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Chapitre 2 : Vibrations forcées des S.P.D.D.

2.1. Vibrations forcées non amorties

L'équation générale du mouvement de l’équation (1.5) se réduit en l'absence de termes


d'amortissement à :

𝐌 𝐗̈ + 𝐊 𝐗 = 𝐏(𝐭) (2.1)

𝐏(𝐭) est le vecteur de la force perturbatrice périodique. Les oscillations entretenues concernent
les systèmes dans lesquelles les vibrations sont engendrées par une force extérieure harmonique
comme il est indiqué dans la figure 2.1 :

Figure 2.1 : (a) Oscillateurs multiples à trois masses concentrées soumis à une force
harmonique ; (b) Représentation du portique à deux étages ; (c) système brochette à deux
masses.

2.1.1. Découplage des équations du mouvement

Du fait de la structure non diagonale de la matrice [K], et bien que la matrice [M] puisse souvent
être considérée comme diagonale, il existe un couplage entre les degrés de liberté du système :
l'équation de rang (i) du système de de l’équation (2.1) fait intervenir non seulement le degré
de liberté (xi), mais également des degrés de liberté (xk) avec (ik).

L'exemple du portique de la figure 1.4, illustre ce couplage. Les matrices de masse et de raideur
du portique sont données par l'équation (1.11) et la forme développée de (2.1) devient :

𝐱̈ 𝟏 + 𝟔𝟎𝟎. (𝐱𝟏 − 𝐱𝟐 ) = 𝐩𝟏 (2.2)


{𝟏, 𝟓. 𝐱̈ 𝟐 + 𝟔𝟎𝟎. (−𝐱𝟏 + 𝟑𝐱𝟐 − 𝟐𝐱𝟑 ) = 𝐩𝟐
𝟐. 𝐱̈ 𝟏 + 𝟔𝟎𝟎. (−𝟐𝐱𝟐 + 𝟓𝐱𝟑 ) = 𝐩𝟑

HICHEM NOURA 1
Afin de découpler les équations (2.1), on utilise la propriété d'orthogonalité des modes propres.
La base des modes propres constitue une base orthogonale complète qui permet d'exprimer tout
déplacement (𝐗) sur cette base :

𝐍 (2.3)
𝐗 = ∑ 𝐃𝐢 𝐲𝐢 (𝐭)
𝐢=𝟏

Où 𝐲𝐢 (𝐭) joue le rôle de coordonnée généralisée et (𝐃𝐢 ) le rôle de fonction de forme du


déplacement.

Reportant l'équation (2.3) dans (2.1), et multipliant par (𝐃𝐓𝐣 ) les deux membres de l'équation, il
vient :

𝐍 𝐍 (2.4)
𝐃𝐓𝐣 𝐌 ∑ 𝐃𝐢 𝐲̈ 𝐢 (𝐭) + 𝐃𝐓𝐣 𝐊 ∑ 𝐃𝐢 𝐲𝐢 (𝐭) = 𝐃𝐓𝐣 𝐏
𝐢=𝟏 𝐢=𝟏

Tenant alors compte de la propriété d'orthogonalité, l'équation (2.4) se réduit à :

𝐃𝐓𝐣 𝐌𝐃𝐣 𝐲̈ 𝐣 (𝐭) + 𝐃𝐓𝐣 𝐊𝐃𝐣 𝐲𝐣 (𝐭) = 𝐃𝐓𝐣 𝐏 j=1,N (2.5)

Définissant les quantités suivantes :

- Masse généralisée 𝐦𝐣 = 𝐃𝐓𝐣 𝐌𝐃𝐣

- Raideur généralisée 𝐤 𝐣 = 𝐃𝐓𝐣 𝐊𝐃𝐣

- Chargement généralisé 𝐩𝐣 = 𝐃𝐓𝐣 𝐏

L'équation (2.5) s'écrit :

𝐩𝐣 (𝐭) (2.6)
𝐲̈ 𝐣 (𝐭) + 𝛚𝟐𝐣 𝐲𝐣 (𝐭) =
𝐦𝐣

Dans laquelle on a posé :

𝐤𝐣 (2.7)
𝛚𝟐𝐣 =
𝐦𝐣

Sous la forme de l’équation (2.6), on reconnaît l'équation d'équilibre dynamique de l'oscillateur


simple à un degré de liberté .Ainsi, l'utilisation de la base modale a permis la transformation du
système de l’équation (2.1) de (N) équations différentielles couplées en (N) équations
différentielles découplées (équation (2.6), avec j=1,N). La solution (yi) de chacune de ces
équations est obtenue par les techniques de « l’intégrale de Duhamel », et la solution générale
est donnée par l'équation (2.3).

HICHEM NOURA 2
2.1.2. Exemple

Les modes du portique de la figure 1.4 ont été déterminés au paragraphe (1.5.1).

Figure 2.1 : Modes propres et déformée modale de chaque mode.

Décomposant les déplacements xi (i=1,3), sur cette base modale, on obtient :

𝐱𝟏 = 𝐲𝟏 (𝐭) + 𝐲𝟐 (𝐭) + 𝐲𝟑 (𝐭) (2.8)


{ 𝐱𝟐 = 𝟎, 𝟔𝟒𝟒 𝐲𝟏 (𝐭) − 𝟎, 𝟔𝟎𝟏 𝐲𝟐 (𝐭) − 𝟐, 𝟓𝟕 𝐲𝟑 (𝐭)
𝐱𝟑 = 𝟎, 𝟑𝟎 𝐲𝟏 (𝐭) − 𝟎, 𝟔𝟕𝟔 𝐲𝟐 (𝐭) + 𝟐, 𝟒𝟕 𝐲𝟑 (𝐭)

Les grandeurs généralisées mi et ki valent :

𝟏𝟎 𝟎 𝟏
𝐦𝟏 = [𝟏 𝟎, 𝟔𝟒𝟒 𝟎, 𝟑𝟎] [𝟎
𝟏. 𝟓 𝟎] [𝟎, 𝟔𝟒𝟒] = 𝟏, 𝟖𝟎𝟐 𝐭
𝟎𝟎 𝟐 𝟎, 𝟑𝟎
𝟏 𝟎 𝟎 𝟏
𝐦𝐣 = 𝐃𝐓𝐣 𝐌 𝐃𝐣 → 𝐦𝟐 = [𝟏 −𝟎, 𝟔𝟎𝟏 −𝟎, 𝟔𝟕𝟔] [𝟎 𝟏. 𝟓 𝟎] [−𝟎, 𝟔𝟎𝟏] = 𝟐, 𝟒𝟓𝟔 𝐭
𝟎 𝟎 𝟐 −𝟎, 𝟔𝟕𝟔
𝟏 𝟎 𝟎 𝟏
𝐦𝟑 = [𝟏 −𝟐, 𝟓𝟕 𝟐, 𝟒𝟕] [𝟎 𝟏. 𝟓 𝟎] [−𝟐, 𝟓𝟕] = 𝟐𝟑, 𝟏𝟎𝟗 𝐭
{ 𝟎 𝟎 𝟐 𝟐, 𝟒𝟕
𝟔𝟎𝟎 −𝟔𝟎𝟎 𝟎 𝟏
𝐤 𝟏 = [𝟏 𝟎, 𝟔𝟒𝟒 𝟎, 𝟑𝟎] [−𝟔𝟎𝟎 𝟏𝟖𝟎𝟎 −𝟏𝟐𝟎𝟎] [𝟎, 𝟔𝟒𝟒] = 𝟑𝟖𝟎, 𝟎𝟒𝟓 𝐤𝐍
𝟎 −𝟏𝟐𝟎𝟎 𝟑𝟎𝟎𝟎 𝟎, 𝟑𝟎
𝟔𝟎𝟎 −𝟔𝟎𝟎 𝟎 𝟏
𝐤 𝐣 = 𝐃𝐓𝐣 𝐊 𝐃𝐣 → 𝐤 𝟐 = [𝟏 −𝟎, 𝟔𝟎𝟏 −𝟎, 𝟔𝟕𝟔] [−𝟔𝟎𝟎 𝟏𝟖𝟎𝟎 −𝟏𝟐𝟎𝟎] [−𝟎, 𝟔𝟎𝟏] = 𝟐𝟑𝟔𝟕, 𝟐𝟐𝟕 𝐤𝐍
𝟎 −𝟏𝟐𝟎𝟎 𝟑𝟎𝟎𝟎 −𝟎, 𝟔𝟕𝟔
𝟔𝟎𝟎 −𝟔𝟎𝟎 𝟎 𝟏
𝐤 𝟑 = [𝟏 −𝟐, 𝟓𝟕 𝟐, 𝟒𝟕]𝟔 [−𝟔𝟎𝟎 𝟏𝟖𝟎𝟎 −𝟏𝟐𝟎𝟎] [−𝟐, 𝟓𝟕] = 𝟒𝟗𝟏𝟏𝟎, 𝟒𝟖𝟎 𝐤𝐍
{ 𝟎 −𝟏𝟐𝟎𝟎 𝟑𝟎𝟎𝟎 𝟐, 𝟒𝟕

En reportant (2.8) dans (2.6), on aboutit au système d'équations différentielles suivant :

HICHEM NOURA 3
𝐲̈ 𝟏 (𝐭) + (𝟐𝟏𝟎, 𝟗𝟎𝟐)𝐲𝟏 (𝐭) = 𝐩𝟏 (𝐭)⁄𝟏, 𝟖𝟎𝟐 (2.9)
{ 𝟐 (𝐭) + (𝟗𝟔𝟑, 𝟖𝟓𝟓)𝐲𝟐 (𝐭) = 𝐩𝟏 (𝐭)⁄𝟐, 𝟒𝟓𝟔
𝐲̈
𝐲̈ 𝟑 (𝐭) + (𝟐𝟏𝟐𝟓, 𝟏𝟔𝟕)𝐲𝟑 (𝐭) = 𝐩𝟏 (𝐭)⁄𝟐𝟑, 𝟏𝟎𝟗

Le système de l’équation (2.9) traduit les mêmes équations d'équilibre que le système de
l’équation (2.2) mais sa structure est infiniment moins complexe : chaque inconnue (yi)
n'apparaît que dans une seule équation alors que les (xi) apparaissaient dans plusieurs équations.

2.1.3. Calcul des efforts

Une fois les déplacements (𝐗) déterminés, les efforts dans la structure s'obtiennent par :

𝐅=𝐊𝐗 (2.10)

Soit pour chaque mode propre :

𝐅𝐢 = 𝐊 𝐗 𝐢 = 𝐊 𝐃𝐢 𝐲𝐢 (𝐭) (2.11)

Tenant compte du fait que (𝐃𝐢 ) est un vecteur propre (voir équation (1.20)) :

𝐊 𝐃𝐢 = 𝛚𝟐𝐢 𝐌 𝐃𝐢 (2.12)

L’équation (1.11) peut également s'écrire :

𝐅𝐢 = 𝛚𝟐𝐢 𝐌 𝐃𝐢 𝐲𝐢 (𝐭) (2.13)

Sous cette forme on reconnaît que la force (𝐅𝐢 ) est le produit d'une masse par une quantité qui a
la dimension d'une accélération.

Du fait de la structure (souvent) diagonale de la matrice (𝐌), la formulation de l’équation (2.13)


est préférable à la formulation de l’équation (2.10), car elle nécessite moins d'opérations : la force au
degré de liberté (i) dans le mode (j) s'écrit simplement :

𝐍 (2.14)
𝐟𝐢𝐣 = 𝛚𝟐𝐢 (∑ 𝐦𝐣𝐤 𝛗𝐢𝐤 ) 𝐲𝐢 (𝐭) = 𝛚𝟐𝐢 𝐦𝐣𝐣 𝛗𝐢𝐣 𝐲𝐢 (𝐭)
𝐤=𝟏

La résultante globale des efforts résulte de la superposition de tous les modes :

𝐍 𝐍 (2.15)
𝐅 = ∑ 𝐅𝐢 = ∑ 𝛚𝟐𝐢 𝐌 𝐃𝐢 𝐲𝐢 (𝐭)
𝐢=𝟏 𝐢=𝟏

2.2. Vibrations forcées amorties


Le développement précédent n’est valable qu’en cas d’oscillations libres non amorties.
Intéressons-nous maintenant au cas plus général d’oscillations forcées amorties.

HICHEM NOURA 4
On considère que l’effet de l’amortissement est négligeable sur la valeur des pulsations propres.
L’équation matricielle du mouvement pour un système à plusieurs degrés de liberté, dont les
oscillations sont amorties et forcées, s’écrit de la manière suivante :

𝐌 𝐗̈ + 𝐂 𝐗̇ + 𝐊 𝐗 = 𝐏(𝐭) (2.16)

Où (𝐂) est la matrice d’amortissement et (𝐏(𝐭)) est le vecteur de la force perturbatrice


périodique.

Utilisant la décomposition sur la base modale définie par l’équation (2.3) et tenant compte des
propriétés d'orthogonalité des modes, l'équation (2.16) se réduit au système de N équations
différentielles :
𝐍 𝐍 𝐍 (2.17)
𝐌 ∑ 𝐃𝐢 𝐲̈ 𝐢 (𝐭) + 𝐂 ∑ 𝐃𝐢 𝐲̇ 𝐢 (𝐭) + 𝐊 ∑ 𝐃𝐢 𝐲𝐢 (𝐭) = 𝐏(𝐭)
𝐢=𝟏 𝐢=𝟏 𝐢=𝟏

Multipliant l’équation (2.17) par le vecteur (𝐃𝐓𝐣 ), les deux membres de l'équation, il vient :

𝐍 (2.18)
𝐃𝐓𝐣 𝐌 𝐃𝐣 𝐲̈ 𝐣 (𝐭) + ∑ 𝐃𝐓𝐣 𝐂 𝐃𝐢 𝐲̇ 𝐢 (𝐭) + 𝐃𝐓𝐣 𝐊 𝐃𝐣 𝐲𝐣 (𝐭) = 𝐃𝐓𝐣 𝐏(𝐭)
𝐢=𝟏

L'équation (2.5) s'écrit :


𝐍 (2.19)
𝐦𝐣 𝐲̈ 𝐣 (𝐭) + ∑ 𝐃𝐓𝐣 𝐂 𝐃𝐢 𝐲̇ 𝐢 (𝐭) + 𝐤 𝐣 𝐲𝐣 (𝐭) = 𝐩𝐣 (𝐭)
𝐢=𝟏

A moins de faire une hypothèse sur la structure de la matrice d'amortissement [C], les équations
(2.19) ne sont plus découplées et la décomposition sur la base modale perd de son intérêt. La
résolution des équations (2.16), ou (2.19), nécessite une connaissance de cette matrice
d'amortissement.

Les modes propres sont orthogonaux par rapport à la matrice de masse et de rigidité mais ils ne
sont pas orthogonaux par rapport à la matrice d’amortissement, donc on ne peut pas découpler
les équations de mouvements d’un système amorti.

La matrice d’amortissement [C] rend compte de l’ensemble des phénomènes de dissipation


d’énergie qui est globalement modélisé par un amortissement visqueux : plastification,
microfissuration, frottement des assemblages, etc.

2.2.1. Découplage des équations

Si l'on fait l'hypothèse que les modes propres possèdent les mêmes propriétés d'orthogonalité
par rapport à la matrice d'amortissement que par rapport aux matrices de masse et de raideur :

𝐜𝐣 = 𝐃𝐓𝐣 𝐂 𝐃𝐣 (2.20)

HICHEM NOURA 5
Alors l'équation (2.19) se simplifie en divisant chaque ligne du système d’équations découplées
par la masse généralisée, on obtient l’équation bien connue de l’oscillateur simple amorti et
forcé :

𝐩𝐣 (𝐭) (2.21)
𝐲̈ 𝐣 (𝐭) + 𝟐𝛏𝐣 𝛚𝐣 𝐲̇ 𝐣 (𝐭) + 𝛚𝟐𝐣 𝐲𝐣 (𝐭) =
𝐦𝐣

Dans laquelle on a posé par analogie avec le cas de l'oscillateur simple à 1 degré de liberté :

𝒄𝒋 (2.22)
𝛏𝐣 =
𝟐𝐦𝐣 𝛚𝐣

La solution des (N) équations différentielles (2.21) peut alors être obtenue par les méthodes des
oscillateurs simples comme l’intégrale de Duhamel et la transformation de Fourier. Une fois les
(𝐲𝐣 ) déterminés, la réponse générale de la structure s'obtient par l'équation (2.3).

Pour aboutir aux équations (2.21), une hypothèse forte a été faite sur la structure de la matrice
[C]. Avec cette hypothèse, les seules données nécessaires pour l'analyse sont constituées des
pourcentages d'amortissement critique équivalent (𝛏𝐣 ) dans chaque mode, cette quantité est
communément désignée sous le terme d'amortissement modal.

L’amortissement modal est estimé d’après le mode de fonctionnement de l’ossature et de ses


matériaux constitutifs. En pratique, il n’est donc pas nécessaire de connaître formellement la
matrice des amortissements.

2.2.2. Construction de la matrice d'amortissement


2.2.2.1. Amortissement de Rayleigh

On se donne a priori la structure de la matrice d'amortissement sous la forme d'une combinaison


linéaire de la matrice de masse et de la matrice de raideur.

𝐂 = 𝛂𝐌 + 𝛃𝐊 (2.23)

(𝜶) et (𝜷) constantes à déterminer expérimentalement.

Il est évident que dans ce cas la propriété d'orthogonalité de la matrice d'amortissement par
rapport aux modes propres est préservée. En reportant l'équation (2.23) dans l'équation générale
(2.3) et en faisant usage de cette propriété, l'équation du mouvement s'écrit :

𝐦𝐣 𝐲̈ 𝐣 (𝐭) + (𝛂𝐦𝐣 + 𝛃𝐤 𝐣 )𝐲̇ 𝐣 (𝐭) + 𝐤 𝐣 𝐲𝐣 (𝐭) = 𝐩𝐣 (𝐭) (2.24)

D’où il ressort que le pourcentage d'amortissement critique équivalent s'exprime par :

𝟏 𝛂 (2.25)
𝛏𝐣 = [ + 𝛃𝛚𝐣 ]
𝟐 𝛚𝐣

HICHEM NOURA 6
L'amortissement donné par l'équation (2.25) se compose de deux termes, l'un proportionnel à
la pulsation et l'autre inversement proportionnel à celle-ci. Il est souhaitable de représenter la
dissipation d'énergie dans le système par un amortissement indépendant de la fréquence, un
choix approprié des valeurs (α) et (β) permet de satisfaire de façon approximative cette
condition.

Avec ce type d’amortissement, il est possible de calculer les coefficients d’amortissement de


façon à obtenir un système découplé ayant autant de rapports d’amortissement dans autant de
modes l’on désir. Quand (N=2), l’équation (2.25) se réduit à l’amortissement de Rayleigh.

Si (β =0) dans l’équation (2.25), nous avons un amortissement du système proportionnel à la


masse. Le taux d’amortissement pour le mode (j) devient :

𝛂 (2.26)
𝛏𝐣 =
𝟐𝛚𝐣

Où l’on voit que le taux d’amrtissement (𝛏) est inversement proportionnel à la fréquence de
vibration. Ainsi, les modes supérieurs de la structure auront très peu d’amortissement. Si par
contres (α=0) dans l’équation (2.25), nous avons un amortissement du système qui est purement
proportionnel à la rigidité. L’équation (2.25) nous donne :

𝛃𝛚𝐣 (2.27)
𝛏𝐣 =
𝟐

Où l’on voit que le taux d’amortissement devient directement proportionnel à la fréquence.


Dans le cas, les modes supérieurs de la structure seront très amortis.

Figure 2.2 : Relation entre le taux d’amortissement (ζ) et la fréquence pour un amortissement
de type Rayleigh.

Connaissant le taux d’amortissement correspondant à une certaine fréquence, on et déterminer


les constantes (α) et (β) à partir des équations (2.26) et (2.27) pour les systèmes dont
l’amortissement est purement proportionnel à la masse ou à la rigidité, respectivement. On peut
donc déduire les taux d’amortissement des autres modes connaissant (α) et (β). Si les deux types
d’amortissement sont présents, il faut connaître les taux d’amortissement modaux
correspondant à deux fréquences pour déterminer (α) et (β). Pour des taux d’amortissement (𝛏𝐢 )

HICHEM NOURA 7
et (𝛏𝐣 ) correspondant aux fréquences modales (𝛚𝐢 ) et (𝛚𝐣 ) respectivement, on peut écrire
l’équation (2.25) sous forme matricielle en exprimant les deux conditions sous la forme :

𝟏 (2.28)
𝛏𝐢 𝛚𝐢 𝛂
𝟏 𝛚𝐢
[ ]= [ ]
𝟐 𝟏
𝛏𝐣 𝛚𝐣 𝛃
[𝛚𝐣 ]

D’où

𝛂 𝛚𝐣 −𝛚𝐢 𝛏𝐢 (2.29)
𝛚𝐢 𝛚𝐣
[ ]=𝟐 𝟐 [ 𝟏
𝟐 −
𝟏 ][ ]
𝛃 𝛚𝐣 − 𝛚𝐢 𝛚𝐣 𝛚𝐢 𝛏𝐣

La détermination des facteurs (α) et (β) donne la relation entre le taux d’amortissement et la
fréquence de la forme montrée à la figure 2.2. Comme on peut le voir à la figure 2.2, cette façon
de construire une matrice d’amortissement diagonale dans la base des modes propres donne lieu
à un amortissement très élevé pour les modes de très bases et de très haute fréquences et plus
pour les fréquences intermédiaires. Vu le manque d’information sur la variation du taux
d’amortissement avec les fréquences, on suppose en général, le même taux d’amortissement
pour les deux fréquences de contrôle (𝛚𝐢 ) et (𝛚𝐣 ). On recommande de choisir la fréquence
fondamentale comme première fréquence de contrôle (𝛚𝐢 = 𝛚𝟏 ) et de choisir, comme
deuxième fréquence de contrôle (𝛚𝐣 ), une des plus hautes fréquences parmi les modes qui
contribuent le plus à la réponse dynamique. Ceci assure que tous les modes intermédiaires
auront un amortissement quelque peu inférieur à (𝛏𝟏 = 𝛏𝐣 = 𝛏) et que les modes ayant une
fréquence (𝛚𝐤 > 𝛚𝐣 ) auront un amortissement qui augmente de façon monotone avec la
fréquence au-dessus de (𝛏𝐣 ). De ce fait, les réponses des modes avec des fréquences très élevées
seront éliminées par leur amortissement très élevé.

Exemple :

La détermination de (α) et (β) est illustrée sur la figure 2.3 du portique de l’exemple de la figure
1.4. La première pulsation (𝛚𝟏 ) est prise égale à celle du mode fondamental du système et la
seconde (𝛚𝟐 ) a été choisie égale à la deuxième pulsation propre du portique.

Afin d’assurer un taux d’amortissement de 5% de l’amortissement critique dans le premier et


le deuxième mode de vibration, nous obtenons les valeurs de de (α) et (β) de l’équation (2.29)
qui pour des valeurs égales du taux d’amortissement (𝛏 = 𝛏𝐢 = 𝛏𝐢 ), s’écrit :

𝛂 𝟐𝝃 𝛚𝐢 𝛚𝐣 𝟐 × 𝟎, 𝟎𝟓 𝟑𝟏, 𝟏𝟎 × 𝟏𝟒, 𝟓𝟎 𝟎, 𝟗𝟖𝟖𝟗


[𝜷] = [ ]= [ ]=[ ]
𝛚𝐣 + 𝛚𝒊 𝟏 𝟑𝟏, 𝟏𝟎 + 𝟏𝟒, 𝟓𝟎 𝟏 𝟐, 𝟏𝟗. 𝟏𝟎−𝟑

La matrice d’amortissement (𝐂 = 𝛂𝐌 + 𝛃𝐊) vaut :

𝟏 𝟎 𝟎 𝟔𝟎𝟎 −𝟔𝟎𝟎 𝟎
−𝟑
𝐂 = 𝟎, 𝟗𝟖𝟖𝟗 × [𝟎 𝟏. 𝟓 𝟎] + 𝟐, 𝟏𝟗. 𝟏𝟎 × [−𝟔𝟎𝟎 𝟏𝟖𝟎𝟎 −𝟏𝟐𝟎𝟎]
𝟎 𝟎 𝟐 𝟎 −𝟏𝟐𝟎𝟎 𝟑𝟎𝟎𝟎

HICHEM NOURA 8
𝟐, 𝟑𝟎 −𝟏, 𝟑𝟏 𝟎
𝐂 = [−𝟏, 𝟑𝟏 𝟓, 𝟒𝟐 −𝟐, 𝟔𝟐] 𝐤𝐍𝐬/𝐦
𝟎 −𝟐, 𝟔𝟐 𝟖, 𝟓𝟒

Figure 2.3 : Amortissement de Rayleigh.

Le taux d’amortissement pour le troisième mode s’obtient de l’équation (2.25) ou de


l’équation (2.28), soit

𝟏 𝛂 𝟏 𝟎, 𝟗𝟖𝟖𝟗
𝛏𝟑 = [ + 𝛃𝛚𝟑 ] = [ + (𝟐, 𝟏𝟗. 𝟏𝟎−𝟑 ). 𝟒𝟔, 𝟏𝟎] = 𝟎, 𝟎𝟔𝟏𝟐
𝟐 𝛚𝟑 𝟐 𝟒𝟔, 𝟏𝟎

En règle générale, il est nécessaire de filtrer les hautes fréquences parasites qui sont des artefacts
de modélisation par éléments finis. La hautes fréquence du drnier mode propre dans le cas de
cet exemple peuvent représenter ces fréquences parasite. Cete exemple a en fait été choisi pour
illustrer l’effet du choix des pulsations propres (𝛚𝐢 = 𝛚𝟏 ) et (𝛚𝐣 = 𝛚𝟐 ) sur les taux
d’amortissement des hautes fréquences qui sont relativement élevés.

2.2.2.2. Amortissement de Caughey

Il s'agit d'une généralisation de l'amortissement de Rayleigh dans laquelle la matrice


d'amortissement s'exprime comme une combinaison linéaire. Caughey a montré qu’un nombre
infini de matrices formées des matrices de masse et de rigidité satisfont aussi les conditions
d’orthogonalité. Supposons qu’un nombre (p) de taux d’amortissement modal (𝛏𝐢 , 𝐢 =
𝟏, 𝟐, … , 𝐩). Soit donné pour la détermination de la matrice [C]. La matrice d’amortissement
orthogonale s’exprime sous la forme de la série suivante dite de Caughey.

𝐩−𝟏 (2.30)
𝐤
−𝟏
𝐂 = 𝐌 ∑ 𝐚𝐤 [𝐌 𝐊]
𝐤=𝟎

Où les coefficients (𝐚𝐤 , 𝒌 = 𝟎, 𝟏, … , 𝒑 − 𝟏) sont déterminer à partir des (p) équations


simultanées suivantes :

𝐩−𝟏 (2.31)
𝟏
𝛏𝐣 = ∑ 𝐚𝐤 𝛚𝟐𝐤
𝐢
𝟐𝛚𝐢
𝐤=𝟎

HICHEM NOURA 9
Avec ce type d’amortissement, il est possible de calculer les coefficients d’amortissement de
façon à obtenir un système découplé ayant autant de rapports d’amortissement dans autant de
modes que l’on désire. Quand (p=2), l’équation (2.30) se réduit à l’amortissement de Rayleigh
présenté dans l’équation (2.23).

La figure 2.4 illustre l'application de la formulation (2.30) au cas du portique de l’exemple de


la figure 1.4.

Figure 2.3 : Amortissement de Caughey.

2.2.2.3. Matrice d'amortissement modal

Il est également possible à partir de la donnée des amortissements modaux de construire


directement la matrice d'amortissement associée. Soit [C] matrice d’amortissement et [Φ] la
matrice d'ordre N constituée des N vecteurs modaux :

𝚽 = [𝐃𝟏 𝐃𝟐 … 𝐃𝐣 … 𝐃𝐍 (2.32)

La matrice [C] doit satisfaire la relation suivante :

𝚽 𝐓 𝐂 𝚽 = 𝐂̂ (2.33)

Dans laquelle la matrice 𝐂̂ a la structure suivante :

𝐜𝟏 (2.34)
⋱ 𝟎
𝐂̂ = 𝐜𝐣
𝟎 ⋱
[ 𝐜𝐍 ]

Avec des coefficients égaux à :

𝐜𝐣 = 𝟐𝐦𝐣 𝛚𝐣 𝛏𝐣 (2.35)

L'inversion de la relation (2.33) fournit l'expression de la matrice [C] :

HICHEM NOURA 10
−𝟏 (2.36)
𝐂 = [𝚽 𝐓 ] 𝐂̂ 𝚽 −𝟏

Le calcul de [C] de l’équation (2.36) nécessite l'inversion de deux matrices d'ordre N et n'est
pas efficace d'un point de vue numérique.

Tenant compte de la relation d'orthogonalité :

𝚽𝐓 𝐌 𝚽 = 𝐦 (2.37)

Dans laquelle la matrice [m] est diagonale avec des coefficients égaux aux masses généralisées
(𝐦𝐣 ). En prenant l'inverse de l’équation (2.37) et on prémultiplie ou postmultiplie par les
quantités (𝐌 𝚽) et (𝚽 𝐓 𝐌), respectivement, on obtient :

−𝟏 (2.38)
𝚽 −𝟏 = 𝐦 𝚽 𝐓 𝐌 → [𝚽 𝐓 ] = 𝐌 𝚽 𝐦−𝟏

En reportant les relations (2.38) dans la relation (2.36), il vient :

𝐂 = [𝐌 𝚽 𝐦−𝟏 ] 𝐂̂ [𝐦−𝟏 𝚽 𝐓 𝐌] (2.39)

Les matrices (𝐦) et (𝐂̂) étant diagonales, l’équation (2.39) peut encore s’écrire :

𝐂 = 𝐌 𝚽 𝛇 𝚽𝐓 𝐌 (2.40)

Où la matrice (𝛇 = 𝐦−𝟏 𝐂̂ 𝐦−𝟏) est le produit de trois matrices diagonales avec les éléments
suivant sur la diagonale :

𝟐𝛏𝐣 𝛚𝐣 (2.41)
𝛇𝐣𝐣 =
𝐦𝐣

L’équation (2.40) souligne le fait que chaque taux d’amortissement modal fournit une
contribution indépendante à la matrice d’amortissement qui vaut :

𝐂𝐣 = 𝐌 𝛗𝐣 𝛇𝐣 𝛗𝐣 𝐓 𝐌 (2.42)

La matrice d’amortissement globale est la somme des contributions modales, soit :

𝐍 𝐍 (2.43)
𝐓
𝐂 = ∑ 𝐂𝐣 = 𝐌 [∑ 𝛗𝐣 𝛇𝐣 𝛗𝐣 ] 𝐌
𝐣=𝟏 𝐣=𝟏

Subsituons pour (𝛇𝐣 ) l’expression donnée en (2.41), nous obtenons :

HICHEM NOURA 11
𝐍 (2.44)
𝟐𝛏𝐣 𝛚𝐣
𝐂 = 𝐌 [∑ 𝛗𝐣 𝛗𝐣 𝐓 ] 𝐌
𝐦𝐣
𝐣=𝟏

Dans l’équation (2.44), la contribution de chaque mode à la matrice d’amortissement est


proportionnelle au taux d’amortissement modal. Donc, tout mode (j) non amorti (c’est-à-dire
𝛏𝐣 = 𝟎) ne contribue pas à la matrice d’amortissement.

Remarque :

Produit scalaire : 𝐱 𝑻 𝒚 = 𝒖

𝒙𝟏 𝒙 𝟏 𝒚𝟏 𝒙 𝟏 𝒚𝟐 … 𝒙 𝟏 𝒚𝒎
𝒙𝟏 𝒙 𝟐 𝒚𝟏 𝒙 𝟐 𝒚𝟐 … 𝒙 𝟐 𝒚𝒎
[ ⋮ ] [𝒚𝟏 , 𝒚𝟐 , ⋯ , 𝒚𝒎 ] = [ ⋮ ⋮ ⋮ ⋮ ]
𝒙𝒏 𝒙 𝒏 𝒚𝟏 𝒙 𝒏 𝒚𝟐 … 𝒙 𝒏 𝒚𝒎

Exemple :

Reprenons l'exemple du portique de l’exemple de la figure 1.4 et supposons les valeurs


suivantes d'amortissement modal pour chacun des trois modes :

𝐌𝐨𝐝𝐞 𝟏: 𝛏 = 𝟓% 𝐌𝐨𝐝𝐞 𝟐: 𝛏 = 𝟏𝟎% 𝐌𝐨𝐝𝐞 𝟑 ∶ 𝛏 = 𝟎

Le calcul des matrices d'amortissement représentant les contributions de chaque mode. Avec
les données des modes propres de ce portique, qui ont été calculées précédemment :

- 𝐌𝐨𝐝𝐞 𝟏: 𝛏 = 𝟓% → 𝛚𝟏 = 𝟏𝟒, 𝟓 𝒓𝒅⁄𝒔 → 𝐦𝟏 = 𝟏, 𝟖𝟎𝟐 𝐭

𝟐𝛏𝟏 𝛚𝟏 𝟐 × 𝟎, 𝟎𝟓 × 𝟏𝟒, 𝟓
𝛇𝟏 = = = 𝟎, 𝟖𝟎𝟒𝟕
𝐦𝟏 𝟏, 𝟖𝟎𝟐
𝟏 𝟎, 𝟔𝟒𝟒 𝟎, 𝟑
𝟐
𝛗𝟏 𝛗𝟏 𝐓 = [𝟎, 𝟔𝟒𝟒 𝟎, 𝟔𝟒𝟒 𝟎, 𝟑 × 𝟎, 𝟔𝟒𝟒]
𝟎, 𝟑 𝟎, 𝟑 × 𝟎, 𝟔𝟒𝟒 𝟎, 𝟑𝟐

𝟐𝛏𝟏 𝛚𝟏 𝟎, 𝟖𝟎𝟒 𝟎, 𝟕𝟕𝟕 𝟎, 𝟒𝟖𝟐


𝐓
𝐂𝟏 = 𝐌𝛗𝟏 𝛗𝟏 𝐌 = [ ⋮ 𝟎, 𝟕𝟓𝟎 𝟎, 𝟒𝟔𝟔]
𝐦𝟏 𝑺𝒚𝒎 … 𝟎, 𝟐𝟖𝟗

- 𝐌𝐨𝐝𝐞 𝟐: 𝛏 = 𝟏𝟎% → 𝛚𝟐 = 𝟑𝟏, 𝟏 𝒓𝒅⁄𝒔 → 𝐦𝟐 = 𝟐, 𝟒𝟓𝟔 𝐭


𝟐𝛏𝟐 𝛚𝟐 𝟐, 𝟓𝟑𝟐 −𝟐, 𝟐𝟖𝟑 −𝟑, 𝟒𝟐𝟒
𝐓
𝐂𝟐 = 𝐌𝛗𝟐 𝛗𝟐 𝐌 = [ ⋮ 𝟐, 𝟎𝟓𝟖 𝟑, 𝟎𝟖𝟔 ]
𝐦𝟐 𝑺𝒚𝒎 … 𝟒, 𝟔𝟐𝟗

La matrice d'amortissement globale est la somme des matrices


d’amortissement de chaque mode :

HICHEM NOURA 12
𝐂 = 𝐂𝟏 + 𝐂𝟐 + 𝐂 𝟑

𝟑, 𝟑𝟑𝟕 −𝟏, 𝟓𝟎𝟓 −𝟐, 𝟗𝟒𝟐


𝐂=[ ⋮ 𝟐, 𝟖𝟎𝟗 𝟑, 𝟓𝟓𝟑 ]
𝑺𝒚𝒎 … 𝟒, 𝟗𝟏𝟗

On vérifiera que la matrice [C] est bien orthogonale par rapport aux modes propres du portique.

HICHEM NOURA 13

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