Pôle de Mathématiques S1 2019/20

Département Génie Électrique – 3ème année D.S. de maths générales de MA1

Documents autorisés : les notes manuscrites prises en cours et en TD, les documents mis à disposition par
les enseignants sur moodle sauf examens corrigés (autorisés seulement sous forme papier) ainsi qu’une
calculatrice scientifique. Le barème indiqué est provisoire. Durée : 2 heures
Problème I : Séries de Fourier-Tchebychev (7.5 points)
Soit V = C 0 ([−1, 1], R) l’espace vectoriel des fonctions réelles continues de [−1, 1] dans R muni du produit
scalaire : Z 1
1
hf, gi = f (x)g(x) √ dx, pour (f, g) ∈ V 2
−1 1 − x2
On rappelle que les polynômes de Tchebychev Tn , n ∈ N, sont définis pour x ∈ [−1, 1] par

Tn (x) = cos(n arccos(x)).

On a démontré en TD que la famille {Tn } est une famille orthogonale dans V . On admet par la suite que
cette famille forme bien une base de V . Pour Ptoute fonction f ∈ V , on souhaite maintenant expliciter la
∞
décomposition de f dans cette base : f (x) = n=0 αn Tn (x).
1. Montrer que ( (1)
2 π si n = 0
kTn k =
π/2 si n > 0
où k·k est la norme induite par le produit scalaire.

Solution:
Z 1 Z π
2 1 2
kTn k = hTn , Tn i = Tn (x) √ dx = cos(nθ)2 dθ avec x = cos(θ)
−1 1 − x2 0
Z π Z π (
1 π 1 π si n = 0
= (1 + cos(2nθ)) dθ = + cos(2nθ) dθ = π
0 2 2 0 2 2 si n > 0

2. Donner l’expression des coefficients αn sous la forme d’une intégrale. Montrer que ces coefficients (1)
s’identifient, pour n > 0, aux coefficients an de la série de Fourier de la fonction 2π-périodique définie
par θ 7→ f (cos(θ)), et que α0 s’identifie à a0 /2.

Solution:
∞
X ∞
X 2
Si f = αk Tk , alors hf, Tn i = αk hTk , Tn i = αn kTn k
k=0 k=0
Z 1 Z π
1 1 1 1
⇒ αn = 2 hf, Tn i = 2 f (x)Tn (x) √ dx = 2 f (cos(θ)) cos(nθ) dθ
kTn k kTn k −1 1 − x2 kTn k 0
Z π
1
= 2 f (cos(θ)) cos(nθ) dθ
2 kTn k −π
( Rπ
1 a0
= 2πR −π f (cos(θ)) dθ = 2 si n = 0
1 π
π −π f (cos(θ)) cos(nθ) dθ = an si n > 0

3. Soit g la fonction 2π-périodique définie pour tout t ∈ [−π, π] par g(t) = |t|. Tracer cette fonction sur (3)
l’intervalle [−3π, 3π], déterminer sa série de Fourier réelle.

1
 Solution:
∞ π
2 π
Z
a0 X 2 cos(nt)
Sg (t) = an cos(nt) où an = t cos(nt) dt = (après IPP)
2 n=1 π 0 π n2 0
(
2 (−1)n − 1 0 si n > 0 pair
= = −4
π n2 πn2 si n > 0 impair
∞
π 4 X cos((2n + 1)t)
a0 = π Sg (t) = −
2 π n=0 (2n + 1)2

4. En déduire la décomposition dans la base {Tn } de la fonction f1 , définie par (1)

f1 (x) = | arccos(x)| pour x ∈ [−1, 1].

Solution: Il suffit de remarquer que f1 (cos(θ)) = |θ| = g(θ). A l’aide des questions précédentes :
∞
π 4 X T2n+1 (x)
f1 (x) = −
2 π n=0 (2n + 1)2

5. Déterminer le meilleur polynôme de degré ≤ 2, p1 = argminp∈R2 [X] {kf1 − pk}, qui approche au (1.5)
mieux la fonction f1 au sens de la norme k·k induite du produit scalaire. Ici R2 [X] signifie l’ensemble
des polynômes réels de degré ≤ 2. Tracer f1 et p1 sur [−1, 1].

Solution: Cela revient à utiliser seulement les termes d’indice ≤ 2 de la série de f1 :

π 4
p1 (x) = − x
2 π

Problème II : Résolution d’une équation au sens des distributions (7 points)

On souhaite déterminer dans D 0 (R) l’ensemble des solutions de l’équation

x2 T = 0. (E)

Première méthode :
On introduit deux fonctions ψ1 ∈ D(R) et ψ2 ∈ D(R) telle que ψ1 (0) = 1, ψ10 (0) = 0 et ψ2 (0) = 1.
1. Montrer que pour toute fonction ϕ ∈ D(R), la fonction (1)

ϕ(x) − ϕ(0)ψ1 (x) − ϕ0 (0)xψ2 (x)

ϕ̃ : x →
x2
est continue. On admet par la suite que ϕ̃ ∈ D(R).

Solution:

Quand x → 0
1 1 00
ϕ(x) = ϕ(0) + ϕ0 (0)x + ϕ00 (0)x2 + O(x3 ) et ψ1/2 (x) = ψ1/2 (0) + ψ1/2
0
(0)x + ψ1/2 (0)x2 + O(x3 )
2  2 
1 1
⇒ ϕ̃(x) = 2 (ϕ00 (0) − ϕ(0)ψ100 (0) − 2ψ20 (0)ϕ0 (0)) x2 + O(x3 )
x 2
1 00
→ (ϕ (0) − ϕ(0)ψ100 (0) − 2ψ20 (0)ϕ0 (0))
2
On peut prolonger ϕ̃ continûment en x = 0.

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 2. En déduire que (2)
T = Cψ1 δ + Cψ2 δ 0 ,
où Cψ1 et Cψ2 sont deux constantes (par rapport à ϕ) que l’on explicitera et δ la distribution de
Dirac en 0.

Solution: Si T vérifie (E) on a

∀ϕ ∈ D : 0 = x2 T, ϕ̃ = hT, ϕ − ϕ(0)ψ1 − ϕ0 (0)xψ2 i = hT, ϕi − hT, ψ1 i hδ, ϕi + hT, xψ2 i hδ 0 , ϕi

⇒ T = Cψ1 δ + Cψ2 δ 0 où Cψ1 = hT, ψ1 i , Cψ2 = − hT, xψ2 i

3. Soient ψ̃1 ∈ D(R) et ψ̃2 ∈ D(R) telles que ψ̃1 (0) = 1, ψ̃10 (0) = 0, et ψ̃2 (0) = 1. (1)

Montrer que Cψ1 = Cψ̃1 et Cψ2 = Cψ̃2 , puis en déduire l’ensemble des solutions de l’équation (E).

Solution:
D E D E
Cψ̃1 = T, ψ̃1 = Cψ1 δ + Cψ2 δ 0 , ψ̃1 = Cψ1 ψ̃1 (0) − Cψ2 ψ̃10 (0) = Cψ1
D E D E
Cψ̃2 = − T, xψ̃2 = − Cψ1 δ + Cψ2 δ 0 , xψ̃2 = Cψ2

L’ensemble des solutions est T = C1 δ + C2 δ 0 .

Deuxième méthode :
On souhaite toujours résoudre l’équation (E) et nous allons maintenant introduire la distribution

T̃ = xT.

4. Déterminer l’équation vérifiée par T̃ . En déduire l’ensemble des solutions pour T̃ . (1)

Solution: La distribution T̃ vérifie xT̃ = x2 T = 0, donc T̃ = Cδ.

5. Montrer que la distribution −δ 0 est solution de l’équation xT = δ. (1)

Solution:
hx(−δ 0 ), ϕi = − hδ 0 , xϕi = hδ, (xϕ)0 i = hδ, ϕ + xϕ0 i = hδ, ϕi

6. En déduire l’ensemble des solutions T de l’équation x2 T = 0. (1)

Solution:

xT̃ = 0 ⇒ T̃ = xT = Cδ solution particulière T = −Cδ 0

Si U vérifie également xU = Cδ on a x(T − U ) = 0 ⇔ T − U = cst × δ
⇒ solutions T = C1 δ + C2 δ 0

Problème III : Propriétés du produit de convolution dans S 0 (R) (7 points)

Soient S et T deux distributions tempérées, on rappelle que le produit de convolution S ∗ T est la
distribution tempérée définie par

hS ∗ T, ϕi = hSx , hTt , ϕ(x + t)ii

quand le double crochet a un sens pour toute fonction test ϕ ∈ S .

Symétrie du produit de convolution :

Page 3
 1. Soit T ∈ S 0 , g : R2 → R une fonction C ∞ à décroissance rapide. Justifier (sans détailler) le fait que (0.5)
 Z  Z
Tx , g(x, t) dt = hTx , g(x, t)i dt

Solution:
Z X
T est linéaire et continue et g(x, t) dt ” = ” lim g(x, tk ) ∆tk
k
* + Z
X X
” ⇒ ” Tx , lim g(x, tk ) ∆tk = lim hTx , g(x, tk )i ∆tk = hTx , g(x, t)i dt
k k

Pour une démonstration rigoureuse il faudra bien sur préciser quelques points.

2. Soit f : R → R une fonction C ∞ à support borné. Montrer que pour toute distribution tempérée S, (1)
alors
S ∗ T{f } = T{f } ∗ S.

Solution:
 Z 
hS ∗ Tf , ϕi = Sx , T{f (t)} , ϕ(x + t) = Sx , f (t)ϕ(x + t) dt
Z
= f (t) hSx , ϕ(x + t)i dt = T{f (t)} , hSx , ϕ(x + t)i = hTf ∗ S, ϕi

Transformée de Fourier du produit de convolution :

Soient f ∈ S (R), T une distribution tempérée et ϕ ∈ S (R). On rappelle que F [f ϕ] (x) = F [f ]∗F [ϕ] (x)
et on souhaite démontrer cette propriété au sens des distributions tempérées :

F [f (x)T ] = F [T ] ∗ T{fˆ}

3. Montrer que ∀ϕ ∈ S : D E (1)

F [T ] , fˆ(−x) ∗ ϕ(x) = hF [f (x)T ] , ϕi

On pourra utiliser la propriété que F [F [f ]] (x) = f (−x).

Solution:
D E D h iE D h i E
F [T ] , fˆ(−x) ∗ ϕ(x) = T, F fˆ(−x) ∗ ϕ(x) = T, F fˆ(−x) × ϕ̂(x)
= hf (x)T, ϕ̂(x)i = hF [f (x)T ] , ϕi

4. Montrer que D E (1.5)

fˆ(−x) ∗ ϕ(x) = T{fˆ(t)} , ϕ(x + t) .
Et en déduire la propriété.

Solution:
Z ∞ Z ∞ D E
fˆ(−x) ∗ ϕ(x) = fˆ(−u)ϕ(x − u) du = fˆ(t)ϕ(x + t) du = T{fˆ(t)} , ϕ(x + t)
−∞ −∞
D D EE D E
⇒ hF [f (x)T ] , ϕi = F [T ]x , T{fˆ(t)} , ϕ(x + t) = F [T ] ∗ T{fˆ} , ϕ

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Peigne de Dirac et produit de convolution :
On rappelle que le peigne de Dirac ∆ est défini pour tout ϕ ∈ S (R) par
X
h∆, ϕi = ϕ(k).
k∈Z

On rappelle de plus l’identité F [∆] = ∆. Soit f une fonction C ∞ (R, R).

5. Montrer que (1)
δk ∗ T{f } = T{f (x−k)}

Solution:

δk ∗ T{f } , ϕ = T{f (x)} , h(δk )t , ϕ(x + t)i = T{f (x)} , ϕ(x + k)

Z Z
= f (x)ϕ(x + k) dx = f (x − k)ϕ(x) dx = T{f (x−k} , ϕ
R R

6. Montrer que (1)

∆ ∗ T{f } = T{Pk f (x−k)} .

Solution:
X X
∆ ∗ T{f (x)} = δk ∗ T{f (x)} = T{f (x−k)} = T{P f (x−k)}
k∈Z
k∈Z k∈Z

7. Justifier mathématiquement la phrase suivante : (1)

 Echantillonner une fonction revient à périodiser sa transformée de Fourier .

Solution: Mathématiquement, l’échantillonnage d’un signal x(t) correspond à la multiplication par

un peigne de Dirac. Dans le domaine fréquentiel cela se transforme en produit de convolution. La
transformée du peigne de Dirac est encore un peigne de Dirac, alors le spectre du signal échantillonné
xe est
1 X
x̂e (f ) = x̂(f − k/T )
T
k∈Z

où T est la période d’échantillonnage (cf. cours de SSMT). Le spectre de xe est donc périodique.

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