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NAJI BOUCHRA
May 5, 2023
Les polynômes de chebychev
1 Introduction
Les polynômes de Tchebychev, nommés d’après le mathématicien russe Paf-
nouti Tchebychev, sont une famille de polynômes qui apparaissent dans de
nombreux domaines des mathématiques et des sciences.
1
Les polynômes de chebychev
2 Définitions et propriétés
Les trigonomètres ont observé depuis longtemps les formules :
cos 0θ = 1 sin 0θ =0
cos(1θ) = cos(θ) sin 1θ = sin θ
cos(2θ) = 2 cos2 (θ) − 1 sin 2θ = 2 sin θ cos θ
cos(3θ) = 4 cos3 (θ) − 3 cos(θ) sin 3θ = sin θ(4. cos2 θ − 1)
cos(4θ) = 8 cos4 (θ) − 8 cos2 (θ) + 1 sin 4θ = sin θ(8cos3 θ − 4cosθ)
cos(5θ) = 16 cos5 (θ) − 20 cos3 (θ) + 5 cos(θ) sin 5θ = sin θ(16 cos4 θ − 12 cos2 θ + 1)
∀θ ∈ R, Tn (cos θ) = cos(nθ).
2
Les polynômes de chebychev
⌊n ⌋ ⌊ n−1 ⌋
2 n 2 n
(cos t)n−2k (i sin t)2k + (cos t)n−2k−1 (i sin t)2k+1
P P
=
k=0 2k k=0 2k + 1
⌊n
2
⌋ ⌊ n−1
2
⌋
n n
k
n−2k 2 k
(−1)k (cos t)n−2k−1 (1−
P P
= (−1) 2k
(cos t) (1−cos t) +i sin t 2k+1
k=0 k=0
cos2 t)k
= Tn (cos t) + i(sin t.Un (cos t))
⌊n
2
⌋
Avec Tn (x) = n
n−2k
(−1)k (1 − x2 )k
P
2k
x
k=0
⌊n
2
⌋
Et Un (x) = n
(−1)k xn−2k−1 (1 − x2 )k
P
2k+1
k=0
Pour l’unicité, il suffit de se rendre compte que deux polynômes qui con-
viendraient coïncideraient sur [−1; 1] qui est une partie infinie de R. Ainsi,
les deux polynômes seraient égaux.
3
Les polynômes de chebychev
Preuve :
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Les polynômes de chebychev
Tchebychev de seconde espèce, l’unicité étant assurée par le fait que deux
polynômes qui conviendraient seraient égaux sur ] − 1; 1[ qui est une partie
infinie de R.
Remarque :
on aurait donc aussi pu définir les polynômes de Tchebychev de seconde es-
1
pèce de la manière suivante : Tn′ = Un
n
Preuve :
D’une part : ∀t ∈ R : (Tn (cos t))′ = (cos nt)′ = −n sin nt = −n sin t·Un (cos t)
D’autre part : ∀t ∈ R : (Tn (cos t))′ = − sin t · Tn′ (cos t)
On a alors : − sin t · Tn′ (cos t) = −n sin t · Un (cos t)
En supposant que : sin t ̸= 0 : Tn′ (cos t) = n · Un (cos t)
Les fonctions Tn′ et Un coïncident sur un ensemble infini, en l’occurrence
l’ensemble des cos t; t ∈ R\πZ , ces deux polynômes sont donc égaux.
Proposition 6 :
∀n ∈ N\{0}, Tn admet n racines réelles distinctes, toutes dans ] − 1; 1[, de
plus :
n−1 π kπ
Tn = 2n−1
Q
(x − cos( + ))
k=0 2n n
Preuve :
On a Tn (cos t) = cosnt
π
Et cos nt = 0 pour nt = + kπ; k ∈ Z
2
π kπ
Pour t = + ;k∈Z
2n n
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Les polynômes de chebychev
π kπ π kπ π
Et Tn + = cos n + = cos + kπ =0
2n n 2n n 2
π kπ
Les réels cos + , k ∈ [0; n − 1] sont n réels distincts deux à deux,
2n n
et sont donc tous racines de Tn .
Comme deg Tn = n, ce sont les seuls racines.
Il reste à montrer que le coefficient du terme de degré de n est 22−1
On procède par récurrence : le coefficient de T1 (x) = x est : 1 = 21−1 = 20 .
Supposons que le coefficient du terme de degré n de Tn soit 2n−1 , alors on
voit d’après la relation de récurrence :
que le coefficient du terme de degré (n + 1) est deux fois plus grand que celui
de Tn donc 2.2n−1 = 2n .
On peut alors déduire que Tn se factorise de la manière suivante :
n−1 π π
Tn = 2n−1
Q
(x − cos( + k ))
k=0 2n n
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Les polynômes de chebychev
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Les polynômes de chebychev
n |sin θ|
Ceci impose : |sin(n − 1)θ| = 0 car si |sin(n − 1)θ| =
̸ 0 alors θ ∈
/ πZ, pui
|cos θ| < 1 et on n’a pas l’égalité. En résumé, si θ ∈ / πZ, |Un (cos θ)| =
sin nθ
<n
sin θ
Maintenant, quand θ tend vers 0 ou vers π dans l’égalité |Un (cos θ)| =
sin nθ
, on obtient |Un (1)| = |Un (−1)| = n.
sin θ
Finalement, : max |Un | = n
[−1,1]
Remarque :
Il s’agit bien d’un produit scalaire :
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Les polynômes de chebychev
R1 R1 R1 R1 R1
−1
(λf + h).g.w = −1
λf.g.w + −1
h.g.w = λ −1
f.g.w + −1
h.g.w
Proposition 10 :
1
Tn est le polynôme unitaire de degré n réalisant la meilleure approxima-
2n−1
tion uniforme de la fonction nulle.
1
Preuve : Soit n ∈ N \{0}. Soit tn = n−1 Tn et P un polynôme unitaire de
2
degré n ≥ 1. Il s’agit de montrer que :
1
||tn ||∞ = ≤ ||P ||∞
2n−1
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Les polynômes de chebychev
1
Supposons par l’absurde que ||P ||∞ ≤ n−1 = ||tn ||∞
2
kπ
Considérons les nombres xk = cos , 0 ≤ k ≤ n.
n
1 1
Alors tn (x0 ) = − n−1 > P (x0 ) puis tn (x1 ) = n−1 < P (x1 ) puis tn (x2 ) =
2 2
1
> P (x2 )
2n−1
3 Exemples d’utilisations
3.1 Intervention des polynômes de Tchebychev dans l’interpolation
de Lagrange
C’est l’un des intérêts principaux des polynômes de Tchebychev.
En effet, considérons une fonction f définie sur l’intervalle [−1, 1] et x1 , . . . , xn
des points distincts de l’intervalle [−1, 1].
Le polynôme d’interpolation de Lagrange associé est l’unique polynôme de
degré n − 1 qui vérifie P (xi ) = f (xi ) pour tout i ∈ {1, . . . , n}.
La façon la plus naturelle de choisir les points xi est de les choisir uni-
formément répartis dans l’intervalle [−1, 1]. On obtient alors une suite de
polynômes (Pn ) qui interpolent f en de plus en plus de points.
On pourrait s’attendre à ce que la suite (Pn ) converge uniformément vers
f lorsque le nombre de points d’interpolation augmente. Malheureusement,
ce n’est pas le cas, ce phénomène est connu sous le nom de phénomène de
Runge.
Une solution est, étonnamment, de ne pas choisir les points uniformément
répartis dans l’intervalle [−1, 1]. Une raison pour cela est l’inégalité suivante :
si f est de classe C n sur l’intervalle [−1, 1], et si L est le polynôme d’interpolation
de Lagrange en les points x1 , . . . , xn , alors on a :
f (N ) ∞
∀x ∈ [−1, 1], |f (x) − L(x)| ≤ sup |(x − x1 )...(x − xn )| ×
x∈[−1,1] N!
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soit le plus petit possible. On démontre que ceci est réalisé lorsque les xi
sont les zéros du polynôme de Tchebychev de degré n, à savoir :
(2i − 1)π
xi = cos , i = 1, ..., n.
2n
On peut généraliser cela à tout intervalle fermé [a, b] par une simple action
d’une translation et d’une homothétie. Précisément, les abscisses de Tcheby-
chev d’ordre n de l’intervalle [a, b] sont les réels :
a+b a−b (2k − 1)π
xi = + cos , k = 1, ..., n
2 2 2n
Cependant, si l’interpolation au sens de Tchebychev est bien meilleure que
l’interpolation aux points équidistants, elle ne résout pas complètement le
phénomène de Runge.
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R1
1 π −1 1
f (x) √ dx ≃ f √ +f √
−1 1−x 2 2 2 2
4 Applications pratiques
Les polynômes de Tchebychev ont de nombreuses applications dans différents
domaines scientifiques. Ils sont, par exemple, utilisés :
• Ils peuvent être aussi utilisés pour optimiser des algorithmes numériques,
tels que la méthode des éléments finis ou la méthode de Monte Carlo.
5 Conclusion
L’objectif de ce travail est de donner une idée simple sur les polynômes de
Tchebychev , à partir de leurs propriétés et leurs applications en analyse
numérique.
En effet, les polynômes de Chebychev sont une famille importante de polynômes
orthogonaux qui ont des applications dans divers domaines, tels que l’analyse
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