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Théorème de Weierstrass

Démonstration par les polynômes de Bernstein

On va ici établir le théorème suivant :


Théorème 1. Soit f une fonction continue d'un segment [a, b] dans R ou C ; alors, il existe une suite de
fonctions polynômes (Pn ) qui converge vers f uniformément sur [a, b].
Tout d'abord, on peut toujours se ramener au cas où [a, b] = [0, 1] à l'aide d'un
( changement
) de variable
( ) x−a
ane : poser g(t) = f a + t(b − a) pour t ∈ [0, 1], c'est-à-dire f (x) = g . Le même chan-
b−a
gement, appliqué aux polynômes d'approximation, transformera bien les fonctions polynômes en fonctions
polynômes.
On suppose désormais f dénie et continue sur [0, 1]. On lui associe les polynômes de Bernstein Bn (f ),
dénis par ( ) ( ) ∑
n
n k
∀n ∈ N ∀t ∈ [0, 1] Bn (f )(t) = f tk (1 − t)n−k
k n
k=0
Dans la proposition suivante, on identie comme d'habitude polynômes abstraits et fonctions polynômes
associées :
Proposition 2. i.∀n ∈ N Bn (1) = 1.
ii. ∀n ∈ N ∗
Bn (X) = X .
X(1 − X)
iii. ∀n > 2 Bn (X 2 ) = X 2 + .
n
∑ ( ) ( )n
Le point i. est immédiat : ∀n ∈ N ∀t( ∈) [0, 1] ( Bn)(1)(t) = nk=0 nk tk (1 − t)n−k = t + (1 − t) = 1.
Pour le point ii., on utilise l'identité k nk = n n−1
k−1 , valable si 1 6 k 6 n : pour tout n > 1 et tout
t ∈ [0, 1], le terme d'indice k = 0 étant nul,
∑n ( ) ∑n ( )
k n k n−1 k
Bn (X)(t) = t (1 − t)n−k
= t (1 − t)n−k
n k k−1
k=1 k=1
∑ (n − 1)
n−1
( )n−1
= tj+1 (1 − t)n−1−j = t t + (1 − t) =t
j=0
j

en posant j = k − 1. (n)
Le point iii. découle d'un calcul analogue : on décompose k en k(k − 1) + k , le terme k(k − 1)
(n−2)
2
k devient
n(n − 1) k−2 en appliquant deux fois l'identité précédente.
n ( )( )2
∑ n
k 1
Proposition 3. ∀n > 2 ∀t ∈ [0, 1] − t tk (1 − t)n−k 6 .
k n 4n
k=0

Soient n > 2 et t ∈ [0, 1]. En développant le carré, la somme sous la valeur absolue devient
t(1 − t) t(1 − t)
Bn (X 2 )(t) − 2tBn (X)(t) + t2 Bn (1)(t) = t2 + − 2t2 + t2 =
n n
Une étude de fonction rapide montre que t(1 − t) est positive sur [0, 1] et atteint son maximum en 1/2,
maximum égal à 1/4, ce qui donne la majoration annoncée.
Revenons à la fonction f : pour simplier les écritures, on notera désormais, pour tout n, fn la fonction
polynôme Bn (f ). On veut démontrer que (fn ) converge vers f uniformément sur [0, 1]. On se donne donc
un réel ε > 0, et on va établir l'existence d'un rang n0 tel que ∀n > n0 ∀t ∈ [0, 1] |fn (t) − f (t)| 6 ε.
Notons déjà que, puisque f est continue sur un segment, elle est bornée sur ce segment : on peut donc
poser { }
M = sup |f (t)| ; t ∈ [0, 1]
De plus, f est uniformément continue sur ce segment, ce qui justie la dénition de α dans la proposition
suivante :
Théorème de Weierstrass

( ε)
Proposition 4. Soit α > 0 vériant ∀(t, u) ∈ [0, 1]2 |u − t| 6 α =⇒ f (u) − f (t) 6 . Alors :
2

∀(t, u) ∈ [0, 1]2 f (u) − f (t) 6 ε + 2M (u − t)2
2 α2

Il sut de discuter suivant la valeur de |u − t|. Si |u − t| 6 α, alors, par dénition de α, f (u) − f (t) 6 ε/2,
et donc le résultat est établi.
(u − t)2 (u − t)2
Si |u − t| > α, alors f (u) − f (t) 6 f (u) + f (t) 6 2M 6 2M 2
puisque > 1, et donc
α α2
le résultat est encore vrai.
On peut maintenant majorer ecacement |fn (t) − f (t)|. Soient n ∈ N et t ∈ [0, 1]. Puisque Bn (1) = 1, on
peut écrire ( )[ ( ) ]

n
n k
fn (t) − f (t) = fn (t) − f (t)Bn (1) = f − f (t) tk (1 − t)n−k
k n
k=0

On en déduit :
n ( ) ( )
∑ n k
fn (t) − f (t) 6 f − f (t) tk (1 − t)n−k
k n
k=0
∑n ( ) n ( )( )2
ε n k 2M ∑ n k
6 t (1 − t)n−k + 2 − t tk (1 − t)n−k (Prop. 4)
2 k α k n
k=0 k=0
ε M
6 +
2 2α2 n
en utilisant Bn (1) = 1 et la proposition 3.
M ε
Il ne reste plus qu'à choisir n0 ∈ N vériant 6 ; on aura alors bien
2α2 n0 2

∀n > n0 ∀t ∈ [0, 1] fn (t) − f (t) 6 ε

ce qui achève la démonstration du théorème 1.

▹2◃

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