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2.1. Introduction
Ce chapitre vous présente l'élément structurel unidimensionnel (1-D) le plus simple, à savoir
l'élément barre, et l'analyse par éléments finis des structures en treillis utilisant cet élément. Les
treillis sont couramment utilisés dans les différents domaines de l’ingénierie. Il s'agit de structures
triangulées composées de barres minces dont les extrémités sont reliées par des boulons, des
broches, des rivets, etc. Les structures en treillis offrent des solutions légères et économiques à de
nombreuses situations d'ingénierie. Si un treillis, avec la charge appliquée, se trouve dans un seul
plan, on l'appelle un treillis plan. Si ses éléments et ses joints s'étendent dans l'espace
tridimensionnel (3-D), il s'agit alors d'une un treillis spatial.
La plupart des problèmes d'analyse structurelle, tels que l'analyse des contraintes et des
déformations, peuvent être traités comme des problèmes de statiques linéaires, sur la base des
hypothèses suivantes :
1. Petites déformations
2. Matériaux élastiques (pas de plasticité ou de ruptures)
3. Charges statiques (la charge est appliquée à la structure de manière lente ou régulière).
Nous avons
𝑢𝑗 −𝑢𝑖 ∆
𝜀= = 𝐿 (∆= 𝑒𝑙𝑜𝑛𝑔𝑎𝑡𝑖𝑜𝑛) (2.2)
𝐿
𝐸∆
𝜎 = 𝐸𝜀 = (2.3)
𝐿
où
𝑥
𝜉 = 𝐿, 0≤𝜉≤1 (2.8)
ou bien
𝑢
𝑢 = [𝑁𝑖 𝑁𝑗 ] {𝑢𝑖 } = 𝑵𝒖 (2.9)
𝑗
𝑑𝑢
La déformation est donnée par 𝜀 = 𝑑𝑥 et en tenant compte l’équation 2.9, on peut écrire :
𝑑𝑢 𝑑
𝜀 = 𝑑𝑥 = [𝑑𝑥 𝑵] 𝒖 = 𝑩𝒖 (2.10)
c'est,
𝑩 = [−1/𝐿 1/𝐿] (2.11)
La contrainte peut être écrit comme
𝜎 = 𝐸𝜀 = 𝐸𝑩𝒖 (2.12)
Considérant l'énergie de déformation stockée dans la barre
1 1 𝑻
𝑈 = 2 ∫𝑉 𝜎 𝑇 𝜀𝑑𝑉 = 2 ∫𝑉 (𝒖𝑻 𝑩 𝐸𝑩𝒖) 𝑑𝑉
1 𝑻
𝑈 = 2 𝒖𝑻 [∫𝑉 (𝑩 𝐸𝑩) 𝑑𝑉] 𝒖 (2.13)
1 1 1
𝑊 = 𝑓𝑖 𝑢𝑖 + 𝑓𝑗 𝑢𝑗 = 𝒖𝑻 𝒇 (2.14)
2 2 2
𝑈=𝑊
ce qui donne
1 1
𝒖𝑻 𝒇 = 𝒖𝑻 [∫𝑉(𝑩𝑻 𝐸𝑩)𝑑𝑉]𝒖 (2.15)
2 2
𝒇 = [∫𝑉(𝑩𝑻 𝐸𝑩)𝑑𝑉]𝒖
on obtient
𝒇 = 𝑘𝒖 (2.16)
Où
𝑻
𝑘 = [∫𝑉 (𝑩 𝐸𝑩) 𝑑𝑉] (2.17)
𝑳 −1/𝐿 𝐸𝐴 1 −1
𝒌 = ∫𝟎 { } 𝐸[−1/𝐿 1/𝐿]𝐴𝑑𝑥 = [ ]
1/𝐿 𝐿 −1 1
qui est la même formule que nous avons obtenue précédemment en utilisant la méthode directe.
Notez qu'à partir des équations 2.13 et 2.17, l'énergie de déformation dans l'élément peut être écrite
comme
1
𝑈 = 𝒖𝑻 𝒌𝒖 (2.18)
2
Exemple
Trouvez les contraintes dans l'assemblage de deux barres qui est chargé d'une force P, et limité
par deux extrémités, comme indiqué sur la Figure.
Résolution
On peut utiliser deux éléments de barre 1-D.
Donc :
𝑢1 𝑢2
2𝐸𝐴 1 −1
Elément 1 : 𝒌𝟏 = [ ]
𝐿 −1 1
𝑢2 𝑢3
𝐸𝐴 1 −1
Elément 2 : 𝒌𝟐 = [ ]
𝐿 −1 1
Le nœud 2 relie les deux éléments et nous pouvons assembler l'équation FE globale comme suit,
𝐸𝐴 2 −2 0 𝑢1 𝐹1
[−2 3 −1] {𝑢2 } = {𝐹2 }
𝐿
0 −1 1 𝑢3 𝐹3
𝑢1 = 𝑢1 = 0, 𝐹2 = 𝑃
L’équation devient,
𝐹1
𝐸𝐴 2 −2 0 0
[−2 3 −1] {𝑢2 } = { 𝑃 }
𝐿 𝐹3
0 −1 1 0
𝐸𝐴
[3]{𝑢2 } = {𝑃}
𝐿
Alors :
𝑃𝐿
𝑢2 =
3𝐸𝐴
𝑢1
𝑃𝐿 0
𝑢
{ 2} = {1}
𝑢3 3𝐸𝐴
0
𝑢 𝑢2 − 𝑢1 𝐸 𝑃𝐿 𝑃
𝜎1 = 𝐸𝜀1 = 𝐸𝑩1 𝒖1 = 𝐸[−1/𝐿 1/𝐿] {𝑢1 } = 𝐸 = ( − 0) =
2 𝐿 𝐿 3𝐸𝐴 3𝐴
𝑢 𝑢3 − 𝑢2 𝐸 𝑃𝐿 𝑃
𝜎2 = 𝐸𝜀2 = 𝐸𝑩2 𝒖2 = 𝐸[−1/𝐿 1/𝐿] {𝑢2 } = 𝐸 = (0 − )=−
3 𝐿 𝐿 3𝐸𝐴 3𝐴
La poutre est encastrée en 1 et 4. Elle est sollicitée au nœud 2 par une force (F, 0, 0) et au nœud 3
par une force (3 F, 0, 0) avec F > 0.
1. Calculer les déplacements nodaux et les actions de liaison.
2. Représentations graphiques : tracer 𝑢(𝑥), 𝑁(𝑥) et 𝜎𝑥𝑥 (𝑥)
Résolution
[𝑘1−2 ] =
𝐸𝐴 1 −1 [𝑘2−3 ] =
2𝐸𝐴 1 −1 [𝑘3−4 ] =
2𝐸𝐴 1 −1
[ ], [ ], [ ]
𝐿 −1 1 𝐿 −1 1 3𝐿 −1 1
En posant 𝑊𝑞 = 𝑊𝑓𝑞 et en utilisant les équations 2.19 et 2.20, nous obtenons le vecteur de force
nodale équivalente
𝑞
𝑓𝑖 𝐿 𝐿 𝑁𝑖 (𝑥)
𝒇𝒒 = { 𝑞 } = ∫0 𝑵𝑇 𝑞(𝑥)𝑑𝑥 = ∫0 [ ] 𝑞(𝑥)𝑑𝑥 (2.21)
𝑓𝑗 𝑁𝑗 (𝑥)
qui est valable pour toutes les distributions de 𝑞. Par exemple, si 𝑞 est une constante, on a
𝐿 1 − 𝑥/𝐿 𝑞𝐿/2
𝒇𝒒 = 𝑞 ∫0 [ ] 𝑑𝑥 = { } (2.22)
𝑥/𝐿 𝑞𝐿/2
c'est-à-dire que des forces nodales équivalentes peuvent être ajoutées pour remplacer la charge
répartie, comme illustré à la Figure 2.4.
Exemple
Une barre de longueur L est soumise à une charge linéaire axiale distribuée linéairement qui varie
de zéro au nœud 1 à un maximum de CL au nœud 2 (Figure 2.5). Déterminer les charges nodales
équivalentes.
Figure 2.5. Elément soumis à une charge linéaire axiale variant linéairement.
Résolution
En utilisant l'équation 2.21 nous résolvons les forces nodales équivalentes énergétiques du
chargement réparti comme suit :
𝐿 𝐿
𝑓𝑖𝑞 𝑁𝑖 (𝑥)
𝒇𝒒 = { 𝑞 } = ∫ 𝑵𝑇 𝑞(𝑥)𝑑𝑥 = ∫ [ ] 𝑞(𝑥)𝑑𝑥
𝑓𝑗 𝑁𝑗 (𝑥)
0 0
Donc
𝑳
𝐿 𝐶𝑥 2 𝐶𝑥 3 𝐶𝐿2
𝑓𝑖 𝑞
1 − 𝑥/𝐿 −
𝒇𝒒 = { 𝑞 } = ∫ [ ] (𝐶𝑥)𝑑𝑥 = 2 3𝐿 = 62
𝑓𝑗 𝑥/𝐿 𝐶𝑥 3 𝐶𝐿
0
{ 3𝐿 }𝟎 { 3 }
Notez que la charge totale (la surface sous la courbe linéaire) est donnée par
1 𝐶𝐿2
𝐹 = (𝐿)(𝐶𝐿) =
2 3
Par conséquent, en comparant l'équation (3.10.31) avec (3.10.32), on trouve que les charges
nodales équivalentes pour une charge variant linéairement sont
1
𝑓𝑖𝑞 = 𝐹 = 𝑢𝑛 𝑡𝑖𝑒𝑟𝑠 𝑑𝑒 𝑙𝑎 𝑐ℎ𝑎𝑟𝑔𝑒 𝑡𝑜𝑡𝑎𝑙𝑒
3
2
𝑓𝑗𝑞 = 𝐹 = 𝑑𝑒𝑢𝑥 𝑡𝑖𝑒𝑟𝑠 𝑑𝑒 𝑙𝑎 𝑐ℎ𝑎𝑟𝑔𝑒 𝑡𝑜𝑡𝑎𝑙𝑒
3
En résumé, pour l'élément de barre simple à deux nœuds soumis à une charge variant linéairement
(charge triangulaire), placer un tiers de la charge totale au nœud où la charge distribuée commence
(extrémité zéro de la charge) et deux tiers de la charge totale au nœud où se termine la valeur
maximale de la charge distribuée.
Exemple
Une barre chargée axialement comme illustré à la Figure 2.6, déterminer le déplacement axial et
la contrainte axiale. Soit 𝐸 = 2 × 1011 N/m², 𝐴 = 12.5 × 10−4 m² et 𝐿 = 1.5 𝑚
Considérer les deux cas : (a) un et (b) deux éléments dans les solutions par éléments finis.
Résolution
(a) Solution à un seul élément (Figure 2.6)
Figure 2.6. Modèle à un élément.
De l'équation 2.21, la matrice de charge répartie est évaluée comme suit :
𝑳
𝐿 −80000𝐿2 80000𝐿2 −80000𝐿2
𝑓𝑖 𝑞
1 − 𝑥/𝐿 +
𝒇𝒒 = { 𝑞 } = ∫ [ ] (−80000𝑥)𝑑𝑥 = 2 3 = 6
𝑓𝑗 𝑥/𝐿 −80000𝐿2 −80000𝐿2
0
{ 2 }𝟎 { 3 }
−80000(1.5)2
𝑞
𝑓𝑖 6 −30000 𝑁
{ 𝑞} = 2 = {−60000 𝑁 }
𝑓𝑗 −80000(1.5)
{ 3 }
Noter que, nous aurions pu déterminer les mêmes forces aux nœuds 1 et 2, c'est-à-dire qu'un tiers
de la charge totale est au nœud 1 et les deux tiers de la charge totale est au nœud 2.
On peut trouver que la matrice de rigidité est donnée par
1 −1
𝒌𝟏 = 16.67 × 107 [ ] 𝑁/𝑚
−1 1
Les équations de l’élément est
1 −1 𝑢1 −30000
16.67 × 107 [ ]{ } = { }
−1 1 0 𝑅2𝑥 − 60000
En résolvant la première ligne de l'équation précédente, on obtient
𝑢1 = −0.18 𝑚𝑚
La contrainte est obtenue à partir de l'équation suivante :
𝟏 𝟏 𝑢1 𝑢2 − 𝑢1 0 + 0.00018
𝜎 = 𝐸𝜀 = 𝐸𝑩𝒖 = 𝑬 [− ] {𝑢 } = 𝐸 ( ) = 2 × 1011 ( )
𝑳 𝑳 2 𝐿 1.5
𝜎 = 24 𝑀𝑃𝑎
(b) Solution à deux éléments (Figure 2.7)
Locale Globale
𝑥, 𝑦 𝑋, 𝑌
𝑢𝑖′ , 𝑣𝑖′ 𝑢𝑖 , 𝑣𝑖
Notez que le déplacement latéral « 𝑣𝑖′ » ne contribue pas à l'allongement de la barre dans le cadre
de la théorie linéaire (Figure 2.8). Les vecteurs de déplacement dans les coordonnées locales et
globales sont liés comme suit :
Figure 2.10. Coordonnées locales et globales d'une barre dans un espace bidimensionnel.
Transformations
𝑢
𝑢𝑖′ = 𝑢𝑖 × 𝑐𝑜𝑠(𝜃) + 𝑣𝑖 × 𝑠𝑖𝑛(𝜃) = [𝑐 𝑠] {𝑣𝑖 }
𝑖
𝑢
𝑣𝑖′ = −𝑢𝑖 × 𝑠𝑖𝑛(𝜃) + 𝑣𝑖 × 𝑐𝑜𝑠(𝜃) = [−𝑠 𝑐] {𝑣𝑖 }
𝑖
𝑢′ 𝑐 𝑠 𝑢𝑖
{ 𝑖′ } = [ ]{ }
𝑣𝑖 −𝑠 𝑐 𝑣𝑖
ou,
̃ 𝐮𝐢
𝐮′𝐢 = 𝐓
̃=[𝑐 𝑠
où la matrice de transformation 𝐓 −𝑠 𝑐
]
𝑢𝑖′ 𝑐 𝑠 0 0 𝑢𝑖
𝑣𝑖′ −𝑠 𝑐 0 0 𝑣𝑖
=[ ]{ }
𝑢𝑗′ 0 0 𝑐 𝑠 𝑢𝑗
′ 0 0 −𝑠 𝑐 𝑣𝑗
{𝑣𝑗 }
ou,
̃
𝒖′ = 𝐓𝐮 avec 𝑻 = [𝐓 𝟎]
𝟎 ̃
𝐓
Les forces nodales sont transformées de la même manière,
𝐟 ′ = 𝐓𝐟
𝐸𝐴 1 −1 𝑢′𝑖 𝑓′𝑖
[ ]{ } = { }
𝐿 1 1 𝑣′𝑗 𝑓′𝑗
1 0 −1 0 𝑢′𝑖 𝑓′𝑖
𝐸𝐴 0 0 0 0 𝑣′𝑖 0
[ ] ={ }
𝐿 −1 0 1 0 𝑢′𝑗 𝑓′𝑗
0 0 0 0
{𝑣′𝑗 } 0
ou,
𝐤 ′ 𝐮′ = 𝐟 ′
𝐤 ′ 𝐓𝐮 = 𝐓𝐟
T T
En multipliant les deux côtés par 𝐓 et en remarquant que 𝐓 𝐓 = 𝐈, on obtient
𝐓 T 𝐤 ′ 𝐓𝐮 = 𝐟
Ainsi, la matrice de rigidité de l'élément k dans le système de coordonnées global est la suivante
𝐤 = 𝐓T𝐤′𝐓
𝑢𝑖 𝑣𝑖 𝑢𝑗 𝑣𝑗
𝑐² 𝑐𝑠 −𝑐² −𝑐𝑠
[ 𝑐𝑠 𝑠² −𝑐𝑠 −𝑠²]
𝐸𝐴
𝐤=
𝐿 −𝑐² −𝑐𝑠 𝑐² 𝑐𝑠
−𝑐𝑠 −𝑠² 𝑐𝑠 𝑠²
La matrice de rigidité de la structure est assemblée en utilisant les matrices de rigidité des éléments
de la manière habituelle, comme dans le cas 1D.
Par conséquent, les inputs pour les éléments de barre sont simplement :
𝑢𝑖
𝑢𝑖′ 1 1 𝑐 𝑠 0 0 𝑣𝑖
𝜎 = 𝐸𝜀 = 𝐸𝑩 { ′ } = 𝐸 [− ][ ]{ }
𝑢𝑗 𝐿 𝐿 0 0 𝑐 𝑠 𝑢𝑗
𝑣𝑗
C'est-à-dire,
𝑢𝑖
𝐸 𝑣𝑖
𝜎= [−c −𝑠 𝑐 𝑠] {𝑢 }
𝐿 𝑗
𝑣𝑗
qui est une formule générale pour les éléments de barres 2-D.