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Agrégation Interne de Mathématiques

12 avril 2010
ii
Table des matières

1 Agrégation interne 1991, épreuve 2 1

2 Agrégation interne 1993, épreuve 1 5

3 Agrégation interne 1995, épreuve 1 9

4 Agrégation interne 1996, épreuve 1 17

5 Agrégation interne 1997, épreuve 1 23

6 Agrégation interne 1998, épreuve 1 29

7 Agrégation interne 2005, épreuve 1 33

8 Agrégation interne 2005, épreuve 2 39

9 Agrégation interne 2006, épreuve 1 47

10 Agrégation interne 2006, épreuve 2 51

11 Agrégation interne 2007, épreuve 1 59

12 Agrégation interne 2007, épreuve 2 65

13 Agrégation interne 2008, épreuve 1 71

14 Agrégation interne 2008, épreuve 2 77

15 Agrégation interne 2009, épreuve 1 83

16 Agrégation interne 2009, épreuve 2 91

17 Agrégation interne 2010, épreuve 1 99

18 Agrégation interne 2010, épreuve 2 107

iii
1

Agrégation interne 1991, épreuve 2

Première Partie - Résolution d’une équation différentielle

Soit l’équation différentielle


¡ ¢
3 x2 + x y 00 + (8x + 3) y 0 + 2y = 0, (E0)

dans laquelle y désigne une fonction inconnue de la variable réelle x.


1. Rechercher pour (E0) une solution développable en série entière autour de 0 et vérifiant
la condition y (0) = 1.
On précisera l’intervalle I sur lequel la fonction f obtenue est solution de (E0) .
2. Exprimer f à l’aide des fonctions usuelles. On remarquera que f est la restriction à I
d’une fonction x 7→ (1 + x)α pour un choix convenable de α.
3. En exploitant les résultats précédents, déterminer toutes les solutions de (E0). On en
donnera l’expression au moyen des fonctions usuelles.

Deuxième partie - Comparaison d’une série et d’une intégrale

Dans cette partie, (un )n∈N désigne une suite de nombres complexes et (Sn )n∈N désigne la.
suite de ses sommes partielles :

S0 = 0, ∀n ≥ 1, Sn = u0 + u1 + · · · + un−1 .

P
+∞
On suppose dans les questions II. 1◦ ) à II 4◦ ) que un converge.
n=0

1. Prouver que, si une suite (an )n∈N de nombres complexes est convergente. alors le rayon
P an z n
+∞
de convergence de la. série entière est +∞.
n=0 n!
En déduire que, pour tout x ∈ R,
+∞
X +∞
X
u n xn S n xn
et
n=0
n! n=0
n!

convergent.

1
2 Agrégation interne 1991, épreuve 2

P
+∞ S n xn
2. On pose, pour tout x ∈ R, B (x) = e−x . Justifier la dérivabilité de la fonction B
n=0 n!
et prouver que l’on a
Z x +∞
X un tn
B (x) = e−t dt.
0 n=0
n!

3. Soit (an )n∈N une suite de nombres complexes. convergente et de limite L. Prouver que
l’on a " #
+∞
X
−x an xn
lim e = L.
x→+∞
n=0
n!

(a) Dans le cas L = 0 d’abord.


(b) Etendre la propriété au cas L quelconque.
4. Prouver l’égalité
+∞
X Z ∞ +∞
X
−t un t n
un = e dt.
n=0 0 n=0
n!

P
+∞
5. On suppose, dans cette question, la série un divergente.
Z ∞ n=0
P un t n
+∞
Prouver que l’intégrale e−t dt peut cependant avoir un sens. On pourra utiliser
0 n=0 n!
à cet effet une suite géométrique.
La suite du problème consiste à montrer par l’étude d’un exemple que, lorsqu’on connaît
une solution d’une équation différentielle sous forme d’une série entière :
+∞
X
x 7→ an xn
n=0

admettant un certain rayon de convergence Z ∞R, il+∞


peut se produire que, pour certaines
P an xn tn
valeurs de x supérieures à R, l’intégrale e−t dt converge et fournisse un
0 n=0 n!
prolongement de la solution initialement obtenue.

Troisième partie

Soit l’équation différentielle


¡ ¢
3 x2 + x y 00 + (7x + 2) y 0 + y = 0, (E)

dans laquelle y désigne une fonction numérique inconnue de la variable réelle x.


1. Soit x0 > 0 et soit (y0 , y1 ) ∈ R2 quelconques. Justifier l’existence et l’unicité d’une solution
f de l’équation (E) sur l’intervalle ]0, +∞[ , vérifiant les conditions

f (x0 ) = y0 , f 0 (x0 ) = y1 .

2. Rechercher pour (E) une solution développable en série entière autour de 0, et telle que
y (0) = 1.
P
+∞
On notera F (x) = an xn la solution obtenue, dont on précisera le rayon de convergence.
n=0
3

an xn
P
+∞
3. On pose pour tout x réel G (x) = . Légitimer la définition de G et vérifier que G
n=0 n!
est solution sur R de l’équation différentielle

3xy 00 + (3x + 2) y 0 + y = 0. (E1)

4. Prouver que l’on a, pour tout x ∈ ]−1, 1[ ,


Z +∞
F (x) = e−t G (xt) dt.
0

Quatrième partie. - Etude d’une suite de fonctions

1. Montrer que l’application N, de R2 vers R, définie par


µ ¶ 12
2 1
∀ (X, Y ) ∈ R , N (X, Y ) = X + Y2
2
2

est une norme sur R2 .


Dans toute la suite, si V = (X, Y ) est un élément de R2 , on utilisera les notations
N (X, Y ) = kV k ou N (X, Y ) = k(X, Y )k .
2. A tout réel t non nul, on associe l’endomorphisme Lt de R2 dont la matrice relativement
à la base canonique est donnée par
µ 2 1 ¶
− 3t 4
A (t) = .
1 0

1
Soit k un réel strictement supérieur à √ . Montrer qu’il existe un réel t0 strictement
2
positif tel que

∀t ≥ t0 , ∀ (X, Y ) ∈ R2 , kLt (X, Y )k ≤ k k(X, Y )k .

Dans les questions suivantes, k et t0 sont fixés ainsi.


3. Soit V0 = (a, b) un élément de R2 . On lui associe la suite des fonctions (Zn )n∈N , définies
sur l’intervalle [t0 , +∞[ et à valeurs dans R2 , par les relations suivantes :

∀t ∈ [t0 , +∞[ , Z0 (t) = V0 ; ∀n ∈ N, Zn = (Xn , Yn ) ,


· ¸
Rt 2 1
∀n ∈ N, ∀t ∈ [t0 , +∞[ , Xn+1 (t) = a + t0 − Xn (λ) + Yn (λ) dλ,
Rt 3λ 4
Yn+1 (t) = b + t0 Xn (λ) dλ.
Prouver que ∀t ≥ t0 ,
kZ1 (t) − Z0 (t)k ≤ k (t − t0 ) kV0 k
et que
Z t
∀n ≥ 1, ∀t ≥ t0 , kZn+1 (t) − Zn (t)k ≤ k kZn (λ) − Zn−1 (λ)k dλ.
t0
4 Agrégation interne 1991, épreuve 2

4. En déduire que, ∀t ≥ t0 , ∀p ∈ N, ∀n ∈ N, n > p, on a


Xn
k m (t − t0 )m
kZn (t) − Zp (t)k ≤ kV0 k
m=p+1
m!

et que la suite (Zn )n∈N converge uniformément sur tout intervalle [t0 , t1 ] pour t1 ∈
]t0 , +∞[ , on désigne par Z sa limite.

Cinquième partie

1. Effectuer dans (E1) le changement de fonction inconnue


³ x´
y (x) = z (x) exp − .
2
On appellera (E2) l’équation différentielle obtenue, dont z est la fonction inconnue.
2. Soit l’équation (E3) , dont l’inconnue est une fonction de R+∗ vers R2
µ ¶
X (t)
t 7→ ,
Y (t)
µ 0 ¶ µ ¶
X (t) X (t)
= A (t) , (E3)
Y 0 (t) Y (t)
où A (t) désigne la matrice définie en IV 2◦ ).
Soit t0 > 0 et (a, b) ∈ R2 . Justifier l’existence et l’unicité d’une solution de (E3) , sur
l’intervalle ]0, +∞[ satisfaisant aux conditions X (t0 ) = a, Y (t0 ) = b.
3. On reprend les notations de la partie IV. Montrer que, sur l’intervalle [t0 , +∞[, la fonction
Z est solution de (E3) .
4. En utilisant ce qui précède, déterminer pour toute solution sur l’intervalle ]0, +∞[ de
(E1) une fonction de type exponentiel la majorant au voisinage de +∞. On commencera
par comparer les solutions de (E2) et de (E3) .
£ √ £
5. Prouver que, pour x ∈ 1, 2 + 2 2 l’intégrale figurant dans l’égalité de la question 4. de
la troisième partie, a un sens.

6. Prouver que, pour tous x1 , x2 tels que 0 < x1 < x2 < 2 + 2, il existe δ > 0, t1 > 0,
t2 > 0, M1 , M2 tels que :

∀x ∈ [x1 , x2 ] , ∀t ≥ t1 , e−t |G0 (xt)| ≤ M1 e−δt ,


∀x ∈ [x1 , x2 ] , ∀t ≥ t2 , e−t |G00 (xt)| ≤ M2 e−δt .

Prouver alors que : Z +∞


x 7→ e−t G (xt) dt
0
¤ √ £
est solution de (E) sur −1, 2 + 2 2 .
2

Agrégation interne 1993, épreuve 1

Tous les anneaux considérés sont commutatifs et unitaires. On notera 0 l’élément neutre
pour la loi additive et 1 l’élément neutre pour la loi multiplicative d’un tel anneau.
Une partie non vide S d’un anneau A est dit multiplicative si le produit de deux éléments
de S est encore dans S.
Si A est un anneau et n un entier naturel non nul, on note Σn (A) l’ensemble des éléments
Pn
a de A qui peuvent s’écrire a = a2k , où les ak pour k compris entre 1 et n sont des éléments
k=1
de A.
Si K est un corps commutatif, on note K [X] [resp. K (X)] l’anneau [resp. le corps] des
polynômes [resp. des fractions rationnelles] à coefficients dans K en une indéterminée X.
Enfin N, Z, R, C désignent les ensembles de nombres habituels.
Z
Pour tout entier naturel non nul p, on note Zp = .
pZ

– I – Exemples

1. Soit A un sous-anneau de R. Montrer que Σ2 (A) est multiplicatif.


2. Montrer que pour tout anneau A (commutatif et unitaire) Σ2 (A) est multiplicatif.
3. Déterminer Σn (Z8 ) pour n = 1, 2 et 3.
4. Montrer que Σ3 (Z) n’est pas multiplicatif.
P
4
5. Soit (a1 , a2 , a3 , a4 ) dans Z4 . Montrer que si a2k est divisible par 8, alors tous les entiers
k=1
ak sont pairs.
6. Soit n un entier relatif congru à −1 modulo 8. Montrer que n n’appartient ni à Σ3 (Z) ni
à Σ3 (Q) .
7. L’ensemble Σ3 (Q) est-il multiplicatif ?
8. Montrer qu’un polynôme P ∈ R [X] est dans Σ2 (R [X]) si, et seulement si, P (x) ≥ 0
pour tout réel x.
9. Montrer que Σn (R [X]) = Σ2 (R [X]) pour tout entier n ≥ 3.
10. A-t-on Σn (R (X)) = Σ2 (R (X)) pour tout entier n ≥ 3 ?

– II – Produits de sommes de n carrés dans un corps

5
6 Agrégation interne 1993, épreuve 1

Pour cette partie K est un corps commutatif de caractéristique nulle.


Pour tout couple (i, j) d’entiers naturels, on note δi,j le symbole de Kronecker (δii = 1 et
δi,j = 0 pour i 6= j).
On note Mn (K) l’anneau des matrices carrées d’ordre n à coefficients dans K d’unité In .
Pour toute matrice M, carrée ou rectangulaire, on note t M la transposée de M et ∆ (M )
la somme des carrés des éléments de la première ligne de M.
Une matrice A ∈ Mn (K) est dite semi-orthogonale si l’on a :
A · t A = t A · A = ∆ (A) In .
Si n est un entier naturel supérieur ou égal à 2, on désigne par Sn le groupe des permutations
de l’ensemble {1, 2, · · · , n} et par B = (e1 , · · · , en ) la base canonique de Kn .
Si σ ∈ Sn , on appelle matrice de permutation
¡ associée
¢ à σ, la matrice de passage Pσ de la
n
base canonique de K à la base Bσ = eσ(1) , · · · , eσ(n) , soit :
¡¡ ¢¢
Pσ = δi,σ(j) 1≤i,j≤n .

1. Soient A ∈ Mn (K) et λ ∈ K tels que A · t A = λIn .


(a) Montrer que λ = ∆ (A) .
(b) Montrer que si λ 6= 0, A est semi-orthogonale.
2. Soient A, B semi-orthogonales dans Mn (K) et λ ∈ K. Montrer que les matrices λA, t A
et AB sont semi-orthogonales et calculer ∆ (λA) , ∆ (t A) et ∆ (AB) .
3. Montrer qu’une permutation quelconque des lignes ou des colonnes n’affecte pas la semi-
orthogonalité d’une matrice.
4. Soit L = (`1 , · · · , `n ) une matrice ligne à coefficients dans K telle que ∆ (L) = 0.
(a) Montrer que la matrice t L · L est semi-orthogonale et déterminer sa i-ème ligne pour
1 ≤ i ≤ n.
(b) En déduire qu’on peut trouver dans Mn (K) une matrice semi-orthogonale dont L
soit la première ligne.
5. Soient A et B semi-orthogonales dans Mn (K) . On suppose que ∆ (A) 6= µ 0 et ∆ (A)
¶ +
1 t A B
∆ (B) 6= 0. On pose C = − A t BA. Démontrer que la matrice est
∆ (A) C tA
semi-orthogonale dans M2n (K) .
6. Soient x1 , · · · , xn dans K. Montrer qu’il existe dans Mn (K) une matrice semi-orthogonale
dont la première ligne est (x1 , · · · , xn ) dans chacun des cas suivants :
(a) K = R ;
(b) K quelconque et n puissance de 2.
7. Montrer que, si n est une puissance de 2, un élément a de K appartient à l’ensemble
Σn (K) si, et seulement si, il existe une matrice semi-orthogonale A dans Mn (K) telle
que ∆ (A) = a.
8. Montrer que, si n est une puissance de 2, alors Σn (K) \ {0} est un groupe multiplicatif
(et donc Σn (K) est un ensemble multiplicatif).
P
n
9. Montrer que si le cône isotrope de la forme quadratique Q définie sur Kn par Q (x) = x2k
k=1
n’est pas réduit à {0} , alors Σn (K) = K (c’est-à-dire que tout élément de K est somme
de n carrés).
7

– III – −1 comme sommes de carrés dans un corps

Pour cette partie K est un corps commutatif de caractéristique quelconque.


Le niveau de K est défini par :
– ν (K) = +∞ si −1 ne peut pas s’écrire comme somme de carrés ;
– ν (K) est le plus petit entier naturel non nul n tel que −1 ∈ Σn (K) dans le cas contraire.
1. Calculer le niveau des corps R et C.
2. Quel le niveau d’un corps de caractéristique 2 ? d’un corps de caractéristique 5 ?
3. Soit p un nombre premier impair.
(a) Quel est le noyau du morphisme x 7→ x2 du groupe commutatif Z∗p dans lui même ?
(b) Quel le cardinal de l’image E de ce morphisme ?
(c) T désignant l’ensemble des éléments de Zp de la forme −1 − y avec y ∈ Σ1 (Zp ) =
E ∪ {0} , démontrer que l’intersection T ∩ Σ1 (Zp ) n’est pas vide.
(d) En déduire que ν (Zp ) ≤ 2.
4. Démontrer que, si le corps K (fini ou infini) est de caractéristique non nulle, alors ν (K) ≤
2.
5. On suppose, dans cette question, que le corps K est de caractéristique nulle et de niveau
P
ν
ν = ν (K) 6= +∞. Il existe donc x1 , · · · , xν dans K tels que −1 = x2k . Soit n la plus
k=1
P
n
grande puissance de 2 telle que n ≤ ν et x = x2k .
k=1
Montrer que x 6= 0, puis successivement que −x, −x2 et −1 sont dans Σn (K) .
6. Montrer que le niveau d’un corps commutatif est égal à +∞ ou à une puissance de 2.

– IV – Sommes de carrés dans K [X]

Pour cette partie K est un corps de caractéristique nulle.


1. Montrer que Σ1 (K [X]) = K [X] ∩ Σ1 (K (X)) .
2. Soient f1 , · · · , fn−1 , f dans K (X) avec n ≥ 2. Simplifier l’expression :
n−1
X
(f + 1)2 + (fk (f − 1))2
k=1

P
n−1
lorsque fk2 = −1.
k=1
3. En déduire que, s’il existe n ≥ 2 tel que −1 ∈ Σn−1 (K) , alors Σn (K) = K, Σn (K [X]) =
K [X] et Σn (K (X)) = K (X) .
4. Pour quels entiers n ≥ 1, les ensembles Σn (C (X)) sont-ils multiplicatifs ?
5. Soit n un entier supérieur ou égal à 2 tel que −1 ∈/ Σn−1 (K) et soient P1 , · · · , Pn des po-
Pn
lynômes dans K [X] . Démontrer que si Pk2 = aX, avec a ∈ K, alors tous les polynômes
k=1
Pk sont nuls.
8 Agrégation interne 1993, épreuve 1

6. Soient P, Q, P1 , · · · , Pn , Q1 , · · · , Qn des polynômes dans K [X] avec n ≥ 2. On pose



 P
n

 R = P − Q2k ,



 k=1
Pn
S = PQ − Pk Qk ,

 k=1

 T = 2S − QR


 T = 2Q S − P R (1 ≤ k ≤ n)
k k k

(a) Montrer que, si l’on a l’égalité :


n
X
2
QP = Pk2 (2.1)
k=1

alors, on a aussi les deux égalités :


n
X n
X
T 2P = Tk2 et QT = (Pk − QQk )2 .
k=1 k=1

(b) On suppose, outre l’égalité (2.1) , que −1 ∈/ Σn−1 (K) , que Q 6= 0 et que T = 0.
Montrer que :
Xn
P = Q2k
k=1

7. Soit n ≥ 2 tel que −1 ∈ / Σn−1 (K) et soient P, Q, P1 , · · · , Pn dans K [X] vérifiant l’égalité
(2.1) et les conditions :
P Q 6= 0 et deg (Q) ≥ 1.
Montrer qu’on peut trouver U, U1 , · · · , Un dans K [X] vérifiant :
n
X
U 2P = Uk2
k=1

et :
P U 6= 0, deg (U ) < deg (Q) .
8. Démonter que Σn (K [X]) = K [X] ∩ Σn (K (X)) pour tout n ≥ 1.
9.
(a) Montrer que les corps K et K (X) ont même niveau.
(b) Montrer que si n est une puissance de 2, alors l’ensemble Σn (K [X]) est multiplicatif.
3

Agrégation interne 1995, épreuve 1

Notations.
– Pour n entier ≥ 1, on note Nn l’ensemble {1, 2, · · · , n} .
– Mn,p (R) (resp. Mn,p (C)) désigne l’espace vectoriel des matrices à n lignes et p colonnes
à coefficients dans R (resp. C).
– Si n = p on écrit Mn (K) au lieu de Mn,n (K) (K = R ou C).
– Si A = (ai,j ) ∈ Mn,p (C) , t A désigne selon l’usage la matrice transposée de A, et |A| la
matrice de coefficient générique |ai,j | .
– Si A ∈ Mn (C) , on note PA = det (XIn − A) le polynôme caractéristique de A.
 
λ1 0 · · · 0
 .. .
 0 λ2 . .. 
– La matrice diagonale  . .  sera notée diag (λ1 , · · · , λn ) .
 .. .. ... 0 
0 · · · 0 λn
Convention. On identifie Cp à Mp,1 (C) , et pour A ∈ Mn,p (C) , et x ∈ Cp , (Ax)i désigne
le i-ème coefficient de la matrice unicolonne Ax.
Définitions.
(1) Soit A = (ai,j ) et B = (bi,j ) deux éléments de Mn,p (R) . On écrit A ≤ B (resp. A < B)
si et seulement si :

∀ (i, j) ∈ Nn × Np , ai,j ≤ bi,j (resp. ∀ (i, j) ∈ Nn × Np , ai,j < bi,j ).

(2) A est dite positive lorsque 0 ≤ A, i.e. :

∀ (i, j) ∈ Nn × Np , ai,j ≥ 0.

A est dite strictement positive lorsque 0 < A, i.e. :

∀ (i, j) ∈ Nn × Np , ai,j > 0.


Q
n
(3) Soit A ∈ Mn (C) . Si PA (X) = (X − λi ) (i.e. les valeurs propres, non nécessairement
i=1
distinctes, de A sont λ1 , · · · , λn ), le réel positif ρ (A) = max |λi | est appelé rayon spectral
i∈Nn
de A.

– I – Préliminaires

1. Soient (A, A0 ) ∈ Mn,p (C) × Mn,p (C) , B ∈ Mp,q (C) et x ∈ Cp . Vérifier les assertions
suivantes :

9
10 Agrégation interne 1995, épreuve 1

i. |A + A0 | ≤ |A| + |A0 | , |AB| ≤ |A| |B| .


ii. |Ax| ≤ |A| |x| et, de plus, si 0 < A, 0 ≤ x et x 6= 0, alors : Ax > 0.
iii. Si 0 ≤ A et 0 < x, l’égalité Ax = 0 implique A = 0.

2. i. Soient z et z 0 des complexes tels que |z + z 0 | = |z| + |z 0 | , avec z 6= 0. Montrer que :

∃α ∈ R+ , z 0 = αz.

ii. En déduire que si z1 , · · · , zn sont n nombres complexes (n ≥ 2) tels que


|z1 + · · · + zn | = |z1 | + · · · + |zn | , alors :

∃θ ∈ R, ∀k ∈ Nn , zk = eiθ |zk | .

iii. On suppose que A ∈ Mn (R) , avec 0 < A. Soit x ∈ Cn . Montrer que :

|Ax| = A |x| ⇒ ∃θ ∈ R, x = eiθ |x| .

3. Soit F ∈ Mn (C) . On pose A = |F | . Montrer que s’il existe x ∈ Rn , avec 0 < x, tel que
Ax = F x, alors on a A = F.
4. Une norme k·k sur Mn (C) est dite sous-multiplicative si :

∀ (A, B) ∈ Mn (C) × Mn (C) , kABk ≤ kAk kBk .


 
x1
 
On munit Cn de la norme x =  ...  7→ kxk = sup |xj | .
j∈Nn
xn
i. Justifier brièvement que l’application k·k∞ : Mn (C) → R définie par
kAxk
kAk∞ = sup , est une norme sur Mn (C) .
x6=0 kxk

ii. On pose A = (ai,j ) . Vérifier que :


à n !
X
kAk∞ = sup |aij | .
i∈Nn
j=1

iii. Montrer que la norme k·k∞ sur Mn (C) est sous-multiplicative.

– II – Étude du rayon spectral d’une matrice A ∈ Mn (C)

Dans toute la suite du problème, on munit Mn (C) d’une norme sous-multiplicative k·k .
1. Soit λ ∈ C une valeur propre d’une matrice A ∈ Mn (C) .
i. Montrer qu’il existe une matrice X ∈ Mn (C) , non nulle, telle que AX = λX.
ii. En déduire que ρ (A) ≤ kAk .
2. Soit S une matrice inversible de Mn (C) et A ∈ Mn (C) .
i. Comparer ρ (A) et ρ (S −1 AS) .
11
¡ ¢
ii. Montrer que, pour tout k ∈ N∗ , on a ρ Ak = [ρ (A)]k , et en déduire que
° °1
ρ (A) ≤ °Ak ° k .
iii. Montrer que l’application N : X 7→ kS −1 XSk est une norme sous-multiplicative sur
Mn (C) .
3. Soit ε > 0. On considère une matrice A de Mn (C) et T = (tij ) une matrice triangulaire
supérieure semblable à A.
i. Calculer la matrice ∆−1 T ∆, avec ∆ = diag (1, d, · · · , dn−1 ) où d > 0.
ii. En déduire l’existence d’une norme sous-multiplicative N sur Mn (C) telle que :

N (A) ≤ ρ (A) + ε.

4. Soit A ∈ Mn (C) .
(a) On suppose que ρ (A) < 1. Montrer que lim Ak = 0.
k→+∞
¡ ¢
ii. Trouver une matrice A ∈ M2 (C) telle que ρ (A) = 1 et que la suite Ak k∈N∗ ne soit
pas bornée.
° °1
iii. Montrer que ρ (A) = lim °Ak ° k . Pour cela, ε > 0 étant fixé, on considérera la
k→+∞
1
matrice Aε = A, et on utilisera II.4.i.
ρ (A) + ε
5. Soit (A, B) ∈ Mn (C) × Mn (C) tel que |A| ≤ B.
¯ ¯
i. Montrer que, pour tout k ∈ N∗ on a : ¯Ak ¯ ≤ |A|k ≤ B k .
ii. En déduire que ρ (A) ≤ ρ (|A|) ≤ ρ (B) .

– III – Propriétés des matrices carrées réelles positives

Soit A ∈ Mn (R) positive (A ≥ 0 ou ∀ (i, j) , ai,j ≥ 0).


1. On suppose, dans cette question III.1 seulement, que la matrice A vérifie :
n
X
∃s ∈ R+ , ∀i ∈ Nn , aij = s.
j=1

Montrer que s est une valeur propre de A et que :

ρ (A) = s = kAk∞ .
à ! à !
P
n P
n
2. On pose α = inf aij et β = sup aij = kAk∞ .
i∈Nn j=1 i∈Nn j=1

i. Trouver une matrice B = (bi,j ) de Mn (R) telle que 0 ≤ B ≤ A et que :


n
X
∀i ∈ Nn , bij = α.
j=1

ii. En déduire l’encadrement : α ≤ ρ (A) ≤ β.


12 Agrégation interne 1995, épreuve 1
 
x1
 
3. Soit x =  ...  un élément de Rn tel que 0 < x. On pose Dx = diag (x1 , · · · , xn ) .
xn
−1
Calculer Dx ADx et en déduire l’encadrement :

(Ax)i (Ax)i
inf ≤ ρ (A) ≤ sup .
i∈Nn xi i∈Nn xi
 
x1
 
4. Soit x =  ...  un élément de Rn tel que 0 < x, et r un réel positif ou nul.
xn
i. Montrer que si Ax = rx alors ρ (A) = r.
ii. Comparer ρ (t A) et ρ (A) et en déduire que si t xA = r t x, alors ρ (A) = r.
 
x1
 
5. Soit x =  ...  un élément de Rn tel que 0 < x. On désigne par α et β deux réels
xn
positifs ou nuls.
i. Montrer les implications :

αx ≤ Ax (resp. < Ax) ⇒ α ≤ ρ (A) (resp. < ρ (A) ).


Ax ≤ βx (resp. < βx) ⇒ ρ (A) ≤ β (resp. < β).

ii. En déduire les implications :

α t x ≤ t xA (resp. < t xA) ⇒ α ≤ ρ (A) (resp. < ρ (A) ).


t
xA ≤ β t x (resp. < β t x) ⇒ ρ (A) ≤ β (resp. < β).

– IV – Étude des matrices carrées réelles strictement positives

On suppose que A = (ai,j ) est une matrice strictement positive de Mn (R) (A > 0 ou ∀ (i, j) ,
ai,j > 0). On pose r = ρ (A) .
1. Vérifier que l’on a r > 0.
 
y1
 
2. Soit y =  ...  un élément de Rn tel que 0 ≤ y et y 6= 0. On suppose que ry ≤ Ay.
yn
i. On pose v = Ay et z = Ay − ry. Vérifier que v > 0 et montrer que la relation
rv < Av est impossible.
ii. En déduire que ry = Ay.
3. Soit x un vecteur propre (non nul) associé à une valeur propre λ de A vérifiant |λ| = r.
i. Montrer que A |x| = r |x| et en déduire que |x| > 0.
ii. Montrer qu’il existe θ ∈ R tel que x = eiθ |x| .
13

4.
i. Déduire de ce qui précède que r est effectivement valeur propre de A, et qu’il s’agit
de l’unique valeur propre de A de module égal à r.
ii. Montrer que le sous-espace propre ker (rIn − A) associé à r est une droite vectorielle
engendrée par un vecteur v > 0. (Pour cela, on pourra raisonner par l’absurde en
supposant dim ker (rIn − A) ≥ 2.)
5. On fixe v > 0, vecteur directeur de ker (rIn − A) . Montrer qu’il existe un unique vecteur
w ∈ Rn tel que :
w > 0 ; t wA = r t w ; t wv = 1.

– V – Étude des matrices carrées positives et irréductibles

A. Soit A ∈ Mn (R) une matrice positive (A ≥ 0). Dans les questions 1 et 2, on suppose,
en outre, que A satisfait à la condition suivante : r = ρ (A) est l’unique valeur propre de A de
module égal à r, ker (rIn − A) est une droite vectorielle engendré par un vecteur v > 0. Pour
chaque choix de v, il existe un unique vecteur w ∈ Rn tel que :
t
w>0; wA = r t w ; t
wv = 1.

1. On pose L = v t w.
Montrer que L est indépendante du choix de v, et que c’est un élément de Mn (R)
strictement positif et de rang 1.
(ii)
(i) Décrire géométriquement l’endomorphisme L : x → 7 Lx de Cn à l’aide de la droite
vectorielle C · v et de l’hyperplan H = {x ∈ Cn ; t wx = 0} .
2. (i) Montrer que H est stable par A et que si x est un vecteur non nul de H tel que
Ax = µx (µ ∈ C) alors |µ| < r.
(ii) En déduire que dans une base convenable U de Cn l’endomorphisme x 7→ Ax a une
matrice A0 de la forme :  
r 0 ··· 0
 0 
0  
A =  .. 
 . B 
0
avec B ∈ Mn−1 (C) , et ρ (B) < r.
Vérifier que r est racine simple du polynôme caractéristique PA (X) de A.
µ 0 ¶k
0 A
(iii) Calculer L = lim et décrire géométriquement l’endomorphisme dont la
k→+∞ r
matrice dans la base U de Cn est L0 .
µ ¶k
A
(iv) En déduire que L = lim et qu’il existe k0 ∈ N∗ tel que, pour tout k ≥ k0 ,
k→+∞ r
on ait Ak > 0.
3. Dans cette question A ≥ 0 est une matrice carrée positive quelconque.
14 Agrégation interne 1995, épreuve 1
 
1 ··· 1
 
(i) Soit ε > 0. On pose J =  ... . . . ...  ∈ Mn (R) et A (ε) = A + εJ.
1 ··· 1
Montrer que la fonction f : ε 7→ ρ (A (ε)) est croissante sur ]0, +∞[ et a une limite
l ≥ ρ (A) lorsque ε tend vers 0 par valeurs supérieures.
(ii) Montrer que f (ε) = ρ (A (ε)) est une valeur propre de A (ε) et qu’il existe un unique
vecteur propre, noté x (ε) , associé à cette valeur propre et appartenant à l’ensemble :
   

 x1 n 

 ..  X
n
K= x= . ∈R : x ≥ 0, xj = 1 .

 

xn j=1

1. (a) i. En déduire qu’il existe x ∈ K tel que Ax = lx. Comparer l et ρ (A) .


B. On suppose que n ≥ 2 et que A ∈ Mn (R) est positive.
On appelle sous-espace de coordonnées associé à une partie I de Nn le sous-espace vectoriel
suivant de Rn :
   

 x 1 

I  ..  n
R = x= . ∈R : ∀j ∈ Nn \ I, xj = 0 .

 

xn

La matrice A est dite irréductible si les seuls sous-espaces de coordonnées stables par A
sont {0} = R∅ et Rn = RNn . Dans le cas contraire A est dite réductible.
Soit d’autre part (i, j) ∈ Nn × Nn .
Pour m ∈ N∗ , on note L (i, j, m) la proposition :
½
m+1 i0 = i, im = j
∃ (i0 , · · · , im ) ∈ (Nn ) :
∀k ∈ {0, · · · , m − 1} , aik ,ik+1 6= 0

et L (i, j) la proposition :

∃m ∈ N∗ , L (i, j, m) est vraie.

1. (i) Vérifier que A est réductible si et seulement si il existe une partition non triviale
(I, J) de Nn (I =
6 ∅, J 6= ∅, I ∩ J = ∅, I ∪ J = Nn ) telle que :

∀ (i, j) ∈ I × J, ai,j = 0.

Montrer que dans cette situation, pour tout couple (i, j) ∈ I × J, L (i, j) n’est pas
vraie.
(ii) Soit j ∈ Nn . On pose Ij = {j} ∪ {j 0 ∈ Nn L (j 0 , j) est vraie} . Montrer que RIj est
stable par A.
(iii) Déduire de ce qui précède l’équivalence :

A irréductible ⇔ Pour tout (i, j) ∈ Nn × Nn , L (i, j) est vraie.

2. On suppose que L (i, j) est vraie, avec i 6= j. Montrer qu’il existe m ∈ Nn−1 tel que
L (i, j, m) soit vraie.
15
³ ´
(m)
3. Pour tout m ∈ N∗ , on pose Am = ai,j .
(m) (m−1)
(i) Établir une relation de récurrence entre ai,j et les ak,l , et montrer que pour i 6= j
on a l’équivalence :
(m)
L (i, j, m) est vraie ⇔ ai,j > 0.
(ii) En conclure que les trois assertions suivantes sont équivalentes :
a. la matrice A est irréductible ;
(m)
b. pour tout (i, j) ∈ Nn × Nn tel que i 6= j, il existe m ∈ Nn−1 tel que ai,j > 0 ;
c. (I + A)n−1 > 0 ; critère d’irréductibilité.
On pose à nouveau r = ρ (A) .

4. (i) Déduire
¡ de V.A.3.iii.
¢ que ρ (In + A) = 1 + r et que
ρ (In + A)n−1 = (1 + r)n−1 .
(ii) On suppose que A est irréductible. Montrer que (1 + r)n−1 est une racine simple de
P(In +A)n−1 .
(iii) On suppose encore que A est irréductible. Montrer que le sous-espace propre ker (rIn − A)
associé à r est une droite vectorielle engendrée par un vecteur v > 0.
5. On dit que la matrice A ≥ 0 est primitive s’il existe k ∈ N∗ tel que Ak > 0.
(i) Montrer que si A est primitive, alors r est l’unique valeur propre de A de module
égal à r et que, de plus, A est irréductible.
(ii) Réciproquement, montrer que si A est irréductible et si r est l’unique valeur propre
de A de module égal à r, alors A est primitive.
(iii) Montrer que la matrice carrée :
 
0 1 0 ··· 0
 .. . . . . . . . . . .. 
 . . 
 
A0 =  0 0 0 . . . 0 
 
 0 0 0 ··· 1 
1 1 0 ··· 0

est primitive (A0 ∈ Mn (R) , n ≥ 2).


16 Agrégation interne 1995, épreuve 1
4

Agrégation interne 1996, épreuve 1

Dans tout le problème N, Z, R, C désignent les ensembles de nombres habituels.


Pour E ∈ {Z, R, C} on note Mn (E) l’algèbre des matrices (n, n) (n ∈ N∗ ) à coefficients dans
E. La matrice unité est notée In ; tr (A) désigne la trace de l’élément A de Mn (E) et det (A)
son déterminant.
Pour E ∈ {Z, R, C} , E [X] désigne l’anneau des polynômes à coefficients dans E. Un po-
lynôme non nul est dit unitaire si, et seulement si, le coefficient de son terme dominant est
1.
Dans le cadre de ce problème une matrice A de Mn (E) est appelée matrice cyclique si, et
seulement si, il existe un entier naturel non nul p tel que Ap = In ; le plus petit entier naturel
non nul p réalisant cette égalité est appelé ordre de la matrice cyclique A ; c’est l’ordre du
groupe cyclique engendré par A ; il sera noté h (A) .
L’ensemble des matrices cycliques de Mn (E) est noté Cn (E) . Nous appellerons groupe de
Cn (E) toute partie de Cn (E) muni d’une structure de groupe pour le produit matriciel.
L’objet du problème est l’étude de propriétés des éléments et des groupes de Cn (Z) , ainsi
que la mise en évidence de représentations géométriques de certains groupes de Cn (Z) pour
n = 2, 3 ou 4.

Partie I

Cette partie a pour but de déterminer h (A) pour A ∈ C2 (Z) et de montrer que, pour n ≥ 2,
Cn (Z) n’est pas un groupe pour le produit matriciel.
Soit A une matrice cycliqueµde Cn (Z)
¶ , d’ordre h (A) = p.
a c
Pour n = 2, on notera A = .
b d
1.
(a) En considérant A comme un élément de Cn (C) , montrer que A est diagonalisable
sur C, et que ses valeurs propres λ1 , λ2 , · · · , λn sont des racines p-èmes de l’unité.
(b) Soit qi = min {q ∈ N∗ | λqi = 1} pour i = 1, · · · , n. Prouver que h (A) = ppcm (qi ) .
1≤i≤n
(c) Prouver que tr (A) ∈ {−n, − (n − 1) , · · · , −1, 0, 1, · · · , n − 1, n} et que det (A) =
±1.
2. Démontrer que, pour tout entier naturel n ≥ 2 et toute suite (z1 , · · · , zn ) de nombres
complexes non nuls, l’égalité : ¯ ¯
¯Xn ¯ X n
¯ ¯
¯ zk ¯ = |zk |
¯ ¯
k=1 k=1

17
18 Agrégation interne 1996, épreuve 1

est réalisée si, et seulement si, il existe suite (α2 , · · · , αn ) de nombres réels strictement
positifs telle que :
∀k ∈ {2, · · · , n} , zk = αk z1 .
3. On pose ε = ±1. On suppose que tr (A) = nε. Prouver que toutes les valeurs propres de
1
A sont égales à ε, que A = εIn et que h (A) = (3 − ε) .
2
4. On pose ε = ±1 et on suppose que n = 2.
(a) On suppose que A a deux valeurs propres réelles distinctes λ1 et λ2 .
Prouver que λ1 = ε, λ2 = −ε et que h (A) = 2.
Prouver qu’il existe une infinité de matrices A satisfaisant à cette condition.
(b) On suppose que A a deux valeurs propres non réelles λ1 et λ2 .
Déterminer ces valeurs propres λ1 et λ2 , puis h (A) dans les trois cas suivants :

tr (A) = −1, tr (A) = 0, tr (A) = 1.

Dans chacun des cas, prouver qu’il existe une infinité de matrices A satisfaisant aux
conditions imposées.
5. On suppose que n = 2.
(a) Montrer qu’il existe un entier naturel non nul N2 tel que pour toute matrice A de
C2 (Z) on ait :
AN2 = I2 .
(b) Cette propriété est-elle encore vraie pour les matrices de C2 (R) ?
6.
(a) Prouver que A−1 appartient également à Cn (Z) . Déterminer h (A−1 ) .
(b) Prouver que C2 (Z) n’est pas un groupe pour la multiplication matricielle.
(c) En déduire que, pour tout n ≥ 2, Cn (Z) n’est pas un groupe pour la multiplication
matricielle.

Partie II

Cette partie a pour but de mettre en évidence une famille de groupes de C2 (Z) et d’en donner
une interprétation géométrique.
2iπ iπ
Soit j = e 3 et α = e 3 . On désigne par Z [j] [resp. Z [α]] l’ensemble des complexes de la
forme m + qj [resp. m + qα] où (m, q) parcourt Z2 .
1.
(a) Prouver que Z [j] est un sous-anneau de C et que Z [α] = Z [j] .
(b) Déterminer l’ensemble (m, q) d’entiers relatifs tels que 0 < |m + qj| ≤ 1 ; en déduire
le groupe U6 des unités de Z [j] (c’est-à-dire des éléments de Z [j] inversibles dans
Z [j]).
2. U6 est l’ensemble des affixes des sommets d’un hexagone P.
Montrer que le groupe I (P ) des isométries conservant P est engendré par deux éléments
r et s vérifiant les relations r6 = Id = s2 et r ◦ s ◦ r ◦ s = Id où Id désigne l’application
identique.
19

3. Les nombres 1 et j constituent une base B de C considéré comme un espace vectoriel réel.
(a) Écrire les matrices de r et s dans la base B.
(b) Établir un isomorphisme entre I (P ) et un groupe G de C2 (Z) . On précisera un
groupe de générateurs de G vérifiant les relations analogues à II.2. pour le produit
matriciel.
4.
(a) Soit z1 = m1 +q1 j et z2 = m2 +q2 j deux éléments de Z [j] tels que m1 q2 −m2 q1 = −1.
Prouver que tout élément de Z [j] s’écrit d’une et d’une seule façon comme combi-
naison linéaire à coefficients entiers de z1 et z2 .
(b) Soit B une matrice de C2 (Z) telle que h (B) = 2.
Prouver que l’ensemble des matrices de la forme BAB où A décrit le groupe G défini
au II.3.b. est un groupe de C2 (Z) isomorphe à G.
(c) Déterminer explicitement une infinité de groupes de C2 (Z) isomorphes à G et préciser
pour chacun d’eux un isomorphisme sur I (P ) .

Partie III

Dans cette partie, n est un entier supérieur ou égal à 2.


On établit que les groupes de Cn (Z) sont finis, ainsi que l’existence d’un entier naturel non
nul Nn tel que ANn = In pour toute matrice A de Cn (Z) .
1. Soit G un groupe de Cn (Z) . Nous désignons par hGi le sous-espace vectoriel de Mn (C)
engendré par les éléments de G.
(a) Montrer que hGi est de dimension finie ; on posera alors dim (hGi) = k.
(b) Soit (Xi )1≤i≤k une base de hGi formée d’éléments de G ; nous posons :

T : G → Ck
A 7→ T (A) = (tr (AXi ))1≤i≤k

Soit A et B deux éléments de G vérifiant T (A) = T (B) ; prouver que pour tout X
de G on a : ¡¡ ¢ ¢
tr AB −1 − In X = 0.
(c) Montrer que l’application T est injective et en déduire que G est un groupe fini.
2.
(a) Démontrer que l’ensemble des polynômes unitaires de degré n à coefficients entiers
dont les racines complexes sont de module 1 est fini.
(b) En déduire qu’il existe un entier naturel non nul Nn tel que :

∀A ∈ Cn (Z) , ANn = In .

Partie IV
20 Agrégation interne 1996, épreuve 1

L’objet de cette partie est de donner la liste des valeurs possibles de h (A) pour A élément
de Ci (Z) où i = 2, 3, 4.
Pour d ∈ N∗ on note Ud le groupe des racines d-èmes de l’unité de C.
Ed désigne l’ensemble des éléments d’ordre d de ce groupe, dits racines primitives d-èmes de
l’unité. Rappelons que ce sont les complexes αr où α est une racine primitive d-ème de l’unité
et r décrit l’ensemble des entiers naturels inférieurs à d et premiers avec d.
Soit A une matrice cyclique de Cn (Z) , d’ordre h (A) et Sp (A) l’ensemble de toutes les valeurs
propres complexes de A.
L’indicateur d’Euler ϕ (d) (d ∈ N∗ ) dénombre les entiers naturels inférieurs ou égaux à d et
premiers avec d.
1.
(a) Montrer que :

si (d1 > 1 et d2 > 1 et d1 premier avc d2 ) alors ϕ (d1 d2 ) = ϕ (d1 ) ϕ (d2 ) .


¡ ¢
(b) Soit p un nombre premier et k ∈ N∗ ; prouver que ϕ pk = pk − pk−1 .
2. Soit d ∈ N∗ . Montrer que si Ed ∩ Sp (A) =
6 ∅, alors Ed ⊂ Sp (A) .
3. Soit d1 , d2 , · · · , dm les différents ordres des valeurs propres de A comme racines de l’unité
dans C.
(a) Prouver que :
m
X
n≥ ϕ (di ) .
i=1

Q
q
k
(b) Soit pj j la décomposition en facteurs premiers de h (A) ; prouver que :
j=1
³ ´
k k −1
n ≥ max pj j − pj j .
1≤j≤q

4. Déduire des deux majorations qui viennent d’être obtenues la liste des valeurs possibles
de h (A) et indiquer une valeur de Nn dans les cas n = 2, n = 3, n = 4.

Partie V

Cette partie propose deux applications géométriques de l’étude précédente dans les cas n = 3
et n = 4.

Partie V.A

Dans
³ l’espace − affine euclidien orienté de dimension 3, muni d’un repère orthonormé direct

→ −
→ →´
R = O, ı ,  , k on considère l’octaèdre régulier V3 de centre O ayant pour sommets les
points A, B, C de coordonnées A = (1, 0, 0) , B = (0, 1, 0) , C = (0, 0, 1) , ainsi que leurs
symétriques A0 , B 0 , C 0 par rapport à l’origine O.
On se propose d’étudier le groupe I (V3 ) des isométries qui conservent V3 et son sous-groupe
+
I (V3 ) des isométries positives.
1. Préciser l’ordre du groupe I (V3 ) et celui de I + (V3 ) .
21

π 2π
2. Prouver que I + (V3 ) est engendré par trois rotations r1 , r2 , r3 d’angles respectifs , , π
3 3
dont on précisera les axes orientés.
³ →´
3. Soit G (V ) le groupe des matrices représentant dans la base − → − , −
ı ,→ k les parties li-
3
néaires des éléments de I (V3 ) .
(a) Prouver que G (V3 ) est un groupe de C3 (Z) .
(b) Donner une famille de générateurs de G (V3 ) .
(c) Donner explicitement un élément A de G (V3 ) tel que h (A) = 6.
(d) Quelles sont toutes les valeurs h (A) effectives quand A décrit G (V3 ) .

Partie V.B

On considère un espace affine euclidien orienté de dimension 4, muni d’un repère orthonormé
direct R = (O, e1 , e2 , e3 , e4 ) ; O (4) désigne le groupe orthogonal en dimension 4.
On considère le polytope V4 de centre O, ayant pour sommets les points A, B, C, D de
coordonnées A = (1, 0, 0, 0) , B = (0, 1, 0, 0) , C = (0, 0, 1, 0) , D = (0, 0, 0, 1) ainsi que leurs
symétriques A0 , B 0 , C 0 , D0 par rapport à l’origine O.
On se propose d’étudier le groupe I (V4 ) des isométries qui conservent V4 et son sous-groupe
+
I (V4 ) des isométries positives.
1.
(a) Déterminer un morphisme injectif de I (V4 ) dans le groupe des permutations de
l’ensemble des sommets du polytope V4 .
(b) Préciser l’ordre du groupe I (V4 ) .
2. Donner explicitement un élément I + (V4 ) d’ordre 8.
3. En déduire un exemple de matrice A appartenant à C4 (Z) ∩ O (4) , telle que h (A) = 8.
22 Agrégation interne 1996, épreuve 1
5

Agrégation interne 1997, épreuve 1

Soit n un entier supérieur on égal à 1. Mn (R) (resp. Mn (C)) désigne l’algèbre des matrices
carrées à n lignes et n colonnes à coefficients dans R (resp. C). In désigne la matrice identité.
On rappelle que Mn (C) est un C-espace vectoriel normé muni de la norme :

k(aij )k = sup |aij | .


1≤i,j≤n

Pour p ≥ 1, Mn,p (C) désigne le C-espace vectoriel des matrices à coefficients complexes
ayant n lignes et p colonnes. On identifiera Mn,1 (C) à Cn . Pour A ∈ Mn,p (C) , t A désigne la
matrice transposée de A, élément de Mp,n (C) .
GLn (R) (resp. GLn (C)) désigne le groupe des matrices inversibles de Mn (R) (resp. Mn (C)).
Sn désigne le sous-espace de Mn (R) constitué des matrices symétriques réelles.
Sn+ désigne le sous-ensemble de Sn formé des matrices réelles symétriques a valeurs propres
positives ou nulles.
Sn++ est le sous-ensemble de Sn+ formé des matrices symétriques réelles a valeurs propres
strictement positives.
Cn [X] (resp. Rn [X]) est le C-espace vectoriel des polynômes à coefficients complexes (resp.
le R-espace vectoriel des polynômes à coefficients réels) de degré inférieur ou égal à n. On
rappelle que Cn [X] est un espace vectoriel normé avec :
° °
°Xn °
° °
° ai X i ° = sup |ai | .
° ° 0≤i≤n
i=0

Pour A appartenant à Mn (C) , on désigne par χA le polynôme caractéristique de A :

χA (X) = det (A − XIn ) .

Pour A appartenant à Mn (C) , on désigne par Pm,A le polynôme minimal de A. On rap-


pelle que Pm,A est le polynôme unitaire générateur de l’idéal I de C [X] défini par I =
{P ∈ C [X] | P (A) = 0} et que A ∈ Mn (C) est diagonalisable si et seulement si Pm,A est
à racines simples.
Pour A ∈ Mn (C) , on rappelle qu’il existe un couple unique (D, N ) dans (Mn (C))2 où D
est diagonalisable et N est nilpotente, vérifiant : DN = N D et A = D + N.
On rappelle que, si M appartient à Mn (C) , on note :
+∞
X Mi
exp (M ) =
i=0
i!

23
24 Agrégation interne 1997, épreuve 1

et que si A et B appartiennent à Mn (C) et vérifient AB = BA alors on a l’égalité exp (A + B) =


exp (A) exp (B) .
Pour A ∈ Mn (C) , Spec (A) désigne l’ensemble des valeurs propres de A.
Pour (a, b) ∈ R2 et z = a + ib ∈ C on pose = (z) = b.
On désigne par Sn le groupe des bijections de l’ensemble {1, 2, · · · , n} .

Partie I

Soient A et B deux éléments de Mn (C) et soit ΦA,B l’application de Mn (C) dans Mn (C)
définie par ΦA,B (X) = AX + XB.
1. Montrer que, si X ∈ Mn (C) , Spec (X) = Spec (t X) .
2. Soit b ∈ Spec (B) , a ∈ Spec (A) . Montrer qu’il existe (V, W ) ∈ (Cn − {0})2 tel que
t
W B = b t W, AV = aV. Calculer ΦA,B (V t W ) . Que peut-on en déduire pour l’application
ΦA,B ?
3. (a) Soient 0 6= Y ∈ Mn (C) et λ ∈ C tels ΦA,B (Y ) = λY. Montrer que, pour tout
P ∈ Cn [X] , on a P (A) Y = Y P (λIn − B) . En utilisant une factorisation de Pm,A ,
montrer qu’il existe a ∈ Spec (A) tel que (λ − a) In − B ne soit pas inversible.
(b) Déduire de ce qui précède que :

Spec (ΦA,B ) = Spec (A) + Spec (B) .

4. Que peut-on dire de Spec (ΦA,A ) si A appartient Sn++ ?


5.
 
0
 .. 
 . 
 
 0 
 
(a) Soit Xi =  1  pour 1 ≤ i ≤ n où i est situé à la ième ligne. Calculer Xi t Xj pour
 
 0 
 . 
 .. 
0
1 ≤ i ≤ n et 1 ≤ j ≤ n.
(b) Montrer que si A et B sont diagonalisables alors ΦA,B est diagonalisable.
6.
(a) Déterminer le polynôme minimal de ΦA,0 en fonction de celui de A ainsi que celui
de Φ0,B en fonction de celui de B.
(b) En déduire une nouvelle démonstration de la question I. 5. (b).
 
d1 0 · · · 0
 0 d2 · · · 0 
 
(c) Soit D =  .. .. . . ..  avec di 6= dj pour i 6= j. Trouver la dimension de
 . . . . 
0 · · · 0 dn
ker (ΦD,−D ) .

Partie II
25

Soit h l’application de Mn (R) dans Mn (R) définie par h (X) = X 2 .


1. Montrer que h est de classe C 1 et montrer que sa différentielle au point X est l’application
H 7−→ XH + HX.
2. On suppose dans cette question uniquement que n ≥ 2 et on désigne par h̃ l’application
de Mn (C) dans Mn (C) définie par h̃ (X) = X 2 . Montrer que h̃ n’est pas surjective. (On
pourra construire et utiliser une matrice X ∈ Mn (C) telle que X n = 0, X n−1 6= 0, en
montrant qu’elle n’a pas d’antécédent par h̃).
2
3. Soit X ∈ Mn (C) telle que  X = In . Montrer  que X est diagonalisable sur C et que
ε1 0 · · · 0
 0 ε2 · · · 0 
 
X est semblable à X 0 =  .. .. . . ..  où εi = ±1, i = 1, · · · , n. Le résultat
 . . . . 
0 · · · 0 εn
demeure-t-il pour X ∈ Mn (R) ?
4. Soit G un sous-groupe de GLn (C) tel que pour tout g de G on ait g 2 = In .
(a) Montrer que G est commutatif.
(b) On désigne par Vect (G) le C-sous-espace vectoriel de Mn (C) engendré par G.
i. Montrer qu’il existe (g1 , · · · , gp ) appartenant à Gp tel que
Vect (G) = Vect {g1 , · · · , gp } .

ii. Montrer qu’il existe P ∈ GLn (C) tel que pour tout g de G la matrice P −1 gP
soit diagonale.
(c) Déduire du b) que G est fini et qu’il existe un entier m ≤ n tel que l’ordre de G soit
2m .
5. Montrer que les groupes GLn (C) et GLm (C) sont isomorphes si et seulement si m = n.
(On pourra supposer que n > m et qu’il existe un isomorphisme de GLn (C) sur GLm (C)
et introduire un sous-groupe approprié de GLn (C) .
6. Montrer le même résultat pour les groupes GLn (R) et GLm (R) . Les groupes GLn (C) et
GLm (R) sont-ils isomorphes ?

Partie III

On désigne par Un (C) l’ensemble des polynômes unitaires de degré n à coefficients dans C
et soit s l’application de Cn dans Un (C) définie par :
n
Y
s (λ1 , · · · , λn ) = (X − λi ) .
i=1

1. Montrer que s est une application continue et surjective.


Pn
2. Soit P ∈ Un (C) et P = ai X i avec an = 1. Montrer que si z est une racine de P dans
i=0
C on a |z| ≤ 1 + kP k (on pourra envisager les deux cas |z| ≤ 1 et |z| > 1).
3. Montrer que l’application de Mn (C) dans Un (C) définie par :
A 7−→ (−1)n χA ,
est continue.
26 Agrégation interne 1997, épreuve 1

4. Soit Ω un ouvert de Cn et soit (Pk )k∈N une suite de polynômes appartenant à Un (C)−s (Ω)
convergente vers P ∈ Un (C) . Soit, pour tout entier naturel k, (λ1,k , · · · , λn,k ) tel que
s (λ1,k , · · · , λn,k ) = Pk .
¡ ¢
(a) Montrer que, pour tout entier k et tout σ ∈ Sn , λσ(1),k , · · · , λσ(n),k n’appartient
pas à Ω et qu’il existe M ∈ R tel que, pour tout i et tout k, |λi,k | ≤ M.
(b) Déduire du (a) que P ∈
/ s (Ω) .
5. Montrer que si ω est un ouvert non vide de C, l’ensemble des matrices de Mn (C) dont
toutes les valeurs propres appartiennent à ω est un ouvert non vide de Mn (C) .
6. Soit U l’ensemble des matrices de Mn (C) dont toutes les valeurs propres vérifient l’in-
égalité |= (λ)| < π.
(a) Montrer que U est un ouvert de Mn (C) .
© ª
(b) Soit N = N ∈ Mn (C) | ∃ p (N ) ∈ N ; N p(N ) = 0 . On considère l’ensemble L =
{In + N | N ∈ N } . Pour v = In + N appartenant à L on pose :
p(N )−1
X (−1)q+1 N q
ln (v) = ln (In + N ) = .
q=1
q

i. Montrer que si X appartient à N , exp (X) ∈ L.


ii. Soient X appartenant à N et f l’application de R dans Mn (C) définie par :

f (t) = ln (exp (tX)) .

Montrer que f est dérivable, que f 0 (t) = X, puis que pour tout t réel f (t) = tX.
(On pourra écrire exp (tX) = In + Z (t)).
iii. En Déduire que pour tout X appartenant à N :

ln (exp (X)) = X.

(c) Montrer que si D et D0 appartiennent à U, sont diagonalisables et telles que exp (D) =
exp (D0 ) , alors D = D0 . (On pourra montrer que D et D0 ont les mêmes sous-espaces
propres).
(d) Montrer que exp est injective sur U. (On pourra décomposer une matrice M de U
en la somme de deux éléments appropriés et utiliser III. 6. (b) (iii) et III. 6. (c)).
7. Soit D l’ensemble des matrices diagonalisables de Mn (C) et D1 l’ensemble des matrices
de Mn (C) ayant n valeurs propres distinctes.
(a) Montrer que D1 est un ouvert dense de Mn (C) en utilisant 3. et 4.
(b) Quel est l’intérieur de D ?
(c) Expliciter le polynôme caractéristique de ΦA,0 en fonction de χA si A appartient à
Mn (C) .
(d) L’application de Mn (C) dans Cn [X] qui à A associe son polynôme minimal Pm,A
est-elle continue sur D1 ? Est-elle continue sur Mn (C) ?
8. (a) Soit P appartenant à Un (Rn [X]) (P est unitaire de degré n à coefficients réels).
Montrer que P est scindé sur R (i.e. a toutes ses racines réelles) si et seulement si
pour tout z de C on a |P (z)| ≥ |= (z)|n .
27

(b) On désigne par D0 1’ensemble des matrices de Mn (R) qui sont diagonalisables sur
R. Caractériser l’adhérence de D0 dans Mn (R) .
(c) En déduire que D0 n’est pas dense dans Mn (R) .
9. Soit p ≥ 1 et q deux entiers naturels. On considère l’ensemble F des matrices A appar-
tenant à Mp (C) et de rang strictement supérieur à q. Montrer que F est un ouvert de
Mp (C) .
10. Montrer que pour tout A de Mn (C) , la dimension du C-espace vectoriel ker (ΦA,−A ) est
supérieure ou égale à n.
11. En déduire que, si A appartient à Mn (R) , alors la dimension du R-espace vectoriel
{X ∈ Mn (R) | XA = AX} est supérieure ou égale à n.
12. Soit Φ l’application de Sn dans Mn (R) définie par Φ (X) = X 2 .
(a) Montrer que g = Φ|Sn+ est injective.
(b) A l’aide de III. 5. montrer que Sn++ est un ouvert de S n . Montrer que Φ|Sn++ est un
C 1 -difféomorphisme de Sn++ .
28 Agrégation interne 1997, épreuve 1
6

Agrégation interne 1998, épreuve 1

– I – Les groupes GL (2, Z) et SL (2, Z)

On note respectivement : M2 (Z) [resp. M2 (R)] l’anneau des matrices carrées d’ordre 2
à coefficients dans Z [resp. dans R], GL (2, Z) le groupe des matrices A ∈ M2 (Z) telles que
det (A) = ±1 et SL (2, Z) le groupe des matrices A ∈ M2 (Z) telles que det (A) = 1.
1. À quelle condition nécessaire et suffisante, portant sur det (A) , la matrice A est-elle
inversible dans M2 (Z) ?
µ ¶
3 b
2. Déterminer l’ensemble des couples (b, c) d’entiers relatifs tels que la matrice A =
c 3
soit dans SL (2, Z) .
3. Soit (a, d) dans Z2 .
(a) On suppose que (a, d) est distinct de (1, 1) et (−1, −1) µ . Déterminer
¶ l’ensemble des
a b
couples (b, c) d’entiers relatifs tels que la matrice A = soit dans SL (2, Z) .
c d
(b) Étudier les cas (a, d) = (1, 1) et (a, d) = (−1, −1) .
µ ¶
3 b
4. Déterminer l’ensemble des couples (b, d) d’entiers relatifs tels que la matrice A =
2 d
soit dans SL (2, Z) [resp. dans GL (2, Z)].
2
5. Soit (a, c) dans
µ Z . Déterminer
¶ l’ensemble des couples (b, d) d’entiers relatifs tels que la
a b
matrice A = soit dans SL (2, Z) .
c d

– II – Réseaux de C

Si u, v sont deux nombres complexes indépendants sur R, on note :


© ª
R (u, v) = au + bv | (a, b) ∈ Z2

le sous-groupe additif de C engendré par u et v. On dit que R (u, v) est le réseau de base (u, v) .
1. Soient R = R (u, v) un réseau de base (u, v) et u0 = au + cv, v 0 = bu + dv deux nombres
complexes indépendants sur R, où a, b, c, d sont des réels.
(a) À quelle condition nécessaire et suffisante, portant sur les réels a, b, c, d, a-t-on
R (u0 , v 0 ) ⊂ R ?

29
30 Agrégation interne 1998, épreuve 1

(b) À quelle condition nécessaire et suffisante, portant sur les réels a, b, c, d, a-t-on
R (u0 , v 0 ) = R ? On dit alors que (u0 , v 0 ) est une base de R.
(c) On suppose que u0 = 3u + 2v. Déterminer les vecteurs v 0 tels que (u0 , v 0 ) soit une
base de R.
On dit qu’un nombre complexe u0 ∈ R est basique pour R s’il existe v 0 ∈ C tel que
R = R (u0 , v 0 ) .
(d) À quelle condition nécessaire et suffisante, portant sur les entiers a, c, le nombre
complexe u0 = au + cv est basique pour R ?
(e) Soit ∆ une R-droite vectorielle de C telle que ∆ ∩ R ne soit pas réduit à {0} .
i. Montrer que ∆ contient vecteur basique δ.
ii. Comparer ∆ ∩ R et δZ.
(f) Deux éléments basiques non colinéaires forment-ils toujours une base de R ?
On dit qu’un sous-ensemble X de C est discret si son intersection avec toute partie bornée
de C est finie.
v
2. Soit R = R (u, v) un réseau de base (u, v) . On note θ un argument de et on suppose
u
que θ est dans ]0, π[ .
(a) Montrer que pour tout (a, b) ∈ Z2 , on a :

|au + bv|2 = (a |u| + b |v| cos (θ))2 + b2 |v|2 sin2 (θ) .

(b) En déduire que R est discret.


3. Soit R un sous-groupe additif de C discret non inclus dans une R-droite vectorielle de C.
On choisit dans R \ {0} un élément u de module minimum et dans R \ Ru (l’ensemble
des éléments de R non R-colinéaires à u) un élément v de module minimum. On note
R0 = R (u, v) .
· ¸
0 0 1 1
(a) Montrer que pour tout nombre complexe z, il existe z dans R et x, y dans − ,
2 2
tels que z − z 0 = xu + yv.
(b) En déduire, avec les notations précédentes, que |z − z 0 | < |v| .
(c) Montrer que R = R0 , c’est-à-dire que R est un réseau.
On a donc ainsi montré qu’un sous-groupe additif de C non inclus dans une R-droite vecto-
rielle de C est discret si, et seulement si, c’est un réseau.

– III – Similitudes directes de centre 0 laissant stable un réseau

Si R = R (u, v) est un réseau, on note :

Z (R) = {α ∈ C | αR ⊂ R} .

1. Quel lien a-t-on entre Z (R) et l’ensemble des similitudes directes de centre 0 laissant R
stable ?
2. Quelles sont les homothéties de centre 0 qui laissent stable R ? Comment cela se traduit-il
pour Z (R) ∩ R ?
31

3. Montrer que Z (R) est un anneau.


4.
(a) Montrer qu’il existe w ∈ C \ R et une similitude directe de centre 0 qui transforme
R en R (1, w) .
(b) Comparer Z (R) et Z (R (1, w)) .
(c) Quelle relation a-t-on entre Z (R (1, w)) et R (1, w) ?
√ √
5. Déterminer Z (R (1, w)) pour w = i 2 et w = i 3 2.
On suppose, pour la suite de cette partie, que R = R (1, w) avec w ∈ C \ R.
6. Montrer l’équivalence entre les deux assertions :
(i) Z (R) n’est pas réduit à Z ;
(ii) w est racine non réelle d’un polynôme de degré 2, P (X) = αX 2 +βX +γ à coefficients
entiers.
7. Comparer Z (R) et R lorsque la propriété (ii) est vérifiée avec α = 1.
8. On suppose que w est racine non réelle d’un polynôme non nul P (X) = αX 2 + βX + γ
à coefficients entiers relatifs.
(a) Montrer que Z (R) est un réseau et qu’il admet une base de la forme (1, τ ) avec
τ ∈ C \ R.
(b) Montrer que τ est racine d’un polynôme P (X) = X 2 + pX + q, où p, q sont des
entiers relatifs avec q > 0.
(c) Montrer qu’on peut choisir τ de sorte que p = 0 ou p = 1.

– IV – Rotations de centre 0 laissant stable un réseau

Soit τ la racine de partie imaginaire positive d’un polynôme P (X) = X 2 + pX + q, où


p ∈ {0, 1} et q est un entier naturel non nul.
L’anneau R (1, τ ) = {a + bτ | (a, b) ∈ Z2 } est noté Z [τ ] .
1. On suppose que p = 0.
(a) Faire une figure représentant Z [τ ] dans les cas τ = i et τ 6= i.
(b) Quels sont les éléments non réels de Z [τ ] de module minimum ?
(c) Déterminer les rotations de centre 0 qui laissent Z [τ ] stable.
2. On suppose que p = 1.
(a) Faire une figure représentant Z [τ ] dans les cas q = 1 et q = 2.
(b) Quels sont les éléments non réels de Z [τ ] de module minimum ?
(c) Déterminer les rotations de centre 0 qui laissent Z [τ ] stable.
3. Montrer que l’anneau Z [τ ] est principal pour τ = i et pour τ = j (racine cubique de 1
distincte de 1).
32 Agrégation interne 1998, épreuve 1
7

Agrégation interne 2005, épreuve 1

Préambule

On note N, Z, R, C l’ensemble des entiers naturels, des entiers relatifs, des nombres réels et
des nombres complexes respectivement.
On désigne par P le plan affine euclidien R2 muni du produit scalaire euclidien usuel h·, ·i
et de la norme associée k·k . Le plan vectoriel R2 est orienté de sorte que la base canonique
(−
→ε 1, −

ε 2 ) soit directe. On identifiera R2 et C par l’application (x, y) 7→ x + iy. Si N et P sont
deux points distincts de P, on désigne par N P la droite affine passant par N et P.
Soit K une partie compacte et convexe de P dont l’intérieur K0 n’est pas vide. On note B la
frontière de K dans P, appelée aussi bord de K. On admettra la propriété suivante : une droite
passant par un point de K0 rencontre K selon un segment [N, P ] , et l’on a K0 ∩ N P = ]N, P [
et B ∩ N P = {N, P } .
L’objet de ce problème est l’étude du trajet d’un rayon lumineux (ou encore d’une boule de
billard assimilée à un point) issu d’un point M0 intérieur à K, dirigé par un vecteur − →
v donné,

→ →

v 6= 0 , et qui se réfléchit selon les lois de l’optique géométrique sur le bord B de K.
Plus précisément, on appelle trajectoire de (M0 , − →v ) la suite (Mn )n≥0 constituée de M0 et
des points M1 , M2 , · · · définis, pour n ≥ 1, par les quatre propriétés suivantes :
(1) pour tout n ≥ 1, le point Mn appartient à B ;
−−−−→
(2) les vecteurs −

v et M0 M1 sont colinéaires de même sens ;
(3) pour tout n ≥ 1, on a Mn−1 6= Mn ;
(4) la normale à B en Mn existe et c’est la bissectrice intérieure de l’angle en Mn du triangle
Mn−1 Mn Mn+1 .
On admettra que la donnée de (M , − →v ) définit (sous réserve de la condition (4) une unique
0
trajectoire (Mn )n≥0 .
Soit p un entier naturel non nul, on dit que la trajectoire (Mn )n≥0 est périodique de période
p si Mn+p = Mn pour tout entier n ≥ 1.

I. Nombre de rotations d’une ligne polygonale fermée

Soit k un entier ≥ 1. Dans tout le problème, on suppose que le bord B de l’ensemble compact
convexe K est paramétré par
f : t 7→ eit ρ (t) ,
où ρ est une fonction de la variable réelle t, à valeurs strictement positives, de classe C k et
2π-périodique.

33
34 Agrégation interne 2005, épreuve 1

1. Abscisse curviligne sur B. Soit g la fonction définie sur R par


Z tq
g (t) = ρ (u)2 + ρ0 (u)2 du.
0

(a) Démontrer que g est un C k -difféomorphisme de R sur R.


(b) Prouver que g (t + 2π) = g (t) + g (2π) pour tout nombre réel t.
On définit un paramétrage de B, en posant, pour s ∈ R,
¡ ¢
M (s) = f ◦ g −1 (s)

et on pose L = g (2π) .
−−→
dM
(c) Calculer la norme euclidienne de (s) (vecteur dérivé de M par rapport à s).
ds
Interpréter géométriquement L.
(d) Démontrer que l’application s 7→ M (s) est L-périodique, et que M (s1 ) = M (s2 )
si, et seulement si, s1 − s2 ∈ LZ.
2. Nombre de rotations d’une ligne polygonale fermée.
Soit p un entier ≥ 1 et soient N1 , N2 , · · · , Np+1 des points de B.
(a) Choisissons un nombre réel s1 tel que M (s1 ) = N1 . Démontrer qu’il existe une unique
suite (s2 , · · · , sp+1 ) de nombres réels telle que M (si+1 ) = Ni+1 et si ≤ si+1 ≤ si + L,
pour 1 ≤ i ≤ p.
sp+1 − s1
(b) Supposons Np+1 = N1 . Prouver alors que m = est un entier indépendant
L
du choix de s1 tel que M (s1 ) = N1 .
L’entier m est appelé nombre de rotations de la ligne polygonale fermée
N1 , N2 , · · · Np−1 , Np , N1 . Comparer m et p.
3. Dessiner, sans justification, une ligne polygonale fermée de 7 sommets, inscrite dans un
ensemble compact convexe du plan, dont le nombre de rotations est 3.

II. Théorème de Birkhoff

Les notations et les hypothèses sont celles du préambule et de la partie I. En particulier, on


considère le paramétrage de B par s 7→ M (s) défini dans la partie I. On suppose en outre dans
cette partie que trois points distincts de B ne sont jamais alignés.
L’objet des questions qui suivent est de prouver que, si m et p sont des entiers satisfaisant à
1 ≤ m ≤ p − 1, il existe au moins une trajectoire (Mn )n≥0 périodique de période p et telle que
le nombre de rotations de la ligne polygonale fermée M1 , M2 , · · · , Mp , M1 soit égal à m. Une
telle trajectoire est dite de type (m, p) [la définition de « période » d’une trajectoire est donnée
dans le Préambule, celle de « nombre de rotations » dans la question I.2.b.].
1. On définit une application ψ de R2 dans R en posant
−−−−−−−−→
ψ (s, s0 ) = ||M (s) M (s0 )||.

On pose aussi Ω = {(s, s0 ) ∈ R2 | (s0 − s) ∈


/ LZ} ; on admettra que l’ensemble Ω est ouvert
dans R2 .
35

(a) Prouver que l’application ψ est continue sur R2 et de classe C k sur Ω.


(b) Exprimer, lorsqu’elles existent, les dérivées partielles de ψ à l’aide d’angles que l’on
précisera.
2. On suppose p = 2.
(a) Démontrer que la fonction ψ admet un maximum absolu sur R2 .
(b) Prouver l’existence d’une trajectoire de type (1, 2) .
3. On suppose p ≥ 3 et 1 ≤ m ≤ p − 1.
On désigne par W l’ensemble des points (s1 , · · · , sp ) de Rp satisfaisant aux conditions

0 ≤ si+1 − si ≤ L pour i = 1, · · · , p − 1 et (m − 1) L ≤ sp − s1 ≤ mL.

On définit une fonction F sur W en posant

F (s1 , · · · , sp ) = ψ (s1 , s2 ) + ψ (s2 , s3 ) + · · · + ψ (sp−1 , sp ) + ψ (sp , s1 ) .

(a) Construire un élément α = (α1 , · · · , αp ) de W tel que l’ensemble constitué par les
points M (αi ) , 1 ≤ i ≤ p, possède au moins deux éléments.
(b) Pour simplifier les notations, posons Ai = M (αi ) pour 1 ≤ i ≤ p. Démontrer que
si A1 6= A2 et A2 = A3 , il existe un élément α0 de W tel que F (α0 ) > F (α) . En
déduire que, si deux points consécutifs de la suite A1 , A2 , · · · , Ap , A1 sont confondus,
il existe un élément α0 de W tel que F (α0 ) > F (α) .
(c) Démontrer que la fonction F admet un maximum absolu strictement positif sur W.
(d) Prouver l’existence d’une trajectoire de type (m, p) .

III. Billard elliptique



Soient a et b deux nombres réels tels que 0 < b < a ; posons c = a2 − b2 . On suppose dans
cette partie que le bord B de K est l’ellipse de foyers O et O0 = O + 2c−

ε 1 , de demi axes a et
b. On admettra que l’ellipse B est paramétrée par

b2
f (t) = eit ,
a − c cos t
et que B est aussi l’ensemble des points N du plan P tels que
°−−→° °−−→°
° ° ° °
°ON ° + °O0 N ° = 2a.

Comme dans la partie I, on utilise le paramétrage de B par s 7→ M (s) .


°−−→ ° °−−→ °
° ° ° °
1. En dérivant l’application s 7→ °OM (s)° + °O0 M (s)° , démontrer que l’ellipse B possède
une tangente en M (s) qui est la bissectrice extérieure du triangle O0 M (s) O en M (s) .
On notera D (s) cette tangente.
2. Etant donnés une droite affine D de P, un vecteur unitaire −→
n normal à D et un point P
de la droite D, on considère le produit
D−→ E D−−→ E
E (D, −

n , P ) = OP , −

n O0 P , →

n .
36 Agrégation interne 2005, épreuve 1

(a) Démontrer que E (D, →−n , P ) ne dépend pas du choix du point P de D ni du choix du
vecteur normal unitaire →−n.
On appelle énergie de la droite D par rapport aux points O et O0 et on note E (D)
la valeur du produit E(D, −→n , P ).
(b) Interpréter géométriquement la valeur absolue ainsi que le signe de l’énergie E (D) .
3. Energie d’une droite D (s) tangente en M (s) à l’ellipse B. On rappelle que, pour s ∈
R, on note D (s) la tangente à l’ellipse B au point M (s) . On note respectivement
φ (s) et φ0 (s) les mesures appartenant à l’intervalle [0, π] des angles orientés de droites
(D (s) , M (s) O) et (D (s) , M (s) O0 ) .
(a) Déterminer quelle relation lie φ (s)° et φ0 (s)°. En déduire
°−−→ une°expression de l’énergie
°−−→ ° ° °
E (D (s)) en fonction de φ (s) , de °OM (s)° et de °O0 M (s)° .
(b) Démontrer l’égalité E (D (s)) = b2 .
4.
°−−→ ° °−−→ °
° ° ° °
(a) Déduire des résultats précédents une relation liant b, sin φ (s) , °OM (s)° et °O0 M (s)° .
(b) On désigne par L le périmètre de l’ellipse B (on ne cherchera pas à calculer L). Pour
s ∈ R, on pose h (s) = (sin φ (s))2 . Démontrer que la fonction h est L-périodique,
de classe C ∞ , et donner le tableau de ses variations sur l’intervalle [0, L]
5. Énergie d’une droite D (s, θ) issue d’un point M (s) . Pour s ∈ R et θ ∈ [0, π] , on note
D (s, θ) la droite issue du point M (s) telle que (D (s) , D (s, θ)) ≡ θ (mod π).
Démontrer que l’énergie E (D (s, θ)) a pour expression
2 2
2 (cos θ) − (cos2 φ (s))
E (D (s, θ)) = b ¡ 2 ¢2 .
sin φ (s)

6. Etude de E (s, u).


Pour s ∈ R et u ∈ [−1, 1] , on pose E (s, u) = E (D (s, arccos u)) , de sorte que l’on a

b2 ¡ 2 2¢
E (s, u) = u − (cos φ (s)) .
(sin φ (s))2

Déterminer les extrema globaux de la fonction E sur R×[−1, 1] . A quelles droites D (s, θ)
correspondent-ils ?
7. Soit (Mn )n≥0 une trajectoire et soit E0 l’énergie de la droite M0 M1 .
(a) Démontrer que, pour tout n ≥ 0, l’énergie de la droite Mn Mn+1 vaut E0 .
(b) On suppose E0 > 0 ; démontrer qu’alors les droites Mn Mn+1 , pour n ≥ 0, sont toutes
tangentes à une même ellipse que l’on déterminera.

IV. La transformation T

Les hypothèses et les notations sont celles de la partie III.


Comme dans la question III.5. pour tout couple (s, u) ∈ R × ]−1, 1[ , on pose θ = arccos u
et on considère la droite D (s, θ) issue du point M (s) telle que

(D (s) , D (s, θ)) ≡ θ (mod π) .


37

Cette droite recoupe l’ellipse B en un point M (s0 ) , où 0 < s0 −s < L, et se réfléchit selon les lois
de l’optique géométrique en une droite D (s0 , θ0 ), où θ0 est la mesure appartenant à l’intervalle
]0, π[ de l’angle orienté de droites (D (s0 ) , D (s0 , θ0 )) .
On pose u0 = cos θ0 et on définit l’application T de R × ]−1, 1[ dans lui-même par
T (s, u) = (s0 , u0 ) = (T1 (s, u) , T2 (s, u)) .
On admettra que l’application T est de classe C ∞ sur R × ]−1, 1[ .
On considère dans cette partie, la fonction ψ définie dans la question II.1 et la fonction E
définie dans la question III.6.
1. Démontrer que la fonction E est invariante par T.
2. On définit deux fonctions G1 et G2 sur Ω0 = {(s, s0 ) ∈ R2 | 0 < s0 − s < L} par
µ ¶ µ ¶
0 ∂ψ 0 0 0 ∂ψ 0
G1 (s, s ) = s, − (s, s ) , G2 (s, s ) = s , 0 (s, s ) .
∂s ∂s
∂ 2ψ
On admettra que ne s’annule jamais.
∂s∂s0
(a) Démontrer l’égalité T ◦ G1 = G2 .
(b) En déduire la valeur du déterminant jacobien de T.
3.
(a) Démontrer qu’il existe une fonction U : R × ]0, b2 [ → ]0, 1[ , de classe C ∞ , telle que
¤ £
E (s, U (s, r)) = r pour tout (s, r) ∈ R × 0, b2 .
(b) Pour (s, r) ∈ R×]0, b2 [ , posons J (s, r) = (s, U (s, r)) . En admettant que T2 (s, U (s, r))
est toujours positif, démontrer que, pour s ∈ R et 0 < r < b2 , on a l’égalité
(T ◦ J) (s, r) = J (T1 (s, U (s, r)) , r) .
(c) Soit E0 un nombre réel tel que 0 < E0 < b2 . Pour s ∈ R, on pose
∂U
µ (s) = (s, E0 ) , ν (s) = T1 (s, U (s, E0 )) .
∂r
Démontrer que, pour tout s ∈ R, on a
µ (s) = (µ ◦ ν) (s) ν 0 (s) .
4. On suppose toujours 0 <√E0 < b2 . On désigne par B 0 l’ellipse de foyers O et O0 , dont le
demi petit axe vaut b0 = E0 . Pour s ∈ R, on pose
Z s
χ (s) = µ (t) dt.
0

(a) Démontrer qu’il existe un nombre réel χ0 (ne dépendant que de E0 ) tel que, pour
tout s ∈ R, on ait
χ (ν (s)) = χ (s) + χ0 .
En déduire une condition nécessaire, portant sur χ0 et χ (L) , pour qu’il existe une
trajectoire périodique (Mn )n≥0 pour laquelle toutes les droites Mn Mn+1 , n ≥ 0, sont
tangentes à l’ellipse B 0 .
(b) Réciproquement, démontrer que si cette condition est remplie, toute trajectoire
(Mn )n≥0 pour laquelle toutes les droites Mn Mn+1 , n ≥ 0 sont tangentes à l’ellipse
B 0 , est une trajectoire périodique.
38 Agrégation interne 2005, épreuve 1
8

Agrégation interne 2005, épreuve 2

Notations et objectifs du problème

On désigne par E l’espace vectoriel des suites (xk )k∈N de nombres complexes, par E le sous-
espace vectoriel de E formé des suites bornées et par E c le sous-espace vectoriel de E constitué
des suites convergentes (il n’est pas demandé d’établir ces inclusions).
Si x = (xk )k∈N est un élément E, on pose kxk = sup {|xk | | k ≥ 0} ; on admet que k·k est
une norme sur E et que E est complet pour cette norme.
On note F l’application de E dans E qui à x = (xk )k∈N associe y = (yk )k∈N définie par
1 P k
yk = xj . Cette application est linéaire (il n’est pas demandé de le démontrer).
k + 1 j=0

Questions préliminaires

1. Montrer que E est stable par F. On note T la restriction de F à E.


2. Vérifier que T est une application linéaire continue.
3. Montrer que E c est stable par T et plus précisément que si x converge vers `, il en est de
même pour y = T (x) .

Objectifs

Le but du problème est d’étudier quelques propriétés de T. Il est constitué de trois parties
indépendantes.
La partie I permet d’examiner quelques exemples montrant une variété importante de com-
portements possibles.
Dans la partie II on détermine le noyau, l’image et le spectre de T.
La partie III est consacrée à l’aspect régularisant de T. On y établit que :
1. Si x est une suite bornée, (T n (x))n≥0 converge simplement vers une suite constante.
2. L’ensemble des suites x de E telles que, pour tout n, T n (x) soit une suite divergente, est
dense dans E.
3. Si Ω est l’ensembles des suites à termes dans [0, 1] , on définit la probabilité de Kolmo-
goroff P sur Ω et on démontre que :
(a) P (x ∈ Ω et x converge) = 0.
(b) P (x ∈ Ω et T (x) converge) = 1.

39
40 Agrégation interne 2005, épreuve 2

– I – Exemples
– A – Premiers exemples

1. Soit θ dans ]0, 2π[ ; dans cette question on note x la suite (xk )k∈N définie par xk =
exp (ikθ) . On pose y = T (x) . Démontrer que y appartient à E c .
2. ½
Soit n un entier ≥ 1 ; dans cette question on note x la suite (xk )k∈N définie par xk =
1 si k est multiple de n
. On pose y = T (x) .
0 sinon
(a) Calculer ypn+j pour p ≥ 0 et 0 ≤ j ≤ n.
(b) En déduire que y appartient à E c .
3. Quel est le lien entre les exemples précédents et la troisième question préliminaire ?
4. Soit t dans [0, 1] . On définit x (t)par
½
x0 (t) = t
xk+1 (t) = (xk (t) − 1)2 pour k ≥ 0

Il est facile de voir que pour tout t dans [0, 1] , la suite x (t) est à valeurs dans [0, 1] .
On pose alors y (t) = T√(x (t)) .
3− 5
Soit t0 le nombre (il vaut 0.38 à 10−2 près).
2
(a) On se propose de démontrer que, lorsque t 6= t0 , la suite x (t) est divergente.
i. On suppose la suite x (t) convergente. Trouver la limite ` de x (t) .
ii. Vérifier que si t 6= t0 , alors pour tout entier k, xk (t) 6= `.
Si, dans ces conditions, la suite x (t) était convergente, quelle serait la limite
xk+1 (t) − `
(quand k tend vers l’infini) du rapport ?
xk (t) − `
iii. Conclure.
(b) On définit f et g fonctions de [0, 1] dans lui même par f (x) = (x − 1)2 et g = f ◦ f.
i. Dessiner le graphe de g en précisant les variations, la position du graphe par
rapport à la première bissectrice et ses points d’intersection avec cette droite.
ii. Pour cette question, on peut se contenter d’une argumentation basée sur le
graphe.
Montrer que les suites extraites (x2k (t))k≥0 et (x2k+1 (t))k≥0 sont convergentes.
En déduire que y (t) est convergente et identifier sa limite en fonction de t.
iii. On rappelle que y (t) = (yk (t))k∈N . La suite de fonctions (yk )k∈N converge-t-elle
uniformément sur [0, 1] ?

– B – Une remarque

Soit x dans E et y = T (x) .


2 kxk
1. Montrer que, pour tout k ≥ 1, |yk − yk−1 | ≤ .
k+1
41

2. En déduire que si x est une suite à valeurs réelles alors l’ensemble des valeurs d’adhérences
de y est un intervalle.

– C – Suites à valeurs dans {0, 1}

Pour tout entier p ≥ 1, on pose up = 1! + 2! + 3! + · · · + p! et vp = 1! + 3! + 5! + · · · + (2p − 1)!


De plus u0 = 0 et v0 = 0.
1. Montrer que up v p! (on pourra mettre p! en facteur). Montrer de même que vp v
+∞ +∞
(2p − 1)!
On définit une suite x de la manière suivante :
si k ∈ N, il existe un unique j (k) ≥ 0 tel que uj(k) ≤ k < uj(k)+1 et dans ce cas, si j (k)
est pair on pose xk = 1, si j (k) est impair on pose xk = 0.
Autrement dit

x = 1, 0, 0, 1, 1, 1, 1, 1, 0, 0, 0, (24 fois), 1, 1, 1, (120 fois), · · ·

2. On pose y = T (x) . Calculer yk pour k = up .


3. En déduire que l’ensemble des valeurs d’adhérences de y est égal à [0, 1] .
Quel est celui de la suite x ?
4. Soit (Ω, B, P) un espace probabilisé, (Xk )k∈N une suite de variables aléatoires de Bernoulli,
1 1
indépendantes de paramètre (∀k ≥ 0, P (Xk = 0) = P (Xk = 1) = ).
2 2
(a) Calculer, pour k ≥ 0 et p ≥ 0, P (Xk = Xk+1 = · · · = Xk+p = 0) , puis P (∀j ≥ k, Xj = 0) .
(b) En déduire que la suite (Xk )k∈N diverge presque sûrement.
(c) On appelle Y la suite T (X) où X est la suite (Xk )k∈N . Montrer, en utilisant un
théorème du cours, que la suite (Yk )k∈N converge presque sûrement.

– II – Étude de l’endomorphisme T
– A – Généralités

1. Montrer que l’application F est une bijection de E sur lui-même.


½ ¾
1
2. On désigne par A l’ensemble | k ∈ N . Soit λ un nombre complexe. On note IE
k+1
l’application identique de E sur lui-même.
(a) Montrer que si λ n’appartient pas à l’ensemble A, alors l’application linéaire F − λIE
est bijective.
(b) Montrer que si λ appartient pas à l’ensemble A, alors l’application linéaire F − λIE
n’est ni injective ni surjective.
3. Soit y = (yk )k∈N dans E. Montrer que :

y ∈ Im (T ) ⇔ ∃K > 0 tel que, ∀k ≥ 1, |(k + 1) yk − kyk−1 | ≤ K.

4. L’application linéaire T de E dans E est-elle surjective ? Est-elle injective ?


42 Agrégation interne 2005, épreuve 2

– B – Quelques suites auxiliaires

Dans ce B. on considère un nombre complexe λ vérifiant les hypothèses suivante :


µ ¶
1
λ 6= 0, λ ∈
/ A, < 6= 1. ((L))
λ
µ ¶
1
< 6= 1, on a λ 6= 1 et α0 est bien défini.
λ
1
On écrit 1 − = a + ib avec a et b réel (a 6= 0). On définit la suite α par :
λ
1 1
α0 = et, pour k ≥ 1, αk = ¡ ¢ αk−1 . ((∗))
1−λ 1 + 1 − λ1 k1
Cette suite est bien définie grâce aux hypothèses (L) .
1. Vérifier que αk 6= 0 pour tout entier positif k.
µ ¶
a 1
2. Montrer que ln (|αk |) − ln (|αk−1 |) = − + O .
k k→+∞ k 2
3. Que dire de la suite |α| si a est négatif ?
µ ¶
P
n 1 1
4. On rappelle qu’il existe un nombre réel γ tel que l’on ait = ln (n) + γ + O .
k=1 k n→+∞ n
Pour a positif, montrer qu’il existe un nombre réel A1 strictement positif tel que |αk | ∼
k→+∞
A1
.
ka
(A1 et les nombres A2 , · · · , A5 qui suivent dépendent de λ mais sont indépendants de k).
¯ ¯
Pk 1 P¯1
k−1 1 ¯
5. On définit Uk = et Vk = ¯ − ¯.
¯ αj−1 ¯
j=1 j |αj−1 | j=1 αj

(a) Montrer qu’il existe un nombre réel A2 strictement positif tel que
∀k ≥ 1, 0 ≤ Uk ≤ A2 k a .

(b) En déduire qu’il existe une constante A3 telle que ∀k ≥ 1, |αk Uk | ≤ A3 .


1 1
6. En exprimant − grâce à (∗) montrer qu’il existe une constante A4 strictement
αj αj−1
positive telle que :
∀k ≥ 1, |αk | Vk ≤ A4 .

– C – Détermination du spectre de T

Définitions.
Soit S un endomorphisme continu de E, on dit que S est inversible si S réalise une bijection
de E sur lui même.
Remarque : E étant complet, il résulte d’un théorème de Banach que si S est bijectif et
continu, alors S −1 est continu, de sorte que S est alors un élément inversible de l’algèbre des
endomorphismes continus de E.
On appelle spectre de S, et on note σ (S) , l’ensemble des nombres complexes λ tels que
S − λIE n’est pas inversible.
On admettra que σ (S) est un fermé de C.
43

1. Est-ce que 0 est dans σ (T ) ? Même question pour 1.


Dorénavant, on se donne un complexe λ vérifiant les hypothèses (L) du II.B. On garde
les notations α, U, V, · · · du II.B.
2. Soient x, y deux éléments de E. Vérifier que :
( 1
x0 = 1−λ y0 , ¡ ¡ ¢¢
(T − λIE ) (x) = y ⇔ ∀k ≥ 1, xk = 1+ 1− 1
x + 1
yk−1 − yk − k1 yk . ((∗∗))
( λ ) k k−1
1 1 λ

µ ¶
1
3. On considère y = . On considère la suite x (a priori dans E) telle que
k+1 k≥0
(T − λIE ) (x) = y.
(a) Quel est le lien entre x et la suite α du II.B.
µ ¶
1
(b) En utilisant du II.B. montrer que si, < 1 − < 0, alors λ ∈ σ (T ) .
λ
µ ¶
1
4. On suppose que < 1 − > 0.
λ
Soit y est dans E et soit x la suite définie par les formules (∗∗) ci-dessus.
(a) Établir les relations suivantes :
xk xk−1 1 yk−1 − yk 1 yk
∀k ≥ 1, = + −
αk αk−1 λ αk−1 λ kαk−1
k k
αk X yj−1 − yj αk X yj
∀k ≥ 1, xk = αk y0 + − .
λ j=1 αj−1 λ j=1 jαj−1

(b) En remarquant que :


k
X k
X µ ¶
yj−1 − yj 1 1 y0 yk
= yj − + − ,
j=1
αj−1 j=1
αj αj−1 α0 αk

montrer qu’il existe une constante A5 (indépendante de y et de k) telle que :

∀k ≥ 0, |xk | ≤ A5 kyk .

5. Déterminer σ (T ) et le représenter sur un dessin.

– III – Propriétés régularisantes de T


Notations et terminologie

1. On sera amené à considérer des suites de suites (ou plus généralement des familles de
suites).
µ³ ´ ¶
(i)
Si I est un ensemble d’indices le symbole xk désigne la famille x(i) indexée
k≥0 i∈I
(i) (i)
par I, xk est le terme d’indice k de la suite x .
44 Agrégation interne 2005, épreuve 2
õ ¶ !
1
Par exemple considérer , c’est considérer les suites :
(k + 1)n k≥0 n≥0
x(0) = (1,
µ 1, 1, 1, 1, · · · ) ¶
1 1 1 1
x(1) = 1, , , , , · · ·
µ 2 3 4 5 ¶
(2) 1 1 1 1
x = 1, , , , , · · ·
µ 4 9 16 25 ¶
(3) 1 1 1 1
x = 1, , , , , · · · etc.
8 27 64 125
Dans l’énoncé, k désignera presque toujours l’indice des suites de complexes et n sera
réservé à l’indexation des suites de suites.
2. Limites :
A priori, le mot suite,
³ sans ´ indication contraire, désigne un élément de E ; aussi, lorsque
(n) (n)
l’on dit que la suite xk converge on veut dire que lim xk existe dans C.
k≥0 k→+∞
° °
Si on veut exprimer l’idée qu’il existe dans E une suite telle que lim °x(n) − x° = 0,
¡ (n) ¢ n→+∞
on dira que la suite x d’éléments de E converge dans E vers x.
Les expressions utilisées seront suffisamment détaillées pour éviter toute ambiguïté.

– A – Convergence simple
µ³ ´ ¶
¡ (n)
¢ (n)
Définition. Soient x n≥0
= une suite d’éléments de E et u dans E. On
xk
k≥0
¡ ¢ ³
n≥0 ´
(n)
dit que x(n) n≥0 converge simplement vers u = (uk )k≥0 si pour tout k ≥ 0, xk tend vers
k≥0
uk quand n tend vers l’infini.
1. Exceptionnellement, dans cette question et la suivante, les suites de nombres complexes
sont indexées par n pour des raisons qui apparaîtront ultérieurement.
Soit (an )n≥0 une suite de nombres complexes tendant vers ` dans C.
P
n
Soit α un nombre complexe tel que |α| < 1, on pose un = αj an−j .
j=0
`
Montrer que (un )n≥0 converge vers .
1−α
2. Soient v et w deux suites de nombres complexes telles que, pour tout n ≥ 0, vn+1 =
αvn + wn et (wn )n≥0 converge vers `.
`
Montrer que (vn )n≥0 converge vers .
1−α
3. ¡Soit x
¢ une suite de nombres complexes. On pose a = x0 et b = x1 . On considère la suite
x(n) n≥0 d’éléments de E définie par x(n) = T n (x) , en convenant que x(0) = x.
(n) (n)
(a) Calculer x0 . Quelle est la limite de la suite x0 ?
(n) (n)
(b) Calculer x1 . Quelle est la limite de la suite x1 ?
(c) Montrer que :
k
(n+1) 1 (n) 1 X (n)
∀k, n ≥ 0, xk+1 = xk+1 + x .
k+2 k + 2 j=0 j
45

(d) Montrer que x(n) converge simplement vers la suite constante égale à a.
¡ ¢
4. Monter que, si x(n) n≥0 converge dans E, alors sa limite est la suite constante égale à a.
5. On suppose que
¡ (n)a¢= 0 et que la suite (xk ) a une limite c 6= 0 dans C.
Montrer que x n≥0 diverge dans E.

– B – Lissage : un résultat négatif

Pour n entier fixé, on note E n = {x ∈ E telles que T n (x) converge dans C} . E n est un
sous-espace vectoriel de E (on ne demande pas de démontrer ce résultat).
On admet le théorème suivant :
Soit F un espace de Banach. Si pour n ≥ 0, F n est un sous-ensemble de F fermé et d’intérieur
vide, alors la réunion de tous les F n est aussi d’intérieur vide.
1. Soit F un espace vectoriel normé et G un sous-espace vectoriel de F d’intérieur non vide.
Ainsi G contient une boule ouverte de F , de centre x0 et de rayon ε strictement positif.
En utilisant la structure d’espace vectoriel, montrer successivement que :
(a) G contient la boule ouverte de centre 0 et de rayon ε,
(b) F = G.
2. On admet provisoirement que E n 6= E pour tout n ≥ 0.
(a) Montrer que E c est un sous-espace fermé de E.
(b) Montrer que l’ensemble des x de E tels que, pour tout n ≥ 0, la suite T n (x) ne soit
pas convergente dans C est dense dans E.
3. On prouve dans cette question ce qui est admis à la question précédente.
(a) Soient t0 un nombre réel positif et f une fonction de classe C ∞ sur l’intervalle
[t0 , +∞[ , à valeurs dans C.
Pour n ≥ 0, on note (Hn ) l’hypothèse :
¯ ¯ Mj
∃t1 ≥ t0 | ∀j ≤ n, ∃Mj | ∀t > t1 , ¯f (j) (t)¯ ≤ j ((Hn ))
t
avec f (0) = f.
Pour t ≥ t0 + 1, on pose g (t) = (t + 1) f (t) − tf (t − 1) . La fonction g est de classe
C ∞ sur [t0 + 1, +∞[ .
On suppose (Hn ) vérifiée pour la fonction f et un entier n ≥ 1.
En utilisant l’inégalité des accroissements finis, montrer que g vérifie (Hn−1 ) .
(b) Soit n un entier ≥ 1 et soit f une fonction de classe C ∞ sur l’intervalle [0, +∞[ ,
satisfaisant l’hypothèse (Hn ) avec t0 = 0. Pour tout entier k ≥ 0, on pose yk = f (k) .
Montrer par récurrence sur n qu’il existe x dans E tel que y = T n (x) .
(c) On pose y = (exp (i ln (k + 1)))k≥0 .
i. Montrer que y est dans Im (T n ) pour tout n ≥ 0.
ii. En déduire que, pour tout n ≥ 0, E n est différent de E.

– C – Aspect probabiliste
46 Agrégation interne 2005, épreuve 2

On note Ω l’ensemble des suites de nombres réels appartenant à [0, 1] .


Étant donnés un entier naturel n et deux suites finies de nombres réels a = (a0 , a1 , · · · , an )
et b = (b0 , b1 , · · · , bn ) vérifiant pour tout j les inégalités 0 ≤ aj ≤ bj ≤ 1, on désigne par
Ka,b = {x ∈ Rn+1 | ∀j, aj ≤ xj ≤ bj } .
Qn
Le volume de Ka,b est par définition le réel ν (Ka,b ) = (bj − aj ) .
j=0
On associe à K la partie ΩK de Ω définie par :
© ª
ΩK = x = (xk )k≥0 | (x0 , x1 , · · · , xn ) ∈ K .

On admettra qu’il existe sur Ω une tribu contenant tous les ΩK et sur cette tribu B une
probabilité P telle que P (ΩK ) = ν (K) pour tout pavé K.
On définit enfin, pour k entier naturel, la variable aléatoire Xk , application de Ω dans R,
qui à x = (xi )i≥0 associe Xk (x) = xk .
1. Montrer que (Xk )k∈N est une suite de variables aléatoires indépendantes de même loi et
identifier cette loi.
2. Soit ε un nombre réel tel que 0 < ε < 1.
Calculer, pour n ≥ 0 et p ≥ 1 :

P ({ω ∈ Ω | |Xj (ω) − Xn (ω)| < ε pour n + 1 ≤ j ≤ n + p}) .

3. En déduire que x diverge presque sûrement (on pourra admettre que l’ensemble {x ∈ Ω | x converge}
est dans la tribu B).
4. En utilisant un théorème du programme, montrer que T (x) converge presque sûrement.
9

Agrégation interne 2006, épreuve 1

On tâche de couvrir la plus grande surface possible d’un jardin carré par des dalles circulaires
de même rayon ne se chevauchant pas. II s’agit donc principalement de géométrie. Un dessin
est fort utile, voire indispensable, pour découvrir, puis décrire l’idée d’une démonstration, ou
illustrer un point de raisonnement ; il ne saurait toutefois constituer une démonstration à lui
seul, et doit toujours être accompagné de notations précises et de justifications fournissant un
raisonnement complet. Le barème tiendra largement compte des dessins et de leur justification.

Notations

On note E le plan affine euclidien R2 muni du produit scalaire usuel. Dans certaines ques-
tions, on identifie R2 à C par l’application (x, y) 7→ x + iy ; on pourra, dès qu’il paraît utile,
faire usage de cette identification.
Deux parties X et Y de E sont dites isométriques s’il existe une isométrie ϕ de E telle que
ϕ(X) = Y .
Si A, B, C sont des points de E, on note :
– AB le segment d’extrémités A et B, enveloppe convexe de l’ensemble {A, B}
– d(A, B) la distance entre les points A et B
– ABC l’enveloppe convexe de l’ensemble {A, B, C}, appelée triangle ABC lorsque les points
A, B et C ne sont pas alignés.
Soient a un nombre réel ≥ 0 et M un point de E. On note D(M, a) le disque ouvert, D(M, a)
le disque fermé et C(M, a) le cercle de centre M et de rayon a. Lorsque a = 1, on écrit D(M )
au lieu de D(M, 1). On pose
© ª
Q(a) = (x, y) ∈ R2 / |x| ≤ a, |y| ≤ a
© ª
et Q0 (a) = (x, y) ∈ R2 / |x| < a, |y| < a ;

un carré de côté 2a est une partie de E isométrique à Q(a).


On note A l’ensemble des parties bornées de E qui ont une aire, et on note s(X) l’aire d’un
élément X de A : c’est un nombre réel positif.
Par exemple, l’aire du carré Q(1) vaut 4 et. celle d’un disque D(M ) vaut π. On admet
que toutes les parties de E que le problème amène à considérer sont dans A, pourvu qu’elles
soient bornées ; aucune difficulté ne sera soulevée sur ce point. On admet aussi les propriétés
suivantes :
1. Soient X et Y des éléments de A ; si Y contient X, on a s(X) ≤ s(Y ), et l’ensemble
Y − X, complémentaire de X dans Y , appartient aussi à A.

47
48 Agrégation interne 2006, épreuve 1

2. Soit (Xi )i∈I une famille finie d’éléments de A ; alors l’intersection des Xi (si l’ensemble I
n’est pas vide), ainsi que leur réunion appartiennent encore à A. De plus, on a
à !
[ X
s Xi ≤ s (Xi ) ,
i∈I i∈I

avec égalité si les ensembles Xi sont disjoints deux à deux.


3. Soit X un élément de A, et soit ϕ une application affine de E dans lui-même ; alors,
l’ensemble ϕ(X) appartient à A, et l’on a
s (ϕ (X)) = |λ| s(X),
où λ est le déterminant de l’application linéaire associée à ϕ.
4. Toute partie de E qui est incluse dans un segment de droite ou un cercle, appartient à A
et son aire vaut 0.
Sauf (par exception) dans la question (VI, 7) , les raisonnements menant à des calculs d’aires
devront s’appuyer sur les propriétés a) à d) et sur les exemples donnés ci-dessus. S’il s’avère
nécessaire d’utiliser une autre propriété connue des aires, il conviendra d’expliciter celle-ci.
Soit X un élément de A : on appelle dallage de X une famille finie (D (Mi ))i∈I de disques
ouverts (de rayon 1) inclus dans X et disjoints deux à deux. Le cardinal Card (I) est appelé
cardinal (ou nombre d’éléments) du dallage.
Les six parties s’enchaînent logiquement. Chaque question peut être traitée en admettant
les résultats établis dans les questions antérieures.

I. Préliminaires

1. Quelle est l’aire d’un carré de côté 2a ?


2. Pour un point M quelconque de E, quelles sont les aires des disques D(M, a) et D(M, a) ?
3. Soit X un élément de A et soit (D (Mi ))i∈I un dallage de X. Donner, en termes de s(X),
une majoration du cardinal de I.
Pour tout nombre réel a ≥ 0, on note N (a) le cardinal maximal des dallages du carré
Q(a). On définit ainsi une application de[0, +∞[ dans R, qui est évidemment croissante.
4. Déterminer la valeur de N (a) pour 0 ≤ a ≤ 1.
5. Démontrer qu’un disque D(M ), contenu dans Q(a), est en fait contenu dans Q0 (a).
6. Soient n un entier ≥ 1 et a un nombre réel ≥ 0. Démontrer que l’on a N (na) ≥ n2 N (a).
7. Soit a un nombre réel ≥ 1 et soit (Mi )i∈I une famille de points de E. Démontrer que les
conditions suivantes sont équivalentes :
(a) la famille (D (Mi ))i∈I est un dallage du carré Q(a) ;
(b) le carré Q(a − 1) contient chacun des points Mi et, pour i et j distincts dans I, on
a d(Mi , Mj ) ≥ 2.
8. Démontrer qu’il existe un nombre réel a2 ≥ 0 tel que N (a2 ) = 2 et N (a) < 2 pour
0 ≤ a < a2 , et déterminer a2 .
9. Soit a un nombre réel ≥ 0, et soit n un entier tel que l’on ait N (b) ≥ n pour tout nombre
réel b > a. Démontrer que l’on a N (a) ≥ n. [On pourra choisir, pour tout entier k ≥ 1,
un dallage (D (Mi (k)))1≤i≤n du carré Q(a + k1 ), et faire un raisonnement de compacité en
utilisant la question 7)]
49

II. Existence de δ

Pour tout nombre réel a > 0, on pose d(a) = N (a)/a2 .


1. Trouver une majoration de d(a) pour a > 0.
2. Soient a un nombre réel > 0, n un entier ≥ 0 et α un nombre réel tel que 0 ≤ α < 1.
Donner une minoration de d((n+α)a) en termes de d(a) et de n (minoration indépendante
de α).
3. On note δ la borne supérieure des d(a) pour a > 0. Démontrer que d(a) tend vers δ lorsque
a tend vers +∞.

III. Minoration de δ

Dans cette partie, on identifie R2 à C ; on note |z| le module du nombre complexe z. On


pose j = e2πi/3 et on note Λ le sous-groupe (additif) de C engendré par 2 et 2j.
1. Démontrer que le module de tout élément non nul de Λ est au moins égal à 2.
2. En estimant
√ le nombre des points de Λ situés dans un carré Q(a), démontrer que l’on a
δ ≥ 2/ 3.

IV. Un résultat auxiliaire

Dans cette partie, on identifie encore R2 à C , et on note D l’ensemble des nombres complexes
dont le module est ≤ 1. Pour z1 , z2 , z3 dans C, on note µ (z1 , z2 , z3 ) la plus petite des distances
|z1 − z2 |, |z2 − z3 |, |z3 − z1 |.
¡ ¢
1. Démontrer que l’ensemble µ D × D × D est une partie compacte, non vide, de R. On
note m le plus grand élément de cette partie.
¡ ¢ √
2. Soient α, β, γ des nombres réels. Démontrer l’inégalité µ eiα , eiβ , eiγ ≤ 3 [on pourra
se ramener à α = 0].
3. Soient z1 , z2 , z3 des nombres complexes dont les modules sont ≤ 1, mais pas tous égaux
à 1.
(a) Construire, par une manipulation géométrique simple à partir de z1 , z2 , z3 , des
nombres complexes t1 , t2 , t3 dont le module est ≤ 1 et qui satisfont à µ (t1 , t2 , t3 ) >
µ (z1 , z2 , z3 ) [on pourra distinguer suivant le nombre des indices i pour lesquels |zi | =
1].
√ √
(b) En déduire que l’on a m = 3 et µ (z1 , z2 , z3 ) < 3.

V. Majoration de δ

Dans cette partie et la suivante, on va démontrer que δ à vaut 2/ 3. On fixe un nombre réel
a ≥ 1 et on fixe aussi un dallage (D (Mi ))i∈I du√carré Q(a). Pour i ∈ I, on √
écrit Di au lieu de
D (Mi ), on note ∆i le disque ouvert, D(Mi , 2/ 3) et Γi le cercle C(Mi , 2/ 3). On note Q le
carré Q(a + √23 − 1) ; le carré Q contient tous les disques ∆i , i ∈ I.
Pour certaines questions, il pourra être commode de calculer en termes de coordonnées dans
un repère orthonormé de E adapté à la situation.
50 Agrégation interne 2006, épreuve 1

1. Soient i et j deux indices distincts dans I. Démontrer que l’ensemble des points M de
E qui satisfont à l’inégalité d (Mi , M ) < d (Mj , M ) est un demi-plan ouvert, et préciser
quelle est la droite bordant ce demi-plan.
Pour i ∈ I, on note Vi l’ensemble des points M du disque ∆i qui satisfont aux inégalités
d (Mi , M ) < d (Mj , M ) pour tout indice j ∈ I distinct de i.
2. Démontrer que Vi est une partie ouverte de ∆i contenant Di .
Dans la partie VI qui termine ce problème, on démontrera, pour tout i ∈ I, l’inégalité
π
s (Di ) ≤ √ s (Vi ) .
2 3
¡S ¢ √ ¡ ¢
3. Admettant cela, prouver que l’on a s i∈I Di ≤ (π/2 3)s Q .

4. En déduire que δ vaut 2/ 3.

VI. Démonstration d’une inégalité

On garde les notations de la partie précédente, mais on fixe l’indice i ∈ I. On note I(i)
l’ensemble des indices j ∈ I, distincts de i, tels que ∆i ∩ ∆j ne soit pas vide.
1. Soit j ∈ I(i). Démontrer que les cercles Γi et Γj se coupent en deux points qui ne sont
pas alignés avec Mi .
Pour j ∈ I(i), on note Aj et Bj ces deux points d’intersection. On note Tj l’intérieur du
triangle Mi Aj Bj , c’est-à-dire l’ensemble des barycentres à coefficients strictement positifs
de Mi , Aj , Bj .
Pour un point M de ∆i distinct de Mi , on note p(M ) l’unique point de Γi situé sur la
demi-droite d’origine Mi qui contient le point M .
2. Démontrer que, pour tout j ∈ I(i), on a p(Tj ) = ∆j ∩ Γi .
3. Soient j et k deux indices distincts dans I(i). Démontrer que les ensembles p(Tj ) et p(Tk )
sont disjoints [utiliser la partie IV]. En déduire que les ensembles Tj et Tk sont disjoints.
4. Soit j ∈ I(i) et soit M un point de ∆i distinct de Mi . Prouver que, si l’on a d (Mi , M ) ≥
d (Mj , M ), alors le point p(M ) appartient à ∆j ∩ Γi .
5. Pour j ∈ I(i), démontrer que l’ensemble Tj est formé des points de l’ensemble Vi (défini
dans la partie V), distincts de Mi , et dont l’image par p appartient à ∆j ∩ Γi .
6. On note Wi l’ensemble des points de Vi qui n’appartiennent à aucun des Tj , j ∈ I(i).
Démontrer l’égalité s (Wi ∩ Di ) = 3s (Wi ) /4.
7. Dans cette question, on pourra utiliser les formules usuelles donnant l’aire d’un triangle ;
on pourra aussi utiliser qu’un secteur circulaire de sommet M du disque D(M ), dont
l’angle a pour mesure α (0 ≤ α ≤ 2π) a une aire égale à α/2.
Démontrer que, pour j ∈ I(i), on a
π
s (Tj ∩ Di ) ≤ √ s (Tj )
2 3
[on pourra noter 2l la distance d(Mi , Mj ) et 2β la mesure de l’angle en Mi du triangle
Mi Aj Bj ].

8. Démontrer enfin l’inégalité s (Di ) ≤ (π/2 3)s (Vi ).
10

Agrégation interne 2006, épreuve 2

Ce problème présente des techniques permettant d’étudier les solutions d’équations différen-
tielles en général non linéaires, sans connaître explicitement ces solutions. Par conséquent, on
ne cherchera pas à résoudre les équations différentielles qui apparaîtront au fil de l’épreuve, sauf
si cela est demandé.
Rappelons que, dans le cas d’une équation différentielle non linéaire, l’intervalle de définition
d’une solution est lui aussi inconnu.

Définitions et notations

Pour tout entier m > 0, on munit l’espace vectoriel Rm du produit scalaire usuel :
X
hx, yi = xi yi
1≤i≤m

la norme associée est notée kxk ; on note Bf (x0 , R) la boule fermée de centre x0 ∈ Rm et de
rayon R.
Soit U une partie ouverte de R × Rm et f une application de U dans Rm . On dit que
l’application u : I → Rm est une solution de l’équation différentielle :

x0 = f (t, x) ((E))

si :
a) I est un intervalle non trivial (ni vide, ni réduit à un point) de la droite réelle R,
b) u est une application dérivable de I dans Rm ,
c) pour tout t ∈ I, on a (t, u (t)) ∈ U et u0 (t) = f (t, u (t)) .
Soient u1 : I1 → Rm et u2 : I2 → Rm deux solutions de (E) ; on dit que u1 est une restriction
de u2 si I1 ⊂ I2 et si, pour tout t ∈ I1 , on a u1 (t) = u2 (t) . On dit aussi que u2 est un
prolongement de u1 ; ou encore que u2 prolonge u1 .
Une solution de (E) est dite maximale si elle n’admet pas d’autre prolongement qu’elle
même.
De manière générale C n (X, Y ) désigne l’ensemble des applications de X dans Y de classe
n
C , lorsque cela a un sens.
On dit que l’application f est localement lipschitzienne en x si, pour tout point (t0 , x0 ) de
U, il existe deux nombres réels ε et k tous deux > 0 et tels que :
a) l’ensemble C = [t0 − ε, t0 + ε] × Bf (x0 , ε) soit inclus dans U,

51
52 Agrégation interne 2006, épreuve 2

b) si (t, x1 ) et (t, x2 ) sont deux points de C, on ait

kf (t, x1 ) − f (t, x2 )k ≤ k kx1 − x2 k .

On rappelle qu’une fonction f ∈ C n (U, Rm ) est localement lipschitzienne en x.


Les deux premières parties n’utilisent pas le théorème de Cauchy-Lipschitz, contrairement
aux autres parties. L’énoncé de ce théorème est donné au début de la troisième partie.

Partie I

Soit q un nombre réel ≥ 0 et soit u une application dérivable de R dans R2 ; pour t ∈ R, on


écrit u (t) = (u1 (t) , u2 (t)) . On suppose que la fonction u satisfait, sur R, aux égalités :
½ 0
u1 = u 2 ,
u02 = −u1 − qu31 .

L’existence d’une telle application u est admise ici.


1. Démontrer que u est solution d’une équattion différentielle du type (E) en précisant bien
quelle est l’application f.
2. Pour q = 0, déterminer l’application u et démontrer que l’image de l’arc t 7→ u (t) est un
cercle. Représenter ceci sur un dessin, en n’oubliant pas de mentionner le sens de parcours.
3. Supposons q > 0.
(a) Démontrer qu’il existe un réel p tel que l’image de u soit incluse dans la courbe
n q o
Cp = (x1 , x2 ) ∈ R2 | x21 + x41 + x22 = p .
2
(b) Démontrer que p ≥ 0. Que dire si p = 0 ?
On suppose désormais p > 0.
(c) Représenter sommairement la courbe Cp dans un repère orthonormé du plan. Les
tangentes aux points où la courbe Cp coupe les axes du repère doivent apparaître
sur le dessin.
(d) Montrer qu’il existe deux fonctions ρ, θ ∈ C 1 (R, R) , avec ρ > 0, telles que pour tout
t ∈ R, on ait :

u1 (t) = ρ (t) cos (θ (t)) et u2 (t) = ρ (t) sin (θ (t)) .

(e) Calculer θ0 (t) en fonction de ρ et θ et en déduire que la trajectoire de u est exactement


la courbe Cp .

Partie II : Barrières

Dans cette partie, on considère une partie ouverte U de R2 et une fonction f ∈ C 0 (U, R)
localement lipschitzienne en x. On note toujours (E) l’équation différentielle x0 = f (t, x) .
1. Soient a, b et K des nombres réels, avec a < b, et h : [a, b] → R une fonction dérivable
satisfaisant à h (a) = 0 et h0 ≤ Kh. Démontrer que h ≤ 0 [on pourra par exemple chercher
une fonction ϕ telle que (h0 − Kh) ϕ soit la dérivée d’une fonction simple].
53

2. Lemme de la barrière inférieure. On suppose I est un intervalle réel non trivial et α : I → R


une application dérivable telle que, pour tout t ∈ I, le point (t, α (t)) appartienne à U et
que l’on ait l’inégalité :
α0 (t) ≤ f (t, α (t)) .
On dit alors que α est une barrière inférieure de l’équation (E) sur l’intervalle I.
Soit u : J → R une solution de (E) et t0 ∈ I ∩ J. On suppose que α (t0 ) ≤ u (t0 ) et on
veut démontrer que α (t) ≤ u (t) pour t ≥ t0 , t ∈ I ∩ J. On procède par l’absurde et on
suppose que cela est faux.
(a) Démontrer qu’il existe t∗ et t1 dans I ∩ J tels que t0 ≤ t1 < t∗ et que l’on ait :

u (t1 ) = α (t1 ) et u (t) < α (t) pour t1 < t ≤ t∗ .

(b) Établir l’existence de t2 ∈ ]t1 , t∗ ] et d’un nombre réel C ≥ 0 tels que, pour tout
t ∈ [t1 , t2 ] on ait :

|f (t, α (t)) − f (t, u (t))| ≤ C |α (t) − u (t)| .

(c) En déduire que l’on a α0 − u0 ≤ C (α − u) sur [t1 , t2 ] . Trouver alors une contradiction
et conclure.
3. Exemple. Prenons dans cette question U = R2 et f (t, x) = x2 + sin2 (tx) .
1
(a) Vérifier que, pour λ ∈ R, l’application α de ]−∞, λ[ dans R définie par α (t) =
λ−t
est une barrière inférieure de (E) .
(b) En déduire que si, u : I → R une solution de (E) et s’il existe un nombre réel t0 tel
que u (t0 ) > 0, alors l’intervalle I est majoré.
4. De façon analogue, énoncer et démontrer le lemme de la barrière supérieure.
5. Unicité.
(a) Déduire des résultats précédents que si, u1 : J1 → R et u2 : J2 → R sont deux
solutions de (E) et s’il existe un nombre réel t0 ∈ J1 ∩ J2 tel que u1 (t0 ) = u2 (t0 ) ,
alors u1 (t) = u2 (t) pour tout t ∈ J1 ∩ J2 .
(b) Nous allons démontrer par un exemple que l’unicité est fausse lorsqu’on ne suppose
plus la fonction f localement lipschitzienne en x.pPosons U = R2 et prenons pour f
l’application de R2 dans R définie par f (t, x) = |x|.
i. Prouver que la fonction f est continue. Est-elle localement lipschitzienne ?
ii. Décrire toutes les solutions positives de (E) .
iii. Raccorder de telles solutions avec la fonction nulle pour construire deux solutions
de (E) qui coïncident en un point mais pas en tout point.

Partie III : Entonnoirs et anti-entonnoirs

Dans la suite du problème, on admet le théorème de Cauchy-Lipschitz :


Soient U une partie ouverte de R × Rm et f ∈ C 0 (U, Rm ) une fonction localement lipschit-
zienne en x. Soit (t0 , x0 ) un point de U ; alors :
a) l’équation différentielle (E) admet une solution maximale unique u : I → Rm satisfaisant
à u (t0 ) = x0 ;
54 Agrégation interne 2006, épreuve 2

b) son ensemble de départ I est un intervalle ouvert de R ;


c) toute solution v de (E) telle que v (t0 ) = x0 est une restriction de u.
Dans cette partie, on prend m = 1 et on prend pour U le produit ]a, b[ × ]c, d[ , où a, b, c, d
désignent des nombres réels, ou +∞, ou −∞, et satisfont à a < b et c < d. Soit f ∈ C 0 (U, R)
une fonction localement lipschitzienne en x. On note toujours (E) l’équation différentielle x0 =
f (t, x) .
1. Soient p et q des nombres réels tels que p < q et soit g : ]p, q[ → R une fonction dérivable
dont la dérivée est bornée. Démontrer que la fonction g admet une limite finie en q.
2. Théorème de l’entonnoir.
Soit I ⊂ ]a, b[ un intervalle non trivial et soient α, β : I → ]c, d[ des applications dérivables
telles que, pour tout t ∈ I, on ait :

α (t) ≤ β (t) , α0 (t) ≤ f (t, α (t)) et f (t, β (t)) ≤ β 0 (t) .

Dans cette situation, on dit que l’ensemble :

∆ = {(t, x) | t ∈ I et α (t) ≤ x ≤ β (t)}

est un entonnoir de (E) sur l’intervalle I. Nous allons établir que les solutions qui entrent
dans un entonnoir s’y trouvent piégées.
Soit u : J → R une solution maximale de (E) et soit t0 un point de J tel que (t0 , u (t0 ))
appartienne à l’ensemble ∆.
(a) Démontrer que (t, u (t)) appartient à ∆ pour tout t ≥ t0 appartenant à I ∩ J.
(b) Démontrer que I ∩ [t0 , +∞[ est contenu dans J.
3. Exemple. On prend U = R2 . On pose :

f (t, x) = t − x + g (t, x) ,

où g ∈ C 1 (U, R) est une fonction qui satisfait à :


½
g (t, x) ≥ 1 pour x < t,
g (t, x) ≤ 1 pour t < x.

(a) Démontrer que, pour tout réel λ > 0, les fonctions α et β définies par α (t) = t−λe−t
et β (t) = t + λe−t , définissent un entonnoir sur R.
(b) En déduire que toute solution maximale de (E) est définie sur un intervalle non
majoré et admet une asymptote en +∞.
Voici une nouvelle définition. Soit I ⊂ ]a, b[ un intervalle non trivial et soient α, β : I →
]c, d[ des applications dérivables telles que, pour tout t ∈ I, on ait :

β (t) ≤ α (t) , α0 (t) ≤ f (t, α (t)) et f (t, β (t)) ≤ β 0 (t) .

L’ensemble :
∆ = {(t, x) | t ∈ I et β (t) ≤ x ≤ α (t)}
est appelé un anti-entonnoir de l’équation (E) sur l’intervalle I.
55

4. Un résultat d’unicité. On se donne un tel anti-entonnoir A, en supposant de plus que


l’extrémité droite de l’intervalle I est le point b, que α (t) − β (t) → 0 quand t → b avec
∂f
t < b, et enfin que la fonction f admet une dérivée partielle positive ou nulle sur A.
∂x
Démontrer qu’il existe au plus une solution u de (E) sur I telle que (t, u (t)) appartienne
à l’ensemble A pour tout t ∈ I.
5. Un résultat d’existence. Dans cette question, A est un anti-entonnoir sur I, comme ci-
dessus par des fonctions α et β, et on suppose que l’extrémité droite de l’intervalle I est
le point b. Nous allons établir l’existence d’une solution u de (E) sur I telle que (t, u (t))
appartienne à l’ensemble A pour tout t ∈ I. Pour cela considérons une suite strictement
croissante (tn )n≥0 d’éléments de I ayant pour limite b.
(a) Pour toute application u de J dans R, on note −J l’intervalle constitué des nombres
réels t tels que −t ∈ J et on définit l’application u b : −J → R par la formule
u
b (t) = u (−t) . Démontrer que³ u´ est solution de (E) si, et seulement si, u
b est solution
b 0 b b
d’une équation différentielle E x = f (t, x) où f est une fonction que l’on précisera.
³ ´
b
(b) Vérifier que β et αb définissent un entonnoir de l’équation E b sur l’intervalle −I.

(c) Déduire de l’étude des entonnoirs l’existence, pour chaque entier n ≥ 1, de deux
solutions un , vn de (E) , définies sur [t0 , tn ] telles que :

un (tn ) = α (tn ) et vn (tn ) = β (tn ) .

(d) Prouver que la suite (un (t0 ))n≥1 est décroissante, que la suite (vn (t0 ))n≥1 est crois-
sante et que l’on a vn (t0 ) ≤ un (t0 ) pour tout n ≥ 1.
(e) En déduire l’existence d’un nombre réels x0 tel que vn (t0 ) ≤ x0 ≤ un (t0 ) pour tout
n ≥ 1.
(f) Considérer l’unique solution maximale u de (E) telle que u (t0 ) = x0 et prouver
l’existence annoncée.

Partie IV : Périodicité

Pour T ∈ ]0, +∞[ , on dit qu’une application h : R → Rm est T -périodique si, pour tout
t ∈ R, on a h (t + T ) = h (t) .
Dans cette partie, on prend U = R×]c, d[ et on suppose l’application f ∈ C 0 (U, R) localement
lipschitzienne en x. De plus, on suppose que l’on a :

∀ (t, x) ∈ U, f (t, x) = f (t + T, x)

où T est un nombre réel > 0 donné.


1. Donner un exemple très simple d’une telle fonction f pour laquelle aucune solution de
(E) n’est périodique.
2. Soit u : J → R une solution maximale de l’équation différentielle (E) .
(a) Vérifier que l’application v définie par v (t) = u (t + T ) est aussi solution de (E) sur
un intervalle à préciser.
(b) En déduire que, s’il existe un nombre réel t0 ∈ J tel que t0 + T ∈ J et u (t0 + T ) =
u (t0 ) , alors u est T -périodique et J = R.
56 Agrégation interne 2006, épreuve 2

Définissons une application P (« une période plus tard ») de la façon suivante : pour
chaque z ∈ ]c, d[ , notons γz : Iz → R l’unique solution maximale de (E) telle que
γz (0) = z. On pose :
D = {z ∈ ]c, d[ | T ∈ Iz }
et on note P l’application de D dans R définie par P (z) = γz (T ) .
3. Démontrer que, pour z ∈ ]c, d[ , la solution γz est T -périodique si, et seulement si, z ∈ D
et P (z) = z.
4. Démontrer que :
(a) l’ensemble D est un intervalle de R,
(b) l’application P est strictement croissante,
(c) l’ensemble P (D) = {P (z) | z ∈ D} est un intervalle de R,
(d) L’application P est continue.
5. Exemple : prenons f (t, x) = sin (t) + 2 cos (x) et T = 2π. Posons u = γ0 et v = γ−π .
(a) Établir que les applications u et v sont bien définies sur [0, 2π] (on pourra construire
un entonnoir à l’aide des fonctions du type t 7→ ±3t + λ).
(b) Vérifier que la fonction nulle est une barrière inférieure de (E) sur [0, 2π] ; en déduire
que u (2π) ≥ 0. Démontrer par un raisonnement similaire que v (2π) ≤ −π.
(c) Démontrer qu’il existe z ∈ [−π, 0] tel que P (z) = z.
(d) En déduire que (E) admet au moins une solution 2π-périodique.
(e) Démontrer que (E) admet une infinité de solutions 2π-périodiques.

Partie V : Applications

Soient a1 et a2 des nombres réels tels que 0 < a1 < a2 et soit f ∈ C 1 (R2 , R2 ) . Pour
x = (x1 , x2 ) dans R2 , on écrit f (x) = (f1 (x) , f2 (x)) . On note B l’ensemble des points (x1 , x2 )
de R2 tels que x1 = ρ cos (θ) , x2 = ρ sin (θ) , avec θ ∈ R et ρ ∈ [a1 , a2 ] .
On fait en outre les hypothèses suivantes :
(H1 ) pour x appartenant à la frontière de B dans R2 , f (x) pointe vers l’extérieur de B, ce qui
signifie que, pour tout nombre réel θ, le produit scalaire hf (ai cos (θ) , ai sin (θ)) , (cos (θ) , sin (θ))i
est positif ou nul pour i = 1, négatif ou nul pour i = 2 ;
(H2 ) le produit scalaire hf (x1 , x2 ) , (−x2 , x1 )i ne s’annule pas sur B.
Le but de cette partie est d’établir l’existence d’une solution périodique non constante, à
valeurs dans B, de l’équation différentielle (E) x0 = f (x) .
1. Montrer que l’on peut se ramener au cas où la condition suivante est réalisée :
(H3 ) le produit scalaire hf (x1 , x2 ) , (−x2 , x1 )i est > 0 pour tout x ∈ B.
On suppose désormais que la condition (H3 ) est réalisée.
2. Soit I un intervalle non trivial de R et soient θ → R et h : R → ]0, +∞[ deux applications
dérivables. Pour t ∈ I, on pose :
u1 (t) = h (θ (t)) cos (θ (t)) , u2 (t) = h (θ (t)) sin (θ (t))
et on note u l’application de I dans R2 définie par u (t) = (u1 (t) , u2 (t)) .
Démontrer que u est solution de (E) si, et seulement si, l’on a, pour tout x ∈ I :
½ 0
h (θ (t)) θ0 (t) = g1 (θ (t) , h (t))
θ0 (t) = g2 (θ (t) , h (θ (t)))
où g1 et g2 sont deux applications de R × ]0, +∞[ dans R que l’on précisera.
57

3. Prouver qu’il existe des nombres réels b1 et b2 , avec 0 < b1 < a1 < a2 < b2 , tels que la
fonction g2 soit > 0 sur R × ]b1 , b2 [ .
4. Pour (θ, ρ) ∈ R × ]b1 , b2 [ , on pose :

g1 (θ, ρ)
G (θ, ρ) = .
g2 (θ, ρ)

On considère l’équation différentielle (E 0 ) ρ0 = G (θ, ρ) . Puisque l’application G est de


classe C 1 et 2π-périodique en θ, on peut appliquer la partie IV avec T = 2π. On continue
de noter P l’application « une période plus tard ».
(a) Démontrer que [0, 2π] × [a1 , a2 ] est un entonnoir de (E 0 ) .
(b) Démontrer que P ([a1 , a2 ]) est contenu dans [a1 , a2 ] .
(c) En déduire que l’application P admet au moins un point fixe dans [a1 , a2 ] , puis que
l’équation (E 0 ) admet au moins une solution 2π-périodique h : R → [a1 , a2 ] .
Désormais, on prend pour fonction h : R → [a1 , a2 ] une solution 2π-périodique de (E 0 ) .
5. Pour θ ∈ R, on pose ψ (θ) = g2 (θ, h (θ)) .
(a) Prouver que la fonction reste encadrée par deux nombres réels > 0.
(b) En déduire que les solutions maximales de l’équation différentielle (E 00 ) θ0 = ψ (θ)
sont toutes des bijections de R sur R.
6. Conclure.
58 Agrégation interne 2006, épreuve 2
11

Agrégation interne 2007, épreuve 1

Introduction et notations

On désigne par Z, Q, R, C l’anneau des nombres entiers relatifs, le corps des nombres
rationnels, le corps des nombres réels et le corps des nombres complexes.
Soit A un anneau commutatif intègre. On dit que deux éléments α et β de A sont premiers
entre eux s’ils n’ont pas d’autre diviseur commun que les éléments inversibles de A. Soit α un
élément non nul, et non inversible de A ; on dit que α est un élément irréductible de A si une
égalité α = βγ dans A implique que β ou γ est inversible dans A.
Rappelons que dans un anneau principal A, si un élément irréductible divise un produit,
il divise un facteur. De plus, tout élément non nul et non inversible a de A est produit d’élé-
ments irréductibles. L’écriture de a comme produit d’éléments irréductibles de A a la propriété
suivante : si a = p1 p2 · · · pn et a = q1 q2 · · · qm sont deux écritures de a comme produit d’élé-
ments irréductibles de A, alors m = n et il existe une permutation σ de l’ensemble des entiers
{1, · · · , n}, et des éléments inversibles εi , 1 ≤ i ≤ n, de A tels que l’on ait qi = εi pσ(i) pour
1 ≤ i ≤ n.
L’objectif de ce problème est d’étudier les solutions entières de quelques équations algé-
briques.

– I – La relation a2 + b2 = c2

1. SoithM =i (x, y) un point de R2 . On suppose que l’on a x2 + y 2 = 1, x ≥ 0, y ≥ 0. Soit


π
θ ∈ 0, le nombre réel tel que :
2
x = cos θ, y = sin θ.
µ ¶
θ
On pose t = tan .
2
(a) Exprimer x et y en fonction de t. En déduire que, si t est un nombre rationnel, x et
y sont aussi des nombres rationnels.
(b) Inversement, démontrer que, si x et y sont des nombres rationnels, t est aussi un
nombre rationnel.
a b
2. Soient a, b, c des nombres entiers > 0 et tels que a2 + b2 = c2 . On pose x = , y = ; les
c c
nombres x et y sont rationnels et satisfont à l’égalité x2 + y 2 = 1. Soit t le nombre défini
dans la question I.1. Le nombre t est rationnel et l’on a 0 < t < 1.

59
60 Agrégation interne 2007, épreuve 1

v
(a) On pose t = , où u et v sont des nombres entiers positifs, premiers entre eux.
u
a b
Exprimer et en fonction de u et v.
c c
(b) Supposons que u et v aient des parités différentes. Démontrer que les nombres 2uv,
u2 + v 2 , u2 − v 2 sont premiers entre eux deux à deux.
(c) En déduire qu’il existe dans ce cas un entier w tel que :
¡ ¢ ¡ ¢
a = u2 − v 2 w, b = 2uvw, c = u2 + v 2 w.

(d) Supposons maintenant que les nombres u et v soient tous deux impairs. Démontrer
qu’il existe alors un entier w tel que :
u2 − v 2 u2 + v 2
a= w, b = uvw, c = w.
2 2
(e) En déduire qu’il existe dans ce cas des entiers u0 et v 0 , premiers entre eux et de
parités distinctes, tels que l’on ait :
a = 2u0 v 0 w, b = (u02 − v 02 )w, c = (u02 + v 02 )w.

3. Soient a, b, c des nombres entiers > 0 et tels que a2 + b2 = c2 .


(a) Démontrer que si les nombres a, b, c sont premiers entre eux dans leur ensemble, ils
sont premiers entre eux deux à deux.
(b) Supposons dans la suite que a et b sont premiers entre eux. Démontrer que a et b ne
peuvent avoir la même parité.
(c) Supposons toujours a et b premiers entre eux et supposons que b est pair. Démontrer
qu’il existe des nombres entiers u et v strictement positifs, premiers entre eux et de
parités distinctes, satisfaisant aux relations :
a = u2 − v 2 , b = 2uv, c = u2 + v 2 .

4. Dans cette question, on suppose donnés trois nombres entiers a, b, c strictement positifs,
premiers entre eux deux à deux et tels que :
a 4 + b4 = c2 .
Compte tenu de la question précédente, a et b ont des parités distinctes. De plus, en
supposant que b est pair, il existe des nombres entiers u et v, strictement positifs, premiers
entre eux et de parités distinctes, tels que :
a2 = u2 − v 2 , b2 = 2uv, c = u2 + v 2 .
(a) Démontrer que v est pair.
(b) Démontrer l’existence de deux entiers x et y, strictement positifs, premiers entre eux,
tels que u = x2 et v = 2y 2 .
2
(c) Établir la relation a2 + (2y 2 ) = x4 . En déduire l’existence de deux nombres entiers
s et t strictement positifs, premiers entre eux, tels que y 2 = st et x2 = s2 + t2 .
(d) Démontrer que s et t sont les carrés de nombres entiers > 0, s = m2 , t = n2 .
(e) Vérifier que l’on a m4 + n4 = x2 et 0 < x < c.
(f) En utilisant les résultats précédents, donner une démonstration de l’impossibilité de
trouver trois nombres entiers a, b, c strictement positifs, tels que a4 + b4 = c2 .
61
£√ ¤
– II – L’anneau Z i 2

£√ ¤ √
On note Z i 2 l’ensemble des nombres complexes a + ib 2, où a ∈ Z et b ∈ Z. Pour
tout nombre complexe z, on pose N (z) = zz = |z|2 . Pour tous z et z 0 ∈ C, on a N (zz 0 ) =
N (z) N (z 0 ) .
£√ ¤
1. Démontrer que Z i 2 est un sous-anneau de C, commutatif et intègre.
2.
£√ ¤
(a) Vérifier que pour tout élément α de Z i 2 , le nombre N (α) est entier.
£√ ¤
(b) Démontrer que les éléments inversibles de l’anneau Z i 2 sont les éléments α tels
que N (α) = 1.
£√ ¤
(c) Déterminer les éléments inversibles de l’anneau Z i 2 .
£√ ¤
3. Étant donnés deux éléments α et β, β 6= 0, de Z i 2 , démontrer qu’il existe γ et
£√ ¤
δ ∈ Z i 2 tels que :
α = βγ + δ et |δ| < |β| .
¯ ¯
£√ ¤ ¯ α ¯
[On pourra prouver l’existence de γ ∈ Z i 2 tel que ¯¯γ − ¯¯ < 1].
β
£√ ¤
4. Démontrer que l’anneau Z i 2 est principal.
£√ ¤
5. Déterminer les diviseurs irréductibles de 2 dans Z i 2 .

– III – Somme et différence de deux carrés

Dans cette partie on utilise les résultats de la deuxième partie.


1. Soient m et n des entiers > 0 et premiers entre eux dans Z. On suppose que m2 + n2 et
m2 − n2 sont des carrés dans Z. Soient p et q des entiers ≥ 0 tels que :

m2 + n2 = p2 , m2 − n2 = q 2 .

On a donc :
2m2 = p2 + q 2 , 2n2 = p2 − q 2 .
(a) En utilisant la question I.3. démontrer que les parités de m et n sont distinctes et
que p et q sont des nombres impairs.
(b) Démontrer que q et n sont premiers entre eux.
(c) Démontrer que n est pair et que m est impair.
£√ ¤ √ √
2. Dans l’anneau Z i 2 , on a p2 = (q + in 2)(q − in 2). Dans cette question, on va
£√ ¤
démontrer que les deux facteurs sont premiers entre eux dans Z i 2 . Pour cela, on
£√ ¤
raisonne par l’absurde en supposant qu’un élément irréductible π de Z i 2 divise les
deux facteurs.

(a) Démontrer que π divise 2q et 2in 2.
£√ ¤
(b) Démontrer que π ne peut être un diviseur commun à q et n dans Z i 2 .
£√ ¤
(c) Démontrer que π ne divise pas 2 dans Z i 2 . [On pourra utiliser la connaissance
des diviseurs irréductibles de 2, question II.5.].
62 Agrégation interne 2007, épreuve 1

(d) Conclure.
3.
√ √
(a) Déduire
£ √ ¤ de la question précédente que 0 q + in 2 ou q − in 2 est un carré dans
0
Z i 2 . Dans le premier cas, on pose q = q, dans le deuxième, on pose q = −q.
√ √
(b) On pose q 0 + in 2 = (f + ig 2)2 , où f et g appartiennent à Z. Démontrer que les
entiers f et g sont premiers entre eux dans Z et que f est impair.
(c) En remarquant que m2 = q 2 + n2 = f 4 + 4g 4 , et en utilisant la question I.3. dé-
montrer l’existence de nombres entiers u et v, positifs, premiers entre eux, de parités
distinctes, tels que :

f 2 = u2 − v 2 , g 2 = uv et m = u2 + v 2

(d) Démontrer que u et v sont des carrés dans Z.


(e) Démontrer que u + v et u − v sont premiers entre eux dans Z.
(f) En posant u = a2 et v = b2 , en déduire que a2 + b2 et a2 − b2 sont des carrés dans Z.
(g) Démontrer l’inégalité a2 + b2 < m2 + n2 .
(h) En utilisant ce qui précède, démontrer que la somme et la différence de deux carrés
6= 0 ne peuvent être toutes deux des carrés dans Z.
4. Soit ABC un triangle rectangle en A dans un plan affine euclidien. On suppose que les
longueurs de ses trois côtés sont des nombres entiers. Démontrer que l’aire du triangle
ABC ne peut être égale au carré d’un nombre entier.
5. Démontrer que l’équation x4 − y 4 = z 2 n’a pas de solution en nombres entiers tous 6= 0.

– IV – La relation x3 − y 2 = 2

On considère, dans le plan R2 , la courbe C d’équation x3 − y 2 = 2.


1.
(a) Soit M0 = (x0 , y0 ) un point de C. Écrire des équations paramétriques de la tangente
T0 à C au point M0 .
(b) Déterminer les coordonnées des points communs à T0 et à C.
(c) Déterminer les points d’inflexion de la courbe C.
(d) Déterminer les symétries éventuelles de C, ses branches à l’infini et les points d’in-
tersection avec les axes de coordonnées.
(e) Dessiner la courbe C dans la bande 0 ≤ x ≤ 4 (prendre pour unité le centimètre, ou
deux carreaux si la copie est quadrillée).
2. Déterminer les points à coordonnées entières de C situés dans la bande 0 ≤ x ≤ 4.
3. On se propose de démontrer que les points trouvés dans la question IV.2. sont les£ seuls
√ ¤
points à coordonnées entières de la courbe C. Pour cela, on raisonne dans l’anneau Z i 2
introduit dans la partie II du problème.
On suppose que le point M, de coordonnées entières (x, y) appartient à la courbe C. On
a donc : √ √
x3 = (y − i 2)(y + i 2).
63
£√ ¤
(a) Démontrer que les deux facteurs sont premiers entre eux dans Z i 2 . [Procéder
comme dans la question III.2.].
√ £√ ¤
(b) En déduire que y + i 2 est un cube dans Z i 2 .
√ √
(c) En écrivant y +i 2 = (a+ib 2)3 , discuter les valeurs possibles de a et b et conclure.
4. Soit P0 l’un des points à coordonnées entières de la courbe C. On note P1 le point où la
tangente en P0 à la courbe C recoupe la courbe C. Puis, pour tout entier n ≥ 1, on note
Pn+1 le point où la tangente en Pn à la courbe C recoupe la courbe C.
(a) Démontrer que les coordonnées xn , yn des points Pn sont rationnelles.
(b) Démontrer que les points Pn sont tous distincts, de sorte que la courbe C possède une
infinité de points à coordonnées rationnelles. [Pour cela, on pourra étudier l’exposant
du facteur 2 dans la factorisation de l’un des nombres rationnels xn ou yn .]

– V – L’équation x3 + y 3 = z 3

1 √
On note j le nombre complexe j = (−1 + i 3).
2
On note Z [j] l’ensemble des nombres complexes a + jb, où a et b appartiennent à Z. On note
π l’élément 1 − j de Z [j] .
1.
(a) Démontrer que Z [j] est un sous-anneau de C, commutatif et intègre.
(b) Démontrer que, pour tout élément α de Z [j] , le nombre N (α) est entier.
(c) Déterminer les éléments inversibles de Z [j] .
(d) Indiquer comment démontrer que Z [j] est un anneau principal.
(e) Démontrer que l’élément π = 1 − j est irréductible dans Z [j] .
2. Soit α un élément de Z [j] . Démontrer que deux cas seulement peuvent se présenter :
– ou bien π divise α,
– ou bien l’on a α3 ≡ ±1 (π 4 ) .
[On utilisera la division euclidienne de α par π et on pourra s’aider d’un dessin.]
3. Soient α, β et γ des éléments de Z [j] tels que :

α3 + β 3 + γ 3 = 0.

Démontrer que π divise l’un des éléments α, β ou γ.


4. Soient maintenant α, β, γ et ε des éléments de Z [j] .On suppose que ε est inversible, que
α, β et γ sont premiers entre eux deux à deux dans Z [j] et que π divise γ. On suppose
enfin satisfaite l’égalité :
α3 + β 3 + εγ 3 = 0.
(a) Démontrer que π 2 divise γ.
(b) On définit l’entier n en supposant que π n divise γ mais que π n+1 ne divise pas γ. On
a donc n ≥ 2 d’après a. En écrivant l’égalité :

−εγ 3 = (α + β)(α + jβ)(α + j 2 β),

démontrer que π divise les trois facteurs, mais qu’un seul est divisible par π 2 .
64 Agrégation interne 2007, épreuve 1

(c) Démontrer que π est un pgcd des trois facteurs.


(d) En déduire qu’il existe des éléments λ, µ, ν de Z [j] , premiers entre eux deux à deux,
non divisibles par π, et des éléments inversibles ε1 , ε2 , ε3 tels que l’on ait :

α + β 0 = ε1 πλ3 , α + jβ 0 = ε2 πµ3 , α + j 2 β 0 = ε3 π 3n−2 ν 3 .

où β 0 désigne l’une des racines cubiques de β 3 , c’est-à-dire β, jβ ou j 2 β.


(e) En déduire qu’il existe des éléments inversibles η1 et η2 de Z [j] tels que l’on ait :

λ3 + η1 µ3 + η2 π 3n−3 ν 3 = 0.

(f) Démontrer l’égalité η1 = ±1.


5. En utilisant la question précédente, rédiger une démonstration du fait que 1’équation
x3 + y 3 = z 3 , où x, y, z sont tous 6= 0, n’a pas de solution dans Z.
12

Agrégation interne 2007, épreuve 2

Objectif et conventions

Le but de ce problème est de construire une fonction strictement croissante sur R, dérivable
et dont la dérivée s’annule en tout point d’un ensemble dense dans R. En fait, c’est la fonction
F réciproque de celle qui est construite.
On note R l’ensemble R ∪ {−∞, +∞} . Lorsque dans certaines conditions, une suite ou une
fonction tend vers +∞, on dit qu’elle a +∞ pour limite dans R. On fait la convention analogue
pour −∞.
Si A et B sont deux ensembles, on note A \ B l’ensemble des points de A qui n’appartiennent
pas à l’ensemble B.
Dans tous le problème, on désigne par f l’application de R dans R définie par f 3 (x) = x
1
pour tout x ∈ R. Autrement dit f (x) = x 3 .

– I – La fonction racine cubique


– A – Dérivées au sens généralisé

Soient I un intervalle ouvert de R et a un point de I. Soit g : I → R une fonction continue au


point a. On dit que la fonction g est dérivable au sens généralisé au point a lorsque le rapport
g (x) − g (a)
admet une limite ` dans R lorsque x tend vers a, avec x 6= a.
x−a
Même dans le cas d’une limite infinie, on écrit g 0 (x) = `.
1. Soient I et J deux intervalles ouverts de R et soit g une bijection croissante de I sur J. On
suppose que la fonction g est dérivable au sens généralisé en tout point de I. Démonter
que la fonction g −1 , réciproque de g, est dérivable au sens généralisé en tout point de J,
et que, pour tout a ∈ J, on a :
¡ ¢0 1
g −1 (a) = ,
g0 (g −1 (a))
1 1
avec les conventions = +∞ et = 0.
0 +∞
2. Soient I un intervalle ouvert de R et g : I → R une fonction continue.
(a) Soit c un point de I. On suppose que la fonction g est dérivable au sens généralisé
au point c et qu’elle admet un maximum local en c. Démontrer que l’on a g 0 (c) = 0.

65
66 Agrégation interne 2007, épreuve 2

(b) On suppose que la fonction g est dérivable au sens généralisé en tout point de l’in-
tervalle I. Soient a, b ∈ I tels que a < b. Démontrer qu’il existe c ∈ ]a, b[ tel que :
g (b) − g (a)
g 0 (c) =
b−a
[on pourra examiner dans un premier temps le cas où g (a) = g (b)].
3. Soient I un intervalle ouvert de R et g : I → R une fonction continue. Soit a un point de
I. On suppose que la fonction g est dérivable en tout point de I \ {a} , et que la fonction
x 7→ g 0 (x) admet une limite ` dans R lorsque x tend vers a, avec x 6= a.
(a) Soit x un point de I distinct de a ; posons Jx = ]a, x[ si x > a et Jx = ]x, a[ si x < a.
Démontrer que l’on a :
g (x) − g (a)
inf {g 0 (y) | y ∈ Jx } ≤ ≤ sup {g 0 (y) | y ∈ Jx }
x−a
(b) Démonter que la fonction g est dérivable au sens généralisé au point a et que l’on a
g 0 (a) = `.

– B – La fonction racine cubique

Rappelons que l’on désigne par f l’application de R dans R définie par f 3 (x) = x pour tout
x ∈ R.
1.
(a) Démonter que la fonction f est dérivable au sens généralisé en tout point de R et
que l’on a f 0 (0) = +∞.
(b) Soient s et t des nombres réels 6= 0. Démontrer l’équivalence :

f 0 (s) ≤ f 0 (t) ⇔ |s| ≥ |t| .

(c) Soit a un nombre réel > 0. Démontrer que la fonction définie sur R par x 7→
f (x + a) − f (x − a) atteint son maximum en 0.
(d) Démontrer que pour tous x, y ∈ R, on a :
¯ µ ¶¯
¯ x − y ¯¯
¯
|f (x) − f (y)| ≤ 2 ¯f
2 ¯.

(e) Démonter que la fonction f est uniformément continue sur R.


2.
(a) Démontrer que pour tous x, y ∈ R, on a :
3
x2 + xy + y 2 ≥ x2 .
4
(b) En déduire que, pour x et x0 ∈ R, tels que x 6= x0 et x0 6= 0, on a :
f (x) − f (x0 )
0≤ ≤ 4f 0 (x0 ) .
x − x0
67

– C – Construction d’une suite dense

Notons g la fonction définie sur R par g (t) = t cos (t) . Rappelons que l’on désigne par f
l’application de R dans R définie par f 3 (x) = x pour tout x ∈ R.
1.
(a) Démontrer que la fonction g ◦ f est dérivable au sens généralisé en tout point de R.
Étudier en particulier (g ◦ f )0 (0) .
(b) Démontrer que (g ◦ f )0 (x) tend vers 0 quand x tend vers +∞.
Dans les questions suivantes de cette partie, pour tout entier n ≥ 0, on pose :
1
³ 1´
an = g (f (n)) = n cos n 3 .
3

2. Soient x ∈ R et k ∈ N tels que kπ ≥ |x| .


(a) Démontrer qu’il existe un nombre réel y (k, x) dans l’intervalle [kπ, (k + 1) π[ tel que
g (y (k, x)) = x.
(b) On note nk la partie entière de y (k, x)3 . Démontrer que la suite (ank )k∈N a pour
limite x.
3. Démontrer que l’ensemble {an | n ∈ N} est dense dans R.
1
4. Pour tout entier n ≥ 0, on pose λn = 2 . Démontrer que les séries de terme général
n +1
λn et λn f (an ) sont convergentes.

– II – Construction de la fonction F

Dans cette partie, on se donne une suite (an )n∈N de nombres réels et une suite (λn )n∈N de
nombres réels strictement positifs. On suppose que les séries de terme général λn et λn f (an )
sont convergentes.
1.
(a) Démontrer que la série de fonctions, dont le terme général est la fonction x 7→
λn f (x − an ) , est uniformément convergente sur toute partie compacte de R.
Dans la suite de cette partie, on pose, pour tout x ∈ R :
+∞
X
F (x) = λn f (x − an ) .
n=0

(b) Démontrer que la fonction F est continue et strictement croissante,.


(c) Démontrer que :
pour tout x > a0 , on a F (x) − F (a0 ) ≥ λ0 f (x − a0 ) ,
pour tout x < a0 , on a F (x) − F (a0 ) ≤ λ0 f (x − a0 ) .
(d) En déduire les limites de la fonction F en +∞ et −∞.
(e) Démontrer que la fonction F est une bijection de R sur R.
Nous allons démontrer, dans la suite de cette partie, que la fonction F possède une dérivée
au sens généralisé en tout point de R.
68 Agrégation interne 2007, épreuve 2

2. Démontrer que, pour x et x0 ∈ R, tels que x 6= x0 , et pour tout entier n ∈ N, on a :


+∞
X f (x − ak ) − f (x0 − ak ) F (x) − F (x0 )
λk ≤ .
k=0
x − x0 x − x0

3. Démontrer que la fonction F est donc dérivable au sens généralisé en an et que l’on a
F 0 (an ) = +∞.
4. Soit x0 ∈ R. On suppose que x0 n’est égal à aucun des an , n ∈ N, mais que la série de
terme général λn f 0 (x0 − an ) est divergente.
(a) Soit n ∈ N. Démontrer qu’il existe un réel ε > 0 tel que, pour tout x ∈ R, si l’on a
0 < |x − x0 | < ε, alors on a :
n
X n
f (x − ak ) − f (x0 − ak ) X
1+ λk ≥ λk f 0 (x0 − ak ) .
k=0
x − x0 k=0

(b) En déduire que la fonction F est dérivable au sens généralisé en x0 et que l’on a
F 0 (x0 ) = +∞.
5. Soit x0 ∈ R. On suppose que x0 n’est égal à aucun des an , n ∈ N, et que la série de terme
général λn f 0 (x0 − an ) est convergente.
(a) Démontrer que, pour tout entier n ∈ N et pour tout x ∈ R tel que x 6= x0 , on a :
n +∞
F (x) − F (x0 ) X f (x − ak ) − f (x0 − ak ) X
≤ λk +4 λk f 0 (x0 − ak ) .
x − x0 k=0
x − x 0
k=n+1

(b) En déduire que la fonction F est dérivable au point x0 et que l’on a :


+∞
X
0
F (x0 ) = λk f 0 (x0 − ak ) .
k=0

6. Démontrer que la fonction F −1 , réciproque de F, est donc dérivable en tout point de R.

– III – Parties denses de R


– A – Intersections d’ensembles ouverts denses

Donnons nous,Tpour tout entier n ∈ N, un sous-ensemble ouvert Vn de R, dense dans R.


On pose B = Vn .
n∈N

1. Soit I un intervalle ouvert, non vide, de R.


(a) Démontrer qu’il existe des suites (un )n∈N et (vn )n∈N de nombres réels satisfaisant aux
conditions suivantes :
i. pour tout n ∈ N, on a un < vn ;
ii. [u0 , v0 ] ⊂ I ∩ V0 ;
iii. pour tout n ∈ N, on a [un+1 , vn+1 ] ⊂ ]un , vn [ ∩Vn+1 .
(b) Démontrer que l’ensemble I ∩ B n’est pas vide.
69

2. Démontrer que l’ensemble B est dense dans R.


3. Soit (xn )n∈N une suite de points de B. En considérant les ensembles ouverts Vn \ {xn } ,
démontrer que l’ensemble B 0 = B \ {xn | n ∈ N} est dense dans R.

– B – Parties de R contenant de « gros » ensembles compacts

1. Soient a et b ∈ R tels que a < b, et soit (cn )n∈N une suite de points de l’intervalle [a, b] .
On suppose que l’ensemble C = {cn | n ∈ N} est compact. Soit ε un nombre réel > 0 et
P
+∞
soit (αn )n∈N une suite de nombres réels strictement positifs telle que 2 αn ≤ ε.
n=0

(a) Pour tout entier k ∈ N, posons Ik = ]ck − αk , ck + αk [ . Démontrer qu’il existe un


Sn
entier n ∈ N tel que l’ensemble C soit contenu dans la réunion Ik .
k=0
(b) Démontrer qu’il existe une fonction continue g : [a, b] → [0, 1] telle que l’on ait :
g (x) = 1 pour tout x ∈ C ;
Sn
g (x) = 0 pour tout x ∈
/ Ik .
k=0
(c) Démontrer l’inégalité :
Z b
g (t) dt ≤ ε.
a

2. Soit A une parte de R. On suppose que, pour tous nombres réels a et b tels que a < b,
il existe une partie compacte C de R, contenu dans A ∩ [a, b] , et un nombre réel ε > 0
tels que pour toute fonction continue g : [a, b] → [0, 1] satisfaisant à g (x) = 1 pour tout
Z b
x ∈ C, on ait g (t) dt ≥ ε.
a

(a) Démontrer que, pour tous nombres réels a et b tels que a < b, l’ensemble A ∩ [a, b]
n’est pas dénombrable.
(b) Démontrer que l’ensemble A est dense dans R et que pour toute partie dénombrable
D de A, l’ensemble A \ D est encore dense dans R.

– IV – Les points de pente infinie de F

On reprend les notations de la partie II. On se donne une suite (an )n∈N de nombres réels
et une suite (λn )n∈N de nombres réels strictement positifs. On suppose que les séries de terme
général λn et λn f (an ) sont convergentes et l’on pose :
+∞
X
F (x) = λn f (x − an ) .
n=0

On suppose de plus, que l’ensemble D = {an | n ∈ N} est dense dans R.

– A – Densité de l’ensemble des points de pente infinie

1. Pour tout x ∈ R et T ∈ ]0, +∞[ , posons gT (x) = inf {T, f 0 (x)} .


70 Agrégation interne 2007, épreuve 2

P
+∞
(a) Soit T ∈ ]0, +∞[ . Démontrer que, pour tout x ∈ R, la série λn gT (x − an ) est
n=0
convergente.
P
+∞
(b) Pour x ∈ R, posons GT (x) = λn gT (x − an ) . Démontrer que la fonction GT est
n=0
continue sur R.
(c) Démontrer que, pour tout x ∈ R, on a F 0 (x) = sup {GT (x) | T ∈ ]0, +∞[} , où la
borne supérieure est prise dans R.
2. Soit M un nombre réel > 0. On pose UM = {x ∈ R | F 0 (x) > M } .
(a) Démontrer que l’ensemble UM est la réunion des ensembles {x ∈ R | GT (x) > M }
pour T ∈ ]0, +∞[ .
(b) Démontrer que l’ensemble UM est ouvert et dense dans R.
3. Soit A l’ensemble {x ∈ R | F 0 (x) = +∞} . Démontrer que l’ensemble A\D est dense dans
R.

– B – Densité de l’ensemble des points de pente finie

1. Soient a et b ∈ R et soit ε > 0 tels que a + ε < b. Soit M un nombre réel > 0 ; notons
C l’ensemble {x ∈ [a, b] | x ∈
/ UM } . Soit g : [a, b] → [0, 1] une fonction continue telle que
g (x) = 1 pour tout x ∈ C. Démontrer l’inégalité :
Z b
M g (t) dt + F (b) − F (a) ≥ M (b − a) .
a

2. Soit B l’ensemble {x ∈ R | F 0 (x) 6= +∞} . Démontrer que, pour toute partie dénombrable
N de R, l’ensemble B \ N est dense dans R.
13

Agrégation interne 2008, épreuve 1

Notations

On désigne par C le corps des nombres complexes.


Soit E un C-espace vectoriel de dimension finie. On désigne par E ∗ l’espace vectoriel dual
de E. On désigne par End (E) l’algèbre des endomorphismes de E et par GL (E) le groupe des
endomorphismes inversibles de E. On note 1E l’application identique de E.
Si u est un endomorphisme de E, on note t u l’endomorphisme de E ∗ transposé de u ; si X
est une partie de End (E) , on note t X l’ensemble des transposés des éléments de X.
Soit u une application linéaire d’un espace vectoriel E dans un espace vectoriel E et soit x
un vecteur de E. Pour alléger les notations, il nous arrivera d’écrire ux pour désigner l’image
u (x) du vecteur x par l’application u.
Soit n un entier ≥ 1 ; on désigne par Mn (C) l’algèbre des matrices carrées complexes à n
lignes et n colonnes. On note Ei,j la matrice de Mn (C) dont tous les coefficients sont nuls
excepté celui de la i-ème ligne et j-ème colonne qui est égal à 1. On note GL (n, C) le groupe
des matrices inversibles et 1n la matrice unité de Mn (C) .
Soient A et B deux C-algèbres possédant chacune un élément unité ; un morphisme unitaire
d’algèbres de A dans B est une application C-linéaire qui préserve les produits et les éléments
unités.
Les deux premières parties sont indépendantes. La sixième partie est indépendante des pré-
cédentes.

Partie I

1. Soit W un C-espace vectoriel de dimension finie. Soient p1 , · · · , pn des endomorphismes


de W. Pour i = 1, · · · , n, on note Wi l’image de pi . Démontrer que les conditions suivantes
sont équivalentes :
(i) L’espace vectoriel W est somme directe des sous-espaces Wi et, pour i = 1, · · · , n,
pi est le projecteur d’image Wi parallèlement à la somme directe des Wj , j 6= i.
(ii) Pour i = 1, · · · , n, on a p2i = pi ; pour j 6= i, on a pi pj = 0 ; et on a p1 + · · · + pn =1W .
2. Soit toujours W un C-espace vectoriel de dimension finie, soit n un entier ≥ 1 et soit
ρ : Mn (C) → End (W ) un morphisme unitaire d’algèbres.
(a) Pour i = 1, · · · , n, on note pi l’endomorphisme ρ (Ei,i ) . Démontrer que les endomor-
phismes pi satisfont à la condition (ii) de la question I.1.

71
72 Agrégation interne 2008, épreuve 1

(b) Pour i = 1, · · · , n, on note Wi l’image de pi . Démontrer que la restriction de ρ (Ei,i )


à Wj induit un isomorphisme de Wj sur Wi .
(c) Dans la suite de cette question, ou fixe une base (w1 , · · · , wr ) de l’espace vectoriel
W1 . On pose
v1 = w1 , v2 = ρ (E2,1 ) w1 , · · · , vn = ρ (En,1 ) w1 .
Démontrer que la famille (v1 , · · · , vn ) est libre et que, pour tous entiers s, t et k
compris entre 1 et n, on a
ρ (Es,t ) vk = δt,k vs ,
où le symbole de Kronecker δt,k vaut 1 lorsque t = k, et vaut 0 sinon.
(d) Plus généralement, pour 1 ≤ j ≤ r, on note Vj le sous-espace vectoriel de W engendré
par les vecteurs ρ (Ek,1 ) wj , pour k = 1, · · · , n. Démontrer que W est somme directe
des sous-espaces Vj , 1 ≤ j ≤ r.
(e) Démontrer qu’il existe une base de l’espace vectoriel W dans laquelle, pour toute
matrice M ∈ Mn (C) , la matrice de l’endomorphisme ρ (M ) est la matrice diagonale
par blocs :  
M 0 ··· 0
 0 M ··· 0 
 
diag (M, · · · , M ) =  .. .. . . ..  .
 . . . . 
0 0 ··· M

Partie II

Dans cette partie, on désigne par E un C-espace vectoriel de dimension finie. On dit qu’une
partie X de End (E) est irréductible si les seuls sous-espaces vectoriels de E stables par tous
les éléments de X sont {0} et E. On désigne par A une sous-algèbre irréductible de End (E)
qui contient 1E , et on se propose de démontrer qu’elle est égale à End (E) .
1. Soient u et v des éléments de End (E) qui commutent entre eux. Démontrer que tout
sous-espace propre de l’un est stable par l’autre.
2. Soit X une partie irréductible de End (E) . Démontrer que l’ensemble des endomorphismes
de E qui commutent à tous les éléments de X est l’ensemble des endomorphismes scalaires.
3. Rappelons que A est une sous-algèbre irréductible de End (E) contenant 1E . Démontrer
que t A est une sous-algèbre irréductible de End (E ∗ ) .
4. Soit x un vecteur non nul de E. Préciser à quoi est égal le sous-espace vectoriel Ax de E.
5. Soit u ∈ End (E) un endomorphisme de rang 1. Démontrer qu’il existe un vecteur y de E
et une forme linéaire ` ∈ E ∗ tels que l’on ait u (x) = ` (x) y pour tout x ∈ E.
6. Démontrer que, si l’algèbre A contient un endomorphisme de rang 1, alors elle les contient
tous. En déduire que l’on a alors A = End (E) .
7. Dans cette question, on suppose que A contient un endomorphisme u dont le rang r est
≥ 2, et on se propose de démontrer qu’il existe un endomorphisme u0 ∈ A, non nul, dont
le rang est strictement plus petit que r.
(a) Démontrer qu’il existe x et y dans E et v dans A tels que le couple de vecteurs
(u (x) , u (y)) soit libre et que l’on ait vu (x) = y.
73

(b) Démontrer qu’il existe alors λ ∈ C tel que la restriction de l’endomorphisme uv −λ1E
à l’image u (E) de u ne soit ni injective ni nulle.
(c) Vérifier que l’endomorphisme u0 = uvu − λu convient.
8. Démontrer finalement que A = End (E).

Partie III

Soit n un entier ≥ 1. On appelle dérivation de Mn (C) toute application linéaire d de Mn (C)


dans Mn (C) telle que, pour tous X et Y ∈ Mn (C) , on ait

d (XY ) = d (X) Y + Xd (Y ) .

1. Soit A ∈ Mn (C) ; démontrer que l’application dA de MMn (C) dans Mn (C) définie par
dA (X) = AX − XA est une dérivation.
2. Dans cette question, on se propose de démontrer que toute dérivation de Mn (C) est de
la forme ci-dessus.
(a) Soit d : Mn (C) → Mn (C) une dérivation. Démontrer que l’application ρ de Mn (C)
dans M2n (C) définie par :
µ ¶
X d (X)
ρ (X) =
0 X

est un morphisme unitaire d’algèbres.


µ ¶
A B
(b) Démontrer qu’il existe une matrice inversible P = où A, B, C, D appar-
C D
tiennent à Mn (C), telle que l’on ait, pour tout X ∈ Mn (C) :
µ ¶
X 0
P ρ (X) = P.
0 X

(c) Conclure.

Partie IV

Soit n un entier ≥ 1. Pour toute matrice M ∈ Mn (C), on note Tr (M ) la trace de M, somme


des coefficients diagonaux de M.
1.
(a) Démontrer que l’application ψ de Mn (C) × Mn (C) dans C définie par :

ψ (X, Y ) = Tr (XY ) ,

est une forme bilinéaire symétrique non dégénérée.


(b) Démontrer que,¡si (X1 , · · · , X¢n2 ) est une base de l’espace vectoriel Mn (C) , il existe
une autre base X10 , · · · , Xn0 2 de Mn (C) telle que, pour tous entiers i et j compris
entre 1 et n2 , on ait
¡ ¢
ψ Xi , Xj0 = δi,j (symbole de Kronecker).
74 Agrégation interne 2008, épreuve 1

2. Démontrer que, pour toute matrice A ∈ Mn (C) , on a :


X
Xi AXi0 = Tr (A) 1n .
1≤i≤n2

Partie V

On considère dans cette partie un sous-groupe G de GL (n, C) ayant la propriété suivante :

(P ) il existe un entier m ≥ 1 tel que l’on ait g m = 1n pour tout g ∈ G.

On fixe l’entier m.
1. Démontrer que chaque élément g de G est diagonalisable. Que peut-on dire de ses valeurs
propres ?
2. Démontrer que l’ensemble {Tr(g) | g ∈ G} est fini.
3. On suppose, dans cette question, que l’ensemble G, considéré comme ensemble d’endo-
morphismes de Cn (en identifiant Mn (C) et End (Cn )), est irréductible.
(a) Démontrer que l’ensemble G contient une base de l’espace vectoriel Mn (C) .
(b) Démontrer que l’ensemble G est fini (on pourra utiliser les questions IV.1. et V.2.).
4. Dans cette question, on ne suppose plus que l’ensemble G soit irréductible.
(a) Démontrer qu’il existe des entiers non nuls p et q, avec p + q = n, et une base de
l’espace vectoriel Cn dans laquelle chaque élément g de G s’écrit par blocs :
µ ¶
T (g) U (g)
0 V (g)

où T (g) ∈ Mp (C) et V (g) ∈ Mq (C) .


(b) Posons G1 = {g ∈ G | T (g) = 1p } et G2 = {g ∈ G | V (g) = 1q } . Démontrer que G1
et G2 sont des sous-groupes distingués de G. Déterminer G1 ∩ G2 .
(c) Soient K un groupe et H un sous-groupe de K. L’indice de H dans K est le cardinal
de l’ensemble quotient K/H. Etablir le résultat général suivant : Soient K un groupe,
K1 et K2 des sous-groupes distingués de K, tous deux d’indice fini dans K ; alors
l’indice de K1 ∩ K2 dans K est fini.
(d) Conclure.

Partie VI

Soient n et m des entiers ≥ 1. Soient A ∈ Mn (C) et B ∈ Mm (C) ; on définit la matrice


A ∗ B ∈ Mnm (C) par :
 
a11 B a12 B · · · a1n B
 ..  .
A ∗ B =  ... ..
. ··· . 
an1 B an2 B · · · ann B
75

1. Démontrer que l’application φ de Mn (C)×Mm (C) dans Mnm (C) définie par φ (A, B) =
A ∗ B est bilinéaire et satisfait à :

(A ∗ B) (A0 ∗ B 0 ) = AA0 ∗ BB 0

pour toutes matrices A, A0 ∈ Mn (C) , B, B 0 ∈ Mm (C) .


2. Démontrer que l’image de l’application φ engendre l’espace vectoriel Mnm (C) .
On suppose désormais n = m.
3. Posons X
P = Ei,j ∗ Ej,i .
1≤i,j≤n

(a) Démontrer que l’on a P 2 =1n2 .


(b) Démontrer que, pour toutes matrices A, B ∈ Mn (C) , on a :

P (A ∗ B) P = B ∗ A.

4. Soient A et B ∈ Mn (C) .
(a) Calculer la trace et le déterminant de la matrice A ∗ B.
(b) Déterminer les valeurs propres de A ∗ B en fonction de celles de A et de B.
76 Agrégation interne 2008, épreuve 1
14

Agrégation interne 2008, épreuve 2

Introduction et notations

Dans ce problème, on note N l’ensemble des nombres entiers, R le corps des nombres réels.
On dit qu’un endomorphisme T d’un espace vectoriel est nilpotent s’il existe un nombre
entier s ≥ 0 tel que T s = 0.
Si f est une fonction de classe C ∞ de la variable réelle x et n un entier ≥ 0, on note f (n) ou
n
d f
la dérivée n-ème de la fonction f.
dxn
Si g est une fonction de classe C ∞ de la variable réelle x = (x1 , · · · , xn ) définie dans une
∂g
partie ouverte de Rn , on note la dérivée partielle de g par rapport à la variable xi , pour
∂xi
1 ≤ i ≤ n.
Pour des entiers p et n tels que 0 ≤ p ≤ n, on définit les coefficients binomiaux par :
µ ¶
n n! n (n − 1) · · · (n − p + 1)
= = pour 0 < p < n
p p! (n − p)! p!
µ ¶ µ ¶
n n
et = = 1.
0 n
L’un des objets de ce problème est la démonstration de la formule de réversion de Lagrange
qui permet de calculer, dans certains cas, la dérivée n-ème d’une fonction réciproque.
On étudie d’abord la suite (un )n≥1 dont le terme général est l’unique solution ≥ 0 de l’équa-
tion :
xn + xn−1 + · · · + x − 1 = 0. (En )
Dans un premier temps, on établit directement une expression explicite de un comme somme
d’une série convergente (parties I et II).
On établit ensuite la formule de réversion de Lagrange (partie III).
On applique enfin cette formule pour obtenir une autre démonstration de l’expression de un
(partie IV).
On rappelle les résultats suivants qui pourront être utilisés sans démonstration :
A Lorsque l’entier n tend vers +∞, on a l’équivalence (formule de Stirling) :

n! ∼ nn e−n 2πn.
n→+∞

B Pour tout entier q ≥ 1, la série entière :


X µ ¶
nn+q−1 n
(−1) x
n≥0
n

77
78 Agrégation interne 2008, épreuve 2

1
a un rayon de convergence égal à 1 et, pour −1 < x < 1, sa somme est égale à .
(1 + x)q
C Le théorème des fonctions implicites pour une fonction F de classe C ∞ , définie sur R3 , peut
s’énoncer ainsi :
on suppose qu’en un point (x0 , y0 , z0 ) de R3 , on a :
∂F
F (x0 , y0 , z0 ) = 0 et (x0 , y0 , z0 ) 6= 0
∂x
il existe alors un voisinage ouvert U de (x0 , y0 ) dans R2 , un voisinage ouvert V de z0 dans
R et une fonction ϕ : U → V caractérisée par la condition :

∀ (x, y) ∈ U, ∀z ∈ V, (F (x, y, z) = 0 ⇔ z = ϕ (x, y)) .

La fonction ϕ est de classe C ∞ sur U et pour tout point (a, b) de U, on a :

F (a, b, ϕ (a, b)) = 0

ainsi que les relations :


∂F
∂ϕ ∂F
∂x
(a, b, ϕ (a, b)) ∂ϕ ∂y
(a, b, ϕ (a, b))
(a, b) = − ∂F , (a, b) = − ∂F
∂x ∂z
(a, b, ϕ (a, b)) ∂y ∂z
(a, b, ϕ (a, b))

On dit que la fonction ϕ est définie implicitement sur U par la relation F (x, y, z) = 0.
µ ¶
P +∞
+∞ P
D Soit (an,k )(n,k)∈N2 une suite double de nombres réels. Si la somme |an,k | est finie,
n=0 k=0
alors les trois expressions :
+∞
à +∞ ! +∞
à +∞ ! +∞
à +∞
!
X X X X X X
an,k , an,k , an,k
n=0 k=0 k=0 n=0 q=0 n+k=q

P +∞
+∞ P
ont un sens et sont égales. Leur valeur commune est notée an,k .
n=0 k=0
E Soit R un nombre réel > 0. Si les fonctions f et g sont sommes de séries entières convergentes
dans l’intervalle ]−R, R[ , leur somme f + g et leur produit f g sont aussi sommes de séries
entières convergentes dans le même intervalle.

– I – La suite (un )

1. Démontrer, pour tout entier n ≥ 1, l’existence d’une unique solution réelle ≥ 0 de l’équa-
tion :
xn + xn−1 + · · · + x − 1 = 0 (14.1)
Cette solution est notée un . Démontrer que l’on a 0 ≤ un ≤ 1.
2. Démontrer que la suite (un )n≥1 est strictement décroissante.
3. Démontrer que pour tout n ≥ 1, on a :

un+1
n − 2un + 1 = 0.

4.
79

(a) Calculer u2 .
1
(b) Démontrer que la suite (un )n≥1 converge vers .
2
1
5. Pour n ≥ 1, on pose εn = un − . Démontrer que nεn tend vers 0 lorsque n tend vers
2
+∞.
6. En déduire, à l’aide de la question I.3. le développement asymptotique suivant de un ,
pour n tendant vers +∞ : µ ¶
1 1 1
un = + + o
2 4 · 2n 2n
7.
(a) Déterminer le plus petit entier s ≥ 1 pour lequel on a :
1
0 < us − < 10−2
2
µ ¶
1 1
Pour cela, on pourra déterminer, avec une calculatrice, le signe de fn + 2
2 10
pour n = 2, 3, · · · , où fn est la fonction définie par :

fn (x) = xn + xn−1 + · · · + x − 1.

(b) Écrire en français une procédure, qui pour un entier p ≥ 1 donné, permet de déter-
miner le plus petit entier s pour lequel on a :
1
0 < us − ≤ 10−p
2
On pourra utiliser les fonctions gn définies par :

gn (x) = (x − 1) fn (x) .

8. On se propose de montrer l’inégalité suivante valable pour tout entier n ≥ 1 :


1 1
un ≤ + (14.2)
2 2n
(a) En utilisant la fonction gn définie dans la question I.7. démontrer que l’inégalité
(18.12) est équivalente à l’inégalité suivante :
1 nn
≤ (14.3)
2n+1 (n + 1)n+1

(b) Pour x > 0, on pose :

ψ (x) = (x + 1) ln (x + 1) − x ln (x) − (x + 1) ln (2) .

Étudier la variation de la fonction ψ et en déduire l’inégalité (18.14) .


9.
1 6
(a) Démontrer l’inégalité < u4 < .
2 11
80 Agrégation interne 2008, épreuve 2

(b) En déduire que l’on a, pour tout entier n ≥ 4, l’inégalité :


n
un n n+1
< .
2 (1 − un ) n+1

– II – Expression de un comme somme d’une série

Dans cette partie, on se propose d’établir, lorsque l’entier p est assez grand, l’expression
suivante de up comme somme d’une série convergente :
+∞ µ ¶
1 X 1 n (p + 1)
up = + (Tp )
2 n=1 n · 2n(p+1)+1 n−1

1. Soit p un entier ≥ 1. On note Sp la série entière définie par :


+∞
X µ ¶
1 n (p + 1) n
Sp (x) = x
n=1
2n n−1

(a) Démontrer que le rayon de convergence ρp de la série entière Sp est donné par :
pp
ρp =
(p + 1)p+1

(b) Démontrer que, pour p ≥ 2, la série du second membre de la relation (Tp ) est
convergente. (On utilisera la question I.8.).
2.
(a) Démontrer, par récurrence sur l’entier n ≥ 1, l’égalité :
X n µ ¶ µ ¶
1 2k 1 2 (n + 2) 2 (n + 1)
2k+1 k − 1
= −
k=1
k · 2 2 (n + 1) 22n+3 n

(b) En déduire la relation (T1 ) .


3. On a admis dans les préliminaires que, pour tout entier q ≥ 1, la série entière :
X µ ¶
n n+q−1
(−1) xn
n≥0
n

a un rayon de convergence égal à 1, et que, pour tout x ∈ ]−1, 1[ , sa somme est égale à
1
.
(1 + x)q
En déduire, pour n ≥ 1, p ≥ 1 et x ∈ ]−1, 1[ , l’égalité : :
+∞
X µ ¶
xn k n (p + 1) + k − 1 n+k
= (−1) x .
(1 + x)n(p+1) k=0
k

4. Pour p ≥ 1, on pose :
vp = 2up − 1.
81

(a) Démontrer que l’on a :


vp 1
p+1 = p+1 .
(1 + vp ) 2
(b) Déduire de ce qui précède que l’on a, pour p ≥ 2 et n ≥ 1, l’égalité :
+∞
X µ ¶
1 n (p + 1) + k − 1 n+k
k
= (−1) vp .
2n(p+1) k=0
k

5. Dans toute la fin de cette deuxième partie, on fixe l’entier p ≥ 4, et on pose :


µ ¶µ ¶
(−1)k n (p + 1) + k − 1 n (p + 1) n+k
an,k = vp .
2n k n−1

(a) Démontrer la relation :


+∞ µ ¶ X+∞
à +∞ !
X 1 n (p + 1) X
= an,k .
n=1
n · 2n(p+1)+1 n−1 n=1 k=0

P
(b) Démontrer que, pour tout n ≥ 1, la série |an,k | est convergente et déterminer sa
k≥0
somme.
P +∞
+∞ P
(c) En utilisant les questions I.9. et II.1. démontrer que la série |an,k | est conver-
n=1 k=0
gente.
6. Soit q un entier ≥ 2 et Rq−1 [X] le R-espace vectoriel des polynômes à coefficients réels
dont le degré est ≤ q − 1. On note ∆q l’application qui, à un polynôme P (X) de degré
≤ q − 1, associe le polynôme P (X + 1) − P (X) .
(a) Démontrer que ∆q est un endomorphisme nilpotent de Rq−1 [X] .
(b) En déduire que, si P est un polynôme de degré ≤ q − 1, on a :
q
X µ ¶
q−j q
(−1) P (X + j) = 0.
j=0
j

7.
(a) Soit toujours
P q un entier ≥ 2. En utilisant la question précédente, démontrer que la
somme an,k étendue aux indices (n, k) tels que n ≥ 1, k ≥ 0 et n + k = q + 1, est
nulle.
(b) En déduire la relation (Tp ) pour p ≥ 4.
8. On fixe toujours l’entiers p ≥ 4. Pour tout entier n ≥ 1, on pose :
µ ¶
1 n (p + 1)
λn = .
n · 2n(p+1)+1 n−1

(a) Démontrer l’existence d’un nombre réel µp appartenant à l’intervalle ]0, 1[ tel que
l’on ait :
λn+1 v µp λn lorsque n tend vers + ∞.
82 Agrégation interne 2008, épreuve 2
P
(b) Démontrer que la série λn est convergente et que son reste :
n≥1

+∞
X µ ¶
1 k (p + 1)
Rp (n) =
k=n+1
k · 2k(p+1)+1 k−1

µp
satisfait à l’équivalence Rp (n) ∼ lorsque n tend vers +∞.
1 − µp
15

Agrégation interne 2009, épreuve 1

– NOTATIONS –

– n désigne un entier naturel non nul.


– [n] désigne l’ensemble des n premiers entiers non nuls.
– N désigne l’ensemble des entiers naturels, R le corps des nombres réels, et C le corps des
nombres complexes.
– Mn désigne l’algèbre des matrices carrées de taille n à coefficients complexes. Son élément
neutre pour la multiplication, la matrice identité, est notée 1n ..
– Pn désigne l’ensemble des matrices carrées de taille n dont tous les coefficients sont des
nombres réels positifs.
– Pn>0 désigne l’ensemble des matrices carrées de taille n dont tous les coefficients sont des
nombres réels strictement positifs.
– Sn désigne l’ensemble des matrices carrées de taille n dont tous les coefficients sont des
nombres réels positifs et dont les sommes des coefficients de chaque ligne sont égales à 1,
c’est à dire le sous-ensemble de Pn formé par les matrices M = (ai,j )(i,j)∈[n]×[n] telles que :
P
n
∀i ∈ [n] , ai,j = 1.
j=1
– Soient x et y deux vecteurs de Rn de coordonnées respectives (x1 , · · · , xn ) et (y1 , · · · , yn ) .
On note x 6 y si, pour tout i dans [n] , xi 6 yi .
– Soient A = (ai,j )(i,j)∈[n]×[n] et B = (bi,j )(i,j)∈[n]×[n] dans Pn . On note A 6 B si, pour tous
entiers i et j dans [n] , on a ai,j 6 bi,j .
Dans les espaces vectoriels de dimension finie considérés dans ce problème, la notion de limite
est relative à l’unique topologie associée à une norme arbitraire sur ces espaces.

– PRÉLIMINAIRES –

P
n
Soient t1 , · · · , tn des nombres réels strictement positifs tels que ti = 1. Soient z1 , · · · , zn
i=1
des nombres complexes tels que :

 ¯∀i ∈ [n]¯ , |zi | 6 1
¯P
n ¯
 ¯¯ ti zi ¯¯ = 1.
i=1

On se propose de démontrer qu’il existe un nombre complexe z de module 1 tel que, pour tout
i dans [n] , on ait zi = z.

83
84 Agrégation interne 2009, épreuve 1

P
n
1. Dans le cas particulier où z1 , · · · , zn sont des nombres réels tels que ti zi = 1, démontrer
i=1
que, pour tout i dans [n] , on a zi = 1.
P
n
2. Démontrer le cas général.(Indication : on pourra, en posant Z = ti zi , considérer la
i=1
Pn t z
i i
partie réelle du nombre complexe ).
i=1 Z

– PARTIE I –

Dans cette partie, on suppose n = 2.


Soient x, y deux nombres réels ; on pose
µ ¶
1 1−x 1+x
Px,y = .
2 1+y 1−y

1. Déterminer les valeurs propres de Px,y et, pour chaque valeur propre, son sous-espace
propre associé. Pour quelles valeurs de (x, y) la matrice Px,y est-elle diagonalisable ?
2. On suppose désormais −1 < x < 1 et −1 < y < 1.
(a) Démontrer qu’il existe un nombre réel u tel que −1 < u < 1 et une matrice inversible
U tels que : µ ¶
−1 1 0
Px,y = U U.
0 u
¡ k ¢
(b) En déduire que la suite Px,y k∈N
admet une limite quand k tend vers +∞. Cette
limite est notée L. Quel est le rang de L ?
(c) Démontrer que : µ ¶
1 1+y 1+x
L= .
2+y+x 1+y 1+x
µ ¶
>0 a b
Soit A une matrice dans P2 . On note A = .
c d
3. Exprimer le discriminant ∆A du polynôme caractéristique de la matrice A en fonction de
a, b, c, d.
4. Démontrer l’inégalité ∆A > 0.
5. En déduire que A possède deux valeurs propres réelles distinctes. En notant λ1 , λ2 ces
deux valeurs propres numérotées de façon à avoir λ1 > λ2 , démontrer l’inégalité λ1 > |λ2 | .
¡ ¢
6. Donner une condition nécessaire et suffisante pour que la suite Ak k∈N admette une limite
lorsque k tend vers +∞. Dans le cas où cette limite existe et n’est pas nulle, que peut-on
dire de son rang ? Proposer une méthode pour calculer cette limite.
7. Soient λ1 et λ2 deux nombres réels tels que λ1 > |λ2 | . Exhiber une matrice A dans P2>0
dont les valeurs propres sont λ1 et λ2 (Indication : on pourra commencer par traiter le
cas λ1 = 1).

– PARTIE II –
85

Les matrices de Mn sont considérées comme des endomorphismes de Cn . Soit A une matrice
de Mn ; on note ρ (A) le rayon spectral de A, c’est-à-dire le maximum des modules des valeurs
propres de A. Si x est un vecteur de Cn , on notera Ax l’image du vecteur x par l’endomorphisme
défini par la matrice A.
II A : On se propose de démontrer l’équivalence :
ρ (A) < 1 ⇔ lim Ak = 0.
k→+∞

1. Soit β un nombre complexe tel que |β| < 1. Soit B une matrice nilpotente dans Mn ,
c’est-à-dire qu’il existe un entier naturel ` ≥ 1 tel que B ` = 0 ; soit C la matrice β1n + B.
(a) Pour tout entier k ≥ `, exprimer C k en fonction de 1n , B, · · · , B `−1 .
¡ ¢
(b) En déduire que la suite C k k∈N tend vers 0.
2. Soit A dans Mn .
S
(a) Soit α une valeur propre de A. On pose Fα = Ker (A − α1n )k .
k∈N

i. Justifier que Fα est un sous-espace vectoriel de Cn et que A (Fα ) ⊂ Fα .


ii. Soit Aα l’endomorphisme de Fα défini ¡par ¢Aα (x) = Ax, pour x ∈ Fα . Dans le
cas où |α| < 1, démontrer que la suite Akα k∈N tend vers 0.
¡ ¢
(b) On suppose ρ (A) < 1. Démontrer que la suite Ak k∈N tend vers 0.
¡ ¢
(c) Réciproquement, si la suite Ak k∈N tend vers 0, montrer que le module de toute
valeur propre de A est strictement inférieur à 1.

II B :
1. Soit
³ IA ´l’ensemble formé par les nombres réels strictement positifs γ tels que la suite
k
(A/γ) tende vers 0. Démontrer que IA est l’intervalle ]ρ (A) , +∞[ .
k∈N
2. On suppose que A admet la valeur propre 1 et qu’il existe ¡deux¢vecteurs x et y non nuls
tels que Ax = x et Ay = y + x. Démontrer que la suite Ak y k∈N n’est contenue dans
aucune partie compacte de Cn .
¡ ¢
3. On suppose que la suite Ak k∈N a pour limite une matrice B non nulle.
(a) Démontrer que ρ (A) = 1.
¡ ¢
(b) Soit α une valeur propre de module 1 de A. Démontrer que la suite αk k∈N converge
dans C et en déduire que α = 1.
(c) Démontrer que le sous-espace vectoriel F1 défini à la question II.A.2(a) est égal à
Ker (A − 1n ) .

– PARTIE III –

Dans la suite du problème, on fait les conventions suivantes :


Soit A = (ai,j )(i,j)∈[n]×[n] dans Mn . Si x est un vecteur de Cn de coordonnées (x1 , · · · , xn ) ,
les coordonnées du vecteur Ax sont notées ((Ax)1 , · · · , (Ax)n ) ; autrement dit, pour tout entier
i dans [n] ,
Xn
(Ax)i = ai,j xj .
j=1
n
On note w le vecteur de C dont toutes les coordonnées sont égales à 1.
86 Agrégation interne 2009, épreuve 1

1. Soit A ∈ Pn . Démontrer que A appartient à Sn si et seulement si Aw = w.


2. Soient A et B dans Pn (respectivement Sn ). Démontrer que AB est dans Pn (respective-
ment Sn ).
3. Soit A ∈ Sn .
(a) Soit B l’ensemble formé par les vecteurs v de coordonnées (v1 , · · · , vn ) tels que, pour
tout i dans [n] , |vi | ≤ 1. Démontrer que B est conservé par A.
(b) En déduire que ρ (A) = 1.
4. Soit A dans Pn>0 ∩ Sn .
(a) Soit v = (v1 , · · · , vn ) un vecteur propre associé à une valeur propre α de module 1 de
A. Démontrer que les coordonnées ¯ de v sont ¯ égales et déterminer α. (Indication : on
¯Pn vj ¯¯
¯
pourra utiliser une égalité 1 = ¯ ai,j ¯ pour vi non nul convenablement choisi.)
¯j=1 vi ¯
(b) Soit v un¡ vecteur
¢ de B tel qu’il existe µ dans C tel que Av = v + µw. En considérant
k
la suite A v k∈N , démontrer que µ = 0.
(c) Démontrer que 1 est une racine simple du polynôme caractéristique de A.
(d) Démontrer qu’il existe une matrice U inversible et une matrice B ∈ Mn−1 telles que
ρ (B) < 1 et µ ¶
−1 1 0
A=U U.
0 B
¡ ¢
(e) En déduire que la suite Ak k∈N admet une limite quand k tend vers +∞. Cette
limite est notée L. Quel est le rang de L ?
(f) Démontrer que la limite L de la suite (Ak )k∈N s’écrit :
 
u1 u2 · · · un
 u1 u2 · · · un 
 
L =  .. .. .. 
 . . . 
u1 u2 · · · un

P
n
où u1 , · · · , un sont des nombres réels strictement positifs vérifiant ui = 1.
i=1
(g) Démontrer que Ker ( t A − 1n ) est la droite engendrée par le vecteur de coordonnées
(u1 , · · · , un ) .
(h) Dans le cas particulier où A et t A sont toutes deux dans Sn , expliciter L.
5. Soit A dans Sn .
(a) Démontrer que A est la limite d’une suite de matrices de Pn>0 ∩ Sn . (Indication : on
pourra remarquer que si A et B sont dans Sn et si t est un nombre réel dans [0, 1] ,
tA + (1 − t)B est dans Sn .)
(b) En déduire que t A admet un vecteur propre relatif à la valeur propre 1 dont toutes
les coordonnées sont positives.
(c) Démontrer sur un exemple que 1 n’est pas en général une racine simple du polynôme
caractéristique de A.
87

(d) Démontrer sur un exemple que A peut avoir des valeurs propres de module 1 diffé-
rentes de 1.

– PARTIE IV –

Dans toute cette partie, on considère une matrice A = (ai,j )(i,j)∈[n]×[n] , et on suppose que
A ∈ Pn>0 .
IV A : On se propose de démontrer que ρ (A) est une valeur propre de A et que le sous-
espace propre associé est une droite engendrée par un vecteur dont les coordonnées sont des
nombres réels strictement positifs.

1. Soit x un vecteur non nul de Cn dont les coordonnées sont des nombres réels positifs.
Démontrer que les coordonnées du vecteur Ax sont des nombres réels strictement positifs.
P
n
2. Soit α un nombre réel. Supposons que, pour tout i dans [n] , on ait ai,j = α. Démontrer
j=1
que α est une valeur propre de A et que α = ρ (A) .
3. Soit B dans Pn>0 telle que A ≤ B.
(a) Pour tout vecteur x de Cn dont les coordonnées (x1 , · · · , xn ) sont des nombres réels
positifs, démontrer que Ax ≤ Bx.
(b) Soit k un entier naturel ≥ 2. Démontrer que Ak ≤ B k .
(c) En déduire l’inégalité ρ(A) ≤ ρ (B) .
à !
P
n
4. On pose α = min ai,j . Démontrer que α ≤ ρ (A) . On pourra considérer la matrice
i∈[n] j=1
B = (bi,j )(i,j)∈[n]×[n] telle que, pour tous entiers i et j dans [n] :
αai,j
bi,j = P
n .
ai,k
k=1

à !
P
n
5. On pose β = max ai,j . Démontrer l’inégalité ρ (A) ≤ β.
i∈[n] j=1

6. Soit x un vecteur non nul de Cn dont les coordonnées (x1 , · · · , xn ) sont des nombres réels
strictement positifs. Soient γ et δ deux nombres réels strictement positifs tels que :

γx ≤ Ax ≤ δx.

(a) Soit S la matrice diagonale :


 
x1 0 · · · 0
 0 x2 · · · 0 
 
S= .. .. . . . .
 . . . .. 
0 0 · · · xn

Justifier que S est inversible et déterminer les coefficients de la matrice S −1 AS.


(b) En déduire les inégalités γ ≤ ρ (A) ≤ δ.
88 Agrégation interne 2009, épreuve 1

(c) Démontrer qu’il existe un indice i dans [n] tel que (Ax)i ≤ ρ (A) xi .
7. Soit x un vecteur non nul de Cn dont les coordonnées (x1 , · · · , xn ) sont des nombres
réels strictement positifs. On suppose que ρ (A) x ≤ Ax. Démontrer que Ax = ρ (A) x
(Indication : on pourra considérer le vecteur A (Ax − ρ (A) x)).
8. Soit α une valeur propre de A dont le module est égal à ρ (A) . Soit v un vecteur propre as-
socié, de coordonnées (v1 , · · · , vn ) , et soit x le vecteur de coordonnées (|v1 | , |v2 | , · · · , |vn |) .
(a) Démontrer que x est un vecteur propre de A associé à la valeur propre ρ (A) .
(b) Démontrer que toutes les coordonnées de x sont strictement positives.
(c) En utilisant la matrice S définie dans la question IV.A.6.a. associée à ce vecteur x,
démontrer qu’il existe une matrice U inversible et une matrice B telles que ρ(B) <
ρ (A) et µ ¶
−1 ρ (A) 0
A=U U.
0 B

¡ ¢
IV B : On étudie le comportement de la suite Ak k∈N .

1. Démontrer qu’il existe un unique vecteur y de Cn ayant pour coordonnées des nombres
réels strictement positifs dont la somme est égale à 1 et tel que Ay = ρ (A) y. De même,
démontrer qu’il existe un unique vecteur z de Cn ayant pour coordonnées des nombres
réels strictement positifs dont la somme est égale à 1 et tel que t Az = ρ (A) z.
¡ ¢
2. On suppose ρ (A) = 1. Démontrer que la suite Ak k∈N tend vers la matrice L,

L = (yi zj )(i,j)∈[n]×[n]

où (y1 , · · · , yn ) et (z1 , · · · , zn ) sont respectivement les coordonnées des vecteurs y et z de


la question IV.B.1.
3. On suppose ρ (A) > 1. Pour tout entier naturel k, on note
³ ´
(k)
Ak = ai,j .
(i,j)∈[n]×[n]
³ ´
(k)
Pour tout i et j dans [n] , démontrer que la suite ai,j tend vers +∞.
k∈N

– PARTIE V –

Dans cette partie, on prend n = 3.


Pour toute matrice B dans M3 , Tr (B) désigne la trace de la matrice B, somme de ses
coefficients diagonaux. Soit A = (ai,j )(i,j)∈[n]×[n] ∈ P3>0 . On note α1 , α2 , α3 les trois valeurs
propres complexes de A, distinctes ou confondues, numérotées de telle façon que α1 = ρ (A) .
1. Démontrer les inégalités Tr (A) > 0 et Tr (A2 ) > a211 + a222 + a233 . En déduire l’inégalité
3 Tr (A2 ) > (Tr (A))2 .
2. Exprimer Tr(A) et Tr (A2 ) en fonction de α1 , α2 , α3 .
3. On suppose que l’on a α1 = 1 et que α2 et α3 sont deux nombres complexes conjugués
α2 = reit et α3 = re−it où t et r sont des nombres réels et 0 ≤ r < 1.
89

(a) Démontrer l’égalité


¡ ¢ ³ ³ π ´´ ³ ³ π ´´
3 Tr A2 − (Tr (A))2 = 2 1 − 2r cos t + 1 − 2r cos t − .
3 3

(b) En déduire que α2 est à l’intérieur d’un triangle inscrit sur le cercle unité ; préciser
la nature et les sommets de ce triangle.
4. Réciproquement, posons α1 = 1, α2 = reit et α3 = re−it , où t et r sont des nombres réels
et 0 ≤ r < 1. On suppose que α2 est à l’intérieur du triangle trouvé à la question V.3.
Démontrer que α1 , α2 , α3 sont les valeurs propres d’une matrice de P3>0 . Indication : On
pourra considérer la matrice :
 ¡ π
¢ ¡ π
¢ 
1 + 2r cos
¡ t ¢ 1 − 2r cos t + 1 − 2r cos ¡ t − 3¢
1 3
.
1 − 2r cos ¡t − π3 ¢ 1 + 2r cos
¡ t ¢ 1 − 2r cos t + π
3
3 π π
1 − 2r cos t + 3 1 − 2r cos t − 3 1 + 2r cos t

5. On admet que, si α1 , α2 , α3 sont trois nombres réels qui satisfont aux conditions

α1 = 1, |α2 | < 1, |α3 | < 1, α1 + α2 + α3 > 0,

il existe une matrice A dans P3>0 dont les valeurs propres sont α1 , α2 et α3 .
Compte tenu de cela et des questions précédentes, décrire l’ensemble S formé par les
triplets (α1 , α2 , α3 ) de C3 tels qu’il existe une matrice A dans P3>0 dont les trois valeurs
propres complexes distinctes ou confondues, sont α1 , α2 , α3 , numérotées de telle façon que
α1 = ρ (A) .
90 Agrégation interne 2009, épreuve 1
16

Agrégation interne 2009, épreuve 2

– NOTATIONS ET PRÉLIMINAIRES –
– On désigne par R le corps des nombres réels et par C le corps des nombres complexes.
– Si f est une fonction dérivable sur un intervalle de R, on note indifféremment f 0 ou D (f )
ou simplement Df sa fonction dérivée. De même, pour n entier naturel supérieur ou égal
à 1, on note Dn f sa fonction dérivée n-ème. On convient de poser D0 f = f.
– On désigne par L∞ l’espace vectoriel des fonctions continues sur R, a valeurs complexes
et bornées sur R. Pour f ∈ L∞ , on pose kf k∞ = sup |f (x)| .
x∈R
– On désigne par L1 l’espace vectoriel des fonctions f continues sur R, a valeurs
Z complexes
et intégrables sur R. Pour toute fonction f de L1 , on écrira indifféremment f (x) dx ou
Z Z +∞ R

f pour désigner f (x) dx. On définit une norme sur cet espace en posant kf k1 =
R
Z +∞ −∞

|f (x)| dx.
−∞
– On dit qu’une fonction f est de classe C 1 si elle dérivable en tout point de R et si sa dérivée
f 0 est une fonction continue.
– Les espaces S et S 0 sont définis au début des parties III et IV de cet énoncé.
Les candidats sont invités a énoncer précisément les théorèmes d’intégration qu’ils comptent
appliquer. Ils pourront éventuellement utiliser le résultat suivant qui sera admis :
Soit une fonction u continue sur R2 et telle que :
1. Pour tout x ∈ R, la fonction y 7→ u (x, y) est intégrable R, et
Z
2. la fonction x 7→ |u (x, y)| dy est continue et intégrable sur R, et
ZR
3. la fonction x 7→ u (x, y) dy est continue sur R, et
R
4. pour tout y ∈ R, la fonction x 7→ u (x, y) est intégrable sur R, et
Z
5. la fonction y 7→ |u (x, y)| dx est continue sur R, et
Z R

6. la fonction y 7→ u (x, y) dx est continue sur R.


R
Z
2
Alors u est intégrable sur R ; de plus, la fonction y 7→ u (x, y) dx est intégrable sur R et
R
on a : ZZ Z µZ ¶ Z µZ ¶
u= u (x, y) dy dx = u (x, y) dx dy
R2 R R R R

91
92 Agrégation interne 2009, épreuve 2

Les quatre parties s’enchaînent logiquement. Chaque question peut être traitée en admettant
les résultats établis dans les questions antérieures.

– I – Transformation de Fourier

1. Soit f une fonction appartenant à L1 .


(a) Démontrer que, pour tout ξ appartenant à R, la fonction :

x 7→ f (x) e−2iπxξ

est intégrable sur R.


(b) On définit alors une nouvelle fonction, notée fb, en notant pour tout ξ ∈ R :
Z +∞
b
f (ξ) = f (x) e−2iπxξ dx
−∞
° °
° °
Démontrer que la fonction f est continue, bornée sur R et que l’on a °fb°
b ≤ kf k1 .

La fonction fb est appelée transformée de Fourier de la fonction f et est notée indifférem-


ment fb ou Ff. On pourra considérer F comme une application de L1 dans L∞ .
2. Soit a un nombre réel strictement positif et ϕ la fonction définie sur R par ϕ (x) = e−a|x| .
Vérifier que la fonction ϕ appartient à L1 et calculer sa transformée de Fourier.
Z Z
3. Soient f et g deux fonctions appartenant à L . Démontrer que l’on a f gb = fbg.
1
R R
1
4. Soit f une fonction appartenant à L et telle que la fonction t 7→ t × f (t) , notée xf,
appartienne à L1 . Démontrer que fb est de classe C 1 sur R et que D (Ff ) = F (−2iπxf ) .
5. Soit f une fonction dérivable sur R et telle que f et Df appartiennent à L1 .
(a) Démontrer que f admet des limites nulles au voisinage de +∞ et −∞.
(b) En déduire que pour tour ξ appartenant à R on a :

F (Df ) (ξ) = (2iπξ) Ff (ξ) .

6. Calcul de la transformée de Fourier d’une gaussienne.


2
On considère la fonction γ définie sur R par γ (x) = e−πx .
Z
(a) Justifier le fait que γ est intégrable sur R. On admettra que γ = 1.
R
Z
2
(b) Pour tout ξ appartenant à R, on note Ω (ξ) = e−π(x+iξ) dx. Démontrer que la
R
fonction Ω est constante. Indication : On pourra dériver la fonction Ω, ou bien
intégrer suivant un chemin convenable dans le plan complexe.
(c) En déduire que Fγ = γ.
(d) Soit a un nombre réel strictement positif. Soit la fonction γ a définie par γ a (x) =
1
γ (ax) ; exprimer la transformée de Fourier de γ a en fonction de γ a .

– II – Convolution
93

1. On considère deux fonctions f et g continues sur R et à valeurs complexes. Démontrer


que si f et g vérifient l’hypothèse :
(H1 ) f appartient à L∞ et g appartient à L1
alors la fonction y 7→ f (x − y) g (y) est intégrable sur R.
Démontrer que ce résultat est encore vrai si f et g vérifient l’hypothèse :
(H2 ) f appartient à L1 et g appartient à L∞
Lorsque l’une au moins
Z des deux hypothèses précédentes est vérifiée, on définit la fonction
f ∗ g par f ∗ g (x) = f (x − y) g (y) dy pour tout nombre réel x.
R
Cette fonction s’appelle le produit de convolution de f et de g.
2. Démontrer, sous l’hypothèse (H1 ) , que f ∗ g = g ∗ f. Dans toute la suite, l’expression
f ∗ g sera utilisée en supposant que l’une des deux fonctions appartient à L1 et l’autre à
L∞ (hypothèses (H1 ) ou (H2 )).
Démontrer, sous l’hypothèse (H1 ) , que f ∗g appartient à L∞ et que kf ∗ gk∞ ≤ kf k∞ kgk1 .
3. On suppose dans cette question que f et g vérifient l’hypothèse (H1 ) et que, de plus, f
est dérivable sur R et que Df appartient à L∞ .
Démontrer que f ∗ g est de classe C 1 sur R et que D (f ∗ g) = Df ∗ g.
4. On suppose que f et g appartiennent à L1 et que l’une au moins des deux fonctions
appartient à L∞ .
Z Z Z
1
(a) Démontrer que f ∗ g est dans L et que f ∗ g = f × g.
R R R
(b) Montrer que F (f ∗ g) = Ff × Fg.
Z
1
5. Soit θ une fonction appartenant à L et telle que θ (x) dx = 1.
R
1 ³x´
Pour tout nombre ε ∈ ]0, 1[ on définit la fonction θε par la formule θε (x) = θ ,x
ε ε
étant un nombre réel quelconque.
Soit J un segment de R.
Soit f une fonction appartenant à L∞ , on veut démontrer que f ∗ θε converge vers f
uniformément sur J quand ε tend vers 0, c’est-à-dire :
µ ¶
lim sup |f ∗ θε (x) − f (x)| = 0.
ε→0 x∈J

(a) Soit un nombre δ > 0. Démontrer qu’il existe un nombre réel A > 0 tel que :
Z −A Z +∞
|θ (x)| dx + |θ (x)| dx < δ.
−∞ A

(b) Démontrer, pour tout x réel fixé, que :


Z
|f ∗ θε (x) − f (x)| ≤ |f (x − εy) − f (x)| |θ (y)| dy.
R

(c) En déduire que :


Z A
sup |f ∗ θε (x) − f (x)| ≤ 2δ kf k∞ + |θ(y)| sup|f (x − εy)−f (x)| dy.
x∈J −A x∈J
94 Agrégation interne 2009, épreuve 2

(d) Conclure en utilisant la continuité de f sur un compact convenablement choisi.


6. Théorème d’inversion de Fourier.
2 2
(a) Soit x ∈ R (x fixé). Soit ε > 0, et soit Φε la fonction définie par Φε (ξ) = e2iπxξ−πε ξ
pour tout ξ appartenant R. Vérifier que cette fonction appartient à L1 et exprimer
1 ³y ´
sa transformée de Fourier à l’aide de la fonction γε (y) = γ (la fonction γ a
ε ε
été définie en I.6.).
(b) Soit une fonction f de l’espace L1 ; on note G (f ) la fonction définie par G (f ) (ξ) =
Ff (−ξ) pour tout ξ appartenant R ; on peut ainsi considérer G comme une appli-
cation de L1 dans L∞ .

On suppose que f est ³aussi
´ dans L et que Ff est intégrable sur R.
Démontrer que f = G fb .
Z Z
b
Indication : on pourra écrire Φε (ξ) f (ξ) dξ = Φ cε (y) f (y) dy, puis faire tendre
R R
ε vers 0, et utiliser la question II.5.
Dans la suite la transformation G sera parfois notée F −1 .

– III – Espace S

On dit qu’une fonction f de variable réelle et à valeurs complexes est à décroissance rapide si
f est de classe C ∞ et que pour chaque couple d’entiers naturels (α, β) la fonction x 7→ xα Dβ f (x)
est bornée sur R (on rappelle que Dβ désigne l’opérateur de dérivation d’ordre bêta).
Pour simplifier les choses, on notera xα Dβ f la fonction x 7→ xα Dβ f (x) .
Enfin, on note S l’espace vectoriel des fonctions à décroissance rapide.
1.
(a) Démontrer que pour toute ¡fonction
¢ f ∈ S et pour tous entiers naturels m, α, β, la
fonction x 7→ (1 + |x|m ) xα Dβ f (x) est bornée sur R.
(b) En déduire que la fonction xα Dβ f appartient à L1 (en particulier, on a S ⊂ L1 ).
(c) Vérifier que le produit de deux fonctions de S est aussi dans S.
2. Topologie de S.
Pour tout entier n ∈ N et toute fonction f ∈ S on pose :
µ ¶
¯ α β ¯
¯
pn (f ) = max sup x D f (x) ¯
0≤α≤n x∈R
0≤β≤n

(a) Soient f et g deux fonctions de S. Démontrer l’inégalité :

pn (f + g) ≤ pn (f ) + pn (g) .
x
(b) On définit une fonction, notée σ, qui à x ≥ 0 associe σ (x) = . Démontrer que
1+x
σ est croissante, bornée et vérifie :

σ (x + y) ≤ σ (x) + σ (y)

pour tous x, y positifs.


95

(c) Étant données deux fonctions f, g de S on pose :


+∞
X 1
d (f, g) = σ (pn (f − g)) .
n=0
2n

Démontrer que d est une distance sur S et que cette distance est invariante par
translation.
L’espace S sera désormais muni de la topologie définie par cette distance.
(d) Démontrer qu’une suite (fi )i∈N de fonctions de S converge vers 0 (la fonction nulle)
pour la topologie définie par la distance d (ce qu’on pourra noter fi → 0) si, et
S
seulement si, pour chaque couple (α, β) ∈ N2 on a :
µ ¶
¯ α β ¯
lim sup ¯x D fi (x)¯ = 0
i→+∞ x∈R

pour tous entiers α, β. ½


f 7→ f
En déduire que l’application I : est continue.
S → L1
3. Soient f et g deux fonctions de S. Démontrer que f ∗ g est de classe C ∞ , puis que f ∗ g
appartient à S.
96 Agrégation interne 2009, épreuve 2

4. Transformation de Fourier dans S.


(a) Soit un élément f de S et un entier α.
Démontrer que Dα (Ff ) = Fg, où la fonction g est définie par g (x) = (−2iπx)α f (x)
pour tout x appartenant à R (ce qu’on peut aussi écrire à l’aide la notation introduite
en I.4. : g = (−2iπ)α xα f ).
(b) Démontrer, pour tout nombre réel ξ, la formule :

F (Dα f ) (ξ) = (2iπξ)α Ff (ξ) .

(c) En déduire que si f appartient à S, alors fb appartient aussi à S.


(d) Démontrer que l’application f 7→ fb est continue de S dans S (toujours au sens de
la topologie définie par d).
Par abus de langage, on notera encore F cette application.
5. Inversion de Fourier dans S.
Démontrer que la transformation de Fourier F établit une bijection de S sur lui même,
admettant pour bijection réciproque la restriction de G à S.
Par abus de langage, on notera, dans ce nouveau contexte, G = F −1 .

– III – Espace S 0

On note S 0 le dual topologique de S, c’est-à-dire l’ensemble des applications linéaires conti-


nues de S dans C (S étant muni de la distance d définie en III.2.c.).
1. Quelques exemples.
(a) Soit δ la forme linéaire définie par δ (f ) = f (0) pour f ∈ S. Démontrer que δ ∈ S 0 .
(b) Soit u une fonction continue par morceaux, Zintégrable sur R ou bornée. Démontrer,
dans chacun de ces deux cas, que l’intégrale uf a un sens ; en déduire qu’on définit
R Z
0
bien un élément de S , noté Tu , en posant Tu (f ) = uf pour f appartenant à S.
R
On utilisera cette notation Tu dans toute la suite du problème.
2. Construction d’opérateurs sur S 0 .
Pour construire d’autres éléments de S 0 on procède de la manière suivante. On se donne
tout d’abord une application linéaire continue de S dans S, notée L. On suppose qu’il
0
existe une application
Z linéaire
Z continue L de S dans S telle que pour toutes fonctions f et
g de S on ait L (f ) g = f L0 (g) . On admettra que, dans ces conditions, l’application
R R
L0 est unique.
Enfin pour tout élément T de S 0 on pose L (T ) = T ◦ L0 .
Justifier le fait que L est une application linéaire de S 0 dans lui même.
3. Dérivation dans S 0 .
(a) On choisit d’abord L = D (opérateur de dérivation). Vérifier que la question IV.2.
s’applique bien à cet opérateur et expliciter L0 .
(b) Donner alors l’expression de D (T ) (f ) pour T ∈ S 0 et f ∈ S.
(c) On choisit à présent L = Dα , pour α ∈ N, α ≥ 2. Expliciter L0 et L (T ) (f ) pour
T ∈ S 0 et f ∈ S.
97

(d) Soit Y la fonction définie sur R par Y (x) = 1 pour x ≥ 0 et Y (x) = 0 pour x < 0.
Démontrer que D (TY ) = δ (avec les notations δ et TY introduites en IV.1.).
4. Multiplication par des fonctions dans S 0 .
On dit qu’une fonction P de classe C ∞ est à croissance lente si¯ pour tout
¯ entier β ≥ 0 il
existe un entier α ≥ 0 et deux nombres réels M et N tels que ¯Dβ P (x)¯ ≤ (M + N |x|α )
pour tout x réel.
Soit L l’opérateur défini sur S par L (f ) (x) = P (x) × f (x) (avec f ∈ S, x ∈ R).
Démontrer que L satisfait aux hypothèses de la question IV.2. et préciser l’expression de
L0 et de L (T ) (f ) pour T ∈ S 0 et f ∈ S.
L’élément L (T ) de S 0 sera noté P × T dans la suite.
5. Transformation de Fourier dans S 0 .
(a) Démontrer que l’application L définie, pour f ∈ S, par L (f ) = fb (soit L = F)
vérifie les hypothèses de la question IV.2. ; donner l’expression de L (T ) (f ) pour
T ∈ S 0 et f ∈ S.
L’élément L (T ) de S 0 sera noté dans la suite Tb ou indifféremment F (T ) .
(b) Donner une définition analogue pour l’application G (voir question II.6.) et démon-
trer que G réalise une bijection de S 0 sur lui même dont la réciproque est F (voir la
question III.5.).
(c) On se donne une fonction u ∈ L1 . Démontrer que l’on a :

F (Tu ) = TF(u) .

(d) Démontrer que F (δ) = T1 , où 1 désigne la fonction constante égale à 1 sur R, puis
que G (δ) = T1 .
6. Soit un entier α ≥ 0. On définit deux fonctions P et Q par P (x) = (−2iπx)α et Q (x) =
(2iπx)α pour tout réel x. Soit T appartenant à S 0 ; démontrer les relations :

Dα (F (T )) = F (P × T ) et F (Dα (T )) = Q × F (T ) .

7. Équation différentielle −D2 U + U = δ.


Chercher, au moyen de la transformation de Fourier et des résultats de la question I.2.
quelles sont les solutions U ∈ S 0 de l’équation différentielle −D2 U + U = δ.
98 Agrégation interne 2009, épreuve 2
17

Agrégation interne 2010, épreuve 1

– NOTATIONS ET PRÉLIMINAIRES –

– Étant donnés deux entiers p et q tels que p ≤ q, on note [p, q] l’ensemble des entiers k
vérifiant p ≤ k ≤ q.
– Dans ce problème K désigne un corps commutatif de caractéristique différente de deux.
– Pour tout polynôme P de K [X] , on note d◦ P le degré de P (on rappelle que, par conven-
tion, le polynôme 0 a pour degré −∞).
– Un polynôme non nul P de K[X] est dit normalisé si le coefficient du terme de plus haut
degré est égal à 1.
– Pour tout entier naturel m, Km [X] désigne le sous-espace vectoriel de K[X] constitué des
polynômes de degré inférieur ou égal à m.
– Si E est un K-espace vectoriel, on notera E ∗ son espace dual.
– Soient E et F deux K-espaces vectoriels. On note L(E, F ) l’ensemble des applications
linéaires de E à valeurs dans F . Pour toute application f de L(E, F ), on appelle transposée
de f l’application (linéaire) notée t f définie sur F ∗ et à valeurs dans E ∗ par :
∀ϕ ∈ F ∗ t
f (ϕ) = ϕ ◦ f.
– On note Mp (K) l’algèbre des matrices carrées de taille p à coefficients dans K.
– On identifie les vecteurs de K p aux matrices correspondantes de Mp,1 (K) .
– Si A et B sont deux polynômes de K[X], avec B non nul, on note A mod B le reste de la
division euclidienne de A par B.
– Soient A, B, C des polynômes de K[X]. On écrira A = B mod C si C divise A − B.
– Pour tout couple (A, B) ∈ K[X]2 avec (A, B) 6= (0, 0), on note A ∧ B le pgcd du couple
(A, B) (c’est donc un polynôme normalisé).
– Soit E un K-espace vectoriel non nul. On note S(E) l’espace vectoriel des suites de E
indexées par N. On aura l’occasion d’utiliser l’application σ : S(E) → S(E) qui à une
suite u = (un )n∈N de E associe la suite σ(u) définie par :
∀n ∈ N [σ(u)]n = un+1 .
Cette application σ, nommée décalage d’indices, est clairement un endomorphisme de
l’espace S(E).
P
– Soit P = rk=0 pk X k ∈ K[X]. On désigne par P (σ) l’endomorphisme de S(E) défini par
substitution de σ à X :
P (σ) = p0 Id + p1 σ + ... + pr σ r .
On rappelle que, pour tout couple (P, Q) ∈ K[X]2 on a :
(P + Q) (σ) = P (σ) + Q (σ) et (P Q) (σ) = P (σ) ◦ Q (σ) .

99
100 Agrégation interne 2010, épreuve 1

– Pour toute suite u = (un )n∈N ∈ S(E), on appelle annulateur de u le sous-ensemble de


K[X], noté Ann (u) , défini par :

Ann (u) = {P ∈ K[X] / P (σ) (u) = 0}.

– Une suite u = (un )n∈N ∈ S(E) est dite linéaire récurrente s’il existe un entier r ≥ 0
ainsi que des scalaires q0 , ..., qr tels que q0 6= 0 et :

∀n ∈ N q0 un+r + q1 un+r−1 + ... + qr−1 un+1 + qr un = 0.

Partie I
Polynôme minimal d’une suite linéaire récurrente

Dans cette partie E et F sont des K-espaces vectoriels non nuls.


r
X
1. Soient u = (un )n∈N ∈ S(E), P = pk X k ∈ K[X]. Calculer, pour n ∈ N, [P (σ) (u)]n .
k=0
2. Soit u = (un )n∈N ∈ S(E).
(a) Démontrer que la suite u est linéaire récurrente si et seulement si Ann (u) 6= {0}.
(b) Démontrer que si u est linéaire récurrente, alors il existe un unique polynôme nor-
malisé noté πu tel que Ann (u) = πu .K[X]. Le polynôme πu s’appelle le polynôme
minimal de la suite u.
3. Dans cette question on prend E = K = R.
(a) Démontrer que la suite (2n + 3n )n∈N est linéaire récurrente et donner son polynôme
minimal.
(b) Démontrer que la suite (n2 2n )n∈N est linéaire récurrente et donner son polynôme
minimal.
(c) Est-ce que la suite (n!)n∈N est linéaire récurrente ?
4. Soit T ∈ L(E, F ). Pour toute suite u = (un )n∈N ∈ S(E), on note T (u) la suite de F
définie par :
∀n ∈ N [T (u)]n = T (un ) .
Démontrer que si u est linéaire récurrente, alors il en est de même de T (u) et le polynôme
πT (u) divise πu .
5. On note R(E) le sous-ensemble de S(E) formé des suites linéaires récurrentes. R(E) est-il
un sous-espace vectoriel de S(E) ?
6. Un exemple important : dans cette question on considère une matrice A ∈ Mp (K)
ainsi que deux éléments non nuls V et W de K p . On leur associe la suite scalaire u =
(un )n∈N définie par un = t W An V .
(a) Démontrer que la suite (An )n∈N est linéaire récurrente et que le polynôme minimal de
cette suite est égal au polynôme minimal de la matrice A. Dans la suite ce polynôme
minimal sera noté πA .
101

(b) Vérifier que les suites β = (An V )n∈N et u sont linéaires récurrentes et que :

πu | πβ et πβ | πA .

Dans la suite πβ sera noté πA,V et πu sera noté πW,A,V .


(c) Donner un majorant du degré de πW,A,V .
(d) Que peut-on dire de πW,A,V , πA,V , πA lorsque πW,A,V (A) est nul ?

Partie II
Une caractérisation des suites récurrentes scalaires

Dans cette partie on cherche à caractériser les suites récurrentes à valeurs dans le corps K.
On introduit à cette fin les notations suivantes : pour toute suite u = (un )n∈N ∈ S(K)
et pour tout entier m ≥ 0, on note Hm (u) la matrice de Mm+1 (K) définie par Hm (u) =
[ui+j−2 ](i,j)∈[1,m+1]2 et on désigne par Dm (u) son déterminant (rappel : ce déterminant est de
taille m + 1).
1. On suppose ici que K = R et on choisit pour u la suite de Fibonacci définie par :

u0 = 0, u1 = 1 ; ∀n ∈ N un+2 = un+1 + un .

(a) Calculer Dm (u) pour tout entier m ≥ 0.


(b) Quel est le polynôme minimal de la suite u ?
2. On suppose ici que u = (un )n∈N ∈ S(K) est une suite linéaire récurrente de polynôme
minimal πu = X s + q1 X s−1 + ... + qs−1 X + qs . Démontrer que pour tout entier m ≥ s,
Dm (u) = 0.
3. Réciproquement soit u = (un )n∈N ∈ S(K) pour laquelle il existe un entier s ≥ 1 vérifiant :

Ds−1 (u) 6= 0 et ∀m ≥ s, Dm (u) = 0.

On se propose de démontrer que u est linéaire récurrente et de donner une méthode de


calcul de son polynôme minimal.
(a) Quel est le rang de la matrice Hs (u) ?
(b) Démontrer qu’il existe un unique s-uplet (q1 , q2 , ..., qs ) ∈ K s tel que :
   
qs 0
 qs−1   0 
   
   
Hs (u) .  ...  =  ...  .
   
 q1   0 
1 0

(c) On pose, pour tout entier m ≥ s :

λm = um + q1 um−1 + ... + qs−1 um−s+1 + qs um−s .

Que vaut λm lorsque m appartient à l’intervalle [s, 2s] ?


102 Agrégation interne 2010, épreuve 1

(d) Démontrer que :


¯ ¯
¯ u0 u1 ··· us−1 0 0 ¯
¯ ¯
¯ u1 u2 ··· us 0 0 ¯
¯ ¯
¯ .. .. .. ¯
¯ . . . ¯
Ds+1 (u) = ¯ ¯.
¯ us−1 us · · · u2s−2 0 0 ¯
¯ ¯
¯ us us+1 · · · u2s−1 0 λ2s+1 ¯
¯ ¯
¯ us+1 us+2 · · · u2s λ2s+1 λ2s+2 ¯

En déduire que λ2s+1 = 0.


(e) Plus généralement, soit m ≥ s + 1 pour lequel

λs = λs+1 = ... = λ2s = ... = λm+s−1 = 0.

Démontrer que :
¯ ¯
¯ u0 u1 · · · us−1 0 0 ··· 0 ¯
¯ ¯
¯ .. .. .. .. .. ¯
¯ . . . . . ¯
¯ .. .. .. .. .. ¯
¯ ¯
¯ . . . . . ¯
¯ ¯
¯ us−1 · · · · · · u2s−2 0 0 ··· 0 ¯
Dm (u) = ¯ ¯.
¯ us · · · · · · u2s−1 0 ··· 0 λm+s ¯
¯ .. .. ¯
¯ . . 0 .. ∗ ¯
¯ ¯
¯ .. .. .. ¯
¯ . . 0 λm+s . ¯
¯ ¯
¯ um um+s−1 λm+s ∗ ··· ∗ ¯

(On détaillera les opérations effectuées ainsi que l’ordre dans lequel elles sont faites).
(f) Conclure que la suite u est linéaire récurrente de polynôme minimal

πu = X s + q1 X s−1 + ... + qs−1 X + qs .

Partie III
Polynômes minimaux en algèbre linéaire

Pour tout polynôme P ∈ K [X], on note coeff (P, k) le coefficient d’indice k de P .


1. Soit F ∈ K [X] un polynôme normalisé, de degré m ≥ 1. On lui associe l’application :

Φ : K [X] × K [X] → K
(P, Q) 7→ coeff (P Q mod F, m − 1) .

(a) Vérifier que Φ est bilinéaire et symétrique.


(b) Soit P ∈ K [X] tel que pour tout Q ∈ K [X], Φ (P, Q) = 0. Démontrer que F
divise P . Etudier la réciproque.
[Indication : on pourra introduire r = d◦ (P mod F ).]
(c) Soit Φm−1 la restriction de Φ à Km−1 [X] × Km−1 [X]. Φm−1 est-elle dégénérée ?
¡ ¢
(d) Soit G ∈ Km−1 [X]. On considère la suite u = (uk )k∈N définie par uk = Φ X k , G .
103

i. Démontrer qu’un polynôme P appartient à Ann (u) si et seulement si pour tout


entier i on a Φ (P G, X i ) = 0.
ii. En déduire que u est linéaire récurrente et que son polynôme minimal est donné
par :
F
πu =
F ∧G
Dans la suite du problème on considère une matrice A ∈ Mk (K) ainsi qu’un
vecteur V ∈ K n non nul. On utilise les notations des questions précédentes en
prenant F = πA,V , de degré m.
2. Soit E le sous-espace de K n engendré par {Ak V / k ∈ N}. Démontrer que l’application
Θ : Km−1 [X] → E ; P 7→ P (A) V est un isomorphisme de K-espaces vectoriels.
3. Soit ρ : K n → E ∗ l’application qui, à W ∈ K n associe la forme linéaire ρ (W ) : E → K ;
z 7→ t W z. Montrer que ρ est linéaire et surjective.
4. Soit ϕ : Km−1 [X] → Km−1 [X]∗ l’application définie par :
∀ (P, Q) ∈ Km−1 [X] × Km−1 [X] ϕ (P ) (Q) = Φ (P, Q) .
Expliquer pourquoi ϕ est un isomorphisme de K-espaces vectoriels.
5. On note Γ = ϕ−1 ◦ t Θ ◦ ρ.
(a) Que peut-on dire de Γ ?
(b) Démontrer que pour tout P ∈ Km−1 [X] et pour tout W ∈ K n :
Φ (Γ (W ) , P ) = t W P (A) V.

(c) Vérifier que cette relation est vraie pour tout polynôme P de K [X].
(d) Conclure que pour tout W ∈ K n :
πA,V
πW,A,V = .
πA,V ∧ Γ (W )

(e) En déduire qu’il existe au moins un vecteur W de K n pour lequel πW,A,V = πA,V .
Dans la fin de cette partie on cherche dans quelle mesure on peut « espérer » que πW,A,V
soit égal à πA,V .
Notations : on rappelle qu’un polynôme P = P (X1 , ..., Xn ) à n indéterminées est un
élément de l’algèbre K [X1 , ..., Xn ] qui peut se définir comme (K [X1 , ..., Xn−1 ]) [Xn ] pour
n ≥ 1. On peut noter P ainsi :
X
P = ai1 ,...,in X1i1 ...Xnin .
i1 ,...,in

Pour un tel polynôme, chacun de ses monômes ai1 ,...,in X1i1 ...Xnin a pour degré total i1 +
... + in , et le degré total de P est le plus grand des degrés totaux de ses monômes non
nuls.
6. Soient R ∈ K [X1 , ..., Xn ] un polynôme non nul de degré total d, à n indéterminées et S
un sous-ensemble fini non vide de K. Montrer que l’ensemble
ΩS = {(s1 , ..., sn ) ∈ S n / R (s1 , ..., sn ) = 0}
possède au plus d × [Card S]n−1 éléments.
[Indication : on pourra procéder par récurrence sur n.]
104 Agrégation interne 2010, épreuve 1

7. On admet le résultat suivant : étant donnés deux polynômes non nuls


n
X m
X
A= ak X k , B= bk X k ∈ K [X]
k=0 k=0

avec bm 6= 0, ces polynômes sont premiers entre eux si et seulement si le déterminant


ci-dessous n’est pas nul :
¯ ¯
¯ a0 0 · · · 0 b0 0 ··· 0 ¯¯
¯
¯ .. . .. .. .. ¯
¯ a1 a0 . .. . b0 . . ¯
¯ . ... .. .. ... ¯
¯ .. a 0 . . 0 ¯¯
¯ 1
¯ .. .. ... .. ¯
¯ . . a b . b ¯
¯ 0 m 0 ¯
¯ .. .. ¯
¯ an . a1 0 bm . ¯
¯ ¯
¯ . . ¯
¯ 0 an .
. .
. ¯
¯ .. ¯
¯ . ¯
¯ . . . . . ¯
¯ .. .. . . .. .. ¯
¯ ¯
¯ 0 · · · 0 an 0 · · · 0 bm ¯
<———————-> <—————————->
m n

Ce déterminant s’appelle le résultant de (A, B). On le notera Res(A, B).


On considère comme dans la question 6 un sous-ensemble S de K qui est fini et admet
au moins m éléments.
(a) Démontrer que l’ensemble :
{W = (w1 , ..., wn ) ∈ S n / πA,V ∧ Γ (W ) = 1}
possède au moins [Card S]n − m. [Card S]n−1 éléments.
(b) On choisit au hasard (de manière équiprobable) un n-uplet W dans S n . On demande
de déduire de ce qui précède un minorant de la probabilité pour que πW,A,V = πA,V .

Partie IV
L’algorithme de Berlekamp-Massey

Le but de cette partie est de fournir un algorithme efficace dans la recherche du polynôme
minimal d’une suite linéaire récurrente scalaire lorsqu’on connaît à l’avance une majoration du
degré de ce polynôme. La méthode proposée est indépendante des parties II et III.
Dans cette partie A et B sont deux polynômes de K[X] pour lesquels d◦ A = m, d◦ B = n,
avec m ≥ n ≥ 1. On rappelle que l’algorithme d’Euclide fournit par divisions euclidiennes
successives deux familles finies (Qi )i∈[1,l] et (Ri )i∈[0,l+1] de K[X] vérifiant :

 R0 = A, R1 = B
Ri−1 = Qi Ri + Ri+1 pour i ∈ [1, l] avec ∀i ∈ [1, l[, 0 ≤ d◦ Ri+1 < d◦ Ri

Ri = A ∧ B, Rl+1 = 0.
On considère les deux familles finies de polynômes (Si )i∈[0,l+1] et (Ti )i∈[0,l+1] définies par
S0 = 1, S1 = 0, T0 = 0, T1 = 1 et pour i ∈ [1, l],
(
Si+1 = Si−1 − Qi Si
Ti+1 = Ti−1 − Qi Ti .
105

1. Démontrer les propriétés suivantes :


(a) Pour tout i ∈ [0, l + 1], Si A + Ti B = Ri .
(b) Pour tout i ∈ [0, l], Si+1 Ti − Si Ti+1 = (−1)i+1 . En déduire la valeur de Si ∧ Ti , pour
i ∈ [0, l + 1].
(c) Pour tout i ∈ [0, l + 1], Ri ∧ Ti = A ∧ Ti .
(d) d◦ T1 ≤ d◦ T2 , et pour tout i ∈ [2, l], d◦ Ti ≤ d◦ Ti+1 .
(e) Pour tout i ∈ [1, l + 1], d◦ Ti = m − d◦ Ri−1 .
On peut alors démontrer de même (mais cela n’est pas demandé) que pour tout
i ∈ [2, l + 1], d◦ Si = n − d◦ Ri−1 .
2. On fixe ici un entier k ∈ [0, m[ et on s’intéresse aux deux problèmes suivants :
(P1 ) : trouver un couple (R, T ) ∈ K[X]2 vérifiant :

T B ≡ R mod A, T ∧ A = 1, d◦ R < k, d◦ T < m − k.

(P2 ) : trouver un couple (R, T ) ∈ K[X]2 vérifiant :

T B ≡ R mod A, d◦ R < k, d◦ T < m − k.

Soit j ∈ [1, l + 1] pour lequel d◦ Rj < k ≤ d◦ Rj−1 .


(a) Démontrer que le couple (Rj , Tj ) est une solution de (P2 ). A quelle condition est-il
une solution de (P1 ) ?
(b) Inversement, on suppose qu’il existe un couple (R, T ) solution de (P1 ). Démontrer
que : 
 Rj ∧ Tj = 1,

Il existe P ∈ K [X] \{0} tel que R = P Rj , T = P Tj ,


P ∧ A = 1.
Indication : on pourra s’intéresser au polynôme Rj T − RTj .
3. Soit uP= (un )n∈N ∈ S(K). On lui associe la suite de polynômes (Br )r∈N∗Pdéfinie par :
Br = 2r−1 k
k=0 uk X . On suppose en outre qu’il existe deux polynômes H =
s k
k=0 qk X et
R vérifiant :
q0 = 1, d◦ R < s, et ∀r ≥ s, HBr ≡ R mod X 2r .
P
Démontrer alors que u est linéaire récurrente et que sk=0 qs−k X k ∈ Ann (u).
4. Réciproquement, soit u = (un )n∈N ∈ S(K) une suite linéaire récurrente non nulle dont
X s
Q= qk X s−k (avec q0 = 1) est un polynôme annulateur.
k=0

(a) Dans ces conditions, démontrer que :


i. il existe un polynôme R de degré strictement inférieur à s tel que pour tout
entier r ≥ s :
µ ¶ X s
∗ 2r ∗ s 1
Q Br ≡ R mod X , où Q (X) = X Q = qk X k .
X k=0

ii. Si Q = πu , alors s = Max (1 + d◦ R, d◦ Q∗ ) et Q∗ ∧ R = 1.


106 Agrégation interne 2010, épreuve 1

(b) On reprend les notations de la question 1 avec A = X 2r , B = Br , pour r ≥ s ; on


choisit k = r et on considère un entier j ∈ [1, l + 1] tel que d◦ Rj < r ≤ d◦ Rj−1 .
i. Vérifier que

Tj Br ≡ Rj mod X 2r , Rj ∧ Tj = Tj ∧ X 2r = 1, d◦ Tj ≤ r, d◦ Rj < r.

ii. En déduire qu’il existe P ∈ K[X]\{0} tel que :

πu∗ = P Tj , R = P Rj et P ∧ X 2r = 1.

iii. Conclure que, quitte à multiplier Tj , Rj par un élément non nul de K, on peut
supposer que Tj (0) = 1 et que le polynôme minimal πu est alors donné par :

1
πu (X) = X s Tj ( ) où s = Max (1 + d◦ Rj , d◦ Tj ) .
X
18

Agrégation interne 2010, épreuve 2

Notations et préliminaires

La lettre C désigne le corps des nombres complexes ; les espaces vectoriels considérés seront
toujours des espaces vectoriels sur ce corps C, et les symboles N, Z, Q, R ont leur signification
habituelle. On note N∗ [resp. C∗ ] l’ensemble des entiers ≥ 1 [resp. l’ensemble des complexes non
nuls].
La lettre P désigne l’espace vectoriel des polynômes à coefficients complexes (« polynômes »
et « fonctions polynômes » seront toujours confondus, puisqu’on travail sur le corps C, infini).
La partie réelle [resp. la partie imaginaire] du nombre complexe z sera notée < (z) [resp. = (z)]
en un endroit du problème.
On rappelle que le symbole de Kronecker δij vaut 1 si i = j et 0 sinon (i et j étant deux
entiers).

Enfin, pour une partie A d’un espace vectoriel normé E on note A l’intérieur de A.
L’objectif de ce problème est l’étude de l’équation de Guichard :

(G) f (z + 1) − f (z) = g (z)

dans un certain espace E de fonctions définies sur C, qui contient P. Dans cette équation g ∈ E
est la donnée, f ∈ E l’inconnue.
La partie I étudie l’équation (G) sur P, et donne une application.
La partie II définit l’espace E et établit quelques-unes de ses propriétés qui seront utiles par
la suite.
La partie III étudie l’équation (G) sur E.
La partie IV, enfin, étudie une variante multiplicative de (G) , à savoir l’équation (sur E) :

(H) f (qz) − f (z) = g (z)

dans laquelle q est un nombre complexe non nul (q ∈ C∗ ). Cette partie fait intervenir des
considérations « diophantiennes », en ce sens que la vitesse d’approximation d’un irrationnel
par des rationnels doit être prise en compte.

– I – L’équation (G) sur P et les opérateurs nilpotents

Soit ∆ : P → P l’opérateur de différence première défini par :

∀z ∈ C, (∆P ) (z) = P (z + 1) − P (z) (18.1)

où ∆P = ∆ (P ) .

107
108 Agrégation interne 2010, épreuve 2

1.
(a) Démontrer que ∆ : P → P est une application linéaire localement nilpotente, c’est-
à-dire (en notant ∆n = ∆ ◦ · · · ◦ ∆ (n fois) et ∆0 = Id) :

∀P ∈ P, ∃n ∈ N tel que ∆n P = 0

(b) Existe-t-il un entier p ∈ N tel que ∆n = 0 ?


2. Démontrer que ∆ : P → P n’est pas injective et décrire son noyau.
3. On définit la suite (Hn )n∈N des polynômes de Hilbert sur C par :

z (z − 1) · · · (z − n + 1)
H0 (z) , ∀n ∈ N∗ , Hn (z) =
n!
(a) Démontrer que ∆H0 = 0, ∆Hn = Hn−1 si n = 1, et ∆k Hn (0) = δn,k .
(b) Démontrer que (Hn )n∈N est une base de P et que, plus précisément :
+∞
X
∀P ∈ P, P = (∆n P ) (0) Hn (18.2)
n=0

Expliciter les coefficients du polynôme z 7→ z 3 sur la base (Hn )n∈N .


(c) Démontrer que ∆ : P → P est surjective. Comment conciliez vous cela avec la
question I.2. ?
4.
(a) Soit p un entier fixé ; on écrit z p = f (z + 1) − f (z) avec f ∈ P et f (0) = 0.
Démontrer que :
XN
∀N ∈ N, np = f (N + 1) (18.3)
n=0

N
X
(b) Donner une formule simple pour calculer n3 en fonction de N.
n=0

5.
(a) Pour P ∈ P, on pose kP k = sup |P (x)| . Démontrer que l’on définit ainsi une
x∈[0,1]
norme sur P.
(b) L’application linéaire ∆ : P → P est-elle continue pour la norme précédente ?
(c) Montrer qu’il existe une norme sur P pour laquelle ∆ est continue.
Indication : on pourra utiliser le caractère localement nilpotent de ∆ pour définir à
partir de la formule (18.2) une norme faisant de ∆ une application linéaire de norme
1.
6. On rappelle le lemme de Baire pour les espaces vectoriels normés complets ou « espaces
de Banach » (admis ici) : Si (Fn )n∈N est une suite de fermés d’un espace de Banach dont
la réunion est tout l’espace, alors l’un au moins de ces fermés, Fp , est d’intérieur non vide

(Fp 6= ∅). On se donne X un tel espace de Banach (ici sur C).

(a) Soit Y un sous-espace vectoriel de X ; montrer que Y 6= ∅ ⇒ Y = X.
109

(b) Soit T : X → X une application linéaire continue localement nilpotente :

∀x ∈ X, ∃n ∈ N : T n (x) = 0

Démontrer que T est nilpotente : il existe n ∈ N tel que T n = 0.


7.
(a) L’espace vectoriel P est-il complet pour la norme construite en I.5.2.c. ?
(b) L’espace vectoriel P est-il complet pour au moins une norme ?

– II – L’espace E des fonctions entières

Soit E l’espace vectoriel des fonctions entières, c’est-à-dire des fonctions f : C → C qui
s’écrivent :
+∞
X
f (z) = an z n
n=0

où la série figurant au second membre a un rayon de convergence infini. On a immédiatement


P ⊂ E.
1.
(a) Démontrer que les an sont déterminés de façon unique par f et que l’on a plus
précisément : Z 2π
n 1 ¡ ¢
∀r > 0, ∀n ∈ N, an r = f reit e−int dt (18.4)
2π 0
(b) On pose M (f, r) = sup |f (z)| . Démontrer que :
|z|=r

M (f, r)
∀r > 0, ∀n ∈ N, |an | ≤ (18.5)
rn
(c) Démontrer que P n’est pas égal à E (il suffit de donner un exemple d’une fonction
P
+∞
f ∈ E, f (z) = an z n , qui n’est pas un polynôme ; on justifiera la réponse).
n=0
(d) Démontrer que les seules fonctions de E qui sont bornées sont les constantes.
(e) Démontrer que :
+∞
X
f ∈P⇔ an z n converge ubiformément sur C tout entier
n=0

2. Cette question a pour but de mettre en place quelques propriétés importantes de l’espace
E.
P (k) n
+∞
(a) Soit (fk )k∈N une suite de fonctions de E, f (z) = an z . On suppose que (fk )k∈N
n=0
converge uniformément vers f sur tout compact de C. Démontrer que f appartient
à E.
Indication : on pourra commencer par démontrer que :
¯ ¯ M
∀R > 0, ∃M > 0 | ∀ (n, k) ∈ N2 , ¯a(k)
n
¯≤
R
110 Agrégation interne 2010, épreuve 2

(b) Démontrer qu’une fonction f de C dans C appartient à E si, et seulement si, il existe
une suite de polynômes (Pn )n∈N convergeant uniformément vers f sur tout compact
de C.
(c) Démontrer que E est stable par produit, c’est-à-dire que f, g ∈ E ⇒ f g ∈ E.
(d) Soient f ∈ E, z ∈ C et g : C → C définie par g (z) = f (z + a) . Montrer que g ∈ E.
Ainsi, E est stable par translation.
3. Une suite (λn )n∈N de nombres complexes est dite un multiplicateur de E si, pour toute
fonction :
+∞
X
f (z) = an z n ∈ E
n=0
P n
la série entière λn an z définit un élément de E, c’est-à-dire a un rayon de convergence
infini.
On se propose de montrer qu’on a équivalence entre :
(i) (λn )n∈N est un multiplicateur de E ;
(ii) il existe des constantes A, B > 0 telles que : ∀n ∈ N, |λn | ≤ AB n .
(a) Démontrer que (ii) implique (i) .
(b) On suppose que (ii) n’est pas réalisée. Montrer ¯ qu’il
¯ existe une suite strictement
croissante (nj )j≥1 d’entiers ≥ 1 avec ∀j ≥ 1, ¯λnj ¯ > j nj . Puis montrer qu’il existe
P
+∞
une fonction f ∈ E de la forme f (z) = anj z nj telle que le rayon de convergence
P j=1
de la série entière anj λnj z nj ne soit pas infini. En déduire que (i) implique (ii) .
4.
(a) Démontrer que ∆ défini par (∆f ) (z) = f (z + 1) − f (z) envoie E dans E.
(b) Décrire le noyau ker (∆) de ∆ : E → E et montrer que ce noyau est de dimension
infinie. Ainsi ∆ : E → E est très loin d’être injective. On verra dans la partie III
qu’elle est cependant surjective.
5. On rappelle que pour ρ > 0 et f définie et continue sur le cercle de centre 0 et de rayon
ρ (|w| = ρ) à valeurs complexes, l’intégrale curviligne :
Z
I= f (w) dw
|w|=ρ

est par définition : Z 2π ¡ ¢


I= f ρeit iρeit dt (18.6)
0

(a) Démontrer que |I| ≤ 2πρM (f, ρ)


(b) Montrer que si f ∈ E alors I = 0.
(c) Soient un élément h de E et un entier k ∈ Z. On pose :
Z
1
Jk (h, ρ) = wk h (w) dw
2iπ |w|=ρ

Démontrer que J−1 (h, ρ) = h (0) et Jk (h, ρ) = 0 pour tout k ≥ 0.


6.
111

(a) Montrer qu’il existe une fonction g de E telle que :

w ∈ C ⇒ ew = 1 + w + w2 g (w)

avec de plus |g (w)| ≤ e − 2 si |w| = 1.


(b) Soient k ∈ Z et : Z
1 wk
Ik = dw
2iπ |w|=1 ew − 1
i. Montrer que Ik est bien définie.
ii. Démontrer que I0 = 1 et que Ik = 0 si k ≥ 1.
Indication : on pourra par exemple faire intervenir une série géométrique.

– III – L’équation de Guichard dans E

A. Les polynômes de Bernoulli et une application


Pour n ∈ N et z ∈ C, on pose :
Z µ ¶
n! ezw dw
Bn (z) = (18.7)
2iπ |w|=1 ew − 1 wn

1. Démontrer que :
+∞
X Ik−n
Bn (z) = n! zk
k=0
k!
puis que Bn est un polynôme de degré inférieur ou égal à n. Calculer B0 .
2.
(a) Démontrer que :
∀x ∈ R, ∀n ∈ N∗ , Bn0 (x) = nBn−1 (x) (18.8)
(b) Démontrer que :

∀z ∈ C, ∀n ∈ N∗ , Bn (z + 1) − Bn (z) = nz n−1 (18.9)

et que Bn (1) = Bn (0) pour tout entier n ≥ 2.


3.
(a) Démontrer que : Z 1
∀n ≥ 1, Bn (t) dt = 0 (18.10)
0

(b) Calculer B1 , B2 , B3 .
Les deux questions suivantes proposent une application (à l’ordre 2) des polynômes Bn .
4. Soit h : [0, 1] → C de classe C 2 .
(a) Démontrer que :
Z 1 Z 1
h (0) + h (1)
h (t) dt = − h0 (t) B1 (t) dt
0 2 0
112 Agrégation interne 2010, épreuve 2

(b) Montrer ensuite que :


Z 1 Z
h (0) + h (1) h0 (0) − h0 (1) 1 1 00
h (t) dt = + + h (t) B2 (t) dt
0 2 12 2 0

5. Soient ϕ : [1, +∞[ → C une fonction de classe C 2 et N un entier non nul. On pose :
N
X Z N
SN = ϕ (n) et IN = ϕ (t) dt
n=1 1

1
On désigne par π2 la fonction 1-périodique valant B2 sur [0, 1] .
2
(a) Montrer qu’on a, pour n ∈ N∗ :
Z n+1 Z n+1
ϕ (n) + ϕ (n + 1) ϕ0 (n) − ϕ0 (n + 1)
ϕ (t) dt = + + ϕ00 (t) π2 (t) dt
n 2 12 n

(b) Démontrer que :


Z N
1 1
SN = IN + (ϕ (1)+ϕ (N )) + (ϕ0 (N ) − ϕ0 (1)) − ϕ00 (t) π2 (t) dt
2 12 1

(c) On suppose que |ϕ00 | est intégrable sur [1, +∞[ et que ϕ (t) tend vers 0 quand t tend
Z +∞
P
vers +∞. Démontrer que la série ϕ (n) et l’intégrale généralisée ϕ (t) dt sont
1
de même nature. √
i n
e
(d) Quelle est la nature de la série de terme général √ ?
n

B. Solution de l’équation (G) de Guichard


P
+∞
1. Soit g (z) = bn z n , g ∈ E. On veut résoudre l’équation ∆f = g, avec f ∈ E. Pourquoi
n=0
est-il plausible de prendre :
+∞
X Bn+1
f= bn
n=0
n+1
Qu’est-ce qui pourrait empêcher ce choix ?
La suite de cette partie est consacrée à une modification des polynômes de Bernoulli
destinée à contourner cet obstacle.
2. On se propose d’abord de montrer par l’absurde le fait suivant :

Il existe c > 0 tel que : ∀n ∈ N, |w| = (2n + 1) π ⇒ |ew − 1| ≥ c (18.11)

On suppose donc qu’une telle constante c n’existe pas.


(a) Montrer qu’on peut trouver des suites (nj )j≥1 d’entiers positifs et (wj )j≥1 de com-
plexes telles que |wj | = (2nj + 1) π et lim ewj = 1.
j→+∞

(b) Démontrer que l’on a

lim < (wj ) = 0 et lim (|= (wj )| − (2nj + 1) π) = 0.


j→+∞ j→+∞
113

(c) Montrer qu’il existe une suite (εj ) à valeurs dans {−1, 1} et telle que la quantité
δj = wj − iεj (2nj + 1) π tende vers 0 quand j tend vers +∞.
(d) Conclure que (18.11) est vrai.
Dans ce qui suit, on pose pour n ∈ N et z ∈ C :
Z µ ¶
n! ezw dw
ρn = (2n + 1) π ; An (z) = (18.12)
2iπ |w|=ρn ew − 1 wn

3. Démontrer que An est dans E et que :

∀n ∈ N∗ , ∀z ∈ C, (∆An ) (z) = z n−1

4. Montrer qu’il existe des constantes a et b strictement positives telles que :

∀n ∈ N∗ , ∀z ∈ C, |An (z)| ≤ aenb|z| (18.13)

5. Soit g ∈ E. Démontrer que l’équation de Guichard (G) : f (z + 1) − f (z) = g (z) possède


au moins une solution dans E. Décrire toutes les solutions de (G) .

– IV – La version multiplicative (H) de l’équation de Guichard

Soit q ∈ C∗ . On considère dans cette partie l’équation « aux q-différences » :

(H) f (qz) − f (z) = g (z) , avec g ∈ E

1. On suppose que |q| 6= 1. Démontrer que (H) possède une solution f ∈ E si, et seulement
si, g (0) = 0. Décrire alors l’ensemble de toutes les solutions.
Dans la suite, on suppose que |q| = 1 et plus précisément que q = e2iπθ , où θ ∈
/ Q.
2. Pour x ∈ R, on note kxk la distance de x à l’entier le plus proche :

kxk = d (x, Z) = inf |x − m| = min |x − m|


m∈Z m∈Z

1
Démontrer que kxk ≤ et qu’on a la double inégalité :
2
¯ ¯
∀x ∈ R, 4 kxk ≤ ¯e2iπx − 1¯ ≤ 2π kxk

π 2
Indication : on rappelle que 0 ≤ u ≤ ⇒ sin (u) ≥ u.
2 π
3. On dit que θ est lentement approchable (par des rationnels) s’il existe a > 0 et b > 1 tels
que :
∀n ∈ N∗ , knθk ≥ ab−n (18.14)
On dit θ est vite approchable si θ ∈
/ Q et si θ n’est pas lentement approchable. On note A
l’ensemble des irrationnels lentement approchables et B l’ensemble des irrationnels vites
approchables.

(a) Montrer que 2 ∈ A.
114 Agrégation interne 2010, épreuve 2

(b) Montrer qu’il existe une suite croissante d’entiers positifs (pk )k≥1 telle que l’on ait :
+∞
X 1
θ= pk
∈B
k=1
2

Indication : on pourra définir les pk de proche en proche afin d’avoir une croissance
suffisamment rapide.
4. Soit θ un irrationnel et q = e2iπθ .
(a) Montrer la double inégalité :

∀n ∈ N∗ , 4 knθk ≤ |q n − 1| ≤ 2π knθk

(b) Montrer qu’on a l’équivalence entre :


i. θ est lentement approchable, autrement dit, θ ∈ A ;
ii. pour toute g ∈ E avec g (0) = 0, l’équation (H) possède une solution f ∈ E.
Indication : on pourra utiliser la question II.3. sur les multiplicateurs de E.

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