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CHAPITRE 4

LA TRANSFORMÉE DE F OURIER

4.1 Fonctions localement intégrables


Soit I un intervalle de R et soit f : R 7−→ R une application.

Définition 4.1.1
On dit que f est localement intégrable sur I si f est intégrable sur tout intervalle fermé borné contenu
dans I.
Rb
C’est à dire, f est localement intégrable sur I, si quelque soit [a, b] ⊂ I, alors a f (x)dx existe.
Remarque 4.1.1
Il est clair que toutes les fonctions continues sont localement intégrables.
On note par Loc(I, R) = { f : I 7−→ R : f localement intégrable}.
On a alors C(I, R) ⊂ Loc(I, R) et l’inclusion est stricte. Comme exemple la fonction f (x) = [x], (partie
entière de x) est localement intégrable mais non continue.

Proposition 4.1.1
L’ensemble Loc(I, R) est un sous-espace vectoriel de F (I, R), (espace de toutes les fonctions définies
de I dans R).

4.2 L’intégrale de F ourier


Pour conclure l’étude de la théorie des séries de F ourier, on examinera le cas limite où
l’intervalle ] − ℓ, ℓ[, dans lequel on étudie la série de F ourier , tend vers ] − ∞, ∞[, c’est à dire
lorsque ℓ −−−→ ∞. Z ∞
Soit f : R 7→ R une fonction localement intégrable sur R et telle que I = | f (t)|dt converge.
−∞
On suppose que f satisfait aux conditions de Dirichlet et admet un développement en série
de F ourier dans l’intervalle [−ℓ, ℓ], ℓ > 0. Donc il existe une fonction g : R 7→ R périodique,

de période T = 2ℓ = , vérifiant les hypothèses de Dirichlet (donc développable en série
ω
de F ourier) telle que la restriction g|[−ℓ,ℓ] = f .

61
LA TRANSFORMÉE DE F OURIER

Alors pour tout x ∈ [−ℓ, ℓ] on a :


∞     
a0 X h i a0 X

nπ nπ
(a) f (x) = + an cos(nωx)+bn sin(nωx) = + an cos x + bn sin x
2 n=1 2 n=1 ℓ ℓ
Z π/ω Z ℓ  
ω 1 nπ
(b) an = f (x) cos(nωx)dx = f (x) cos x dx
π −π/ω ℓ −ℓ ℓ
Z π/ω Z ℓ  
ω 1 nπ
(c) bn = f (x) sin(nωx)dx = f (x) sin x dx
π −π/ω ℓ −ℓ ℓ
En remplaçant les quantités (b) et (c) dans (a), on a :
Z ℓ  ∞ Z ℓ          
1 1 X nπ nπ nπ nπ 
f (x) = f (x)dx +  f (t) cos t cos x + sin t sin x dt =
2ℓ −ℓ ℓ n=1 −ℓ ℓ ℓ ℓ ℓ
Z Z  
1X
ℓ ∞ ℓ
1 nπ
f (x)dx + f (t) cos (t − x) dt (1)
2ℓ −ℓ ℓ n=1 −ℓ ℓ
Nous allons étudier cette dernière intégrale quand ℓ → ∞.
π 2π nπ π
Posons α1 = , α2 = , . . . , αn = et ∆αn = αn − αn−1 = .
ℓ ℓ ℓ ℓ
En reportant dans l’expression (1) ci-dessus, on obtient :
Z +ℓ  ∞ Z 
1 1 X ℓ 
f (x) = f (t)dt +  f (t) cos αn (t − x)dt ∆αn
2ℓ −ℓ π n=1 −ℓ
Z +ℓ
Posons ϕ(αn ) = f (t) cos (αn (t − x)) dt. Il résulte de cela
−ℓ

X
n−1 n−1 Z
X ℓ !
ϕ(αk )∆αk = f (t) cos(αk (t − x)dt)∆αk
k=1 k=1 −ℓ

Par conséquent
X
n−1 Z ∞
lim ϕ(αk )∆αk = ϕ(α)dα (l’intégrale de Riemann.)
n→∞ π/ℓ
k=1  n−1 Z ! 
1X  1 X
n−1 ℓ 
Donc lim ϕ(αk )∆αk = lim  f (t) cos(αk (t − x))dt) ∆αk .
n→∞ π n→∞ π −ℓ
Z ∞ k=1 Z ∞ Z ℓ k=1 !
1 1
Ainsi ϕ(α)dα = f (t) cos(α(t − x))dt dα.
π π/ℓ π π/ℓ −ℓ
Comme Z Z
1 ∞ 1 ∞
lim ϕ(α)dα = ϕ(α)dα
ℓ→∞ π π/ℓ π 0
Z ∞ "Z ℓ # Z ∞ "Z ∞ #
1 1
lim f (t) cos(α(t − x))dt dα = f (t) cos(α(t − x))dt dα.
ℓ→∞ π π/ℓ −ℓ π 0 −∞
On a finalement la relation pour f continue :
Z ∞ "Z ∞ #
1
f (x) = f (t) cos(α(t − x))dt dα
π 0 −∞

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4.2 L’intégrale de F ourier

Cette dernière expression est appelée intégrale de F ourier. Cette égalité a lieu en tout point
x où f est continue.
Si f possède des discontinuités, on a la formule valable pour tout x :
Z ∞ "Z ∞ #
1 f (x + 0) + f (x − 0)
f (t) cos(α(t − x))dt dα =
π 0 −∞ 2
Z ∞
Posons maintenant φ(α) = f (t) cos(α(t − x))dt. Il est clair que φ(−α) = φ(α) et donc φ est
Z ∞ −∞ Z ∞
1
paire et par suite φ(α)dα = φ(α)dα.
0 2 −∞
On a finalement :
L’intégrale de Fourier .
Z ∞ "Z ∞ #
1
f (x) = f (t) cos(α(t − x)dt dα
2π −∞ −∞

4.2.1 forme complexe de l’intégrale de F OURIER


Z ∞
Posons ψ(α) = f (t) sin(α(t − x))dt.
−∞ Z a Z a "Z ∞ #
ψ est une fonction impaire et donc pour tout a > 0, ψ(α)dα = 0 = f (t) sin(α(t − x))dt dα.
−a −a −∞
DoncZ a Z ∞ "Z ∞ #
lim ψ(α)dα = f (t) sin(α(t − x))dt dα = 0.
a→∞ −a −∞ −∞
On dit dans ce cas que l’intégrale
Z ∞ "Z ∞converge en valeur # principale de Cauchy vers 0. Ceci
−i
implique qu’on a aussi f (t) sin(α(t − x))dt dα = 0 et donc ;
2π −∞ −∞
Forme complexe de l’intégrale de Fourier .
Z ∞ "Z ∞ #
1
f (x) = f (t)e −iα(t−x)
dt dα.
2π −∞ −∞

Posons : Z ∞
1
F ( f )(α) = fb(α) = √ f (t)e−iαt dt;
2π −∞

alors Z ∞ Z ∞ "Z ∞ #
1 2π f (x) √
fb(α)e dα = √
iαx
f (t)e −iα(t−x)
dt dα = √ = 2π f (x).
−∞ 2π −∞ −∞ 2π
On peut écrire généralement si f possède des discontinuités :
Z ∞
1 f (x + 0) + f (x − 0)
√ fb(α)eiαx dα =
2π −∞ 2

Maintenant on peut définir la notion de transformée de F ourier.

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LA TRANSFORMÉE DE F OURIER

4.3 Transformée de F ourier


Définition 4.3.1
Soit f : R 7→ R une fonction localement intégrable et absolument intégrable sur R.
On définit la transformée de F ourier de f , la fonction notée fbou F (f) de R 7→ C ; et sa
transformée inverse de C 7→ R par :
Transformée de Fourier .
Z ∞
1
F ( f )(α) = fb(α) = √ f (x)e−iαx dx
2π −∞

Transformée inverse de Fourier .


Z ∞
1 f (x + 0) + f (x − 0)
f (x) = √ fb(α)eiαx dα =
2π −∞ 2

Exemple 4.3.1
Soit f (x) = e−|x| .
Z ∞ "Z 0 Z ∞ #
1 1
fb(α) = √ −|x| −iαx
e e dx = √ x −iαx
e e dx + −x −iαx
e e dx

"Z 0 −∞
Z ∞ 2π #−∞ 0
 
1 (1−iα)x 1 1 1 1 2
= √ e dx + e −(1+iα)x
dx = √ + = √ .
2π 1 + iα 1 − iα 2π 1 + α
2
2π −∞ 0

Puisque f est continue Z ∞ sur R, La transformaée Z ∞ inverse donne :


1 1 1
f (x) = e−|x| = √ fb(α)eiαx dα = eiαx dα
Z2π −∞ π
Z ∞ −∞ 1 + α 2
Z
1 ∞ cos αx i sin αx 2 ∞ cos αx
= dα + dα = dα + i.0 ;
π −∞ 1 + α2 π −∞ 1 + α2 π 0 1 + α2
d’où : Z ∞
cos αx π
dα = e−|x| .
0 1+α 2 2
Z ∞
cos x π
En particulier on a ; dx = ·
0 1+x 2 2e

4.4 Propriétés
Lemme 4.4.1 (Riemann)

On pose IK = R ou C. Soit f : [a, b] 7→ IK une fonction intégrable sur [a, b].


Alors les fonctions f (t) cos αt et f (t) sin αt sont intégrables dans [a, b] pour tout α
dans R et on a :
Z b Z b
lim f (t) cos αt dt = lim f (t) sin αt dt = 0
α→±∞ a α→±∞ a

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4.4 Propriétés

Preuve.
f intégrable sur [a, b] implique que pour tout ε > 0,
il existe une subdivision de [a, b] a = x0 < x1 < x2 < . . . < xn = b
et une fonction en escalier,
ε
g : [a, b] 7→ R telles que | f (t) − g(t)| < .
2(b − a)
Z b Z b Z b
ε ε
( f (t) − g(t)) cos αtdt ≤ | f (t) − g(t)|| cos αt|dt ≤ dt = .
a a 2(b − a) a 2
Or, dans chaque intervalle ]xk , xk+1 [, la fonction g est constante et vaut g|]xk ,xk+1 [ (t) = ck .
On a alors,
Z b Xn−1 Z xk+1 X
n−1 Z xk+1
g(t) cos αt dt = g(t) cos αt dt = ck cos αt dt
a k=0 xk k=0 xk
X  xk+1
1X
n−1 n−1
sin αt
= ck = ck (sin αxk+1 − sin αxk )−−−−−−→0.
α xk α α−→±∞
k=0 k=0
Et par suite,
Z b
lim f (t) cos αt dt = 0.
α→±∞ a
Raisonnement identique pour la deuxième intégrale.
Théorème 4.4.1

Soit f : R 7→ C une fonction localement intégrable et absolument intégrable


sur R. Alors
Z ∞
b 1
1. f (α) = √ f (x)e−iαx dx est normalement convergente.
2π −∞
2. fbest bornée.
3. lim fb(α) = 0
α→± ∞

Preuve.
1. C’est immédiat Z car | f (x)e−iαx | = | fZ(x)| qui est intégrable sur R par hypothèse.
∞ ∞
b 1
2. | f (α)| ≤ √ | f (x)e | dx =
−iαx
| f (x)| dx = M.
2π −∞ Z −∞
a
1
3. Posons I(a) = √ | f (x)| dx.
Z ∞2π −a
1
lim I(a) = √ | f (x)| dx = I existe.
a→∞ 2π −∞
ε
Soit ε > 0. Il existe alors b > 0 tel que |I − I(b)| = I − I(b) ≤ .
Z ∞ 2
1
| fb(α)| = √ f (x)e−iαx dt =
Z −b 2π −∞ Z b Z ∞
1 1 1
√ f (x)e −iαx
dx + √ f (x)e −iαx
dx + √ f (x)e−iαx dx ≤
2πZ −∞ 2π
Z b −b 2π
Z ∞b
−b
1 1 1
√ | f (x)| dx + √ f (x)e−iαx dx + √ | f (x)| dx.
2π −∞ 2π −b 2π b

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LA TRANSFORMÉE DE F OURIER

Z b
b 1
Donc | f (α)| ≤ I − I(b) + √ f (x)e−iαx dx .
2π −b
Comme la fonction f (x)e−iαx est localement intégrable, d’après le lemme de Riemann (4.4.1),
Z b
lim f (x)e−iαx dx = 0.
α→±∞ −b
Z b
1 ε
Il existe alors M > 0, tel que pour tout |α| ≥ M, on a √ f (x)e−iαx dx ≤ .
2π −b 2
ε ε
Il résulte que pour tout |α| ≥ M, | fb(α)| ≤ + = ε, ce qui traduit le fait que lim fb(α) = 0.
2 2 α→±∞

Notations. ( Z ∞ )
• K = f : R 7→ C : f ∈ Loc(R) et | f (t)|dt < ∞ .
  −∞

• B = f : R 7→ C : lim f (x) = 0 .
x→±∞
• D : opérateur de dérivation définie sur l’ensemble des fonction dérivables D(R, C)
par D f = f ′ .
• P : opérateur défini dans l’ensemble des fonctions B(R, C) par (P f )(x) = x f (x).
• fb(α) = F ( f (x))(α)
Théorème 4.4.2 [Dérivée de la transformée de F ourier]

Soit f : R 7→ C une fonction satisfaisant aux conditions suivantes :


i) f ∈ K
ii) f continue
iii) P f ∈ K
Alors fb∈ C1 (R, C) (fonctions continûment dérivables) et on a :

F ′ ( f (x))(α) = −iF (x f (x))(α)

Preuve.
Soit la fonction ϕ : R × R 7→ C définie par ϕ(t, x) = f (t)e−itx .
ϕ possède les propriétés suivantes :
a) ϕ est continue comme produit de deux fonctions continues
∂ϕ
b) (t, x) = −it f (t)e−itx = −itϕ(t, x) est continue
∂x Z ∞
c) L’intégrale ϕ(t, x)dt est normalement convergente car |ϕ(t, x)| = | f (t)| et f ∈ K
−∞
Z ∞
∂ϕ ∂ϕ
d) (t, x)dt est normalement convergente car (t, x) = |t f (t)| = |(P f )(t)| et P f ∈ K
−∞ ∂x ∂x
Z ∞
1
Pour ces raisons fb(x) = √ ϕ(t, x)dt est dérivable dans R et on a :
2π ∞−
Z ∞ Z ∞
1 ∂ϕ −i
( fb) (x) = (D fb)(x) = √

(t, x)dt = √ [t f (t, x)]e−itx dt
2π ∞− ∂x 2π −∞

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4.5 Quelques propriétés de la transformation de F ourier

Ce qui se traduit par (D fb)(x) = −i(P


cf )(x) ou i(D fb)(x) = (P
cf (x) en multipliant par i chaque
membre.
Théorème 4.4.3 [Transformée de F ourier de la dérivée]

Soit f : R 7→ C une fonction satisfaisant aux conditions suivantes :


1. f ∈ K
2. f ∈ C1 (R)
3. D f ∈ K
Alors f ∈ B et
F ( f ′ (x))(α) = iαF ( f (x))(α)

Preuve. Z x Z ∞

1) Pour tout x ∈ R on a f (x) = f (0) + f (t)dt. Puisque D f ∈ K , l’intégrale | f ′ (t)|dt est
Z ∞ 0 −∞

convergente et par suite f (t)dt converge. D’où lim f (x) = ℓ existe. Montrons que ℓ = 0.

−∞ x→∞
Pour cela, on fait un raisonnement par l’absurde. Supposons que ℓ , 0.
a) Supposons ℓ > 0.
lim f (x) = ℓ. Par définition de la limite, pour tout ε > 0 il existe M ≥ 0 tel que pour tout
x→∞
x ≥ M on a : ℓ − ε < f (x) Z< ℓ + ε. Choisissons
Z ε tel que
Z ℓ − ε > 0. Il résulte alors que f (x) > 0
a a a
pour tout x ≥ M. Donc (ℓ − ε)dx ≤ f (x)dx ≤ (ℓ + ε)dx puis lorsqu’on fait tendre
Z ∞ M M ZM ∞
a → ∞, on obtient f (x)dx ≥ ∞ et par conséquent f (x)dx diverge. Il en est de même
Z ∞ ZMM Z ∞ M

pour f (x)dx = f (x)dx + f (x)dx. D’où contraction car f ∈ K .


0 0 M
b) Supposons que ℓ < 0.
On prend (− f ) et on adopte le même raisonnement. Conclusion ℓ = 0.
Exercice.
En s’inspirant de cette démonstration, montrer que lim f (x) = 0.
Z ∞ Zx→−∞

ix 1
2) i(P fb)(x) = ix fb(x) = √ f (x)e−iαx dx = √ ix f (x)e−iαx dx.
2π −∞ 2π −∞
Une intégration"par parties avec Z ∞u = f et dv =# ixe −itx
on obtient :
dt, Z

b 1 −itx ∞ ′ −itx 1 df )(x).
i(P f )(x) = √ −e f (t) −∞ + f (t)e dt = √ f ′ (t)e−itx dt = (D
2π −∞ 2π −∞

4.5 Quelques propriétés de la transformation de F ourier


Adoptons la notation fb= F ( f ).

4.5.1 Linéarité
Soient f, g ∈ K et α, β ∈ R. Alors F (α f + βg)(x) = αF ( f )(x) + βF (g)(x).
La démonstration de cette propriété est simple.

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LA TRANSFORMÉE DE F OURIER

4.5.2 Transformée de F ourier de la translation.


Soit T ∈ R et soit f : R 7→ C une application. On note fT (x) = f (x − T).
Si f ∈ K . Z ∞ Z ∞
1 −iαx 1
F ( fT )(α) = √ fT (x)e dx = √ f (x − T)e−iαx dx. On pose x − T = t.
2π −∞ Z 2π −∞ Z ∞

1 −i(t+T)α 1
Alors F ( fT )(α) = √ f (t)e dt = √ f (t)e−iαt e−iαT dt =
Z ∞ 2π −∞ 2π −∞
e−iαT
√ f (t)e−iαt dt.
2π −∞
Donc F ( fT )(α) = e−iαT F ( f )(α).

4.5.3 Transformée de F ourier de l’homothétie


Soit k > 0 et soit f : R 7→ C. On note fk (x) = f (kx).
Si f ∈ K , Z ∞ Z ∞
1 1
F ( fk )(α) = √ fk (x)e dx = √
−ixα
f (kx)e−ixα dx.
2π −∞ 2π −∞
En posant kx = t,Zon obtient : " Z ∞ #
∞  
1 −iα (t/k) dt 1 1 −it (α/k) 1 α
F ( fk )(α) = √ f (t)e = √ f (t)e dt = F ( f ) .
2π −∞ k k 2π −∞ k k

4.5.4 Produit de convolution


Problème : Étant données deux fonctions f et g et leurs transformées de F ourier F ( f )(α)
et F (g)(α), peut-on trouver une fonction k telle que
F (k)(α) = F ( f )(α) · F (g)(α)?
Solution
On a Z ∞ Z ∞
1 1
F ( f )(α) · F (g)(α) = √ f (x)e −iαx
dx · √ g(y)e−iαy dy

Z ∞−∞
Z ∞ 2π −∞
1
= f (x)g(y)e −iα(x+y)
dxdy
2π −∞ −∞
Posons : x + y = t et donc dy = dt, l’intégrale double devient :
Z ∞Z ∞
1
F ( f )(α) · F (g)(α) = f (x)g(t − x)e−iαt dxdt
2π −∞ −∞
Z ∞
Posons : h(t) = f (x)g(t − x) dx, on a donc :
−∞
Z ∞
1
F ( f )(α) · F (g)(α) = h(t)e−iαt dt
2π −∞ Z ∞ !
1 1 −iαt
= √ √ h(t)e dt
2π 2π −∞
1
= √ F (h)(α)

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4.6 « Sinus et Cosinus-transformées »de F ourier

1
En posant k(t) = √ h(t), la fonction k est solution du problème posée.

Définition 4.5.1
Soit f, g : R 7→ R deux fonctions intégrables sur R. On appelle
Z produit de convolution de f

par g, la fonction notée f ⋆ g : R 7→ R définie par ( f ⋆ g)(t) = f (t − x)g(x)dx
−∞

Proposition 4.5.1

Le produit de convolution est commutatif ; et on a :



F ( f ⋆ g)(α) = 2πF ( f )(α)F (g)(α)

Preuve :
La preuve découle directement de la définition ; puisque :
∀α ∈ R F ( f )(α) · F (g)(α) = F (g)(α) · F ( f )(α)
Exercice 1
Démontrer la commutativité directement à partir de la définition intégrale.
Z ∞
En effet dans l’intégrale ( f ⋆ g)(t) = f (t − x)g(x)dx, on fait le changement de variable
−∞
en posant t − xZ = y. On obtient : Z
−∞ ∞
( f ⋆ g)(t) = − f (y)g(t − y)dy = g(t − y) f (y)dy = (g ⋆ f )(t).
∞ −∞

Théorème 4.5.1 [Égalité de Parseval]

Soit f : R 7→ C admettant une transformée de F ourier F ( f ).


Alors on a Z ∞ Z ∞
2 2
F ( f )(α) dα = f (t) dt
−∞ −∞

4.6 « Sinus et Cosinus-transformées »de F ourier


Définition 4.6.1
Soit f : R 7→ R une fonction absolument intégrable sur R.
1. On appelle cosinus-transformée de F ourier de f , la fonction :
r Z ∞
2
fbc (α) = f (x) cos(αx) dx
π 0
L’expression r Z ∞
2
f (x) = fbc (α) cos(αx) dα
π 0
est appelée inverse de cosinus-transformée de F ourier de f .

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LA TRANSFORMÉE DE F OURIER

2. On appelle sinus-transformée de F ourier de f , la fonction :


r Z ∞
2
fbs (α) = f (x) sin(αx) dx
π 0

L’expression r Z ∞
2
f (x) = fbs (α) sin(αx) dα
π 0

est appelée inverse de sinus-transformée de F ourier de f .

Remarque 4.6.1
Soit f : R 7→ R une fonction admettant une transformée de F ourier fb.
a) Si f est paire.Z Z ∞
1

1  
b
f (α) = √ f (x)e −iαx
dx = √ f (x) cos(αx) − i sin(αx) dx
2π Z−∞ 2π −∞Z
∞ ∞
1 i
= √ f (x) cos(αx) dx − √ f (x) sin(αx) dx.
2π −∞ 2π −∞
Or la fonction x 7→ f (x) cos(αx) est paire et la fonction t 7→ f (x) sin(αx) est impaire. Il
s’ensuitr alors
Z :∞ Z ∞
2
fb(α) = f (x) cos(αx) dx car f (x) sin(αx) dx = 0. D’où :
π 0 −∞
r Z ∞
b b 2
f (α) = fc (α) = f (x) cos(αx) dx
π 0

b) Si f est impaire.
Avec le même raisonnement on obtient r Z l’expression :
Z ∞ ∞
1 2
fb(α) = √ f (x)e−iαx dx = −i f (x) sin(αx) dx. D’où :
2π −∞ π 0
r Z ∞
2
fb(α) = −i f (x) sin(αx) dx = −ib fs (α).
π 0

b
fs (α) = i fb(α).

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Chapitre 5

Transformée en Z

5.1 Généralités
Définition 5.1.1. Soit f (n) un signal numérique. La transformée en
Z de f est définie par :
+∞
X
F (z) = f (n)z −n .
n=−∞
X X
Si les séries numériques f (n)z −n et f (−n)z n ont des limites
n≥0 n≥1
finies, on pose
X X
F (z) = f (n)z −n + f (−n)z n .
n≥0 n≥1

N otation : on pose
X X
F+ (z) = f (n)z −n et F− (z) = f (−n)z n . Par suite F (z) = F+ (z)+F− (z).
n≥0 n≥1

Propriétés 5.1.2. Soit f (n) un signal numérique. Alors on a toujours


l’une des assertions suivantes :
1. F+ (z) et F− (z) n’existe pas simultanément pour z 6= 0 ;
2. Il existe r et R (on peut avoir éventuellement R = +∞) avec
0 ≤ r < R tels que pour tout z vérifiant r < |z| < R alors, F+ (z)
et F− (z) existent simultanément.
Corollaire 5.1.3.
F+ (z) converge pour |z| > r et F− (z) converge pour |z| < R.

23
CHAPITRE 5. TRANSFORMÉE EN Z

Exemple 5.1.4. Déterminer les transformées en Z des signaux sui-


vants :

1 pour n = 0
1. L’Impulsion unité (ou suite de Dirac) : δ(n) = .
0 sinon
+∞
X
Réponse : F (z) = δ(n)z −n = 1 ;
n=−∞
avec convergence pour tout z.

1 pour n = k
2. La suite de Dirac retardée de k (k ∈ N) : δk (n) = .
0 pour n 6= k
+∞
X
Réponse : F (z) = δk (n)z −n = z −k ;
n=−∞
avec convergence pour tout z.

1 pour n ≥ 0
3. L’Echelon unité discret : u(n) = .
0 sinon
+∞
X z
Réponse : U (z) = u(n)z −n = ;
n=−∞
z−1
avec convergence pour |z| > 1.

n pour n ≥ 0
4. La Rampe : r(n) = .
0 sinon
+∞
X z
Réponse : R(z) = r(n)z −n = 2
;
n=−∞
(z − 1)
avec convergence pour |z| > 1.
 n
a pour n ≥ 0
5. L’Exponentiel : x(n) = an u(n) = a ∈ C.
0 sinon
+∞
X z
Réponse : X(z) = x(n)z −n = ;
n=−∞
z − a
avec convergence pour |z| > |a|.

5.2 Les propriétés de la transformée en Z


1. La linéarité
soit

x(n) = ax1 (n) + bx2 (n). Alors X(z) = aX1 (z) + bX2 (z)

IST/ RIT2 24 OUEDRAOGO Arouna ©2014


CHAPITRE 5. TRANSFORMÉE EN Z

avec convergence au moins dans les régions de convergence de


X1 (z) et X2 (z).
2. Décalage d’un signal

si y(n) = x(n − n0 ) alors, Y (z) = z −n0 X(z) pour r < |z| < R.

3. Dérivée de la transformée en Z
+∞
dX(z) X
= (−n)x(n)z −n−1 .
dz n=−∞
En multipliant les deux côtés par −z on obtient
+∞
dX(z) X
−z = nx(n)z −n .
dz n=−∞

La dérivée d’une transformée en Z multipliée par −z est la trans-


formée en Z du signal multipliée par le signal y(n) = n.
4. Convolution de deux signaux discrets
La convolution est définie par
+∞
X
x(n) ∗ y(n) = x(k)y(n − k).
k=−∞

La transformé en Z est Z(x(n) ∗ y(n)) = X(z)Y (z).

5.3 Transformée en Z inverse


Définition 5.3.1. Si x est un signal causaldiscret et si X(z) est sa

transformée en z alors, la suite x(n) n∈Z est appelée original ou
transformée en z inverse de X(z). Si x(n) existe alors, il est unique.
Nous utiliserons deux méthodes :

1. Développement en série de Puissance


Comme la transformé X(z) est une fonction analytique de z dans
la région de convergence, on peut développer en série de Taylor en
fonction de z −1 . On peut ensuite, trouver les séries par identifica-
tion avec les séries connues.

IST/ RIT2 25 OUEDRAOGO Arouna ©2014


CHAPITRE 5. TRANSFORMÉE EN Z

Exemple 5.3.2. Considérons une transformée en Z définie par


−1
X(z) = (1 + z −1 )ez Le développement en série de Taylor donne :
+∞
X n+1
X(z) = z −n .
n=0
n!

En comparant cette dernière relation avec la définition d’une trans-


formée en Z, on déduit :
n+1
x(n) = u(n).
n!
2. Développement par décomposition en éléments simples.
Une grande classe de transformées peut se mettre sous la forme :
M
Y
(z − zm )
P (z) m=1
X(z) = = N .
Q(z) Y
(z − pn )
n=1

Les racines de P (z) sont des racines de X(z) et les racines de


Q(z) sont des pôles de X(z). La région de convergence ne contient
aucun pôle.
Pour retrouver le signal discret original x(n) :
X(z)
– On décompose en éléments simples X(z) ou ; ou encore
z
X(z)
(lorsque le degré du numérateur de X(z) est supérieur ou
zk
égal au degré de son dénominateur).
Les éléments le plus fréquemment rencontrés sont de la forme :
z
d’original u(n) (échelon unité discret)
z−1
z
d’original bn u(n)
z−b
z
d’original nu(n) (rampe unité causale)
(z − 1)2
– La somme des originaux des éléments simples obtenus constitue
alors le résultat recherché.
Exemple 5.3.3. Déterminer l’original de

IST/ RIT2 26 OUEDRAOGO Arouna ©2014


CHAPITRE 5. TRANSFORMÉE EN Z

1.
1
X(z) = ;
(z − 2)(z − 3)
2.
z 3 − 3z
F (z) = .
(z + 3)(z − 1)2
Résolution
1. On recherche l’original de
1
X(z) =
(z − 2)(z − 3)
La décomposition en éléments simples de X(z) donne (faire les
calculs !)
1 1
X(z) = −
z−3 z−2
On écrit alors :
 z   z 
−1 −1
X(z) = z −z .
z−3 z−2
z z
L’original de est 3n u(n), tandis que l’original de est
z − 3 z − 2
2n u(n).
Le facteur z −1 correspond à un retard de 1.
On obtient donc l’original de X(z) :
x(n) = 3n−1 u(n − 1) − 2n−1 u(n − 1) = (3n−1 − 2n−1 u(n − 1).


2. On recherche l’original de
z 3 − 3z
F (z) = .
(z + 3)(z − 1)2
Le degré du numérateur étant égal à celui du dénominateur, on
F (z)
décompose en éléments simples. On obtient (faire les cal-
z
culs !)
F (z) −1/2 5/8 3/8
= + + .
z (z − 1)2 z − 1 z + 3
Ainsi
−1 z 5 z 3 z
F (z) = + + ,
2 (z − 1)2 8 z − 1 8 z + 3
D’où, l’original de F (z) vaut :
−1 5 3 −1 5 3
nu(n)+ u(n)+ (−3)n u(n) = n+ + (−3)n u(n).

y(n) =
2 8 8 2 8 8

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CHAPITRE 5. TRANSFORMÉE EN Z

5.4 Equations récurrentes ou équations aux différences


Les équations récurrentes, aussi appelées équations aux différences
relient les signaux discrets en entrée et sortie d’un système. Elles ap-
paraissent aussi lors de la discrétisation d’équations différentielles ou
équations aux dérivées partielles.
Considérons le système numérique ”entrée/sortie” suivant :

e(n) −→ Système −→ s(n)

La fonction de transfert H(z) d’un tel système, initialement au re-


pos, est donnée par la relation :
S(z)
S(z) = H(z)E(z) ⇐⇒ H(z) = .
E(z)
Exercice 5.4.1.
Soit le système ”entrée/sortie” défini par la relation de récurrence :
1 1
s(n) = e(n) + s(n − 1)u(n − 1),
2 2
où u est l’échelon unité.
On suppose que les signaux e et s admettent des transformées en Z.
Montrer que la fonction de transfert de ce système est :
z
H(z) = .
2z − 1

5.4.1 Equations récurrentes d’ordre 1


Exercice 5.4.2. 
On considère la suite x(n) n∈Z définie par la relation de récurrence :

x(n + 1) − 2x(n) = 2nu(n)
x(0) = 1

On suppose que la suite (x(n)) admet une transformée en Z, que l’on


notera X(z).
1. Calculer x(1) et x(2).
2. En appliquant la transformée en Z à l’équation de récurrence,
déterminer X(z).

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CHAPITRE 5. TRANSFORMÉE EN Z

3. Déterminer alors x(n), et montrer que


x(n) = (−2 − 2n + 3 × 2n )u(n).
Exercice 5.4.3.
Résoudre l’équation aux différences :

y(n + 1) − y(n) = (2n + 1)u(n)
y(0) = 0

5.4.2 Equations récurrentes d’ordre 2


Exercice 5.4.4. 
On considère la suite x(n) n∈Z définie par la relation de récurrence :

x(n) − 3x(n − 1) + 2x(n) = δ(n)
x(−1) = x(−2) = 0
On suppose que la suite (x(n)) admet une transformée en Z, que l’on
notera X(z).
1. Calculer x(0) et x(1).
2. En appliquant la transformée en Z à l’équation de récurrence,
déterminer X(z).
3. Déterminer alors x(n), et montrer que (x(n)) est la suite causale
telle que
x(n) = −1 + 2n+1 .
Exercice 5.4.5.
Soit l’équation aux différences :

y(n) − 2y(n − 1) + y(n − 2) = u(n)
y(0) = 0
où y est un signal causal discret et u l’échelon unité. On suppose que
la suite (y(n)) admet une transformée en Z, que l’on notera Y (z).
1. Calculer y(0), y(1) et x(1).
2. En appliquant la transformée en Z aux deux membres de l’équation,
montrer que
z3
X(z) = .
(z − 1)2
3. Déterminer les réels a, b et c tels que
z 2 = a(z + 1) + b(z − 1) + c(z − 1)2 .
4. En déduire y(n).

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CHAPITRE 5. TRANSFORMÉE EN Z

5.4.3 Equations récurrentes couplées


Exercice 5.4.6.  
On considère les suites causales de nombres réels un n∈Z et vn n∈Z
définies ainsi :


 u(0) = 1; v(0) = −1





 4 5
(S) u(n + 1) = u(n) − v(n), ∀n ≥ 0,
 3 3



 v(n + 1) = 5 u(n) − 7 v(n), ∀n ≥ 0.



6 6
Le but de l’exercice est de déterminer les expressions de u(n) et v(n)
en fonction de n et d’étudier la convergence des suites (un ) et (vn ).
1. Calculer les trois premiers termes de chaque suite.
2. On notera respectivement U (z) et V (z) les transformées en Z de
u(n) et v(n). Appliquer la transformée en Z au système (S) et
montrer que :
z(6z + 17) z(13 − 6z)
U (z) = et V (z) = .
(2z − 1)(3z + 1) (2z − 1)(3z + 1)

U (z) V (z)
3. Décomposer en éléments simples et .
z z

4. Déterminer alors les expressions de u(n) et de v(n) en fonction de


n.
5. Déterminer la limite de chacune de ces suites quand n tend vers
+∞.

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