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Chapitre 2

Théorème de Gauss

Le théorème de Gauss 1 , qui est une propriété fondamentale des champs en r12 , établit une relation
entre le flux du champ électrique sortant à travers une surface fermée et la charge à l’intérieur de cette
surface. Cette relation permet de déterminer simplement et de manière élégante l’expression du champ
électrostatique créé par les distributions de charges qui présentent un haut degré de symétrie (sphère,
cylindre infini, fil infini, . . . ).

2.1 Angle solide

2.1.1 Définition d’un angle plan


Un angle plan est associé à une portion de plan définie par l’intersection de deux demi-droites. Consi-
dérons par exemple un cercle de rayon R centré à l’intersection O de deux demi-droites et la longueur l
de l’arc de cercle intercepté. La mesure de l’angle plan (en radians : rad) est définie par :

l
α“ (2.1)
R
D’une façon générale, l’angle plan est l’angle sous lequel, à partir d’un point O, est vu un arc de courbe
MN.

l
α
O
R N

1. GAUSS Karl Friedrich : mathématicien et physicien allemand p1777 ´ 1855q. Ce grand savant sera surnommé par
ses pairs Prince des mathématiciens. Le gauss est l’unité d’induction magnétique.
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2.1.2 Définition d’un angle solide


La notion d’angle solide est l’extension naturelle dans l’espace de l’angle défini dans un plan. Un angle
solide est donc associé à une portion d’espace définie à l’intérieur d’un cône. Considérons une surface S
et une partie élémentaire dS de la surface centrée sur P :

dS

n
α
dΩ P
ur
r dS
O

L’élément de surface dS peut être représenté par un vecteur perpendiculaire à dS au point P .


Ý
Ñ
dS “ dS ¨ Ñ
Ý
n (2.2)
Ñ
Ý
n étant le vecteur unitaire normale à la surface dS. Par convention, on oriente toujours ce vecteur vers
l’extérieur.
On définit l’angle solide élémentaire sous lequel est vu, à partir d’un point O, la surface élémentaire
dS par :
Ý
Ñ Ñ
dS ¨ Ý
ur dS Ñ
Ýn ¨Ý
Ñr
u
dΩ “ “ (2.3)
r2 r2
dS cos α

r2
avec ur est le vecteur unitaire porté par la droite pOP q et α “ pÑ
Ý
Ñ Ý
n,ÝÑr q.
u

L’angle solide Ω sous lequel, de O, est vue toute la surface S est :


ij ij Ý Ñ Ý Ñr
dS ¨ u
Ω“ dΩ “ 2
(2.4)
r
S S

L’angle solide est compté positivement si l’on voit de O la face intérieure de la surface S pα ă π{2q, sinon,
il est compté négativement pα ą π{2q.

2.2 Flux du champ électrostatique créé par une charge ponc-


tuelle

2.2.1 Flux élémentaire du champ électrostatique


Soit une charge ponctuelle q placée en un point O. Cette charge crée en un point M , point médiane
Ñ
Ý
d’un élément de surface dS, un champ électrostatique E pM q :
Ñ
Ý 1 qÑ Ñ
Ý
r
E pM q “ Ý
u r avec r “ OM Ñ
Ýu r “ (2.5)
4π0 r 2 r
Ñ
Ý
Le flux élémentaire du champ E pM q sortant à travers dS est par définition égale à :
Ñ
Ý Ý Ý
Ñ Ñ ÑÝ
dΦp E {dSq “ E ¨ dS “ E ¨ dS Ñ Ý
n
q dS Ñ Ý
“ ur ¨Ñ
Ý
n
4π0 r2
q dS cos α dS cos α
“ avec “ dΩ
4π0 r2 r2
q
“ dΩ (2.6)
4π0

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dS = dS.n
dS n
q r M
E(M)
O
ur

Le flux du champ électrostatique sortant à travers une surface S quelconque se calcule par sommation
(intégration) de dΦ étendu sur toute la surface S :
ij ij
Ñ
Ý Ñ
Ý q q
Φp E {Sq “ dΦp E {dSq “ dΩ “ Ω (2.7)
4π0 4π0
S S

avec Ω l’angle solide sous lequel du point O on voit la surface S.

2.2.2 Flux du champ électrostatique à travers une surface fermée


Charge ponctuelle à l’intérieur de la surface fermée
Prenons le cas de la figure illustrée ci après. On a une charge q située à l’intérieur de la surface S,
en chaque point de S, le vecteur Ñ Ýn est dirigé vers l’extérieur. On calculera le flux en empruntant deux
directions différentes p1q et p2q.

dS
dS1 dS 2
xxxx
xxx xxx 3
xxxxx
xxxxx
xxx
xxx
xxx xxxx
xxx xxxxx
xxx 2
xx
xxx
xxx
xxxx
xxx
xxxxx
xxx
xxxxx
O xx
xxx xxx xxxxx E

S
xxxxxx
x
xxxxxx
x
x
dS E
1

Pour la direction p1q, le cône élémentaire de sommet O découpe sur la surface S une seule surface
élémentaire dS. Le flux élémentaire sortant à travers cette surface est tout simplement :
Ñ
Ý q
dΦ1 p E {dSq “ dΩ (2.8)
4π0
Pour la direction p2q, le cône élémentaire de sommet O, découpe sur la surface S trois surface élémen-
taire dS1 , dS2 et dS3 . Le flux élémentaire sortant à travers ces surfaces est :
Ñ
Ý Ñ
Ý Ñ
Ý Ñ
Ý
dΦ2 p E {dSq “ dΦ2 p E {dS1 q ` dΦ2 p E {dS2 q ` dΦ2 p E {dS3 q (2.9)
q
“ pdΩ ´ dΩ ` dΩq
4π0
q
“ dΩ
4π0
Ce résultat est général, car toute autre direction traversera forcément la surface S un nombre impair de
fois. Le flux total traversant la surface S est donc :
£ £ £
Ñ
Ý Ñ
Ý Ñ
Ý q
Φp E {Sq “ dΦ1 p E {dSq “ dΦ2 p E {dSq “ . . . “ dΩ (2.10)
4π0
S S S
ů
S
dΩ est l’angle solide sous lequel, du point O intérieur à la surface S, on voit toute la surface fermée
S, il est égale à 4π. Par conséquent :
Ñ
Ý q
Φp E {Sq “ (2.11)
0

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D’après le principe de superposition, ce résultat se généralise aisément à un ensemble quelconque de


charges. Par exemple, si la surface renferme plusieurs charges pq1 , q2 , . . .q d’une distribution de charges
discrète, le flux devient : £
Ñ
Ý Ñ
Ý 1 ÿ
Φp E {Sq “ E ¨ dS Ñ
Ýn “ qi (2.12)
0 i
S
Ñ
Ý ÿÑ
Ý
E “ E i est le champ créé par la distribution de charges pq1 , q2 , . . .q à la surface S.
i“1

Charge ponctuelle à l’extérieur de la surface fermée


On montre facilement que la contribution au flux, des charges se situant à l’extérieur de la surface
fermée S, est nulle. En effet, quelle que soit la position de la charge q à l’extérieur de S, un rayon issu de
q, en direction de S, traversera toujours S un nombre pair de fois.

2.3 Enoncé du théorème de Gauss

Theorem 2.1: Théorème de Gauss

Dans le vide, le flux du champ électrostatique sortant à travers une surface fermée orientée, appelée
surface de Gauss, est égal au produit de 1{0 par la somme algébrique des charges électriques
contenues à l’intérieur de cette surface.
£
Ñ
Ý Ñ
Ý Qint
Φp E {Sq “ E ¨ dS Ñ
Ýn “ (2.13)
0
S

Pour une distribution discrète de charges ponctuelles qi , situées à l’intérieur de la surface S.


Dans ce cas, l’équation (2.13) s’écrit :
£
Ñ
Ý Ñ
Ý 1 ÿ
Φp E {Sq “ E ¨ dS Ñ
Ý
n “ qi (2.14)
0 i
S

Ce résultat est aisément étendu à une distribution volumique de charges de densité ρ, l’équation
(2.13) s’écrit : £ ¡
Ñ
Ý Ñ
Ý Ñ
Ý 1
Φp E {Sq “ E ¨ dS n “ ρ dτ (2.15)
0
S τ

où τ est le volume chargé intérieur à la surface fermée S.

Remarque :
— La démonstration du théorème de Gauss est basée sur la loi de Coulomb. Inversement, on montre
qu’à partir du théorème de Gauss on obtient l’expression de la loi de Coulomb. Le théorème
de Gauss est donc équivalent à la loi de Coulomb, ce n’est pas une équation supplémentaire de
l’électrostatique.

Calcul d’un champ électrostatique à l’aide du théorème de Gauss


Le résultat du théorème de Gauss est remarquablement simple dans sa formulation. C’est un outil
de calcul rapide du champ électrostatique créé par une distribution de charges possédant une symétrie
élevée. L’utilisation judicieuse de ce théorème pour le calcul du champ repose sur les étapes suivantes :
— Il faut simplifier, à l’aide des symétries de la distribution de charges, l’expression du champ élec-
trostatique 2 .
2.
— Utilisation de plan de symétrie ou d’antisymétrie pour déterminer sa direction.
— Utilisation d’invariance par rotation ou translation pour réduire la dépendance de ses composantes vis-à-vis des coor-
données, un choix de coordonnées adapté à la symétrie du problème est évidemment indispensable.

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— La forme obtenue pour le champ détermine le choix d’une surface fermée à travers laquelle on
calcul le flux. Cette surface, dite de Gauss, de géométrie adaptée aux symétries du problème, doit
passer par le point M où on cherche à calculer le champ.
— L’application du théorème de Gauss permet de déterminer l’amplitude du champ électrostatique.

2.4 Expressions locales du théorème de Gauss

2.4.1 Théorème de Green-Ostrogradski


Le théorème Green-Ostrogradski 3 permet de passer d’une intégrale de surface à une intégrale de
volume. Il s’énonce comme suit : Le flux de tout champ de vecteurs Ñ Ý
a sortant à travers une surface
fermée S délimitant un volume τ est égale à l’intégrale de volume sur τ de la divergence de Ñ
Ý
a :
£ ¡
Ñ
Ý Ý
Ñ
a ¨ dS “ div Ñ
Ý
a ¨ dτ (2.16)
S τ

Il faut noter que ce théorème n’est valable que si le champ de vecteurs n’a pas de singularité (c’est-
à-dire de point où le module de A devient infini) à l’intérieur de la surface. Remarquons que d’après
les expressions du champ et du potentiel électrostatique, une charge électrique ponctuelle constitue une
singularité.

2.4.2 Equation de Poisson


On appellera l’équation (2.13) l’expression intégrale du théorème de Gauss. Le théorème de Green-
Ostrogradsky permet de reformuler le premier membre de cette équation :
£ ¡
Ý Ý
Ñ Ñ Ñ
Ý
E ¨ dS “ div E ¨ dτ (2.17)
S τ

Dans le cas d’une distribution volumique de charges avec une densité ρ, l’équation (2.13) s’écrit :
¡ £ ¡
Ý Ý
Ñ Ñ 1
Qint “ ρ dτ et E ¨ dS “ ρ dτ (2.18)
0
τ S τ

En comparant les expressions (2.17) et (2.18), on déduit l’équation de Poisson 4 qui exprime le théorème
de Gauss sous sa forme différentielle, ou encore sous sa forme locale. C’est
Ñ
Ý ρ
div E pM q ´ “0 (2.19)
0
Ñ
Ý ÝÝÑ
Sachant que E “ ´grad V , l’équation (2.19) peut aussi être exprimée sous la forme :
ρ
∆ V pM q ` “0 (2.20)
0

2.4.3 Equation de Laplace


Dans un milieu dépourvu de charges électriques pρ “ 0q on a les expressions équivalentes suivantes
désignant l’équation de Laplace 5 . :
3. OSTROGRADSKI Mikhaïl, russe p1801´1862q. Spécialiste de mécanique et de physique mathématique. GREEN
George, anglais p1793 ´ 1841q. Physicien autodidacte (il débute apprenti boulanger) il enseignera à Cambridge. Ses tra-
vaux sur l’électricité, le magnétisme et l’électrostatique le conduisent à d’importants résultats sur l’intégration de formes
différentielles sur un contour du plan que complétera Ostrogradski.
4. POISSON Siméon Denis, français (1781- 1840) : Brillant polytechnicien, élève de Fourier et de Laplace, astronome
et physicien.
5. LAPLACE Pierre Simon, français (1749-1827) : Savant universel, astronome, physicien, mathématicien et fin
politicien, Laplace fut inspecteur des armées avant la révolution française de 1789, compte puis ministre sous Napoléon
Bonaparte, marquis sous Louis XVIII. Il fut ami du chimiste Lavoisier. Il prouve (1783), en démontrant l’invariance des
grands axes des orbites planétaires, la stabilité mécanique du système solaire, ce qui lui vaut, à 24 ans, une place à l’Académie
des Sciences.

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Ñ
Ý
div E pM q “ 0 , ∆ V pM q “ 0 (2.21)

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