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Dr. Mahmoudi W. F.

Chapitre 3 LPC1 : 2023/2024

Flux du vecteur champ électrostatique : Théorème de Gauss

I) Introduction :
Dans le cas où la distribution de charges présente une symétrie suffisante qui conduit à un champ
électrostatique qui ne dépend que d’une seule variable et qui n’a qu’une composante non nulle,
généralement le théorème de Gauss permet de déterminer ce champ.
II) Flux d’un champ de vecteurs :

Avant de définir le flux d’un champ de vecteurs A à travers une surface (), nous allons préciser
comment orienter la surface () et le vecteur élément de surface.
II-1) Orientation de la normale d’une surface :
Dans la pratique, on rencontre deux types de surfaces : les surfaces fermées et les surfaces ouvertes.
- Une surface fermée est une surface qui délimite un volume et sépare l’espace en intérieur et extérieur.
Par convention, la normale d’une surface fermée est toujours dirigée vers l’extérieur.
- Une surface ouverte est une surface qui s’appuie sur un contour fermé.

Si le contour  est orienté, le sens de la normale n en un point de la surface est le sens de progression
d’un tire- bouchon qu’on fait progresser dans le sens de parcourt de .
Si  n’est pas orienté, on choisit un point P de la surface et on oriente la normale en P
arbitrairement. Ceci permet de définir une face positive et une face négative de la surface ; la normale

n est orientée de la face négative vers la face positive. En tout autre point de la surface, la normale est
orientée de la face négative vers la face positive.
II-2) Vecteur élément de surface :
 
On définit le vecteur élément de surface en un point M par : dS ( M )  dS ( M )n( M )

dS ( M ) est l’élément de surface en M et n est le vecteur unitaire de la normale à dS .
II-3) Définition d’un flux d’un champ de vecteurs :
Considérant une surface ouverte () s’appuyant sur un contour fermé (). Le sens positif de () est
donné par le sens de () conformément à la règle du tire bouchon.

Soit un champ de vecteurs A défini en tout point de (). On définit le flux élémentaire, noté d , du
  
champ de vecteurs A à travers l’élément de surface dS , par la quantité scalaire d  A.dS .
  
Le flux total de A à travers () sera donné par l’intégrale de surface :    A.dS .

C’est-à-dire, le flux d’un champ vectoriel à travers une surface est la mesure du nombre de lignes du dit
champ traversant cette surface.
 
Si () est une surface fermée, le contour () n’existe plus et on note    A.dS .

II-4) Flux d’un champ électrostatique créé par une charge ponctuelle :
Flux élémentaire – Notion d’angle solide :
Soit une charge ponctuelle q placée en O.

Le champ E ( M ) créé par q en M est :
 
 q u  OM 
E (M )  avec u   2 et r  OM
4 0 r 2
OM

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Soit dS un élément de surface entourant le point M et orientons la surface dS .


 
Le flux élémentaire de E à travers la surface orientée est : u
 
d  E.dS M
 
  dS
q u.dS n

4 0 r 2
q
 d
4 0 d
    q
u.dS u.n O
Où d   2  2 dS est l’angle solide élémentaire sous lequel du point O, on voit le contour de la
r r
surface élémentaire (géométriquement, c'est un cône de sommet O qui est tangent à l'élément de surface
dS ).
d est exprimé en stéradian et son signe dépend de l’orientation de la surface :
   
d  0 si   (n, u ) est inférieur à et d  0 si   .
2 2
Remarque : la notion de l’angle solide est l’extension naturelle dans l’espace de l’angle défini dans un
plan.
Soit A et B deux points d’un cercle de centre O et de rayon R. L’angle  sous lequel l’arc  AB est vu

AB B
du point O est  
R
O m

A
Application :
1- Déterminer l’angle solide sous lequel de O, on voit un disque de rayon R et de centre C (0, 0, h).
 
u.dS   
d   2 avec dS   d  d u z z u
r
 d  d
Soit d   cos  M
r2
 d  d m
    h
r2
 h y
On pose tg   d   d O
h cos 
2

m 2
    sin  d  d  2 (1  cos  m )
0 0 x

2- Déterminer l’angle solide sous lequel du point O, on voit la portion de sphère (calotte sphérique) de
centre O et de rayon r  R 2  h 2 c’est-à-dire s’appuyant sur la circonférence du disque de rayon R et
de centre C (0, 0, h).
  m 2
u.dS r 2 sin  d d
d  2      d    sin  d  d  2 (1  cos  m )
r r2 0 0

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Conséquences :
- Une infinité de surface s’appuyant sur un même contour sont vues sous le même angle solide.

- L’angle solide sous lequel on voit le demi-espace ( m  ) est égale à 2 .
2
- L’angle solide sous lequel on voit tout l’espace ( m   ) est égale à 4 .

Flux de E sortant d’une surface fermée :

Soit une surface fermée (). On se propose de calculer le flux du champ électrostatique E créé par la
charge ponctuelle q à travers la surface fermée (). Deux cas seront envisagés : le cas où la charge q
est extérieur à la surface () et celui où la charge q est située à l’intérieur de ().
1er cas : la charge est située à l’extérieur de ()
Soit () une surface fermée qui n’entoure pas la charge q placée en O. Traçons un cône élémentaire
de sommet O et d’angle solide d . Ce cône élémentaire découpe sur S deux éléments de surfaces
   
dS1 et dS2 . Les angles solides sous lesquels dS1 et dS2 sont vus à partir de O sont égaux en valeurs
 
absolues mais ils sont de signes opposés à cause de l’orientation du vecteur normal n par rapport à u .
  
Il vient que le flux élémentaire du champ E à travers dS1 et dS2 est nul.


u
dS2

n2
dS1
O

q n1

On en conclut que le flux sortant de la surface () du champ électrostatique créé par une charge
ponctuelle située à l’extérieur d’une surface fermée () est nul.
2ème cas : la charge est située à l’intérieur de ()

 d 

est l’angle solide  sous lequel du point O on voit la surface fermée (),  est donc l’angle

solide sous lequel du point O on voit tout l’espace, d’où   4 .


 q
On conclut que le flux de E à travers () est égal à si q est à l’intérieur de ().
0
La généralisation de ces résultats à une distribution quelconque de charge constitue le théorème de
Gauss.
III) Théorème de Gauss :

Nous allons utiliser les résultats obtenus pour calculer le flux du champ E créé par une distribution de
charges, sortant d’une surface fermé (). Nous désignons par l’indice i les charges situées à l’intérieur
 
de () et par l’indice e les charges extérieures à (). Soit Ei le champ créé par qi et Ee le champ créé
par qe .

Le champ E créé par toute la distribution de charges est la somme vectorielle des champs créés par
  
chacune des charges : E   Ei   Ee
i e

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     
Le flux du champ E sortant de la surface () est :   
 E .dS  
  i  Ee ).dS
( E 
  i e

Soit    i  e
i e

qi
D’après précédemment, on a : i  et e  0
0
qi
Soit   
i 0
Enoncé :

Le flux du champ électrostatique E créé par une distribution de charges discontinue ou continue à
travers une surface fermée est égal à la charge à l’intérieur de cette surface divisée par  0 :
  Q

 E.d S  int .
0
La démarche pour utiliser le théorème de Gauss est la suivante :
- On analyse la symétrie de la distribution de charges.
- On choisit une surface fermée S dite surface de Gauss. Cette surface doit passer par le point M où on
  
veut déterminer le champ E. Elle est choisie telle que le produit scalaire E ( M ).n est nul ou constant

( n est le vecteur normal à la surface de Gauss).

- On détermine le flux sortant  de E à travers S.
- On détermine la charge Qint se trouvant à l’intérieur de S.
 Q
- On déduit E de l’expression   int .
0
Remarque :
- Le théorème de Gauss que nous venons de voir dans le cadre de l’électrostatique à partir de la loi de
Coulomb est valable quand les charges sont en mouvement.

ur
- Le théorème de Gauss est valable pour tous les champs de vecteurs de la forme 2 , en particulier le
r

champ de gravitation g .
III) Règles de symétries :
L’étude quantitative des phénomènes électrostatiques nécessite de relier les effets (champ, potentiel,
énergie…) aux causes qui leurs donnent naissance (distribution de charges). Ceci fait appel, en général,
à des calculs complexes. Cependant, les calculs se simplifient considérablement lorsque la distribution
présente une symétrie particulière.
III-1) Symétrie plane des champs scalaires :
On dit qu’un champ scalaire f possède la symétrie paire par rapport à un plan ( ) si les valeurs de ce
champ en deux points P et P ' symétriques par rapport à ( ) sont identiques : f ( P)  f ( P ' ).
Si le plan ( ) est confondu avec le plan ( xOy ), alors : f ( x, y, z )  f ( x, y,  z ).
On dit qu’un champ scalaire f possède la symétrie impaire par rapport à un plan ( ) si les valeurs de
ce champ en deux points P et P ' symétriques par rapport à ( ) sont opposées : f ( P)   f ( P ' ).
Si le plan ( ) est confondu avec le plan ( xOy ), alors : f ( x, y, z )   f ( x, y,  z ).

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- Si la distribution de charges à la symétrie paire par rapport à un plan ( ), alors le champ et le


potentiel électrostatiques ont aussi cette symétrie.

En particulier, si M  ( ) alors E ( M ) est contenu dans ce plan, c’est-à-dire sa composante normale à
( ) est nulle.
- Si la distribution de charges à la symétrie impaire par rapport à un plan ( ), alors le champ et le
potentiel électrostatiques ont aussi cette symétrie.

En particulier, si M  ( ) alors E ( M ) est perpendiculaire à ce plan, c’est-à-dire sa composante
tangentielle à ( ) est nulle.
III-2) Invariance par translation et par rotation :
Invariance par translation / Symétrie de translation :

On dit qu’un champ scalaire f ou vectoriel E est invariant par translation le long d’un axe  si les
valeurs de ce champ en deux points P et P ' (où P ' est obtenu par translation de P parallèlement à  )
sont égales.

Si  correspond à l’axe Oz , f et E sont invariants par translation le long de Oz est équivalent à dire

que f et E sont indépendants de z.
Invariance par rotation / Symétrie de révolution :
On dit qu’un champ scalaire f est invariant par toute rotation d’angle  autour de Oz lorsque f ne
dépend pas de l’angle  .

On dit qu’un champ vectoriel E est invariant par rotation d’angle  autour de Oz lorsque
 ' '  
E ( M )  E ( M ) où M ' et E ' sont les images par la rotation d’angle  respectivement de M et E.

Autrement dit, en tournant M de  , le champ de vecteurs E subit la même rotation.

En conséquence, si le champ de vecteurs E est invariant par toute rotation  autour de l’axe Oz alors

les composantes cylindriques de E ne dépendent pas de l’angle  .
Symétrie cylindrique :
On dit qu’un champ scalaire f possède la symétrie cylindrique (symétrie de révolution et de
translation) d’axe Oz lorsque f est invariant par toute translation le long de l’axe Oz et par toute
rotation autour de cet axe. En utilisant les coordonnées cylindriques, f ne dépend alors que de la
distance  à l’axe Oz : f ( P )  f (  ).
 
On dit qu’un champ vectoriel E possède la symétrie cylindrique d’axe Oz lorsque E est invariant par
toute translation le long de l’axe Oz et par toute rotation autour de cet axe. Il vient que les composantes

cylindriques de E ne dépendent ni de z ni de l’angle  .
Symétrie sphérique :
On dit qu’un champ scalaire f possède la symétrie sphérique de centre O lorsque f est invariant par
toute rotation autour du point O. En utilisant les coordonnées sphériques, f ne dépend alors que de la
variable r : f ( P )  f (r ).
 
On dit qu’un champ vectoriel E possède la symétrie sphérique de centre O lorsque E est invariant par

toute rotation autour du point O. Il vient que les composantes sphériques de E ne dépendent ni de
l’angle  ni de l’angle  .
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IV) Loi de Curie :


IV-1) Enoncé :
La loi de Curie stipule que l’effet (champ ou potentiel électrostatiques par exemple) possède au moins
la symétrie de sa cause (distribution de charges).
IV-2) Règle de symétrie du champ et du potentiel électrostatiques :
A partir de la loi de Curie, on déduit :
- Si la distribution de charges est invariante pour toute translation le long de l’axe , alors le champ et
le potentiel électrostatiques sont aussi invariants pour toute translation le long de l’axe .
- Si la distribution de charges est invariante pour toute rotation d’angle  autour de Oz , alors le champ
électrostatique et le potentiel ne dépendent pas de  .
- Si la distribution de charges est symétrique par rapport à un point O, alors le champ et le potentiel
électrostatiques ne dépendent ni de l’angle  ni de l’angle  .
Récapitulation :
L’invariance par translation ou par rotation permet de déterminer le système de coordonnées le plus
adéquat et détermine les variables d’espace qui n’interviennent pas dans la description du système.
Par contre la symétrie par rapport à un plan renseigne sur la direction du champ. Elle permet de
déterminer les composantes du champ qui sont nulles.

Symétrie paire Symétrie impaire

Champ de contenu dans perpendiculaire


vecteurs le plan de au plan de

polaires E ( M ) symétrie symétrie
E  0 E//  0

Les symboles  et  signifient respectivement composante perpendiculaire au plan de symétrie et


composante parallèle au plan de symétrie.
V) Relations locales de l’électrostatique dans le vide et en régime stationnaire :
V-1) Théorème de rotationnel-Formule de Stokes :
    
Ce théorème permet de transformer l’intégrale curviligne en une intégrale double :  rot
S
A .dS   A.dl
C

où S la surface s’appuyant sur le contour orienté C.


Ce résultat constitue le théorème de rotationnel.
L’opérateur rotationnel est défini en coordonnées cartésiennes par :
           
rot A    A avec  l’opérateur nabla défini par   i  j k
x y z
V-2) Théorème de la divergence-Formule d’Ostrogradski :
  
Il permet de transformer l’intégrale double en une intégrale triple :  div Ad  
 A.dS où  est le
 S

volume délimité par S.


Ce résultat constitue le théorème de la divergence ou formule d’Ostrogradski.
L’opérateur divergence est défini en coordonnées cartésiennes par :
   A A A
div A  . A  x  y  z
x y z

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
V-3) Circulation conservative de E :
   
La circulation conservative du champ électrostatique est traduite par  E.dl  0 ou encore E.dl  dV
 
qui permet d’écrire E   gradV
      
D’après le théorème de rotationnel, on aura :  rot E.dS   E.dl  0  rot E  0
S C

(S) étant une surface quelconque s’appuyant sur un contour fermé (C)
Ceci permet de poser les implications suivantes :
     
 E .dl  0  E   gradV  rot E0
V-4) Formule locale ou différentielle du théorème de Gauss :
Forme intégrale du théorème de Gauss :
Le flux sortant du champ électrostatique à travers une surface fermée est égal à la charge à l’intérieur
  Q
de cette surface divisée par  0 : 
 E.d S  int
SG
0
Dans le cas où la distribution de charge est continue et décrite par une distribution volumique  , la
charge totale intérieure à SG est donnée par : Qint    d

 étant un volume quelconque limitant la surface S G .


  Q  d
Soit 
 E.d S  int  
SG
0  o
  
En utilisant le théorème de la divergence, on aura : 

SG
E .dS 

 .d
divE

 
  (divE  ) d  0
 o
  (M )
Cette relation est valable quelque soit le volume  , cela donne : divE ( M ) 
o
C’est la forme locale du théorème de Gauss, elle relie le champ électrostatique en un point M à la
source qui lui a donné naissance en ce même point.
V-5) Equation de Poisson-Equation de Laplace :
  (M )  
En tout point M de l’espace : divE ( M )  et E ( M )   gradV
0
  (M )

 div  gradV  V   0
 (M )
Soit V   0 c’est l’équation de Poisson.
0


- Le Laplacien d’un champ scalaire V est noté V et il est défini par V  div grad (V ) . 
 2  2V  2V  2V
En coordonnées cartésiennes, on écrit V   V  2  2  2
x y z
Dans une région où la charge est absente, on aura V  0. Il s’agit de l’équation de Laplace.

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