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Luminance

énergétique
mesure de quantité de radiation par
surface et par angle solide

Luminance
énergétique
Unités SI W·m−2·sr−1
DimensionM·T −3
Base SI kg⋅s−3⋅sr−1
Nature Distribution
angulaire
intensive
Symbole
usuel
Lien à =
d'autres
grandeurs
=

La luminance énergétique ou radiance (en


anglais radiance)[1],[2],[3] est la puissance
par unité de surface du rayonnement
passant ou étant émis en un point d'une
surface, et dans une direction donnée par
unité d'angle solide. Il s'agit de la fonction
de base du domaine radiatif, toutes les
autres quantités s'en déduisant.

La luminance énergétique est une


grandeur radiométrique[4] dont l'équivalent
en photométrie est la luminance.

Elle est une distribution angulaire


dépendante en général de la position dans
l'espace et du temps. Conformément à la
définition d'une distribution il s'agit d'une
quantité scalaire. Elle peut être vue
comme la distribution associée à la
moyenne temporelle du vecteur de
Poynting.
La luminance décrit tout d'abord la
propagation de photons. Elle est
également utilisée pour les neutrinos en
astrophysique, les neutrons en
neutronique et les électrons, les protons
ou certains ions en physique médicale.

Introduction

Phénomène mesuré

La luminance énergétique indique la


manière dont sera vue la lumière émise
par une surface donnée (en réflexion,
transmission ou diffusion) par un système
optique visant cette surface sous
n'importe quel angle de vue. Dans cette
configuration, l'angle solide pertinent est
celui sous lequel est vu depuis la surface
émettrice la pupille d'entrée du système
optique. L’œil humain étant lui-même un
système optique, la luminance énergétique
(version énergétique de son alter ego en
photométrie la luminance) est un bon
indicateur de ce qu'un objet donné
apparaîtra lumineux ou pas.

Propriétés

Dans un système optique idéal (sans


diffusion ni absorption), la luminance
énergétique divisée par le carré de l'indice
de réfraction est une grandeur physique
invariante : c'est le produit de l'étendue
géométrique d'un faisceau lumineux par
l'énergie qui y est injectée. Cela signifie
que pour un tel système optique, la
radiance en sortie est la même que celle
en entrée ; ce qui est parfois décrit par
l'expression « conservation de la
radiance ». De ce fait, si par exemple on
agrandit une image au moyen d'un
système de zoom, la puissance lumineuse
de la scène sera diluée sur une surface
plus grande, mais la luminance d'un point
de l'image ainsi formée sera divisée en
proportion. Pour un système optique réel,
en revanche, la radiance ne peut que
décroître à cause de la diffusion et des
imperfections du système.

Vocabulaire et notations : norme et


usage

Les ouvrages de référence en


anglais[5],[6],[7],[8] utilisent le terme intensity
ou radiative intensity pour la luminance et
heat flux, radiative heat flux ou emissive
power pour l'exitance.

Une recherche bibliographique sur le


contenu du titre ou des mots-clés dans
des revues spécialisées comme le Journal
of Quantitative Spectroscopy & Radiative
Transfer (JQSRT), le Journal of the Optical
Society of America (JOSA A et B) ou
Optics Express montre le résultat suivant :

JQSRT JOSA A JOSA B Optics Express

intensity 1862 1691 2457 5682

radiance 274 94 2 116

exitance 0 1 1 2

On voit que la norme n'est que rarement


respectée. Une conséquence de l'usage de
intensity pour la luminance est que le
terme radiant intensity pour l’intensité
énergétique Ie n'est jamais utilisé. Ceci
témoigne en creux du faible intérêt de
cette quantité.

Dans les ouvrages en français le terme


luminance est généralement respecté
dans le domaine de l'ingéniérie mais le
mot intensité est encore très utilisé dans le
domaine de la physique. L'adjectif
énergétique est omis dans tous les cas :
quand on traite d'un sujet radiométrique il
n'est pas utile de rappeler que l'on ne se
situe pas dans le domaine photométrique.

On trouve parfois la luminance écrite sous


forme de vecteur[9],[10] aligné suivant la
direction d'émission . Cette quantité est
en fait .
Luminance énergétique spectrale

La luminance ci-dessus correspond à la


densité angulaire de flux pour l'ensemble
du spectre électromagnétique. On peut de
la même façon définir une luminance
spectrale (ou spectrique), qui est la
distribution de la luminance par rapport au
spectre électromagnétique.

La valeur de la luminance spectrale se


calcule en restreignant la luminance à un
intervalle élémentaire dp, où p est une
variable quelconque caractérisant la
position spectrale : longueur d'onde λ,
nombre d'onde λ-1, fréquence ν = cλ-1,
énergie hν, énergie réduite hν / (mec2), etc.
Le choix de p est arbitraire : la quantité
Le(p) dp est indépendante du choix
effectué puisqu'elle traduit l'énergie dans
cet intervalle spectral. Par contre la valeur
numérique de Le et son unité en dépend.

Caractérisation

Luminance et intensité énergétique

La luminance est reliée à l'intensité


énergétique par la relation

Où θ est l'angle entre la normale de la


surface élémentaire émettrice d'aire
élémentaire dS et la direction
considérée[11], et dIe l'intensité énergétique
élémentaire de cette surface.

Si la luminance est isotrope l'intensité


élémentaire varie comme cos θ : elle est
orthotrope de révolution (en abrégé, « de
révolution »). C'est la « loi cosinus de
Lambert ».

La puissance élémentaire dP émise est


donc :

Si on utilise les coordonnées sphériques


avec l'axe z normal à l'élément de surface,
est l'angle de colatitude (ou zénithal). On
nomme l'angle azimutal (ou longitude).
Alors

Luminance et exitance énergétique

L'exitance représente le flux d'énergie par


unité de surface émis par une surface
élémentaire dans toutes les directions :

Si la luminance est isotrope l'exitance


s'écrit :
avec μ = cos θ. L'énergie étant également
redistribuée dans tout l'espace, il n'y a pas
de transport de celle-ci : le flux est nul.

Notons que cette intégrale est réduite à un


demi-espace[note 1] lorsqu'on a affaire à
une surface physique opaque[10],[12],[13],[14]
ou que l'on s'intéresse à une condition aux
limites (flux entrant ou sortant d'un volume
d'espace élémentaire). Alors, dans le cas
d'une distribution isotrope on obtient la loi
de Lambert
Remarque

On trouve dans divers ouvrages[13],[12] les


expressions suivantes

La première expression est incorrecte :


et sont des scalaires alors que
est une distribution.

La seconde expression suggère que la


dérivée de par rapport à permet de
remonter à la luminance. Une telle
opération est impossible, l'exitance étant
indépendante de .

La luminance en physique

Transfert radiatif

La luminance énergétique (spectrale ou


non) est la variable de base pour les
problèmes de transfert radiatif dans un
milieu quelconque : elle est régie par une
équation cinétique nommée équation de
Boltzmann par analogie avec la théorie
cinétique des gaz. La résolution de cette
équation est rendue difficile par la
dimensionnalité du problème : la
luminance est en général fonction de sept
variables (trois d'espace, une de temps,
deux d'angle, une spectrale).

Une luminance joue un rôle particulier en


physique, c'est celle du corps noir. Elle est
isotrope et sa répartition spectrale est
donnée par la loi de Planck.

Optique géométrique

Le transfert radiatif s'adresse


essentiellement aux milieux absorbants,
diffusifs ou émissifs qualifiés de
« participatifs ». Dans les cas où la
propagation se fait sans ces phénomènes
de volume on est dans le domaine de
l'optique géométrique où il est possible de
décrire certains phénomènes stationnaires
de propagation de manière analytique, le
problème n'étant plus dépendant que des
variables d'espace.

Lorsque le milieu est homogène on sait


résoudre les problèmes géométriques liés
à la propagation, ce qui conduit aux
notions d'étendue de faisceau ou de
facteur de forme. Le problème est plus
compliqué en milieu inhomogène où il faut
résoudre l'équation eikonale pour
connaître la trajectoire d'un rayon.
Surfaces

Les problèmes à résoudre sont le plus


souvent limités par des surfaces opaques
qu'il faut caractériser. Cela concerne
l'émission et l'absorption, la réflexion,
simple ou définie par une réflectivité
bidirectionnelle.

Dans le cas de l'interface entre deux


milieux d'indices différents il faut
généraliser la loi de Fresnel à la
luminance[8].
Notes et références

Notes

1. Il s'agit de la restriction de l'étude à un


demi-espace. À la surface d'un
matériau opaque la luminance est
définie dans toute la sphère unité, la
partie dirigée vers l'intérieur du
matériau étant le rayonnement
incident.

Références

1. Le Système international d'unités (SI),


Sèvres, Bureau international des poids
et mesures, 2019, 9e éd., 216 p.
(ISBN 978-92-822-2272-0, lire en ligne
(https://www.bipm.org/utils/common/
pdf/si-brochure/SI-Brochure-9.pd
f)  [archive] [PDF] ), p. 26
2. « ISO 80000-7:2008(fr) » (https://ww
w.iso.org/obp/ui/fr/#iso:std:iso:8000
0:-7:ed-1:v1:fr)  [archive], sur
www.iso.org (consulté le 17 juin 2016)
3. Commission électrotechnique
internationale, « Luminance
énergétique », dans CIE 60050
Vocabulaire électrotechnique
international, 2015 (1re éd. 1987) (lire
en ligne (http://www.electropedia.org/i
ev/iev.nsf/display?openform&ievref=8
45-01-34)  [archive])
4. Born et Wolf 1999, p. 194-199
5. (en) Subrahmanyan Chandrasekhar,
Radiative transfer, Dover Publications,
1960, 393 p. (ISBN 0-486-60590-6, lire
en ligne (http://cdsads.u-strasbg.fr/cgi
-bin/nph-bib_query?bibcode=1960ratr.
book.....C&db_key=AST&high=40d82ea
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6. (en) Dimitri Mihalas et Barbara Weibel
Mihalas, Foundations of Radiation
Hydrodynamics, New York/Oxford,
Oxford University Press, 1984, 718 p.
(ISBN 0-19-503437-6, lire en ligne (htt
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7. (en) John R. Howell, R. Siegel et M. Pinar
Mengüç, Thermal Radiation Heat
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(https://books.google.com/books?id=
FBjSBQAAQBAJ&printsec=frontcove
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8. (en) Michael M. Modest, Radiative Heat
Transfer, Academic Press, 2003,
822 p. (ISBN 0-12-503163-7, lire en
ligne (https://books.google.com/book
s?id=lLT-aKLTxkQC&printsec=frontcove
r)  [archive])
9. Voir par exemple : Progress in Optics
(https://books.google.fr/books?id=7tT
pPaQT0RYC&pg=PA9)  [archive],
Volume 55, Elsevier, 15 déc.
2010 [source insuffisante] ; SIO Reference (h
ttps://books.google.fr/books?id=MNg
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Numéros 52 à 67, University of
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s://books.google.fr/books?id=ZDBCAA
AAIAAJ)  [archive], D. Stuart Nachtwey,
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oogle.fr/books?id=g6IgAQAAMAAJ&q
=luminance+direction+vecteu
r)  [archive], Jean Terrien, François
Desvignes, Presses universitaires de
France, 1972, ...
10. Colorimétrie B1 (http://www.claudega
briel.be/Colorim%C3%A9trieB1%20cha
pitre%201.pdf)  [archive], p. 32 & 36.
11. Taillet, Febvre et Villain 2009, p. 329
12. Thermographie (https://books.google.f
r/books?id=eU2ypLe6TQEC&pg=PA
5)  [archive], Dominique Pajani, Ed.
Techniques Ingénieur.
13. Lumiere et Couleur (https://books.goo
gle.fr/books?id=dsFAloPLPXgC&pg=P
A6)  [archive], Michel Perraudeau, Ed.
Techniques Ingénieur.
14. Radiometric et sources non
Coherentes (https://books.google.fr/b
ooks?id=wTse0NVoxBIC&pg=PT
2)  [archive], Jean-Louis Meyzonnette,
Ed. Techniques Ingénieur
Bibliographie

(en) Max Born et Emil Wolf, Principles of


optics : Electromagnetic theory of
propagation, interference and diffraction
of light, Cambridge University Press,
1999, 7e éd., 952 p.
(ISBN 978-0-521-64222-4, lire en ligne (h
ttps://books.google.com/books?id=nUH
GpfNsGyUC&printsec=frontcove
r)  [archive])
Yves Le Grand, Optique physiologique :
Tome 2, Lumière et couleurs, Paris,
Masson, 1972, 2e éd..
Richard Taillet, Pascal Febvre et Loïc
Villain, Dictionnaire de physique, De
Boeck, coll. « De Boeck Supérieur »,
novembre 2009, 754 p., p. 67
Jean Terrien et François Desvignes, La
photométrie, Paris, Presses
universitaires de France, coll. « Que sais-
je ? » (no 1167), 1972, 1re éd., 128 p.

Voir aussi
Étendue de faisceau
Transfert radiatif

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