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2022

CPGE
Mathématiques 1
First-Prepa 2ième M.P
Transformée de Laplace et applications

Dans tout ce problème, on note :


• F (R+ , R) l’ensemble des applications de R+ dans R ;
• E l’ensemble des fonctions f : R+ −→ R, continues, telles que la fonction t 7−→ f (t)e−xt soit intégrable
sur R+ , pour tout x > 0 réel ;
• F l’ensemble des fonctions continues et bornées sur R+ .
Pour tout f dans E, on appelle transformée de Laplace de f et on note L( f ) la fonction définie par :
Z +∞
∀ x > 0 : L( f )( x) = f (t)e−xt dt
0

Q 1. Question préliminaire : Soient a ∈ RZet f : [ a, +∞[−→ R une fonction continue par morceaux. Pour
x
tout x dans [ a, +∞[, on pose : F ( x) = f (t) dt. On considère les propositions suivantes :
a
(i) f est intégrable sur [ a, +∞[ ;
(ii) F admet une limite finie en +∞.
Donner, sans démonstration, toutes les implications possibles entre (i) et (ii) lorsque :
(a) f est positive sur [ a, +∞[ ;
(b) f ne garde pas un signe constant sur [ a, +∞[.
Q 2.
(a) Démontrer que E est un sous-espace vectoriel de F (R+ , R).
(b) Démontrer que F est un sous-espace vectoriel de E.
(c) Justifier que L est une application linéaire de E dans F (R+
∗ , R), espace vectoriel des applications
de ]0, +∞[ dans R.
Q 3.
(a) On considère U : R+ −→ R définie par U (t) = 1. Déterminer L(U ).
(b) Soit λ > 0 réel. On considère hλ : [0, +∞[−→ R définie pour tout t > 0 réel par : hλ (t) = e−λt .
Démontrer que hλ est dans E et déterminer L(hλ ).
Q 4. Soient f dans E et n dans N. On considère gn : t 7−→ tn f (t) de [0, +∞[ dans R.
xt
Pour x > 0, justifier l’existence de A > 0 tel que tn e−xt 6 e− 2 pour tout t > A.
En déduire que gn est un élément de E.
Q 5. Transformée de Laplace d’une dérivée
Soit f dans E de classe C 1 , croissante et bornée sur [0, +∞[. Démontrer que f 0 est encore dans E et que

∀ x ∈]0, +∞[, L( f 0 )( x) = xL( f )( x) − f (0)

Q 6. Régularité d’une transformée de Laplace


(a) Démontrer que, pour tout f dans E, la fonction L( f ) est de classe C 1 sur ]0, +∞[ et que :

L( f )0 = −L( g1 ) où g1 est définie à la question 4

(b) Démontrer que, pour tout f dans E, la fonction L( f ) est de classe C ∞ sur ]0, +∞[ et pour x > 0
et n ∈ N, déterminer L( f )(n) ( x) à l’aide d’une transformée de Laplace.

Mr. FARESS Moussa 1/5 M.P. 22-23


Dans toute cette partie, f est un élément de E
Q 7. On suppose dans cette question que f est dans F.
(a) Déterminer la limite en +∞ de L( f ).
(b) Théorème de la valeur initiale
On suppose, de plus, que f est de classe C 1 et croissante sur R+ , avec f 0 bornée sur R+ . Démon-
trer que lim xL( f )( x) = f (0).
x→+∞
Q 8. Théorème de la valeur finale
On suppose dans cette question que lim f (t) = ` où ` est un réel. Soit ( an )n∈N une suite de réels
t→+∞
strictement positifs qui converge vers 0.
(a) Démontrer que f appartient à F.
Z +∞
(b) Soit n un entier naturel. Démontrer que an L( f )( an ) = hn ( x) dx où hn est la fonction définie
  0
−x x
sur [0, +∞[ par : hn ( x) = e f .
an
(c) En déduire, à l’aide du théorème de convergence domin’ee, que : lim an L( f )( an ) = `.
n→+∞
(d) Lorsque ` 6= 0, déterminer un équivalent de L( f )( x) en 0.

Fin des énonces


M.P. 22-23 2/5 Transformée de Laplace
Un corrigé
Q 1.
(a) (i ) ⇐⇒ (ii )
(b) (i ) =⇒ (ii )
Q 2.
(a) C 0 R+ , R étant un sous-espace vectoriel de F R+ , R , il suffit donc de montrer que E est un
 

sous-espace vectoriel de C 0 R+ , R .


E contient clairement la fonction nulle donc E 6= ∅ et si ( f , g, λ ) ∈ E × E × R, pour tout x > 0,


les deux fonctions t 7→ f (t)e−xt et t 7→ g(t)e−xt sont intégrables sur R+
donc t 7→ f (t) + λg(t) e−xt l’est aussi donc f + λg ∈ E. Donc E est un sous-espace vectoriel de

F R+ , R .
(b) F = C 0 R+ , R ∩ B R+ , R est un sous-espace vectoriel de F R+ , R
  

et si f ∈ F, on a ∀ x > 0, ∀t ∈ R+ , f (t)e−xt 6 f ∞ e−xt et t 7→ e−xt intégrable sur R+ donc


t 7→ f (t)e−xt l’est aussi donc f ∈ E et donc F ⊂ E. Donc F est un sous-espace vectoriel de E .


(c) Par linéarité de l’intégrale , pour tout ( f , g, λ ) ∈ E × E × R, on a pour x > 0,
Z +∞
f (t) + λg(t) e−xt dt

L( f + λg)( x) =
0
Z +∞ Z +∞
− xt
= f (t)e dt + λ g(t)e−xt dt
0 0
= L( f )( x) + λ L( g)( x)

soit L( f + λg) = L( f ) + λ L( g). Donc L ∈ L E, F R∗+ , R .




Z +∞  −xt +∞
− xt e 1
Q 3. (a) U ∈ F donc U ∈ E et ∀ x > 0, L(U )( x) = e dt = − soit ∀ x > 0, L(U )( x) = .
0 x 0 x

(b)  De même, hλ ∈ F car ∀t ∈ R+ , hλ (t) ≤ 1 donc hλ ∈ E .
Z +∞
1
 ∀ x > 0, L(hλ )( x) = e−(x+λ)t dt = L(U )( x + λ ) donc ∀ x > 0, L(hλ )( x) = .
0 x+λ
tn e−xt xt
n −2 tn e−xt xt
Q 4.  xt = t e −→ 0 donc ∃ A > 0, ∀ t ≥ A, xt ≤ 1 soit ∃ A > 0, ∀t ≥ A, tn e−xt ≤ e− 2 .
e− 2 t→+∞ e− 2
 
xt xt
0 − xt n − xt −
= O f (t)e 2 et t 7→ f (t)e− 2 est

 gn ∈ C R+ , R et ∀ x > 0, gn (t)e = f (t)t e
t→+∞
intégrable sur R+ donc t 7→ gn (t)e−xt l’est aussi. Ainsi gn ∈ E .
Q 5. Déjà, f est de classe C 1 sur R+ donc f 0 ∈ C 0 R+ , R . Puisque f est croissante, on a f 0 ≥ 0 donc

Z y
0 − xt
∀ x > 0, ∀t ∈ R+ , f (t)e ≥ 0 et, selon [Q 1.(a)], il suffit de montrer que f 0 (t)e−xt dt a une limite
0
finie quand y tend vers +∞ pour avoir f 0 ∈ E. Or, par intégration par parties,
Z y h i Z y Z y
f 0 (t)e−xt dt = f (t)e−xt + x f (t)e−xt dt = f ( y)e−xy − f (0) + x f (t)e−xt dt .
0 0 0
Z y
Or f ∈ E implique, d’après [Q 1.(a)], ∀ x > 0, f (t)e−xt dt −→ L( f )( x). D’autre part, f étant
0 y→+∞
bornée ∀ x > 0, ∀ y ≥ 0 f ( y)e−xy ≤ f ∞ e−xy −→ 0. La limite du membre de droite existe donc

y→+∞
quand y tend vers +∞ ce qui donne f 0 ∈ E et ∀ x > 0, L( f 0 )( x) = xL( f )( x) − f (0) .
Q 6.
(a) Appliquons le théorème de dérivation des intégrales à paramètre sur [ a, b], en posant pour
( x, t) ∈ [ a, b] × R+ , φ( x, t) = f (t)e−xt :
• Pour tout x ∈ [ a, b], l’application t 7→ f (t)e−xt est continue (par morceaux) et intégrable sur
R+ ,

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∂φ
• Pour tout ( x, t) ∈ [ a, b] × R+ , ( x, t) = −t f (t)e−xt = − g1 (t)e−xt existe,
∂x
∂φ
• Pour tout t ∈ R+ , x 7→ ( x, t) continue sur [ a, b],
∂x
∂φ
• Pour tout x ∈ [ a, b], l’application t 7→ ( x, t) est continue (par morceaux) sur R+ ,
∂x
∂φ
• ∀ x ∈ [ a, b], ∀t ∈ R+ , ( x, t) ≤ t f (t) e−at = g1 (t) e−at et, selon [4], t 7→ g1 (t)e−at est

∂x
intégrable car g1 ∈ E,
Z +∞
∂φ
donc L( f ) est C 1 sur ]0, +∞[ et ∀ x ∈ [ a, +∞[, (L( f ))0 ( x) = ( x, t) dt = −L( g1 )( x).
0 ∂x
(b) Montrons par récurrence sur n ∈ N que :
L( f ) est de classe C n sur ]0, +∞[ et (L( f ))(n) = (−1)n L( gn ) :
• pour n = 0, puisque, selon [Q 6 (a)], L( f ) est de classe C 1 sur ]0, +∞[, à fortiori, L( f ) est de
classe C 0 sur ]0, +∞[ et l’égalité est immédiate car g0 = f ;
• si le résultat est vrai pour n, en appliquant [Q 6 (a)] à gn qui appartient à E d’après [Q 4], on
obtient que L( gn ) est de classe C 1 sur ]0, +∞[ et

(L( gn ))0 = −L( gn+1 )

car ∀t ∈ R+ , t gn (t) = gn+1 (t).


On a donc L( f ) est de classe C n+1 sur ]0, +∞[ et (L( f ))(n+1) = (−1)n+1 L( gn ).
Ainsi L( f ) est de classe C ∞ sur ]0, +∞[ et ∀n ∈ N, (L( f ))(n) = (−1)n L( gn ) .
Q 7.
(a) f ∈ F donc ∀ x > 0, ∀t ∈ R+ , f (t)e−xt 6 f ∞ e−xt donc

Z +∞ Z +∞
− xt
− xt
Z +∞ −xt f

∀ x > 0, |L( f )( x)| = f (t)e dt ≤ | f (t)| e dt ≤ f ∞ e dt = ,
0 0 0 x

d’après [Q 3 (a)]. On en déduit que L( f )( x) −→ 0 .


x→+∞

(b) On retrouve ici les hypothèses de la question [Q 5] : f de classe C 1 , croissante et bornée. On a


donc
∀ x > 0, xL( f )( x) = L( f 0 )( x) + f (0)
Mais, de plus, f 0 est bornée donc f 0 ∈ F et donc, suivant [Q 7 (a)], L( f 0 )( x) −→ 0 et donc
x→+∞
x L( f )( x) −→ f (0) .
x→+∞

(a) On a f ∈ C 0 R+ , R et lim f (t) = ` donc lim f (t) = ` < ` + 1 et donc



Q 8.
t→+∞ t→+∞

∃ A ∈ R+ , ∀t ≥ A, f (t) ≤ ` + 1

D’autre part, f est continue sur le segment [0, A] donc elle y est bornée. On a ainsi ∀t ∈ R+ , f (t) ≤
!

max sup f (u) , ` + 1 . Ainsi f ∈ F .
u∈[0,A]
u
(b) En effectuant le changement de variable t = , on a
an
Z +∞ Z +∞  
u 1
an L( f )( an ) = an f (t)e−an t dt = an f e−u du
0 0 an an
Z +∞  
u
soit an L( f )( an ) = e−u .
hn (u) du avec ∀u ∈ R+ , hn (u) = f
0 an
(c) Comme le dit l’énoncé, utilisons le théorème de convergence dominée :

M.P. 22-23 4/5 Transformée de Laplace


• ∀ n ∈ N , h n ∈ C 0 R+ , R ,


• ∀n ∈ N, ∀u ∈ R+ , hn (u) ≤ f ∞ e−u et u 7→ f ∞ e−u est intégrable sur R+ ,


` e−u si u > 0

u
• (hn )n c.v.s vers h sur R+ avec h(u) = car −→ +∞ si u > 0,
f (0) si u = 0 an n→+∞
• h est continue par morceaux sur R+ .
Z +∞ Z +∞ Z +∞
On a donc hn (u) du −→ h(u) du = ` e−u du ce qui donne, avec le résultat du
0 n→+∞ 0 0
[Q 8 (b)], lim an L( f )( an ) = ` .
n→+∞
(d) Ceci est vrai pour toute suite d’éléments de R∗+ convergeant vers 0 donc la caractérisation sé-
`
quentielle de la limite permet de conclure que lim xL( f )( x) = ` ce qui donne, si ` 6= 0, L( f )( x) ∼ .
x→0 x→0 x

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