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Lycée Louis-Le-Grand, Paris

MPSI 4 – Mathématiques
A. Troesch

Problème no 11 : Fonctions régulières sur un intervalle

Correction du problème 1 – Calcul approché d’une intégrale

Partie I – Approximation polynomiale au bord gauche

Soit f une fonction de classe C n+1 sur un intervalle [α, β].


1. La fonction f étant de classe C n+1 , pour tout k ∈ [[0, n + 1]], f (k) est continue sur l’intervalle fermé borné [α, β],
donc est bornée d’après le théorème de compacité. On en déduit l’existence de Mℓ = sup |f (ℓ) | .
2. Soit P ∈ Rn [X] un polynôme quelconque, qu’on peut écrire de manière unique sous la forme :
n
X
P (X) = aℓ (X − α)ℓ .
ℓ=0

Un calcul simple de dérivée montre qu’on a alors, pour tout ℓ ∈ [[0, n]] :

P (ℓ) (α) = ℓ!aℓ .

P (ℓ) (α)
Ainsi, on a pour tout ℓ ∈ [[0, n]], P (ℓ) (α) = f (ℓ) (α) si et seulement si pour tout ℓ ∈ [[0, n]], αℓ = , si et

seulement si
n
X f (ℓ) (α)
P = (X − α)ℓ
ℓ!
ℓ=0

3. On a bien entendu reconnu le développement de Taylor de f en α. Ainsi, la fonction f étant de classe C n+1 , on
peut utiliser l’inégalité de Taylor-Lagrange : pour tout x ∈ [α, β] :

Mn+1
|(f (x) − P (x))| 6 (x − α)n+1 ,
(n + 1)!

et en intégrant :
Z Z
β β
Mn+1
Z β
Mn+1
(f (x) − P (x)) dx 6 |f (x) − P (x)| dx 6 (x − α)n+1 dx = (β − α)n+2 .

(n + 1)! (n + 2)!

α α α

4. On utilise la majoration précédente sur chaque intervalle [xk , xk+1 ] de la subdivision, k ∈ [[0, N − 1]] :
Z xk+1
Mn+1 Mn+1
(xk+1 − xk )n+2 = (b − a)n+2 ,

(f (x) − Pk (x)) dx 6

xk (n + 2)! (n + 2)!N n+2

où Pk est le polynôme de Taylor à l’ordre n en xk . Or,


xk+1 xk+1 n n
f ℓ (xk ) f ℓ (xk )
Z Z X X
P (x) dx = (x − xk )ℓ dx = (xk+1 − xk )ℓ+1 .
xk xk ℓ! (ℓ + 1)!
ℓ=0 ℓ=0

b−a
Puisque xk+1 − xk = , on obtient :
N
Z xk+1 n
X f ℓ (xk ) (b − a)ℓ+1
P (x) dx = .
xk (ℓ + 1)! N ℓ+1
ℓ=0

1
Ainsi, en sommant ces expressions, en utilisant la relation de Chasles et l’inégalité triangulaire, il vient :
Z n N −1
! N −1
b X (b − a)ℓ+1 X (ℓ) X Mn+1 Mn+1 (b − a)n+2 1
n+2
f (x) dx − f (x ) 6 (b − a) = · n+1 .

ℓ+1 k n+2
(ℓ + 1)!N (n + 2)!N (n + 2)! N

a
ℓ=0 k=0 k=0

Ainsi, lorsque N tend vers +∞

N −1
n
!
b
(b − a)ℓ+1 X (ℓ)
 
1
Z X
f (x) dx = f (xk ) + O .
a (ℓ + 1)!N ℓ+1 N n+1
ℓ=0 k=0

1

5. Lorsque n = 0, on retrouve la méthode des rectangles à gauche, et la vitesse de convergence en O N justifiée
dans le cours d’informatique commune.

Partie II – Approximation polynomiale au point milieu

1. Comme précédemment, Qn,k est le développement de Taylor de f au point mk . Ainsi, l’inégalité de Taylor-
Lagrange donne cette fois :
Z xk+1 Z xk+1
Mn+1
|x − mk |n+1 dx.

(f (x) − Qn,k (x)) dx 6


xk (n + 1)! xk
En utilisant les symétries de la fonction à intégrer (c’est-à-dire un changement de variable t = xk+1 − x sur la
moitié de l’intervalle), on obtient :
Z xk+1 Z xk+1
Mn+1 (b − a)n+2

Mn+1 Mn+1
(x−mk )n+1 dx = 2· (xk −mk )n+2 =

(f (x) − Q n,k (x)) dx 6 2· · .

xk
(n + 1)! mk (n + 2)! (n + 2)! 2n+1
n
X f ℓ (mk )
L’intégrale de Qn,k = (X − mk )ℓ se calcule en remarquant que
ℓ!
ℓ=0

Z xk+1 0
 si ℓ impair
(x − mk )ℓ dx = (b − a)ℓ+1
xk 2
 si ℓ pair.
(ℓ + 1)(2N )ℓ+1
On aboutit donc, comme précédemment, en sommant sur les valeurs de k, à :

N −1
n
!
b
(b − a)ℓ+1 X (ℓ)
 
1
Z X
f (x) dx = f (m k ) + O
a (ℓ + 1)!2ℓ N ℓ+1 N n+1
ℓ=0 k=0
ℓ pair

2. Si n est pair, le calcul précédent montre que la partie de degré n + 1 (impair) de Qn+1,k ne contribue à rien
dans le calcul de l’intégrale, donc Z xk+1 Z xk+1
Qn,k = Qn+1,k .
xk xk
Ainsi, dans toutes les majorations précédentes, on peut remplacer Qn,k par Qn+1,k , ce qui nous fait gagner un
ordre. Ainsi :

N −1
n
!
b
(b − a)ℓ+1 X (ℓ)
 
1
Z X
f (x) dx = f (mk ) + O
a 2ℓ (ℓ + 1)!N ℓ+1 N n+2
ℓ=0 k=0
ℓ pair

3. Dans le cas n = 0, on retrouve la méthode du point milieu. Le cas n = 1 consiste à approcher la courbe par la
tangente au point milieu. Mais quelle que soit la droite passant par le point milieu d’un intervalle, son intégrale
sur cet intervalle est la même, donc on a exactement la même expression que la méthode du point milieu. On
ne gagner rien de plus.
Au passage, on retrouve la vitesse de convergence de la méthode du point milieu, en O N12 . On comprend


bien d’où vient ce facteur puisque cela revient à faire l’approximation par la tangente.

2
Partie III – Méthodes de Newton-Cotes

1. Il s’agit d’un polynôme d’interpolation, qu’on calcule à l’aide des polynômes de Lagrange :
Y
(X − yi )
n
X i∈[[0,n]]\{k}
P (X) = f (yk ) Y .
ℓ=0 (yk − yi )
i∈[[0,n]]\{k}

2. On a alors n
Z β X
P (t) dt = (β − α) bn,k f (yk ),
α k=0

où Y
(x − yi )
β
1
Z
i∈[[0,n]]\{k}
bn,k = dx.
β−α
Y
α (yk − yi )
i∈[[0,n]]\{k}

Comme yk − yi = (k − i)(β − α), on a donc :


β
1
Z Y
bn,k = Y (x − yi ) dx.
(β − α)n+1 (k − i) α i∈[[0,n]]\{k}
i∈[[0,n]]\{k}

x−α
On pose le changement de variable t = n · , de classe C 1 . Il vient
β−α
Z β
β−α n
 
β−α β−α
Y Z Y
(x − yi ) dx = α+t −α−k dt
α i∈[[0,n]]\{k} n 0 i∈[[0,n]]\{k} n n

(β − α)n+1 n
Z
= t(t − 1) . . . (t − k − 1)(t − k + 1) . . . (t − n) dt.
nn+1 0

Ainsi,
n
1
Z
bn,k = Y t(t − 1) . . . (t − k − 1)(t − k + 1) . . . (t − n) dt ,
nn+1 (k − i) 0
i∈[[0,n]]\{k}

3. Comme les bn,k sont indépendants de f , α et β, il suffit de prendre f la fonction constante égale à 1, qui est
son propre polynôme d’interpolation sur l’intervalle [0, 1]. On obtient immédiatement

n
X Z 1
bn,k = f (x) dx = 1 .
k=0 0

4. Contrôle de l’erreur d’interpolation.


(a) Comme q(yi ) = 0, et f (yi ) = P (yi ) pour tout i, les yi sont bien des zéros de g . De plus on voit facilement
que x est aussi un zéro de g .
(b) Ainsi, l’application g possède n + 2 zéros distincts. Comme elle est de classe C n+1 sur l’intervalle [a, b], on
peut appliquer une première fois le théorème de Rolle entre chacune de ces racines rangées dans l’ordre
croissant, ce qui nous donne n + 1 zéros de g ′ . On applique une deuxième fois le théorème de Rolle pour
trouver n zéros de g ′′ et on itère ce procédé jusqu’à la dérivée d’ordre n + 1, en perdant à chaque fois un
zéro. Il nous reste alors au moins un zéro de g (n+1) . Ainsi, il existe c ∈ [a, b] tel que g (n+1) (c) = 0 .
(c) On calcule g (n+1) . Comme P est de degré n, on obtient :

(n + 1)!
∀t ∈ [a, b], g (n+1) (t) = f (n+1) (t) − (f (x) − P (x)) ,
q(x)

3
le facteur (n + 1)! provenant de l’expression de la dérivée n + 1-ième d’un polynôme unitaire de degré n + 1.
Ainsi, en évaluant en c :
(n + 1)!
0 = f (n+1) (c) − (f (x) − P (x)) ,
q(x)
d’où :
Yn
(x − yk )

|q(x)|
k=0

|f (x) − P (x)| = f (n+1) (c) 6 Mn+1 .
(n + 1)! (n + 1)!

5. On intègre l’expression précédente sur l’intervalle [α, β], en considérant α = xk et β = xk+1 . Ainsi
Z xk+1 Z xk+1 Y
n

Mn+1
|f (x) − P (x)| dx 6 (x − yk ) dx.

xk (n + 1)! xk
k=0

Par ailleurs, d’après la question 2 :


Z xk+1 n
X
P (x) dx = (xk+1 − xk ) bn,ℓ f (yℓ )
xk ℓ=0
n  
b−a X k ℓ b−a
= bn,k f a + (b − a) +
n N n n
k=0
n    
X ℓ b−a
=h bn,ℓ f a + k + h , où h = .
n N
ℓ=0

D’un autre côté, par un calcul similaire à la question 2,


Z xk+1 Y
n

(xk+1 − xk )n+2 n (b − a)n+2 n
Z Z
(x − y ) dx = |t(t − 1) · (t − n)| dt = |t(t − 1) · (t − n)| dt.

k
nn+2 N n+2 nn+2 0

xk
k=0
0

Ainsi : xk+1 n
Mn+1 (b − a)n+2
Z Z
|f (x) − P (x)| dx 6 |t(t − 1) · (t − n)| dt.
xk (n + 1)!N n+2 nn+2 0

Par sommation sur k et inégalité triangulaire (sur la somme et l’intégrale), on en déduit donc que :
Z N −1
b n+2 Z n
n+1 (b − a)
X M
f (t) dt − IN 6 |t(t − 1) · (t − n)| dt

(n + 1)!N n+2 nn+2 0

a
k=0
Cn Mn+1 (b − a)n+2
6 ,
N n+1
Z n
Mn+1
où Cn = |t(t − 1) · (t − n)| dt est bien indépendant de N , f , a et b.
(n + 1)!nn+2 0

6. (a) On pose m = n
2 et γ = 21 (β − α). Le changement de variable t = x − ym amène
Z β Z γ
(x − y0 ) · · · (x − yn ) dx = (t + xm − x0 ) · · · t · · · (t + ym − yn ) dt
α −γ
Z γ  
 m n−m
= t+ · · · (t + 1)t(t + 1) · · · t + dt.
−γ n n

n−m 1 m
On remarque que = = . Ainsi, l’intégrande est une fonction impaire, et l’intervalle d’intégration
n 2 n
est symétrique en 0. Ainsi,
Z β
(x − y0 ) · · · (x − yn ) dx = 0 .
α

(b) On déduit de la question précédente que pour tout λ ∈ R,


Z β Z β
(P (x) − λ(x − y0 ) · · · (x − yn )) dx = P (x) dx.
α α

4
On pose alors Q = P − λ(x − y0 ) · · · (x − yn ), qui est bien de degré au plus n + 1, et vérifie l’égalité des
intégrales. On recherche λ tel que Q′ (ym ) = f ′ (ym ). Pour montrer qu’un tel choix de λ existe, on remarque
que le polynôme R = (X − y1 ) · · · (X − yn ) admet ym comme racine simple, donc R′ (ym ) 6= 0. Il suffit alors
de définir λ par
P ′ (ym ) − f ′ (ym )
λ=
R′ (ym )

pour obtenir Q′ (ym ) = f ′ (ym ).


Y n
(c) On pose q(t) = (t − ym ) (t − yk ), et on considère, pour x fixé, la fonction g définie par :
k=0

q(t)
g(t) = f (t) − Q(t) + (f (x) − Q(x)).
q(x)

Alors, les yi ainsi que x sont toujours des zéros de g, qui admet donc n + 2 zéros distincts. Le théorème de
Rolle permet donc de trouver n + 1 zéros de g ′ , venant s’intercaler strictement entre les zéros de g. Mais
par ailleurs, ym étant une racine double de q, et zéro de f ′ − Q′ , on remarque que g ′ (ym ) = 0, et ainsi, on
dispose de n + 2 zéros distincts de g ′ . Puisque g est de classe C n+2 , on peut itérer le théorème de Rolle,
jusqu’à l’obtention d’un zéro de g (n+2) .
On calcule maintenant g (n+2) , et on évalue en c. Comme q est unitaire de degré n + 2, on obtient :

(n + 2)!
0 = f (n+2) (c) + (f (x) − Q(x)),
q(x)

donc
|f (n+2) (c)|
|f (x) − Q(x)| = |q(x)|.
(n + 2)!
Comme plus haut, on montre qu’il existe un réel Dn ne dépendant que de n, tel que
Z β
|q(x)| dx 6 Dn (β − α)n+3 .
α
Z β
On intègre entre 2 points α = xk et β = xk+1 d’une subdivision régulière de [a, b]. Puisque Q(x) dx =
Z β α

P (x) dx, on obtient la même expression que plus haut, c’est-à-dire :


α
Z n  
xk+1 X  
ℓ (b − a)n+3
f (x) dx − h bn,ℓ f a + k + h 6 Dn (xk+1 − xk )n+3 = Dn .

n N n+3

xk
ℓ=0

Ainsi, en sommant sur k, il vient :


Z N −1
b X (b − a)n+3 (b − a)n+3
f (t) dt − IN 6 Dn = Dn .


a N n+3 N n+2
k=0

On a bien obtenu :
b  
1
Z
f (t) dt = IN + O .
a N n+2

(d) Le cas n = 2 correspond à une interpolation aux deux extrémités et au milieu de chaque intervalle de la
subdivision. On a fait les calculs des coefficients en cours d’informatique (il s’agit de la méthode de Simpson).
Ce qu’on obtient est :

b N −1  
1 1
Z X
f (t) dt = (f (xk ) + 4f (mk ) + f (xk+1 )) + O
a 6 N4
k=0

1
où mk désigne le milieude [xk , xk+1 ]. On a ainsi démontré la convergence en N4 de la méthode d’intégration
de Simpson, point qu’on avait admis dans le cours d’informatique.

5
Partie IV – Méthode de Gauss

(k)
1. (a) On montre par récurrence bornée sur k ∈ [[0, n]] que Pn possède au moins k racines distinctes dans ] − 1, 1[,
propriété que nous noterons P(k). Pour k = 0, la propriété à montrer est assez creuse.
(k)
Soit k ∈ [[0, n − 1]] telle que P(k) soit vraie. Alors Pn admet au moins k racines distinctes dans ] − 1, 1[.
(k)
Par ailleurs, 1 et −1 sont racines de multiplicité n de Pn , donc sont aussi racines de Pn . Ainsi, on dispose
(k)
de k + 2 racines distinctes de Pn dans [−1, 1]. On applique le théorème de Rolle entre ces racines (ce qu’on
(k+1)
peut faire puisqu’un polynôme est de classe C ∞ ). On trouve donc n + 1 racines distinctes de Pn situées
(k)
strictement entre les racines de Pn , donc dans ] − 1, 1[.
(k)
D’après le principe de récurrence, pour tout k ∈ [[0, n]], Pn admet au moins k distinctes racines dans [[0, n]] .
(b) En particulier, Ln admet au moins n racines distinctes dans ] − 1, 1[. Comme deg(Ln ) = n, elle ne peut
pas en avoir plus (comptées avec multiplicité), donc ce sont là toutes les racines de Ln . On en déduit que
Ln est à racines simples toutes dans ] − 1, 1[ .
2. Notons Ln,k le k-ième polynôme d’interpolation de Lagrange de la famille r1 , . . . , rn . Ainsi,
n
X
Qn = f (rn )Ln,k .
ℓ=1
Z 1
On pose alors λk = Ln,k (x) dx, indépendant de f , et on obtient bien :
−1

Z 1 n
X
Pn (x) dx = λℓ P (rℓ ) .
−1 ℓ=1

3. (a) Si P est un polynôme de degré strictement inférieur à n, il est son propre polynôme d’interpolation (par
unicité), donc P = Pn , et donc In (P ) = I(P ) .
(b) Soit P est un polynôme vérifiant deg(P ) < 2n, et R son reste par la division euclidienne par Ln . On a donc
(n)
P = QPn + R, où Q est un polynôme de degré inférieur strictement à n. Or, une intégration par parties
(sur les fonctions C ∞ ) donne :
Z 1 h i1 Z 1 Z 1
(n) (n−1) ′ (n−1)
Q(x)Pn (x) dx = Q(x)Pn − Q (x)Pn (x) dx = − Q′ (x)Pn(n−1) (x) dx
−1 −1 −1 −1

(n−1)
car 1 et −1 sont racines d’ordre n de Pn , donc racines de Pn . On peut itérer cet argument en intégrant
plusieurs fois par parties, et on obtient :
Z 1 Z 1
(n)
Q(x)Pn (x) dx = (−1) n
Q(n) (x)Pn (x) dx.
−1 −1

Puisque deg(Q) < n, Q(n) = 0, d’où finalement,


Z 1
Q(x)Pn(n) (x) dx = 0.
−1

On obtient donc enfin : I(P ) = I(R) .


Mais par ailleurs, puisque deg(R) < n, I(R) = In (Rn ). Pour terminer, on constate que puisque les ri sont
racines de Ln , P et R prennent les même valeurs sur les ri , donc ont même polynôme interpolateur (c’est
en fait le polynôme R lui-même), donc In (P ) = In (R).
En mettant bout-à-bout ces trois égalités, il vient : I(P ) = I(Pn ) .
4. Polynôme d’interpolation de Hermite de f
(a) Soit H1 et H2 deux éléments de R2n−1 [X] et λ ∈ R. Alors :

ϕ(H1 + λH2 ) = (H(r1 ) + λH2 (r1 ), H1′ (r1 ) + λH2′ (r1 ), . . . , H1 (rn ) + λH2 (rn ), H1′ (rn ) + λH2′ (rn ))
= (H1 (r1 ), H1′ (r1 ), . . . , H1 (rn ), H1′ (rn )) + λ(H2 (r1 ), H2′ (r1 ), . . . , H2 (rn ), H2′ (rn ))
= ϕ(H1 ) + λϕ(H2 ).

6
Ainsi, ϕ est une application linéaire. Déterminons son noyau : soit H ∈ Ker(ϕ). Alors pour tout k ∈ [[1, n]],
H(rk ) = H ′ (rk ) = 0. Ainsi, rk est racine au moins double de H. Le polynôme H a donc au moins 2n racines
comptées avec multiplicité. Comme deg(H) < 2n, on en déduit que H = 0. Ainsi, Ker(ϕ) = {0}.
Par conséquent, ϕ est injective. De plus, il s’agit d’une application linéaire entre deux espaces vectoriels de
même dimension finie 2n, donc, par caractérisation des isomophismes en dimension finie, ϕ est un isomorphisme .
(b) La bijectivité de ϕ nous assure l’existence et l’unicité des antécédents de tout 2n-uplet. Ainsi, le 2n-uplet
(f (r1 ), f ′ (r1 ), . . . , f (rn ), f ′ (rn )) admet un unique antécédent par ϕ. En d’autres termes, il existe un unique
polynôme Bn ∈ R2n−1 [X] tel que

∀j ∈ [[1, n]], Bn (rj ) = f (rj ) et Bn′ (rj ) = f ′ (rj ) .

5. Puisque Bn prend les mêmes valeurs que f aux ri , f et Bn ont même polynôme d’interpolation, donc In (Bn ) = In (f ) .
(n)
6. (a) Comme x est distinct des ri , Pn (x) 6= 0, et on trouve α tel que g(x) = 0 en résolvant une équation de
degré 1. D’où l’existence et l’unicité de α .
(b) Comme dans les parties précédentes, puisque f (ri ) = Bn (r1 ), les ri sont zéros de g, ainsi que x. On dispose
donc de n + 1 zéros distincts de g ′ , et donc, en utilisant le théorème de Rolle, de n zéros distincts de g ′ ,
séparant strictement les zéros de g (et donc notamment, dans ] − 1, 1[, et distincts des ri ). Or, les ri sont
(n)
racines doubles de (Pn )2 et f ′ (ri ) = Bn′ (ri ). Ainsi, les ri sont aussi zéros de g ′ . On a donc de la sorte
2n zéros distincts de g ′ , dans ] − 1, 1[.
(c) On utilise toujours le théorème de Rolle itéré pour obtenir c ∈] − 1, 1[ tel que g (2n) (c) = 0, soit, puisque
 2
(n) 2 (2n)!
deg(Bn ) < n, et deg(Pn ) = 2n, de coefficient dominant :
n!
 2
(2n)!
0 = f (2n) (c) − αPn(2n) (c) = f (2n) (c) − α(2n)! .
n!

(n!)2
On trouve donc α = f (2n) (c) · , d’où, en exprimant l’égalité g(x) = 0 :
((2n)!)3

(n!)2
0 = f (x) − Bn (x) − f (2n) (c) · (P (n) (x))2 ,
((2n)!)3 n
c’est-à-dire :
(n!)2
f (x) − Bn (x) = · f (2n) (c)(Pn(n) (x))2 .
((2n)!)3

7. Ainsi,
1 1
(n!)2
Z Z
|I(f ) − In (f )| 6 |f (x) − Bn (x)| dx 6 M2n (Pn(n) (x))2 dx.
−1 ((2n)!)3 −1

Le même argument d’intégrations par partie itérées qu’en 3(b) amène :


Z 1 Z 1 Z 1
(Pn(n) (x))2 dx = (−1)n Pn(2n) (x)Pn (x) dx = (−1)n (2n)! (x − 1)n (x + 1)n dx.
−1 −1 −1
Z 1
Or, soit Ip,q = (x − 1)p (x + 1)q dx. Intégrons par partie, pour p > 0 :
−1

i1 1
1 h
Z
p p
Ip,q = (x − 1)p (x + 1)q+1 − (x − 1)p−1 (x + 1)q+1 dx = − Ip−1,q+1 .
q+1 −1 q+1 −1 q+1
En itérant, il vient :
Z 1
p!q!
p p!q!
Ip,q = (−1) (x + 1)p+q dx = (−1)p 2p+q+1 .
(p + q)! −1 (p + q + 1)!
En particulier,
1
(n!)2 22n+1
Z
(x − 1)n (x + 1)n dx = In,n = (−1)n .
−1 (2n + 1)!

7
On en déduit que
1
(n!)2 22n+1
Z
(Pn(n) (x))2 dx = ,
−1 2n + 1
d’où finalement

(n!)2 (n!)2 22n+1 22n+1 22n+1


|I(f ) − In (f )| 6 M2n = M2n = M2n .
((2n)!)3 2n + 1 2n 2 2n 2
 
n (2n)!(2n + 1) n (2n + 1)!

α+β
u− 2 β−α α+β
8. On effectue le changement de variable x = β−α
, soit u = 2 ·x+ 2 :
2

β 1  
β−α β−α α+β
Z Z
f (u) du = f·x+ du.
α 2
−1 2 2
 
β−α α+β
On applique la majoration précédente à la fonction g : u 7→ f ·x+ , dont la dérivée 2n-ième
2 2
est  2n  
β−α β−α α+β
g (2n) (u) = f (2n) ·x+ ,
2 2 2
 2n
′ ′ β−α
dont la borne supérieure M2n est par conséquent M2n = M2n . Or,
2
n n  
X β−α X α+β β−α
In (g) = λj g(rj ) = λj f + rj .
j=1
2 j=1 2 2

Ainsi,

Z β n  
β−α X α+β β − α β − α
f (u) du − λj f + rj 6 2 |I(g) − In (g)|

α 2 j=1 2 2
β−α ′ 22n+1
6 · M2n
2 2n 2

n (2n + 1)!
2n+1
22n+1

β−α
= M2n 2
2 2n

(2n + 1)!
n
2n+1
(β − α)
= M2n · .
2n 2

n (2n + 1)!

9. On considère le cas n = 2. On détermine le polynôme L2 :

L2 = ((X 2 − 1)2 )′′ = (X 4 − 2X 2 + 1)′′ = 12X 2 − 4 = 4(3X 2 − 1),

dont les racines sont r1 = − √13 et r2 = √1 .


3
On a alors :

α+β β−α β−α α+β β−α β−α


+ r1 =m− √ et + r2 =m+ √ ,
2 2 2 3 2 2 2 3
où m est le milieu de [α, β].
On détermine aussi les deux coefficients λ1 et λ2 . On peut les déterminer par le calcul des intégrales des
polynômes d’interpolation de Lagrange, ou alors se servir du fait qu’ils ne dépendent pas de f , et que la formule
d’interpolation est exacte sur les polynômes de degré au plus 3. En particulier, pour une fonction f constante
λ1 λ2
de valeur 1, on obtient 2 = λ1 + λ2 , et pour la fonction identité, on obtient 0 = − √ + √ . Il en résulte que
3 3
λ1 = λ2 = 1.
En utilisant la majoration de la question précédente à tout intervalle d’une subdivision régulière (xi )i∈[[0,N ]]
d’un intervalle [a, b], on obtient, pour tout k ∈ [[0, N − 1]] :
Z xk+1      5 5
b−a b−a b−a 6 M4 · (b − a) = M4 (b − a) .

f (u) du − f m k − √ + f m k + √

xk 2N 2N 3 2N 3 62 · 5! · N 5 4320N 5

8
En sommant cette inégalité, et en utilisant l’inégalité triangulaire et la relation de Chasles, il vient enfin :

Z N −1   
b
M4 (b − a)5
 
b−a X b−a b−a
f (u) du − f mk − √ + f mk + √ 6 .

2N 4320N 4

a
k=0
2N 3 2N 3

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