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Master M2 Mathématiques Appliquées - Module ”Analyse Fonctionnelle”

Partiel du 10 janvier

Notes de cours autorisées. Appareils électroniques interdits. Barême indicatif : 4-6-


10.

Exercice 1. Inégalité de Hardy. Soit p ∈]1, +∞[ et q = p/(p − 1) son exposant


conjugué. Soit l’espace de Banach Lp = Lp (]0, +∞[, dx). Le but de l’exercice est de
montrer que l’opérateur linéaire T défini par
1 x
Z
T f (x) = f (t) dt.
x 0

est continu de Lp dans Lp , de norme |||T |||p = q.

(a) Si f est une fonction ou une classe de fonctions sur ]0, +∞[, on définit fˆ sur R par
fˆ(x) = ex/p f (ex ). Montrer que f ∈ Lp si et seulement si fˆ ∈ Lp (R, dx) et que dans ce
cas on a ||f ||Lp = ||fˆ||Lp (R,dx) .

(b) Soit h(x) = e−x/q 1[0,+∞) (x). Montrer que h ∈ L1 (R, dx) et calculer ||h||L1 (R,dx) .
Montrer que Tcf = h ∗ fˆ, où ∗ désigne le produit de convolution usuel. Déduire du
(a) et d’un résultat du cours que T est continu de Lp dans Lp avec |||T |||p ≤ q.

(c) Soit fn (x) = (nx)−1/p 1[1,en ] (x). Montrer que ||fn ||Lp = 1 pour tout n ≥ 0 et que
||T fn ||Lp → q quand n → +∞. En déduire que |||T |||p = q.

Exercice 2. Polynômes de Laguerre. On note H l’espace de Hilbert L2 (R+ , e−x dx)


et pour tout n ∈ N on considère
ex dn −x n
Ln (x) = (e x ), x ≥ 0,
n! dxn
le n−ième polynôme de Laguerre. Le but de l’exercice est de montrer que le système
{Ln , n ≥ 0} forme une base orthonormée de H.

(a) Si f est une fonction C ∞ , montrer par récurrence que


n
dn −x −x
X
k kd
n−k
f
n
(e f ) = e (−1) C n n−k
dx k=0
dx

pour tout n. En déduire que Ln (x) est un polynôme de degré n dont on donnera
explicitement les coefficients.

(b) Soit (.|.) le produit scalaire dans H et X k la fonction monômiale x 7→ xk . Montrer


que (Ln |X k ) = 0 pour tout k = 0 . . . n − 1 et que (Ln |X n ) = (−1)n n!. En déduire que

1
{Ln , n ≥ 0} est une famille orthonormée dans H.

(c) Calculer (Ln |fα ) pour tout α ≥ 0, où fα désigne la fonction x 7→ e−αx . En déduire
X Z ∞ 2
−x 1
fα (x)Ln (x)e dx = = ||fα ||2H
n≥0 0 2α + 1

puis par un résultat du cours que fα ∈ Vect[Ln , n ≥ 0] pour tout α ≥ 0, où l’adhérence
est prise pour la distance hilbertienne.

(d) Montrer à l’aide du théorème de Bernstein que C0 ([0, 1], R) = Vect[xn , n ≥ 1],
où C0 ([0, 1], R) désigne l’ensemble des fonctions continues de [0, 1] dans R nulles en
0 et où l’adhérence est prise pour la distance uniforme. Montrer que l’opérateur
f 7→ fˆ avec fˆ(x) = f (e−x ) est une isométrie de C0 ([0, 1], R) dans C0 (R+ , R) pour la
norme uniforme, où C0 (R+ , R) désigne l’ensemble des fonctions continues de R+ dans
R tendant vers 0 à l’infini. En déduire que

C0 (R+ , R) = Vect[fn , n ≥ 1],

où l’adhérence est prise pour la distance uniforme.

(e) Comparer dans H la norme hilbertienne et la norme uniforme. En adaptant à H


le Corollaire 4.4.4. du cours, déduire de tout ce qui précède

H = C0 (R+ , R) = Vect[Ln , n ≥ 0],

où l’adhérence est prise pour la distance hilbertienne. Conclure.

Problème. Zéros positifs de fonctions de Bessel. On définit sur R les fonctions de


Bessel de première espèce Jn , n ∈ N, par
 x n X (−1)i (x/2)2i
Jn (x) = ·
2 i≥0
i!(n + i)!

On pose

Kn (x, y) = xy exp[−(n + 1)| log(x/y)|]
pour tout x, y ∈]0, 1] et Kn (x, y) = 0 si x = 0 ou y = 0. On définit sur L2 ([0, 1], dx)
l’opérateur Tn par Z 1
Tn f (x) = Kn (x, y)f (y)dy.
0
Le but du problème est de mettre à jour une correspondance bijective entre les racines
positives de Jn et les valeurs propres de Tn .

(a) Montrer à l’aide de résultats du cours que Tn est un opérateur auto-adjoint et


Hilbert-Schmidt de L2 ([0, 1], dx) dans lui-même.

2
(b) Soit f ∈ C([0, 1], R) et soit Fn = Tn f. Montrer que Fn (0) = 0 et que pour tout
x ∈]0, 1]
Z x Z 1
−(n+1/2)
Fn (x) = x tn+3/2
f (t) dt + x n+3/2
t−(n+1/2) f (t) dt.
0 x

En déduire que Fn ∈ C 1 ([0, 1], R), Fn0 (0) = 0 et Fn0 (1) + (n + 1/2)Fn (1) = 0. Montrer
que Fn ∈ C 2 (]0, 1], R) et vérifie sur ]0, 1] l’équation différentielle du deuxième ordre

Fn00 − (n + 1/2)(n + 3/2)x−2 Fn = −2(n + 1)f. (1)

(c) Donner la solution générale de y 00 − (n + 1/2)(n + 3/2)x−2 y = 0 à l’aide de


deux fonctions du type xλ , et montrer que seule la solution nulle vérifie y(0) = 0 et
y 0 (1) + (n + 1/2)y(1) = 0. En déduire que Fn est la seule solution F de (1) telle que
F (0) = 0 et F 0 (1) + (n + 1/2)F (1) = 0.

(d) Montrer par une intégration par parties que


Z 1 Z 1 Z x 
−(n+1/2) n+3/2
(Tn f |f ) = Tn f (x)f (x) dx = 2 f (x)x t f (t)dt dx
0 0 0
Z 1 Z 1 
n+3/2 −(n+1/2)
= 2 f (x)x t f (t)dt dx
0 x

pour tout f ∈ C([0, 1], R). En déduire que


Z 1 Z 1
−2
(n + 1/2)(n + 3/2) 2
t |Tn f (t)| dt + |(Tn f )0 (t)|2 dt + (n + 1/2)|Tn f (1)|2
0 0

vaut 2(n + 1)(Tn f |f ) pour tout f ∈ C([0, 1], R), et que Tn est un opérateur positif.

(e) Démontrer qu’un réel λ > 0 est valeur propre de Tn si et seulement si l’équation
 
00 2(n + 1) (n + 1/2)(n + 3/2)
y + − y = 0 (2)
λ x2

admet une solution non nulle telle que y(0) = 0 et y 0 (1) + (n + 1/2)y(1) = 0.

(f) Montrer que Jn (x) est solution de l’équation de Bessel

x2 y 00 + xy 0 = (n2 − x2 )y.

En déduire que les solutions de (2) vérifiant y(0) = 0 sont des multiples de
√ p
hn (x) = xJn+1 (x 2(n + 1)/λ).
0
(g) Montrer que xJn (x) = xJn+1 (x) + (n + 1)Jn+1 (x) pour tout x ∈ R et déduire de
tout ce qui précède que λ > 0 est une valeur propre de Tn si et seulement si
p
Jn ( 2(n + 1)/λ) = 0.

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