...(x − xn )| ×
x∈[−1,1] N!

11
Les polynômes de chebychev

L’idée est donc de choisir les xi de sorte que :


sup |(x − x1 )...(x − xn )|
x∈[−1,1]

soit le plus petit possible. On démontre que ceci est réalisé lorsque les xi
sont les zéros du polynôme de Tchebychev de degré n, à savoir :
 
(2i − 1)π
xi = cos , i = 1, ..., n.
2n
On peut généraliser cela à tout intervalle fermé [a, b] par une simple action
d’une translation et d’une homothétie. Précisément, les abscisses de Tcheby-
chev d’ordre n de l’intervalle [a, b] sont les réels :
 
a+b a−b (2k − 1)π
xi = + cos , k = 1, ..., n
2 2 2n
Cependant, si l’interpolation au sens de Tchebychev est bien meilleure que
l’interpolation aux points équidistants, elle ne résout pas complètement le
phénomène de Runge.

3.2 Intégration de Gauss-Tchebychev


On sait que les polynômes de Tchebychev forment une base orthogonale sur
1
[−1; 1] par rapport à la fonction de poids w(x) = √
1 − x2
Les valeurs wi ont, dans ce cas, une expression analytique générale wi =
π
n+1
Les polynômes de Tchebychev permettent de calculer une approximation de
R1 1
l’intégrale : −1 f (x) √ dx = nx=1 wi .f (xi ) les x( i) étant les racines de
P
1 − x2
f (x)
L’erreur est donnée par :

ϵ= f 2n+2 (c), avec c ∈ [−1, 1]
22n+2 (2n + 2)!
Exemple 3.2.2 Pour n=1, le pôlynome du second degré T2 (x) = 2x2 −
1 π
1 admet deux racines x0 = √ les valeurs w0 = w1 = conduisent à
2 2
l’approximation

12
Les polynômes de chebychev

R1
    
1 π −1 1
f (x) √ dx ≃ f √ +f √
−1 1−x 2 2 2 2

3.3 Les polynômes de Tchebychev pour la résolution


d’une équation différentielle :
Tn est solution de l’équation différentielle
′′
(1 − x2 )Tn (x) − xT ′ n (x) + n2 Tn (x) = 0

4 Applications pratiques
Les polynômes de Tchebychev ont de nombreuses applications dans différents
domaines scientifiques. Ils sont, par exemple, utilisés :

• Pour le filtrage de signaux : Les polynômes de Chebychev peuvent être


utilisés pour filtrer des signaux afin d’éliminer le bruit ou de réduire
les fréquences indésirables. Cette technique est couramment utilisée en
traitement de signal.

• En analyse spectrale : Les polynômes de Chebychev peuvent être util-


isés pour analyser les spectres de signaux en termes de coefficients de
polynômes de Chebychev. Cette technique est couramment utilisée en
physique, en chimie et en biologie.

• Ils peuvent être aussi utilisés pour optimiser des algorithmes numériques,
tels que la méthode des éléments finis ou la méthode de Monte Carlo.

• Peuvent être utilisés pour la compression d’images , pour la résolution


problèmes en finance. . . .

5 Conclusion
L’objectif de ce travail est de donner une idée simple sur les polynômes de
Tchebychev , à partir de leurs propriétés et leurs applications en analyse
numérique.
En effet, les polynômes de Chebychev sont une famille importante de polynômes
orthogonaux qui ont des applications dans divers domaines, tels que l’analyse

13
Les polynômes de chebychev

numérique, la théorie des approximations et la physique mathématique. Ils


sont définis par récurrence à partir d’une formule explicite et possèdent
plusieurs propriétés intéressantes telles que leur comportement oscillatoire
sur un intervalle donné et leur capacité à approcher n’importe quelle fonction
continue sur cet intervalle avec une erreur arbitrairement petite en utilisant
les coefficients du développement en série de Chebyshev correspondant. En
outre, ils peuvent être utilisés pour résoudre efficacement certaines équations
différentielles linéaires ainsi que pour calculer les valeurs propres d’opérateurs
différentiels ou intégraux réguliers. En conclusion, les polynômes de Cheby-
chev sont un outil précieux dans le domaine des mathématiques appliquées
qui mérite d’être étudié plus en profondeur.
Cependant, il reste encore plusieurs défis à relever pour améliorer leur utili-
sation.
L’un des principaux défis est lié à l’amélioration de leur précision numérique
en présence d’erreurs d’arrondi ou lorsqu’ils sont appliqués à des problèmes
avec une grande sensibilité aux erreurs.
Un autre défi consiste à étendre les applications des polynômes de Cheby-
chev dans le domaine non- linéaire et non classique, tels que les systèmes
dynamiques chaotiques. Bien qu’ils soient largement utilisés dans les prob-
lèmes linéaires, ils ne sont pas aussi bien compris ni aussi efficaces dans le
cas non-linéaire.
Enfin, un dernier défi est liée au développement de méthodes plus rapides
et plus efficaces pour calculer les coefficients des polynômes de Chebychev
lorsque leurs ordres deviennent très élevés. Les méthodes actuelles nécessi-
tent souvent beaucoup trop temps computationnel lorsqu’on travaille avec
ces ordres élevées.

14

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