Vous êtes sur la page 1sur 31

Cours de Phénomène de transferts Année 2023

TRANSFERT DE CHALEUR PAR RAYONNEMENT


I. Nature du rayonnement
Le transfert d’énergie par rayonnement résulte des interactions énergétiques entre un milieu
matériel et le champ électromagnétique environnant et se produit par l’intermédiaire d’ondes
électromagnétiques, donc sans support matériel. Tout corps matériel émet et absorbe de
l’énergie sous forme de rayonnement électromagnétique. Le transfert par rayonnement est
donc un phénomène d’émission - absorption de photons par la matière.
Le phénomène se manifeste sous divers aspects : ondes hertziennes, lumineuses, thermiques,
rayons X, gamma, ou cosmiques. Ces rayonnements peuvent être décomposés en un spectre
constitué de radiations périodiques simples, les radiations monochromatiques, caractérisée par
leur fréquence ν ou leur longueur d’onde λ, cette dernière étant liée à la fréquence par la
relation C = λ/ν , dans laquelle C est la vitesse de la propagation des ondes dans le milieu
traversé avec C = C0 /n

Figure 01 : Spectre des ondes électromagnétiques


On ne retiendra que le rayonnement thermique émis par le corps entre 0.1 et 100μm
II. Grandeurs physiques
1. Classifications des grandeurs physiques utilisées
Les grandeurs physiques utilisées dans ce chapitre seront classées simultanément selon deux
critères indépendants qui sont :
• La composition spectrale du rayonnement
• La distribution spectrale (directionnelle) du rayonnement
a. Classification selon la composition spectrale du rayonnement
➢ Les grandeurs physiques relative à l’ensemble du spectre du rayonnement thermique
sont appelées totales, ce qualificatif pouvant d’ailleurs être considéré comme implicite

Master 2 de Mécanique des fluides et Applications (MFA) Dr O.N. THIAM


Cours de Phénomène de transferts Année 2023
➢ Les grandeurs relatives à un intervalle spectral étroit dλ centré autour d’une longueur
d’onde λ sont dites monochromatiques. On les affecte d’un indice λ pour les distinguer
des précédentes : Gλ
b. Classification selon la distribution spatiale du rayonnement
✓ Si la grandeur est relative à l’ensemble des directions de l’espace elle est dite
hémisphérique.
✓ Si elle caractérise une direction donnée de propagation elle est dite directionnelle : Gx.
NB :
o Lorsque le rayonnement est le même dans toutes les directions de l’espace on dit qu’il
est isotrope.
o Lorsque la répartition spatiale du rayonnement est indépendante de la longueur d’onde
on dit qu’il est homogène.
2. Grandeurs relatives aux surfaces émettant un rayonnement
a) Flux d’une source
❖ On appelle flux d’une source S la puissance rayonnée notée ϕ par S dans tout l’espace
qui l’entoure, sur toutes les longueurs d’onde. Le flux ϕ s’exprime en W.
❖ Le flux envoyé par un élément de surface dS dans un angle solide élémentaire dΩ est
noté d2ϕ
❖ Le flux envoyé dans tout l’espace par une surface élémentaire dS est noté dϕ.
❖ Le flux envoyé par une surface S dans l’angle solide dΩ entourant la direction Ox est
noté dϕx.
Ce flux est émis pour différentes longueur d’ondes, aussi peut-on décomposer ce flux en flux
monochromatique élémentaire ϕλ , qui permet de caractériser précisément la façon dont le

corps rayonne ϕ est tel que ϕ = ∫0 ϕλ dλ
Quantifier le flux émis par une source dans un domaine de longueur d’onde λ1 et λ2 donné,
λ
revient à exprimer :ϕ = ∫λ 2 ϕλ dλ
1

b) Intensité (totale) d’une source dans une direction donnée


On appelle intensité énergétique Ix le flux par unité d’angle solide émis par une surface dS
dans un angle solide dΩ entourant la direction Ox :
dϕox
Iox = unité :W/sr (Watt/ stéradian )

Cette grandeur est intéressante pour caractériser dans l’espace comme cette surface émet.
L’ensemble des vecteurs ⃗⃗⃗⃗⃗
Iox définit une surface appelé indicatrice d’émission comme pour
flux rayonné, nous pouvons aussi définir l’intensité monochromatique Iox λ telle que

Master 2 de Mécanique des fluides et Applications (MFA) Dr O.N. THIAM


Cours de Phénomène de transferts Année 2023

Iox = ∫0 Iox λ dλ
c)Rappel sur le calcul des angles solides
Considérons deux surfaces S1 et S2 qui échangent entre elles du rayonnement
électromagnétique (r.e.m.). Seule une partie du flux partant de S1 arrive sur S2. L’évaluation
du flux radiatif partant de dS1 (élément de surface de S1) dans la direction u
⃗ et reçu par dS2
(élément de surface de S2) fait intervenir la notion d’angle solide.

Définition d’un angle solide élémentaire :


Coordonnées sphériques :
dS = (rdθ)(r sin θ dφ ) = r 2 sin θ dθdφ
dS
dΩ = = sin θ dθdφ
r2

en Stéradian(sr)

L’angle solide maximal, Ω, pour un observateur pouvant regarder dans toutes les directions de
l’espace est :
2π π

Ω = ∫ ∫ sin θ dθdφ = 4π sr
0 0

L’angle solide sous lequel on voit dS2 à partir de O1, est l’angle solide,dΩ1 , défini à partir
d’un cône infiniment petit de sommet O1, s’appuyant sur la surface apparente de dS2 entourant
le point O2 situé à une distance r de O1.

Master 2 de Mécanique des fluides et Applications (MFA) Dr O.N. THIAM


Cours de Phénomène de transferts Année 2023

dS2 cos θ2
dΩ1 = = sin θ1 dθ1 dφ
r2
Réciproquement on peut définir l’angle solide dΩ2 sous lequel on voit dS1 à partir de O2 :
dS1 cos θ1
dΩ2 = = sin θ2 dθ2 dφ
r2
d) Luminance
Soit θ l’angle fait par la normale n
⃗ à la surface émettrice S avec la
direction Ox suivant laquelle la surface S possède une intensité
énergétique Ix . La projection de S sur le plan perpendiculaire à
Ox s’appelle la surface émettrice apparente Σ et l’intensité
énergétique dans la direction Ox par unité de surface émettrice
apparente s’appelle la luminance énergétique L :
Ix Ix dΦ
Lx = = =
dSx dS cos θ dΩ dS cos θ
dSx = dS cos θ =surface apparente de dSx
= surface perpendiculaire à la direction d’émission.

En introduisant l’expression de l’angle solide dΩ = sin θ dθdφ , on trouve l’expression de la


luminance sous la forme :

Lλ (θ, φ) =
dS cos θ sin θ dθdφ
Comme précédemment la luminance monochromatique est définie par :

Lx = ∫ Lox λ dλ
0

La luminance permet de caractériser la perception de ce rayonnement par l’observateur.


Application : Formule de Bougouer

Master 2 de Mécanique des fluides et Applications (MFA) Dr O.N. THIAM


Cours de Phénomène de transferts Année 2023
On déduit des définitions précédentes l’expression du flux d2ϕx envoyé par un élément dSi de
luminance Lx sur un autre élément dSk :
e) Emittance
L’émittance est le flux émit par unité de surface émettrice :

Mλ =
d𝑆
L’émittance et la luminance sont liées par la relation
Mλ (θ, φ) = Lλ (θ, φ) cos θ sin θ dθdφ
❖ L’émittance hémisphérique désigne l’intégrale de l’émittance sur tout l’hémisphère
entourant l’émetteur :
π
2π 2

Mλ = ∫ ∫ Lλ (θ, φ) cos θ sin θ dθdφ


0 0

Dans le cas d’un rayonnement isotrope, la luminance ne dépend pas de l’angle d’émission :
Lλ (θ, φ) = Lλ
π π
2π 2 2

Mλ = Lλ ∫ ∫ cos θ sin θ dθdφ = 2πLλ ∫ cos θ sin θ dθ


0 0 0

Mλ = πLλ
Loi de Lambert
❖ Émittance hémisphérique totale : C’est l’intégrale sur tout le domaine de longueur
d’onde de l’émittance hémisphérique :

M = ∫ Mλ dλ
0

M = πL
3. Grandeurs relatives aux surfaces recevant un rayonnement
Les notions de flux, d’intensité et de luminance s’appliquent aussi bien au rayonnement
incident sur une surface qu’au rayonnement émis par celle-ci. Par contre la notion d’émittance
est remplacée dans le cas d’un rayonnement incident, par l’éclairement de la surface
réceptrice.
a) Eclairement
On désigne ainsi le flux reçu par unité de surface réceptrice, en provenance de l’ensemble des
directions d’où elle peut recevoir du rayonnement. Si dS est l’aire de la surface recevant un
flux dΦ, on a :

Eλ =
d𝑆
Master 2 de Mécanique des fluides et Applications (MFA) Dr O.N. THIAM
Cours de Phénomène de transferts Année 2023
Le flux incident peut toujours s’exprimer à partir de la luminance au travers de la relation et
donc l’éclairement peut lui aussi s’exprimer à partir de la luminance :
Eλ (θ, φ) = Lλ (θ, φ) cos θ sin θ dθdφ
Il faut bien noter que dans ce cas c’est la luminance liée au flux incident et non celle liée au
flux émit par la surface. Afin de ne pas surcharger la notation, nous n’avons pas voulu indicer
différemment la luminance pour chaque configuration.
Éclairement hémisphérique : C’est l’intégrale de l’éclairement sur tout l’hémisphère
entourant le récepteur :
π
2π 2

Eλ = ∫ ∫ Lλ (θ, φ) cos θ sin θ dθdφ


0 0

Il ne dépend que de la longueur d’onde.


Éclairement hémisphérique total : C’est l’intégrale sur tout le domaine de longueur d’onde
de l’éclairement hémisphérique:

E = ∫ Eλ dλ
0

Si l’éclairement est isotrope, il ne dépend plus des paramètres d’angle θ et φ. Dans ce cas on
obtient les relations suivantes pour l’éclairement hémisphérique :
Eλ = πLλ
De même pour l’éclairement hémisphérique total :
E = πL
b) Radiosité
La radiosité désigne la somme du flux émis par un corps et de la fraction de flux incident qui
est réfléchi par ce même corps par unité de surface perpendiculaire à la direction d’émission–
réflexion. La radiosité est donc la somme de l’émittance et de la fraction d’éclairement
réfléchit :
Jλ (θ, φ) = Mλ (θ, φ) + ρEλ (θ, φ)
Nous avons introduit ici le paramètre ρ, compris entre 0 et 1, et qui désigne le coefficient de
réflexion de la surface (nous reviendrons sur ce paramètre un peu plus tard).
Radiosité hémisphérique : C’est la somme de l’émittance hémisphérique et de la fraction
d’éclairement hémisphérique réfléchit :
Jλ = Mλ + ρEλ

Radiosité hémisphérique totale : C’est la somme de l’émittance hémisphérique totale et de


la fraction d’éclairement hémisphérique totale réfléchit :

Master 2 de Mécanique des fluides et Applications (MFA) Dr O.N. THIAM


Cours de Phénomène de transferts Année 2023
J = M + ρE
Application :
Une petite surface d’aire A = 10–3 m2 émet de façon
isotrope (voir figure). On mesure la luminance totale dans
la direction normale à la surface : Ln = 4 500 W m–2 sr–1. Le
flux rayonné est intercepté par 4 autres surfaces de même
aire A. Les surfaces sont orientées comme représenté sur la
figure ci-dessous (r0 = 0,7 m).
a) Quelle est la luminance totale dans les 4 directions
d’émission associées aux 4 récepteurs ?
b) Quelles sont les valeurs des angles solides sous lesquels les 4 surfaces réceptrices sont vues
depuis l’émetteur ?
c) Quelles sont les valeurs des flux interceptés par les 4 surfaces ?
Hypothèses : (H1) Les surfaces émettent de manière homogène et isotrope. (H2) Les surfaces
sont suffisamment petites pour que l’on puisse considérer : 𝐴𝑖 /𝑟𝑖2 ≪ 1
III. rayonnement du corps noir :
1) Définition
Un corps noir est une surface idéale (qui n’existe donc pas dans la nature) possédant les
propriétés suivantes :
➢ il absorbe tout éclairement indépendamment de la longueur d’onde et de la direction
de cet éclairement ;
➢ à une température de surface équivalente, le rayonnement d’un corps noir est plus
grand que celui de toute autre surface ;
➢ le rayonnement d’un corps noir est isotrope.
Propriétés du corps noir :
- Tous les corps noirs rayonnent de la même manière.
- Le corps noir rayonne plus que le corps non noir à la même température.
Convention : on utilisera l’exposant « 0 » lorsque l’on parlera des propriétés d’un corps noir.
2) Loi de Planck
Le rayonnement électromagnétique, constitué de photons, obéit aux lois de la physique
statistique et quantique. La théorie statistique de Bose-Einstein établit que la luminance
monochromatique d’un corps noir, L0𝜆 , s’exprime par :
2hC02
L0𝜆 = hC0
𝜆5 (𝑒 𝜆KBT − 1)

Master 2 de Mécanique des fluides et Applications (MFA) Dr O.N. THIAM


Cours de Phénomène de transferts Année 2023
C0 vitesse de la lumière, h = 6.624 10-34 J.s-1 : Cste de Planck, K B = 1.3805 10-23 J.K-1 Cste de
Boltzmann.
Cette relation décrit la distribution de la luminance monochromatique du rayonnement
thermique du corps noir en fonction de la température T de la surface du corps. On peut
réécrire cette expression sous la forme :
C1 𝜆−5
L0𝜆 = C2
(𝑒 𝜆 − 1)

T λ C1 = 2hC02 hC0 L0𝜆


C2 =
KB
Kelvin m 11.909 10-17 W.m2 1.4388 10-2 m.K. W.m-2

Le rayonnement thermique correspond à un flux de chaleur émis à une température T donnée.


La loi de Planck décrit ainsi la répartition spectrale de la puissance émise à une température T
donnée (répartition en fonction de la longueur d’onde).
3) Loi de Wien
A une température T donnée, la courbe L0𝜆 (𝑇)admet un maximum pour une longueur
d’onde, λ0𝑚 (𝑇)
dL0𝜆
=0

On trouve alors la longueur d’onde λ𝑚 correspondant à la luminance maximale L0λmax en
fonction de la température du matériau ;
λm T = 2897μm K
Loi de déplacement de Wien
Cette valeur correspond à une luminance maximale :
L0λmax = 4,096. 10−12 T 5
Lorsque T augmente, la luminance augmente et la longueur d’onde relative au maximum de
luminance se déplace vers les petites longueurs d’ondes. Le rayonnement devient visible
lorsque la température est suffisamment élevée pour que les longueurs d’onde émises se
trouvent dans la gamme de longueur d’ondes du visible.
4) Loi de Stefan-Boltzmann
A partir de la théorie des quantas, Planck a établi la relation liant, l’émittance
monochromatique du corps noir en fonction de température et la longueur d’onde.

Master 2 de Mécanique des fluides et Applications (MFA) Dr O.N. THIAM


Cours de Phénomène de transferts Année 2023
𝐶1
𝑀𝜆0 = 𝐶2
𝜆5 (𝑒 𝜆𝑇 − 1)

avec
C1 = 2πhC02 hC0
C2 =
KB
3,742.108 W. μm4 m-2 1,439104 μm.K
3,742.10-16 W. m-2 1,43910-2 μm.K
Le rayonnement du corps noir étant isotrope, il vérifie la loi de Lambert :
M 0 = πL0
Avec
∞ ∞
λ−5
0
L =∫ L0λ (T)dλ = C1 ∫ C2 dλ
0 0 eλT − 1
C ∞ x3 π
On peut facilement montrer (en posant x = λT2 ) ∫0 ex −1
dx = 15

L’émittance totale d’un corps noir en fonction de la température est :


M 0 = σs T 4
σs est la constante de Stefan– Boltzmann
2π5 k 4 T M0
σs =
15C02 h3
5,670 × 10−8W m−2 K−4 Kelvin W m−2
5) Fraction de l’émittance totale contenue dans un intervalle spectral donné : Fλ1 −λ2
On définit la fonction de Planck comme étant la fraction du flux émis par un corps noir dans
la gamme de longueurs d’ondes [λ1 , λ2 ]
λ λ
∫λ1 Mλ0 dλ ∫λ1 Mλ0 dλ
2 2

Fλ1 −λ2 = ∞ =
∫0 Mλ0 dλ σT 4

Que l’on peut également écrire :


λ1 λ2
1
Fλ1 −λ2 = 4 [∫ Mλ dλ − ∫ Mλ0 dλ] = F0−λ2 − F0−λ1
0
σT 0 0

Calculons F0−λ à T constante :


λ
∫0 Mλ0 dλ 1 λ
C1 λ−5 1 λ C1 (λT)−5 1 λ C1 (λT)−5
F0−λ = = 4 ∫ C2 dλ = ∫ C2 Tdλ = ∫ C2 d(Tλ)
σT 4 σT 0 λT σ 0 λT σ 0 λT
e −1 e −1 e −1
Cette quantité représente la fraction de flux émis dans la bande spectrale (0 − λ) par rapport à
l’émittance totale. Malheureusement, ce calcul ne conduit pas à une expression analytique et

Master 2 de Mécanique des fluides et Applications (MFA) Dr O.N. THIAM


Cours de Phénomène de transferts Année 2023
on doit recourir à des outils numériques d’intégration. La fonction F0−λ est tabulée dans le
tableau ci-dessous et elle est représentée graphiquement sur la figure ci-dessous.
Tableau : Quelques valeurs tabulées de la fonction F0−λ

Calcul de la fonction F0−λ en fonction de λT


Exemple :
1) En supposant que le soleil rayonne come un corps noir à 5800K, indiquer quelle fraction
de son émittance totale est situé dans le domaine visible (0,4μm à0, 8μm)
Fλ1 −λ2 = F0−λ2 T − F0−λ1 T
Avec λ1 = 0,4μm et λ2 = 0,8μm, T=5800K
D’où λ1 T = 2320μm. K et λ2 T = 4640μm. K
Dans le tableau F0−λ (λT) on trouve F0−2320 = 0,126 et F0−4640 = 0,586
D’où Fλ1 −λ2 = 0,586 − 0,126 = 0,46
46% de l’énergie solaire sont rayonnés dans le visible.

Master 2 de Mécanique des fluides et Applications (MFA) Dr O.N. THIAM


Cours de Phénomène de transferts Année 2023
2) On a situé l’étendue utile du spectre rayonné par le corps noir à une température T entre
les longueurs d’onde 0,5λm et 5λm . A quel pourcentage de l’énergie totale rayonné par le
corps noir à la température T cela correspond-il ?
0,5(λm T) = 0,5 ∗ 2898 = 1449
5(λm T) = 14490
Le tableau de F0−λT fournit : F0−1449 = 0,010 et F0−14490 = 0,966
D’où F14490−1449 = 0,956
Cette étendue ‘’utile’’ du spectre correspond donc à 95,6% de l’énergie totale rayonnée par
le corps noir à la température considérée.
6) Les facteurs de forme
Considérons deux surfaces S1 et S2 qui échangent de l’énergie par rayonnement homogène et
isotrope. Ecrivons l’expression du flux radiatif directionnel échangé entre deux éléments de
surface dS1 et dS2 de S1 et S2:

dS2 cos θ2 dS1 cos θ1


dΩ12 = = sin θ1 dθ1 dφ et dΩ21 = = sin θ2 dθ2 dφ
r2 r2

Nous avons vu que :


dS2 cos θ2 M01
dΦ12 = L01 dS1 cos θ1 dΩ12 or dΩ12 = et L01 = (Loi de Lambert)
r2 π
M01 dS2 cos θ2 dS1dS2 cos θ1 cos θ2
d’où dΦ12 = dS1 cos θ1 = M10
π r2 πr2

Pour connaitre le flux total émis par S1 et arrivant sur S2, il suffit d’intégrer sur S1 puis S2

dS1 dS2 cos θ1 cos θ2


Φ12 = ∬ dΦ12 = M10 ∬
πr 2
S1 S2 S1 S2

Expression que l’on peut encore écrire

1 dS1 dS2 cos θ1 cos θ2


Φ12 = M10 S1 ∬
S1 πr 2
S1 S2

Faisant ainsi apparaitre le facteur de forme F12

Master 2 de Mécanique des fluides et Applications (MFA) Dr O.N. THIAM


Cours de Phénomène de transferts Année 2023

1 dS1 dS2 cos θ1 cos θ2


F12 = ∬
S1 πr 2
S1 S2

Finalement
Φ12 = M10 S1 F12 = Φ1 F12
o Φ1 représente le flux partant de S1 (ou émis par S1).
o F12 est appelé facteur de forme. C’est un facteur géométrique qui rend compte de la
façon dont les deux surfaces se voient du point de vue des échanges radiatifs. (F12 est
un nombre sans dimension représentant la fraction du flux total hémisphérique de la
surface S1 qui atteint S2)
o Φ12 représente la fraction du flux partant de S1 (ou émis par S1) reçue par S2. Seule
un partie du flux partant (ou émis) de S1,Φ1 , arrive sur S2.
Propriétés des facteurs de forme
Si on se place du point de vue de S2, on peut refaire un raisonnement identique à celui réalisé
dans les paragraphes précédents pour aboutir à :

1 dS1 dS2 cos θ1 cos θ2


Φ21 = M20 S2 ∬ = M20 S2 F21 = Φ2 F21
S2 πr 2
S 1 S2

o Φ2 représente le flux partant de S2 (ou émis par S2).


o F21 est un facteur de forme.
o Φ21 représente la fraction du flux partant de S2 (ou émis par S2) reçue par S1. Seule
un partie du flux partant (ou émis) de S2, Φ2 , arrive sur S1.
Les expressions de F12 et F21 permettent d’écrire une relation de réciprocité :
F12 S1 = F21 S2
Plaçons-nous dans le cas où notre système est constitué de n surfaces composant une cavité
fermée. Ainsi, le flux partant d’une surface Si est intégralement reçu par l’ensemble des
surfaces composant la cavité (y compris elle-même dans le cas général), ce qui peut s’écrire :
Φi = ∑nj=1 Φij (conservation du flux)

Φij représente la fraction du flux partant de Si reçue par Sj. La cavité étant fermée, la
somme de toutes les fractions de flux partant de Si reçues par Sj doit être égale à la totalité du

Master 2 de Mécanique des fluides et Applications (MFA) Dr O.N. THIAM


Cours de Phénomène de transferts Année 2023
flux partant de Si, ce qui va se traduire par une relation d’additivité portant sur les facteurs de
forme.
Φij = Φi Fij
d’où Φi = ∑nj=1 Φij = ∑nj=1 Φi Fij = Φi ∑nj=1 Fij
On en déduit les n relations d’additivité : ∑nj=1 Fij = 1 Relation de complémentarité
(additive)
auxquelles s’ajoutent les relations de réciprocité : Fij Si = Fji Sj
Tableau : Valeur du facteur de forme dans quelques configurations géométriques
particulières

Master 2 de Mécanique des fluides et Applications (MFA) Dr O.N. THIAM


Cours de Phénomène de transferts Année 2023

Master 2 de Mécanique des fluides et Applications (MFA) Dr O.N. THIAM


Cours de Phénomène de transferts Année 2023

7) Flux net perdu – Flux net échangé


Considérons un corps opaque dont la surface Si est en contact avec un milieu (transparent ou
semi-transparent) avec lequel il échange de l’énergie par rayonnement.
Le corps opaque reçoit un flux radiatif en provenance de l’environnement. Une partie de ce
flux radiatif incident est réfléchi par le corps, une autre partie est absorbée. Par ailleurs, le
corps émet du rayonnement vers l’environnement.

Master 2 de Mécanique des fluides et Applications (MFA) Dr O.N. THIAM


Cours de Phénomène de transferts Année 2023

a) Flux net perdu par une surface Si


Plaçons-nous du point de vue du corps opaque en réalisant un bilan radiatif en O- (sur la
surface, tournée vers le corps opaque). Dans ce cas, on ne se préoccupe pas de l’origine du
flux radiatif incident ni du type de milieu (transparent ou semi-transparent) au contact de la
surface.
flux net perdu par la surface Si = flux émis par Si – flux absorbé par Si :
soit Φi∗ = Φie − Φia
b) Flux net échangé entre surfaces à travers un milieu transparent
Dans ce cas, on va se préoccuper d’où vient le flux radiatif incident qui arrive sur la surface et
où va le flux radiatif qui part de la surface. Le type de milieu (transparent ou semi-
transparent) au contact de la surface intervient alors dans le bilan. Réalisons un bilan radiatif
en O+ (sur la surface, tournée vers le milieu extérieur), dans le cas où le milieu est
transparent.
➢ Flux net échangé par une surface Si avec son environnement :
= flux partant de Si – flux arrivant sur Si (flux incident)
= (flux émis + flux réfléchi) – (flux absorbé + flux réfléchi)
= flux émis – flux absorbé = Φi∗ … c’est bien le même bilan
c) Flux net perdu par une surface Si
Φi∗ = Φie − Φia avec Φi∗ = ΦiI et Φie = Mi0 Si = σTi4 Si

Master 2 de Mécanique des fluides et Applications (MFA) Dr O.N. THIAM


Cours de Phénomène de transferts Année 2023

flux net échangé entre 2 surfaces Si et Sj = flux partant de Si arrivant sur Sj – flux partant
de Sj arrivant sur Si
p p p p
Φi↔j = Φij − Φji = Fij Φi − Fji Φj
Le flux partant d’une surface noire est le flux émis par cette surface. En effet, la surface noire
absorbe tout le rayonnement qu’elle reçoit, il n’y a donc pas de flux réfléchi.
𝑝
On a donc pour la surface Si : 𝛷𝑖 = 𝛷𝑖𝑒 = 𝑀𝑖0 𝑆𝑖
p
pour la surface Sj : Φj = Φje = Mj0 Sj
d’ou
Φi↔j = Φije − Φjie = Fij Φie − Fji Φje = Fij Si Mi0 − Fji Sj Mj0
soit, en tenant compte de la loi de réciprocité sur les facteurs de forme :
Φi↔j = Fij Si (Mi0 − Mj0 )
Par ailleurs, le flux émis vérifie la loi de Stefan-Boltzmann :
Φi↔j = Fij Si σ(Ti4 − Tj4 ) = Φnet
Remarque: Suivant le signe de Φnet il est possible de savoir si la surface perd de l’énergie
par rayonnement(Φnet > 0), si elle en gagne (Φnet < 0) ou si les pertes sont compensées par
les gains (Φnet = 0) dans ce dernier cas la surface est adiabatique vis-à-vis de l’extérieur.
d) Généralisation à n surfaces noires formant une cavité

Master 2 de Mécanique des fluides et Applications (MFA) Dr O.N. THIAM


Cours de Phénomène de transferts Année 2023

Fig : Bilan des flux à la surface d’une cavité formée de N corps noirs
Considérons une cavité formée de N surfaces corps noirs.
Le flux net total issu de la surface i est la somme des flux nets échangés entre cette surface et
toutes les autres (surface i comprise si celle-ci est concave)
Φi = Φi1 + Φi2 + ⋯ + Φin
On voit donc que le flux issu de la surface i dans une cavité formée de N surfaces.
N N N

Φi = ∑ Fij Si σ(Ti4 − Tj4 ) = Si σ ∑ Fij (Ti4 − Tj4 ) = Si σTi4 − Si σ ∑ Fij Tj4


j=1 j=1 j=1

Notation :
❖ Φi→j désigne le flux radiatif émis par la surface i et intercepte par la surface j.
❖ Φij = Φi→j − Φj→i est le flux net échangé entre les surfaces i et j et est égal à
l’opposé du flux net échange j et i.
❖ Φi est le flux net a la surface i. C’est la somme des flux nets échangés entre la surface
i et toutes autres surfaces, l’ensemble des surfaces formant une cavité
En toute rigueur ce flux net représente la puissance à fournir à la surface pour maintenir sa
température à Ti.
Exemple 01: échange entre 2 surfaces S1 et S2 formant une cavité. La surface S1 est à
température imposée T1 et la surface S2 est à flux imposé φ2 . On est en présence de 2
inconnues, 𝜑1 et T2. Il faut donc 2 équations pour résoudre le problème :
𝜑2 +𝐹21 𝜎𝑇14
Equation pour S2 : 𝜎𝑇14 = permet de calculer T2 (T1 et 𝜑2 connus)
1−𝐹22

Equation pour S1: 𝜑1 = 𝐹12 𝜎(𝑇14 − 𝑇24 ) permet de calculer 𝜑1 (T1 et T2 connus)
Exemple 2 : échange entre 3 surfaces S1, S2 et S3 formant une cavité. La surface S1 est à flux
imposéφ1 , la surface S2 est à flux imposéφ2 et la surface S3 est à température imposée T3. On
est en présence de 3 inconnues (T1, T2, φ3 ). Il faut donc 3 équations pour résoudre le
problème :

Master 2 de Mécanique des fluides et Applications (MFA) Dr O.N. THIAM


Cours de Phénomène de transferts Année 2023
𝜑1 +(𝐹12 𝜎𝑇24 +𝐹13 𝜎𝑇34 )
Equation pour S1 : 𝜎𝑇14 = 1−𝐹11

𝜑2 +(𝐹21 𝜎𝑇14 +𝐹23 𝜎𝑇34 )


Equation pour S2 : 𝜎𝑇24 = 1−𝐹22

Equation pour S2 : 𝜑3 = 𝜎[𝐹31 (𝑇34 − 𝑇14 ) + 𝐹32 (𝑇34 − 𝑇24 )]


e) Représentation des échanges radiatifs entre surfaces noires par analogie électrique
La relation exprimant le flux net échangé entre deux surfaces noires S 1 et S2 Φ12 =
1
𝑆1 F12 (M10 − M20 ) peut être rapprochée de la relation I12 = R (V1 − V2 ), fournissant le
12

courant I12 qui s’établit dans un réseau électrique entre deux nœuds de potentiels V1 et V2 ,
séparés par une résistance 𝑅12 .

Exemple: 2 surfaces S1 et S2 chauffées à température constante + une surface S3 chauffée à


flux constant.
Exercices d’applications
Exercice 01: Déterminer les facteurs de forme entre les différentes surfaces dans les
configurations géométriques représentées dans le tableau ci-dessous.

Exercice 02: On considère deux disques coaxiaux séparés


par une hauteur de 20 cm. Les deux disques se comportent
comme des corps noirs. Le disque inférieur de rayon 20
cm est maintenu à la température de 450 K. Le disque
supérieur, de rayon 10 cm est maintenu à une température
constante grâce à un apport de puissance électrique
(chauffage par effet Joule) égal à 12,5 W. Quelle est la
température du disque supérieur ? (On notera que le
milieu ambiant est à la température de 300 K).

Master 2 de Mécanique des fluides et Applications (MFA) Dr O.N. THIAM


Cours de Phénomène de transferts Année 2023
Exercice 03: Un four cylindrique est représenté sur la figure ci-dessous. Les dimensions sont
: d = 0,4m et h = 2 d. Il est ouvert vers l’extérieur sur sa
face supérieure et l’air ambiant est à la température de
Ta = 300K. Les parois du four se comportent comme
des corps noirs. Les températures de parois sont
maintenues à température constante par effet Joule (une
résistance électrique est bobinée autour du four). La
température de la base est T2 = 1900K et celle de la
paroi latérale est T1 = 1500K. Calculer la puissance
électrique à fournir pour maintenir ces niveaux de température dans le four.
IV. Rayonnement des corps non noirs
1) Facteur d’émission ou émissivité des corps réels :
On définit les propriétés émissives des corps réels par rapport aux propriétés émissives du
corps noir dans les mêmes conditions de température et de longueur d’onde et on les
caractérise à l’aide de coefficients appelés facteurs d’émission ou émissivités. Ces coefficients
monochromatiques ou totaux sont définis par :

MλT MT M ∫0 ελ M0λ dλ
ελT = M0 et εT = M0 et ε = M0 =
λT T σT4


LλT LT L ∫0 ελ L0λ dλ
ελT = L0 et εT = L0 et ε = L0 = ∞
λT T ∫0 L0λ dλ

L’émissivité est toujours inférieure à 1. L’émissivité totale est définie de même par :

ε = ∫ ελT dλ
0

Remarque :
✓ On parle de corps gris lorsque l’émissivité Ɛ est indépendante de la longueur d’onde λ.
ελ = ε et εox,λ = εox
✓ On parle de corps diffusant lorsque l’émissivité Ɛ est indépendante de la direction
d’émission.
εox,λ = ελ et εox = ε
✓ Corps gris et diffusant : l’émissivité est indépendante de la longueur d’onde et de la
direction : paramètre unique Ɛ
L’étude thermique des matériaux a permis de mettre en évidence 2 classes de comportement
radiatif :

Master 2 de Mécanique des fluides et Applications (MFA) Dr O.N. THIAM


Cours de Phénomène de transferts Année 2023
➢ les matériaux conducteurs de l’électricité : l’émissivité monochromatique de ces corps
décroit lorsque la longueur d’onde λ augmente et croit avec T (assez lentement
d’ailleurs). Leur émissivité directionnelle est importante dans les directions rasantes à
la surface et assez faible dans les directions voisines de la normale à la surface.
➢ Pour les diélectriques en générale ελT augmente avec λ dans le proche infrarouge,
domaine dans lequel on observe des ‘’bandes d’émissions’’ plus ou moins :
l’émissivité directionnelle est relativement constante, sauf dans les directions rasantes
à la surface. Ces corps suivent donc relativement bien la loi de Lambert.
Application: Une surface dont la température est de 1 300 K émet avec l’émissivité
hémisphérique spectrale représentée sur la figure ci-dessous.
Les deux longueurs d’ondes caractéristiques sont : 𝜆1 = 1,5𝜇𝑚
et 𝜆2 = 6𝜇𝑚.
a) Déterminer l’émissivité hémisphérique totale ainsi que
l’émittance totale.
b) À quelle longueur d’onde se situe le maximum d’émission ?
Hypothèse : la surface émet de manière isotrope.
2) Réception du rayonnement par un corps : Absorption, réflexion et transmission des
corps réels
L’éclairement est noté Eλ (θ, φ) et nous notons Eλa (θ, φ), Eλr (θ, φ) et Eλt (θ, φ)les flux absorbé,
réfléchi et transmis respectivement. Le bilan thermique à la surface du matériau conduit alors
au fait que la somme de ces 3 flux doit conduire au flux incident :
Eλ (θ, φ) = Eλa (θ, φ) + Eλr (θ, φ) + Eλt (θ, φ)

Master 2 de Mécanique des fluides et Applications (MFA) Dr O.N. THIAM


Cours de Phénomène de transferts Année 2023

a) Absorption
L’absorptivité est le rapport entre le flux absorbé et l’éclairement :
Eλa (θ, φ)
αλ (θ, φ) =
Eλ (θ, φ)
L’absorptivité hémisphérique est le même rapport mais en considérant cette fois les grandeurs
hémisphériques :
Eλa
αλ =

L’absorptivité totale hémisphérique est enfin :
Ea
α=
E
b) Réflectivité
La réflectivité est le rapport entre le flux réfléchit et l’éclairement :
Eλr (θ, φ)
ρλ (θ, φ) =
Eλ (θ, φ)
La réflectivité hémisphérique est le même rapport mais en considérant cette fois les grandeurs
hémisphériques :
Eλr
ρλ =

La réflectivité totale hémisphérique est enfin :
Er
α=
E
c) Transmissivité
La transmissivité est le rapport entre le flux transmis et l’éclairement :
Eλt (θ, φ)
τλ (θ, φ) =
Eλ (θ, φ)
La transmissivité hémisphérique est le même rapport mais en considérant cette fois les
grandeurs hémisphériques :

Master 2 de Mécanique des fluides et Applications (MFA) Dr O.N. THIAM


Cours de Phénomène de transferts Année 2023
Eλt
τλ =

La transmissivité totale hémisphérique est enfin :
Et
τ=
E
La relation précédant montre que quelque soit la quantité étudiée (spectrale, hémisphérique ou
totale hémisphérique, on doit toujours avoir :
αλ (θ, φ) + ρλ (θ, φ) + τλ (θ, φ) = 1

α λ + ρ λ + τλ = 1

α+ρ+τ= 1
Remarque :
• La notion de transparence est liée non seulement à la longueur d’onde,
mais également à l’épaisseur du matériau traversé.
• Lorsque τλ = 0 ou τ = 0 (corps opaque à une longueur d’onde λ, ou
pour tout le spectre thermique), on a respectivement :
αλ + ρ λ = 1 ou α + ρ = 1
3) Relation entre absorption et émission : Loi de Kirchhoff
On place à l’intérieur d’une enceinte ferme (corps noir) un corps à température Tc=Te=T c'est-
à dire en équilibre thermique avec l’enceinte à température T e.
Le flux radiatif absorbe par l’élément dSc du corps en provenance de l’enceinte est égal à :

dSc cos θc dSe cos θe


dΦa = ∫ αox,λ (Te ) L0λ (Te ) dλ
r2
E,λ

dSc cos θc dSe cos θe


= ∫ αλ (Te ) L0λ (Te ) ∫ ( ) dλ
r2
λ ox

Le flux radiatif émis par l’élément dSc du corps en direction de l’enceinte est égal à :

dSc cos θc dSe cos θe


dΦe = ∫ εox,λ (Tc ) L0λ (Tc ) dλ
r2
ox,λ

dSc cos θc dSe cos θe


= ∫ εox,λ (Tc ) L0λ (Tc ) ∫ ( ) dλ
r2
λ ox

Le corps est en équilibre thermique dΦa = dΦe et par suite αox,λ (Te = T) = εox,λ (Te = T)
puis que Te = Tc = T
Master 2 de Mécanique des fluides et Applications (MFA) Dr O.N. THIAM
Cours de Phénomène de transferts Année 2023
Par intégration, cette relation est vraie pour les coefficients d’absorption et les émissivités
hémisphériques monochromatiques ou totaux.
Soient αλ (Te = T) = ελ (Te = T)
α(Te = T) = ε(Te = T)
Remarque :
✓ Corps gris : Comme ελ = ε et αλ = α (indépendant de λ), loi de Kirchhoff (αλ = ελ )
donne α = ε
✓ Corps noir : comme par définition ελ = 1 quelle que soit λ, on en tire α = ε = 1
Le corps noir est aussi un absorbeur parfait absorbant tout le rayonnement reçu (sans
qu’il y ait aucune réflexion)

4) Echangés entre corps gris dans une cavité


On considère ici que toutes les surfaces mises en jeu sont grises et à rayonnement diffus. La
loi de Kirchhoff sera ainsi valable pour les grandeurs monochromatiques et totales pour
chacune des surfaces Si à la température Ti : αi = εi

• Φia = αi ΦiI avec αi absorptivité de la surface Si.


• Φir = ρi ΦiI avec ρi réflectivité de la surface Si
avec ΦiI = Φia + Φir d’où la relation 1 = αi + ρi

Master 2 de Mécanique des fluides et Applications (MFA) Dr O.N. THIAM


Cours de Phénomène de transferts Année 2023
d’où ρi = 1 − εi
Flux incident sur Si : ΦiI = Ei Si où Ei est l’éclairement de la surface Si (W /m2)
Flux émis sur Si : Φie = Mi Si où Mi est l’émittance de la surface Si (W /m2)
a)Flux partant d’une surface Si – Radiosité
p
Φi =flux émis +flux réfléchi
p
Φi = Φie + Φir = Mi Si + ρi Ei Si = εi Mi0 Si + (1 − εi )Ei Si = Si [εi Mi0 + (1 − εi )Ei ]
Le flux partant par unité de surface Si est appelé Radiosité et sera noté Ji (W/m2)
J𝑖 = εi Mi0 + (1 − εi )Ei = εi (Mi0 − Ei ) + Ei
Remarque : pour une surface noire, εi = 1 ⟹ J𝑖 = Mi0
b) Flux net perdu par une surface Si
Φi∗ =flux émis - flux absorbé
Φi∗ = Φie + Φia = Mi Si − αi Ei Si = εi Mi0 Si − εi Ei Si = εi (Mi0 − Ei )Si
J𝑖 −εi M0i
D’après Ji = εi Mi0 + (1 − εi )Ei ⇒ Ei = 1−εi
εi
Φi∗ = (M 0 − Ei )Si
1 − εi i
La densité du flux de chaleur (W/m2) échangée par la surface Si est donnée par :
Φi∗ εi
φ∗i = = (M 0 − Ei )
Si 1 − εi i
Remarque : pour une surface adiabatique, Φi∗ = 0 d′ où Ji = Mi0
c)Flux net échangé :
❖ Entre deux surfaces grises Si et Sj
Φi↔j = flux partant de Si reçu par Sj − flux partant de Sj reçu par Si
p p p p
Φi↔j = Φij − Φji = Fij Φi − Fji Φj = Fij Ji Si − Fji Jj Sj
On applique la relation de réciprocité de facteur de forme Fij Si = Fji Sj
Φi↔j = Fij (Ji − Jj )Si
❖ Généralisation à n surfaces grises formant une cavité
Φi↔c = flux partant de Si − flux incident
Φi↔c = Ji Si − Ei Si = (Ji − Ei )Si
Par ailleurs : Φi↔c = ∑nj=1 Φi↔j = ∑nj=1 Fij (Ji − Jj )Si = Si (Ji − ∑nj=1 Fij Jj )
Par identification, on obtient une expression de l’éclairement de la surface
n

Ei = ∑ Fij Jj
j=1

La densité du flux de chaleur échangée par surface Si est donnée par :

Master 2 de Mécanique des fluides et Applications (MFA) Dr O.N. THIAM


Cours de Phénomène de transferts Année 2023
∗ n n
Φi↔c
φ∗i = = Ji − ∑ Fij Jj = Ji (1 − Fii ) − ∑ Fij Jj
Si
j=1 j=1
j≠i

La radiosité de la surface Si définie est donnée par


n

Ji = εi Mi + (1 − εi ) ∑ Fij Jj
j=1

L’émittance de la surface Si est donnée par :


n

Mi = εi Mi = εi σTi4 = Ji − (1 − εi ) ∑ Fij Jj
j=1

➢ Cas des surfaces chauffées à température constante.


La température Ti de la surface Si est connue (imposée) et le flux de chaleur échangé, φ∗i est
inconnu. Il sera déterminé en utilisant l’équation φ∗i , connaissant les radiosités des autres
surfaces.
➢ Cas des surfaces chauffées à flux constant.
Le flux de chaleur échangé est connu (imposé) et la température Ti de la surface Si est
inconnue. Elle sera déterminée en utilisant l’équation (7) connaissant les radiosités des autres
surfaces.
Tout problème de transfert radiatif se ramène donc à la recherche des radiosités.
✓ Le cas des surfaces noires est un cas particulier où εi = 1.
✓ Si on considère n surfaces grises, nous sommes alors en présence de n inconnues Ji de
i = 1 à n. Il faut donc former un système de n équations permettant de résoudre le
problème.
Méthode générale de l’étude :
Soit une cavité composée de n surfaces réparties en :
• p surfaces chauffées à température constante Ti pour i = 1 à p.
• n-p surfaces chauffées à flux constant φ∗i pour i = p+1 à n
⟹ Pour les surfaces chauffées à température constantes, on forme p équations du type :
n

Ji − (1 − εi ) ∑ Fij Jj = εi Mi0 = εi σTi4


j=1

⟹ Pour les surfaces chauffées à flux constant, on forme n- p équations du type :


n

Ji − ∑ Fij Jj = φ∗i
j=1

Master 2 de Mécanique des fluides et Applications (MFA) Dr O.N. THIAM


Cours de Phénomène de transferts Année 2023
On résout le système linéaire formé par les n équations, ce qui permet d’obtenir les valeurs
des radiosités Ji de i = 1 à n, puis on calcule :
❖ les flux inconnus des p surfaces à l’aide de
∗ n n

Φi↔c
φi = = Ji − ∑ Fij Jj = Ji (1 − Fii ) − ∑ Fij Jj
Si
j=1 j=1
j≠i

❖ les températures inconnues des n-p surfaces à l’aide de


n

Mi = εi Mi = εi σTi4 = Ji − (1 − εi ) ∑ Fij Jj
j=1

Exemple d’application : Cas de deux plans parallèles infinis


On suppose que les températures T1 et T2 ainsi que les émissivités e1 et e2 des deux surfaces S1
et S2 sont connues, on cherche à déterminer le flux net perdu par chacune de ces surfaces.

5) Utilisation de l’analogie électrique


❖ Flux net perdu par surface
εS M0i −Ei
Nous avons montré que Φi∗ = 1−ε
i i
(Mi0 − Ei ) = 1−εi
i
εi S i

εi
φ∗i = (M 0 − Ei )
1 − εi i
Par analogie, cette relation peut être représentée par schéma électrique équivalent suivant :

Figure : Utilisation de l’analogie électrique pour définir la résistance liant l’émittance à


la radiosité d’une surface intégrée dans une cavité

❖ Flux net échangé entre plusieurs surfaces


Le flux net échangé entre les surfaces Si et Sj s’écrit donc :
Ji − Jj
Φi↔j = Fij Si (Ji − Jj ) =
1
Fij Si
Cet échange radiatif peut être représenté par le schéma électrique

Master 2 de Mécanique des fluides et Applications (MFA) Dr O.N. THIAM


Cours de Phénomène de transferts Année 2023

Figure : Utilisation de l’analogie électrique pour définir la résistance liant la radiosité


d’une surface d’une cavité à la radiosité d’une autre surface de la cavité

On notera que cette résistance thermique de rayonnement est purement géométrique et qu’elle
ne dépend pas des propriétés physiques surfaces Si et Sj
Exemple :

Figure : Cavité formée de 2 surfaces et Schéma électrique équivalent pour la cavité


formée de 2 surfaces.
Tableau 5.2 Quelques valeurs du flux net échangé entre 2 surfaces d’une cavité dans des
configurations géométriques particulières.

Master 2 de Mécanique des fluides et Applications (MFA) Dr O.N. THIAM


Cours de Phénomène de transferts Année 2023
La cavité est constituée de trois surfaces. Le schéma équivalent sera donc celui représenté sur
la figure suivante.

Figure: Cavité formée par 3 surfaces

Figure: Schéma électrique équivalent pour la cavité formée de trois surfaces

Boucliers radiatifs
Si l’on veut réduire le flux net échangé par transfert radiatif entre deux surfaces il suffit d’y
intercaler une troisième. On nomme cette nouvelle surface : bouclier radiatif.
Considérons la configuration des 2 plans parallèles d’extension infinie représentée sur la
figure. On suppose que la paroi 3 est suffisamment fine pour que l’on puisse la considérer
comme isotherme. En d’autres termes cela revient à adopter l’hypothèse d’accommodation
thermique selon l’épaisseur de la paroi.

Figure: Insertion d’un bouclier thermique entre 2 plans d’extension infinie

Master 2 de Mécanique des fluides et Applications (MFA) Dr O.N. THIAM


Cours de Phénomène de transferts Année 2023

Figure : Représentation du réseau équivalent pour la configuration du bouclier radiatif


entre 2 surfaces d’extension infinie

M10 − M20
Φ1 = −Φ2 =
1 − ε1 1 1 − ε31 1 − ε32 1 1 − ε2
ε1 S1 + F13 S1 + ε3 S3 + ε3 S3 + F32 S2 + ε2 S2
Dans la configuration spécifique des 2 plans parallèles nous savons que F13 = F23 = 1 et
S1 = S2 = S3 , la relation précédente se simplifie sous la forme :
σS(T14 − T24 )
Φ1 = −Φ2 =
1 1 − ε31 1 − ε32 1
ε1 + ε3 + ε3 + ε2
EXERCICES D’APPLICATIONS
Exercice 01: Un four est représenté sur la figure ci-dessous. Il est d’un
émetteur chauffant à la température T1 = 1000K et d’un réflecteur dont
la température est T2 = 500K et dont l’émissivité totale constitué
hémisphérique est Ɛ2 = 0,7. Le milieu ambiant est à la température Ta =
300K. Quel est le flux net à la surface du réflecteur ?
Les dimensions sont telles que : L = 10m, d = 1m, h = 1m et S2 = 15m2.
Exercice 02 : De l’azote liquide à 77 K est contenu dans un long
réservoir cylindrique de rayon 15 cm. L’émissivité de la surface
extérieure est égale à 0,04. Un deuxième tube, concentrique au premier,
de rayon 35 cm à une émissivité de 0,04 et sa
température est constante et égale à 300K. Le
vide est réalisé entre les deux cylindres.
a) Calculer le flux de chaleur reçu par l’azote
par unité de longueur de tube.
b) On suppose maintenant qu’un cylindre de
rayon 25 mm est disposé entre les deux précédents, son émissivité est égale à 0,03 des deux
côtés. Calculer à nouveau le flux de chaleur reçu par l’azote.
c) Que peut-on conclure de l’utilité d’un tel dispositif ?

Master 2 de Mécanique des fluides et Applications (MFA) Dr O.N. THIAM


Cours de Phénomène de transferts Année 2023
Exercice 03 : Un four de recuit de plaques d’acier est du type
de celui représenté sur la figure ci-dessous. La surface
émettrice est maintenue à la température de 1 100 K et son
émissivité est égale à 0,7. La deuxième surface est la plaque
d’acier dont la température est maintenue à 700 K et
l’émissivité est égale à 0,3. La troisième surface est isolée à
l’extérieur et son émissivité est égale à 0,7.
a) Quelle est la puissance à fournir par unité de longueur du four pour maintenir ces
températures de fonctionnement ?
b) Quelle est la température de la surface isolée.

Master 2 de Mécanique des fluides et Applications (MFA) Dr O.N. THIAM

Vous aimerez peut-être aussi